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LES ANGES DE LA MORT (2009)

 

Titre français : Les Anges de la Mort
Titre original : Les Anges de la Mort
Réalisateur : Joël Pfister
Scénariste : Joël Pfister, Adrien Schopfer, Loïc Valceschini
Musique : Xurxo-Adrián Entenza
Année : 2009
Pays : Suisse
Genre : Vampire, Court-métrage
Interdiction : /
Avec : Maryke Oosterhoff, Camille Goy, Sibylle Thévenaz, MC Casal...


L'HISTOIRE : Sous un paysage automnal, une femme en assassine une autre. Mais ce meurtre semble cacher de bien étranges motivations...


MON AVISLes Anges de la Mort, une féerie morbideC'est avec ce titre et ce sous-titre présents sur l'affiche que nous faisons connaissance avec le premier court-métrage réalisé par le Suisse Joel Pfister. Un court d'une durée de 4 minutes et 32 secondes, réalisé dans le cadre d'un concours de court-métrage, celui de la 3ème édition du Festival de Courgemétrage. Le court est en noir et blanc, et ne contient aucun dialogue. Seule une musique viendra accompagner les images.

Première constatation, le noir et blanc est tout simplement somptueux. La luminosité, le contraste, tout est parfait et les images ont vraiment un superbe rendu.

Le court démarre de manière assez abrupte, par les images d'une femme vêtue de blanc, armant un pistolet et abattant froidement une femme vêtue de noir. Le coup de feu provoque le départ d'une musique assez criarde, relevant le caractère glacial de ce crime. Quelles sont donc les motivations d'un tel acte ? Un zoom arrière nous fait découvrir le corps sans vie de cette femme, bientôt entouré de plusieurs autres femmes qui se ruent d'un coup sur elle pour la dévorer et boire son sang. Une introduction efficace, rapide et concise, qui atteint son but : donner de l'intérêt aux images et nous donner envie d'en savoir plus.

La suite du court marquera clairement ses références. Le décor de l'Eglise collégial de Neuchâtel, avec ses ruines, ses vieilles pierres, ainsi que les ravissantes demoiselles habillées entièrement de blanc ou de noir qui vont parcourir ce décor, font baigner Les Anges de la Mort dans une atmosphère poético-gothique que n'aurait pas renié le Jean Rollin de La Rose de Fer ou Le Viol du Vampire par exemple.

Bien que jamais clairement signifié (on ne voit quasiment jamais les dents de ces étranges jeunes femmes filmés en gros plan, même si elles ont bien des canines proéminentes, comme nous le montre des photos de plateaux...), le thème du vampirisme semble bien présent dans Les Anges de la Mort. La féerie morbide est effectivement au rendez-vous, la plupart des images étant accompagné par une très jolie partition musicale jouée au piano, ce qui renforce le côté gothique et triste de l'œuvre. Certains plans sont très réussis, comme celui où une jolie brune est accroupie en haut d'un muret et semble attendre sa prochaine proie, ou la séquence montrant une femme assise sur un banc lisant ce qui semble être une lettre d'adieu et d'où on aperçoit derrière elle les autres femmes vampires.

Les actrices incarnant ces dernières sont charmantes, notamment Sibylle Thevenaz, la jolie blondinette qui commet le second crime, et leurs prestations, leurs poses, leurs garde-robes, donnent vraiment une Jean Rollin's Touch au court-métrage. Le final du court est très intéressant, astucieux et donne un petit côté humour noir bienvenue.

Je ne sais pas si Joel Pfister a été limité niveau durée du court dans le cadre du concours. En tout cas, j'aurai vraiment aimé pour ma part qu'il dure beaucoup plus longtemps pour en apprendre plus sur ces demoiselles avides de sang mais qui possèdent quand même un côté fleur bleue malgré les actes qu'elles commettent. Un très joli conte macabre pour ma part, dont le seul défaut est sa courte durée.


Stéphane ERBISTI

LES AILES DE LA NUIT (1997)

 

Titre français : Les Ailes de la Nuit
Titre original : The Night Flier
Réalisateur : Mark Pavia
Scénariste Mark Pavia, Jack O'Donnell
Musique : Brian Keane
Année : 1997
Pays : Usa
Genre : Vampire
Interdiction : -12 ans
Avec Miguel Ferrer, Julie Entwisle, Dan Monahan, Michael Moss, John Bennes...


L'HISTOIRE Voyageant à bord d'un avion, un mystérieux tueur massacre de malheureux innocents sur de petits aérodromes de campagne, les vidant entièrement de leur sang. Richard Dees, reporter sans scrupule dans un journal à scandales, mène l'enquête et décide de suivre les pas de ce tueur aux méthodes atypiques, volant de cadavres en cadavres dans l'unique but de revenir à la première page du magazine Inside View. D'indices en indices, Richard Dees va très rapidement confronté à la véritable identité de son tueur…


MON AVISTiré d'une nouvelle de Stephen King intitulée Le Rapace Nocturne ou encore Vol de Nuit que l'on peut retrouver dans le recueil Rêves et Cauchemars, Les Ailes de la Nuit est un film de vampire plutôt original proposant une vision moderne de nos suceurs de sang. Exit les cercueils ou autres châteaux lugubres et place à de petits aérodromes isolés où notre cher ami, voyageant par avion, atterrit de temps à autres pour se rassasier.

Une histoire mêlant intrigue policière et enquête journalistique durant laquelle on est véhiculés d'indices en indices, de cadavres en cadavres, jusqu'à connaitre finalement l'identité de notre tueur, malheureusement trop vite démasqué si on regarde le dvd français et sa jaquette dévoilant d'emblée le visage de notre assassin, honteux tout simplement…

Doté d'un rythme bien maintenu tout au long du film, Les Ailes de la Nuit démarre sur les chapeaux de roue avec un premier meurtre en gros plan sur une piste d'atterrissage isolée, en pleine nuit. Puis, toujours dans ce type d'environnement lugubre à souhait, on suit les meurtres de notre mystérieux tueur par le biais d'un reporter sans gêne, prêt à tout pour faire un scoop.

En effet, ce qui marque quand on regarde le film de Mark Pavia ou qu'on lit la nouvelle de King, c'est le traitement soigné du personnage central : Richard Dees, interprété par Miguel Ferrer. Reporter pour un magazine à scandales, ce dernier est en fait un véritable salaud, n'hésitant pas à maquiller les scènes de crime, déplacer des cadavres pour avoir le meilleur angle possible pour ses photos, sans se soucier de l'effacement de potentielles empreintes sur les corps. Notre journaliste a également la fâcheuse habitude de prendre une photo des personnes qu'il interviewe au moment où celles-ci sont sur le point de pleurer ou de se lamenter, toujours dans cet optique d'avoir les photos les plus choquantes et dures pour la ménagère qui lira son article. La véritable nature du reporter sera d'ailleurs principalement dévoilée dans la scène du cimetière quand celui-ci basculera la pierre tombale d'une victime du tueur avant de l'imprégner de son propre sang, de façon à avoir une photo des plus lugubres possibles.

Mais Richard Dees est également un compétiteur dans l'âme et fera tout pour conserver son enquête. Et ce n'est pas la petite nouvelle au sein des journalistes du journal Inside View qui l'empêchera de connaitre la vérité sur l'oiseau de nuit comme il l'appelle et de la dévoiler dans son article choc. On assiste alors, en parallèle de l'enquête journalistique, à une compétition entre les deux journalistes, orchestrée et provoquée par un rédacteur en chef avide de scoops chocs et n'hésitant pas, pour avoir une première page de qualité pour son magazine, à faire se confronter deux de ses journalistes.

Outre les personnages, ce que l'on aime également dans Les Ailes de la Nuit, c'est la qualité des dialogues et l'humour noir qui en ressort assez souvent. Autant que les attitudes de Richard Dees que nous citions quelques lignes au-dessus, certaines phrases se veulent choquantes et dépourvues de toute sensibilité humaine. Au travers de certaines paroles, on comprend aisément que tous ces meurtres sont comme des dons du ciel pour Richard Dees et son rédacteur en chef, tous deux désireux de faire figurer dans leur journal ce qui se fait de plus atroce et anodin pour les lecteurs avides de sensations fortes et d'histoires bien macabres et saignantes. On ressent même parfois chez Dees une certaine admiration pour ce mystérieux tueur et ses meurtres atypiques, notre reporter n'hésitant pas à parler de ses photos de cadavres comme s'il s'agissait d'œuvres d'art. A se demander au final lequel est le plus horrible des deux : le tueur aux méthodes sanguinaires ou le journaliste qui pose ce dernier sur un piédestal…

Pour ce qui est des effets spéciaux, Les Ailes de la Nuit a là aussi de bons atouts. Les meurtres sont certes peu dévoilés devant la caméra mais les cadavres sont bien là : visages lacérés, tête arrachée n'étant relié au corps plus que par la nuque, trous énormes dans le cou… Sans oublier la scène du carnage final ou l'accident de la route où de nombreux corps gisent au sol pour le plus grand régal de Richard Dees, l'appareil photo à la main…

Par ailleurs, malgré ce que pourront en dirent certains, je ne trouve pas le visage de notre vampire si moche que ça. Certes, notre suceur de sang ressemble plus à un monstre à proprement parlé qu'à un Christopher Lee avec de longues dents mais le résultat est pour ma part enthousiasmant et change radicalement de ce que l'on nous montre d'habitude dans les films de vampire. Certains détails propres au vampire sont d'ailleurs conservés ici tels que la cape noire, le non-reflet dans le miroir, le goût pour le sang…

Enfin, nous aurons même droit à un final où notre vampire fera voir à Richard Dees le monde des Enfers peuplé des diverses victimes de notre suceur de sang mais également des personnes qu'a connues le journaliste dans sa vie comme son ancienne collègue de bureau suicidée. Une vision macabre qui permettra d'ailleurs à notre cher reporter d'accéder finalement ce qu'il désirait : être à la une de son journal.

Au final, Les Ailes de la Nuit est une très bonne surprise, une nouvelle vision du mythe du vampire revisité par Stephen King himself. Avec une ambiance glauque, un tueur sadique et atypique, un casting de très bonne facture, une histoire accrocheuse et des dialogues qui font mouche, le tout agrémenté d'une belle mélodie au piano, Les Ailes de la Nuit est un film à posséder et à conserver dans sa DVDthèque assurément.




David MAURICE

THE ADDICTION (1995)

 

Titre français : The Addiction
Titre original : The Addiction
Réalisateur : Abel Ferrara
Scénariste : Nicholas St. John
Musique : Joe Delia
Année : 1995
Pays : Usa
Genre : Vampire
Interdiction : -12 ans
Avec Lili Taylor, Christopher Walken, Annabella Sciorra, Edie Falco...


L'HISTOIRE : Brillante étudiante en philosophie à l’Université de New York, Kathleen prépare activement sa thèse de doctorat. Un soir, elle croise sur son chemin une étrange et séduisante femme qui la conduit de force dans une impasse avant de la mordre au cou. Bientôt, Kathleen va développer un appétit féroce pour le sang humain qu’elle assouvira en attaquant ses proches ou des inconnus...


MON AVIS Le roi du cinéma New-Yorkais 80's, Abel Ferrara, auteur de bombes telles Driller Killer, L'Ange de la Vengeance, New York 2h du matin, China Girl, The King of New York ou Bad Lieutenant décide de s'attaquer au film de vampire en 1995 avec The Addiction. Un film que le réalisateur parvient à monter grâce à l'appui de son équipe technique et du casting retenu, qui acceptent tous de ne pas être payés durant le tournage, ne touchant un salaire qu'une fois le film exploité en salles. Le titre même choisi par Ferrara, The Addiction, sonne d'entrée de jeu comme étant métaphorique, du moins pour les spectateurs connaissant son univers et son addiction à la drogue et à l'alcool. Une impression qui se confirmera à la vision de ce film unique, une référence dans sa filmographie.

Filmé dans un somptueux noir et blanc, du à l'un de ses directeurs de la photographie préféré, Ken Kelsch, interprété par des acteurs convaincants, dont une incroyable Lili Taylor et les charismatiques Christopher Walken et Annabella Sciorra entre autres, The Addiction dépeint le vampirisme comme une maladie, une dépendance totale, de celle qu'on peut ressentir en étant accroc à la came comme le précise Abel Ferrara lui-même. A l'image de Moi, Zombie, Chronique de la douleur d'Andrew Parkinson, qui nous fera vivre en 1998 le calvaire d'un homme qui se voit devenir un zombie et dépérir chaque jour un peu plus, The Addiction nous présente la déchéance de Kathleen, physique et morale, après que celle-ci se soit fait mordre par une sublime femme qui s'avère être un vampire. Crampe d'estomac, nausée, et surtout une soif de sang continue, une faim qui vous lacère l'estomac, vous vrille le cerveau, vont continuellement assaillir notre pauvre étudiante qui ne sait pas comment gérer sa nouvelle condition, cette nouvelle vie qu'on lui a imposé.

Cette dépendance, vitale, est l'un des sujets principaux du film mais d'autres thématiques vont venir se greffer petit à petit au fur et à mesure de l'évolution de Kathleen et de son rapport à la faim et à sa condition de vampire, telles l'éternité, la vie, la mort, notre rapport au Bien et au Mal, la condition humaine, la repentance, la désintoxication, la résurrection et j'en passe. Certains pourraient qualifier The Addiction d'oeuvre intello tant les pensées et les dialogues philosophiques sont nombreux au sein du film, qui pose énormément de questions d'ordre universel. On sent que le scénariste, Nicholas St. John, ami fidèle d'Abel Ferrara, avait beaucoup de choses personnelles à faire resurgir à travers cette histoire et que l'angle vampirique lui a permit de traiter des sujets qui lui tenaient à cœur, comme la rédemption ou la place de la Foi et de la religion, une constante dans le cinéma de Ferrara également. L'ultime séquence et surtout la dernière image du film sont très marquantes à ce niveau.

Toutes ces allusions philosophiques n'empêchent pas le film de se montrer totalement hypnotisant, même s'il pourra en rebuter certains, de par son approche tellement autre. Nous ne sommes clairement pas dans un film de la Hammer avec Christopher Lee ici. Ni même dans un divertissement pour tout dire. Film d'auteur, oui, film chiant, non. Si on se laisse prendre par la main, Ferrara nous embarque avec lui et ce voyage, spirituel, visuel, sensoriel également, fera mouche à coup sûr. Ponctué de séquences chocs mais qui ne misent pas sur le sensationnalisme, d'une direction d'acteurs impeccable (la séquence avec Christophe Walken est épatante), d'une mise en scène quasi poétique et très inspirée, et donc d'une photographie à tomber, The Addiction est à placer très haut dans la filmographie d'Abel Ferrara, qui livre ici un film métaphorique de haute voltige. Saisissant.




Stéphane ERBISTI

ABRAHAM LINCOLN - CHASSEUR DE VAMPIRES (2012)

 

Titre français : Abraham Lincoln - Chasseur de Vampires
Titre original : Abraham Lincoln : Vampire Hunter
Réalisateur : Timur Bekmanbetov
Scénariste : Seth Grahame-Smith
Musique : Henry Jackman
Année : 2012
Pays : Usa, Russie
Genre : Vampire
Interdiction : /
Avec Benjamin Walker, Dominic Cooper, Anthony Mackie, Mary Elizabeth Winstead...


L'HISTOIRE : Abraham Lincoln jure de venger la mort de sa mère, tuée par un vampire. Peu préparé et inexpérimenté, il subit une dérouillée avant d'être tiré d'affaires par Henry Sturgess. Celui-ci va le former pour devenir un chasseur de vampires. Quelques années plus tard, il devient président des Etats-Unis, menant une nouvelle lutte : celle contre l'esclavagisme. Mais il n'en a pas fini avec les vampires…


MON AVISLe mythe vampirique a été mis à toutes les sauces, et cette fois-ci, il s'agit d'un mélange politico-fantastique auquel nous convie le duo de producteurs Timur Bekmanbetov / Tim Burton. A partir d'un postulat improbable inspiré d'un roman récent, quel pouvait donc bien être le résultat ? Pas folichon, d'autant plus que la réalisation est confiée à Timur Bekmanbetov (Night Watch, Day Watch, Wanted), bien connu pour ses effets de style plutôt hachés. Il ne s'en prive d’ailleurs pas dans ce film, qui aligne les effets de ralentis et d’accélérations rendant certaines scènes d'action toujours aussi peu lisibles. Si la première partie (centrée autour du rôle de chasseur) comporte des séquences plutôt second degré, celle où Abraham Lincoln devient président change de ton et devient lourdement sérieuse, au point qu'on a du mal à rester captivé par un spectacle plus timoré.

Sans les traits d'humour qui sont autant de saillies plaisantes dans un long métrage vampiro-western, Abraham Lincoln - Chasseur de Vampires rejoindrait le rang des purges CGIesques à la Van Helsing. Ici, nous n'atteignons pas le niveau de médiocrité du film de Stephen Sommers, mais ce n'est pas folichon car en se basant sur les valeurs morales du futur Président des Etats-Unis, le film aligne les clichés à la pelle. Comme hélas de trop nombreuses productions récentes, le scénario ne fait pas dans la dentelle. L'essentiel étant d'en mettre plein les yeux. Et de ce côté-ci, une scène ou deux retiennent l'attention, notamment celle d’une course-poursuite avec des chevaux (et qui comporte des moments dantesques). Mais guère plus !

Beaucoup de passages prêtent à sourire, notamment la manière dont Lincoln (un bien peu charismatique Benjamin Walker pour le rôle titre) s'entraîne à abattre un arbre d'un seul coup avec une hache, et les répliques anti-esclavagistes et égalitaires pompeusement énoncées ne sont pas ce qu'il y a de plus convaincant. Ni l'idée de faire des sudistes, forcément, des vampires. Au point que la scène qui est censée être le climax (le train) n'est pas très passionnante. On a droit aux sempiternelles mêmes séquences d'action qui montrent un véritable manque d'imagination de l'ensemble de ce «produit» certainement à destination d'un public mangeur de pop-corn mais guère plus en termes de qualité cinématographique.

Comme si les producteurs et le réalisateur, conscients de la minceur d'un tel projet, s’étaient contentés de plaquer vaguement une histoire sur des scénettes qu'on trouverait dans d'autres univers (la Nouvelle-Orléans et son ambiance ouatée, ou encore celle avec la prostituée qui pourrait très bien sortir d'un film narrant les méfaits de Jack l'éventreur). Avec d'un côté les humains et de l'autre les vampires, montrés ici comme les tenants d'un ordre ancien et défendant l'esclavagisme (Rufus Sewell, vu dans Dark City, est lui plutôt juste dans son rôle de méchant). Un choix narratif assez douteux, que ne parvient pas à combler les scènes de combat, évitant au maximum les gerbes de sang. On trouve bien mieux du coté des shows télé actuels concernant les mythes vampiriques que cet ersatz de film d'horreur, dont la seule ambition est d'y apporter une touche historique.

Sur le plan technique, la 3D oscille entre effets jaillissants réussis et plans ratés (notamment les effets de profondeur). Le public sera-t-il au rendez-vous de ce blockbuster estival ? Face à la pauvreté programmatique tout est possible mais gageons que cet échec artistique d'un réalisateur qui adore se complaire dans l'outrance visuelle, même s'il s'est largement calmé ici, ne soit pas un succès avec son titre qui fait très série Z. Finalement une rencontre improbable entre la Grande Histoire et l'univers vampirique, qui est ici taillé à la serpe !




Gérald GIACOMINI

30 JOURS DE NUIT : JOURS SOMBRES (2010)

 

Titre français : 30 Jours de Nuit : Jours Sombres
Titre original : 30 Days of Night : Dark Days
Réalisateur : Ben Ketai
Scénariste : Steve Niles, Ben Ketai
Musique : Andres Boulton
Année : 2010
Pays : Usa
Genre : Vampires
Interdiction : -12 ans
Avec : Kiele Sanchez, Rhys Coiro, Diera Baird, Harold Perrineau, Mia Kirshner...


L'HISTOIRE Quelques temps après le massacre de Barrow en Alaska, la jeune Stella tente de dévoiler la vérité sur ce qui s’est réellement passé dans cette petite bourgade durant ces trente jours sans soleil. Mais cette dernière a beau essayer de convaincre les gens que les vampires existent et qu’ils ont saccagé sa ville et massacrer ses habitants, personne ne semble la croire. Lors de ses multiples conférences à ce sujet, elle fait la rencontre de trois personnes qui chassent justement les vampires et qui ont besoin de bras dans une mission des moins ordinaires : tuer la reine des vampires, Lilith...


MON AVISTrois ans après le petit succès de 30 Jours de Nuit de David Slade, adaptation cinématographique du comic éponyme de Steve Niles et Ben Templesmith, un second opus intitulé 30 Jours de Nuit : Jours Sombres est dévoilé au public. Sorti directement sur support numérique, le film de Ben Ketai poursuit l’histoire de Stella, la petite amie de notre héros décédé à la fin du premier opus.

Les suites de bons films qui sortent directement en DTV inquiètent toujours le public, habitué à voir des franchises rapidement anéanties par un (ou deux) opus suivant(s) de mauvaise qualité. Les films de vampires ont d’ailleurs déjà donné (et perdu) à ce petit jeu-là. En effet, si des franchises comme Blade ou Underworld sont parvenues à nous donner des suites non dénuées d’intérêt, ce ne fut malheureusement pas le cas des sagas de Une Nuit en Enfer ou Vampires par exemple.

Alors qu’en est-il donc de cette suite de 30 Jours de Nuit" ? Réponse dans les quelques paragraphes qui suivent…

Nouvelle histoire, nouvelle approche : 30 Jours de Nuit : Jours Sombres est radicalement différent de son aîné sur bien des points et nous ne pouvons qu’être déçus du résultat. Un constat rapidement établi qui vient en quelques minutes seulement mettre un terme à tous nos espoirs de voir une suite de qualité au bon petit film de David Slade. Une fois de plus tout était désillusion.

Exit l’ambiance froide (pour ne pas dire glaciale) et prenante du premier opus : place à présent à un film plus calibré action dans lequel nos vampires ne sont plus que des cibles à abattre sans se poser de question et plus forcément des objets de curiosité comme cela était le cas dans 30 Jours de Nuit. Le petit village de Barrow, perdu au milieu de nulle part et terriblement glauque lors de ces trente jours sans soleil, cède sa place à la majestueuse Los Angeles : une atmosphère bien moins oppressante, même si les scénaristes tentent de nous amener dans des petits recoins de la cité des anges (qui ne font pas bon ménage avec les vampires habituellement…), dans des lieux peu hospitaliers comme des hangars, des égouts ou encore un bateau lugubre.

Le scénario est on ne peut plus simple : on reprend l’héroïne du film de David Slade (on change l’actrice au passage car visiblement notre amie n’a pas rempilé, nous ne pouvons d’ailleurs que l’en féliciter) et on l’abandonne dans un petit groupe de pseudos-mercenaires bien décidés à déglinguer du vampire. Une recette assez classique dans les films de monstres en tous genres qui vient enlever toute originalité au scénario de cette suite. D’ailleurs, la trame narrative en elle-même n’est pas très intéressante, voire même très linéaire : nous suivons nos mercenaires dans leurs assauts répétés, dans cette traque peu réjouissante et bien laborieuse, pour trouver et anéantir la reine des vampires nommée… Lilith (tiens, encore une touche d’originalité!)

Une histoire simpliste qui ne s’arrête cependant pas à là au rayon des déceptions à notre plus grand regret. A ce manque d’originalité sur le papier viennent s’ajouter des passages arrivant comme un cheveu sur la soupe sans grande explication au préalable (mais comment nos mercenaires en herbe arrivent-ils aussi facilement aux endroits stratégiques?), des séquences blablateuses histoire de meubler un peu de temps en temps (le genre de dialogues par ailleurs vus et revus dans maints films) ainsi que des en veux-tu en voilà (l’otage que l’on libère pour ensuite le suivre au pas pour découvrir son repère…)

Niveau casting, là aussi nous sommes bien loin du film de David Slade. Fini Josh Hartnett et ses amis : place à nos pseudos-mercenaires sans grand intérêt qui s’avèrent être des personnages fades et peu attachants. Difficile d’être un minimum satisfait d’un casting quand les deux personnages principaux ne sont pas à la hauteur de nos espérances : une Stella qui tire la gueule constamment et part un peu à la va-vite dans sa quête vengeresse (Stella, on n’a même pas de plan lui dit d’ailleurs son ami avec qui elle nous fera d’ailleurs profiter d’une petite séquence de cul, histoire d’essayer de réveiller un peu le public somnolant), et une Lilith un peu mollassonne à qui on aimerait clairement foutre un bon coup de pied (ou autre…) dans le cul!

Et ce ne sont pas les vampires qui vont aider le navire à remonter un peu à la surface. Bien ternes par rapport à 30 Jours de Nuit premier du nom, nos buveurs de sang n’ont plus totalement le même look (vêtements de cuir, gilets à carreaux… des vampires citadins moins effrayants quoi!), complotent avec la police (qu’ils sont vilains alors!) et ont même perdu au passage leur dialecte qui faisait pourtant l’une de leurs particularités. Des vampires américanisés visiblement, moins sauvages que ceux qui nous avaient été présentés dans le film de David Slade. Désolant…

Par contre, en ce qui concerne les effets spéciaux, nous touchons du doigt peut-être là l’un des rares bons points de 30 Jours de Nuits : Jours Sombres. En effet, Ben Ketai et son équipe nous offrent ici quelques passages bien sanguinolents avec au programme headshoot, décapitation, déchiquetage de cou en gros plan ou encore énucléation à l’aide d’un crochet. Le sang est certes bien souvent numérisé et le côté quelque peu crasseux de certains effets spéciaux du premier opus ne sont plus présents mais n’allons pas trop chipoter sur ce point-là car le film demeure tout de même généreux en plans sanglants.

Au final, ce 30 Jours de Nuit : Jours Sombres ne brille pas bien longtemps (normal au vu du titre direz-vous…) et montre très rapidement ses grandes et nombreuses faiblesses : une histoire peu originale, un schéma narratif très linéaire, un casting médiocre mais surtout aussi une ambiance moins oppressante et des vampires nettement moins terrifiants que dans "30 Jours de Nuit premier du nom.

A trop vouloir se démarquer de son aîné, le film de Ben Ketai en perd ce qui faisait justement son charme et son originalité pour finalement devenir un film de vampires sans grande saveur. Très vite oubliée, cette suite annonce prématurément la fin très probable d’une saga qui démarrait pourtant très bien.




David MAURICE

30 JOURS DE NUIT (2008)

 

Titre français : 30 Jours de Nuit
Titre original : 30 Days of Night
Réalisateur : David Slade
Scénariste : Steve Niles, Stuart Beattie, Brian Nelson
Musique : Brian Reitzell
Année : 2008
Pays : Usa
Genre : Vampires
Interdiction : -12 ans
Avec : Josh Hartnett, Melissa George, Danny Huston, Ben Foster, Mark Boone Junior...


L'HISTOIRE : Les habitants de Barrow, paisible bourgade de l’Alaska, se préparent à passer, comme tous les hivers, un mois complet sans soleil. L’arrivée d’un étranger dont personne ne sait rien coïncide avec une accumulation d’événements plus qu’étranges. Eben et Stella, tous deux shérifs et séparés depuis peu, vont alors découvrir l’effroyable vérité : une horde de vampires a investi la ville avec la ferme intention de massacrer toute la population. Rapidement, ils tentent de s’organiser en compagnie de quelques rescapés, avec une seule préoccupation : survivre jusqu’à l’aube du 30ème jour…


MON AVIS Les vampires sont de retour. En 2004, le scénariste Steve Niles et le dessinateur Ben Templesmith unissent leurs talents pour livrer 30 jours de nuit, un comic vampirique situé en Alaska, à mille lieues de la civilisation moderne. Une localisation volontaire réduisant considérablement les chances de survie, qui nous offre un nouveau visage des buveurs de sang, bien éloignés des codes littéraires connus. Ayant lu la bande dessinée, impossible de ne pas remarquer un nombre de détails scrupuleusement respectés. Ce fut un choix du réalisateur, adoubé par les auteurs et principalement par Steve Niles qui co-signe le scénario.

On ne saura jamais comment la horde des créatures est arrivée jusqu'à Barrow, tout juste l’arrivée de l’étranger (Ben Foster, Angel dans X-men : l’affrontement final) nous ouvrira les portes de l’histoire, et par son inquiétante attitude, suggérera les prémices du mal à venir.

Stella Oleson, séparée d’Eben, shérif de la ville, se retrouve coincée après avoir raté son avion qui devait la mener loin de ce mois sans soleil. Après que des huskies aient été retrouvés décimés, copieusement égorgés et éventrés, elle convainc Eben de faire équipe avec elle pour mener l’enquête, malgré leurs différends au sujet de leur fraîche séparation. L’occasion de nous faire découvrir le visage d’un Josh Hartnett (Halloween 20 ans après, Sin City") aux antipodes de ses rôles précédents. Dans l’imagerie littéraire, il serait un Van Helsing moderne dans les actes mais fort différent dans le caractère : il est sensible, fortement ébranlé par sa séparation, très loin du cliché du héros. 

A l’inverse, sa femme (Melissa George, Amityville 2005, Paradise Lost) semble plus forte et lucide sur leur relation : malgré une certaine vulnérabilité, elle sait être forte devant les événements qui s’enchaînent.

Et c’est donc l’intrusion de l’étranger qui va plonger la petite ville dans la terreur et le sang. C’est la découverte aussi des clins d’œil du réalisateur à bon nombre de références absolues du genre, qui vont parsemer le film au fur et à mesure. Ainsi, l’homme se révèle un Renfield contemporain, mais non fou à la différence de son modèle : juste fiévreux psychologiquement et physiquement. Le mal est déjà sur les toits et ne tarde pas à planter ses crocs parmi les habitants s'étant attardés. Ce sont les cris et autres plaintes qui sortent Eben et Stella de leur torpeur. Jusque-là reclus dans ses bureaux en compagnie de son frère et sa grand-mère, Eben se décide à affronter au dehors ce qu’il ignore encore.

La petite ville de Barrow existe vraiment, et la production a gardé la ville en l’état, à l’exception de la rue principale créée spécialement pour un nombre conséquent de scènes centrales. On découvre alors toutes les subtilités du travail effectué pour la photographie, proche de celle de la bande dessinée. Le film propose une palette réduite de teintes, principalement le blanc, le noir et des tons métalliques. La seule couleur vivace étant le rouge pour le sang, élément généreux du film (plus de 4000 litres utilisés). Cependant, l’exposition de la lumière a été retravaillée par rapport à la BD beaucoup plus sombre, offrant ainsi une atmosphère moins noire mais toute aussi ténébreuse dans le rendu final. Mais revenons-en à nos chères dents longues…

Des ombres immobiles sur les toits, d’autres tombent et atterrissent debout, en douceur dans la neige : le coup d’envoi d'une longue course-poursuite entre les vampires et les survivants. Il s’agit bien là d’un vrai survival, les survivants allant de maison en maison pour échapper aux prédateurs. Pour l’occasion, le cinéaste en profite pour un second clin d’œil, à La Nuit des Morts Vivants, en emmenant nos personnages dans le grenier d’une habitation (à la place de la cave), là où les caractères vont commencer à s’échauffer et les protagonistes craquer pour certains. Les ombres se profilent sur les façades des maisons, des bruits de pas saccadés se font entendre sur le toit, l’heure est venue de se sauver une nouvelle fois, à moins qu’il ne s’agisse pas encore du bon moment puisque Stella semble déceler une survivante qui erre seule dans la rue…

Bon j’avoue, je ne vous ai toujours pas parlé des vampires, et mon attente est volontaire. Pourquoi ? Parce que lorsque j’éprouve une vraie émotion j’aime faire durer celle-ci le plus longtemps possible avant d’en accoucher. Et accessoirement aussi parce que je suis sadique et que j’aime vous martyriser un peu, sachant que ce plaisir coupable doit vous habiter parfois avouez-le.

Ici, point de gousse d’ail et encore moins de crucifix, pas de cape ni de paires de canines. David Slade a respecté trait pour trait le coup de crayon de David Niles, avec toutefois une touche de dangerosité en plus dans les expressions et le rendu des émotions. Oubliez le look gothique et autres grâces verbales du Comte, ici le vampire se conjugue au mode primaire et carnassier. Le clan est organisé, possède son propre langage (un patois des Carpates pour toute ressemblance éventuelle) et dirigé par Marlow, leur chef (Danny Huston, fils de John et frère d’Anjelica) : long manteau d’hermine et costume impeccable pour lui, tenues plus urbaines pour ses serviteurs. La vraie nouveauté vient de leur faciès terrifiant et envoûtant à la fois. Est-ce le fait que le film m’a séduit qui me pousse à vous faire un aveu ? J’ai vraiment été terrifié par moment en imaginant si je les croisais dans la rue. Puis, je me suis souvenu que j’étais un grand garçon, que les vampires n’existaient pas aux dires de Mère (assise à côté de moi pour l’occasion à la projection et décollant régulièrement de son siège à chaque déchiquetage de gorge) et qu’il convenait juste de me laisser aller à mes peurs, et tant pis pour mon ego.

Car le vampire de 30 Jours de Nuit ne déguste pas sensuellement le cou de ses victimes comme le faisait le grand Christopher Lee. Non, Marlow et sa horde s’abattent brutalement sur leurs proies et les dépècent littéralement sur place. Ni romantiques, ni manipulateurs, ils sont simplement sauvages comme des bêtes, les vivants n’étant pour eux qu’une simple nourriture.

Il faut entendre aussi leur éventail de cris, qu’ils soient stridents comme un feulement de nouveau-né à l’excitation de la chasse, en passant par les sons gutturaux pour les mouvements de colères et d’énervements, ou encore plaintifs tels des animaux blessés dans la surprise de la douleur. Tout cela, avec leurs visages si humains et monstrueux à la fois qui contribuent grandement à l’effroi.

Effrayée elle aussi, Stella que j’avais laissée camouflée sous les toits, scrutant la rue principale. Terrorisée, cette jeune femme seule qui erre dans la rue sous les flocons naissants. Les ombres filent, s’arrêtent et puis se cachent. D’autres volent de toits en toits, découvrant leurs mâchoires habillées d’une multitude de dents, démesurément longues et effilées. La caméra virevolte autour de la belle enfant, telle une bête lâchée dans l’arène et promise à un funeste sort. Pauvre chaton dans les griffes de vilains chats, l’infortunée se voit ballottée, griffée, et plus surprenant, écoutée. Lorsque Marlow parle, les autres se taisent, et lorsque Marlow explique à sa proie ce qu’elle est et le pourquoi de leur existence, on a froid dans le dos. Les propos sont glaçants et le tribunal qu’il représente n’encense que la peine de mort. Le droit à la parole de sa victime ne devient qu’un prétexte à se gargariser de sa puissance et crédibiliser la valeur de sa race. Une raison suffisante pour Stella et Eben de fuir à nouveau vers un autre lieu, et pour nous, de s’acheminer doucement vers un final aussi déroutant que prévisible.

Ce qu’il faut retenir du film ? Une interprétation honnête (Melissa George a quand même toujours du mal à convaincre…) et un grand respect de l’œuvre papier. Le soin apporté à la photographie est évident ainsi que les maquillages. L’utilisation de teintes argentées et nacrées dans les maquillages permet aux créatures de se fondre joliment dans les décors d’un bleu nuit métallique. Les prothèses ne sont pas en reste avec un travail innovant et spectaculaire apporté aux visages et aux dentitions. Le film n’est pas exempt de défauts bien évidemment, à l’image du final un brin simpliste et surtout kitsch, la faute à une volonté de sursaut poétique, dont le résultat est plus que discutable en termes d’effets spéciaux.

Il n’en reste pas moins vrai que le film dure 2 heures, que le temps passe à une vitesse folle et que 30 Jours de Nuit offre un nouveau visage de vampire qui ne devrait pas vous laisser indifférents.


Christophe JAKUBOWICZ