BLACKARIA (2010)


L'HISTOIRE : Angela, une élégante jeune femme, passe ses nuits à fantasmer sur sa sensuelle voisine Anna Maria, une diseuse de bonne aventure au charme envoûtant. Un soir, Angela retrouve son cadavre sauvagement mutilé. Sous le choc, elle brise accidentellement la boule de cristal de cette dernière. Un cristal qui a la réelle faculté de lire l’avenir. Mais saura-t-elle utiliser son nouveau don pour échapper à la mort violente qui lui est promise?


MON AVIS : Le giallo serait-il de retour dans nos contrées ? Alors qu'Amer sort bientôt sur les écrans de cinéma, voilà un film indépendant s'inscrivant lui aussi dans le genre giallesque et tourné par deux jeunes réalisateurs de Montpellier (là où les filles sont belles comme la mer dans le soleil couchant). 

Non, le cinéma de genre made in France ne se résume pas à reprendre les bonnes vieilles recettes issues de la culture horrifique américaine et qui n'arrivent que rarement à la cheville des œuvres auxquelles elles rendent plus ou moins hommages. D'autres se tournent vers d'autres cieux. En l'occurrence ceux tourmentés et érotiques du giallo italien des années 70. Là où les femmes sont belles à se damner, les meurtres graphiquement soignés, les fantasmes récurrents et l'érotisme classieux. Blackaria est donc un giallo fantasmé et fétichiste, qui convoque autant les grands classiques du genre que l'horreur graphiquement plus intense d'un Lucio Fulci.

Si la volonté des auteurs de Blackaria est clairement de s'approprier les codes narratifs du giallo, de parsemer leur film de références à quelques scènes clefs et archétypes de ce genre (on y reviendra) , ils réussissent brillamment à éviter le piège de l'hommage servile et vain. Blackaria emprunte, mais ne copie pas, ou plutôt il se sert à foison de sa connaissance du giallo pour mieux la mettre au service de son atmosphère et de son intrigue. C'est un hommage certes, mais un hommage qui a sa vie propre.

Comme dans tout bon giallo qui se respecte, l'intrigue en elle-même n'a finalement que peu d'importance, elle n'est qu'un fil rouge destiné à relier entre elles la substantifique moelle du métrage, l'érotisme, l'onirisme et l'horreur. Blackaria pervertit donc le schéma habituel du whodunit, en ne se concentrant pas sur l'identité de l'assassin, mais sur la ritualisation des actes du meurtrier. Un spectacle qui donne toute latitude au voyeurisme du spectateur.

La fétichisation du corps de la femme, les rêves d'Anna qui s'entrechoquent avec la réalité, les nombreuses scènes de raffinement dans la cruauté, tout cela interpelle et ravit l'amateur de giallo. L'impression de retrouver une symbolique, un style que l'on a plus vus sur pellicule depuis des âges immémoriaux ou presque.

Bien entendu, les acteurs ne sont pas professionnels, certains s'en tirent mieux que d'autres, les dialogues sont un peu sur-écrits, l'enquête policière manque d'attrait également, c'est probablement le prix à payer de l'indépendance et d'un budget réduit à la portion congrue. Mais la sincérité de l'ensemble des participants ne saurait être mise en cause.

De manière consciente, les deux réalisateurs parsèment donc leur métrage de références évidentes à quelques grandes œuvres de la culture giallesque. On peut citer (de manière non exhaustive) Six Femmes pour l'Assassin, Torso, La Dame Rouge tua 7 fois, Ténèbres, et surtout une visible fascination pour l'oeuvre de Lucio Fulci La Longue Nuit de l'Exorcisme, Le Venin de la Peur mais aussi et bien que cela sorte du cadre strict du giallo La Guerre des Gangs ou encore L'au-delà. Imprégnés de ces films, les deux comparse les réinterprètent et les mettent au service de leurs propres lectures du genre.

Blackaria distille une atmosphère onirique qui renvoie expressément au grand Mario Bava et plus tard à Dario Argento. Pour pallier une certaine absence de moyens, la directrice de la photo Anna Naigeon (qui interprète également le rôle d'Anna Maria, la voisine libérée) joue la carte d'un certain vintage qui sied à merveille à l'ensemble. Photographie que l'on croirait tout droit sortie des années 70, recours substantiels à des éclairages colorés jaunes, bleus ou rouges, et travail exigeant sur la composition des cadres.

Les décors recèlent de nombreux détails sur lesquels la caméra s'arrête parfois, comme pour mieux arrêter le temps avant la mise à mort d'un protagoniste. Les miroirs et ce qui s'y passe de l'autre côté sont également utilisés de manière judicieuse, renforçant le caractère légèrement fantasmé de Blackaria. Du travail qui n'a bien souvent pas grand-chose à envier à celui d'une grosse équipe professionnelle.

David Scherer est un excellent maquilleur et il le prouve une fois de plus ici. Les nombreuses scènes de meurtres violents frappent là où ça fait mal : énucléation, rivière de larmes sanglantes, coups de couteaux, de rasoirs, tout cela culmine dans deux magnifiques séquences, l'une dans un ascenseur (utilisation du miroir, meurtrier masqué, rasoir et érotisme) et l'autre dans un sauvage moment où l'utilisation d'une grosse chaîne sur une pauvre malheureuse est excessivement douloureuse à regarder et rappellera aux aficionados une des célèbres scènes de "La Longue Nuit de l'Exorcisme, le giallo rural de maître Fulci.

Les auteurs ont également retenu l'autre versant des thrillers italiens des années 60-70, l'érotisme suggestif. Dans Blackaria, les femmes sont toutes plus belles les unes que les autres, elles sont fétichisés, voluptueuses, ne daignent pas non dévoiler quelques parties de leurs ravissantes anatomies. Bas noirs, habits sexys, objets meurtriers phalliques, nudités sulfureuses, poses affriolantes, jeux de transparence. Un érotisme qui sans jamais sombrer dans le graveleux et le vulgaire, parvient in fine à refléter les fantasmes plus ou moins refoulés du personnage féminin principal.

Enfin, que serait le giallo sans sa musique ? Quasi personnage en soi, elle est d'une nécessité vitale pour mettre en exergue le climat si particulier de ce genre. Une musique en inadéquation avec les images et c'est toute la structure du film qui est mise à mal. Heureusement dans Blackaria, la partition musicale et les sonorités rendent justice à l'ensemble. Composée par le groupe Double Dragon, elle est une sorte de compromis entre les partitions électros des Goblin, de Fabio Frizzi auxquelles aurait été ajoutée une touche de modernité bienvenue. Et s'il y a pire comme référence, cela n'en reste pas moins une belle réussite, surtout qu'elle s'adapte très souvent avec harmonie à ce que l'on peut voir à l'écran.

Original, indépendant, cohérent, respectueux des codes et fait avec beaucoup de sincérité et de talent, Blackaria fera à n'en pas douter le bonheur des fans de gialli et pourquoi pas des autres ? Que les dieux qui règnent dans les hautes sphères de l'édition et de la distribution de films daignent jeter un œil à Blackaria. Il le mérite bien plus que beaucoup de films de genre qui sortent dans les salles.


Titre français : Blackaria
Titre original : Blackaria
Réalisateur : François Gaillard, Christophe Robin
Scénariste : François Gaillard, Christophe Robin
Musique Double Dragon
Année : 2010 / Pays : France
Genre : Giallo / Interdiction : -16 ans
Avec : Clara Vallet, Anna Naigeon, Aurélie Godefroy, Julie Baron, Guillaume Beylard...




Lionel JACQUET

BLACK WATER : ABYSS (2020)


L'HISTOIRE : Deux couples d'amis, Eric et Jen ainsi que Viktor et Yolanda, s'en vont rejoindre Cash, un ami d'Eric, qui a découvert l'entrée d'une caverne inexplorée en plein cœur de la forêt australienne. Féru de spéléologie, Eric a choisi de faire de cette découverte le thème du week-end et propose au reste du groupe de s'aventurer dans les profondeurs de la grotte. A plusieurs mètres sous terre, les cinq camarades découvrent un immense lac qui pourrait mener vers d'autres galeries souterraines. Lorsqu'un violent orage se déclare à la surface, Eric et ses amis sont surpris par une brusque montée des eaux à l'intérieur de la grotte, qui va rendre compliquée le chemin du retour. La situation va virer au cauchemar quand le groupe découvre qu'un crocodile a élu domicile dans les eaux du lac...


MON AVIS : Andrew Traucki est un réalisateur qui semble s'être spécialisé dans les films d'agressions animales, sous-catégorie très apprécié des fans de cinéma de genre. En 2007, il s'illustre avec le crocodile movie dans Black Water puis bifurque vers le shark movie avec l'excellent The Reef en 2010, s'éloigne de son domaine de prédilection avec son segment G is for Gravity de l'anthologie ABC's of Death en 2012 pour y revenir sous forme de found-footage en 2013 avec The Jungle. Après une longue pause, il revient en 2020 avec ce Black Water : Abyss et retrouve donc notre ami le saurien. Evidemment, passer après le Crawl d'Alexandre Aja n'est pas aisé, de dernier ayant proposé un film dans lequel les attaques de sauriens étaient légion. Andrew Traucki s'éloigne de ce concept de film fun et ultra dynamique pour proposer un film d'ambiance, dans lequel la notion de suspense, d'attente, de stress joue un rôle bien plus important, et dissémine avec une grande parcimonie ses quelques attaques de crocodile au sein des 94 minutes qui font la durée de Black Water : Abyss.

Le film reprend les éléments déjà vus dans des œuvres telles The Descent ou La Crypte par exemple, à savoir une expédition souterraine qui va mal se dérouler et un groupe d'amis dont certains ont des secrets inavouables à dissimuler. Après une séquence introductive nous présentant deux touristes étrangers perdus en pleine forêt australienne et qui tombe par mégarde dans la grotte qui va servir de lieu principal de l'action du film et qui vont être victime du crocodile, on passe dans la phase de présentation des cinq protagonistes de l'histoire. Deux couples d'amis donc, plus une pièce rapportée. L'une des filles, Yolanda (Amali Golden), est enceinte mais ne l'a pas encore dit à son petit ami Viktor (Benjamin Hoetjes), qui est en phase de rémission d'un cancer. L'autre fille, Jennifer (Jessica McNamee) semble chercher des informations compromettantes sur son chéri Eric (Luke Mitchell) puisqu'elle trifouille dans le téléphone portable de ce dernier. Rapidement, les couples rejoignent un ami d'Eric, surnommé Cash (Anthony J. Sharpe) et qui a découvert l'entrée de la fameuse grotte vu au début. Ce qui est bien ici, ce que cette présentation des héros ne s'éternise pas et on arrive assez rapidement à la phase de spéléologie. L'exploration de la grotte se fait également de manière assez rapide, jusqu'à la découverte du lac, une pièce circulaire souterraine immense, qui laisse peu d'endroits où avoir les pieds au sec. Un paysage enchanteur de prime abord, sauf que le spectateur sait déjà ce qui se cache sous les eaux opaques. Le suspense peut débuter.

Aidée par un orage qui provoque une brusque montée des eaux, l'ambiance anxiogène s'installe peu à peu, la progression des personnages étant grandement ralenti, de même que leur possibilité de rebrousser chemin. Pas d'alternative, il va falloir aller dans l'eau. La musique stressante , angoissante, à base de violons peut entrer en jeu et accompagner les images. On frissonne quand les corps entrent dans l'eau, et on scrute l'écran pour voir d'où va surgir notre ami le crocodile. Andrew Traucki est toujours aussi efficace en terme d'attaque animale, évitant la surenchère pour mieux se focaliser sur l'aspect réaliste de la situation.

Seulement, là où ça fonctionnait plein pot dans le premier Black Water, le réalisateur ne parvient pas à égaler son modèle, la faute à des attaques trop peu nombreuses et à une certaine lassitude qui s'installe en cours de route. Pourtant, le suspense n'est pas mauvais et fonctionne assez bien la plupart du temps, comme lorsque les héros s'immergent sous l'eau et que leur lampe fait apparaître la tête du crocodile à quelques mètres d'eux. Mais trop de scènes débutent en faisant monter l'attente du spectateur pour se clore de manière stérile et sans avoir montré le nez de notre super prédateur. Andrew Traucki ne se sert pas non plus de son décor comme il aurait pu le faire et c'est bien dommage. On aurait aimé voir notre crocodile pourchasser ses futures proies dans les galeries étroites de la grotte par exemple, chose qui ne se produit pas alors que deux personnages les empruntent pour tenter de trouver une sortie. Dommage !

Il est vrai qu'il n'y a que cinq protagonistes et qu'il faut bien les faire durer sur la longueur pour ne pas à avoir à conclure le film trop tôt. Soit. Concernant les protagonistes du film, on devinera assez rapidement ce qui cloche dans leur relation, tout étant un peu trop téléphoné pour réussir à surprendre son monde. La charmante Jessica McNamee est celle qui s'en sort le mieux et elle se montre convaincante, même lors du final qui vire dans le pur film de divertissement festif, aspect que Black Water : Abyss avait su éviter jusqu'ici. 

Au final, et même si la mise en scène est très correcte et que les images sont belles, on est un peu déçu lorsque le générique de fin se met à défiler devant nos yeux. On aurait vraiment aimé voir plus d'attaques, que le crocodile soit plus mis en avant et que cette sensation d'ennui ne prenne pas le pas face à nos attentes. Pour un crocodile movie, ça reste dans la bonne moyenne du genre mais ça aurait pu être plus transcendant je pense. On verra si Andrew Traucki relève le niveau et se montre plus inspiré dans la suite de The Reef qu'il doit mettre en scène prochainement...


Titre français : Black Water - Abyss
Titre original : Black Water - Abyss
Réalisateur : Andrew Traucki
Scénariste : John Ridley, Sarah Smith
Musique Michael Lira
Année : 2020 / Pays : Australie, Usa
Genre : Attaques animales / Interdiction : -12 ans
Avec Jessica McNamee, Luke Mitchell, Amali Golden, Benjamin Hoetjes, 
Anthony J. Sharpe...




Stéphane ERBISTI

BLACK WATER (2007)


L'HISTOIRE : Touristes en vacances, Grace, accompagnée de son mari Adam ainsi que de sa soeur Lee, décident d’aller pêcher dans la mangrove. Embarquant dans un petit bateau à moteur, ils partent avec Jim, un guide touristique et espèrent bien attraper quelques poissons et profiter du soleil radieux. Malheureusement, ils se font attaquer par un crocodile qui retourne la frêle embarcation et dévore le guide. Nos trois vacanciers parviennent à grimper sur un des nombreux arbres de la mangrove. Une seule question hante leurs esprits : comment faire pour s’en sortir vivant ?


MON AVIS : Tiens, un nouveau film en provenance d’Australie, ça mérite qu’on s’y attarde, et ce, pour plusieurs raisons :
1- L’Australie nous a souvent donné de bons films de genre : Mad Max, Death Warmed Up, Long Week end ou Wolf Creek pour les plus connus.
2- Il y a un crocodile dans le film et moi, j’aime bien les films avec des crocodiles ou autres vilaines bébêtes avec de grandes dents qui bouffent des gens.
3- Black Water a été sélectionné dans de nombreux festivals et les échos sont plutôt bons, donc tout ça, ça me donne envie.

Les films avec des crocodiles, ça me connaît. J’en ai vu pas mal, des bons et des moins bons. Pour mémoire, citons quelques titres bien connus où notre carnassier joue sa vedette : Le Crocodile de la Mort, Killer Crocodile, Killer Crocodile 2, Alligator, L’incroyable Alligator, Blood Surf, Crocodile, Crocodile 2, Supercroc, Primeval, Lake Placid ou Les Dents de la Mort par exemple. Tiens, d’ailleurs pour ce dernier, notons qu’il nous provient d’Australie également ! Tout comme le nouveau film du réalisateur de Wolf Creek qui met aussi en scène notre saurien avec Rogue - en Eaux Troubles. L’Australie et le crocodile, une belle histoire d’amour donc...

La lecture du scénario de Black Water vous aura sûrement évoqué un autre film dont le postulat est identique, seul change le lieu de l’action et la bestiole présentée. Ceux qui auront répondu Open Water - en eaux profondes et ses deux touristes perdus en pleine mer parmi les requins ont gagné toute ma sympathie, ce qui est déjà fort bien !

Effectivement, le film de David Nerlich et Andrew Traucki peut être vu comme la version crocodile de Open Water. Même envie de faire un film réaliste : pas de crocodiles ou de requins géants ou modifiés génétiquement, que du pur saurien et des purs squales ; peu de personnages ; huis clos dans un environnement hostile (la mer et ses requins, la mangrove et ses crocodiles) où le suspense monte petit à petit ; présence d’une menace d’abord invisible et qui se dévoile par la suite ; tension naissante entre les personnages qui cherchent comment s’en sortir ; situations réalistes et plausibles qui impliquent d’entrée de jeu les spectateurs qui peuvent s’identifier fortement aux personnages présents et se demander comment eux auraient réagi ; peu d’effets gores mais des marques de blessures crédibles, renforçant le côté réalité du film ; pas d’images de synthèse, que de vrais animaux, comme déjà évoqué ci-dessus, même s’il y a bien sûr des effets spéciaux dans ces deux films, principalement des incrustations via ordinateurs (pensez-vous, on va quand même pas mettre des acteurs en présence de vrais crocodiles affamés !). Bref, Open Water et Black Water joue dans la même cour, celui du cinéma vérité, basé sur des faits réels, celui du cinéma qui utilise nos peurs primales pour mieux nous terrifier. Parce que franchement, j’en connais pas un qui aimerait être à la place des personnages d’Open Water ou de Black Water. A moins d’être suicidaire ou cinglé, il vaut mieux être confortablement installé dans son canapé devant la télé que perdu au milieu de nulle part, attendant que les monstres, les vrais, viennent nous dévorer. Parce que si on en arrive à stresser pour les personnages alors qu’on est dans son canapé justement, imaginez si on y était vraiment : crise cardiaque assurée !

C’est d’ailleurs ce qui fait la grande force des deux films. Ce qui marchait pour Open Water marche également très bien pour Black Water. On stresse pour nos trois vacanciers, on frissonne avec eux, on sert les dents quand l’un d’entre eux décide de redescendre dans l’eau pour tenter de s’en sortir en allant chercher le petit bateau, bref, on vit la tragédie avec eux. Par ce même principe, les quelques faiblesses d’Open Water se retrouvent dans Black Water : certaines scènes de dialogues sont parfois un peu longues et quand il ne se passe rien, on ressent également un léger ennui. Ce qui, en fait, renforce le côté réaliste du film, puisque l’on s’ennuie AVEC les personnages et non sans eux. Perchés en haut des arbres, que peuvent-ils faire d’autre qu’attendre, réfléchir, chercher une solution ? Rassurez-vous, cette petite notion d’ennui ne dure pas très longtemps et il y a assez de péripéties et de rebondissements pour vous tenir en haleine.

Pour que l’identification et l’immersion marchent encore plus avec les spectateurs, nos deux réalisateurs australiens ont choisi des acteurs et des actrices peu connus du public. Pas de stars qui feraient que la situation serait moins crédible. Et ça marche vachement bien ! Mention spéciale à la charmante Diana Glenn qui joue le rôle de Grace. Elle parvient à nous émouvoir et à nous livrer de vraies émotions. Très bonne surprise également avec la craquante Maeve Dermody, jolie blondinette qui devra faire face à ses peurs et nous livrera la séquence la plus angoissante du métrage. Les deux membres masculins du casting s’en sortent eux aussi très bien. Bref, pas de Lieutenant Ellen Ripley ou d’officier John McLane dans le film, juste des êtres humains en proie à l’inattendu, qui se retrouvent seuls face à eux-mêmes et qui ne peuvent compter que sur eux-mêmes pour s’en sortir. Un peu à la manière des spéléologues de The Descent en fait…

Bon, et ce fameux crocodile au fait, comment il est ? Redoutable mes amis ! Un vrai sadique, un vrai pervers ! Attendant au fond de l’eau verdâtre, qui ne laisse transparaître aucune information quant à sa présence ou son absence, attaquant quand on ne l’attend pas, observant ses proies avec une sorte de malin plaisir, comme s’il avait conscience de la situation et savait qu’elle était à son avantage. Bref, un bel enfoiré ce saurien, c’est moi qui vous le dis !

Bien sûr, ne vous attendez pas à voir des séquences surréalistes façon Killer Crocodile. Non, là, c’est encore une fois basé sur la réalité et la crédibilité et donc d’une efficacité supplémentaire.

Au final, Black Water a tout du bon petit film de série B qui n’en met pas plein les yeux c’est sûr, qui n’est pas d’une grande originalité certes, mais qui est traité de façon sérieuse et respectueuse et qui est doté d’un solide casting et de séquences de suspense vraiment bien réalisées. Le décor est très bien mis en valeur également et de doux frissons viendront parcourir votre échine aux moments clés du film. Que demander de plus ? Les amateurs d’agressions animales apprécieront sûrement !


Titre français : Black Water
Titre original : Black Water
Réalisateur : David Nerlich, Andrew Traucki
Scénariste : David Nerlich, Andrew Traucki
Musique Rafael May
Année : 2007 / Pays : Australie
Genre : Attaques animales / Interdiction : -12 ans
Avec Diana Glenn, Maeve Dermody, Andy Rodorera, Ben Oxenbould, 
Fiona Press...




Stéphane ERBISTI

SORTIE DVD / BR : DOUCE NUIT SANGLANTE NUIT


Et ça continue encore et encore au niveau de la collection Angoisses de chez Rimini Editions, avec la sortie prochaine du slasher culte Douce Nuit, Sanglante Nuit de Charles E. Sellier Jr.

Réalisé en 1984, le film nous raconte l'histoire du petit Billy et de sa famille qui vont rendre visite au grand-père qui mène une vie de légume dans une institution pour personnes âgées. Sur le chemin du retour, un voyou déguisé en Père-Nöel massacre les parents de Billy. L'enfant échappe au tueur et finit placé à l'orphelinat Sainte Marie. Profondément marqué par la mort brutale de ses parents, il grandit péniblement et à ses 18 ans, il trouve un emploi dans un magasin de jouets. Tout se passe très bien mais Nöel approche et Billy se montre de plus en plus nerveux...

Sortie le 7 décembre 2023, en combo DVD + BR + Livret


La bande-annonce :

BLACK SWAN (2010)



L'HISTOIRE :Danseuse au New York Ballet, Nina Meyers tient la chance de sa vie lorsque le casting pour une représentation du Lac des Cygnes ouvre ses portes. Pourtant, ses essais ne renversent pas Thomas Leroy, le metteur en scène du ballet : celui-ci choisit de faire incarner le cygne blanc et le cygne noir de l'histoire par la même personne, obligeant la danseuse visée à livrer une performance bien plus complexe. Nina obtient pourtant le rôle le jour où Thomas perçoit une rage insoupçonnée chez elle ; mais la jeune fille voit très vite sa vie se métamorphoser dès les premières répétitions...


MON AVIS : Pas de doute, Aronofsky est devenu définitivement un auteur hype, ses objets filmiques entraînant à la fois flops et engouements sur leurs passages : du paradoxe, et du bruit, beaucoup de bruit, comme on peut le constater à la suite de la sortie de Black Swan dont le passage sur grand écran laisse une traînée de plumes noires étincelantes. Vu l'antécédent surestimé et pompeux qui le précède, l'effet Aronofsky titille malgré tout la curiosité.

Ce dont l'on parle le plus, outre la performance de Natalie Portman, c'est la cascade de références qui nourrissent, irriguent (voire desservent légèrement) le film : du cadre évoquant tour à tour Argento et Michael Powell, en passant par des allusions concrètes à De Palma (Phantom of the Paradise et Carrie au Bal du Diable, entre autres), du trouble schizophrène hérité de Perfect Blue et de Polanski à la danse d'introduction renvoyant à celle de Legend, jusqu'au souffre de Verhoeven et l'approche organique à la Cronenberg, on frôle parfois le quizz cinéphile. Plus rassurant : tous ses clins d'œil et ses références n'empêchent jamais au film d'avoir une âme propre, que certains rapporteront (décidément !) comme la rencontre entre le tourbillon Requiem for a Dream et le parcours déchu de The Wrestler.

Ce qui est le plus visible n'est pourtant pas le plus troublant : Jennifer Connely (curieux hasard) était frappée elle aussi d'une malédiction en jouant dans le ballet du Lac des Cygnes dans le méconnu (et très ennuyeux) Étoile de Peter Del Monte.

On imagine la danse comme glamour, Black Swan se l'approprie comme une torture gracieuse, une épopée extatique, et la décrit comme un milieu fermé et cruel (l'ex starlette incarnée – ironie ? - par Winona Ryder, s'enfonçant dans l'ombre). Le savoir-faire d'Aronofsky et son goût pour les mises en scènes viscérales (image proche du documentaire, caméra près des corps) sert à merveille ce parcours d'étoile martyr et de petite fille en décomposition ; de jouer avec la jeunesse quasi virginale de Natalie Portman était une idée à s'approprier, et une manière salvatrice de crever définitivement l'écran pour la jeune actrice.

Dans une toile cinématographique fan du twist à gogo, Black Swan suit sa voie et résume ses enjeux dans la légende même qui compose Le lac des cygnes : pour incarner le cygne noir et le cygne blanc, Nina devra aller loin, très loin, et même jusqu'à la mort pour épouser son personnage et voler de ses propres ailes (au sens figuré comme au propre, pour le coup...). La petite fille (chambre d'enfant, vie privée à néant, image de la mère omniprésente et envahissante) devra devenir femme, et bien plus encore. Il ne s'agit plus d'un simple rôle à accomplir ou de quelques entrechats, mais d'une quête absolue visant la perfection et la transcendance du corps et de l'âme.

Aronofsky joue sur les tableaux anxiogènes, de l'appartement hanté par le figure maternelle (une Barbara Hersey dont le lifting monstrueux la rend encore plus inquiétante) aux planches où l'on sue sang et eau, le tout supervisé par un Vincent Cassel un brin vicelard. Et il y a aussi Lily, la furieuse, la brûlante, la rivale... ou l'amie, que Nina perçoit aussi bien comme le danger que comme un fantasme. De cette fascination trouble pour la figure masculine (Thomas) et la figure féminine (Lily), Aronofsky gère habilement les rapprochements, les doutes et les tensions érotiques multiples.

On le savait capable de filmer la misère et la dégradation physique, il n'y a rien donc rien d'étonnant à ce que Black Swan fonctionne de ce côté là, filmant un chemin de croix avec tout ce qu'il faut de viscéral, de l'horreur au compte-goutte aux transformations physiques parfois digne de La Mouche. Le ballet final prend inévitablement à la gorge, de libération en apocalypse intérieur, jusqu'à un plan séquence qui commence déjà à hanter les esprits. Le tout très bien épaulé par un Clint Mansell au sommet, revitalisant une musique ultra rebattue. Une sacré symphonie pour une sacré expérience.


Titre français : Black Swan
Titre original : Black Swan
Réalisateur : Darren Aronofsky
Scénariste : Mark Heyman, Andres Heinz, John J. McLaughlin
Musique Clint Mansell
Année : 2010 / Pays : Usa
Genre : Drame horrifique / Interdiction : -12 ans
Avec : Natalie Portman, Mila Kunis, Vincent Cassel, Barbara Hershey, 
Winona Ryder, Benjamin Millepied...





Jérémie MARCHETTI

BLACK SHEEP (2006)


L'HISTOIRE : Traumatisé dans son enfance par une mauvaise blague de son frère, Henry a désormais une peur bleue des moutons. Après quinze années d’absence, il décide sur les conseils de sa psy de revenir à la demeure familiale, une vaste ferme d’élevage de moutons où il retrouve la gouvernante Mrs Mac et son frère Angus, qui s’est spécialisé dans l’élevage avec l’aide de la génétique. Au même moment, Grant et Expérience, deux jeunes activistes luttant contre les expériences de laboratoires, dérobent un petit container contenant un embryon issu des nombreuses manipulations génétiques menées par les scientifiques d’Angus. Grant brise accidentellement le container et l’embryon de moutons s’échappe, après avoir préalablement mordu Grant et d’autres moutons. Les conséquences de ces morsures vont vite se révéler catastrophiques, transformant les gentils moutons en bêtes affamées et avides de viande…


MON AVIS : Il fallait oser ! Détourner l’emblème de la Nouvelle-Zélande, à savoir le sympathique mouton, pour le transformer en créature terrifiante et assoiffée de sang, quelle idée ingénieuse et originale ! Originale, pas tant que ça en fait puisqu’un film de 1973 avait déjà fait muter cet animal en un monstre horrible, dans Godmonster of Indian Flats de Fredric Hobbs. Mais bon, comparer au nombre de films mettant en scène des requins ou des serpents par exemple, on peut dire que Black Sheep et ses moutons tueurs demeure bel et bien une pièce d’exception dans la catégorie des films d’agressions animales.

La genèse de Black Sheep repose entièrement sur son réalisateur Jonathan King. Il écrit un premier scénario du film dans lequel se trouvent déjà tous les personnages clés et la plupart des situations présentes dans le film. Après avoir travaillé son scénario de nombreux mois, il décide de le présenter et d’essayer de trouver un producteur qui serait intéressé ainsi que des subventions. Coup de bol, une productrice est enthousiasmée par cette idée farfelue, de même que la commission des films de Nouvelle-Zélande qui décide d’apporter son aide à Jonathan King. Le scénario est retravaillé avec l’aide de spécialistes et nouveau coup de chance en faveur de Jonathan King, la Weta Workshop, société spécialisée dans les effets spéciaux fondée en 1986 par Richard Taylor et à l’origine des effets sur la trilogie du Seigneur des Anneaux et de King Kong (2005) de Peter Jackson entre autres, se montre très réceptive également et propose son aide. Le budget du film n’étant pas celui de la trilogie consacrée à l’univers de Tolkien évidemment, la Weta décide de faire les effets spéciaux à l’ancienne et de ne pas abuser des images de synthèse. On se retrouve donc en présence d’un film qui sent bon les années 80, avec prothèses, faux sang, moutons réalisés en animatronique se mélangeant avec les vrais animaux, maquettes et autres trouvailles délirantes qui augmentent considérablement le capital sympathie de Black Sheep, qui n’est pas sans rappeler les premières œuvres de Peter Jackson justement, et notamment son délirant Bad Taste.

Maintenant, avoir des professionnels à son service, un scénario bien écrit et des idées loufoques ne suffisent pas toujours à faire un bon film. Surtout que Jonathan King n’a réalisé que des clips, des publicités et des courts-métrages jusqu’ici. Mais l’homme est tellement impliqué dans son projet qu’il va rapidement communiquer sa bonne humeur à l’ensemble de l’équipe, qui va donner le meilleur d’elle-même. Et il montre également un talent certain dans la mise en scène, transformant un projet pas gagné d’avance en une très belle réussite de la comédie horrifique, qu’on rangera aisément au côté de classiques du genre tels Le Loup-Garou de Londres, Bad Taste, Evil Dead 2 ou plus récemment Horribilis par exemple.

Dire qu’on se marre devant Black Sheep est ce qu’on appelle une vérité vraie ! Le film est ultra fun, divertissant, et les quelques légers passages moins rythmés n’empêchent pas d’accrocher le spectateur qui en redemande et veut en voir encore plus !

Il faut dire que le spectacle est bien présent et qu’on ne soupçonnait pas nos amis animaux laineux d’être aussi féroces et voraces ! Morsures diverses, gorge arrachée, intestins sortis du ventre et autres joyeusetés gores s’étalent sur l’écran dans une bonne humeur communicative et le mélange des vrais moutons avec les créatures robotisées créées par Weta Workshop est franchement bien géré, même si on devine dans certaines scènes qui sont les vrais des faux. Mais dans un film comme celui-ci, je dirais que ça n’a pas beaucoup d’importance et que le fait d’avoir des animatroniques qu’on devine est même un plus car ça augmente le côté loufoque des situations, les rendant encore plus irréelles et hilarantes.

En bon fan du genre, Jonathan King n’a pas oublié de faire quelques petits clins d’œil aux films cultes du répertoire. Par exemple, le retranchement des personnages principaux dans la maison et le festin anthropophage auquel se livrent les moutons carnassiers et les humains mutants au dehors nous renvoient directement à certaines séquences de La Nuit des Morts Vivants de George Romero. La transformation d’Angus, le frère du héros, en mouton mutant nous rappelle des scènes similaires vues dans Le Loup-Garou de Londres ou dans Hurlements. L’attaque démente de la horde de moutons pendant une conférence en plein air évoquera à l’amateur l’attaque de l’alligator venu faire son repas durant un mariage dans L’incroyable Alligator de Lewis Teague. Toutes ces références jouent en faveur de Black Sheep car elles ne prennent pas le dessus sur les idées originales du film lui-même.

Autre force du métrage, outre le très bon dosage entre humour et gore, les personnages principaux joués par des acteurs quasi inconnus, qui nous apparaissent fort sympathiques et que l’on prend vraiment plaisir à suivre dans leurs sanglantes péripéties. Henry est impayable lorsque sa phobie des moutons prend le dessus, son pote Tucker n’est pas mal non plus dans son genre, et la jolie héroïne du film en sort de bonnes aussi, comme lorsque la vieille dame lui demande en lui présentant un fusil si elle a déjà fait cracher un tromblon et qu’elle répond pas un comme ça. De l’humour décapant, parfois irrévérencieux, mais toujours généreux et fort bien amené dans la majorité des cas. Un humour qui sait aussi se faire discret lorsqu’il le faut. La rivalité et l’antipathie, que se vouent les deux frères, ne prêtent pas à sourire par exemple. Certaines situations font également abstraction de cet humour afin de mieux emmener le spectateur dans un climat de tension. Mais reconnaissons que dans l’ensemble, c’est bien les fous rires qui auront le dernier mot lors de la vision du film. Ce mélange de comédie-horreur a d’ailleurs été fort bien accueilli puisque Black Sheep a reçu le Prix du Jury et le Prix du Public lors du festival de Gérardmer 2007 !

Sous son aspect délirant et gore, Black Sheep n’en oublie pas de dresser un amère constat sur le risque des manipulations génétiques et les conséquences qu’elles peuvent entraîner en cas de non respect des règles d’éthique. Un thème qui avait déjà donné lieu à un très bon film en 2005, Isolation. Le film de Billy O’Brien est un peu le versant sérieux de Black Sheep car son but premier était de terroriser le public avec son animal mutant. Jonathan King n’a pas du tout la même approche mais les deux films méritent plus qu’un simple coup d’œil.

Si vous aimez les situations abracadabrantes, les délires à la Bad Taste et voir des moutons dévorer tout ce qui passe à leur portée dans de très beaux paysages, ruez-vous sur Black Sheep, fou rire et jubilation avec geyser de sang en prime sont garantis !


Titre français : Black Sheep
Titre original : Black Sheep
Réalisateur : Jonathan King
Scénariste Jonathan King
Musique Victoria Kelly
Année : 2006 / Pays : Nouvelle-Zélande
Genre : Attaques animales, comédie horrifique / Interdiction : -12 ans
Avec Nathan Meister, Danielle Mason, Tammy Davis, Peter Feeney, Oliver Driver...




Stéphane ERBISTI

THE BLACK ROOM (2017)


L'HISTOIRE : Jennifer et Paul emménagent dans une maison de banlieue chic et pas chère. Seul bémol, quelques temps auparavant, une jeune fille a été gravement brûlée suite à un accident de chaudière et l’ancienne propriétaire semble avoir disparue. S’ils mettent ça sur le dos de la malchance, ils vont bientôt se rendre compte que le vrai responsable se trouve dans une pièce au fond de la cave...


MON AVIS : Alors que j’allumais Netflix, ce dernier me proposa, en page d’accueil, The Black Room, sorti quelque jours auparavant. Le résumé indiquant une pièce secrète, un esprit lubrique et, en bonus, Natasha Henstridge, la star de La Mutante, je ne pus résister à la tentation et lança le film au lieu de perdre une heure à flâner devant le menu comme je fais habituellement.

L’introduction donne le ton. Une vieille dame (interprétée par la truculente Lin Shaye déjà à l’œuvre dans la saga Insidious) tente de combattre un démon pervers et invisible qui s’en prend sexuellement à son adolescente de petite fille. La scène, rappelant involontairement mais plus sérieusement celle du viol de Tori Spelling dans Scary movie 2, apporte quelques plans cocasses comme celui du téton tortillé par le fantôme, du sortilège ou encore des mains ensanglantées et gluantes qui sortent du mur pour happer sa victime. Ça fait un peu sourire mais ça reste premier degré, pas cynique pour un sou et c’est généreux.

Passé ce démarrage en fanfare, les deux héros, Jennifer et Paul, interprétés par Natasha Henstridge et Lukas Hassel, arrivent dans leur nouveau logement. Tout comme le démon du sous-sol, Le couple est plutôt porté sur le sexe et veut faire l’amour dans toutes les pièces. Mais avant cela, ils vont devoir faire réparer leur chaufferie par Oscar, l’homme à tout faire, qui semble plus intéressé par la poitrine de Jennifer que par son boulot. Vous l’aurez compris, le film tourne beaucoup autour de la chose et encore plus à partir du moment où le démon prend possession du corps de Paul, ce dernier devenant graveleux et inquiétant. Mention spéciale à Lukas Hassel qui tient bien le rôle du possédé. Il se montre plutôt convaincant et semble prendre grand plaisir à jouer ce personnage capable de faire jouir à distance jusqu’à la mort.

Le métrage va tout du long jouer sur les pouvoirs du démon/Paul et sur ses pulsions. Les différents protagonistes en auront pour leur grade et à la manière d’un slasher paranormal finiront souvent dans un bain de sang. Les effets spéciaux gores, réalisés sur plateau avec latex et faux sang, sont par ailleurs très convaincants. Mâchoire arrachée, crâne fracassé, transformation en démon : tout est réussi et rappelle aux bonnes heures des années 80. A l’inverse, les effets spéciaux numériques sont complètement ratés et plutôt risibles et semblent faits par un débutant sur After Effects.

Si le film est loin d’être un chef d’œuvre (et il n’en a pas la prétention) et se trouve être plutôt bancal à différents niveaux, il faut surtout retenir son envie de livrer une série B dynamique, rigoureuse et ne se moquant pas de son public malgré un sujet qui prête facilement à la moquerie. D’ailleurs, il risque de passer pour un simili-nanar pour beaucoup mais, passé le générique, je suis resté sur le sentiment d’une pellicule bien ficelée et divertissante ponctuée de touches un peu Z. Et franchement, c’est aussi ça qui m’a plu.


Titre français : The Black Room
Titre original : The Black Room
Réalisateur : Rolfe Kanefsky
Scénariste Rolfe Kanefsky
Musique Savant
Année : 2017 / Pays : Usa
Genre : Diable et démons / Interdiction : -12 ans
Avec Natasha Henstridge, Lin Shaye, Lukas Hassel, Tiffany Shepis, Caleb Scott...




Sylvain GIB

BLACK RAINBOW (1989)


L'HISTOIRE : Martha Travis est médium et elle sillonne les Etats-Unis en compagnie de son père, un alcoolique qui la met en scène dans des shows dans lesquels elle "parle avec les esprits des défunts" devant une foule de croyants crédules. Une vie monotone pour la jeune femme, qui n'a aucun amis ni personne à qui parler à part son père. Lors d'un show, elle entre en contact avec un défunt qui a été assassiné par un tueur à gages. Problème : le défunt est actuellement en vie. Mais quelques jours plus tard, il est effectivement victime d'un tueur à gages. Pour Martha, la vie se complique quand elle comprend qu'elle a des visions qui ne se sont pas encore produites. Connaissant l'identité du tueur à gages, elle devient une cible potentiel pour ce dernier. Elle trouve du réconfort auprès d'un journaliste qui décide de l'aider...


MON AVIS : Vu au cinéma à l'époque de sa sortie, je n'avais plus aucun souvenir de ce Black Rainbow et c'est donc avec plaisir que je l'ai revu via le Blu-Ray édité par Arrow Vidéo. Le film a été réalisé en 1989 par Mike Hodges, le célèbre metteur en scène du kitsch Flash Gordon (1980) et du rigolo Les Débiles de l'espace en 1985. Il met en scène Rosanna Arquette, un an après le succès du Grand Bleu, ainsi que Jason Robards et Tom Hulce. L'actrice joue donc une jeune médium, ayant acquis une certaine sensibilité de sa mère qui avait aussi un don. Elle est sous la coupe de son père, qui gère sa vie et sa carrière en organisant des shows à travers tout le pays. Ce dernier a un sérieux penchant pour l'alcool mais aussi pour le jeu d'argent, perdant les sommes gagnées par sa fille, comme celle-ci l'apprendra à un moment dans le film.

Rosanna Arquette et Jason Robards s'en sortent vraiment bien dans leur rôle respectif et cette relation père / fille est bien mise en avant par l'histoire, une relation compliquée, Martha se sentant prisonnière de son statut de médium et restant impuissante face à l'alcoolisme de son père. Mais le plus intéressant dans Black Rainbow est évidemment la capacité de Martha à entrer en contact avec les défunts dans l'autre monde. Comme le dit son père, il s'agit d'un show et le public doit en avoir pour son argent. La question qu'on se pose tous est bien sûr : a-t-elle réellement un don, parle-t-elle réellement avec les défunts ou tout n'est-il que mascarade, trucage, théâtralité ? Les personnes dans l'assistance sont-elles de mèches, ont-elles été payées pour apporter de la crédibilité à cette entreprise familiale de spectacle ?

On sait que le crédulité des gens ne demandent qu'à être assouvis et les prestations de Martha Travis leur apporte ce qu'il faut pour y croire, le jeu d'actrice de Rosanna Arquette faisant le reste. L'approche du réalisateur est ici bien éloigné de ses deux films cités plus haut. Il n'y a pas d'humour ou de parodie, c'est filmé de manière sérieuse, et si le réalisateur ne lésine pas à inclure un chœur gospel ou un pianiste comme élément du show de Martha, comme le ferait tout prédicateur ou charlatan d'ailleurs, il ne le fait pas dans le but d'amuser ou de démystifier le propos du film. 

La séquence dans laquelle un petit grain de sable vient endommager le rouage pourtant bien huilé mis en place par le père de Martha fait monter la tension et le film prend une dimension plus dramatique, avant de basculer carrément dans le thriller fantastique. Cette séquence, dans laquelle Martha entre en contact avec un défunt qui ne l'est pas encore, marque un tournant dans le récit, celui-ci aurait d'ailleurs très bien pu être écrit par Stephen King car le fantastique intervient par petite touche avant de clairement devenir un élément capital de l'intrigue.

Black Rainbow étant avant tout un film d'ambiance, il ne faut pas s'attendre à de l'action tout azimut. Non, ici, le rythme est très posé, rien ne verse dans le sensationnel ou le démonstratif. La condition de médium de Martha donne tout son intérêt au film, et ses nouvelles visions, prophétiques cette fois-ci, viennent fragiliser un personnage qui l'est déjà beaucoup et Rosanna Arquette apporte une vraie sensibilité à Martha, qu'on a envie d'aider, de soutenir, comme le fera le journaliste joué par Tom Hulce

Si on devine assez facilement un des twists finaux, on est tout de même assez surpris voire même déconcerté par l'idée finale du film, qui ne nous apparaît pas logique et pénalise pour ma part le film. Si Black Rainbow n'est pas exempt de défauts, et notamment ce final inattendu, le film distille une atmosphère assez soignée, qu'on aurait aimé être encore plus perturbante, effrayante, il y avait matière à le faire. Mais dans l'ensemble, et pour qui aime les films qui prennent leur temps, Black Rainbow fait le job et se révèle attachant, sans pour autant nous subjuguer.


Titre français : Black Rainbow
Titre original : Black Rainbow
Réalisateur : Mike Hodges
Scénariste Mike Hodges
Musique John Scott
Année : 1989 / Pays : Angleterre
Genre : Fantômes et spectres / Interdiction : /
Avec Rosanna Arquette, Jason Robards, Tom Hulce, Mark Joy, Ron Rosenthal...




DISPONIBLE EN BLU-RAY CHEZ ARROW VIDEO



DISPONIBLE EN BLU-RAY CHEZ BQHL




Stéphane ERBISTI