ACTION OU VÉRITÉ (2018)

 

Titre français : Action ou Vérité
Titre original : Action ou Vérité
Réalisateur : Jeff Wadlow
Scénariste : Jeff Wadlow, Michael Reisz, Jillian Jacobs et Chris Roach
Musique : Matthew Margeson
Année : 2018
Pays : Usa
Genre : Thriller, Diable et démons
Interdiction : -12 ans
Avec Lucy Hale, Violett Beane, Tyler Posey, Hayden Szeto, Sophia Taylor Ali...


L'HISTOIRE : Partis au Mexique pour faire la fête, une bande d’amis va faire la rencontre d’un certain Carter qui va les initier à un jeu intitulé Action ou Vérité. Alors que les jeunes gens prennent plaisir à se lancer des défis, ces derniers vont rapidement se rendre compte qu’une malédiction les poursuit depuis qu’ils jouent à ce jeu. Un jeu dont ils ne peuvent plus se défaire, ce dernier les conduisant à une mort certaine s’ils refusent de jouer, s’ils mentent sur une question de type Vérité ou encore s’ils refusent de se plier à l’action demandée...


MON AVISNous ne présentons plus aujourd’hui BlumHouse Productions, une société de production fondée par le producteur Jason Blum et dont la méthode de travail consiste à produire des thrillers fantastiques et des films d’horreur à petits budgets en grande quantité, avec du bon et du moins bon, voire du médiocre !

Focalisons-nous donc sur l’une de leurs multiples productions, à savoir Action ou Vérité. Réalisé par un certain Jeff Wadlow, à qui l’on doit notamment Cry Wolf et Kick-Ass 2, voilà encore une preuve que Jason Blum sait faire des bénéfices. En effet, Action ou Vérité sera un gros succès dès sa première semaine d’exploitation dans les salles américaines, le film rapportant quasi six fois son budget en une dizaine de jours seulement.

La clé de ce succès ? Difficile à dire car ce thriller surnaturel n’a pourtant pas que des qualités, loin de là même. Mais une bonne publicité sur le Net, des bandes-annonces laissant deviner de sympathiques jumpscares et une histoire de jeu maudit (on pense inévitablement à Jumanji ou à Ouija plus récemment, autre gros succès de la firme BlumHouse Productions) suffisent à attirer un public majoritairement adolescent.

Car oui, nous avons ici un pur produit destiné à un public jeune et de ce côté-là force est de constater que le contrat est plutôt bien rempli ! Casting jeune et séduisant, histoires d’amourettes et de cachotteries, jumpscares en nombre conséquent, intrigue relativement accessible... Tout semble présent pour plaire à des amateurs de films d’horreur en herbe et pourquoi pas même aux moins exigeants parmi les fanatiques du fantastique.

Le début-même du film de Jeff Wadlow n’annonçait rien de bien folichon, avec sa bande de jeunes qui partent faire la fête après une année d’études bien remplie et qui décident de jouer à un jeu tout aussi puéril que celui de la bouteille :  Action ou Vérité. Gags vaseux entre les compères, défis mettant en scène des épreuves de nudité, de déhanchés ou de roulages de pelles, rien ne laisse présager autre chose qu’un film estampillé ado dans ces vingt premières minutes de film.

Après cela n’empêche que le film peut s’avérer intéressant sous plusieurs aspects. Premièrement, le rythme est plutôt bien dosé ; l’intrigue se mettant en place assez vite, de manière simple et linéaire au départ pour progressivement donner lieu à des péripéties et quelques (rares) effets de surprises bienvenus au fur et à mesure que l’histoire avance.

Ensuite, notons que le scénario est très fluide, présente assez peu d’incohérences (quelques réactions illogiques de personnages de temps à autres mais rien de bien alarmant à ce niveau) et propose même quelques touches d’originalité bienvenues (un jeu maudit qui va dévoiler au grand jour des secrets bien gardés au sein d’un groupe d’amis qui va alors exploser sous le poids de révélations d’ordre familial ou émotionnel).

Enfin, au niveau de l’ambiance, il faut bien avouer que le film parvient par moments à nous faire monter le trouillomètre le temps de quelques séquences haletantes ponctuées d’un ou plusieurs jumpscare(s) savamment dosé(s), même si certains il est vrai sont parfois amenés avec de bonnes grosses ficelles. Les hallucinations des protagonistes en proie au démon du jeu maudit sont certes réalisées avec des moyens simples (des distorsions de visages facilement réalisables par logiciel) mais le résultat est à la hauteur de nos attentes (certains faciès grimaçants sont carrément flippants) et c’est bien là le principal !

Pour finir, la fin du film, certes expéditive, s’avère intelligente, amorale et cruelle, avec en fond une critique des réseaux sociaux bienvenue.

Alors pourquoi cet avis se termine-t-il donc sur une note mitigée ? Hé bien tout simplement parce que la mayonnaise peine à prendre ici et parce que nos quatre scénaristes semblent ne pas avoir été au bout de leurs idées. Une alchimie défaillante due en grande partie à un manque de crédibilité, des facilités scénaristiques dommageables et une touche probablement trop teenageuse (voire à l’eau de rose) dans le scénario. Je m’explique : je parlais quelques paragraphes avant d’un scénario fluide. Peut-être justement cette intrigue est-elle trop linéaire, trop prévisible par moments (à la différence par exemple d’un Destination Finale qui joue sur les surprises et les rebondissements lorsque la mort possible d’un protagoniste est annoncée). Les morts ou accidents se succèdent mais sont souvent téléphonés, à quelques rares exceptions près, car les péripéties sont là mais sont devinées souvent quelques minutes avant qu’elles n’interviennent.

Oui le film est original par moments et cette idée de base comme quoi des secrets sont dévoilés et brisent progressivement des liens d’amitié entre nos protagonistes est une idée qui aurait pu causer bien plus de dégâts au sein de notre groupe de jeunes. Les mises à mort (à l’exception de cervicales frappées lourdement contre une table de billard) notamment ne sont peut-être pas assez graphiques, intenses et violentes : le film reste soft et flirte plus volontiers avec les vérités (mensonges, trahisons, secrets cachés, vices dévoilés...) - nous distillant au passage quelques dialogues bien creux – qu’avec les actions (là où nous attendions peut-être des séquences chocs). Nous nous retrouvons alors avec un démon qui semble préférer jouer de ces gamineries et de ces cachotteries d’ados lors de phases de Vérité plutôt que de lancer des duels plus physiques et musclés entre nos protagonistes lors de phases d’Action. En ressortent des séquences un brin enfantines par moments (après avoir entendu qu’elle plaisait au mec de sa meilleure amie lors d’une phase de Vérité, notre héroïne va coucher avec lui lors d’une phase d’Action pour ne pas mourir... Quelle histoire !)

Dommage également que certains passages manquent clairement d’intérêt (la séquence où une fille se saoule sur le toit d’une maison lors d’une phase d’Action est un brin longuette) et que la dernière partie du film, avant le final plutôt réussi, soit un peu bancale pour ne pas dire risible avec cette histoire de démon et de sacrifice légèrement tirée par les cheveux et avec certaines incohérences dans le combat final contre le démon.

Au final, Action ou Vérité est un pur produit estampillé ado. A ce niveau-là, le film de Jeff Wadlow s’en sort plutôt bien et semble remplir correctement le cahier des charges d’une telle production. Mais seulement voilà, le public friand de films fantastiques ne s’y prendra pas (où alors presque pas) et verra en Action ou Vérité un petit film certes rythmé, original en bien des points et à l’ambiance pesante parfois bien rendue mais malheureusement pas suffisamment méchant et surprenant. Dommage...




David MAURICE

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