Titre français : Les Ailes de la Renommée
Titre original : Wings of Fame
Réalisateur : Otakar Votocek
Scénariste : Herman Koch, Otakar Votocek
Musique : Paul M. van Brugge
Année : 1990
Pays : Pays-Bas
Genre : Insolite
Pays : Pays-Bas
Genre : Insolite
Interdiction : /
Avec : Peter O'Toole, Colin Firth, Marie Trintignant, Walter Gotell, Maria Becker...
L'HISTOIRE : Tué par la chute d’un projecteur après avoir abattu la star de cinéma César Valentin, coupable à ses yeux de s’être approprié son œuvre, l’écrivain Brian Smith débarque sur une île perdue dans les limbes, quelque part entre la vie et la mort. Il y retrouve non seulement sa victime, mais croise aussi d’autres illustres défunts, tous pensionnaires d’un gigantesque hôtel régi par des règles particulières. Les personnalités présentes dans la mémoire des vivants bénéficient de tout le confort dû à leur rang, tandis que ceux dont le souvenir décline croupissent désormais dans d’insalubres mansardes…
MON AVIS : Présenté lors du festival du film fantastique d'Avoriaz en 1991, Les Ailes de la Renommée y reçu deux récompenses : le prix spécial de l'étrange et le prix de la critique. Pourtant, cette oeuvre réalisée par le Pragois Otakar Votocek et produite par Dick Maas (réalisateur de L'Ascenseur, Amsterdamned, Saint ou Prédateur entre autres) demeure très méconnue et a fini par sombrer dans ce qui représente la thématique même du film : l'oubli. Une bonne idée donc de la part du journaliste Marc Toullec et de l'éditeur ESC Distribution que de l'avoir exhumé des limbes pour le remettre dans la lumière. Personnellement, je ne l'avais jamais vu et c'est donc chose faite à l'heure où j'écris ces quelques lignes pour vous le présenter. L'idée du scénario est franchement excellente : les célébrités, de toutes origines et de tout domaine artistique (littérature, cinéma, médecine, peinture, musique et j'en passe) se retrouve, une fois décédées, sur une île curieuse possédant un grand hôtel de luxe mais aussi des chambres délabrées au niveau inférieur.
Après avoir débarquées sur l'île par bateau (référence directe à la traversée du Styx bien sûr, l'embarcation étant dirigée par un homme vêtu de noir et au faciès inquiétant), un réceptionniste va fournir une clé aux nouveaux arrivants, leur permettant d'accéder à leur chambre. Une chambre, et c'est là toute l'originalité du film, choisie en fonction du degré de popularité du défunt chez les vivants. Qui plus est, cette chambre n'est pas acquise et l'occupant peut se voir déloger (par la force) et reclasser, soit à un étage supérieur (avec une chambre plus luxueuse encore) soit à des étages inférieurs, dans des pièces vétustes voir carrément insalubres, et ce, toujours en fonction de sa notoriété dans le monde des vivants. Nul doute qu'Albert Einstein (qu'on croise dans le film !) gardera longtemps sa jolie chambre quand d'autres stars tombent dans l'oubli et se voient reléguées dans les sous-sols. Ce sera le triste sort réservé à un peintre à un moment du film, célèbre avant sa mort puis qui voit sa côte de popularité sombrer irrémédiablement après celle-ci, ses peintures ne se vendant plus et son aura étant remplacé auprès du public des vivants par celui d'un certain Salvadore et d'un certain Pablo. Vers la fin du film, on assiste même à une étrange cérémonie, réunissant toutes les personnalités qui vivent sur l'île, et qui se solde par la mise au rebut pure et simple des stars qui sont totalement tombées dans l'oubli de la mémoire collective et qui doivent donc quitter l'île.
Avec ce film de Otakar Votocek, on est en présence d'un fantastique poétique et Les Ailes de la Renommée est en effet un beau film, très épuré dans sa mise en scène, qui refuse toute démonstration surnaturelle, qui évite toute utilisation d'effets-spéciaux. Cette recherche de réalisme, alors que le film est purement du domaine du fantastique, provoque chez le spectateur une impression d'étrangeté palpable, ce dernier se demandant si on est dans un rêve, si on est vraiment dans une sorte de purgatoire, de salle d'attente avant la destination finale ou si, comme le pense le personnage jouée par la ravissante Marie Trintignant, qui refuse sa mort, l'île et l'hôtel ne seraient que la façade d'un hôpital psychiatrique. Outre la jeune actrice française, les deux personnages principaux du film sont Peter O'Toole et le jeune Colin Firth. D'après Marc Toullec, c'est le talentueux acteur de Lawrence d'Arabie qui aurait contacté en personne Otakar Votocek pour avoir le rôle de César Valentin, un acteur imbu de sa personne, sur de lui et qui ne vit que pour la célébrité.
On ne sait pas comment O'Toole a eu le scénario entre les mains, toujours est-il qu'il a été retenu et qu'il livre ici une admirable composition, qui se conclura sur une très jolie scène que je ne vous dévoilerai pas mais qui est vraiment émouvante. Colin Firth interprète quant à lui le meurtrier de Cesar Valentin et on va découvrir la véritable raison de son acte au fur et à mesure de l'histoire. Etant réunis tous les deux sur l'île, ils vont commencer une relation évolutive, philosophique même, sur le succès, la starification, ses aspects positifs comme négatifs mais aussi la mort, la reconnaissance du public et donc l'oubli dans lequel on peut tomber. Métaphorique, onirique et original, Les Ailes de la Renommée mérite d'être découvert et de sortir de son anonymat car c'est un bien joli film.
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