Titre français : 13 Notes en Rouge
Titre original : 13 Notes en Rouge
Réalisateur : François Gaillard
Scénariste : Guilhem Sendras, François Gaillard
Musique : Double Dragon, Eroina, Two Sparks, Camille Griot, NicolasVerdoux
Année : 2022
Pays : France
Genre : Giallo, horreur
Interdiction : -16 ans
Avec : Jeanne Dessart, Marine Bohin, Stanyslawa Ciesielska, Julien Quaglierini...
L'HISTOIRE : Charlotte se réveille dans une chambre remplie de poupées en porcelaine. Fatiguée, elle se prélasse dans son lit tout en écoutant sa colocataire Chloé avoir un ébat sexuel. Jusqu'au moment où les gémissements de plaisir deviennent de cris de peur et de douleur. Impuissante, Charlotte ne peut rien faire pour sauver son amie qui est massacrée dans la pièce avoisinante par un homme au corps musclé et habillé en tenue SM. Une fois son oeuvre accomplie, ce dernier demande à Charlotte de lui rendre ce qu'elle lui a pris. Ne comprenant rien à ce qui est en train de se passer, la jeune fille tente de se remémorer sa journée en compagnie de Chloé, quand elles se sont rendues à une soirée de luxe...
MON AVIS : C'est toujours un réel plaisir que de découvrir un nouveau film indépendant mis en scène par un réalisateur passionné. Le Montpelliérain François Gaillard fait donc son retour après nous avoir régalé avec Blackaria, Last Caress ou le court-métrage Die, Die my Darling, trois gialli dont les titres ont été pioché dans la discographie de Glenn Danzig. Le giallo est le genre de prédilection de François Gaillard, et il en connaît les différents codes sur le bout des doigts. Ses connaissances de ce genre très prisé des amateurs de cinéma de genre, ils s'en sert à merveille dans les films qu'il réalise, faisant preuve d'un sens de l'esthétisme assez hallucinant pour ce type de production à faible budget.
L'annonce du tournage de 13 Notes en Rouge avait donc de quoi attirer l'attention, surtout que, pour une fois, le titre choisi ne fait pas référence à une chanson de Danzig ! Sacrilège !? Le réalisateur aurait-il vendu son âme au Diable ? On lui pardonnera rapidement cette petite infidélité puisque, cette fois, c'est à Lucio Fulci qu'il rend hommage, le titre faisant référence au Sette Notte in Nero, soit L'Emmurée Vivante, que réalisa le maestro italien en 1977.
Sur un scénario assez tarabiscoté, dû à Guilhem Sendras et François Gaillard, 13 Notes en Rouge démontre à nouveau tout le talent de son réalisateur, son efficacité dans la mise en scène de séquences fantasmagoriques et sa virtuosité à composer des plans d'une réelle beauté picturale. On ressent tout l'amour du cinéma de Dario Argento et consorts ici, avec des plans stylisés à l'extrême (la lame qui surgit du trou de la serrure, à deux doigt de pénétrer dans l’œil de l'héroïne, incroyable !) dans lesquels le soin apporté à l'éclairage et aux couleurs n'a pas été fait à l'aveuglette et fait preuve d'une minutie de tous les instants. 13 Notes en Rouge est visuellement sublime, même un aveugle s'en rendrait compte.
Rien n'a été laissé au hasard dans le choix des costumes, dans la disposition des divers éléments de décors et on reste vraiment frappé par l'esthétisme magnifique qui se dégage des images proposées. Pour ceux qui ont vu les précédents films de François, on sait tous que les dialogues ne sont pas ce qui l'intéresse le plus et c'est également valable pour ce nouveau film, un point qu'on mettra dans les petites faiblesses de 13 Notes en Rouge mais le reste rattrape largement ce petit malus.
L'histoire, comme déjà dit plus haut, est assez labyrinthique et nous perd souvent dans ses dédales, on ne sait pas si l'héroïne vit vraiment ce qu'elle subit, si elle est plongée dans un rêve érotico-gore ou même si, à l'image du Haute Tension d'Alexandre Aja, elle ne serait pas en réalité le tueur sadique du film, perdu dans les délires de sa psyché. Un mystère typiquement giallesque, que je ne vous dévoilerai évidemment pas ici. Charlotte, l"héroïne du film donc, est interprétée par la charmante Jeanne Dessart et ses magnifiques cheveux rouges quand son amie Chloé est jouée par la non moins charmante Marine Bohin. Les deux actrices assurent le job et on imagine bien que le tournage n'a pas du être de tout repos pour elles, vu ce que leur fait subir ce sadique de réalisateur !
Le récit intègre des flashback nous révélant leur journée et quel est donc l'élément que veut absolument récupérer le tueur, que les filles ont apparemment volé lors d'une soirée festive dans un appartement luxueux. Un vol qui entraîne un déferlement de violence parfaitement orchestré par l'un des virtuoses français des effets-spéciaux et de maquillage, le sympathique David Scherer bien sûr. Amateurs de tripailles et de geyser de sang frais, 13 Notes en Rouge devrait largement vous satisfaire, le film étant des plus généreux à ce niveau, avec par exemple une scène horrible avec un chalumeau cramant le visage d'une pauvre fille, le tout exposé en plein écran, avec la peau qui rougit, qui se met à fondre et j'en passe et des meilleurs ! On comprend aisément la présence du terme rouge dans le titre et on est pas volé sur la marchandise, c'est le moins que l'on puisse dire ! On a même un peu d'érotisme, avec quelques seins dévoilés et même un nu intégral, autant féminin que masculin, pas de jaloux comme ça !
La présence d'animaux peu sympathiques (araignées, scorpions, python) parcourant des corps féminins m'a bien fait grincer des dents, bravo aux actrices qui ont enduré cette torture de tous les instants ! Avec des tas de clins d'oeil à ses films préférés, 13 Notes en Rouge tire son épingle du jeu et prouve qu'avec de la passion, une réelle technique derrière la caméra, du système-D et une vraie vision du genre, la France peut faire de bons films de genre, même dans le domaine du cinéma indépendant et sans gros moyens financiers. On aimerait que des producteurs soutiennent ce type de réalisateurs et leur offrent un vrai budget pour concrétiser encore plus leurs délires et leurs idées folles.
Quoiqu'il en soit, sans être un film parfait (j'ai moins accroché à la scène de l'agression avec les filles en roller par exemple), 13 Notes en Rouge s'avère très réussi, bénéficie d'une bande sonore de grande qualité qui colle parfaitement aux images et à l'ambiance et j'espère qu'il pourra bénéficier d'une sortie sur support physique pour être découvert par le plus grand nombre. Bravo m'sieur Gaillard !
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