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AFFAMÉS (2021)

 

Titre français : Affamés
Titre original : Antlers
Réalisateur : Scott Cooper
Scénariste Henry Chaison, Scott Cooper, Nick Antosca
Musique : Javier Navarrete
Année : 2021
Pays : Usa, Mexique, Canada
Genre : Monstre
Interdiction : -12 ans
Avec Keri Russell, Jesse Plemons, Jeremy T. Thomas, Graham Greene...


L'HISTOIRE : Julia Meadows, institutrice dans une petite ville minière de l'Oregon, pense que Lucas Weaver, un de ses élèves, est maltraité par son père avec qui il vit en compagnie de son jeune frère Aiden, qui lui, n’est plus scolarisé. Elle va alors enquêter sur ce mystère avec son frère Paul, le shérif local, avec qui elle est revenue habiter dans la maison familiale après une longue période et surtout un traumatisme ancien toujours pas digéré. Ils vont ainsi découvrir le secret du jeune écolier, mais ce ne sera pas sans conséquences...


MON AVIS Sur le papier, le projet a tout pour plaire car il est porté par le nom prestigieux de Guillermo Del Toro en tant que coproducteur, celui de Nick Antosca connu en tant que scénariste (le métrage est d’ailleurs adapté de sa nouvelle The Quiet Boy) et ayant notamment officié sur la série horrifique Channel Zero et celui de Scott Cooper, un réalisateur ayant déjà fait ses preuves dans des genres très différents (Les Brasiers de la Colère, Strictly Criminal, Hostiles). Ce dernier est surtout doué pour ancrer ses films dans le réel, alors le voir à la tête d’un film d’horreur peut paraître surprenant, mais sa capacité à passer d'un style à un autre pour explorer la noirceur humaine trouve néanmoins ici une évolution logique avec l'idée de la concrétiser dans quelque chose qui n'a justement plus rien d'humain à l'écran, le Wendigo. Ainsi, ce projet avait de quoi attiser la curiosité, d’autant que le long-métrage bénéficiait d’un décor naturel splendide, celui de l'Oregon froid et pluvieux, plutôt sinistre écrasant parfois ses protagonistes, précisément dans une ville minière frappée par la crise économique entraînant parfois ses habitants dans des actes illégaux et où l’on cherche tant bien que mal à réhabiliter la filière du charbon.

Alors certes, comme attendu chez Scott Cooper, l'horreur est avant tout là pour stigmatiser les vices les plus sombres de l'homme et il faut reconnaître que le concept choisi pour les mettre en avant est très habile dans une ambiance désespérée au possible, le misérabilisme de la famille Weaver faisant écho à celui des Meadows, l'institutrice et son frère ayant également connu la maltraitance au sein de leur famille lorsqu'ils étaient plus jeunes. En cela, Affamés est un film d'horreur qui possède une dimension sociale louable.

En outre, côté casting, si celui-ci est mené par la trop rare Keri Russell (Dark Skies) et la valeur sûre Jesse Plemons (vu dans la série Fear itselfJungle Cruise ou la série Love & Death avec Elizabeth Olsen), c’est l’interprétation de Jeremy T. Thomas qui retiendra toute l’attention. Ce dernier incarne, en effet, avec brio et beaucoup de justesse, Lucas Weaver, un petit garçon famélique, triste et terrifié par les épreuves qu'il traverse mais qui, par la force des choses, se sent investi d’une mission : celle d’aider son père et son petit frère, tous deux malades. Encore un enfant qui a grandi trop vite en somme…

Par ailleurs, le film comporte quelques meurtres bien gore et sans distinction aucune de l’âge des victimes et la créature est pourvue d’un design tout à fait remarquable alors que ses manifestations physiques, qu’elles soient des attaques ou des transformations, sont toujours réussies avec la plupart du temps des effets spéciaux qui privilégient le réel aux CGI, ce qui renforce le côté immersif et vériste de l’ensemble.

Malheureusement, malgré toutes ces belles aptitudes qui tendaient à faire de Affamés une proposition vraiment originale, l’ensemble retombe assez vite dans les travers du genre : certains personnages qui décident de foncer seuls dans la gueule du loup, des duels qui n'ont pas de sens tant ils paraissent déséquilibrés et surtout, un final qui tombe vraiment dans la facilité avec un rebondissement commun laissant une dernière fois un léger goût amer sur ce qu'aurait pu être cet Affamés, à ne pas confondre avec celui de 2009, sorte de huis clos asphyxiant dans lequel les gens étaient poussés au cannibalisme par un psychopathe, tout un programme !

Affamés (originellement connu par Antlers, traduisible par Bois chez les américains) est un titre dont la traduction ne reflète pas vraiment le film ou tout du moins en dit trop ou pas assez. En tout cas, c’est un long-métrage qui mélange le thème de la maltraitance infantile avec celui de la légende amérindienne, celle d’une entité vengeresse des hommes, le Wendigo. Si l’enquête est assez bien troussée et bien glauque par moments, que la créature possède un look effrayant donc réussi, on pourra regretter que l'héroïne enfile, une fois n’est pas coutume dans ce type de production, le costume de la sauveuse affrontant les événements avec un courage à toute épreuve. De plus, le dénouement est trop classique voire évident pour un film d’horreur qui voudrait se démarquer du lot ! Malgré cela, on pourra retenir l’ambiance délétère, le jeu des acteurs (dont celui du jeune garçon incarnant Lucas), deux, trois meurtres graphiquement bien rendus, mais on pourra déplorer aussi que le réalisateur ait été un peu trop paresseux dans l’ensemble car on sent qu’il avait le potentiel de rendre quelque chose de plus original voire frontal ! Bref, un mythe bien pensé avec un scénario pas à la hauteur pour un film d'horreur correct qui ne sortira malheureusement pas du lot, même s’il fera tout de même oublier les navets abordant la légende du Wendigo de Larry Fessenden sorti 20 ans avant celui objet de cette chronique et surtout celui de Paul Kener de 1978, considéré par tout cinéphile qui se respecte comme un nanar intersidéral de premier ordre !




Vincent DUMENIL

LE MONSTRE QUI VIENT DE L'ESPACE (1977)

 

Titre français : Le Monstre qui vient de l'Espace
Titre original : The Incredible Melting Man
Réalisateur : William Sachs
Scénariste : William Sachs
Musique : Arlon Ober
Année : 1977
Pays : Usa
Genre : Science-fiction, Horreur, Monstre
Interdiction : -16 ans
Avec : Alex Rebar, Burr DeBenning, Myron Healey, Michael Alldredge, Ann Sweeny...


L'HISTOIRE : Des astronautes en mission d'exploration des anneaux de Saturne sont victimes de fortes radiations. Seul Steve West parvient à rester vivant. Hospitalisé dans le plus grand secret dans la clinique du docteur Ted Nelson, il s'échappe après avoir découvert les ravages provoqués par les radiations sur son corps. Devenu un monstre hideux qui se désagrège lentement, Steve West déambule dans la nature et massacre tous ceux qui ont le malheur de croiser sa route. Le docteur Nelson, accompagné par le général Perry, va tenter de trouver Steve West afin qu'il ne commette d'autres meurtres...


MON AVIS : Tiens, voilà un scénario qui n'est pas sans nous rappeler le film Le Monstre, réalisé par Val Guest en 1955 pour le célèbre studio britannique Hammer Film. On retrouve en effet pas mal de points communs entre ce film et Le Monstre qui vient de l'Espace. Ce dernier a été mis en scène et scénarisé par William Sachs, réalisateur peu prolifique qu'on connaît principalement pour le film dont on parle ici et Galaxina (1980). Réalisé en 1977, Le Monstre qui vient de l'Espace, ou The Incredible Melting Man en V.O., est une série B à petit budget, qui n'entrera pas au panthéon des œuvres marquantes, loin s'en faut, mais qui possède un certain charme suranné qui lui permet de s'en tirer avec les honneurs, même revue en 2023. 

Niveau casting, on a pas grand monde de connu si ce n'est Burr DeBenning, acteur apparu dans une pléiade de séries-télévisées  mais aussi dans Freddy 5 en 1989 et Myron Healey, acteur à l'impressionnante filmographie comprenant 322 entrées, ayant débuté sa carrière en 1943 ! Ils jouent respectivement le docteur Ted Nelson et le général Perry, les deux personnages principaux qui vont tout faire pour retrouver notre astronaute gluant et meurtrier. Ce dernier est interprété par Alex Rebar, qui passera quasiment tout le film sous un épais maquillage, hormis lors de la séquence introductive à bord de la fusée en mission dans les anneaux de Saturne. On notera également au casting un certain Jonathan Demme, qui était déjà réalisateur à l'époque. Oui, oui, le réalisateur du Silence des Agneaux et de Philadelphia, tout à fait ! 

Le film de William Sachs, de par sa structure même, pourrait être vu comme une sorte de slasher puisque notre monstre irradié va déambuler dans la forêt et aux abords des maisons et assassiner tous ceux qu'il va croiser. On aura droit à quelques petits effets gore assez inoffensifs mais plaisants comme cette tête décapitée qui suit le courant de la rivière et tombe d'une cascade par exemple. Les victimes s'enchaînent et la course-poursuite n'en finit pas, le monstre parvenant à échapper à chaque fois aux hommes qui le traquent. Le scénario propose donc peu de péripéties et se contente du minimum syndical en terme de rebondissements. 

Sachs meuble comme il peut pour faire tenir son film sur la durée et le spectateur suit sans trop d'ennui ce qu'on lui propose, sans être transcendé non plus par ce spectacle un peu laborieux. Heureusement, Le Monstre qui vient de l'Espace possède une personne au sein de l'équipe technique qui lui permet de ne pas sombrer dans l'oubli et rehausse son intérêt : Rick Baker. Un nom qui ne peut vous être inconnu si vous vous intéressez au cinéma fantastique puisque c'est à lui qu'on doit d'innombrables maquillages qui ont fait passer les films sur lesquels il est intervenu à la postérité. On citera, à simple titre d'exemple, Furie (1978), Terreur Extra-Terrestre (1980), Au-delà du Réel (1980), Massacres dans le Train Fantôme (1981), Le Loup-Garou de Londres (1981) bien sûr ou bien encore Videodrome (1983) ou le clip Thriller de Michael Jackson. Pour Le Monstre qui vient de l'Espace, il a conçu un maquillage ultra crade, dégoulinant de partout, représentant parfaitement le suintement de cette peau irradiée qui ne cesse de fondre. C'est vraiment ses effets de maquillages qui donnent toute sa faveur au film de Sachs et on peut dire qu'ils sont plus que réussis. On en arrive même à ressentir un peu d'empathie pour ce pauvre astronaute qui devient ce monstre horrible sans qu'il puisse y faire quelque chose, tant sa décrépitude est ignoble et ce n'est pas la scène finale qui viendra prouver le contraire. 

Avec sa superbe affiche française, Le Monstre qui vient de l'Espace se savoure tranquillement et si son interdiction aux moins de 18 ans à l'époque de sa sortie paraîtra plutôt exagérée, le travail de Rick Baker satisfera les amateurs de monstre répugnant  et leur permettra de passer un moment sympathique à défaut d'être inoubliable.




Stéphane ERBISTI