ASSAUT (1976)

 

Titre français : Assaut
Titre original : Assaut on Precinct 13
Réalisateur : John Carpenter
Scénariste : John Carpenter
Musique : John Carpenter
Année : 1976
Pays : Usa
Genre : Thriller
Interdiction : -12 ans
Avec : Austin Stoker, Darwin Joston, Laurie Zimmer, Charles Cyphers...


L'HISTOIRE : Après s'être vengé du meurtre de sa petite fille en tuant un des membres du gang de Los Angeles, un homme se réfugie dans un commissariat en cours de fermeture. Le gang y monte le siège afin de le capturer. Une poignée de personne va tenter d'y survivre...


MON AVISWestern urbain, hommage au cinéma d'Howard Hawks (Rio Bravo bien sûr), John Carpenter démontre déjà une maîtrise parfaite de l'espace, des personnages et de la tension psychologique avec Assaut, réalisé en 1976.

Premier film professionnel du réalisateur après avoir bricolé Dark Star durant son cursus universitaire, Assaut est une oeuvre personnelle et un objet difficilement cernable même aujourd'hui. Oui, difficilement cernable car il est bien compliqué de savoir ce qu'est ce film. Un western transposé en plein Los Angeles ? Évident. Un film d'action exploitation comme il en fleurissait beaucoup à cette époque ? Aussi. Un drame, un thriller, un film de gangs ? Oui aussi et beaucoup d'autres choses encore.

Lent certes - difficile de faire moins rapide pour un film qui se prétend d'action - mais d'une lenteur toute calculée. Silencieux (même les coups de feu du gang se font avec des pistolets munis de silencieux justement) mais rythmé par une bande-son qui distille par petites touches de synthé une atmosphère oppressante dans le vide des décors de ce commissariat qui n'en est presque plus un.

Épuré dans le style de mise en scène, dans les plans, dans les dialogues, dans le jeu des personnages, tellement épuré d'ailleurs que l'on pourrait presque passer à côté de la subtile efficacité avec laquelle Carpenter donne corps et âmes à ses personnages.

La réalisation est un modèle d'efficacité et de classe, avec très peu de mouvements de caméra, le réalisateur faisant le pari de la sobriété. Le montage, en particulier celui des fusillades, est une merveille du genre, avec, pour point d'orgue la première scène où l'on voit les murs du commissariat voler en éclat sans un seul bruit de détonation, séquence qui est d'une grande précision et reste imprimée sur la rétine pour longtemps.

Si l'histoire est basique, l'attaque d'un commissariat par un gang afin de se venger d'un homme venu y trouver refuge, c'est dans sa connaissance et son amour de tout un pan du cinéma qu'il y puise son inspiration et sa technique.

Tout ici fait irrésistiblement penser au western d'Howard Hawks et donc en particulier à Rio Bravo, non seulement pour l'histoire en elle-même, mais également dans le traitement de l'action et des personnages, un remake inavoué en somme. On peut également citer comme source d'inspiration La Rivière Rouge ou Rio Lobo. Le gang est silencieux comme peuvent l'être les indiens, les chefs mélangent leurs sangs pour sceller une alliance, les armes sont silencieuses comme celles des flèches Peaux-Rouges, ils se livrent à des rituels codés : le drapeau annonçant le siège déposé devant le commissariat...

La manière brutale de filmer les scènes d'action et l'outrance d'au moins l'une d'elles (le meurtre rapide et gratuit de la petite fille au travers d'un cornet de glace est d'une violence sans nom même encore de nos jours) inscrivent le cinéaste dans la lignée d'un Sam Peckinpah.

Enfin, la manière de filmer les attaques du gang ainsi que l'utilisation d'un héros noir renvoie directement à La Nuit des Morts Vivants de George A. Romero.

Et puis Carpenter n'oublie jamais l'aspect humain de sa poignée de personnages en réussissant sur un canevas de figure type et aux limites du clichés à leur donner profondeur, héroïsme, à en faire des humains minés par leurs contradictions tout simplement et ceci avec une économie de dialogues déroutante.

La recette idéale pour faire un grand film avec un petit budget et une période de tournage ultracourte est ici : un film fait par un cinéphile, pour les cinéphiles et qui, par conséquent, ne plaira pas à tout le monde. Une oeuvre simple, très simple, tellement simple qu'elle en devient culte et dont s'inspireront un nombre incalculable de cinéastes.




Lionel JACQUET

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