AGNOSIA (2010)


Titre français : Agnosia
Titre original : Agnosia
Réalisateur : Eugenio Mira
Scénariste Eugenio Mira, Antonio Trashorras
Musique : Eugenio Mira
Année : 2010
Pays : Espagne
Genre : Thriller
Interdiction : /
Avec Eduardo Noriega, Barbara Goenaga, Félix Gomez, Jack Taylor, Martina Gedeck...


L'HISTOIRE : Joana Prats souffre d'agnosie, une maladie qui altère sa perception des choses et des gens. A la mort de son père, elle est au centre d'un complot visant à trouver la formule d'un secret industriel. Or, elle serait la seule à le connaître. Un groupe va tenter de profiter de la faiblesse de ses sens pour lui arracher ce secret...


MON AVISLe cinéma fantastique ibérique est riche en bonnes surprises : on se souvient encore de l'émerveillement et de l'intelligence du Le Labyrinthe de Pan, de l'atmosphère étouffante et triste de L'orphelinat ou plus récemment de Les Yeux de Julia alliant thriller avec un casting solide, ce qui permettait une identification avec le destin de son héroïne. De toutes ces qualités, Agnosia n'en a aucune et si le film d 'Eugenio Mira ne connait pas une sortie en salles, ce n'est pour une fois pas une surprise, car si le jeune réalisateur s'essaie à reconstituer toute une époque (la fin du 19ème siècle et le triomphe de l'âge industriel), il a du mal à choisir un angle d'attaque judicieux. Avant d'aller plus loin dans l'analyse de cette œuvre mineure, il faut déjà signaler aux lecteurs qu'il ne s'agit en aucun cas d'un film fantastique contrairement à ce que pourrait laisser supposer la jaquette et la promo autour du film, via la mention des producteurs.

A la fois romanesque (encore eût-il fallu choisir une actrice plus convaincante que Barbara Goenaga vue dans Timecrimes), thriller d'espionnage avec des Allemands très méchants et film d'époque (limitée à quelques décors), Agnosia commet tellement de maladresses que ça prête à sourire pour ceux qui n'auraient pas décroché. Parmi les aberrations, on peut citer cette histoire de doubles identiques en tous points concernant les deux protagonistes principaux, dont une pêchée directement dans une maison close (et dont personne ne voit la différence). Un procédé très utilisé dans les sérials mais qui ici est inapproprié. Sans oublier l'arrivée de la maladie de Joana qui est certainement la plus belle séquence d'un film qui en manque, mais dont on parle fort peu finalement dans le déroulement de l'intrigue.

L'intrusion d'un second homme plus animal dans la vie de la jeune fille va être pour elle l'occasion de donner un sens à sa vie et de connaître la passion que le trop froid Carles (le toujours très bon Eduardon Noriega vu dans Tésis, Ouvre les Yeux, L'échine du Diable) semble lui refuser. Ce n'est pas tant le choix d'aborder le film sous cet angle amoureux qui pose problème que le manque de crédibilité de l'actrice principale. Tout ce méli mélo nageant en plus dans des eaux troubles de l'espionnage où intervient une Mata Hari chef d'industrie prête à tous les moyens pour arriver à ses fins. Amusant dans un certain type de film (les Fantômas entre autres) mais qui décrédibilise ici une histoire classique et qui aurait dû être déclinée sur le mode de l'uchronie au lieu de vouloir rester sur le chemin de l'histoire traditionnelle.

Au-delà des aspects négatifs cités ci-dessus, il faut aussi un temps d'adaptation pour arriver à suivre et à comprendre ce qui se trame à l'écran durant la première demi-heure. C'est une première haie à franchir, l'autre étant le rythme qui est assez mollasson comme si film historique devrait à tout prix rimer avec soporifique. Guindés dans leurs costumes, les acteurs font ce qu'ils peuvent. Non pas que le film en lui-même soit un ratage intégral. Après tout, une fois avalé l'intrigue rocambolesque, Agnosia se regarde et s'admire comme une chrysalide qui ne se serait pas transformée en papillon. Le final plein de bonne volonté manque cruellement d'émotion, de cette émotion qui aurait dû nous transporter cœur et âme. Hélas, il ne s'agit que d'un coup d'épée dans l'eau pour un film qui n'aura pas su créer l'effet de surprise avec son sujet (pourtant) novateur !



Gérald GIACOMINI

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