L’ASSOCIÉ DU DIABLE (1997)

 

Titre français : L'Associé du Diable
Titre original : The Devil's Advocate
Réalisateur : Taylor Hackford
Scénariste : Brandon Boyce
Musique : James Newton Howard
Année : 1997
Pays : Usa, Allemagne
Genre : Thriller, Diable et démons
Interdiction : -12 ans
Avec : Keanu Reeves, Al Pacino, Charlize Theron, Jeffrey Jones, Judith Ivey...


L'HISTOIRE : Kevin Lomacks est le jeune et brillant avocat d'un patelin de Floride. Perspicace, retors, passionné, mais aussi vaniteux, il sacrifie son humanité au profit d'une énième performance au barreau judiciaire, obtenant l'acquittement d'un pédophile notoire. C'est d'ailleurs quand il fête sa victoire qu'il reçoit une proposition d'embauche alléchante de la part d'un cabinet d'avocats new-yorkais, la Milton Chadwick Waters. Salaire mirobolant, hébergement dans un hôtel cinq étoiles, voiture gracieusement offert et bien sûr, il devra défendre des accusés indéfendables. Malgré les réticences de sa mère, très religieuse, qui compare New York à la Babylone de l'Apocalypse, Kevin accepte l'offre et déménage avec sa femme, Marie-Anne. L'accueil de John Milton, patron du cabinet d'avocat, est impressionnant et royal, et l'avenir semble ouvrir ses bras au jeune couple qui songe à faire un enfant. Mais sans le savoir, Kevin vient de faire un pacte avec le Diable… 


MON AVISIncarner le Diable en personne au cinéma n'est pas une affaire facile. L'imagerie qui tourne autour du Tentateur est si vaste qu'on prend le risque de s'y casser les dents à tous les coups. Parker avait déjà fait une belle tentative avec Robert de Niro dans Angel Heart, mais une tentative assez discutable. Là, comme par hasard, c'est l'autre monstre sacré du cinéma américain qui s'y colle, Al Pacino. Et force est de constater que dans ce petit duel, c'est ce dernier qui gagne.

Adapté du livre d'Andrew Neiderman, le scénario bénéficie déjà d'une excellente idée, celle de situer le mal dans l'univers qui est censé le combattre : la loi. Et bien entendu, à travers les personnages de Kevin Lomacks et de John Milton, c'est l'occasion pour le film de dénoncer la perversion de la justice à une époque de plus en plus procédurière. L'image d'une justice droite, humaine et au service de tous est balayée : ici ne règne que l'argent, la malice, le cynisme et la vanité. Un discours qui ne manque pas de sentir son petit puritain - surtout avec le personnage de la mère de Kevin - mais dont on pourrait difficilement récuser le bien-fondé de nos jours…

L'interprétation d'Al Pacino est magistrale, épatante de classe, de ruse, de prestance soyeuse et d'humour noir. A la limite, le rôle du Diable était presque trop étroit pour lui, et on sent qu'il aurait voulu faire encore plus, encore mieux. Keanu Reeves parvient à nous convaincre dans son rôle d'avocat aux dents longues, pris dans son désir de réussite et le regrettant amèrement par la suite. Charlize Theron est un peu effacée et figée mais nous émeut tout de même, et le reste des acteurs compose une galerie de personnages standard de bonne tenue.

Là où le film pèche, c'est par ses longueurs inutiles. Des scènes comme celles de la réception mondaine ne sont pas indispensables, et certes on ne s'y ennuie pas, mais le rythme en est appesanti. La réalisation et la photographie n'ont rien d'extraordinaire, les effets spéciaux sont un peu limites. Le plaisir est néanmoins au rendez-vous grâce à l'histoire bien ficelée, pleine de perversité et de cruauté sensuelle, et à la performance d'Al Pacino. A voir.




Stéphane JOLIVET

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