Affichage des articles dont le libellé est extraterrestre. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est extraterrestre. Afficher tous les articles

ALIENS LE RETOUR (1986)

 

Titre français : Aliens le Retour
Titre original : Aliens
Réalisateur : James Cameron
Scénariste James Cameron
Musique : James Horner
Année : 1986
Pays : Usa
Genre : Extraterrestre, Science-fiction
Interdiction : -12 ans
Avec Sigourney Weaver, Michael Biehn, Paul Reiser, Lance Henriksen, Bill Paxton...


L'HISTOIRE : Le Lt. Ripley est accueillie sur la station spatiale Gateway et apprend que son module de survie était à la dérive depuis 57 ans. Suite à une audience avec des huiles de la Compagnie, elle découvre que la planète LV-426, où son équipage avait jadis découvert le vaisseau échoué des aliens, est habitée par des colons depuis une vingtaine d'années. Elle accepte d'y retourner en compagnie d'un peloton de Marines, sous l'expresse condition que la mission concernera l'éradication totale des créatures. Mais peut-elle vraiment faire confiance à la Compagnie ?


MON AVISJames Cameron n'est pas un génie. James Cameron est un piètre observateur des êtres humains et ne sait donc pas composer de personnages crédibles. James Cameron n'écoute jamais parler les gens autour de lui et n'écrit alors que des dialogues tout à fait dispensables. Mais James Cameron sait faire toujours plus : plus grand, plus beau, plus bruyant, plus spectaculaire - et il n'y a qu'à revoir Terminator 2, Abyss ou Titanic pour se convaincre qu'il le fait surtout très bien. Aliens le Retour est un film vraiment impressionnant, à première vue. Qui n'est pas resté bouche-bée devant la sauvagerie des combats Marines-aliens ? Qui n'est pas resté scotché à son siège à l'apparition magistrale de la Reine dans son repaire glauque et poisseux ? Et qui n'a ressenti aucune montée d'adrénaline (et de testostérone...) durant le combat final entre les deux mères du film ?

Mais suite à de nombreux visionnages, le vernis commence à se fissurer. On aperçoit alors l'envers du décor, pas toujours bien crédible. La première chose que l'on remarque est le thème qui infuse également Stargate de Roland Emmerich : Ce qu'on ne connaît pas nous fait peur. Tentons alors de dominer l'inconnu/l'intrus par la force militaire. Etant donné que le monde entier craint la nôtre, alors par extension, les extraterrestres aussi. Y'a pas de raison. Effectivement, vu sous cet angle...

Ensuite, on remarque que chaque Marine incarne une émotion particulière : le courage, la trouille, la lâcheté, l'indifférence, le machisme et ainsi de suite. Aucun n'a de dialogue significatif et on peut soit rire soit rouler des yeux en entendant leurs one-liners d'un cliché exemplaire. Et pourtant, ça marche. Parce que chacun occupe une place bien définie au sein d'un groupe consolidé comme s'il était un être entier. Mais individuellement, aucun ne possède une humanité à plusieurs dimensions. Ceci freine notre solidarité à leur égard et on se prend presque à encourager les aliens et à regretter de les voir exploser sous les balles et les grenades! Et des aliens, en veux-tu, en voilà ! Ça grouille de partout ce qui en rajoute à notre claustrophobie, ils sont rapides et vicieux comme des requins affamés, et magnifiques de beauté luisante et gracieuse, avec une pensée toute particulière pour les crocs translucides (merci, Stan Winston !).

Le tour de force du film réside bien sûr en la découverte de la Reine dans son nid par Ripley. Et c'est là que le deuxième thème du film apparaît dans toute sa splendeur, là où avant, il n'était que suggéré : le rapport mère-enfant ou plus précisément, l'instinct maternel. Lorsque les Marines explorent les baraquements de LV-426, ils découvrent une petite fille, Newt, qui a perdu toute sa famille. Ripley l'adopte immédiatement, ce qui n'étonne personne puisqu'au début du film, on apprend que deux ans avant que ne soit découvert son module de survie, sa propre fille est morte à l'âge de 65 ans. Le réveil de son instinct maternel est donc tout à fait normal et compréhensible. Le parallèle (un peu gros...) est alors fait avec la Reine alien dont l'existence ne consiste qu'en la ponte d'œufs. Celle-ci est complètement vulnérable à cause de l'énorme sacs d'œufs attaché à son abdomen, et prête à tout afin de protéger sa progéniture. Tout comme Ripley avec sa fille adoptée.

Sigourney Weaver est d'ailleurs la seule actrice du film qui réussit à insuffler de l'humanité à son personnage. Même le Caporal Hicks, qui incarne l'aspect romantique du film, a du mal à nous convaincre de sa sincérité, surtout au vu d'un échange plutôt douteux car plein de sous-entendus à propos d'une mitraillette/lance-flammes et grenades (Prenez-le bien en main ; Montrez-moi tout, etc). Hicks possède d'ailleurs une faiblesse incroyable et doit rapidement s'en remettre à Ripley pour avoir une chance de s'en sortir (à ce propos, il est intéressant de noter que le Commandant en charge est le plus inexpérimenté et lâche de tous. Il ne démontrera du courage que lors de son auto-sacrifice en compagnie d'un de ses soldats afin de ne pas le laisser seul face à l'ennemi...).

Avant même que l'idylle entre Hicks et Ripley ait une chance de se développer, elle est abandonnée... Hmmm... Cameron n'aimerait-il pas les femmes ? Lui feraient-elles peur ? On peut se permettre de le penser, en particulier au moment où les Marines découvrent des facehuggers mis en bocal par les colons. Leur côté ventral ressemble à s'y méprendre aux organes génitaux féminins, avec en plus une sorte de trompe qui en sort pour violer la victime par la bouche (...) et pondre un embryon d'alien dans l'estomac (Giger, le créateur des aliens, ne s'est d'ailleurs jamais caché de cet aspect ouvertement sexuel, qu'il aurait même voulu amplifier davantage). Et comment réagissent-ils face à ces créatures terrifiantes ? Par la violence. Le discours est certes un peu léger (ou lourd, dépendant d'où l'on se place...), caché sous la xénophobie galopante de l'armée américaine, mais visible si on y fait attention. Ce n'est pas de la psychologie de bas-étage de dire que ce sont les femmes qui dominent le film, et par extension, les hommes présents.

Ce qui ne m'empêche pas d'apprécier, voire même adorer, ce film qui, pour moi, est un divertissement époustouflant et beau à crever. Et lorsqu'à la fin du film on repense à la brève intro de Cameron nous présentant cette édition spéciale de 2h40 comme étant la version qu'il avait toujours voulu nous montrer, on se dit que c'est aussi la seule qu'on avait envie de voir.




Marija NIELSEN

ALIEN VS. PREDATOR (2004)


Titre français : Alien vs. Predator
Titre original : Alien vs. Predator
Réalisateur : Paul W.S. Anderson
Scénariste Paul W.S. Anderson, Dan O'bannon, Ronald Shusett
Musique : Harald Kloser
Année : 2004
Pays : Usa
Genre : Extraterrestre
Interdiction : /
Avec Sanaa Lathan, Raoul Bova, Lance Henriksen, Ewen Bremner, Colin Salmon...


L'HISTOIRE : Suite à la découverte d'une pyramide d'origine inconnue dans des mines appartenant à Weyland Industries, un groupe de scientifiques est envoyé sur place pour l'explorer. Leurs maladresses vont libérer des Aliens emprisonnés par des Predators, et la guerre ancestrale sévissant entre les deux espèces va reprendre de plus belle...


MON AVISC'est avec une certaine appréhension que je m'installe pour regarder cette rencontre au sommet entre deux monstres sacrés du cinéma fantastique, attendue et redoutée à parts égales par les fans. Alors, qui va gagner ? Ben, certainement pas le public.

La mise en chantier de ce film a pris près d'une décennie, la Fox examinant pas loin de quarante scripts (envoyés par une école de maternelle ?) avant de se décider pour celui d'Anderson, un fan des deux séries. Mais quand on est fan, on rend hommage, on fait de son mieux. On ne lâche pas une boule puante gigantesque sur des millions d'autres fans.

Cette histoire est censée se dérouler entre Alien le Huitième Passager (1979) et Predator (1987), bien que ceci ne soit pas du tout évident. Par contre, les visuels le sont, et le réalisateur s'avoue grandement inspiré par la mythologie aztèque présente dans Predator 2 en ce qui concernait le design du vaisseau, ainsi que le détail du crâne alien dans la salle de trophées, suggérant des combats antérieurs. C'est bien, Paulo, mais t'aurais mieux fait d'avoir été inspiré tout court, parce que là, on dirait que t'as joué au billard de poche durant tout le tournage.

L'idée de départ posait la base pour un film d'action de haut niveau. Le résultat est d'une médiocrité affligeante. Alors que s'est-il passé ? Déjà, il faut attendre une heure de film avant qu'il se passe enfin quelque chose. Anderson dit avoir fait exprès de prolonger le moment de la découverte des monstres. Il est certain que parfois, il vaut mieux suggérer que montrer, mais à ce stade, le moindre suspense est si bienvenu qu'on est prêt à pardonner beaucoup de choses à ce qui précède. Malheureusement, Paulo a fait exprès de continuer.

Je n'ai rien contre les références dans les films, mais là, les œuvres citées le sont d'une façon beaucoup trop lourde pour rester des clins d'oeil : The Thing, Alien, Cube, Batman & Robin (moi non plus, je ne croyais pas cela possible…) et Predator 2. Une autre chose très gênante est le côté anti-alien du film qui fait de ce dernier une sorte de Predator III qui aurait pu être très bien entre les mains d'un réalisateur un peu plus actif. Je ne qualifierais pas Anderson d'incapable - ou peut-être que si, car pendant la première heure, on lutte sérieusement contre l'ennui (pendant la dernière partie aussi, d'ailleurs. Pendant tout le film, en fait). Et ce n'est certainement pas l'effet bullet-time à la con (excusez-moi), qui consiste à filmer une action rapide avec un arrêt sur l'objet tandis que la caméra le contourne, qui va relever le niveau. Pitié, il faut vraiment qu'ils arrêtent ! Quand un facehugger vous saute dessus, on n'a pas le temps d'en faire une peinture à l'huile.

Et les combats entre nos deux extraterrestres préférés, alors ? Disons qu'en gros, le chorégraphe aime beaucoup le catch. Moi pas.

Les seuls points positifs viennent des effets spéciaux et des décors qui sont vraiment beaux et très bien rendus. Alec McGillis et Tom Woodruff Jr. sont de retour pour le design des créatures. Ils connaissent parfaitement les aliens pour avoir travaillé sur la série, et pour les predators, ils ont respecté le travail initial de Stan Winston autant que possible, les rendant juste un peu plus laids et monstrueux sous leur casque. Les aliens sont d'inspiration beaucoup plus animale, rappelant ceux d'Alien 3, vicieux, rapides, gracieux, et surtout de petite taille. La reine est magnifique de beauté bestiale et son nid est rempli d'œufs. Mais les aliens sont superbement ignorés durant la majeure partie du film, renforçant la prétendue supériorité des predators sur eux, les réduisant à l'état de chiens serviles qu'on nous avait déjà servi dans le pitoyable Alien : La Resurrection en 1997.

Les acteurs sont tous inconnus au bataillon, sauf Lance Henriksen dont le personnage asthmatique ou tuberculeux (soit ce n'est pas bien expliqué, soit c'est moi qui ai loupé quelque chose) n'a curieusement aucune présence, même face au niveau très moyen de ses co-acteurs. Seule Sanaa Lathan (dans le rôle d'Alexa) sort un peu du lot comme la leader du groupe, nous faisant d'office penser à Ripley. Mais ce n'est qu'une impression car elle ne possède rien du charisme de Sigourney Weaver dans son rôle de femme-soldat.

Dans le costume de Scar, le predator que nous suivons durant le film, se trouve Ian Whyte, un ex-joueur de basket pro britannique. Le bonhomme mesure 2m13 - sur papier, le candidat idéal. Mais il n'arrive pas à la cheville de Kevin Peter Hall qui campait le personnage dans les deux films de la série, et qui lui injectait ce côté animal et dangereux qui en faisait un extraterrestre puissant et véritablement menaçant. Comme quoi, il ne suffit pas d'endosser l'habit d'un monstre pour le devenir.

Au final, ce film aurait mérité beaucoup plus qu'un scénario simpliste troué comme du gruyère suisse et des dialogues insipides au possible nous expliquant de temps en temps ce qu'on avait déjà compris. Les fans s'intéressent aussi à l'histoire de ces deux créatures et celle-ci n'ouvre la porte qu'à une nouvelle franchise de qualité inexistante, nous faisant amèrement regretter le côté bigger, louder, better d'Aliens le Retour, la vision claustrophobe de Ridley Scott et le cynisme mordant de David Fincher. Alors, une question pertinente s'impose : est-on SÛR ET CERTAIN que l'excellent"Event horizon (1997) est bien l'œuvre de ce même tâcheron ?

J'assume entièrement mon mépris total envers Paul W.S. Anderson et cette bouse intergalactique de grand professionnalisme. Non, parce que finalement, il faut en avoir du talent pour enterrer de façon aussi magistrale deux des meilleures franchises du cinéma fantastique.




Marija NIELSEN

THE ALIEN FACTOR (1978)

 

Titre français : The Alien Factor
Titre original : The Alien Factor
Réalisateur : Don Dohler
Scénariste Don Dohler
Musique : Kenneth Walker
Année : 1978
Pays : Usa
Genre : Extraterrestre
Interdiction : -12 ans
Avec Don Leifert, Tom Griffith, Richard Dyszel, Mary Mertens, George Stover...


L'HISTOIRE : Des meurtres inexpliqués ont lieu dans la petite ville de Perry Hall. Le shérif est impuissant et ne trouve aucun indice, pensant que les morts sont dues à un animal féroce. Un étranger nommé Ben vient trouver le maire de la ville et l'emmène en forêt. Les deux hommes découvrent l'épave d'un vaisseau spatial, ainsi qu'un extra-terrestre mourant. Ben est persuadé que les meurtres ont été commis par des extra-terrestres belliqueux échappés du vaisseau. Il va tout faire pour sauver les habitants de la ville et mettre un terme aux agissements de trois monstres aliens qui sèment la mort sur leur passage...


MON AVISBon, par où commencer ? N'y allons pas par quatre chemins : The Alien Factor est à ranger dans la catégorie de l'ultra série Z, bricolée avec 1000$ (certains sites annoncent 3800$), tournée avec la famille, les potes, les résidents du coin, et bénéficiant d'effets spéciaux et de costumes conçus avec ce qu'on appelle communément le système D. Il a été réalisé en 1978 par Don Dohler. Ce dernier était l'éditeur d'un fanzine nommé Cinemagic magazine. Un fanzine spécialisé dans les articles consacrés à la fabrication artisanale de vaisseaux spatiaux, de monstres et masques en caoutchouc, de faux sang au rendu réaliste. De quoi donner des idées à Don Dohler qui veut prouver que monsieur tout-le-monde peut faire un film de science-fiction avec des gros monstres extraterrestres pas gentils du tout. Son premier film sera donc The Alien Factor. Il continuera sur sa lancée en 1980 avec Fiend, en 1982 avec Nightbeast puis en 1985 avec The Galaxy Invader. Après une petite pause, il reviendra en 1991 avec Blood Massacre, refera un long break avant de donner une suite à son premier film en 2001, avec Alien Factor 2: The Alien Rampage. On le retrouve en co-réalisateur en 2006 de Dead Hunt. Il est décédé à l'âge de 60 ans, le 2 décembre 2006.

Bref, Don Dohler a fait toute sa carrière dans la série Z fauchée et a acquis une petite renommée auprès de certains fans adeptes de ce type de productions sans le sou. The Alien Factor, sans être méchant, est franchement très mauvais malgré un petit capital sympathie certain une fois qu'on connait les conditions de tournage. Mais un mauvais film reste un mauvais film au final et il est bien difficile de trouver des qualités à The Alien Factor, si ce n'est la passion qui anime toute l'équipe du film. Les acteurs, qui n'en sont pas, peinent à faire le job et font ce qu'ils peuvent devant la caméra, certains étant un peu plus doués que d'autres. La mise en scène n'est pas non plus l'un des points forts du film et c'est là qu'on se rend compte qu'un petit jeune comme Sam Raimi était bien un surdoué quand il réalisa Evil Dead en 1981. Le plus gros problème de The Alien Factor est qu'il est passablement ennuyeux, la faute à des tonnes de scènes dialoguées dans lesquelles ils ne se passent pas grand chose, quand d'autres ne sont là que pour remplir et allonger la durée, à l'image de la séquence filmant un groupe de rock et qui ne sert à rien, si ce n'est de nous faire bien rire devant les coupes de cheveux très 70's des membres du groupe.

Mais tout n'est pas à jeter dans The Alien Factor. Même si l'ensemble est d'un kitsch et d'une ringardise à toute épreuve, quelques éléments sympathiques se dissimulent dans cette petite bande fauchée. A commencer par ce pourquoi on a enclenché le film dans notre lecteur DVD : les extraterrestres. Ils sont au nombre de trois et le générique les nomment LeemoidZagatile et Inferbyce. Pour votre culture générale, petite précision sur ces trois espèces dangereuses, au cas où vous les croiseriez près de chez vous : le Leemoid est une sorte de gros lézard translucide, à moitié-lézard, à moitié serpent, enfin, on en sait pas trop ; le Zagatile est la plus réussie des trois créatures niveau costume. C'est une sorte de grande peluche façon Wookie mais en plus agressif ; quand à l'Inferbyce, c'est un alien-insecte doté d'une sorte d'exosquelette assez facile à arrêter puisqu'il est sensible aux ondes sonores ! Criez un bon coup devrez l'éloigner. Toute cette petite ménagerie va venir massacrer quelques pauvres résidents du coin qui ne demandait pas tant d'attention et aurez préféré qu'on les laisse tranquille. Oui mais si les aliens n'attaquent personne, il n'y aurait pas de film ! CQFD !

Don Dohler a certainement vu Les Dents de la Mer puisque son shérif tente vaille que vaille d'alerter les autorités du danger grandissant qui menace sa ville mais le maire s'y oppose farouchement car ce n'est pas bon pour les affaires et la réputation de ladite ville, qui prévoie de faire construire un parc d'attraction. Dommage pour lui puisqu'il finira par succomber sous les coups de griffes du Zagatile ! Bien fait ! Heureusement qu'un dénommé Ben Zachery, chasseur de monstres de son état, va venir régler tout ça. Car il n'a pas peur des aliens le Ben, normal me direz-vous car il cache un secret qui ne nous sera dévoilé qu'à la fin ! Une belle fin d'ailleurs, même assez touchante (oui, bon, j'exagère un peu mais c'est pour vous donner envie de voir le film). Bon, tout ça pour dire au final que si vous n'êtes pas réfractaire aux scènes qui ne servent à rien, aux acteurs non acteurs, à la mise en scène anarchique qui ne s'encombre pas de fautes de raccords et j'en passe, aux effets bricolés avec trois bouts de ficelles et que vous aimez les monstres rigolos façon Craignos Monsters, alors The Alien Factor est pour vous ! Les autres, s'ils tentent l'expérience, n'hésiteront pas à revoir leur avis sur Ed Wood et à trouver que ce dernier n'est définitivement pas le plus mauvais réalisateur au monde.




Stéphane ERBISTI

ALIEN COVENANT (2017)

 

Titre français : Alien Covenant
Titre original : Alien Covenant
Réalisateur : Ridley Scott
Scénariste Dante Harper, John Logan
Musique : Jed Kurzel
Année : 2017
Pays : Usa, Angleterre, Australie, Nouvelle-Zélande
Genre : Extraterrestre, science-fiction
Interdiction : -12 ans
Avec Michael Fassbender, Katherine Waterston, Billy Crudup, Danny McBride...


L'HISTOIRE : Les membres d’équipage du vaisseau Covenant, à destination d’une planète située au fin fond de notre galaxie, découvrent ce qu’ils pensent être un paradis encore vierge. Il s’agit en fait d’un monde sombre et dangereux, cachant une menace terrible. Ils vont tout tenter pour s’échapper...


MON AVISSûrement beaucoup plus vendeur au niveau de son titre, Prometheus 2 devient donc Alien Covenant, du nom du vaisseau spatial présenté ici et qui parcours l'univers avec à son bord un équipage et 2000 colons. Un voyage spatial qui fait suite à une introduction assez déconcertante mais qui a pour mérite de présenter le véritable enjeu du film, sa véritable thématique : l'origine de la vie, sa création. Le dialogue entre un humain et sa création, David, toujours interprété par Michael Fassbender (qui aura un double-rôle), dans un décor sobre et on ne peut plus épuré, pose les bases de ce que va être Alien Covenant. Une sorte de relecture du mythe de Frankenstein, dans laquelle on découvre qui est à l'origine de l'existence des xénomorphes, ces terribles prédateurs qui sont donc nés des suites de multiples expériences que n'auraient pas renié le célèbre docteur cité plus haut.

Des réponses, Ridley Scott en livre donc pas mal dans Alien Covenant, à grands coups de sentences métaphysiques parfois pompeuses mais jamais inintéressantes. Il reprend également quelques thèmes qui ont fait le succès de son chef-d'oeuvre, Alien le Huitième Passager : voyage spatial, équipage en hyper-sommeil, réception d'un message en provenance d'une planète inconnue, exploration de ladite planète par exemple. La vision de la bande-annonce m'avait même fait penser à un remake, c'est dire si les hommages sont frappants et reconnaissables. Pourtant, Alien Covenant s'extirpe assez habilement de ce côté remake et parvient à gagner sa propre identité. Très nihiliste, sombre et violent, le film ne lésine pas sur la violence et l'accouchement des petits mais mortels chestbursters se fait dans la douleur, c'est le moins que l'on puisse dire. Il en va de même pour les attaques de xénomorphes, parfaitement mises en scène, d'une fluidité parfaite et d'une brutalité exquise. Peu nombreuses toutefois, les spectateurs s'attendant à voir un nouvel Aliens le Retour en seront pour leur frais.

Alien Covenant ne joue clairement pas dans cette catégorie de films fun et bourrin mais préfère prendre son temps, se montre contemplatif et volubile avant de déclencher les hostilités. Le film possède de nombreuses qualités mais aussi des défauts, à commencer par un choix de casting discutable. L'héroïne, interprétée par Katherine Waterston, ne m'a guère convaincu, je l'ai trouvé assez fade. Il y a également pas mal de longueurs, qui m'ont un peu sorti de l'ambiance. Une ambiance pourtant bien travaillée la majeure partie du temps et qui réserve son lot d'émotions fortes. On appréciera l'hommage rendu par Ridley Scott au génial H.R.Giger (décédé en 2014) à travers des croquis et des design de toute beauté. Si la scène de la douche semble sortir tout droit d'un slasher movie et reste discutable dans ce film, le final est par contre remarquable et d'une maîtrise totale.

Alien Covenant semble diviser les spectateurs, de par sa tonalité et son approche. Une approche audacieuse mais qui pourra déstabiliser effectivement. En tout cas, pour ma part, c'est loin d'être le navet annoncé par certains et même si je n'ai pas adhéré à 100% au film, il reste un long métrage de qualité, certes pas parfait, mais largement au dessus de la moyenne. Plus qu'à attendre la suite...




Stéphane ERBISTI

ALIEN : LA RÉSURRECTION (1997)

 

Titre français : Alien : La Résurrection
Titre original : Alien : Resurrection
Réalisateur : Jean-Pierre Jeunet
Scénariste Josh Whedon
Musique : John Frizzell, Jerry Goldsmith
Année : 1997
Pays : Usa
Genre : Extraterrestre, science-fiction
Interdiction : -12 ans
Avec Sigourney Weaver, Winona Ryder, Dominique Pinon, Ron Perlman, 
Brad Dourif, Leland Orser, Michael Wincott...


L'HISTOIRE 200 ans après sa mort, à partir d'un échantillon de sang récupéré sur la planète Fiorina 16, l'équipe militaro-scientifique de l'USM Auriga, vaisseau de recherche médicale croisant dans l'Union des Systèmes Planétaires, met à terme un clone du lieutenant Ellen Ripley. Sous la direction du Dr Vren, le Dr Gediman extrait le fœtus alien de sa cage thoracique, et ils décident de garder la jeune femme en vie. Suite à la culture ADN dont elle a fait l'objet, Ripley se révèle douée d'une force peu commune, ainsi que d'une sorte de liaison télépathique avec l'espèce alien, qui lui fait rapidement prendre conscience qu'un spécimen de reine s'apprêtant à pondre est élevé à bord du vaisseau. C'est à ce moment-là que le Betty, navette de commerce de Elgyn et de sa bande d'olibrius, accoste sur l'USM afin d'y livrer des sujets cryogénisés, dont ils ignorent qu'ils sont destinés à incuber les monstres…


MON AVISAprès l'apothéose de Alien 3, la saga semblait définitivement close. Pourtant, tandis que le projet d'un Alien vs Predator bouillonnait dans les marmites hollywoodiennes, les spéculations sur une possible résurrection d'Ellen Ripley ne tardèrent pas à mener bon train. Il allait falloir davantage qu'un bain de flammes pour abandonner un personnage féminin de cette envergure. Le crossover céda donc la place à la séquelle écrite par Joss Whedon (l'un des principaux scénaristes de la série TV Buffy contre les Vampires), et la chaise du réalisateur, après avoir accueilli un Danny Boyle de passage, reçut un hôte bien imprévu : Jean-Pierre Jeunet, réalisateur français dont la réussite esthétique et poétique de La Cité des Enfants Perdus (1995) avait obtenu une reconnaissance internationale.

Parmi les bagages que Jean-Pierre Jeunet eut l'autorisation de faire passer aux douanes se trouvait Pitof, dont on retrouve ici toute la palette esthétique, à la fois sombre, verdâtre et glacée. La répartition des tons et des lumières est d'ailleurs significative du propos du film, dont l'une des caractéristiques est de ramasser et de mettre en relief les thèmes abordés depuis le début de la saga. Ainsi l'opposition hommes/femmes, symbolisée par le nom de l'ordinateur central (Je suis le Père) et Ellen Ripley elle-même (Je suis la mère du monstre) est marquée par des variations de couleurs et d'éléments tranchées : d'un côté un univers mâle aseptisé, brillant, métallique et surexposé où les grimaces viriles ressortent avec agressivité, de l'autre sa corruption maternelle, abordée avec des précautions qui s’avéreront bien vaines : acide, lumières orangées, rouille, ténèbres et viscosités organiques propres à créer une atmosphère étouffante, angoissante et empesée, où les corps s'embourbent comme dans un cauchemar. La transition - et le salut – sera assurée par l'équipage du Betty : gouailleurs, bordéliques et débrouillards, les tons sombres et sales qui entourent les membres de l'équipe signalent à la fois une contestation et une familiarité avec les deux mondes précédents, qui leur permettra d'y échapper.

On peut se demander pourquoi le scénario de Joss Whedon rebrasse tant d'éléments précédents : les œufs pondus dans le vaisseau et l'équipage militaire (Aliens le Retour), les marginaux (Alien 3), l'équipier se révélant être un robot (Alien le Huitième Passager)… Chacun d'entre eux subit bien entendu une modification significative, voire une inversion totale, mais reste clairement identifiable. Par exemple, le personnage incarné par Winona Ryder, Call, succède au Ash interprété par Ian Holm et au Bishop interprété par Lance Henriksen, mais est cette fois un robot lui-même crée par des robots, cherchant à détruire la race alien et manifestant une humanité excessive. S'agissait-il donc de multiplier les signes de fidélités envers un public de fans inquiets (mais dans ce cas l'esprit de conservatisme signe de toute façon l'arrêt de mort de la série), de borner étroitement la marge d'invention du réalisateur (on sait qu'elle était faible, ce qui décida Marc Caro à ne pas accompagner Jeunet dans son périple hollywoodien), ou de compenser par des références solides les inventions majeures de cette Résurrection ?

Débutant sur un rythme ample et fielleux magnifié par la musique de John Frizzel, où la renaissance de Ellen Ripley s'accompagne d'une mise en place qui fait la part belle au caractère pittoresque des autres personnages, le film s'accélère à partir de la libération des aliens, enchaînant les unes après les autres les séquences d'épouvante et d'action. La bataille du gymnase, l'évacuation des militaires, la découverte d'un survivant (Leland Orser) parmi les cobayes ou la scène sous-marine, autant de morceaux menés tambour battant et recelant quelques beaux effets gore (les meilleurs se situant au niveau des têtes !), où l'on regrettera seulement quelques traits d'humour au feutre et des dialogues typiquement frenchies, c'est-à-dire bien trop écrits et manquant de naturel dans leur côté rebelle, humain et marrant…

Mais c'est lors des quelques pauses rythmiques que nous accorde Jeunet qu'ont lieu les séquences les plus marquantes et les plus originales du film, placé sous le signe de la manipulation génétique. La découverte par Ripley du laboratoire où sont conservés ses précédents clones atteint des sommets de terreur, d’écœurement et d'émotion, les images dégageant un faste macabre et lyrique peu commun. Enfin, la séquence la plus belle et la plus impressionnante demeure sans doute l'accouchement de la Reine, Ripley communiant avec une noire sensualités aux douleurs de la mère immense… qui accouche alors d'un nouveau-né au mixage blanchâtre et gluant, auprès duquel les spécimens d'aliens classiques ont l'air d'enfants de chœur ! Son alliage de monstruosité et d'humanité, de détresse et de violence, tétanise littéralement, et la scène finale hautement sadique traduira à merveille l'ambiguïté des positions de Ripley à l'égard des créatures qu'elle n'avait de cesse autrefois de combattre.

En somme, Jean-Pierre Jeunet a réussi à mettre en boîte un fabuleux volet qui ne dépare pas les précédents (et qui surpasse même celui de James Cameron), assumant au contraire avec brio le tournant décisif donné au personnage de Ripley en nous livrant un film d'horreur et d'action noir, poétique et malsain, exactement ce que l'on pouvait espérer en le voyant engagé par les studios hollywoodiens. Y aura-t-il une suite, ou bien l'inspiration s'est-elle tarie, n'accouchant plus que de crossover malingre ? L'avenir le dira.




Stéphane JOLIVET

ALIEN 3 VERSION LONGUE (1992)

 

Titre français : Alien 3 Version Longue
Titre original : Alien 3 Extended Cut
Réalisateur : David Fincher
Scénariste David Giler, Walter Hill, Larry Ferguson
Musique : Elliot Goldenthal
Année : 1992
Pays : Usa
Genre : Extraterrestre, science-fiction
Interdiction : -12 ans
Avec Sigourney Weaver, Charles Dance, Charles S.Dutton, Lance Henriksen...


L'HISTOIRE : Le module de survie du Sulaco s'écrase sur la planète Fiorina Fury 161 et Ripley en est la seule rescapée. La planète est une colonie minière ainsi qu'une prison pour criminels dangereux. Un alien a fait le voyage également, et s'attaque rapidement aux détenus, désarçonnés devant cet intrus d'une efficacité redoutable et mortelle. Malgré la réticence des prisonniers face à Ripley, ils tenteront de combattre la créature à ses côtés, allant jusqu'au sacrifice auquel elle devra faire face aussi...


MON AVIS En 1992, j'étais allée voir ce film en avant-première, et je suis retournée dès le lendemain, ainsi qu'une troisième fois avant qu'il ne disparaisse de l'affiche, tant j'avais été impressionnée par ce que j'avais vu. Je ne cessais de clamer partout que ce film était grandiose, que Fincher était un génie, mais personne ne voulait m'écouter. Et puis, il y a quelques semaines, j'ai découvert cette édition spéciale dans le coffret Quadrilogy sorti à Noël 2003, et j'en ai presque pleuré de gratitude ! C'est simple, on a l'impression de regarder un autre film. Ici, le peu d'histoire prend finalement un sens, les prisonniers ont tous un nom qu'on arrive à mettre sur leurs visages, quelques meurtres sanglants de plus sont également inclus, ainsi qu'une longue séquence qui relance carrément l'histoire et éclaircit les propos et les actes d'un personnage s'avérant clé.

La même pensée revient sans cesse durant le film : Mais QUI a donc cru qu'en charcutant cette copie rendue par Fincher, quelque chose de meilleur en résulterait ? Quelque chose de plus commercial, oui, c'est certain. Mais cette vision initiale du projet par son réalisateur pourtant novice en cinéma, nous confirme en le soulignant d'un trait épais, que le jeune homme savait exactement ce qu'il faisait.

[Attention aux spoilers]

Déjà, le film ne débute pas de la même façon que la version cinéma. Là, on avait droit à une copie presque conforme du début d'Aliens Le Retour, où l'équipe de sauvetage descelle le sas d'ouverture du module de survie. Ici, on nous présente quelques vues panoramiques d'une planète grise et hostile, sale et moche. Des images à effet négatif, mais rendues fraîches parce qu'on n'est pas immédiatement plongé dans le déjà-vu et le préjugé direct (Ah non, pas encore la même histoire…) On voit le docteur Clemens se promener (superbe Charles Dance), et c'est donc lui qui découvre le corps inerte de Ripley échoué sur le rivage, avec au fond, le module de survie crashé dans la mer. Ensuite, on assiste au remorquage par des bœufs du vaisseau éclaté. Ces animaux ont été entièrement coupés au montage, alors qu'ils font partie intégrante de ce monde primitif, ajoutant une dimension de plus à cet endroit désuet où tout est construit en bois. C'est d'ailleurs dans un bœuf que naît le premier alien, une créature déjà formée et qui court cette fois à quatre pattes. Fincher avait voulu en faire quelque chose de différent, chose pour laquelle il avait été lapidé par les critiques (si ce n'est pas cassé, pourquoi le réparer, etc). Et différente, elle l'est, la nouvelle créature. Cette fois, elle déchiquette ses victimes au lieu de juste les tuer. Fine et légère, elle court sur les murs et les plafonds tête en bas, comme un véritable insecte.

Le statu quo des détenus est interrompu par l'arrivée de Ripley, seule femme dans ce monde d'hommes, de plus violeurs et tueurs de la pire espèce. Elle en sera presque pour ses frais lors d'une scène d'agression censée se terminer par un viol, mais sera sauvée in extremis par Dillon (incarné par un génial Charles Dutton), le chef spirituel de ces prisonniers devenus croyants, comme si c'était le dernier espoir qui s'était offert à eux.

Les prisonniers se préparent à explorer les tunnels lorsqu'un groupe de trois se fait attaquer par la créature désormais adulte. Un seul survit, le prisonnier Golic, soupçonné d'avoir tué ses camarades et désormais obsédé par ce qu'il appelle le dragon. Ripley a eu la confirmation par ce qui restait de Bishop qu'un alien était bien à bord du module de survie, et ensuite, c'est au tour du docteur Clemens d'être tué. A ce propos, c'est la première fois dans la série que Ripley a une aventure avec un homme, mais elle semble condamnée à perdre tous ceux qu'elle aime (son propre enfant, Newt, le Caporal Hicks et maintenant, son nouvel amant). Dans la séquence coupée qui relance l'histoire au lieu de la rendre difficilement compréhensible dans la version cinéma, les prisonniers se mettent à la recherche des deux corps disparus. Suite à une explosion non prévue et quelques attaques de plus, ils arrivent à enfermer l'alien dans un entrepôt de déchets toxiques vide. Mais la créature est libérée par Golic, au prix de sa propre vie. L'explication pour son obsession est assez subtile, et claire seulement si on lit entre les lignes. Elle trouve son origine dans quelques dialogues échangés à la cantine, séquence absente de la version cinéma. Mais c'est justement ce genre de choses qui donne encore une dimension de plus à ce film, et contredit les détracteurs de Fincher qui ne voyaient en lui qu'un producteur d'images de pub et de vidéos musicales, incapable de diriger des acteurs en chair et en os.

Lorsque Ripley découvre qu'elle porte un embryon de reine, elle perd en quelque sorte son statut de femme, voire son statut d'être humain, puisqu'elle est désormais réduite à une simple enveloppe corporelle où se développe le pire des monstres. On peut faire un parallèle évident avec un viol qui la laisserait enceinte de quelque chose d'inhumain qui la condamne d'emblée à mourir. Elle dégringole jusqu'au fond, elle n'existe désormais plus. Paradoxalement, cela la rend encore plus forte et déterminée à en finir une bonne fois pour toutes avec cette créature que la Compagnie est toujours aussi avide d'acquérir à n'importe quel prix.

La poursuite hallucinante dans les tunnels qui compose la fin du film n'est pas toujours évidente à suivre. On est surtout content que les prisonniers connaissent l'endroit assez bien pour s'y retrouver. Sont présents dans cette version quelques meurtres supplémentaires par l'alien, dont un particulièrement beau dans toute son horreur. La fin en soi n'est pas sans rappeler celle de Terminator 2 où le protagoniste se laisse mourir dans une cuve de plomb fondu, un film sorti à peu près au même moment. Mais la comparaison s'arrête là, et on pourra spéculer longtemps sur qui se serait inspiré de qui… 
A noter aussi qu'est absente de cette version les images du chestburster sortant de la poitrine de Ripley, tournées et rajoutées sur ordre expresse du studio, sans doute parce que celui-ci devait se dire que le spectateur lambda avait déjà oublié la raison de ce choix radical de Ripley… 
Et vous l'aurez compris, ce n'est pas l'unique erreur de la production qui devait être complètement dépassée par cette vision pessimiste et cynique, où l'espoir n'est plus permis face à la corruption inévitable des corporations qui contrôleront un jour jusqu'à l'univers entier.

Malgré toutes ces bonnes choses, il faut bien admettre qu'il y en a aussi quelques moins bonnes. Etant donné que le scénario s'écrivait au jour le jour sur le plateau, les faiblesses sont surtout apparentes dans les dialogues, répétitifs à intervalles brefs et parfois même d'un ridicule achevé. Il y a aussi beaucoup trop de flous artistiques, qui avaient fait dire à un critique américain que le film semblait avoir été tourné à travers de la soupe de queue de bœuf ! Effectivement, un bon nombre d'images manquent de clarté, chose que l'on regrette bien sûr. Enfin, et malgré les effets spéciaux assistés par ordinateur en pleine évolution à l'époque, les différences de taille entre la créature en CGI et l'homme en costume sont si flagrants qu'on dirait que ce n'est pas le même animal. Ceci dit, il faut quand même saluer le perfectionnisme légendaire de Fincher, qui s'est investi personnellement pour que l'alien en CGI soit aussi regardable que possible. Il y a même fort à parier que si on lui en laissait l'occasion, il referait tout de A-Z pour enfin pouvoir en être fier.

This is Ripley, last surviving member of the Nostromo. Signing off…



Marija NIELSEN

ALIEN 3 (1992)


Titre français : Alien 3
Titre original : Alien 3
Réalisateur : David Fincher
Scénariste David Giler, Walter Hill, Larry Ferguson
Musique : Elliot Goldenthal
Année : 1992
Pays : Usa
Genre : Extraterrestre, science-fiction
Interdiction : -12 ans
Avec Sigourney Weaver, Charles Dance, Charles S.Dutton, Lance Henriksen...


L'HISTOIRE Le lieutenant Ripley a échappé au carnage sur la planète Archeron. Elle est la seule survivante du crash de la navette sur la planète Fury 161. Toute la planète a été transformée en un immense pénitencier dirigé par Andrews. Les détenus acceptent mal l'arrivée de Ripley qui pressent un danger redoutable auquel seul le médecin Clemens semble croire. Le danger existe bel et bien : un alien est tombé sur la planète avec la capsule de sauvetage de Ripley. Les prisonniers, ainsi que le médecin Clemens sont rapidement attaqués par la créature...


MON AVISDavid Fincher réalise ici une oeuvre absolument magnifique. Ce troisième volet est sans doute le plus glauque, le plus noir, et le plus personnel de la saga. Sa réalisation confine au sublime : musclée, haletante, et spectaculaire. Il n'y a qu'à voir la scène de la poursuite dans les tunnels, la caméra subjective à la place de l'alien, pour s'en assurer. L'alien est plus rapide que dans les deux précédents épisodes et les scènes gores sont bien au rendez-vous. On sent que Fincher se régale, sa caméra, énervée et précise, est tout simplement fascinante.

Ce troisième opus se différencie par l'originalité de son scénario : ceux qui combattent aux côtés de Ripley sont des criminels et non plus des soldats; et le propos nous rappelle qu'à cette époque, le monde n'a pas évolué : la délinquance et la criminalité sont toujours présentes. Une vision qui nous montre donc un monde en régression et non futuriste.

Le côté sombre du film réside principalement dans le caractère même des personnages : ces hommes enfermés sur cette planète, sans arme ni technologie, l'arrivée des scientifiques espoir de salut et qui s'avèrent être l'ennemi. On comprend rapidement qu'il n'y a aucune échappatoire et que le destin de Ripley et de ces quelques hommes est définitivement tracé.

Le jeu des acteurs (tous !) est remarquable. Sigourney Weaver est époustouflante. Crâne rasé, parfaitement musclée, elle incarne le cruel dilemme : vivre (malgré la menace qu'elle porte en elle) ou mourir. C'est une femme libre et décisionnaire, forte et sensible à la fois, femme avant d'être soldat. Et c'est précisément pour cela qu'on l'aime.




Christophe JAKUBOWICZ

ALIEN LE HUITIÈME PASSAGER

 

Titre français : Alien le Huitième Passager
Titre original : Alien
Réalisateur : Ridley Scott
Scénariste Dan O'Bannon, Ronald Shusett
Musique : Jerry Goldsmith
Année : 1979
Pays : Angleterre
Genre : Extraterrestre, science-fiction
Interdiction : -12 ans
Avec Sigourney Weaver, Ian Holm, Harry Dean Stanton, Tom Skerritt, Veronica Cartwright...


L'HISTOIRE Durant son trajet de retour vers la planète Terre, le Nostromo, énorme vaisseau cargo transportant plusieurs millions de tonnes de minerai, reçoit un signal en provenance de la planète LV-426. Aussitôt extrait de sa torpeur cryogénique, l'équipage, composé de sept personnes dont deux femmes, met un certain temps à analyser la situation, avant de comprendre avec stupéfaction qu'il n'est pas arrivé à la destination prévue. Or, le règlement est strict : quand bien même sa nature ne serait pas clairement identifiée, obligation leur est faîte de se rendre à l'origine du signal, ce afin de déceler une éventuelle trace de vie intelligente. Bien que la navette d'exploration atterrisse avec un luxe de précautions, elle doit faire face à quelques dégâts mécaniques ; pendant que les deux techniciens procèdent aux réparations, le capitaine Dallas, Lambert et Kane sortent alors à la surface tourmentée de la planète. Ils découvrent bientôt l'épave d'un vaisseau vraisemblablement crashé, et leur liaison radio et vidéo avec le lieutenant Ellen Ripley et l'officier scientifique Ash est brusquement interrompue. Continuant leur exploration, ils ignorent qu'ils en ramèneront un hôte terrifiant, qui mettra en danger la vie de tous. Mais dans l'espace, personne ne les entendra crier…


MON AVISFin des années 70, un film changeait la face de la science-fiction sur grand écran. Ridley Scott, qui avait fait ses premières armes à la télévision, n'en était alors qu'à son deuxième long-métrage cinéma, après le remarquable mais peu remarqué Duellistes, histoire d'une rivalité tenace opposant deux officiers de l'armée napoléonienne. Inutile de dire qu'en terme d'univers esthétique et de moyens financiers, passer à un projet comme celui de Alien équivalait à sauter plusieurs vitesses d'affilée. Cependant une heureuse alchimie de talents allait donner au réalisateur toute latitude nécessaire pour déployer son génie d'esthète sombre et visionnaire, donnant naissance à un classique S-F de l'angoisse et de l'horreur où la consistance du fond ne cédait rien à la réussite visuelle.

Au scénario, Dan O'Bannon, qui ré-explorait pour l'occasion des idées qu'il avait déjà esquissées pour le film de fin d'étude d'un certain John Carpenter (Dark Star) et ressortait du projet avorté de Jorodowski pour une adaptation de Dune. Dans l'équipe des effets spéciaux, H.R. Giger, qui en plus de certains décors allait tout particulièrement s'occuper de la conception d'un monstre extra-terrestre inoubliable, auquel son nom serait pour toujours associé. Et enfin une poignée d'acteurs, parmi lesquels on trouvait des pointures telles que John Hurt, Harry Dean Stanton, Ian Holm et bien entendu Sigourney Weaver, sans doute loin d'imaginer, alors, qu'elle venait de signer un contrat à vie pour se colleter à l'une des pires créatures de l'histoire du cinéma !

Peu de cinéastes peuvent se targuer d'avoir crée coup sur coup deux films aussi colossaux, aussi denses et complets qu'Alien et Blade Runner. Du détail à l'ensemble, de la technique au sens, du sens aux sensations, deux films qui ont bénéficié d'une attention d'orfèvre, dérivant dans l'imaginaire des cinéphiles comme deux astéroïdes incomparables. Toutefois, là où Blade Runner reste un monument unique et inégalé, Alien a quant à lui inauguré une saga précieuse, véritable aventure spatiale et cinématographique au long cours, sans compter les nombreux ersatz qui ont tenté de le cloner, comme si le film de Ridley Scott contenait lui-même un ADN aux vertus inépuisables. A l'image de sa créature, de ses métamorphoses et de ses métaphores, annoncées par un titre s'affichant lentement par petits bâtonnets chromosomiques, Alien se pose ainsi comme l'œuf originel d'une horreur aux fondements de ténèbres si profonds, si parlants, qu'ils lui assuraient de coloniser à travers le temps, et avec une ductilité redoutable, aussi bien les imaginations des spectateurs que les styles de réalisateurs différents.

La conception originale du monstre lui a procuré sans conteste un impact et une postérité hors du commun. Du facehugger au chestbuster, de l'arachnide bondissant lové dans son œuf à la créature infernale dotée, entre autres, d'épouvantables mâchoires sécrétrices d'où surgit un perforateur turgide et mortel, l'extraterrestre d'Alien est décliné à l'instar d'une espèce animale pourvue d'une technique de prédation et d'un cycle de croissance bien définis, où la biologie la plus évocatrice se marie à la structure et à la dynamique d'une véritable machine de guerre. Ses apparences successives – d'abord l'incubateur tentaculaire, strangulateur, et révélant d'obscènes dessous ; puis l'animalcule défonçant la cage thoracique et poussant des cris d'acier ; et enfin la créature finale, chasseur aux effrayantes facultés de dissimulation et de déplacements silencieux, dont le crâne en ogive, ainsi que la carapace noire, confinent au blindage – tout cela suscite diversement le dégoût, l'angoisse et la terreur, mais aussi la fascination. En mêlant inextricablement pulsion de vie et de mort, attributs primaires du féminin et du masculin, mécanique et animalité, Alien atteint en effet la stature d'une entité mythologique, sorte de Méduse moderne dont la dimension sacrée ne manque pas d'apparaître dans le regard de ses proies terrorisées.

Toutefois l'élaboration de l'inhumain et du monstrueux ne s'en tient pas à cette impressionnante figure prédatrice. Elle se répercute et se lie étroitement avec une technologie qui a déjà commencé à restreindre la part humaine à sa portion congrue. On le voit dès le départ, avec la réception du signal étranger reflété dans un casque inhabité, inquiétant. Le Nostromo, sorte de Léviathan surdimensionné, offre à son maigre équipage un ventre protecteur mais froid et exigeant, dans lequel prolifère, tel un cancer bien ordonné, une mécanique et une électronique complexes, sophistiquées, compartimentées entre des aires de détente pour tous et des lieux de travail spécifiques pour chaque catégorie d'employés (géode d'accès illuminée au logiciel nommé Maman, laboratoire de recherche immaculé, cabine de pilotage sombre, cale des ouvriers poisseuse). Une société technocratique modèle réduit, où il n'est question que de primes, de procédures et de protocoles, le seul trait humain consistant éventuellement… à se plaindre, à se moquer ou à récriminer. Aucune aventure sentimentale ni sexuelle n'est même suggérée, ce qui aurait pourtant été très facile. Mais devant une menace qui fait figure de brusque retour du refoulé, d'autres caractéristiques humaines se manifesteront pourtant (peur, courage, tristesse, lâcheté), au grand dam d'un androïde qui les stigmatisera de façon éloquente, avouant son admiration pour l'alien : Un spécimen qui n'est pas souillé… par la conscience, le remords, les illusions de la moralité. Notons à ce propos que Nostromo est le titre éponyme d'un roman de Joseph Conrad, dans lequel le personnage finissait par se soumettre aux intérêts d'une compagnie minière. Après les Duellistes, adapté d'une nouvelle du même écrivain, Ridley Scott poursuivait donc une enquête humaniste et morale, de plus en plus sombrement teintée, qui allait se poursuivre avec Blade Runner.

Voilà qui demandait encore une invention : celle d'un personnage appelé à devenir récurent, et qui aurait la difficile charge de représenter une humanité qui résiste, non seulement au monstre, mais au consortium stipulant que l'équipage peut être sacrifié au profit de la science, du commerce et des armées. Ce personnage, tout le monde le sait, est une femme. Non pas tant qu'elle représente l'avenir de l'homme, puisque ces derniers… meurent… Et puis, ce ne serait guère original, la science-fiction ayant déjà depuis longtemps repris à son compte l'injonction surréaliste, multipliant comme des petits pains les femmes et leurs enfants sauveurs… Alien ne donne pas dans cet optimisme niais, et c'est au contraire en s'affranchissant de ses dernières illusions sur Maman que le lieutenant Ellen Ripley se sauve elle-même – elle, et un chat. On peut lire également, dans cette émergence d'un caractère pas si en phase que ça avec l'évolution de la société, sinon de façon critique, une remise en cause et une redistribution des valeurs masculines et féminines. Hommes et femmes classiques, si l'on peut dire, restent les dupes de leur propre système et ne peuvent rien contre le terrible hybride symbolique que représente l'alien. A l'inverse, avec son physique à la fois élancé et solidement charpenté, son visage carré aux traits fins, Sigourney Weaver incarne avec force et intelligence une androgynie efficace des qualités humaines (esprit d'analyse et de critique, sensibilité et contrôle de soi, capacité d'autorité et d'indépendance, prise de décision et passage à l'action, peur et courage), là où une Lambert, par exemple, se cantonne dans un pathos qui signera son arrêt de mort. Un sujet qui trouverait des illustrations différentes avec James Cameron, David Fincher ou Jean-Pierre Jeunet, mais qui allait être une constante de la saga.

Mais l'invention macabre et la richesse thématique seraient impuissantes en elles-mêmes à faire un bon film, si elles ne s'inscrivaient pas dans une esthétique et une mise en scène à la hauteur du sujet. Et là encore, on peut dire qu'Alien et Blade Runner forme un doublet prestigieux. Alliant une richesse plastique sans précédent et une orchestration dramatique prenante, ils dépassent aussi bien la pure contemplation métaphysique d'un "2001 l'odyssée de l'espace" que le divertissement trépident des Star Wars. La conception d'ensemble des décors, des éclairages et des ombres (véritable matière chez Scott), jusqu'aux moindres petits détails, contribue à donner une épaisseur concrète à ces lieux futuristes, qui ne sont pas simplement là pour nous en mettre plein la vue, mais pour emprisonner le spectateur dans une réalité nouvelle, aux atmosphères différentes et palpables. Les bruitages et la musique sont également de la partie, Jerry Goldsmith intégrant dans ses partitions des sons étranges tandis que les borborygmes des consoles, les chuintements des portes ou des respirateurs, le souffle des vents violents ou des lance-flammes, etc., créent d'eux-mêmes une texture musicale omniprésente et stressante, qui achèvera d'exploser dans les cris inarticulés et les sonneries d'alarmes. Car tout s'organise dans Alien avec un art aigu de la progression, le cinéaste ayant opté pour un climax absolument parfait, véritable Boléro de l'angoisse.

A cet effet, Ridley Scott prend le parti pris osé de commencer avec une lenteur extrême, dans un silence quasi-total, la petite mélodie de Jerry Goldsmith et les bruitages suffisant à distiller insidieusement au spectateur une sorte d'inquiet recueillement. C'est sur cette base désertique, Grand Espace et Vaisseau Fantôme, que le moindre événement prend aussitôt une dimension alarmante, sécrétant de brèves et brusques montées de stress. La suite ne démentira pas ce procédé, alternant plages de développement et fausses accalmies avec des irruptions surprenantes qui font dresser les cheveux sur la tête ou qui prennent à la gorge. A chaque stade de la croissance de l'alien, à chacune de ses attaques, Scott joue avec maestria de l'observation partielle ou plus approfondie, du silence ou du vacarme (en passant par le bruitage d'un battement de cœur aussi simple qu'efficace), dans un jeu de cache-cache qui nous empêche à chaque fois de nous rassurer en croyant avoir pris pleine mesure du monstre et des horreurs qu'il inflige. Ainsi l'éprouvante scène du repas, sans la moindre musique, peut tout montrer crûment, elle ne sera d'aucune aide pour la suite, où les morts sont filmées à chaque fois d'une façon qui frustre le regard et augmente d'autant la panique (montage ultrarapide d'inserts gores, surgissement, prises de vues périphériques ou carrément élimination de l'image au profit des cris suppliciés). Un art extraordinaire du suspens, de la suggestion et du dévoilement, qui culminera dans la dernière scène, à travers le regard d'une Ripley dont les ressources auront été singulièrement mises à nues !

Pour toutes ces raisons, Alien, le Huitième Passager constitue dans le paysage cinématographique ce qu'on peut appeler un coup de maître, et ses qualités lui ont valu, à juste titre, une réputation qui dépasse largement le cercle des fans de genre pur et dur. Espérons qu'il demeurera toujours une référence, un signal inextinguible à l'égard d'une industrie qui oublie trop souvent qu'elle peut produire de véritables œuvres d'art.




Stéphane JOLIVET