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AGNOSIA (2010)


Titre français : Agnosia
Titre original : Agnosia
Réalisateur : Eugenio Mira
Scénariste Eugenio Mira, Antonio Trashorras
Musique : Eugenio Mira
Année : 2010
Pays : Espagne
Genre : Thriller
Interdiction : /
Avec Eduardo Noriega, Barbara Goenaga, Félix Gomez, Jack Taylor, Martina Gedeck...


L'HISTOIRE : Joana Prats souffre d'agnosie, une maladie qui altère sa perception des choses et des gens. A la mort de son père, elle est au centre d'un complot visant à trouver la formule d'un secret industriel. Or, elle serait la seule à le connaître. Un groupe va tenter de profiter de la faiblesse de ses sens pour lui arracher ce secret...


MON AVISLe cinéma fantastique ibérique est riche en bonnes surprises : on se souvient encore de l'émerveillement et de l'intelligence du Le Labyrinthe de Pan, de l'atmosphère étouffante et triste de L'orphelinat ou plus récemment de Les Yeux de Julia alliant thriller avec un casting solide, ce qui permettait une identification avec le destin de son héroïne. De toutes ces qualités, Agnosia n'en a aucune et si le film d 'Eugenio Mira ne connait pas une sortie en salles, ce n'est pour une fois pas une surprise, car si le jeune réalisateur s'essaie à reconstituer toute une époque (la fin du 19ème siècle et le triomphe de l'âge industriel), il a du mal à choisir un angle d'attaque judicieux. Avant d'aller plus loin dans l'analyse de cette œuvre mineure, il faut déjà signaler aux lecteurs qu'il ne s'agit en aucun cas d'un film fantastique contrairement à ce que pourrait laisser supposer la jaquette et la promo autour du film, via la mention des producteurs.

A la fois romanesque (encore eût-il fallu choisir une actrice plus convaincante que Barbara Goenaga vue dans Timecrimes), thriller d'espionnage avec des Allemands très méchants et film d'époque (limitée à quelques décors), Agnosia commet tellement de maladresses que ça prête à sourire pour ceux qui n'auraient pas décroché. Parmi les aberrations, on peut citer cette histoire de doubles identiques en tous points concernant les deux protagonistes principaux, dont une pêchée directement dans une maison close (et dont personne ne voit la différence). Un procédé très utilisé dans les sérials mais qui ici est inapproprié. Sans oublier l'arrivée de la maladie de Joana qui est certainement la plus belle séquence d'un film qui en manque, mais dont on parle fort peu finalement dans le déroulement de l'intrigue.

L'intrusion d'un second homme plus animal dans la vie de la jeune fille va être pour elle l'occasion de donner un sens à sa vie et de connaître la passion que le trop froid Carles (le toujours très bon Eduardon Noriega vu dans Tésis, Ouvre les Yeux, L'échine du Diable) semble lui refuser. Ce n'est pas tant le choix d'aborder le film sous cet angle amoureux qui pose problème que le manque de crédibilité de l'actrice principale. Tout ce méli mélo nageant en plus dans des eaux troubles de l'espionnage où intervient une Mata Hari chef d'industrie prête à tous les moyens pour arriver à ses fins. Amusant dans un certain type de film (les Fantômas entre autres) mais qui décrédibilise ici une histoire classique et qui aurait dû être déclinée sur le mode de l'uchronie au lieu de vouloir rester sur le chemin de l'histoire traditionnelle.

Au-delà des aspects négatifs cités ci-dessus, il faut aussi un temps d'adaptation pour arriver à suivre et à comprendre ce qui se trame à l'écran durant la première demi-heure. C'est une première haie à franchir, l'autre étant le rythme qui est assez mollasson comme si film historique devrait à tout prix rimer avec soporifique. Guindés dans leurs costumes, les acteurs font ce qu'ils peuvent. Non pas que le film en lui-même soit un ratage intégral. Après tout, une fois avalé l'intrigue rocambolesque, Agnosia se regarde et s'admire comme une chrysalide qui ne se serait pas transformée en papillon. Le final plein de bonne volonté manque cruellement d'émotion, de cette émotion qui aurait dû nous transporter cœur et âme. Hélas, il ne s'agit que d'un coup d'épée dans l'eau pour un film qui n'aura pas su créer l'effet de surprise avec son sujet (pourtant) novateur !



Gérald GIACOMINI

AFTERMATH (1994)

 

Titre français : Aftermath
Titre original : Aftermath
Réalisateur : Nacho Cerdà
Scénariste Nacho Cerdà
Musique : /
Année : 1994
Pays : Espagne
Genre : Necrophilie
Interdiction : -16 ans
Avec Xevi Collellmir, Jordi Tarrida, Ángel Tarris, Pep Tosar...


L'HISTOIRE Un accident que le spectateur ne verra pas : un chien et une jeune femme succombent. Dans une morgue, on finit d'autopsier deux cadavres : l'un des deux médecins reste, s'occupant alors du corps accidenté de la défunte, mais ce ne sera pas pour une simple autopsie…


MON AVISLa Trilogie de la Mort de l'ibérique Nacho Cerda compte trois courts-métrages, tous hantés par le spectre de la mort : vision de la vie après la mort dans The awakening, métamorphose d'un sculpteur et de son oeuvre dans Genesis ou nécrophilie clinique dans ce Aftermath, sans aucun doute le film nécrophile le plus redoutable de l'histoire du cinéma.

Le court métrage de Cerda, s'étalant alors sur une trentaine de minutes, se scinde en deux parties distinctes : la mise en place de l'ambiance (introduction très classe) et la découpe des deux corps masculins, puis l'acte tabou dans toute sa splendeur malsaine, à savoir le viol d'un cadavre féminin par un infirmier frappé de la carafe.

La première partie en retournera bien l'estomac de certains, quoique les habitués des Guinea Pig n'y verront rien de bien neufs. Les maquillages brillent cependant par leur réalisme (savant mélange de corps factices et d'acteurs maquillés) et il est bien important de signaler qu'aucun véritables macchabées ne fut utilisés pour les besoins du film, contrairement à Camp 731, Départ vers l'Eden ou Mort à Vignole.

Les morceaux de chairs sanguinolents sont malaxés, découpés, s'entassant sur des blocs aussi froids que les hommes qui s'en occupent ; l'un d'eux porte des coups d’œils plus qu'indécents aux corps sans vie et le regard assassin qu'il renvoie au jeune infirmier passant par là ne laisse présager rien de bon : le malaise s'installe…

La comparaison avec les deux classiques du film nécrophile, à savoir Nekromantik et sa suite, en devient inévitable : la rencontre de Eros et Thanatos est poétique, grotesque et même romantique chez Buttgereit ; elle est froide, radicale et torturée avec Cerda.

Mais là où les deux films du réalisateur teuton (tout aussi fasciné par la mort que le prodigue hispanique d'ailleurs) sont particulièrement maladroits et frisent parfois l'amateurisme (ce qui ne les privent pas d'autres qualités), Cerda nous sert son histoire mortifère sur un plateau d'argent, réalisation extrêmement soignée oblige. Musique baroque, rythme lancinant, aucune parole ; les images troublent et dérangent au plus haut point, en particulier lors du fameux dernier acte.

Lent effeuillage du cadavre, mutilation (terrible séquence où le nécrophile passe et repasse la lame de son couteau sur la peau de la morte), tripailles caressées : rien ne nous est épargné jusqu'au passage à l'acte, bien plus abominable que les love scènes des Nekromantik, qui se trouvaient alors noyées dans de beaux accords de piano. La crudité est poussée ici dans ses derniers retranchements, jusqu'aux dernières images, plus sereines (on quitte le décor de la morgue) mais tout aussi inquiétantes.

Une inoubliable et choquante symphonie de mort, et la naissance d'un grand réalisateur.




Jérémie MARCHETTI

ACTION MUTANTE (1993)


Titre français : Action Mutante
Titre original : Accion Mutante
Réalisateur : Alex de la Iglesia
Scénariste : Alex de la Iglesia, Jorge Guerricaechevarria
Musique : Juan Carlos Cuello
Année : 1993
Pays : Espagne
Genre : Insolite
Interdiction : -12 ans
Avec Felipe Garcia Vélez, Antonio Resines, Alex Angulo, Frédérique Feder, Juan Viadas...


L'HISTOIRE Dans le futur, la Société ne s’intéresse qu’aux personnes favorisées et marginalise les handicapés, les étrangers. Un groupe de personnes handicapées nommé Action Mutante commet des attentats et autres actes terroristes pour faire valoir les droits des personnes handicapées. Mais voilà, depuis que leur leader Ramon est incarcéré, ce groupuscule rate chacun des projets qu’il entreprend. Cinq ans plus tard, Ramon est libéré de prison et compte bien remettre son collectif sur les bons rails, en commençant notamment par un gros coup : perpétrer une tuerie lors du mariage de la fille d’un riche industriel et ensuite la kidnapper pour demander une importante rançon...


MON AVISAction mutante, Le Jour de la Bête, Mes Chers Voisins, Le Crime Farpait, Crimes à Oxford, Balada Triste, Les Sorcières de Zugarramurdi, 800 balles, El Bar... Qui n’a jamais entendu parler d’Alex de la Iglesia ? Ce réalisateur phare des années 90 et 2000 dans le cinéma espagnol, qu’il soit fantastique ou non.

Le natif de Bilbao a débuté dans les long-métrages avec un film intitulé Action Mutante (Accion mutante en Espagne), une oeuvre phare de sa filmographie, financée par un Pedro Almodovar alors agréablement surpris par son premier et unique court-métrage intitulé Mirindas Asesinas. Un film qui ira chercher notamment 6 nominations aux Goya (l’équivalent des César français), deux ans avant Le Jour de la Bête qui enfoncera le clou avec notamment le Goya du Meilleur Réalisateur et le Grand Prix du Festival de Gérardmer en 1996 (festival qui lui rendra d’ailleurs un hommage lors de sa 25ème édition).

Une chose est sûre et le constat se fait dès les premières minutes du film : Action Mutante montre déjà l’une des grandes marques de fabrique de son réalisateur, l’humour noire. Difficile en effet de rester de marbre face à ce petit monument de la comédie fantastique tellement Alex de la Iglesia saupoudre son scénario de situations rocambolesques, balance des dialogues crétins à tout va et nous présente des personnages tous plus tarés les uns que les autres. Le tout baignant dans un humour noir dévastateur où tout le monde y passe (les handicapés bien entendu, mais également les juifs, les homosexuels, les pauvres mineurs et même un enfant vivant sous le toit de parfaits obsédés...). Satyrique et anticonformiste à souhait, Action Mutante ne fait pas dans la dentelle et nous propose un véritable défilé de bêtises en tout genre !

La galerie des personnages confirme déjà à elle-seule la débilité addictive de ce qui va suivre ! Avec son groupuscule Action Mutante formé de frères siamois jamais d’accord, un cul-de-jatte volant dans les airs et dont la poitrine est reliée à 5kg d’explosifs, un mécanicien niais aux allures de grand dadais, un sourd et muet de naissance possédant l’un des QI les plus bas du Monde mais une force herculéenne et un bossu juif franc-maçon communiste et homosexuel (si si !), on imagine bien que ce pauvre Ramon (chef de cette troupe de bras cassés) va avoir des tuiles tout au long du film !

Mais ceci est sans compter les autres personnages que nous découvrons au fur et à mesure que nous avancions dans le film ! Vous y croiserez en effet un riche industriel fier et prêt à tout pour venger sa fille avec son crétin de gendre, une famille de rednecks du futur à la libido gonflée à bloc, un journaliste culotté et un brin suicidaire, une jeune femme délirante et atteinte du syndrome de Stockholm après avoir été la victime d’une explosion, et même une vilaine bestiole sanguinaire servant d’animal de compagnie à nos handicapés révolutionnaires!

Un gros bordel donc dans cette galerie de personnages hauts en couleurs qui vont pour certains apprendre à cohabiter, pour d’autres s'entre-tuer, mais une chose est sûre tout ce beau monde (si on exempte ceux morts entre-temps) se retrouvera dans un final pétaradant dans lequel chacun viendra exposer ses motivations à coups de revolvers, fusils et autres armes futuristes !

Car oui, Action Mutante, c’est aussi un défilé de scènes d’action qui viennent donner du punch à cette oeuvre totalement barrée ! Un rythme effréné qui ravira sans peine le public friand de tueries, attaques sauvages et fusillades (sous fond de musiques entraînantes) car le film d’Alex de la Iglesia en est truffé !

Ajoutez à cela des péripéties en veux-tu en voilà dans lesquelles notre pauvre Ramon (oui c’est le grand méchant du film dirons-nous mais, sans pour autant éprouver de compassion pour cet homme machiavélique, il faut bien avouer qu’il lui arrive quand-même pas mal de malheurs) semble sauter à pieds joints. Un chef de file qui va s’enfoncer tous les jours un peu plus (être aux commandes d’une tuerie et d’un kidnapping qui ont failli tourner au vinaigre avec la mort de deux compères / être contraint de tuer un par un les membres de son groupuscule car il a compris que ces derniers le soupçonnent de garder la quasi totalité de la rançon du kidnapping / se retrouver piégé chez une famille de tarés / finir dans un bar miteux dans la montagne avec des malades de la gâchette...), pour le plus grand plaisir d’un public désireux de voir ce véritable enfoiré se faire rattraper par une Justice ayant plusieurs cordes à son arc.

Péripéties invraisemblables et situations grand-guignolesques s’enchaînent à une vitesse folle, donnant au film d’Alex de la Iglesia ce dynamisme fort appréciable qui évite les temps morts et autres séquences narratives trop blablateusesSe dessinent au fur et à mesure que nous avançons dans l’histoire des interactions multiples entre les personnages et ce puzzle narratif présentant jusque-là des pièces éparpillées un peu partout finit par se dessiner et prendre forme dans un dernier acte sous forme de pétarades et de bagarres de bar où tout le monde se met sur la gueule ! Je n’en dirai pas plus.

Les dialogues parfois débiles, les phrases rentre-dedans (On se fout de nous alors on va botter des culs !, On était des rebuts de l’hosto !) et les réactions disproportionnées de certains personnages (le gendre du riche industriel qui fait le beau devant les caméras de journalistes curieux, imperturbables et culottés filmant la scène du paiement de la rançon sans se soucier de la gravité et de la dangerosité de la situation / le père de famille prêt à tout pour se taper la belle captive...) rendent le métrage encore plus déjanté et encore plus addictif pour celles et ceux qui comme moi raffolent de cinéma décalé.

Les environnements divers et variés (les bas-fonds d’une ville sombre et lugubre faisant penser à Gotham City ou le New York dans lequel atterrissait l’ami Jason dans un certain 8ème volet de la saga des Vendredi 13 / une salle des fêtes pleine à craquer / un vaisseau spatial avec ses sas et ses appareillages / des paysages désertiques vallonnés sur une autre planète / un bar miteux où grouillent des dizaines de mineurs...) apportent également un sympathique petit plus à ce projet ambitieux, et ce malgré la faiblesse du budget pour mettre à l’époque sous pellicule cette aventure assurément pas comme les autres !

Même si nous pourrons regretter deux-trois effets spéciaux risibles (ce qui donne toutefois du charme à cette série B décapante), quelques incohérences scénaristiques (le riche industriel qui fait exploser le vaisseau du groupuscule Action Mutante au risque de tuer sa fille kidnappée / la facilité pour Ramon et sa captive d’échapper aux griffes de la famille de rednecks dégénérés alors que tout semblait mal barré...) ou encore le fait que certains membres de Action Mutante ne soient pas suffisamment exploités, la faute à leurs décès prématurés dans le film (le grand naïf à la force surhumaine ou le juif bossu homosexuel et communiste notamment), il est difficile, pour qui aime ce genre de cinéma barré, décomplexé et assumé, de trouver de grands défauts à cette petite pépite mêlant fantastique et humour noir avec brio.

Totalement décalé, anticonformiste à souhait, Action Mutante séduira les amateurs de comédies fantastiques. Alex de la Iglesia avait réussi son entrée dans le cinéma fantastique et confirmera deux ans plus tard avec son étonnant Le Jour de la BêteUn film à voir et à revoir sans modération !

 



David MAURICE

ABUELA (2021)

 

Titre français : Abuela
Titre original : La Abuela
Réalisateur : Paco Plaza
Scénariste : Carlos Vermut
Musique : Diana Sagrista
Année : 2021
Pays : Espagne
Genre : Sorcellerie
Interdiction : -12 ans
Avec Almudena Amor, Vera Valdez, Karina Kolokolchykova, Pierre-François Garel...


L'HISTOIRE Mannequin espagnol sur Paris, Susana vit une période faste dans le milieu de la mode dans la capitale française. Mais cette percée triomphante dans ce milieu si dur est soudainement interrompue par une annonce qui va l’obliger à rentrer au pays : sa grand-mère, qui représente son unique famille, a été victime d’un accident cérébral. Presque paralysée et laissée muette, Pilar peut compter sur sa petite fille qui va bien s’occuper d’elle tout en prévoyant prochainement son retour sur Paris, elle qui a un avenir prometteur dans la capitale de la mode. Alors qu’elle séjourne dans le vieil appartement de sa grand-mère où elle a grandi, Susana va voir resurgir du passé d’anciens souvenirs et va être témoin de phénomènes étranges alors qu’en parallèle, Pilar montre un comportement de plus en plus inquiétant…


MON AVISPaco Plaza, un nom qui forcément vous dit quelque chose. Souvenez-vous : son premier long métrage, Les Enfants d’Abraham, avait reçu le Grand Prix au Festival de Sitges en 2002, mais c’est surtout avec la saga Rec qu’il devint l’un des cinéastes espagnols dans le milieu du fantastique les plus acclamés. Le premier opus de cette tétralogie remporta un succès international et fut récompensé de trois Prix au Festival de Gérardmer en 2008 : le Prix du Jury, le Prix du Jury Jeune et surtout le Prix du Public. Son film suivant, Veronica, reçut quant à lui sept nominations aux Goyas (l’équivalent des César en Espagne) en 2017.

C’est le Vendredi 28 Janvier 2022, jour de sa sortie officielle au cinéma en Espagne, que le film Abuela est projeté pour la première fois en France à l’occasion du Festival International du Film Fantastique de Gérardmer (il passera également une vingtaine de jours plus tard au festival réunionnais Même Pas Peur), en présence de son réalisateur très attendu par les festivaliers. Certes la filmographie de Paco Plaza n’est peut-être pas dense mais le bonhomme a su s’attirer la sympathie du public qui ne parlait que de lui et de son nouveau film dans les files d’attente lors des trois premiers jours du festival vosgien.

Ce n’est pas sans surprise que Abuela remporta le Prix du Jury ex-aequo avec Samhain. Surprenant peut-être que le film de Paco Plaza ne remporte pas un autre Prix, notamment celui-ci du public vu le tonnerre d’applaudissements que nous avons vécu dès que le générique de fin a pointé le bout de son nez. 

Une chose est sûre et il n’y a aucun doute là-dessus : Paco Plaza sait instaurer une ambiance anxiogène, foutre la pétoche comme on dit plus vulgairement. Cela faisait pas mal de temps (la dernière fois doit remonter à Conjuring : les dossiers Warren) que je n’avais pas senti mes poils se dresser devant un film fantastique.

En parfait adepte de films de couloirs, le cinéaste espagnol nous plonge ici dans une vieille bâtisse à la décoration datée et présentant en guise d’axe principal un couloir sombre que nous arpenterons à plusieurs reprises, de nuit de préférence, dans le film. Un appartement qui fait office de personnage à part entière tellement ce dernier suscite de l’anxiété chez le spectateur et semble être l’une des pièces importantes du scénario, au même titre que la fameuse abuela (qui signifie « grand-mère » pour les moins hispaniques d’entre nous) dont nous parlerons un peu plus bas.

Comme je le disais juste avant, le fait de nous faire vivre dans cet appartement une fois que le soleil a cédé sa place à la lune va renforcer le climat anxiogène instauré. De grands silences nocturnes, des jeux d’ombres et des couleurs tantôt sombres (beaucoup de scènes de nuit dans l'appartement nous tiennent en haleine) tantôt chaudes (les vieilles lampes, seule façon de se diriger correctement la nuit dans appartement) viennent effectivement contribuer à cette atmosphère des plus angoissantes, au même titre que cette grand-mère intrigante qui saura vous hérisser le poil un tant soit peu que vous vous laissiez emporter par cette histoire.

Là où The Vigil il y a deux ans à Gérardmer avait su nous angoisser, Abuela parvient à nous stresser également mais ne rate pas son final à l'inverse du film de Keith Thomas (même constat pour des Get Out ou It Follows soit dit en passant : une ambiance dingue jusqu’à ce dernier chapitre raté…).

Car oui Paco Plaza n'a pas seulement fait un film de flippe car ce dernier a quelque chose à nous raconter : même si certains déploreront une sorte de spoiler en tout début de film lors de la scène d’ouverture (pour ma part, j’avais rapidement oublié cette scène au fil de l’histoire contée, pensant alors sur le coup à un effet de style, rien d’autre, pour annoncer le titre du film), le dénouement final saura surprendre son public (je n’en dis pas plus) et viendra donner une toute autre orientation à ce film maîtrisé de bout en bout, que ce soit dans son scénario ou dans la maîtrise de son atmosphère des plus intrigantes et angoissantes.

Une anxiété que ressent d’ailleurs de plus en plus notre héroïne qui malheureusement est comme prise au piège dans cet appartement, elle qui veut retourner sur Paris au plus vite pour poursuivre cette percée dans le monde de la mode, avant qu’un autre mannequin ne lui pique la vedette (ce qui est en train justement de se passer...). Car c'est d'autant plus tragique et cruel que Susana ne semble pas pouvoir s'échapper de cet appartement lugubre où réside sa grand-mère, cette dernière étant comme prisonnière étant donné qu'aucune solution ne semble vouloir se présenter à elle pour faire garder cette vieille dame pour qu'elle puisse repartir sur Paris où elle réside la majeure partie de l’année.

Une intéressante relation qui lie ces deux femmes qui ne semblent pas pouvoir se passer l’une de l’autre. L’une est dépendante de sa petite fille des suites de son accident cérébral tandis que la seconde n’a plus que sa grand-mère comme famille, elle qui l’a vue grandir comme une mère. Mais voilà, cette vieille dame, jadis une grand-mère aimante et complice, est aujourd’hui une toute autre personne. Une personne qui fait froid dans le dos et qui semble au cœur de tous ces événements étranges pour ne pas dire surnaturels (la mort inexpliquée d’une mamiesitter, les apparitions/disparitions dans l’appartement…) qui surviennent.

Car cette vieille dame de 85 ans incarnée par une surprenante et très juste Vera Valdez (ancienne muse de Coco Chanel) ne manquera pas de vous faire dresser les poils à plusieurs reprises. Angoissante quand elle semble vous fixer avec ce regard vide (la dame a subi un traumatisme crânien et se retrouve en état végétatif), terrifiante quand, pour on ne sait quelle raison, elle se met à ricaner, et intrigante quand elle semble être à la source de phénomènes inexplicables...

Nous le remarquons bien dans le cinéma fantastique : les enfants (Quien puede matar a un nino, The Omen...) et les anciens (Sainte Maud, Jusqu'en enfer...) sont de très bons vecteurs d'angoisse (ces êtres que l'on pense inoffensifs nous horrifient et nous questionnent quand des choses étranges semblent provenir d'eux) et Abuela vient encore nous le prouver. Cette vieille dame, vue plusieurs fois dans son plus simple appareil, fait d'ailleurs frissonner de par ses formes squelettiques (notre cinéaste joue beaucoup de cela) qui rappellent un certain film de Paco Plaza ayant eu trois suites (comment cela vous ne voyez pas de quoi je veux parler… ?)

Un gouffre sépare les quotidiens de ces deux femmes. Alors que l’une vit dans le Monde de la mode où la beauté, qui ne dure qu’un temps, tient une place des plus importantes, l’autre au contraire vit à l’ombre des projecteurs et des caméras et subit de plein fouet les affres de la vieillesse (des articulations qui se raidissent, un corps qui s’amincit, une peau qui plisse… Sans oublier l’aspect mental qui se détériore petit à petit, cet accident cérébral n’arrangeant pas la situation). Cette idée de transformation de l’enveloppe corporelle est d’ailleurs au cœur du récit mais chut je n’en dévoile pas plus et vous invite à visionner ce très bon film mêlant drame, surnaturel et sorcellerie

Une fois de plus, Paco Plaza prouve que l’on peut compter sur lui et que le cinéma fantastique ibérique est loin d’être mort. Véritable artisan de l’angoisse, notre cinéaste vient de montrer comment, avec 3-4 acteurs et un appartement, on peut procurer de sacrés frissons à toute une salle de festivaliers à la Perle des Vosges en cette fin de Janvier 2022.




David MAURICE

L'ABÎME DES MORTS VIVANTS (1982)

 

Titre français : L'Abîme des Morts Vivants
Titre original : La Tumba de los Muertos Vivientes
Titre alternatif : Oasis of the Zombies / Le Trésor des Morts Vivants
Réalisateur : Jess Franco
Scénariste : Jess Franco, Marius Lesoeur
Musique : Daniel J. White
Année : 1982
Pays : France, Espagne
Genre : Morts vivants
Interdiction : -12 ans
Avec Manuel Gelin, Eduardo Fajardo, Lina Romay, Antonio Mayans, Javier Maiza...


L'HISTOIRE : Suite au décès de son père, un héros de la deuxième Guerre Mondiale, Robert Blabert, retourne chez lui. En parcourant les effets personnels du défunt, il tombe sur un journal intime relatant la légende d'une cargaison de lingots d'or enterrée dans une oasis en plein désert. Il réunit ses amis et ils partent à la recherche du trésor, gardé par une armée de soldats nazis, victimes d'une malédiction les ayant transformé en zombies...


MON AVISA part ses zombies nazis, ce film n'a pas grand chose à voir avec d'autres films classiques du genre (ni avec Lawrence d'Arabie d'ailleurs, même si ça se passe dans le désert…). Ici, les zombies tuent pour garder un trésor et se nourrissent presque comme si c'était une arrière-pensée, du style On est des zombies, faut bien y aller… Malgré cela, ne touchez pas à votre télécommande parce qu'on passe un très bon moment, ponctué de quelques hallucinations et fous rires inévitables, comme il se doit pour tout bon nanar involontaire.

L'introduction nous présente deux jolies donzelles qui s'arrêtent dans l'oasis du titre original. Pourquoi sont-elles là ? J'avoue ne pas avoir très bien compris (est-ce grave, docteur ?), mais aucune importance, elles sont là parce qu'elles sont blondes, portent des mini-shorts et des bottes. Et qu'elles vont servir de hors-d'œuvre aux zombies. Quel intérêt scénaristique avec le reste du film ? Svp, ne posez pas ce genre de questions, on n'est pas là pour ça.

Lorsque Robert lit le journal laissé par son père, nous avons droit à une partie de l'histoire en flashback relatant l'attaque du cargo par les nazis, agrémenté d'images de guerre d'archives. Le père de Robert (qui n'a pas de nom) est le seul survivant et il sera accueilli chez un cheikh qui a une très jolie jeune fille, Ayesha. Evidemment, Robert Senior tombe amoureux et fricote avec la belle. Quelques jours plus tard, il rejoint les troupes alliées et ne retournera chez le cheikh que deux ans après. Là, il apprend qu'Ayesha est morte en donnant naissance à son fils, Robert Junior, qu'il ramène alors avec lui. Fin du flashback.

Robert et ses amis font alors le voyage, mais un autre homme aimerait aussi remettre ses mains moites sur le trésor, et il a l'incroyable chance de le retrouver avant nos camarades. Mais comme c'est un méchant, lui et son équipe vont vite se faire croquer par les zombies, laissant la place libre à Robert Blabert (j'adore !) et Co.

Les zombies, tiens, parlons-en. Eh bien, ils sont très laids. Pas autant que dans Le lac des Morts-Vivants, parce que quelques efforts ont quand même été faits. Ils ont des choses collées sur la figure de façon à représenter de la peau décomposée, sans doute, mais on dirait plutôt qu'ils ont été victimes de brûlures au 3ème degré. Quelques vers de terre grouillants et de faux yeux en balles de ping-pong coupées en deux complètent l'illusion. De plus, ils mordent beaucoup mais semblent rester collés à la plaie de sorte qu'on ne les voit jamais rien arracher. Et quelques bouts de tripaille placés hors champ et soulevés en triomphe nous font juste ricaner d'autant plus. Sans parler de leur avancée si lente qu'on se demande s'ils vont même avoir le temps d'arriver au campement de nos jeunes héros avant la fin du film (oui, parce qu'il faut que je vous dise qu'il ne dure que 81 minutes. Et que les zombies ne présenteront une réelle menace que vers 65 minutes).

Les acteurs ? Hi hi, vous êtes d'humeur taquine, aujourd'hui. Le premier critère de sélection (si tant est qu'il y en ait eu – Eh toi. Viens te placer ici. ; Euh, non, moi, j'suis juste le technicien de surface, m'sieur. ; C'est pas grave, nous, on fait un film tout pourri.) semble avoir été le manque total d'expression faciale. Tout le monde se regarde mourir, sans que ça leur fasse ni chaud ni froid. Et nous, on hallucine et se repasse la scène juste pour le plaisir. Allez, quelques perles pour vous donner envie : assis devant leur tente, le guide arabe aide l'un des jeunes à s'asseoir en tailleur. Cela dure plusieurs secondes et tout le monde trouve cela fort amusant (vous aussi, vous verrez). A un autre moment, Robert va voir deux hommes sur le marché. L'un tient un micro et l'autre, une caméra (attention, ça va aller très vite !) :
Qu'est-ce que vous faites ici ?
- Il s'occupe de la caméra et moi, je m'occupe du son.

La bande son est vraiment pénible, l'érotisme pas titillant pour un sou, les inserts du ciel ne correspondant pas avec le moment du jour ou l'oasis en ombre chinoise sont ridicules et si quelqu'un a compris la signification de cette minuscule araignée que l'on voit plusieurs fois juste avant l'arrivée des zombies, merci de me faire signe. Et puis je ne résiste pas à l'envie de vous donner l'indice concernant LE plan qui vaut assurément le détour : Robert Senior et un drap blanc. Vous comprendrez.

L'Abîme des Morts Vivants, production Eurociné, est disponible en deux versions, la française et l'espagnole, pratique courante chez Jess Franco.  Une des différences est que docteur nazi et sa femme sont interprétés par des acteurs différents. La bande sonore est aussi différente dans les deux versions. Pour les amateurs, il y a Lina Romay dans la version espagnole. 


Marija NIELSEN

A LOUER (2006)


Titre français : A Louer
Titre original : Para Entrar a Vivir
Réalisateur : Jaume Balaguero
Scénariste : Jaume Balaguero, Alberto Marini
Musique : Roque Banos, Mariano Marin
Année : 2006
Pays : Espagne
Genre : Survival
Interdiction : -12 ans
Avec : Macarena Gomez, Nuria Gonzales, Adria Collado, Ruth Diaz…


L'HISTOIRE Dans l’attente d’un heureux évènement, un jeune couple espagnol cherche un nouvel appartement, plus spacieux que celui dans lequel ils vivent actuellement. Cependant, cela fait déjà plusieurs dizaines d’annonces que Clara et Mario épluchent mais aucun des appartements présentés ne semblent convenir à nos deux tourtereaux. Alors qu’ils se rendent à une énième visite, Mario et Clara sont loin de s’imaginer que cet appartement pourrait bien être leur propre tombeau…


MON AVIS Petit frère ibérique des Masters of horror, la série des Peliculas para no dormir renferme six films d’environ une heure, chacun réalisé par une tête bien connue du cinéma de genre espagnol. Ainsi, on peut retrouver Narcisso Ibanez Serrador (La Faute), Alex de La Iglesia (La Chambre du Fils), Jaume Balaguero (A Louer), Enrique Urbizu (Un Vrai Ami), Francisco Plaza (Conte de Noël) et Mateo Gil (Spectre) dans cette petite série de films de qualité assez inégale il faut bien le reconnaître et pour laquelle on retiendra principalement les films de Jaume Balaguero et Alex de La Iglesia.

Nous allons donc nous focaliser justement sur l’un des deux gros titres des Peliculas para no dormir, à savoir l’opus de Jaume Balaguero intitulé A Louer. Inutile de vous présenter je pense M. Balaguero, réalisateur espagnol s’étant fait connaître en tout fin des années 90 avec La Secte sans Nom, un des derniers gros films de cinéma de genre de la décennie. Mais Balaguero c’est également Darkness, Fragile (qui demeure, avec 4 prix, l’un des films les plus récompensés à Fantastic’Arts avec un certain… La Secte sans Nom justement !) ou encore les deux premiers épisodes de la saga Rec, co-réalisés avec Paco Plaza.

Avec A Louer, Jaume Balaguero nous offre un petit survival de très bonne facture qui vient amplement relever le niveau au final? assez moyen? de cette série des Peliculas para no dormir.

Partant d’un scénario assez simple, le réalisateur préféré des Géromois parvient toutefois à nous tenir en haleine du début à la fin de son film. Certes assez court (1h06 en comptant les génériques), A Louer a cependant le mérite de ne jamais ennuyer : aucune lenteur n’est à déplorer devant cette petite pépite au montage nerveux, où la caméra elle-même s’emballe par moments pour nous plonger dans ce rythme entêtant qui ne vous laissera aucun répit.

Un huis clos dans une vieille bâtisse (tiens, une marque de fabrique de l’ami Balaguero) durant lequel la tension est réellement palpable et va crescendo durant la première moitié du film majoritairement. Frissons (une atmosphère inquiétante fort bien rendue), sursauts (Jaume Balaguero semble aimer jouer avec nos nerfs par moments), excès de furie et de folie (une séquence bien gore où une main part en charpie dans un broyeur / une psychopathe vraiment tarée qui ne recule devant rien…), violence bien rendue (les coups volent et font mal) : impossible de rester de marbre devant ce film où l’action quasi omniprésente flirte admirablement avec une ambiance des plus oppressantes.

Une fois de plus dans le cinéma de genre ibérique, nous restons admiratifs devant le travail effectué sur les décors. Imaginez un vieil immeuble à l’abandon dans lequel les appartements à la tapisserie défraîchie renferment des pièces délabrées où grouillent toutes sortes d’insectes rampants, où de la nourriture pourrit dans des assiettes et autres boîtes de conserves bouffées par la rouille laissées ouvertes sur le coin d’une table miteuse… 

Ajoutez à cette crasse environnante une ambiance sinistre, permise par une luminosité peu présente et une musique stimulant efficacement nos nerfs et une atmosphère humide (il tombe des cordes dehors) pour permettre à ce huis clos d’être l’un des plus glauques et des plus flippants que nous ayons pu voir jusqu’à présent. Une tension d’autant plus palpable que cet immeuble renferme des appartements spacieux, véritables dédales aux longs couloirs étroits et aux angles morts nombreux d’où peut surgir à tout moment une menace…

Le casting n’est d’ailleurs pas en reste dans le film de Jaume Balaguero. Bien que nous n’ayons rien à reprocher à notre malheureux couple qui va passer un bien sale moment dans cet immeuble à l’abandon (les deux acteurs sont tous deux très bons dans leurs rôles respectifs), c’est surtout vers notre psychopathe que nous allons nous tourner volontiers pour apprécier au mieux la qualité du casting et la justesse de l’interprétation.

Nous avons en effet là une tarée prête à tout pour s’accaparer les jeunes gens, une véritable folle furieuse capable d’affronter une montagne de muscles si cette dernière avait le malheur de se mettre en travers de son chemin. Celle que l’on croyait au départ naïve et chétive s’avère finalement être une vraie furie animée par une folie à toute épreuve qui n’hésite pas à séquestrer des pauvres gens, voire les assassiner si ces derniers ne se montrent pas coopérants (un constat qui se veut d’autant plus dérangeant que l’on s’en prend ici à des bébés, des personnes inspirant bien souvent l’innocence et la sécurité : policier, infirmière…).

On pourra certes reprocher à A Louer deux-trois incohérences scénaristiques (la force et la résistance de notre psychopathe qui, malgré les blessures, semble encore en pleine forme / des chiens sortis de nulle part qui disparaîtront aussi mystérieusement et subitement qu’ils sont apparus / la scène du rêve dans le rêve dispensable…) et une fin quelque peu rapide mais ne boudons franchement pas notre plaisir devant cette heure passée à sursauter, à frissonner, à suivre notre pauvre Clara dans ces dédales de pièces et à essayer de fuir cette psychopathe que rien ne semble vouloir arrêter! Un très bon survival que voilà !



David MAURICE

A LA POURSUITE DE DEMAIN (2015)

 

Titre français : A La Poursuite de Demain
Titre original : Tomorrowland
Réalisateur : Brad Bird
Scénariste : Brad Bird, Damon Lindelof
Musique : Michael Giacchino
Année : 2015
Pays : Usa, Espagne
Genre : Anticipation
Interdiction : /
Avec : George Clooney, Hugh Laurie, Britt Robertson, Raffey Cassidy...


L'HISTOIRE : Casey, une adolescente brillante et optimiste, douée d’une grande curiosité scientifique et Frank, un homme qui fut autrefois un jeune inventeur de génie avant de perdre ses illusions, s’embarquent pour une périlleuse mission. Leur but : découvrir les secrets d’un lieu mystérieux du nom de Tomorrowland, un endroit situé quelque part dans le temps et l’espace, qui ne semble exister que dans leur mémoire commune. Ce qu’ils y feront changera à jamais la face du monde… et leur propre destin !


MON AVISOn a parfois l'impression que Disney se fout un peu de ses productions, les lançant sans grande conviction, et avec une campagne promotionnelle très limitée. Ainsi, on avait très peu entendu parler de ce Tomorrowland, pourtant réalisé par l'excellent Brad Bird (Les Indestructibles, Ratatouille, Mission : Impossible - Protocole Fantôme), avec George Clooney (Gravity, Monuments Men...). Un traitement qui appelle un peu celui réservé à John Carter ou à Lone Ranger : c'est sûr que quand on produit des monstres de rentabilité comme les Avengers ou les futurs Star Wars, on n'a pas sans doute pas besoin de s'emmerder à mettre en avant les autres productions. Dommage.

Dommage oui, car A la Poursuite de Demain méritait une bien meilleure exposition. A l'image des précédents films de Brad Bird, il est en effet d'une incroyable générosité, brassant avec intelligence et humour des thèmes d'actualité, le tout avec un magnifique univers visuel lors des passages à Tomorrowland ou lors de passages très réussis, comme l'affrontement dans la boutique de produits dérivés ou le siège de la maison où se terre George Clooney.

Les relations entre les personnages sont également très réussies, avec des échanges vifs et jubilatoires entre Clooney, Robertson et Raffey Cassidy, ancrant encore davantage le film dans le divertissement familial qui semble issu des meilleures œuvres que le genre avait à offrir dans les années 80. Brad Bird renoue ainsi avec une anticipation intelligente et généreuse, faussement naïve, et réimplante une certaine magie (le film cite d'ailleurs ouvertement Jules Verne, Georges Méliès ou Nikola Tesla) que le film d'aventures semble avoir perdu ces dernières années, à l'exception de quelques films comme Hugo Cabret.

Passée une première partie un peu longue, A la Poursuite de Demain se révèle être un film d'aventures et d'anticipation enthousiasmant et intelligent comme on n'en fait plus assez, et une passerelle étonnante entre l'univers Disney et celui de Brad Bird. On ne regrettera en fait que quelques touches de manichéisme un peu malvenues (pourquoi faire de Hugh Laurie un méchant ?), mais ne boudons pas notre plaisir devant cette oeuvre riche, drôle et touchante que l'on adorera sans doute revoir en famille.




Steeve RAOULT