Affichage des articles dont le libellé est 90's. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est 90's. Afficher tous les articles

BATMAN FOREVER (1995)

 

Titre français : Batman Forever
Titre original : Batman Forever
Réalisateur : Joel Schumacher
Scénariste : Janet Scott Batchler, Lee Batchler, Akiva Goldsman
Musique : Elliot Goldenthal
Année : 1995
Pays : Usa, Angleterre
Genre : Super-héros
Interdiction : /
Avec Val Kilmer, Tommy Lee Jones, Jim Carrey, Nicole Kidman, Chris O’Donnell, 
Michael Gough, Pat Hingle, Drew Barrymore...


L'HISTOIRE Batman, super-héros mi-homme mi-chauve-souris, sème la panique chez les bandits, cambrioleurs et autres violeurs arpentant les rues de Gotham City. Alors qu’il nettoie la ville de toute cette vermine, Bruce Wayne, alias Batman, va apprendre l’évasion de Double-Face de l’asile d’Arkham. Cette brute sans morale s’est en effet juré de l’éliminer, persuadé que l’homme chauve-souris est coupable de sa défiguration. Afin de parvenir à ses fins, Double-Face va s’allier à un scientifique totalement déjanté du nom d’Edward Nygma, qui se fera appeler Homme Mystère et s’avérera être l’un des pires ennemis que Gotham City ait pu connaitre, ce dernier ayant le pouvoir de manipuler les cellules cérébrales et ainsi les pensées des habitants de la ville…


MON AVIS Après deux épisodes fort réussis de l’homme chauve-souris sur grand écran, Batman et Batman le défi en 1989 et 1991, tous deux réalisés par Tim Burton, c’est au tour de Joel Schumacher de passer derrière la caméra quatre ans après le second opus. Après le Joker, le Pingouin et Catwoman, nous voici à présent face à deux autres ennemis de Batman : l’Homme Mystère et Double-Face.

Ce troisième opus, intitulé Batman Forever et bien que très différent des deux premiers films de part son approche plus familiale, connaîtra un succès tel que deux ans plus tard un quatrième opus sera mis en chantier, lui aussi réalisé par Joel Schumacher et portant le nom de Batman & RobinC’est huit ans plus tard qu’un troisième réalisateur, Christopher Nolan, mettra la main à la pâte et nous offrira un grand coup de fraîcheur à la saga de l’homme chauve-souris avec une trilogie qui demeurera dans les annales du film de super-héros.

Mais revenons aujourd’hui sur la seconde partie de la saga de Batman initiée en 1989 et terminée en 1997, plus précisément sur le troisième volet intitulé Batman Forever. Un épisode qui marquera sans conteste le début d’une descente aux enfers pour notre fier représentant des DC Comics qui brûlera définitivement sa cape dans la fin des années 90 avec l’arrivée du quatrième épisode. Mais pourquoi donc tant de haine et de déception envers les deux opus de Joel Schumacher 

La première chose qui frappe lors du visionnage de ce troisième volet des aventures de Batman, c’est l’ambiance générale qui en découle. Exit l’univers sombre et gothique des deux premiers opus burtoniens et place à présent à un monde plus coloré, parsemé de couleurs flashy et aux allures parfois très granguignolesques où nos méchants se battent avec des bâtons fluorescents…

C’est décidé : ce Batman version Schumacher sera plus familial que ceux réalisés par Tim Burton ! Un choix très discutable en fait. En effet, ce Batman s’avère être un opus très hollywoodien, le blockbuster dans toute sa splendeur, avec tout ce que cela implique parfois comme défauts bien usants pour le spectateur désireux de ne pas être trop pris pour un con : un scénario aussi mince que du papier cul bon marché (et brouillon avec cela… quand on pense qu’ils étaient trois scénaristes pour pondre cette bêtise!), un aspect humoristique trop présent, des méchants trop caricaturaux sur lesquels nous reviendrons quelques lignes plus tard, et enfin des scènes d’action à gogo peu crédibles pour ne pas dire invraisemblables ! Il suffit de voir le piège tendu par Double-Face pour éliminer Batman en début de film pour se rendre compte de la débilité flagrante du scénario. Une liste de défauts qui ne feront que s’accumuler tout au long d’un film qui dure tout de même 1h55 rappelons-le. C’est long, trop long.

Et ce n’est pas le casting qui viendra sauver le film de la noyade. En invitant une véritable flopée de stars hollywoodiennes, Joel Schumacher et d’autres producteurs avides d’argent pensaient certainement rameuter un maximum de gens dans les salles obscures, même si pour cela certains personnages du film devaient en pâtir. A commencer par un Batman, campé par Val Kilmer, bien peu expressif, parfois même trop effacé, qui semble paumé au milieu de tout ce foutoir. Son entourage n’est d’ailleurs pas en reste avec une Nicole Kidman déguisée en véritable nympho et un Chris O’Donnell dans la peau d’un Robin en pleine crise d’adolescence.

Mais que dire des méchants ? Peu crédibles et caricaturaux au possible, nous avons droit à un Double-Face interprété par un Tommy Lee Jones désireux de jouer les Joker et à un Homme Mystère joué par un Jim Carrey toujours aussi bête (je n’arriverai décidément jamais à m’y faire à cet acteur raté) et faisant preuve d’un maximum d’excentricité qui collait bien plus au Mask qu’à l’ennemi de Batman. Une grosse désillusion aussi bien pour les fans du comic book que pour les simples amateurs dont je fais partie.

Tous ces défauts en cascade se ressentent parfois un peu moins lors de scènes d’action (bastons, courses-poursuites) plus ou moins réussies, sorte d’effet cache-misère en quelque sorte pour tenter en vain de dissimuler un scénario au ras des pâquerettes il va sans dire.

De même, la musique (U2, The Offspring…) semble vouloir égayer un public prêt à pleurer devant ce triste spectacle mais, là encore, n’est pas Danny Elfman qui veut et la BO nous rappelle encore plus que nous sommes bien là devant un blockbuster bas de gamme et rien d’autres.

Au final, ce troisième volet de la saga Batman des années 80-90 est une véritable déception. Scénario long, brouillon, ennuyeux, mince et peu crédible (ça fait beaucoup d’un coup), sans oublier des personnages sans réel intérêt et des méchants caricaturaux. Tant de défauts qui font de ce Batman un blockbuster raté, ni plus ni moins. Batman pour toujours disait le titre du film ? Hé ben…




David MAURICE

BATMAN & ROBIN (1997)

 

Titre français : Batman & Robin
Titre original : Batman & Robin
Réalisateur : Joel Schumacher
Scénariste : Akiva Goldsman
Musique : Elliot Goldenthal
Année : 1997
Pays : Usa, Angleterre
Genre : Super-héros
Interdiction : /
Avec : George Clooney, Arnold Schwarzenegger, Chris O’Donnell, Uma Thurman, 
Alicia Silverstone, Michael Gough, Pat Hingle, Elle MacPherson...


L'HISTOIRE Gotham City est de nouveau en proie à un terrible méchant nommé cette fois-ci Mister Freeze. Aidé par une femme fatale, Poison Ivy, et d’un monstre nommé Bane, ce dernier prévoit de geler intégralement la ville et ses habitants grâce à ses armements de haute technologie. Mais c’est sans compter sur la présence de Batman et de son acolyte Robin qui vont tenter de déjouer les plans de ce trio infernal. La bataille s’annonce rude...


MON AVISAprès Batman Forever, un troisième volet très critiqué par la presse et de nombreux fans (et ce malgré un joli succès au box-office), Joel Schumacher rempile une seconde fois et offre à la saga cinématographique de l’homme chauve-souris un quatrième opus. Et après Michael Keaton et Val Kilmer, c’est à présent au tour de George Clooney d’endosser le costume de Batman ! A ses côtés, comme pour le volet précédent, on retrouve une pléiade de stars, tous styles confondus (cinéma, mode…), dont notamment Arnold Schwarzenegger, Uma Thurman, Alicia Silverstone ou encore Elle MacPhersonAlors opus novateur ? Retour réussi ?

Après le médiocre Batman Forever, le public était en droit de s’attendre à un renouveau de la saga avec ce nouvel opus sorti deux ans après. Sueurs froides et grimaces ont dû se lire sur de nombreux visages de fans quand il fut remonté que Joel Schumacher, coupable du troisième volet, était de nouveau aux commandes. Une peur qui fut finalement justifiée car, il faut le reconnaître, alors que Batman Forever était une sacrée désillusion (quand on repense à ce titre aguicheur…), Batman & Robin est quant à lui un navet, pas un nanar non, un navet ni plus ni moins. Alors oui, il faut des arguments pour avancer ce genre de propos et balancer ces qualificatifs peu séduisants au sujet de ce nouvel épisode. Hé bien lançons-nous à bras ouverts dans ces quelques paragraphes reflétant la qualité de ce second faux-pas de Joel Schumacher.

A noter, avant toute chose, que Batman & Robin a été le film le plus nominé aux Razzie Awards 1998 avec 11 nominations tout de même (et un prix uniquement, étrange…), c’est dire s’il y a des choses négatives à dire de ce quatrième opus. Pour les curieux(ses), la liste des nominations aux Razzie Awards est disponible en fin de critique.

Commençons comme il se doit par le scénario. Signé Akiva Goldsman (déjà coupable du scénario de film précédent), ce dernier nous montre rapidement que cet opus se veut encore bien plus familial que son prédécesseur. Avec son casting de stars sortant des flots de blagues et de jeux de mots en tout genre, ses scènes d’actions encore plus improbables que dans l’opus précédent, son scénario fait à la va-vite histoire de ne pas trop réfléchir ou encore cette volonté d’apporter un petit quelque chose de sensuel et d’émouvant (le filtre d’amour d’un côté et la maladie d’Alfred de l’autre), ce Batman & Robin devient purement commercial et ne cherche plus vraiment de public cible. Tout le monde doit pouvoir trouver son bonheur dans ce bordel cinématographique : de 7 à 77 ans, du fan absolu de Batman à la ménagère au départ peu convaincue par les super-héros. Encore une fois, Joel Schumacher nous balance un film de 2h et, comme d’habitude, on s’ennuie au bout d’un moment en raison d’un manque d’innovations certain dans ce scénario bâclé et dont les scènes d’action s’enchaînent plutôt bien mais se ressemblent parfois comme deux gouttes d’eau.

Une lassitude provoquée également par les personnages. Dans Batman Forever par exemple, les méchants étaient suffisamment déjantés et parfois amusants pour trouver encore un peu de temps à leur consacrer, et ce malgré un scénario déjà bien plat. Mais cette fois-ci, les ennemis de Batman sont bien trop fades pour s’y intéresser. Un désintérêt pour les personnages de Mister Freeze et Poison Ivy qui émane en partie d’un jeu d’acteur carrément douteux ! Car oui, les personnages à eux seuls reflètent parfaitement la débilité du film. Et ce ne sont pas les dialogues navrants et la version française grande ouverte aux moqueries qui feront passer la pilule !

Batman est tout simplement ridicule dans cet opus, je vous conseille de voir sa première apparition devant Mister Freeze en VF ! Trop cool et trop blagueur, George Clooney est de loin l’acteur ayant le moins bien interprété Batman dans cette saga il va sans dire. Passons le personnage de Robin toujours aussi insupportable (Chris O’Donnell en ado, deuxième version) et place à présent à une seconde coéquipière pour Batman répondant au doux nom de Batgirl ! Et c’est donc la mauvaise Alicia Silverstone qui s’y colle. Un personnage totalement bancal qui semble avoir plusieurs personnalités : sorte d’ado sans cervelle au départ (elle vole des motos pour aller faire des courses à la mort), elle se transforme soudain, comme par magie, en super-girl douée dans le détournement de satellites et toute dévouée pour son oncle Alfred dont elle semble vouer un véritable culte. En toute subjectivité, je ne comprends rien à ce personnage de Batgirl. Une chose est sûre dans tout cela : Batman doit à présent s’occuper de deux ados, triste fin pour notre super-héros…

Du côté des méchants, ce n’est guère mieux : nous avons d’un côté un Arnold Schwarzenegger en gros dur qui exagère son personnage à grandes flopées de jeux de mots, quitte à se rendre complètement ridicule, et une Uma Thurman assez fade mais qui s’avère finalement être la meilleure interprétation de tous les personnages cités ci-avant, même si cette dernière ne brille pas non plus ici par son talent, bien loin de ce qu’elle est capable de faire. A croire que tout le monde s’est donné le mot pour être mauvais dans ce film.

Au niveau des effets spéciaux, là aussi tout le monde semble avoir quitté le navire. Les couleurs flashy sont de nouveau au rendez-vous, on nous mitraille les mirettes de bleu, orange, vert, rouge, les effets spéciaux sont toujours aussi douteux par moments (la ville en arrière-plan est une vulgaire peinture tandis que les plantes de Poison Ivy sentent bon le plastique) et nous avons même droit cette fois-ci à des bruitages tout simplement hilarants : les rugissements de Bane ou encore les objets qui volent et font des sifflements sortis tout droit d’un cartoon, en témoigne la scène de bagarre dans le musée au début du film.

En y réfléchissant, il suffisait simplement de voir l’introduction du film pour se rendre compte que le spectacle qui allait s’offrir à nos yeux serait des plus navrants : on a un générique assez osé nous montrant en détails la combinaison, très proche de celle des Bioman, de nos deux héros masqués, n’hésitant pas à faire des gros plans sur l’anatomie intime de nos deux acteurs.

Idiot, sans intérêt, ce Batman & Robin est comme je le disais plus haut un navet. Avec tous ces termes relatifs à Batman (Batmobile, Batgirl, Batbombe etc...), on aurait pu qualifier Batman Forever de bat-déception, et Batman & Robin de véritable et authentique bat-merde...




David MAURICE



Le film a été nominé 11 fois aux Razzie Awards 1998, dans les catégories suivantes :
-Pire image
-Pire second rôle masculin (Arnold Schwarzenegger et Chris O’Donnell)
-Pire second rôle féminin (Alicia Silverstone et Uma Thurman)
-Pire directeur
-Pire Scénario
-Pire chanson originale
-Pire couple (George Clooney et Chris O’Donnell)
-Pire remake ou séquelle
-Pire mépris total pour la vie humaine et la propriété publique.
De toutes ces nominations, seule Alicia Silverstone recevra un prix (pire second rôle féminin). On la félicite !

BASIC INSTINCT (1992)

 

Titre français : Basic Instinct
Titre original : Basic Instinct
Réalisateur : Paul Verhoeven
Scénariste : Joe Eszterhas
Musique : Jerry Goldsmith
Année : 1992
Pays : Usa
Genre : Thriller
Interdiction : -12 ans
Avec : Sharon Stone, Michael Douglas, Jeanne Tripplehorn, George Dzundza...


L'HISTOIRE : A San Francisco, un ex-chanteur de rock, Johnny Boz, est sauvagement assassiné à coups de pic à glace. L'enquête s'avère délicate car la victime avait aidé à l'élection du maire. C'est donc avec une certaine inquiétude que les supérieurs de la police voient débarquer sur les lieux du crime l'inspecteur Nick Curran. Ce dernier est surveillé par l'IGS depuis qu'il a tué des touristes dans d'étranges circonstances. Les soupçons se portent rapidement sur Catherine Tramell, une ravissante jeune femme, qui a d'ailleurs écrit un roman où elle décrit un meurtre identique. Un jeu de fascination se met en place entre la jeune femme et l'inspecteur Curran...


MON AVISSexe et violence. Un mélange détonnant dont ne raffole pas Hollywood mais c'est compter sans Paul Verhoeven. Réalisateur hollandais, qui a réussi son passage aux Etats-Unis en réalisant des œuvres importantes et qui sont devenues des classiques (La Chair et le Sang, RoboCop, Total Recall), Verhoeven était fait pour s'entendre avec le scénariste Joe Eszterhas. Le scénario de Basic Instinct est particulièrement génial et troublant, ménageant de nombreux coups de théâtre déboussolants. Qui est le véritable tueur ? Les suspects sont légions. A commencer par la romancière, Catherine Tramell, une femme séductrice et manipulatrice, interprétée par une Sharon Stone au sommet de sa gloire et de sa beauté. Mais aussi, une psy (Jeanne Tripplehorn), des femmes qui gravitent autour de Tramell au passé criminel chargé. Seule l'identité sexuelle du criminel est évidente.

A sa sortie, les critiques ont mis en avant le côté sulfureux du film. Certes, cet aspect fait partie intégrante de ce classique de Verhoeven, mais s'arrêter juste à cela serait passer à côté de nombreux éléments qui en ont fait un des meilleurs thrillers de ces dernières années. A commencer par des références à l'univers d'Alfred Hitchock.

Sharon Stone semble tout droit sortie d'un des films du maître du suspens, on pense bien sûr à Kim Novak dans Sueurs Froides. La première fois que nous la découvrons, c'est assise au bord de la mer, dans sa villa de campagne. Sublimée par le directeur de la photo, Jan De Bont, miss Stone semble tout droit sortie d'un rêve tout en ayant un côté dangereux qui la rend si attirante. Elle arrive ainsi à séduire l'inspecteur Curran (excellent Michael Douglas), qui est pris entre son amour pour elle et la volonté de découvrir l'identité du tueur. Il n'est qu'à voir comment Catherine Tramell a réponse à tout durant la séquence de l'interrogatoire où elle n'a rien à cacher. Les femmes dans l'ensemble apparaissent extrêmement dangereuses. Outre la belle écrivain, la psy Beth Garner semble en savoir bien plus qu'elle n'avoue. Un trio amoureux se forme entre Curran et la psy d'un côté, et Trammel et Curran de l'autre. L'inspecteur en vient à douter de l'une puis de l'autre au fur et à mesure de ses découvertes.

La musique du regretté Jerry Goldsmith constitue l'une de ses meilleures compositions, se mariant parfaitement aux images. Dès le générique, nous voilà plongés dans un monde sensuel avec le thème principal envoûtant et une ouverture du film sur un miroir révélant un couple en train de faire l'amour. Une sensualité qui ne quittera pas le film jusqu'au final, nous donnant un indice sur l'identité du tueur. Sans pour autant lever les nombreuses zones d'ombre.

Basic Instinct montre une réelle fascination pour le Mal. Chaque personnage a d'ailleurs ses défauts, ses mensonges, ses secrets, ses morts. L'intrigue lève des tabous que l'hypocrisie de la morale petite-bourgeoise essaie de cacher. Une part du mal se trouvant en chacun de nous. A noter une référence à Hellraiser 2 lorsque le film est diffusé à la télé alors que Nick Curran s'est endormi après avoir abusé de l'alcool.

Porté par un couple en adéquation avec le sujet, Basic Instinct constitue la rencontre réussie entre Eros (pour les scènes érotiques) et Thanatos (des meurtres sordides et sanglants). Là où se trouve le plaisir, la souffrance et la mort ne sont pas loin, voilà un adage qui s'applique à merveille à ce thriller. Un joyau qui n'a pas fini de briller au firmament du 7eme Art.




Gérald GIACOMINI

BAD BOY BUBBY (1993)

 

Titre français : Bad Boy Bubby
Titre original : Bad Boy Bubby
Réalisateur : Rolf de Heer
Scénariste : Rolf de Heer
Musique Graham Tardif
Année : 1993
Pays : Australie, Italie
Genre : Trash
Interdiction : -16 ans
Avec Nick Hope, Claire Benito, Ralph Cotterill, Carmel Johnson...


L'HISTOIRE : Bubby, 35 ans, est élevé par sa mère dans une pièce insalubre et confinée. Il ne connaît que ces lieux et n'a pas conscience de l'existence d'autres êtres humains. Sa génitrice, qui lui a toujours fait croire que l'air du dehors était vicié et mortel, s'occupe plus ou moins de lui selon son humeur : elle le lave, lui donne à manger et lui fait l'amour ! Un beau jour le père du rejeton qui n'était pas apparu depuis la naissance "du petit" débarque et l'univers de Bubby s'en trouve ainsi totalement chamboulé. Cet événement va alors lui offrir, après divers bouleversements, l'opportunité de découvrir le monde extérieur. Commence donc pour Bubby un voyage initiatique au cours duquel il va essayer de se frayer un chemin dans un univers chaotique empli de dépravés de toutes sortes tentant d'abuser de sa troublante naïveté...


MON AVISCe film est très dérangeant mais fascinant à différents degrés. Le premier se situe au niveau de l'éventail très diversifié des personnages que rencontre Bubby : une chanteuse de la chorale de l'armée du salut qui l'emmène dans son lit, un groupe de rock dont les membres en font le principal interprète grimé en prêtre, un détenu muet qui le sodomise, une infirmière s'occupant d'handicapés et dont il tombe amoureux et tant d'autres phénomènes de foire. De Heer nous brosse d'admirables portraits et ne se gène pas pour écorner certains traits de la société dans laquelle nous évoluons et dont il a d'ailleurs, une vision assez réaliste.

Le second attrait de ce métrage déjanté est l'acteur interprétant Bubby qui réussit là une prouesse de comédien incroyable : arriver à passer d'une scène de meurtre à une scène d'amour avec la même candeur à la fois troublante et touchante est une authentique performance. Vous l'aurez compris, Nick Hope est fantastique dans ce film tant par son jeu phénoménal que par les émotions qu'il suscite. Il a d'ailleurs obtenu le prix du meilleur acteur australien en 1994 et le prix d'interprétation au Festival de Venise en 1993 où le film a reçu le grand prix du jury.

Enfin, ce qui séduit avant tout, c'est ce savant mélange de scènes éclectiques qui nous fait passer du rire aux larmes en un éclair et nous met tantôt mal à l'aise (voir à ce propos la première demi-heure du film qui a été tournée en 1.33 et non en écran large afin de rendre compte de l'atmosphère la plus claustrophobe qui soit. Le rendu était tel que l'équipe du tournage, le réalisateur y compris, ne pouvait plus en supporter le visionnage !) ou tantôt nous réjouit (notamment quand Bubby découvre pour la première fois le monde extérieur) et ça, c'est le vrai cinéma !

Cette diversité rend ainsi ce long-métrage quasi-inclassable vu qu'il flirte avec de nombreux genres (le drame, la comédie, le film de serial killer, le conte philosophique,...), c'est une sorte de Bernie de Dupontel en plus trash !

Il est alors dommage pour les spectateurs et pour tous les artistes à l'origine de cet ovni cinématographique que ce dernier n'ait pas connu un triomphe mérité, mais juste un petit succès d'estime. A quand donc une sortie DVD digne de ce nom pour une réhabilitation à juste titre ?




Vincent DUMENIL

L'AUTOROUTE DE L'ENFER (1991)

 

Titre français : L'Autoroute de l'Enfer
Titre original : Highway to Hell
Réalisateur : Ate de Jong
Scénariste : Brian Helgeland
Musique : Hidden Faces
Année : 1991
Pays : Usa
Genre : Diable et démons
Interdiction : -12 ans
Avec : Chad Lowe, Kristy Swanson, Patrick Bergin, Adam Stroke, Jarrett Lennon...


L'HISTOIRE : Décidés à se marier malgré l'opposition de leurs familles, Charlie et Rachel se rendent à Las Vegas. Mais la rencontre avec le sergent Bedlam, sorte de flic zombie, bouleverse leurs plans lorsque celui-ci enlève la jeune fille et disparaît. Charlie découvre que pour retrouver sa fiancée, il doit se rendre en enfer...


MON AVISTitre phare des années 90 dans les vidéoclubs, L'Autoroute de l'Enfer du réalisateur Néerlandais Ate de Jong est resté dans les mémoires pour le look détonnant d'un des personnages principaux, à savoir le fameux flic des Enfers, dont le visage est parsemé d'inscriptions gravées à même la chair. Ses lunettes de soleil, vissées à son visage, sont également un élément qui retient toute notre attention. Si on peut penser que le titre original du film, Highway to Hell, renvoie à la célèbre chanson du groupe AC/DC, en fait, il n'en est rien. Absolument aucun rapport entre les deux, ne vous attendez donc pas à entendre ce tube mythique dans le film. Par contre, la lecture du résumé aura sûrement allumé une petite étincelle dans votre cerveau et vous venez de vous écrier mais c'est bien sûr, c'est l'histoire d'Orphée se rendant aux Enfers pour aller chercher sa bien-aimée Eurydice ! Bingo ! Le scénariste Brian Helgeland (récompensé par un Oscar pour le scénario de L.A Confidential en 1997) s'est donc amusé à livrer une version décomplexée, fun et... infernale de la plus bouleversante histoire d'amour de la mythologie grecque !

En résulte une petite série B qui a connu pas mal de souci lors de sa mise en chantier et n'a connu qu'une exploitation ultra-minimaliste dans les salles de cinéma américaines, récoltant au box-office la somme de... 26000$ ! Un échec cuisant, qui a donc bénéficié d'une seconde jeunesse lors de son exploitation vidéo. Nul doute qu'il va en connaître une troisième avec sa sortie en DVD et Blu-Ray chez des éditeurs de divers pays, dont la France ! De quoi satisfaire la communauté de fans du film, qui va pouvoir le redécouvrir avec une image remasterisée. Alors oui, comme déjà dit, L'Autoroute de l'Enfer est une petite série B nantie d'un budget oscillant entre 6 et 7,5 millions de dollars, mais qui se distingue par son casting et par une inventivité de tous les instants. Nos deux tourtereaux, incarnant un Orphée et une Eurydice modernes, sont interprétés respectivement par Chad Lowe, petit frère de Rob Lowe dont il est le quasi sosie, et par la charmante Kristy Swanson. Cette dernière est bien connue des fans puisqu'on la vue entre autres dans L'Amie Mortelle de Wes Craven en 1986 puis en tant que Buffy Summers dans le film Buffy Tueuse de Vampires en 1992, dans A toute Allure au côté de Charlie Sheen en 1994 ou dans Le Fantôme du Bengale en 1996.

Ce couple charmant, désireux de se marier à Las Vegas, va donc croiser la route du flic des Enfers, qui va kidnapper la future mariée, prénommée Rachel, pour l'emmener voir son maître à la queue fourchue. Bien décidé à récupérer sa dulcinée, Charlie va, grâce au conseil et à la voiture d'un vieil homme, parvenir à entrer aux Enfers. Commence alors un road movie pour le jeune homme à travers divers décors, allant des plaines désertiques à un fast-food ou un casino dans lequel on trouve aussi bien Attila, Cléopâtre qu'Adolf Hitler ! Durant son long trajet, Charlie rencontrera de nombreux personnages, comme une bande de bikers, des clones d'Andy Warhol, des flics zombies, un démon féminin lubrique pouvant prendre l'apparence qu'elle désire pour mieux tromper ses proies et, bien sûr... le Diable lui-même. Des décors surréalistes, colorés, des personnages atypiques, déconcertants, où se côtoient des figures mythologiques telles le chien à trois têtes Cerbère ou Charon, le passeur du Styx ! Les plus attentifs remarqueront des tas de clin d'oeil ou d'éléments loufoques disséminés un peu partout dans les plans, à vous d'ouvrir l’œil... et le bon !

Malgré un budget restreint, les décorateurs, les costumiers et l'équipe des effets-spéciaux et de maquillages font du bon boulot et parviennent à rendre attachante cette comédie fantastique qui n'a pour autre ambition que de donner du bon temps à son public. Le film possède même un petit côté Mad-maxien avec de nombreuses courses de voitures à se mettre sous la dent. La mise en scène de Ate de Jong est efficace, le réalisateur s'employant à dynamiser le rythme du film le plus possible pour qu'il ne soit pas ennuyeux. Très rock n' roll dans l'âme, avec un petit côté cheap et nanaresque qui ne lui porte pas préjudice, L'Autoroute de l'Enfer et sa galerie de personnages frappadingues est une petite friandise 90's qu'on prend toujours plaisir à déguster gentiment et nul doute que cette love-story en Enfers saura séduire de nouveaux spectateurs qui veulent passer un bon moment devant leur écran.




Stéphane ERBISTI

L'ATTAQUE DE LA FEMME DE 50 PIEDS (1993)

 

Titre français : L'Attaque de la Femme de 50 Pieds
Titre original : Attack of the 50Ft. Woman
Réalisateur : Christopher Guest
Scénariste : Mark Hanna, Joseph Dougherty
Musique : Nicholas Pike
Année : 1993
Pays : Usa
Genre : Comédie fantastique
Interdiction : /
Avec : Daryl Hannah, Daniel Baldwin, William Windom, Frances Fisher...


L'HISTOIRE : Monsieur Archer est à la tête d'une industrie qui fait de lui un homme très riche. Mais la fortune de sa défunte femme n'y est pas non plus pour rien. Quant à sa fille Nancy, elle est mariée avec l'un de ses employés, Harry. Ce n'est qu'un crétin, imbu de lui-même, qui tente de trouver une combine pour pouvoir déposséder Nancy de toute la fortune des Archer. Mais le père de Nancy a besoin de sa fille pour profiter de la fortune de son ex-femme, de la même façon qu'Harry a besoin d'elle pour procurer de l'argent à sa maîtresse. Nancy évolue dans ce panier de crabes, totalement consciente des calculs dont elle fait l'objet. Pourtant ce soir cela va changer. Ce soir, Nancy a été contactée par des extraterrestres. Tout le monde la prend pour une folle, mais elle va toutefois convaincre son mari de l'accompagner dans le désert. Et, sous ses yeux ébahis, Nancy sera enlevée par les extraterrestres. Plus tard, après être réapparue, elle se trouvera au centre d'une discorde entre son père et son mari. Cela va l'énerver… Beaucoup… Trop… Et voilà Nancy qui grandit, grandit, grandit...


MON AVISVoilà un total OVNI dans le paysage cinématographique. Une comédie fantastique avec la belle Daryl Hannah (Splash, Le Clan de la Caverne des Ours, High Spirits, Kill Bill...) et Daniel Baldwin en prime ! 

Une bobine qui n'a pas du coûter des masses au réalisateur ! Réalisé sans trucage ? Difficile à dire, mais il y a une forte probabilité pour que les trucs utilisés soient plus malins que technologiques. Le cinéaste joue en effet fortement avec les angles de prise de vue, de façon à fausser l'œil du spectateur. Nancy est en avant-plan alors qu'elle paraît être en arrière-plan, cela crée l'impression qu'elle est gigantesque. Une vraie prouesse vous en conviendrez, car pour arriver au résultat souhaité, le travail requis doit être considérable ! Mais cela en vaut la peine, puisque cela donne un aspect encore plus crédible au film. Pourtant il n'est pas dit que le cinéaste n'a pas utilisé de maquette ou d'incrustation, mais cela reste peu plausible pour la majorité des scènes : une maquette ou une incrustation aurait été trop visible pour un budget tel ! Bluffant !

Venons en au film, voulez vous ! Il se scinde en deux partie très distinctes : avant et après la transformation de Nancy. La première ressemble à un mauvais épisode des Feux de l'amour. Nancy court dans tout les sens pour retrouver son mari qui la cocufie. Ensuite, affaires avec le père, complètement véreux… Rien de bien réjouissant. Une fois Nancy agrandie, l'intérêt n'est pas vraiment relevé en ce qui concerne l'histoire. Le spectateur assiste toujours à une intrigue feu-de-l'amourisante. A la différence près que l'héroïne est ici géante.

Ses aspects complètement cheap et has-been donnent un cachet au film, bien plus élevé que ce que l'on pourrait croire. Du coup, L'Attaque de la femme de 50 pieds, remake d'un classique 50's de Nathan Juran, se regarde avec grand plaisir. S'en ressort plus de la curiosité et de l'étonnement qu'autre chose.

La bobine se visionne donc avec un certain sentiment de nostalgie, mais surtout avec les yeux écarquillés par des effets pas du tout spéciaux. Ces trompe-l'œil cinématographiques qui s'impriment dans la pupille et qui font dire au cinéphile : au moins, celui-là, il sait tenir une caméra… Qu'est-ce que ç'aurait été avec un scénariste !"

A voir une fois absolument… Pas plus, car je doute que le film supporte une seconde vision !




Colin VETTIER

ATOMIC COLLEGE 3 (1994)

 


L'HISTOIRE : Roger, le sauveur body-buildé de Tromaville dans le précédent épisode, est ici confronté à un nouveau problème. Alors qu'un écureuil mutant a rasé le lycée et la centrale, sa fiancée sub-humanoïde a accouché de jumeaux, Adlai et Dick. L'un est passionné par la nature au contraire de l'autre qui déteste tout. En effet, alors qu'Adlai grandissait en paix avec ses deux parents, Dick, enlevé et éduqué par d'atroces bandits, était destiné à un avenir de super-vilain. Aidés par le professeur Holt, cette mafia va faire régner la terreur sur le campus. Alors que la fête de fin d'année se prépare, ils complotent contre la tranquillité de Tromaville...


MON AVISTroma se fonde sur trois éléments : les femmes, le sang et l'humour. Ici les deux derniers ingrédients sont peu présents, la farce étant plutôt lourde à digérer. En revanche les seins sont biens présents, et défilent par paires ! En effet Atomic College 3 mise tout sur les corps des actrices qui animent le film. Tout est prétexte à faire défiler des attributs féminins, de préférence dénudés.

Si le premier de la série regorgeait de qualités, les deux volets suivants sont foncièrement mauvais. C'est du Troma, alors le spectateur sait à quoi s'attendre : un bon gros nanar ! Mais là, ce n'est pas le cas, l'humour est lourdingue et l'action répétitive à souhait. Certains gags sont quand même efficaces et l'aspect ultra fauché donne un aspect attrayant, au film. Cela mis à part, ne regardez ce dernier volet de la trilogie que si vous êtes un inconditionnel de Atomic College 2. Sinon, oubliez-le, même s'il est très légèrement supérieur à son aîné, il lui ressemble en tous (mauvais) points.

Et ce n'est pas la performance de Brick Bronsky qui rattrapera le film. Mais où Troma est-elle allée chercher cet ahuri ? Son jeu d'acteur est pire que mauvais, et encore, si l'on garde à l'esprit qu'il s'agit d'un métrage estampillé Troma. Les trucages pourris, l'écureuil mutant ainsi que le total capharnaüm sont de retour. Certes, cet excès de n'importe quoi plaira aux cinéphiles amoureux de la firme de Lloyd Kaufman (et sûrement aux fans de Van Damme !), tout en les décevant un peu. Au bout de 10 minutes le film ennuie, particulièrement pour qui a vu le 2. Pour les autres ce ne sera qu'un film anecdotique, enfilant les gags vaseux et les paires de fesses / seins comme des perles. Décevant.

Dommage pour un Troma donc, le film est loin de combler toutes les attentes, concentrant toute son énergie sur le seul aspect tromettes, reléguant le gore au second plan. Reste un joyeux désordre en guise d'introduction, et cet écureuil mutant, décidément plein de charme...


Titre français : Atomic College 3
Titre original : Class of Nuke'em High 3 - The Good, the Bad and the Subhumanoid
Réalisateur : Eric Louzil
Scénariste : Stephen Gerard, Lloyd Kaufman, Eric Louzil, Carl Morano, Mark F. Roling, Jeffrey W. Sass, Mat Unger
Musique : /
Année : 1994 / Pays : Usa
Genre : Comédie fantastique & horrifique / Interdiction : -12 ans
Avec : Brick Bronsky, Lisa Star, John Tallman, Lisa Gaye, Albert Bear, Elizabeth Young...




Colin VETTIER

L’ASSOCIÉ DU DIABLE (1997)

 

Titre français : L'Associé du Diable
Titre original : The Devil's Advocate
Réalisateur : Taylor Hackford
Scénariste : Brandon Boyce
Musique : James Newton Howard
Année : 1997
Pays : Usa, Allemagne
Genre : Thriller, Diable et démons
Interdiction : -12 ans
Avec : Keanu Reeves, Al Pacino, Charlize Theron, Jeffrey Jones, Judith Ivey...


L'HISTOIRE : Kevin Lomacks est le jeune et brillant avocat d'un patelin de Floride. Perspicace, retors, passionné, mais aussi vaniteux, il sacrifie son humanité au profit d'une énième performance au barreau judiciaire, obtenant l'acquittement d'un pédophile notoire. C'est d'ailleurs quand il fête sa victoire qu'il reçoit une proposition d'embauche alléchante de la part d'un cabinet d'avocats new-yorkais, la Milton Chadwick Waters. Salaire mirobolant, hébergement dans un hôtel cinq étoiles, voiture gracieusement offert et bien sûr, il devra défendre des accusés indéfendables. Malgré les réticences de sa mère, très religieuse, qui compare New York à la Babylone de l'Apocalypse, Kevin accepte l'offre et déménage avec sa femme, Marie-Anne. L'accueil de John Milton, patron du cabinet d'avocat, est impressionnant et royal, et l'avenir semble ouvrir ses bras au jeune couple qui songe à faire un enfant. Mais sans le savoir, Kevin vient de faire un pacte avec le Diable… 


MON AVISIncarner le Diable en personne au cinéma n'est pas une affaire facile. L'imagerie qui tourne autour du Tentateur est si vaste qu'on prend le risque de s'y casser les dents à tous les coups. Parker avait déjà fait une belle tentative avec Robert de Niro dans Angel Heart, mais une tentative assez discutable. Là, comme par hasard, c'est l'autre monstre sacré du cinéma américain qui s'y colle, Al Pacino. Et force est de constater que dans ce petit duel, c'est ce dernier qui gagne.

Adapté du livre d'Andrew Neiderman, le scénario bénéficie déjà d'une excellente idée, celle de situer le mal dans l'univers qui est censé le combattre : la loi. Et bien entendu, à travers les personnages de Kevin Lomacks et de John Milton, c'est l'occasion pour le film de dénoncer la perversion de la justice à une époque de plus en plus procédurière. L'image d'une justice droite, humaine et au service de tous est balayée : ici ne règne que l'argent, la malice, le cynisme et la vanité. Un discours qui ne manque pas de sentir son petit puritain - surtout avec le personnage de la mère de Kevin - mais dont on pourrait difficilement récuser le bien-fondé de nos jours…

L'interprétation d'Al Pacino est magistrale, épatante de classe, de ruse, de prestance soyeuse et d'humour noir. A la limite, le rôle du Diable était presque trop étroit pour lui, et on sent qu'il aurait voulu faire encore plus, encore mieux. Keanu Reeves parvient à nous convaincre dans son rôle d'avocat aux dents longues, pris dans son désir de réussite et le regrettant amèrement par la suite. Charlize Theron est un peu effacée et figée mais nous émeut tout de même, et le reste des acteurs compose une galerie de personnages standard de bonne tenue.

Là où le film pèche, c'est par ses longueurs inutiles. Des scènes comme celles de la réception mondaine ne sont pas indispensables, et certes on ne s'y ennuie pas, mais le rythme en est appesanti. La réalisation et la photographie n'ont rien d'extraordinaire, les effets spéciaux sont un peu limites. Le plaisir est néanmoins au rendez-vous grâce à l'histoire bien ficelée, pleine de perversité et de cruauté sensuelle, et à la performance d'Al Pacino. A voir.




Stéphane JOLIVET

THE ARRIVAL (1996)

 

Titre français : The Arrival
Titre original : The Arrival
Réalisateur : David Twohy
Scénariste : David Twohy
Musique : Arthur Kempel
Année : 1996
Pays : Usa, Mexique
Genre : Extraterrestre
Interdiction : /
Avec : Charlie Sheen, Teri Polo, Tony T. Johnson, Lindsay Crouse, Ron Silver...


L'HISTOIRE : Tandis que Ilana Greene découvre en arctique un îlot couvert de verdure et de fleurs de pavots, Zane Zaminski, radio-astronome travaillant pour le compte de la Nasa, détecte un signal en provenance de l'étoile Wolf 336, qui pourrait être la preuve d'une vie extraterrestre. Pour son employeur Phil Gordian, cependant, l'enregistrement est trop court et trop sujet à caution ; il annonce à Zane que les restrictions budgétaires l'obligent à le virer, avant de détruire l'enregistrement sitôt que ce dernier a quitté son bureau. Mais Zane ne s'avoue pas vaincu et continue ses recherches par ses propres moyens : elles le mèneront au Mexique, où il découvrira une vérité stupéfiante...


MON AVISGrand passionné du genre fantastique et science-fiction, le talent créatif de David Twohy s'est déjà exprimé à travers le meilleur et le pire (scénarios des Warlock, du Fugitif avec Harrison Ford et de Waterworld, réalisation de The Grand Tour pour la télévision) lorsqu'il obtient les crédits de Live Entertainment pour tourner The Arrival

Prenant pour sujet la classique invasion extraterrestre, déjà superbement illustrée par L'invasion des profanateurs ou encore la série V, il en reprend la veine paranoïaque et y greffe la réalité du réchauffement planétaire, livrant un film autrement plus fin et intelligent que les futurs Independence Day et compagnie.

 Tout comme Abîmes, The Arrival s'inscrit dans une lignée scénaristique bien balisée que Twohy utilise avec talent pour parvenir à ses fins. On peut grosso modo découper son film en deux grandes parties, chacune représentant fort bien les deux pôles majeurs que le réalisateur cherche à concilier dans chacune de ses œuvres. Jusqu'à la moitié de The Arrival, nous suivons donc les recherches de Zane Zaminski, dont la passion se heurte aux réalités professionnelles et aux difficultés de couple, et qui trouvera de l'aide en la personne de Kiki (Tony T. Johnson), jeune adolescent curieux et avide de connaissance. Des clichés dont David Twohy se sert heureusement sans la lourdeur hollywoodienne habituellement de mise, et qu'il pervertira habilement; nous épargnant aussi bien la hard science m'as-tu-vu que les scènes guimauves, on sympathise vite avec les personnages à mesure que la paranoïa de Zane se justifie. La patte de Twohy, tout en souplesse et en fluidité, est déjà là, et on se laisse embarquer sans problème dans cette histoire de mystère et d'aventure.

A partir du moment où Zane se rend au Mexique et rencontre son alter ego Ilana Greene (personnage malheureusement peu exploité), The Arrival dépasse toutefois le mystère, et l'on entre de plein pied dans la science-fiction mâtinée d'espionnage. Si les maquillages et les effets spéciaux ne sont pas toujours d'une grande réussite (The Arrival n'a évidemment pas bénéficié de moyens financiers comparables à ceux dont dispose un Steven Spielberg), les décors sont quant à eux crédibles, et Twohy compense avec aisance son handicap, amenant la découverte de la véritable nature des extraterrestres et de leur complot dans une progression dramatique parfaite. La poursuite pendant la fête des morts, la scène aux scorpions et l'intrusion de Zane dans la base souterraine ponctuent cette seconde partie et la rythment sur un mode haletant, tandis que le discours des envahisseurs met le doigt sur une réalité contemporaine toujours d'actualité…

Sans doute pourra-t-on reprocher à David Twohy une certaine timidité, dans la mesure où, se démarquant aussi bien de la pure ambiance que du pur spectacle, il semble ne vouloir s'engager à fond dans aucune direction précise, perfectionnant plutôt ses gammes en vue des films futurs. Toujours est-il que The Arrival constitue un divertissement de qualité, assurant la transition entre le feuilleton populaire et le grand cinéma sans recourir aux grosses caisses confondant la force et l'effet…




Stéphane JOLIVET