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BIG FISH (2003)

 

Titre français : Big Fish
Titre original : Big Fish
Réalisateur : Tim Burton
Scénariste : John August
Musique Danny Elfman
Année : 2003
Pays : Usa
Genre : Conte fantastique
Interdiction : /
Avec Ewan Mc Gregor, Albert Finney, Billy Crudup, Jessica Lange, Alison Lohman, 
Helena Bonham Carter, Danny DeVito, Steve Buscemi, Mario Cotillard...


L'HISTOIRE : Alors que son père est sur le point de mourir, William Bloom décide de se rapprocher de lui afin de connaitre cet homme qui lui a raconté tant de contes plus ou moins fantastiques durant son enfance. Débordant d’imagination, Edward Bloom va revenir sur l’histoire de sa vie, un véritable voyage dans des lieux atypiques où personnages extravagants et magie se côtoient en permanence...


MON AVISQuelqu’un ne connait-il pas encore le talentueux cinéaste américain Tim Burton ? Visionnaire de génie, ce dernier possède une filmographie des plus intéressantes à ce jour : d’univers macabres et noirs (Batman, Sleepy Hollow, Les Noces Funèbres, Sweeney Todd, Dark Shadows) aux mondes merveilleux et enchanteurs (Charlie et la Chocolaterie, Alice au Pays des Merveilles), ponctués tantôt de loufoqueries et bizarreries en tous genres (Beetlejuice, Mars Attacks !, La Planète des Singes) tantôt de poésie (Edward aux Mains d’argent, Ed Wood) il semble impossible de ne pas trouver dans la carrière de ce prodige un film qui vous ait marqué. En 2003, le réalisateur américain décide de se replonger dans une histoire mêlant fantastique, merveilleux et poésie avec Big Fish, à la manière d’un Edward aux Mains d’argent sorti 13 ans plus tôt.

Projet de Steven Spielberg que ce dernier abandonnera au profit du film Arrête-moi si tu peux, Big Fish tombera finalement dans les mains de Tim Burton. Un film complexe, tant sur le point de vue émotionnel (un lien père-fils des plus émouvants, l’accompagnement d’un homme plein de vivacité, de bonté et d’humour dans un ultime voyage) que sur l’aspect fantastique de l’histoire (faire la distinction entre rêve et réalité, fiction et vérité, dans les histoires ô combien extravagantes d’Edward Bloom), dont notre réalisateur de génie réussit à s’accaparer les ficelles pour nous livrer ce qui est aujourd’hui l’un de ses long-métrages les plus réussis.

L’histoire de la vie d’un homme ordinaire comme s’il s’agissait d’un mythe : voilà une phrase prononcée par le romancier Daniel Wallace, auteur du livre dont s’inspire le film (Big Fish, a story of mythic proportions), qui décrit parfaitement le long-métrage de Tim Burton.

Réussissant à créer un équilibre entre le merveilleux, l’humour et le magique d’un côté et la poésie et l’émotion de l’autre avec comme seuls véritables liens entre ces deux entités opposées les valeurs de la famille et l’amour, Big Fish nous plonge dans une aventure humaine et fantastique à la fois dans laquelle le spectateur passera par tous les sentiments. Tantôt amusé (des discussions d’enfants sur des sujets irrationnels aux histoires décalées d’un père débordant d’imagination, tant de choses prêtent à sourire), tantôt contemplatif (les jeux du cirque et ses personnages extravagants), tantôt surpris (les passages soudains d’un univers à un autre totalement opposé : d’une forêt lugubre, froide et menaçante à l’accueillante, festive et colorée ville de Spectre, il n’y a pourtant que quelques pas à faire…), tantôt attristé et ému (difficile de rester de marbre devant ce final larmoyant et ces relations père-fils), Big Fish réussit à nous transporter dans ce voyage fantastique aux multiples péripéties avec ce qui pourrait être comme devise vis ta vie sans aucune limite.

Des monstres en tous genres (loup-garou, géants, siamoises, sorcière…), des décors enchanteurs (la ville de Spectre, le vaste champ de jonquilles, le cirque…) et des personnages attachants (qu’ils soient réels ou fictifs) : un ensemble d’éléments qui finalement s’assemblent au fur et à mesure que nous avançons dans cette histoire, telles les pièces d’un puzzle, pour nous donner un final somptueux et ô combien émouvant !

Alors que certains regretteront sa quasi absence aux Oscars 2004, Big Fish n’en demeure pourtant pas moins l’un des films les plus réussis de son géniteur. Drôle, émouvant, inventif et surprenant, ce voyage fantastique dans l’univers d’un père de famille débordant d’imagination vous enchantera, petits comme grands.




David MAURICE

BIENVENUE AU COTTAGE (2008)

 


L'HISTOIRE Alors qu’ils viennent de kidnapper la fille d’un gros caïd, deux frères et leur otage se réfugient dans un cottage à la campagne en attendant la rançon. Malheureusement pour eux, ce qu’ils pensaient être un coin tranquille pour se cacher et opérer en toute sécurité s’avère être au final le pire endroit qui puisse exister en Grande-Bretagne. Au diable l’otage - de toute façon c’est une garce ! - c’est leur vie qui est en jeu à présent…


MON AVISLa Grande-Bretagne n’en finit plus de nous sortir des comédies horrifiques. Certes, tout n’est pas rose dans la longue liste des films anglais appartenant à ce registre mais certains méritent vraiment d’être vus et c’est le cas de ce fameux Bienvenue au Cottage.

Ecrit et réalisé par un certain Paul Andrew Williams, The Cottage (titre original) est un film sorti dans nos contrées de manière (trop) discrète, sans grande médiatisation. Pourtant, ce dernier s’avère être une réelle bonne surprise pour qui aime les comédies horrifiques : drôle et glauque à la fois, le film de Paul Andrew Williams n’a rien à envier aux piliers du genre.

Même si le film ne révolutionne en rien le genre qui le caractérise, il faut bien admettre que ce dernier est doté d’un scénario efficace. Alors que la première partie de Bienvenue au Cottage lorgne principalement du côté de la comédie avec ses situations gags et ses personnages un brin crétins, la seconde moitié du film va nous plonger en plein survival, nos personnages principaux étant alors aux prises avec un monstre semblant être le fruit de relations consanguines, rappelant notamment la saga des Détour Mortel.

Même si certains trouveront peut-être la première partie du film un peu longue et sans véritable élément horrifique, cette dernière est toutefois suffisamment distrayante pour nous faire oublier la future menace qui va se présenter à nos quatre personnages principaux promise dans le résumé du film. Nos deux frangins kidnappeurs et leur imbécile de complice semblent si mal à l’aise et maladroits dans leur façon de gérer la situation que certaines séquences sont hilarantes. Entre gaffes énormes de la part du frérot binoclard et étourderies du copain complice, on s’amuse à de nombreuses reprises, d’autant plus que l’otage n’est pas ce qu’il y a de plus calme et docile ! (Attention aux coups de boules !)

La seconde partie quant à elle est clairement différente de la première d’un point de vue atmosphère. En effet, même si le film continue d’amuser la galerie avec ses quelques situations ridicules, voire même parfois grand-guignolesques, un basculement radical a été opéré en termes d’ambiance : plus glauque et inquiétante, cette seconde moitié de Bienvenue au Cottage nous plonge dans un univers bien plus sombre. Le survival prend alors rapidement le dessus, nous invitant dans un jeu du chat et de la souris dans des endroits peu hospitaliers (vieille grange, ferme abandonnée, sous-sol lugubre et autres sinistres forêts) avec pour menace un terrifiant personnage doté d’une force surhumaine et atrocement défiguré qui va mener la vie dure à nos chers amis.

Quelque soit la partie considérée, on appréciera en tout cas que le rythme soit toujours fort bien maintenu, grâce notamment à un humour omniprésent, des rebondissements bienvenus et des courses-poursuites haletantes en compagnie de notre monstre. Certes, le film se permet de temps à autres quelques clichés volontaires et deux-trois clins d’œil au cinéma de genre (on pense forcément à Evil Dead avec la fameuse trappe par exemple) mais ce n’est assurément que pour mieux captiver son public.

Concernant le casting, là aussi nous ne sommes pas en reste avec une galerie de personnages divers et variés. Les deux frangins kidnappeurs totalement opposés : l’un est calme et réfléchi tandis que l’autre n’est ni plus ni moins qu’un boulet ! Leur complice est totalement dépassé par les événements et l’otage qui s’avère être une vraie peste ! Bref, un condensé de bonheur et d’éclate qui ne manquera pas de vous faire rire ! A noter, et cela est assez rare de nos jours, que le film propose une VF satisfaisante (même si on préférera toutefois regarder le film en VOSTFR).

Du côté des effets spéciaux, à la manière d’un The Butcher, les quelques scènes sanglantes fort réussies sont originales et prêtent parfois à rire. Les maquillages et autres prothèses faciales utilisés pour confectionner notre monstre difforme sont également de très bonne facture et ne manqueront pas de vous faire frissonner lors de la première vision de ce dernier.

Enfin, la musique elle aussi est l’un des ingrédients non négligeable du film de Paul Andrew Williams. Très cartoon dans la première moitié du long-métrage, cette dernière devient plus sérieuse et inquiétante dans la seconde partie, alors que nous découvrons ce que sera le terrain de chasse de notre monstre.

Au final, Bienvenue au Cottage est une très bonne surprise. Pour ma part dans le haut du panier du registre des comédies horrifiques, ce film british saura vous divertir de part ses situations gags, ses personnages drôles et idiots à la fois et sa partie survival haletante et gore par moments. Un petit bijou à découvrir si ce n’est déjà fait !


Titre français : Bienvenue au Cottage
Titre original : The Cottage
Réalisateur : Paul Andrew Williams
Scénariste : Paul Andrew Williams
Musique Laura Rossi
Année : 2008 / Pays : Angleterre
Genre : comédie horrifique
Interdiction : -12 ans
Avec Andy Serkis, Reece Shearsmith, Steven O’Donnell, Jennifer Ellison...





David MAURICE

BIENVENUE A ZOMBIELAND (2009)

 


L'HISTOIRE : Le monde est totalement infesté de zombies et la population humaine a quasiment été décimée. Columbus, un jeune homme timide mais débrouillard, lutte pour sa survie. En chemin, il rencontre Tallahassee, un chasseur de zombies amoureux fou des biscuits Twinkies. Nos deux gaillards se mettent en chemin et font la connaissance de deux jeunes filles : Witchita et Little Rock. Witchita ne désire qu’une chose : emmener sa petite sœur dans un parc d'attraction. Après quelques coups fourrés, le quatuor décide de s’allier et de lutter ensemble contre les zombies…


MON AVISDécidément, les films de zombies ont toujours le vent en poupe. Les parodies aussi. Le succès de Shaun of the Dead ne s’est jamais démenti et nombreux sont ceux qui ont voulu surfer sur la vague. Le réalisateur Ruben Fleischer n’est pourtant pas un grand fan du genre. Il l’avoue lui-même. Néanmoins, il a accepté de relever le défi qui lui était tendu, après le refus de John Carpenter de réaliser le film, qui était initialement un épisode pilote pour une série télévisée. Ruben Fleischer s’est donc documenté sur les zombie movies, et en a visionnés pas mal afin de ne pas décevoir les fans et de se montrer à la hauteur du projet. A-t-il rempli sa mission ?

Lectrice, lecteur, si ton but en venant voir Bienvenue à zombieland était de t’amuser, de te divertir et de passer un bon moment devant un film comico-horrifique, alors le film de Ruben Fleischer devrait combler tes attentes. Si tu t’attendais par contre à voir un film dans la veine du Zombie de George A. Romero, tu peux faire demi-tour. Il est clair que Zombieland ne joue pas du tout dans ce registre. Bon, maintenant, avec un titre français pareil, on s’en doutait un peu quand même…

L’humour est donc au centre des aventures de Columbus, Tallahassee, Witchita et Little Rock. Un humour bon enfant, pas aussi drôle que celui de Shaun of the Dead, mais dans l’ensemble, on sourit souvent et on rigole franchement de temps en temps. Il y a quelques scènes fort amusantes qui feront leur petit effet à coup sûr. Il faut dire que les personnages principaux humains, qui sont les vraies stars de Bienvenue à Zombieland, ont tous quelque chose qui prête à sourire.

Columbus tout d’abord. Un petit jeune débrouillard (puisque toujours vivant) mais bien froussard au final, qui a rédigé toute une liste de règles afin de rester en vie dans ce monde cauchemardesque. Lors de nombreux passages du film, les différentes règles s’affichent sur l’écran en fonction des actions du personnage et ça nous fait bien rire la plupart du temps. Evidemment, notre grand timide va tomber amoureux d’une jolie fille, ce qui va parfois aller à l’encontre de certains principes qu’il avait si bien établis.

Second personnage, totalement pittoresque celui-ci, Tallahassee, merveilleusement bien incarné par Woody Harrelson, parfait dans ce genre de rôle. Une sorte de Terminator destructeur de zombies, expert dans le maniement de toutes sortes d’armes, mais qui possède aussi ses faiblesses, ce qui nous vaudra une petite séquence émouvante, qu’on n’attendait pas venir de ce personnage. Le spectateur ne pourra qu’être comblé par l’interprétation de Woody Harrelson, vraiment investi dans son personnage, et qui sera être l’élément comique numéro 1 dans le film la majorité du temps.

La jolie Witchita est interprétée par Emma Stone, et sa petite sœur Little Rock par Abigail Breslin. Deux nanas qui, tout comme Columbus, ont un mode de vie bien réglé, et qui savent quoi faire pour assurer leur survie. La rencontre entre ces quatre personnages sera détonante et transformera le film en road movie sanglant et humoristique, leur but étant pour les uns de trouver les derniers biscuits Twinkies, pour d’autres de se rendre dans un parc d’attraction pour s’amuser comme avant. Du comique de situation qui fonctionne bien et qui assure au film un déroulement sans gros temps mort, malgré quelques petites baisses de rythme par-ci, par-là. En effet, le film démarre sur les chapeaux de roues, avant de se ramollir un petit peu au milieu mais c’est pour mieux rebondir vers la fin, dans une séquence haute en couleur et pleine de vie (enfin, façon de parler…).

Niveau zombies, le film n’en est pas avare, même si on aurait aimé en avoir encore plus. Parce qu’une fois nos amis lancés sur les routes, des zombies, ben on en voit plus. Les routes sont quasi désertes, aucune menace à l’horizon. Non, la menace, elle est dans les rues, dans les villes mais pas au dehors. Bon, pourquoi pas après tout. Ce n’est qu’un petit détail qui ne vient pas forcément nuire au film. Juste une constatation. Qui se révèle en fait très plausible puisque les zombies se concentrent principalement dans les villes. Logique.

Par contre, une fois en ville, là, ça défouraille sec. C’est pas L’armée des Morts mais y’a de quoi faire quand même. Nos héros vont pouvoir se défouler avec divers objets contre les morts-vivants, ce qui nous donnera encore une fois quelques séquences franchement marrantes. Les effets spéciaux tiennent la route, et Ruben Flesicher a respecté les codes du genre en nous montrant quelques festins anthropophages, pas mal d’impacts de balles, quelques explosions de têtes, dont une avec un gros maillet sur une tête de clown franchement jouissive. Ça reste du gore rigolo mais c’est vraiment bien foutu. Et la dernière séquence se déroulant dans le parc d’attraction nous en donne vraiment pour notre argent niveau défouloir entre humains et zombies. La scène où Woody Harrelson s’enferme dans une guitoune avec ses deux flingues pour faire un méga carton sur les zombies est mémorable.

Impossible également de passer sous silence la participation de Bill Murray. Incarnant son propre rôle, l’acteur déjanté nous prouve encore une fois qu’il est un vrai troubadour du comique, et sa séquence est à mourir de rire.

On notera aussi pour les amateurs de jolies créatures la présence de la superbe Amber Heard, notre Mandy Lane adorée, baptisée ici 406 par Columbus, chiffre provenant du numéro de l’appartement de sa jolie voisine. Une apparition pas très longue mais comme chaque apparition d’Amber est un plaisir pour les yeux, on n’en voudra pas au réalisateur de l’avoir transformée en zombie dès le début du film pour mieux pouvoir la tuer.

Bref, amateurs de comédie horrifique bien délirante, je ne saurai que trop vous conseiller ce Bienvenue à Zombieland, qui réussit amplement sa mission première : divertir. Pour son premier long-métrage, Ruben Fleischer a vraiment assuré et même si on ne rira pas à s’en décrocher la mâchoire, il faut reconnaître que le film réussit haut la main le mélange de genres et nous propose des situations comiques parfois originales, parfois non, mais qui tiennent la route et assurent le spectacle. Bienvenue à Zombieland s’avère être un film à regarder entre potes pour une bonne partie de rigolade et de détente. Et supportera plusieurs visions, preuve de la réussite du film.


Titre français : Bienvenue à Zombieland
Titre original : Zombieland
Réalisateur : Ruben Fleischer
Scénariste : Rhett Reese, Paul Wernick
Musique David Sardy
Année : 2009 / Pays : Usa
Genre : Comédie Fantastique, Morts vivants
Interdiction : /
Avec Jesse Eisenberg, Woody Harrelson, Emma Stone, Abigail Breslin, Amber Heard...




Stéphane ERBISTI

BIENVENUE A CADAVRES-LES-BAINS (2009)

 

Titre français : Bienvenue à Cadavres-Les-Bains
Titre original : Der Knochenmann
Réalisateur : Wolfgang Murnberger
Scénariste : Wolf Haas, Josef Hader, Wolfgang Murnberger
Musique Sofa Surfers, Wolfgang Frisch
Année : 2009
Pays : Autriche
Genre : comédie fantastique, thriller
Interdiction : /
Avec Josef Hader, Josef Bierbichler, Pia Hierzegger, Birgit Minichmayr...


L'HISTOIRE : Simon Brenner, ancien policier reconverti, est missionné par un concessionnaire viennois pour mettre la main sur les propriétaires de voitures impayées. Alors qu’il doit retrouver un certain Monsieur Horvath, notre ami va se retrouver dans un petit hôtel-restaurant dans la campagne autrichienne. Alors que cela devait être une mission comme tant d’autres vécues jusque-là, celui qui joue quelque peu les détectives privés va vite s’apercevoir qu’il se passe bien des choses étranges dans cet établissement…


MON AVISBienvenue à Cadavres-Les-Bains est un film autrichien sorti en 2009 et nous narrant pour la quatrième fois à l’écran les aventures de Simon Brenner, un personnage fictif créé par l’écrivain Wolf Haas et très connu en Autriche. Toutes ces histoires étant indépendantes les unes des autres, nous ne rencontrons alors aucune difficulté à entrer dans celle-ci, votre rédacteur n’ayant vu à ce jour aucune autre des intrigues de cet ancien flic.

Petite comédie d’humour noir tapant aussi bien dans le fantastique, dans le thriller ou bien encore dans le film policier, le film de Wolfgang Murnberger a beau durer presque 2h, il n’en est aucunement long et ennuyeux. Au contraire, voilà bien un film attachant, certes à des années lumières d’un Shaun of the Dead, dont on peut lire le titre sur l’édition DVD sortie en France ainsi que ceux de Hostel et de Severance, mais c'est un bon petit film bien ficelé qui vous attend là. Alors que votre serviteur s’attendait à une énième comédie plus ou moins drôle, avec ses inspirations douteuses, ses gags souvent foireux et un air de déjà-vu du début à la fin, force est de constater qu’il s’est bien planté…

Le film est doté d’un scénario riche en surprises, bien huilé (un puzzle qui petit à petit se construit, les pièces s’assemblant au fil de l’intrigue avec une certaine justesse) et mêlant moments drôles (n’oublions pas que nous sommes avant tout sur un scénario faisant la part belle à l’humour, que ce soit pour ses personnages parfois hauts en couleurs, ses dialogues balançant humour noir et second degré à tout va ou encore ses séquences un brin loufoques), romantiques (bah oui ça fricote un peu et ça lorgne vite-fait vers l’érotisme même) et horrifiques, avec quelques meurtres perpétrés et notre meurtrier n'y va pas par quatre chemin et fait en fonction de ce qu’il a sous la main : noyade, gorge sectionnée, coups de hachoir…

Le scénario est plein de péripéties et nous n’avons guère le temps de nous ennuyer devant le film de Wolfgang MurnbergerEntre chantages, arnaques, balance, adultère, cannibalisme, police je m'en foutiste, réseau clandestin de prostitution… Bienvenue au pays du vice !

Alors certes, l’aspect horrifique n’est pas le plus présent, l’humour noir étant clairement l’ingrédient le plus mis en avant dans cette histoire. Nous sommes bien plus dans le film policier ou le thriller que dans le fantastique pur, à la différence des films cités sur la jaquette du DVD français, même si plusieurs moments nous rappellent que nous faisons quelques incursions dans le cinéma de genre et plus précisément le cinéma fantastique justement : on a une séquence de cannibalisme où l’une des victimes finit dans le goulache qui remportera un beau succès auprès de notre ancien policier et héros Simon Brenner, des meurtres assez sauvages qui nous renvoient à bien des films de psychopathes et tueurs en série entre autres. Il aurait été d’ailleurs plus logique et franc de citer un C’est arrivé près de chez vous sur le verso de la jaquette plutôt qu’un Shaun of the Dead ou pire un Hostel.

Mais l’histoire n’est pas l’unique chose qui donne à ce film cette sympathie et ce côté reviens-y. En effet, le casting est de plutôt bonne facture : avec son héros parfois un brin naïf (notre ancien policier ne percute pas toujours au quart de tour bien qu’il ait cette envie de tout vouloir comprendre et ne semble rester dans le bled uniquement pour les beaux yeux de la femme du fils du patron de l’hôtel-restaurant où il enquête), ces vilains tout ce qu’il y a de plus bêtes et méchants (le fils du patron qui joue la carte du chantage et du bad boy alors qu’il n’en a pas du tout l’étoffe, les maîtres chanteurs qui rapidement se retrouvent dans une merde pas possible faute d’avoir été trop confiants…) et ces quelques personnages exerçant en quelque sorte le rôle de ciment dans cette intrigue en y apportant notamment humour et bizarrerie (le fameux Horvath que l’on cherche toutes et tous ou encore Berti le concessionnaire) quand ce n’est pas tout simplement un petit zest de romantisme (notre fameuse Birgit, femme du fils du patron, vous l’aurez aisément compris), nous avons là une galerie de personnages qui nous plongent sans grande difficulté et avec beaucoup d’entrain dans cette histoire bien farfelue…

Le seul vrai bémol dans Bienvenue à Cadavres-Les-Bains est que nous ne baignions pas un peu plus dans l’humour noir, les scènes macabres et les meurtres inventifs / amusants. Ce qui aurait encore plus porté en avant l’aspect fantastique, même si nous ne sommes pas hors-sujet ici. Certain(e)s pourront également mettre un petit carton jaune sur la dynamique du film. En effet, le montage n’est pas des plus énergiques mais heureusement, les personnages un brin décalés et les situations farfelues qui se présentent assez couramment permettent sans grand mal à tenir en haleine le spectateur.

Au final, ce polar mêlant humour noir et fantastique est une agréable surprise. Avec son casting de bonne facture et haut en couleur, ses séquences amusantes et parfois totalement barrées et enfin son scénario bien huilé et laissant l’intrigue se dévoiler tel un puzzle, l’irrévérencieux Bienvenue à Cadavres-Les-Bains se suit sans déplaisir et ce malgré certes une dynamique parfois un peu en manque de souffle. Un film qui donne envie à votre rédacteur d’en connaître un peu plus sur ce personnage de Simon Brenner, si connu au pays de Mozart et des chants tyroliens.




David MAURICE

BATTLE ROYALE 2 - REQUIEM (2003)

 

Titre français : Battle Royale 2 - Requiem
Titre original : Batoru Rowaiaru 2 - Rekuiemu
Réalisateur : Kinji Fukasaku, Kenta Fukasaku
Scénariste : Kenta Fukusaku, Norio Kida, Koushun Takami
Musique : Masamichi Amano
Année : 2003
Pays : Japon
Genre : Survival
Interdiction : -12 ans
Avec Tatsuya Fujiwara, Aki Maeda, Shugo Oshinari, Natsuki Kato, Riki Takeuchi...


L'HISTOIRE : Trois ans se sont écoulés après le premier Battle Royale, les deux uniques survivants Shuya et Noriko sont aujourd'hui recherchés par les autorités. Menée par Shuya, une rébellion juvénile se tapit sur une île, afin de lutter contre les adultes. Le gouvernement japonais décide de créer une nouvelle session de la loi BR intitulée Battle Royale 2. Il décide d'y faire participer une classe de jeunes délinquants ayant pour but de neutraliser le groupuscule de Shuya...


MON AVISOeuvre maîtrisée, à la fois pamphlétaire et ironique, Battle Royale premier du nom fut un film proche de la perfection. Suite à son succès inattendu, Kenji Fukusaku décida de prolonger ce film et d'en donner une suite. Malheureusement ce grand réalisateur japonais s'est éteint durant le tournage et c'est à son fils qu'il délègue la dure tache de prendre le relais.

Les 20 premières minutes du métrage s'apparentent à une forme de remake de l'original : présentation de la nouvelle classe à travers quelques portraits des élèves, dont la fille de Kitano (le professeur du premier), le passage du tunnel, l'arrivée du nouveau professeur, deux exécutions dont un collier qui explose afin de faire adhérer tout le monde au combat, et enfin les fameuses scènes des jets de sac dirons-nous (moins poilantes que dans le premier néanmoins).

Nouvelle édition oblige, les règles sont différentes, cette fois-ci le but n'est plus de s’entre-tuer mais de neutraliser toute la bande de Shuya qui s'est réfugiée sur une île, ce qui explique le choix de cette classe, composée de mauvais élèves, assez déglingués du ciboulot. Bonne trouvaille, c'est le collier qui est ici utilisé en binôme. Organisés par paire (un garçon et une fille) et numéro, si l'un des deux vient à mourir, l'autre meurt tout de suite après, son collier explosant. Une idée malsaine mais qui offre de nombreux intérêts malheureusement trop peu explorés dans le film.

Du point de vue de la réalisation, pas grand chose à en dire. D'une grande efficacité et fluidité, elle se veut maîtrisée, pas de hic de ce côté là. Il suffit de voir la séquence impressionnante du débarquement, qui renvoie directement à celle d'Il faut sauver le soldat Ryan de Spielberg.

Le film pêche surtout par son scénario rempli d'incohérences et de situations improbables. En effet comment des jeunes non expérimentés peuvent-ils survivre aussi longtemps face aux armées ultra entraînées japonaises (elles doivent être mauvaises me direz-vous), cette remarque se ressent énormément vers la fin du métrage où, à trois, ils résistent assez bien à toute une armada, Shuya se prenant bien 6 balles dans tout le film, il est drôle qu'il ne succombe pas à ses blessures.

Autre point qui tâche, les acteurs s'avèrent assez plats dans l'ensemble, et on peine à ressentir une quelconque émotion envers eux, d'ailleurs les scènes où certains avouent leur amour à d'autres ne marchent pas du tout, au contraire du premier épisode où lors de ces scènes l'émotion était vraiment forte.

Simplement deux personnages sortent du lot, Taku et la fille Kitano. Shuya déçoit énormément, alors que dans le premier il s'avérait pacifiste et timide, ici il apparaît comme un gourou qui prône la guerre. Bref pratiquement impossible de s'identifier à lui quand on connaît le personnage du premier film.

Le nouveau professeur joué par Riki Takeuchi (acteur chez le réalisateur Takashi Miike, on a pu le voir dans sa trilogie Dead or Alive), exagère beaucoup trop son jeu avec ses grosses grimaces. On est très loin d'un jeu à la Takeshi Kitano, qui fait ici une apparition très brève mais touchante.

Battle Royale 2 - Requiem est aussi un film jouant sur un sujet assez subversif et osé. Traitant allègrement du thème du terrorisme et de l'anti-américanisme, le discours du film se perd un peu par moments, obligeant toujours le spectateur à choisir un seul point de vue (ici tout est contre les Etats-Unis). Une volonté très louable mais mal employée. Néanmoins on ne peut enlever au fils de Fukusaku qu'il en a une sacrée paire, en parodiant en quelque sorte dès la séquence d'ouverture, le désastre des Twins Towers (n'oubliant pas que le film fut fait peu après les attentats du 11 septembre 2001), et en faisant un réquisitoire acerbe envers les Etats-Unis (le professeur écrivant tous les noms des pays ayant connu des bombardements américains, la fin étant un pied de nez osé).

On peut aussi se poser des questions par rapport au traitement du film : la partie remake du début (allant même jusqu'à utiliser la même musique) est-elle une critique de tous les remakes produits aux Etats-Unis en manque d'originalité ? La reprise presque à l'identique de la séquence d'Il faut sauvé le soldat Ryan est-elle vraiment un hommage au film ? Bref Kenta Fukusaku nous laissera perplexe avec son discours assez bizarre, prônant par moments la violence (il faut voir le degré de violence du film encore supérieur au premier) ou le pacifisme (voir la conclusion du film), en demi-teinte donc.

Inférieur de bout en bout au premier, Battle royale 2 s'avère tout de même un film intéressant, osé et en même temps fascinant. A voir maintenant le travail futur de Kenta Fukusaku pour pouvoir confirmer ses idées sur l'homme.




Anonymous

BATTLE ROYALE (2000)

 

Titre français : Battle Royale
Titre original : Batoru Rowaiaru
Réalisateur : Kinji Fukasaku
Scénariste : Kinji Fukasaku, Koshun Takami
Musique : Masamichi Amano
Année : 2000
Pays : Japon
Genre : Survival
Interdiction : -12 ans
Avec Tatsuya Fujiwara, Aki Maeda, Takeshi Kitano, Taro Yamamoto, Kou Shibasaki...


L'HISTOIRE : Dans un futur proche, le Japon traverse une crise sociale sans précédent. Quand la classe de Terminale B de Shuya, Noriko et leurs trente-huit autres camarades se rend en voyage de fin d'année, tout semble aller pour le mieux. Mais au cours du trajet, le bus qui les conduisait à destination est gazé, et les élèves se réveillent sur une île déserte, encadrés par une troupe militaire, un collier électronique passé autour du cou. Le professeur Kitano apparaît et explique aux jeunes gens ce qui se passe : afin de remédier à la perte d'autorité des adultes, le gouvernement a fait passer une loi nommée Battle Royale. Chaque membre de la classe sera doté d'un paquetage de survie et devra se battre à mort contre les autres. A l'issue de trois jours de tueries, il ne devra y avoir qu'un gagnant...


MON AVIS Prolifique et cependant peu connu chez nous, Kinji Fukasaku avait 70 ans lorsqu'il livra avec Battle Royale son 61ème film, le dernier qu'il eût achevé. Un long métrage dont la brutalité, la noirceur et l'énergie firent couler beaucoup d'encre, et qui le feront sans doute encore longtemps, assurant in extremis la notoriété d'un réalisateur chez qui la vieillesse sembla paradoxalement rimer avec une vigueur intacte et une lucidité amère. Loin de se contenter, malgré ses apparences par ailleurs parfaitement assumées, d'un divertissement gratuit et ultra violent, Battle Royale posait en effet, à travers l'outrance folle et pourtant crédible d'une anticipation réussie, un regard pessimiste et radical sur l'évolution d'une société en crise, les comportements qu'elle suscite et leurs (im)possibles issues.

Basé sur un roman scénarisé en compagnie de l'auteur lui-même (lequel avait déjà œuvré à son adaptation manga en plusieurs volumes), Battle Royale bénéficie d'une structure implacable qui est celle même du jeu que Fukasaku montre et dénonce, et qui, poussé à bout, représente un monde de la concurrence que des élèves insoumis doivent intégrer de force, et où tous les coups sont permis pour réussir. Dès son introduction coup de poing, le réalisateur unit d'ailleurs dans un même infantilisme survolté l'hystérie adulte (la journaliste) à l'annonce du gagnant, et celui d'une enfant ayant triomphé dans le sang. La fameuse scène où sont exposées les règles du jeu élève cette absurdité à un point de non-retour. Doté d'un sang-froid désabusé et narquois, Kitano présente, avec le concours d'une animatrice vidéo cyniquement débile, une solution sidérante à la perte d'autorité des adultes - solution qui, bien évidemment, n'en est pas une - et qui porte plutôt le constat d'une société devenue autodestructrice. On tue tout de suite pour se faire obéir et respecter, et on devra tuer pour se faire sa place.

Très vite, le film dévide alors une logique éliminatoire sanglante et rudimentaire. Se fondant sur la peur, la méfiance, l'ambition, le désespoir ou la rancune, la faculté de tuer s'apprend vite. Tueries variées, suicides, renversements de situation abrupts, décompte des morts sur noble fond de musique classique. Une trame narrative qui, outre sa brutalité, véhicule un humour noir et grinçant, et dans laquelle Fukasaku se déplace avec efficace et virtuosité, ménageant sans temps morts les accélérations et les pauses, passant avec aplomb d'un lieu à un autre, avec aisance d'un personnage à un autre, sans jamais perdre le fil, sans jamais se répéter ni ennuyer.

Le plus étonnant est qu'à cette maestria de la violence s'ajoute une qualité rare, celle de camper en quelques traits des caractères convaincants et multiples. Il y a dans Battle Royale plus de quarante personnages, et pratiquement tous, à des degrés de développements certes plus ou moins élaborés, représentent un point de vue, un choix. Sans pour autant viser une psychologie fouillée, c'est à une vue en coupe saisissante que parvient Fukasaku, à l'instar de la photographie de classe qui reviendra à la fin du film.

Au-delà de Kitano, qui représente à lui seul un monde adulte rendu fou par le découragement (loin d'en faire une caricature, Fukasaku le rend également compréhensible), de Shuya, par qui la narration du film a lieu, et de Kawada, qui fera en quelque sorte figure de mentor en sortant Shuya et Noriko de leur innocence parfois niaiseuse, on trouve encore de l'intérêt dans bien des rôles secondaires. Nobu l'incurable, Mitsuko la vicieuse, Chigusa la solitaire, les filles du phare, ces personnages bénéficient souvent d'une scène entière et complète : une personnalité se dessine, un comportement apparaît, le tout se soldant presque toujours par la mort donnée ou reçue. Ce soin porté aux personnages, accentuant d'autant la violence qui les emporte, suscite la réflexion en apportant des contrepoints riches de sens.

Battle Royale est un film à voir et à revoir. Il fait partie de ces œuvres cinglantes dont on risque, par paresse, de ne voir que les traits les plus saillants, que ce soit pour en encenser les extrémités ou au contraire dénigrer le décervelage que ces dernières supposent. Kinji Fukasaku a joué pour finir (sa vie, comme sa carrière de cinéaste) une carte dangereuse, semblant parier sur une puissance d'impact telle qu'elle obligerait le spectateur éberlué à revenir sur son œuvre ultime, ou à l'oblitérer entièrement. Il serait pourtant dommage de s'en tenir qu'à son aspect de jeu de massacre défouloir, car Fukasaku a aussi représenté dans toute son horreur celui qui ne se pose aucune question, prenant le jeu au pied de la lettre : Kiriyama, le volontaire, seul véritable monstre du film.




Stéphane JOLIVET

BATMAN - THE DARK KNIGHT (2008)

 

Titre français : Batman - The Dark Knight
Titre original : Batman - The Dark Knight
Réalisateur : Christopher Nolan
Scénariste : Jonathan Nolan, Christopher Nolan
Musique : Hans Zimmer, James Newton Howard
Année : 2008
Pays : Usa, Angleterre
Genre : Super-héros
Interdiction : /
Avec : Christian Bale, Heath Ledger, Aaron Eckhart, Maggie Gyllenhaal, Gary Oldman, Michael Caine, Morgan Freeman, Cillian Murphy...


L'HISTOIRE Batman, justicier légendaire de Gotham City, entreprend d'éradiquer complètement la criminalité des rues de la ville. Pour se faire, il compte sur l'aide précieuse du lieutenant de police Jim Gordon, un des seuls pouvant le contacter à tout moment à l'aide d'un projecteur envoyant l'image d'une chauve-souris dans le ciel étoilé de Gotham et du procureur Harvey Dent, fervent partisan du démantèlement total des criminels en tous genres. La machine est bien huilée et tout fonctionne parfaitement pour la nouvelle association puisque les parrains et autres caïds sont incarcérés illico presto bien souvent lors d'arrestations plutôt musclées de la part du vengeur masqué. Toutefois, le trio justicier ne tarde pas à se heurter au nouveau génie du crime qui fait parler de lui en ville notamment par ses hold-up à grande échelle et ses méthodes criminelles peu orthodoxes : le Joker, étrange personnage grimé en clown au sourire inquiétant incrusté en permanence sur son visage et semeur d'anarchie et de chaos…


MON AVIS Film représentant la vision de Christopher Nolan au sujet de la rencontre entre le justicier masqué et le Joker après qu'il nous ait donné sa version des origines de l'homme chauve-souris dans Batman Begins, le nouveau Batman est certainement le film le plus attendu de cet été 2008 et un énorme buzz flotte au-dessus du métrage. Plusieurs raisons à cela : le film est en train de battre tous les records au box-office américain et menace même le Titanic de James Cameron, les premières minutes du long-métrage sont visibles sur le Web et surtout, le tournage a été endeuillé en septembre 2007 par la mort accidentelle du cascadeur Conway Wickliffe et en janvier 2008 par le décès de Heath Ledger, l'interprète du Joker qui avait déjà tourné l'intégralité de ses scènes et dont c'est là le dernier rôle au cinéma. Il n'en fallait donc pas moins pour bâtir la légende du dernier opus de la série, le sixième sur grand écran. Mais à part ça, il est comment ce nouvel épisode de notre chauve-souris préférée ? avez-vous envie de me demander impatiemment. Ben il déchire grave en fait !

Jusqu'à maintenant je pensais que Batman Begins était le meilleur de la franchise mais celui-ci, est tout bonnement phénoménal ! Il y a de l'action à couper le souffle, le script est super bien élaboré, la psychologie des protagonistes est également très soignée pour un film de ce genre car les personnages ne sont pas fades mais entiers justement, mais c'est également sombre, violent et super bien joué.

C'est Christian Bale (déjà présent dans les très bons The Machinist et Equilibrium) qui endosse encore une fois le costume du Chevalier Noir/  Bruce Wayne et tout ce que l'on peut dire, c'est qu'il joue bien le lascar ! Son personnage est sans cesse tiraillé entre la folie et le bon sens si bien que sa perception de la justice lui cause d'énormes doutes, qu'il soit un homme riche en costard malade de voir tant d'injustices dans la ville de Gotham ou bien un justicier en costume combattant le crime et décidant de donner à tous ces psychopathes ce qu'ils méritent. A cause justement de cette lisière ténue entre la loyauté et l'envie de tout écraser violemment à la fois dérangeante mais nécessaire car elle maintient Batman/ Bruce Wayne sur le qui-vive, Bale arrive à nous captiver beaucoup plus que les Keaton, Kilmer et autres Clooney par son jeu tout en nuances et sur le point d'exploser à tout moment.

Bon évidemment, la star du film c'est le regretté Heath Ledger qui possède littéralement toutes les scènes dans lesquelles il joue tellement sa présence est impressionnante. Le Joker, c'est lui, même si Jack Nicholson était très bon déjà dans le premier opus, feu Heath le ferait presque passer pour un acteur de seconde zone tant il est bluffant. Il a d'ailleurs passé pas mal de temps seul dans une chambre d'hôtel pour s'immerger dans la peau du plus célèbre psychopathe de Gotham City. Le personnage en lui-même est vil, sarcastique, psychotique et terrifiant par moments (notamment dans les scènes où il joue avec son couteau près de la bouche de ses proies). Mais tout ça, c'est grâce à l'interprétation de Ledger, complètement habité par son perso et qui montre que le Joker est la Némésis de Batman tout en étant proche de lui puisque le justicier masqué est aussi un monstre (a freak en version originale) aux yeux de l'opinion publique. Ce ne fut néanmoins pas gagné d'avance pour l'acteur décédé il y a peu, puisque Sean Penn, Adrien Brody et Robin Williams furent un temps pressentis pour incarner ce personnage insaisissable et destructeur. Je suis donc d'accord avec la majorité des critiques de cinéma quand ils prétendent que la performance d'Heath Ledger deviendra légendaire et qu'il mérite à coup sûr un Oscar à titre posthume, il le mérite. On verra bien...

Le reste du casting est excellent et rempli de stars. Aaron Eckart est superbe également en procureur dont la soif de justice est insatiable. Maggie Gyllenhaal remplace au pied levé Katie Holmes (qui officiellement était indisponible pour jouer dans cette suite) et se montre peut-être un peu plus sensible que madame Cruise dont l'interprétation était un peu plate. Michael Caine (le fidèle serviteur Alfred), Gary Oldman (l'incorruptible lieutenant Gordon) et Morgan Freeman (travaillant dans les coulisses des entreprises Wayne) sont également très crédibles et servent de conscience à Bruce / Batman en le conseillant sur certains de ses choix. Enfin, on peut aussi mentionner la présence de Michael Jai White (Spawn), d'Eric Roberts (en parrain de la mafia) et de William Fichtner (Mahone dans la série Prison Break) dont les caméos sont de très bonne facture. Seul petit bémol, le personnage de l'épouvantail (incarné par Cillian Murphy, déjà vu dans 28 Jours plus tard) n'est pas assez exploité à mon goût car n'apparaît que très peu de temps à l'écran, enfin bon, ça c'est pour faire la fine bouche !

Côté partition musicale on retrouve le même duo de choc qui officiait déjà sur le premier opus, à savoir : Hans Zimmer et James Newton Howard. Deux compositeurs de nationalités différentes (un européen et un américain), donc deux visions distinctes, un tandem de dualités si l'on peut dire, un peu comme dans The Dark Knight avec la paire Batman / Joker pour, si l'on schématise à l'extrême car c'est en fait beaucoup plus compliqué que cela : le Bien / le Mal ou bien, pour les schizos : Bruce Wayne / Batman, couple plus compliqué que le précédent à mon sens, puisque le Chevalier Noir est sans cesse tiraillé entre sa soif de justice et ses propres émotions. Mais revenons-en au score, plutôt que de faire de la psychanalyse de comptoir. Le fait qu'il y ait deux arrangeurs musicaux rend la bande-son du métrage très atypique puisque nous ne rencontrons pas, ici, de musique dite classique de films de super-héros avec les envolées héroïco-lyriques habituelles. En effet, on a affaire là, à un subtil mélange d'effets sonores à base de synthétiseurs modernes et de musiques d'ambiance plus conventionnelles avec une mention spéciale pour le thème principal du film centré sur le Joker, personnage ô combien torturé et imprévisible, et bon sang ça marche bien tellement tout semble réglé au millimètre près si bien qu'on imagine mal une autre bande originale derrière chaque scène ! Bref, du travail de pros.

Si Batman Begins renouvelait une franchise qui s'essoufflait au fil des épisodes, The Dark Knight sonne le glas des précédents opus en révolutionnant totalement la série avec force effets spéciaux stupéfiants. Avec Nick Davis (ayant opéré sur quelques Batman et Harry Potter) aux commandes, les effets visuels sont somptueux et hyper réalistes. Les innovations techniques sont également légion. Que ce soit l'utilisation de maquettes reconstituant certaines infrastructures, quelques images d'animation en 3D afin de remplacer virtuellement des personnages lors de scènes d'action invraisemblables, l'usage du format Imax pour tourner certains plans, le maquillage des protagonistes (notamment celui d'un super-vilain dont je tairai le nom mais les fans du Comics auront deviné !) ou bien encore les nouveaux gadgets usités (le sky hook, un procédé d'extraction réellement crée par la CIA, le Batpod, un nouveau véhicule de la chauve-souris masquée ainsi que le perfectionnement du costume de Batman), tout est époustouflant et crédible au plus haut point. Mention spéciale toutefois à la cascade du camion effectuant un tonneau en pleine rue : un pur chef-d'œuvre ! C'est encore plus surprenant quand on sait que la scène a été tournée dans Chicago avec un véritable camion !

Mais ce n'est pas tout visuellement puisque même les décors et les costumes ont été étudiés sous toutes les coutures, si je puis me permettre ce jeu de mots un peu foireux ! Notre chauve-souris adorée joue en effet la touriste puisque le tournage s'est à la fois déroulé à Chicago (dont la ville de Gotham City est inspirée), à Hong Kong et à Londres. Quant aux accoutrements, ils sont magnifiques, que ce soit les toilettes des dames lors de réceptions mondaines chez le sieur Wayne, le costume de Batman plus sophistiqué que jamais ou bien la tenue du Joker, à la fois dandy et grunge avec ses chaussures de clown, l'ensemble est très éclectique mais divinement bien étudié et a dû demander, en amont, un travail plus que considérable tant cela semble parfait.

Le script quant à lui (écrit majoritairement par le frère de Nolan, Jonathan) est hyper riche. Les protagonistes sont très dépouillés et l'histoire ne souffre d'aucune faiblesse. Pour une adaptation de Comics, le résultat sonne très réaliste : tout en effet est très crédible, malgré la longueur du film (plus de 2h30 tout de même). On a même parfois l'impression d'assister à une saga épique digne de la trilogie Le Parrain et autres Les Incorruptibles et ça, c'est un sacré tour de force de la part du réalisateur qui réussit à nous passionner et à nous tenir en haleine avec son film de super-héros !

Ainsi, rien ne serait aussi parfait si Christopher Nolan ne savait y faire. Depuis le très remarqué Memento, il a su nous montrer qu'il savait réaliser un film. Les scènes dramatiques ne sont pas convenues et celles d'action sont parfois tellement saisissantes qu'elles vous colleront sur vos sièges tant elles ont un côté vériste et qu'elles apparaissent réalisables.

En résumé, c'est le meilleur opus d'une franchise partie pour durer puisqu'un troisième épisode est prévu pour 2010 avec, selon les rumeurs, Angelina Jolie dans le rôle de Catwoman, mais par la force du destin sans Heath Ledger dans le rôle du Joker dont ce dernier segment devait parler et devait se centrer sur le procès de l'ennemi numéro un de Batman. M'enfin, gageons que les frères Nolan sauront lui trouver un remplaçant à la hauteur. En attendant, allez voir leur dernier film, je vous le recommande vivement !




Vincent DUMENIL