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ANTICHRIST (2009)

 

Titre français : Antichrist
Titre original : Antichrist
Réalisateur : Lars Von Trier
Scénariste : Lars Von Trier
Musique : Kristian Eidnes Andersen
Année : 2009
Pays : Danemark, Allemagne, France
Genre : Insolite
Interdiction : -16 ans
Avec : Charlotte Gainsbourg, Willem Dafoe, Storm Acheche Sahlstrøm...


L'HISTOIRE : Un couple venant de perdre leur enfant traverse une crise. La femme, extrêmement fragilisée, est suivie de près par son mari, psychologue de profession. Pour l'aider à surmonter cette douloureuse épreuve, il l'emmène à Eden, une cabane en pleine forêt où ils avaient l'habitude de se réfugier. Or cette immersion dans la nature a des conséquences inattendues sur les deux individus...


MON AVIS :
Le film s'enfonce vite dans la répétition (...), le grotesque (...), le morbide (...), l'abscons. Positif
- Le fruit monstrueux d'un grand cinéaste, plongé en pleine nuit. La Croix
- Esthétisme de pub pour eau de toilette et à la provoc imbécile Télérama
- Nous divorçons de Lars Von Trier. Nous refusons le bouillonnement délétère de ce chaudron de sorcier autoproclamé (...) Marianne
- Primée à Cannes, Charlotte Gainsbourg manie bien la pelle et la chignole dans ce thriller érotico-horrifique, comique malgré lui. Le Figaro

Mais qu'est ce qui a bien pu choquer à ce point les derniers festivaliers Cannois et la majorité de la critique dite sérieuse pour que cet Antichrist suscite une telle polémique ? Pourquoi l'un des rejetons d'un des chouchou de la Croisette, dont la plupart des films ont fait partie de la sélection officielle et souvent avec succès (Grand Prix Technique de la Commission Supérieure Technique pour Element of Crime, Prix du jury et Grand Prix de la Commission Supérieure Technique pour Europa, Grand prix du jury pour Breaking the Waves, Palme d'or pour Dancer in the Dark) a-t-il provoqué un tel rejet, confinant parfois à la haine ?

Car à bien y regarder, le dernier métrage en date du petit génie danois Lars von Trier ne se départit que bien peu du reste de son oeuvre. Ni plus (ni moins !) dur, cynique, pessimiste, osé, faussement misogyne, noir ou révoltant que la quasi totalité de sa filmographie.
Que l'on songe à, par exemple Breaking the waves, Europa, Manderlay, Dancer in the dark ou Dogville, pour constater la constance avec laquelle le direktor venu du froid traite et rend compte de l'âme humaine et de ses multiples travers, de sa part d'ombre et sa froideur. Donnant une image du monde au travers du filtre de ses névroses (nombreuses), Lars Von Trier scrute le côté obscur de l'homme et surtout de la femme.

Si Antichrist donne en revanche souvent l'impression d'une volonté totale et volontaire d'agresser le spectateur, que ce soit dans un nombre significatif de scènes visuellement horrifiques et dans une fausse misogynie encore plus prononcée qu'à l'habitude, celle-ci prenant des proportions sacrés et bibliques, il n'en demeure pas moins que s'arrêter à cela pour juger et lyncher un tel film reste d'une rare bêtise. Quoi qu'il en soit, Antichrist est un film marquant - par acceptation du propos ou rejet de celui-ci - on ne sort pas indemne de sa vision.

Bien que ce ne soit pas le premier film à connotation fantastique de Lars Von Trier, c'est celui qui se rapproche le plus de ce que l'on entend généralement lorsque l'on utilise ce terme (Element of CrimeEpidemic, Europa et même Breaking the Waves flirtant plus ou moins avec ce genre, sans omettre la série télévisuelle L'hôpital et ses fantômes qui, elle, est intrinsèquement fantastique). Mettant fin (momentanément ?) à ses essais de mise en scène antérieurs (Dogme, minimalisme des décors, Automavision...), le réalisateur revient à un formalisme plus classique, ce qui ne l'empêche pas de livrer un film d'une immense beauté plastique et de continuer à utiliser la technologie pour l'insérer à son propos (caméra à 1000 images par seconde, mouvement à l'épaule puis stabilisation du cadre).

Le prologue donne le ton. Somptueux et provocant, filmé dans un noir et blanc épuré et au ralenti, nanti d'une musique classique : Lascia ch'io pianga (Rinaldo) d'Haendel, il se veut en quelque sorte le pêché originel de ce qui va suivre. Un couple fait l'amour (insert d'un gros plan de pénétration, histoire de montrer la passion qui attire les deux êtres) avec fougue pendant que leur petit enfant s'approche dangereusement du bord de la fenêtre. Alors qu'ils atteignent l'orgasme, ce dernier tombe dans la neige plusieurs étages en dessous. Choquant, émouvant et formellement réussi, ce prologue confère d'entrée de jeu une note biblique à Antichrist, tel un 11ème commandement apocryphe et qui annoncerait : Tu ne forniqueras pas comme une bête en laissant ton enfant sans surveillanceAntichrist va dés lors se découper en chapitres, comme souvent chez le réalisateur : le deuil, douleur (le chaos règne), désespoir (gynocide), les trois mendiants, Épilogue.

Chaque chapitre étant une étape supplémentaire vers la folie des deux protagonistes et en particulier de la femme. Les deux personnages tentant de se reconstruire après la perte de leur enfant unique par une thérapie externe et interne. Alors que le fantastique et la folie sont déjà là, au travers de quelques plans, ils s'envolent vers Eden, leur chalet perdu dans une sinistre forêt afin d'y approfondir une analyse psychanalytique basée sur l'acceptation de la peur... Mais à trop jouer avec l'esprit, le chaos va arriver et il va être brutal, violent, sans concession si ce n'est la folie furieuse.

Donner un sens aux visions oniriques et cauchemardesques issues du cerveau du réalisateur danois n'est pas chose aisée, mais à l'instar d'un film cryptique façon David Lynch dernière génération, on peut toujours donner quelques pistes. Celles-ci valent ce que vaut la compréhension du chroniqueur et ne doivent en rien être prises comme vérités absolues. Le long-métrage étant beaucoup trop riche pour cela.

Antichrist conte l'histoire de la plus terrible des culpabilités, de celle qui peut vous faire sombrer dans la dépression ou dans la folie. Quelle plus terrible épreuve pour un parent normalement constitué que la perte d'un enfant ? D'autant plus lorsque celle-ci est totalement imputable à une absence de surveillance ? Encore plus lorsque cette absence de surveillance est dû à un rapport sexuel ? Qui pourrait s'en remettre ? Comment continuer à vivre après cela ?

Deux attitudes diamétralement opposés vont se faire face. L'homme, tout d'abord, froid, distant, refusant de se laisser aller au moindre sentiment, va sembler s'en remettre à son intellect et reporter sa peine sur sa compagne en en faisant son cobaye. Présenté comme un psychanalyste, il impose son traitement de choix à cette dernière, basé sur une non-médication et une acceptation de la peur, du chagrin et du deuil. Il domine totalement le couple par son arrogance et sa pseudo supériorité intellectuelle.

La femme, submergée par le chagrin, se laisse faire, elle accepte la thérapie, mais elle ne semble pas avoir la force de faire autrement. La culpabilité de la mort de l'enfant écrase le personnage féminin, alors qu'il renforce la mainmise du personnage masculin sur le couple. Mais cela va changer dés lors qu'ils vont atterrir à Eden, le petit chalet perdu au milieu de la nature hostile.

La présence de la nature la plus vierge va inverser les rôles. La femme prendra petit à petit et irrémédiablement le dessus sur son compagnon, jusqu'à l'excès et la folie. La femme a, pendant longtemps, été considérée par de grands esprits comme étant un être totalement inféodé à la nature, incapable de contrôler son corps et donc ses pulsions. La nature étant considérée, elle-même, comme l'église de Satan, il n'y avait qu'un pas à franchir pour assimiler la femme au Diable. De cela découlera les innombrables procès en sorcellerie, notamment aux 16ème et 17ème siècles, où des milliers de femmes furent soumis à la torture et au bûcher.

La culpabilité du personnage que joue Charlotte Gainsbourg va l'amener à faire siennes ces anciennes croyances. Taxer le film de misogynie est donc un grave contresens, Lars von Trier ne représente pas la femme comme un être maléfique par essence, mais comme une malade rendue folle par la perte de son fils et qui va croire qu'elle est dirigée par la nature satanique qui l'entoure. L'esprit soumis à une douleur et un deuil trop intense trouve une échappatoire par ce biais. Dés lors, Antichrist va exposer crûment la démence de la femme, se plaisant à brouiller les pistes par l'intervention du fantastique, de la métaphore sur les trois mendiants représentés par des animaux et par un déchaînement de violence vis a vis de son mari, mais aussi d'elle-même.

Dans Antichrist, la symbolique et les métaphores par l'image sont le fondement même de l'histoire, du rêve cauchemardesque que nous conte le réalisateur. Certains n'y ont vu (et n'y verront) probablement qu'une manière pompeuse, ennuyeuse et pseudo-intellectuelle de présenter les choses. Un reproche facile qui pourrait masquer une absence de sensibilité ou un refus de se confronter à ses peurs via un long-métrage qui ne refuse pas de rentrer de plain-pied dans le film de genre, avec intelligence qui plus est.

Les 3 mendiants, entités crées par Eden et qui ont la faculté de se présenter sous différentes formes, structurant le film, apparaissant lors de l'accident de l'enfant sous la forme de statues, d'animaux pour le mari (et notamment dans cette incroyable séquence de pure terreur avec le renard qui déclame : le chaos règne) et de constellation pour l'épouse. La légende voulant que si les trois mendiants sont réunis, quelqu'un doit mourir (l'enfant au début, la femme à la fin). La scène d'amour sous l'arbre, l'apparition de corps lors de celle-ci et à la fin du film, représenteraient tous ceux (et en particulier toutes celles) qui au cours des siècles ont dû expier leurs péchés par le prisme du lieu Eden ? L'apparition finale de centaines de femmes venant d'époques différentes lors de l'épilogue, pourrait être vue comme la représentation de toutes les Eve de l'histoire expiant le péché originel

Reste la dernière partie, celle qui fit polémique. Lars Von Trier avait-il réellement besoin d'abreuver le spectateur de séquences gore et trash à un point jamais atteint dans un film dit d'auteur ? Castration, masturbation qui fait jaillir du sang, mutilation et automutilation du clitoris (scène jamais vue ailleurs à ma connaissance), sont montrées sans aucune tentative de hors-champs, de façon frontale.

Antichrist aurait-il été moins prenant et moins réflexif sans elles ? On peut le penser, ces scènes semblant quand même un peu tomber comme un cheveu sur la soupe, avec la volonté évidente de choquer pour choquer.

Néanmoins, le choix de tout montrer ne doit en rien être un repoussoir et encore moins un bon moyen d'abreuver d'insultes le réalisateur. C'est une manière de faire ressentir à l'auditoire toute l'implacable folie dans laquelle les personnages sombrent et la puissance maléfique des lieux. On peut trouver cela discutable, on peut même se cacher les yeux au moment de certaines scènes, mais on peut aussi admirer le courage de les avoir mis en images, la subversion que cela apporte à un cinéma auteurisant trop souvent confiné dans ses certitudes et le ronronnement.

Antichrist est un des très rares longs métrages qui fonctionne à la fois sur un niveau intellectuel et sur un niveau viscéral. Un des rares films où le genre en tant que tel se marie à la vision d'un auteur. Lars von Trier chasse ici sur les terres de Tarkovsky, Bergman ou Lynch avec talents pour les uns, boursouflures et autosuffisance pour les autres.

Lent, hypnotique, angoissant, intelligent, cruel, horrible, réflexif, porté par deux acteurs époustouflants, nanti d'une photo à couper le souffle, protéiforme, dramatique histoire d'amour, expérience sensorielle. Antichrist est un film singulier qui continuera à diviser et probablement à devenir culte (ou pas).




Lionel JACQUET

ANTIBODIES (2005)

 

Titre français : Antibodies
Titre original : Antikörper
Réalisateur : Christian Alvart
Scénariste : Christian Alvart
Musique : Michl Britsch
Année : 2005
Pays : Allemagne
Genre : Thriller, Tueurs fous
Interdiction : -12 ans
Avec : Wotan Wilke Morhing, André Hennicke, Norman Reedus, Christian Von Aster...


L'HISTOIRE : Gabriel Engel, tueur en série, est enfin arrêté et accusé de 14 meurtres d'enfants. En apprenant la nouvelle, Michael Martens, policier de campagne ayant quelques difficultés de couple et d'éducation, notamment avec son fils Christian, voit une occasion de faire enfin la lumière sur l'affaire qu'il traite depuis plus d'un an et demi, l'assassinat de la jeune Lucia Flieder. Son enquête lui vaut une certaine antipathie de la part des habitants de son village, puisque pour Michael, ils sont tous suspects. Il part donc pour la ville afin d'interroger Gabriel Engel…  


MON AVISChristian Alvart réalise avec Antibodies son second long-métrage, le premier datant de 1999 et se titrant Curiosity & the Cat, qui lorgnait déjà du côté du thriller. Jouer avec le suspense, Christian Alvart adore ça. Il le dit d'ailleurs lui-même : Nous avons tous une approche différente du cinéma. Certains aiment le cinéma parce qu'il nous transporte dans des univers différents, d'autres veulent vivre des histoires d'amour... De toutes les émotions offertes par le cinéma, le "suspense" m'est toujours apparu comme la plus fascinante. Il n'y a rien de comparable à l'attente fébrile du spectateur sur son siège, croisant les doigts pour que tout se passe bien pour les héros - tout en craignant le pire. De bien bonnes paroles mais qu'en est-il du résultat ?

Antibodies, une fois sa vision terminée, souffre de la comparaison avec le classique du genre qu'est Le Silence des Agneaux. En effet, les références au film de Jonathan Demme sont légion, et le principe même de la relation qui va se nouer entre Michael Martens et le sérial killer Gabriel Engel renvoie directement à la relation qui s'était établie entre Clarice Sterling et Hannibal Lecter. D'ailleurs, cette relation est quasi identique dans la façon de la traiter, puisqu'on assiste à des rencontres entre le policier et le tueur se déroulant en prison, ce dernier étant également maintenu derrière une fenêtre de verre. Mais attention, qu'on ne s'y trompe pas : Christian Alvart n'a pas pompé le film de Demme, il lui rend juste hommage, hommage résumé dans une seule phrase de Gabriel Engel, qui lance à Martens lors de leur première rencontre un tu croyais voir Hannibal Lecter ? qui fait mouche chez le spectateur. On retrouve également chez Gabriel Engel la perversité de Lecter, car il désire aussi en savoir plus sur Martens, en lui posant des questions insidieuses, le mettant face à lui-même et à son côté obscur.

Le côté obscur, voici l'essence même d'Antibodies. Le réalisateur a l'intelligence de ne pas nous proposer un univers manichéen, ou Engel est le mal et Martens le bien. Non, ce serait bien trop simple et guère passionnant. En ce qui concerne le mal, point de doute, Gabriel Engel en est l'incarnation, n'hésitant pas à violer, tuer des enfants, ni à se masturber devant un policier lorsqu'il lui raconte ses méfaits envers un petit garçon. L'acteur André Hennicke porte littéralement sur ses épaules le personnage du serial killer. Son visage dur, sur lequel quasiment aucun sentiment ne vient se dessiner, est vraiment le point fort du film. Bien sûr, comparé à l'interprétation d'Anthony Hopkins pour le rôle de Lecter, Hennicke en est encore très loin, mais quand même, c'est vraiment le personnage qui marque nos mémoires une fois le film fini. Comment oublier la scène d'introduction, nous présentant un serial killer artiste peintre, peignant ses toiles totalement nu, avec du sang humain prélevé directement sur ses victimes ? Une première scène très efficace, dérangeante et qui laisse présager d'une ambiance sombre et dure.

Côté bien, on a donc Michael Martens, ce brave flic de campagne, qui tente d'être un père exemplaire, mais qui a des problèmes de couple et surtout pas mal de soucis avec son fils de quinze ans. Ce dernier, très renfermé sur lui-même, fait parfois encore pipi au lit, s'amuse à mettre le feu à la chambre de sa sœur pour lui faire peur. Un comportement étrange, parfois dangereux, qui a commencé à se manifester le jour de la mort de la jeune Lucia, qui était son amie. Martens tente de faire son possible pour résoudre cette affaire de meurtre, mettant sa famille à l'écart pour mener à bien son enquête. On pense vraiment que c'est un personnage modèle, notamment quand son collègue de travail l'emmène dans un bar à strip-tease et qu'il refuse les avances d'une hôtesse. Pourtant, la ligne qui sépare le bien du côté obscur est très fine et Martens va finir par y succomber. La fragilité du personnage nous apparaît rapidement, on sait qu'il ne pourra pas rester toujours blanc et qu'à un moment ou à un autre, son apparente pureté va noircir. Une fragilité bien comprise par Gabriel Engel, qui va en jouer, tel un chat avec une souris, pour l'entraîner dans une spirale infernale, où la découverte de l'identité supposée du meurtrier de Lucia sera le point culminant.

Cette révélation, qu'on peut aisément deviner si on écoute bien les propos d'Engel à Martens lors de leurs différentes rencontres, donne au film un petit côté glauque et malsain plutôt bienvenu. Dommage alors que toute cette ambiance installée depuis le début ne vienne sombrer dans un happy-end qu'on aurait souhaité éviter. Pourquoi le réalisateur n'a pas été au bout de son idée et a préféré nous faire un retournement de situation ? J'aurai tellement aimé que tout le cheminement amenant au meurtre de Lucia se passe vraiment comme on nous le raconte…

A la manière des films allemands récents comme Anatomie par exemple, Antibodies est filmé de manière froide, ce qui fait qu'on reconnaît immédiatement l'origine géographique du métrage. Christian Alvart s'est bien investi dans son film, mais à l'arrivée, il manque quand même un petit quelque chose pour en faire un thriller de référence. Un peu plus d'action, un peu plus de suspense, un peu plus d'originalité aussi. Antibodies se laisse regarder tranquillement et ne parvient pas à nous faire frissonner, bien que la tension augmente vers la fin. N'hésitez pas à le regarder et à vous faire votre propre avis, il serait quand même dommage de rater cette rencontre avec l'Ange Gabriel…




Stéphane ERBISTI

ANTHROPOPHAGOUS 2000 (1999)

 

Titre français : Anthropophagous 2000
Titre original : Anthropophagous 2000
Réalisateur : Andreas Schnaas
Scénariste : Karl-Heinz Geisendorf
Musique : Marc Trinkhaus
Année : 1999
Pays : Allemagne
Genre : Cannibale, gore
Interdiction : -16 ans
Avec : Oliver Sauer, Cornelia de Pablos, Andreas Stoeck, Achim Kohlhase...


L'HISTOIRE : Une bande d'amis se retrouvent dans une bourgade italienne isolée afin d'y passer des vacances. Mais lorsque le camping-car tombe en panne, c'est le drame. La femme enceinte du groupe se foule la cheville en tentant de descendre du véhicule. Le guitariste va alors se dévouer pour veiller sur la future mère pendant que les autres se rendent au village. A leur grande surprise, la petite commune est totalement déserte. Les trois amis décident donc de pénétrer dans une maison. Grand mal leur en prend, les habitants ont été massacrés sauvagement et laissés aux asticots et à la poussière. Sur le sol traîne un journal mentionnant une ville entière massacrée par un maniaque...


MON AVISEn 1999 le réalisateur culte Joe D'amato décède. Il n'en faut pas plus à Andreas Schnaas pour attraper sa caméra pour un hommage au réalisateur trash italien. Malheureusement Joe D'Amato n'a pas vraiment brillé pour son savoir faire et a, tout au long de sa carrière, accumulé les navets douteux (Porno Holocaust

Parmi les films qui se détachent plus particulièrement de la masse : Anthropophagous, réalisé en 1980. Célèbre grâce à une seule scène, celle dans laquelle le spectateur voit le monstre joué par George Eastman dévorer un fœtus. C'est un peu léger. Les mauvaise langues pourront dire que la multitude de titres sous laquelle le métrage se cache expliquerait de façon plus rationnelle la renommée du film.

Mais retournons à notre cher Andreas Schnaas, et à son hommage baptisé tout simplement Anthropophagous 2000. l'Allemand avoue que le matériau original, malgré son statut culte, manque cruellement d'énergie. Ainsi il va tenter d'insuffler à la bobine poussiéreuse un peu de mordant, ce qui pour le cinéaste allemand se traduit par Vas-y Andy, lésines pas sur le sang !

Pour être sanglant, Anthropophagous 2000 l'est ! Les tripes et les membres volent, les hurlements des protagonistes se transforment rapidement en gargouillis gorgés de sang… Mais est-ce réellement ce que vous désiriez ? En effet le film n'en a pas pour autant acquis une énergie transcendante qui va coller mémé aux accoudoirs du fauteuil et envoyer votre chat taquiner le plafond. Il serait en fait raisonnable de soutenir le contraire. Schnaas s'égare dans une bouillie sanglante sans personnalité et présente un métrage gore sans charme.

Les effets spéciaux cheap n'y sont pas étrangers. Au lieu d'être dégoûté (ou même amusé) l'amoureux de splatter ne va trouver ici que matière a déception. Pour se consoler le spectateur pourra se dire que Schnaas lui a fait grâce d'effets numériques douteux. Mais les pauvres mannequins coiffés de façon à ressembler à la victime ne font pas illusion. Certes certaines prothèses remplissent leurs rôles - particulièrement lors des éventrements - mais rien d'exceptionnel.

Pourtant le plus navrant reste à venir : afin de rendre un hommage comme il se doit à l'original, Schnaas a fait appel pour la première fois a des acteurs professionnels. Bien. Certes. Hum. Étrangement, la différence ne saute pas aux yeux. Ça sent toujours autant l'amateurisme à plein nez.

Ce qu'il manque à ce film pour être satisfaisant ? Des effets dignes de ce nom et des acteurs crédibles de A à Z. Le sujet ne prête pas à l'humour, et l'ambiance est sensée être poisseuse et malsaine au possible, ces deux ingrédients sont donc indispensables.

Pour pinailler encore un peu plus, j'ajouterais qu'une musique plus pesante aurait été la bienvenue. Toutefois, le cinéma indépendant – particulièrement lorsqu'il lorgne du côté du gore – étant ce qu'il est, on pardonnera aisément le manque de moyens. C'est d'autant plus dommage qu'avec des moyens à la hauteur de ses ambitions, Schnaas ferait des merveilles de gore. Là, son film donne largement à rehausser le Anthropophagous de d'Amato, nettement plus réussi il faut bien l'avouer !




Colin VETTIER

ANATOMIE (2000)

 

Titre français : Anatomie
Titre original : Anatomy
Réalisateur : Stefan Ruzowitzki
Scénariste : Stefan Ruzowitzki
Musique : Marius Ruhland
Année : 2000
Pays : Allemagne
Genre : Thriller
Interdiction : -12 ans
Avec : Franka Potente, Benno Forman, Anna Loos, Holger Speckhahn...


L'HISTOIRE : Paula Henning, fille de médecin généraliste et petite-fille de grand chirurgien, vient d'obtenir la deuxième place au concours Robert Koch. Cette réussite lui ouvre les portes de la faculté de Heidelberg, dont le cours d'anatomie dispensé par le professeur Grombeck détient une réputation inégalée. L'heureuse nouvelle enchante le grand-père de Paula, mais ne plaît guère à son père, qui semble n'y voir qu'un strass incompatible avec le but réel de la médecine. Pendant ce temps, un homme se réveille dans ce qui ressemble à un bloc opératoire, et s'aperçoit avec horreur qu'on est en train de le disséquer vivant. A peine capable de bouger, il ne peut qu'assister, impuissant, au charcutage artistique dont il fait l'objet. Dans le train qui l'emmène à Heidelberg, Paula fait connaissance avec Gretchen, qui contrairement à elle, fait grand cas des plaisirs terrestres. Puis elle sauve la vie d'un jeune homme affligé de troubles cardiaques congénitaux, sans se douter un seul instant qu'elle va bientôt le revoir sur la table d'anatomie...


MON AVISPremier film produit par la succursale germanique de la Columbia, Anatomie a obtenu localement un succès considérable, notamment grâce à la présence en tête d'affiche de Franka Potente (Cours, Lola, cours), véritable star en Allemagne. Le reste du monde n'étant pas totalement immunisé contre l'ennui, il n'en alla pas de même au niveau international. Intrigue médicalo-universitaire tentant d'égaler le thriller américain et de se rattraper à un genre horrifique mal assimilé, Anatomie ne se détache en effet qu'avec grand peine de la toute-puissante esthétique télévisuelle allemande, et l'idée d'établir une connexion avec le traumatisme de la culpabilité nazie ne suffit pas à lui donner une épaisseur qui lui fait défaut de toute façon .

Vouloir rendre ses lettres de noblesse au genre dans un pays donné est louable, mais le faire en ignorance de cause est un péché. Le problème n'est d'ailleurs pas tant que l'équipe de Anatomie (surtout les acteurs) n'a aucune culture en matière d'horreur. Le problème, c'est que ces lacunes et ces préjugés retentissent forcément sur le produit final. Gloire aux bonus, donc, car ils nous renseignent en partie sur les causes d'un échec.

Personnellement, si je savais de quoi je parlais et que mon pays comptait parmi ses cinéastes des noms comme Andréas Schnaas, Olaf Ittenbach ou Jörg Buttgereit, j'éviterais de débiter d'un ton très sérieux des âneries de ce genre: L'Allemagne ne s'est plus illustré en horreur depuis des dizaines d'années [...] Anatomie n'est pas comme les films d'horreur américains idiots et plein de sang, là il y a de l'humour en plus... Sainte mère du Diable, heureusement que je regarde les bonus APRES avoir vu un film, sinon c'était un aller direct à la poubelle.

Voici donc quelques effets: Paula Henning est coincée, car l'axiome le plus connu de ceux qui n'y connaissent rien est bien entendu que l'héroïne ne doit pas toucher au sexe, tandis que celle qui y touche (Gretchen) passera inévitablement à la découpe. Le générique d'ouverture, avec un scalpel caressant le corps d'une femme, reprend les sinuosités et les inflexions musicales de celui de Alien 4 sans qu'on puisse voir le moindre rapport entre les deux films. Lorsque Paula doit disséquer le cœur de David, le préparateur surgit dans son dos avec une scie électrique (bouh !) et lui demande s'il peut ouvrir le crâne du cadavre (lointain écho à Re-animator ?). Petit problème, à aucun moment il n'a été prévu de prélever le cerveau. Lorsque Paula se rend en fraude à la morgue universitaire, elle prononce à voix haute, angoissée : C'est idiot. Les cadavres restent des cadavres, de nuit comme de jour. C'est un bâtiment universitaire. Et c'est idiot en effet, car rien ne nous a indiqué précédemment qu'un cadavre pouvait se réveiller à Heidelberg, sinon dans une blague que Paula elle-même avait éventé, non sans nous gratifier de ses raisonnements lourdingues. Une autre perle ? Lorsque Paula trouve du sang sur son lit, elle paraît se demander un moment s'il ne s'agit pas de ses règles ! De la part d'une fille qui vient d'effectuer plusieurs années de médecine, ça frise le génie... Mais apparemment, on peut avoir 783 points au concours Robert Koch tout en étant complètement tarte. Bref, à références superficielles, résultat superficiel.

Heureusement, deux ou trois en-cas intéressants nous sont proposés : la première scène de dissection et ses bruitages goûteux, la capture de Gretchen par Hein et la présentation de son travail par ce dernier, sur un air d'Albinoni. Anna Loos et Beno Forman dégagent d'ailleurs une force autrement plus convaincante que la mollasse Franka Potente, experte en moues de toutes sortes et dans le port de basket Nike sans chaussettes, naturel oblige... Il faudra attendre la poursuite et l'affrontement final pour qu'elle commence enfin à nous épargner ses petites manières (quitte à affronter le ridicule lors d'une suspension entre deux rayons de bibliothèque...).

Cela fait tout de même peu de chose à se mettre sous la dent en une heure et demie, et on pense avec commisération aux spectateurs qui n'auront pas pu se préparer deux ou trois café pendant la durée du film. Vouloir faire un thriller à l'américaine (car en dépit de la volonté affichée de réaliser un film d'horreur, il s'agit bien d'un thriller), c'est bien, mais ne ménager aucun suspens entre les scènes fortes, ça l'est beaucoup moins. Si on passe sur la première scène de dissection, il faut quand même attendre 50 minutes pour obtenir, enfin, une scène digne de faire palpiter notre petit cœur !

La faute en revient essentiellement à un scénario et à une réalisation décidément trop marqués par la culture du petit écran. Stefan Ruzowitzki affirme que les premières minutes copient volontairement l'eau de rose des feuilletons télévisés, afin de créer un contraste avec la dissection qui suit. On veut bien le croire, même si ça ne marche pas, mais il n'en reste pas moins que toutes les scènes entre Paula et les autres personnages ressortent de l'esthétique télévisuelle: bonhomie, humour naze (et ce sont les films américains qui sont débiles ?), dialogues surlignés et grossièrement ados, plans d'ensemble qui permettent de faire des économies de pellicule, clip publicitaire ou musical... 
En gros, Ruzowitzki ne s'en sort vraiment que lorsqu'il imite la méthode américaine standard, lors des scènes les plus fortes et les plus rares.

Et voilà. Anatomie ne renouvelle rien, ne rattrape rien, ne mène à rien. S'il a eu du succès quelque part, cela n'est sans doute pas en tant que film de genre, mais pour de toutes autres raisons. Reste aux amateurs à sortir leur bistouri pour s'emparer des pièces de choix : un ou deux pilons noyés dans une sauce sans saveur...




Stéphane JOLIVET

AMOKLAUF (1994)

 

Titre français : Amoklauf
Titre original : Amoklauf
Réalisateur : Uwe Boll
Scénariste Uwe Boll
Musique : Uwe Spies
Année : 1994
Pays : Allemagne
Genre : Tueurs fous, trash
Interdiction : -16 ans
Avec Martin Armknecht, Christian Kahrmann, Susanne Leutenegger, 
Michael Rasmussen...


L'HISTOIRE : Un homme isolé du monde épuise son quotidien en travaillant le jour comme serveur et en passant son temps libre le soir devant l'émission Les Visages de la mort et quelques films pornographiques. C'est son seul moyen d'évasion et de pouvoir. Intérieurement, la crise de nerfs guette. Un jour, il pète les plombs, tue sa voisine avec un couteau et commence un massacre d'une sauvagerie inouïe...


MON AVISMesdames, mesdemoiselles, messieurs, sous vos yeux ébahis je vais à présent effectuer une cascade extrêmement dangereuse. Rien que pour vous, je vais réaliser la critique de l’un des premiers films d’Uwe Boll.

Avant sa frénésie d'adaptations de jeux vidéo, Uwe Boll a aussi fait des vrais films. Des films, certes bourrés d'imperfections et de scories en tous genres, mais des films touchants. Pour un peu le terme film d'auteur m'aurait presque échappé. Allons, soyons fous : Amoklauf est un film d'auteur.

Uwe Boll est connu, non pas pour ses talents de cinéaste, mais plutôt pour les polémiques qu'il déclenche. En effet, lorsque le nom de Uwe Boll est prononcé, la communauté de cinéphiles se scinde en deux. D'un côté, ceux qui pensent qu'il n'est qu'un infâme grouillot juste bon à torpiller des franchises vidéo ludiques. De l'autre côté, ceux qui pensent qu'il est un honnête artisan du septième Art. Afin que vous puissiez envisager mes propos avec le recul nécessaire, sachez qu'à mon sens la seule création intéressante du teuton est Postal. Ceci étant dit, je vous propose de me suivre dans l'univers de Amoklauf.

Le titre à lui seul annonce la couleur. En effet amoklauf en allemand, se traduit par folie meurtrière. Le scénario de Amoklauf se réduit à bien peu de choses : les actions du personnage principal sont désespérément limitées, il passe le plus clair de son temps à regarder des cassettes vidéo. Alors qu'une personne normalement constituée aurait enregistré des films, lui a conservé des émissions (dont l'une est une sorte de Juste prix) et des retransmissions de mises à mort. Ces scènes macabres sont tout droits sorties de Face a la Mort.

Pour le reste, le tueur en série sort deux fois de chez lui et tue trois fois, dont l'une sans sortir de chez lui. Si Amoklauf n'est pas exactement un huis clos, il s'en approche tout de même puisque la majeure partie du film se déroule dans un appartement. Mieux (ou pire), la majeure partie du film est un plan fixe d'une télévision (allumée, heureusement). Ajoutez à cela la répétition de plans jusqu'à épuisement de la rétine (la même action - ou non-action en l’occurrence - est passée et repassée plusieurs fois d'affilé).

Les enjeux scénaristiques sont donc proches du néant. On ne se demande jamais, ni comment, ni pourquoi, ni rien. Tout ce qui arrive à l'écran est servi avec froideur. La réalisation s'avère à ce titre diablement spartiate. Malgré toute sa bonne volonté à tenter de se loger une ogive nucléaire dans le pied à bout portant, Uwe Boll échoue lamentablement. Son film est parfaitement regardable.

Chose suffisamment rare dans la filmographie d'Uwe Boll pour être remarquée, Amoklauf dispose d'une véritable personnalité. A aucun moment l'impression de regarder un produit lisse et formaté ne dérange le spectateur. Bien au contraire. C’est un peu le deuxième effet kiss cool que nous assène monsieur Boll. Il ne se passe rien, et puis lentement, de manière lancinante, un malaise s’installe chez le spectateur.

Le fait de pénétrer l’intimité d’un serial-killer, fût-elle incroyablement ennuyante, s’avère d’une extrême lourdeur. Pas moyen d’échapper au poisseux, au sordide de ce quotidien malsain. Difficile donc de ne pas penser au Schramm de Buttgereit. Les deux allemands n’ont pas en commun que leur nationalité. Avec Amoklauf, Boll s’est engouffré sur les traces de Buttgereit en revendiquant un cinéma d’une noirceur totale. Aucune concession n’est faite, et le personnage est filmé dans toute son abjecte crudité. Sa solitude et son penchant pour le tube cathodique ne faisant qu’amplifier le mal être.

Mais le nihilisme d’Amoklauf n’a pas fait long feu. Probablement Uwe Boll s’est-il aperçu qu’il y avait bien plus d’argent à se faire en massacrant des franchises vidéo ludiques. Pour cela il lui a suffit de s’insérer dans le créneau suffisamment tôt. Et depuis qu'il a mis une pièce dans la machine, il a les continues illimités. Mais je digresse. Et digresse, c’est beaucoup pour un seul homme.

Quoi qu’il en soit, Amoklauf se révèle d’une profondeur rare. Bien qu’il ne raconte pas grand-chose, il réussit à étaler une large palette de sentiments. Remercions donc monsieur Boll de ne pas nous embarquer dans une leçon de psychologie de comptoir. Ainsi, le film revêt une atmosphère poignante, sans ronds de jambes cinématographiques. Pour sûr, l'expérience ne plaira pas à tout le monde, mais elle vaut véritablement le détour. Amoklauf, un film imparfait, mais qui révèle l'artisan passionné qu'est le cinéaste teuton.




Colin VETTIER

ALONE IN THE DARK 2 (2008)

 

Titre français : Alone in the Dark 2
Titre original : Alone in the Dark 2
Réalisateur : Michael Roesch, Peter Scheerer
Scénariste Michael Roesch, Peter Scheerer
Musique Jessica de Rooij
Année : 2005
Pays : Usa, Allemagne
Genre : Monstre
Interdiction : /
Avec Christian Slater, Tara Reid, Stephen Dorff, Frank C.Turner, Matthew Walker...


L'HISTOIRE : Edward Carnby se joint malgré lui à une confrérie de chasseurs de sorcières après avoir été blessé par une dague magique ayant appartenu à la sorcière Elizabeth Dexter. Cette dernière désire d'ailleurs récupérer l'objet et va tout mettre en oeuvre pour y réussir...


MON AVISLe jeu vidéo Alone in the Dark fit grande sensation lors de sa sortie en 1992. Posant les bases de tous les futurs jeux de survival horror, dont les célèbres Resident Evil ou Silent Hill, Alone in the Dark, qui s’inspirait des écrits de H.P. Lovecraft, proposait aux gamers de jouer dans un environnement 3D et d’incarner au choix le détective privé Edward Carnby ou Emily Hartwood, nièce de Jeremy Hartwood, retrouvé mort dans sa grande demeure de Derceto. Armé d’une lampe torche, le joueur devait inspecter de nombreux endroits et lutter contre des créatures démoniaques. Deux suites virent le jour en 93 et 95, puis il faudra attendre 2001 pour qu’un nouveau titre remette la saga au goût du jour : ce sera Alone in the Dark : The New Nightmare. En 2008, une nouvelle aventure débarque sur les différentes plate-formes de jeu. Chaque jeu nous met en présence du personnage récurrent d’Edward Carnby.

Fort de ses différents succès, il semblait évident que l’univers de la série se vît transporté au cinéma. Pour sa première adaptation, c’est l’allemand fou Uwe Boll qui s’y colle et qui nous livre en 2005 la première aventure live d’Edward Carnby, interprété par Christian Slater. Succès plus que mitigé au final, le film ne parvenant guère à nous faire retrouver l’univers des jeux vidéo. Malgré l’accueil glacial réservé au film par les fans, une séquelle est mise en chantier et débarque directement en dvd, sous le titre de Alone in the Dark 2. Cette nouvelle aventure du privé Edward Carnby redorera-t-elle le blason de la saga ?

Bon, déjà, qui a eu l’idée de faire interpréter Edward Carnby par…un asiatique ??? Je n’ai absolument rien contre l’acteur Rick Yune (Fast and Furious, 007 – Meurs un autre jour) mais franchement, c’est assez surprenant. Personnellement, ça m’a plutôt gêné et je n’ai jamais réussi à y croire. En plus, niveau performance d’acteur, c’est pas terrible et pour un personnage principal, on aurait pu trouver mieux. L’acteur manque vraiment de charisme et son personnage, pourtant élément essentiel des jeux vidéo, n’est guère développé et pourrait être n’importe quel personnage lambda. Un point franchement décevant, on aurait aimé que Carnby soit vraiment au centre de l’action et que son rôle soit réellement étoffé.

Au niveau du reste du casting, on retrouve pas mal de têtes bien connues, comme celle de Lance Henriksen, de Bill Moseley, de Danny Trejo, de Natassia Malthe, de Michael Paré ou de Zack Ward, par exemple ! Une multitude d’acteurs abonnés aux séries B qui vont devoir affronter la méchante sorcière Elizabeth Dexter. Cette dernière est interprétée par Allison Lange, qui en plus de vouloir récupérer un poignard aux pouvoirs magiques, n’hésitera pas à s’en prendre à sa descendance, à savoir la jeune Natalie Dexter, jouée quant à elle, par la charmante Rachel Specter. Certains des acteurs précités ont des rôles importants, d’autres plus anecdotiques. Il est certain par contre, qu’ils ne relanceront pas leur carrière avec ce film. Même Lance Henriksen, qui incarne un personnage important et qui a un temps de présence à l’écran assez conséquent, semble ne pas vouloir s’investir plus que ça et il ne parvient jamais à hisser le film vers le haut. Bref, un casting sympathique, composé de gueules du ciné Bis, mais qui est bien transparent ici.

Avec un titre comme Alone in the Dark, on pouvait s’attendre à un film qui fout le trouillomètre à zéro, qui procure des sensations fortes niveau frissons. Uwe Boll avait déjà raté le coche en 2005, ce n’est malheureusement pas Michael Roesch et Peter Scheerer qui vont relever le niveau et nous procurer ce qu’on était en droit d’attendre. Leur Alone in the Dark 2 n’est certes pas un film infâme, il reste une honnête série B à faible budget, et s’avère même supérieur au film d’Uwe Boll (on me souffle pas dur ça dans l’oreillette), mais on est quand même loin d’être en présence d’un véritable film de terreur. On pourra même dire que le visuel de la jaquette des deux opus est ce qu’il y a de plus terrifiant.

Certaines séquences sont néanmoins plutôt agréables à regarder (le coup du générateur qui tombe en panne et qui plonge tout le monde dans le noir, permettant à Elizabeth Dexter d’investir la demeure de nos chasseurs de sorcières) mais se trouvent également plombé par de grosses incohérences. En effet, quel est l’intérêt de tirer sur une sorcière surpuissante et dématérialisée avec de grosses pétoires ? Aucun si ce n’est de gâcher des balles inutilement qui restent de toute façon sans aucun effet sur la présence démoniaque.

La visualisation de cette dernière est l’un des points positifs du film. Présente sous son apparence humaine lors des visions qu’ont certains personnages du film, notre sorcière se fait encore plus menaçante quand elle apparaît sous forme de fumée qui laisse deviner ses formes et son horrible visage. La partition musicale accompagnant ses agissements est également assez réussie et installe une petite ambiance pas désagréable.

Niveau violence, le film fait dans la sobriété totale. Quelques effets de maquillage, notamment les lignes rouges apparaissant sur le corps de Carnby, sont très réussis, mais ne cherchez pas à voir des morts sanglantes, il n’y en aura point dans le film, qui pourrait passer très facilement en prime time sur n’importe quelle chaîne de télévision (avec un petit -10 ans à la rigueur, et encore…).

Au final, la vision de ce Alone in the Dark 2 reste sympathique, on passe 90 minutes sans trop d’ennui à suivre les péripéties de nos chasseurs de sorcières. On est en présence d’un petit DTV distrayant mais guère essentiel et qui est loin d’être l’adaptation qu’on aimerait bien voir de la saga des Alone in the Dark. Ça vous passera une soirée morose mais pas sûr qu’une seconde vision s’impose réellement…




Stéphane ERBISTI

ALONE IN THE DARK (2005)

 

Titre français : Alone in the Dark
Titre original : Alone in the Dark
Réalisateur : Uwe Boll
Scénariste Elan Mastai, Michael Roesch, Peter Scheerer
Musique Reinhard Besser, Oliver Lieb, Bernd Wendlandt, Peter Zweier
Année : 2005
Pays : Usa, Canada, Allemagne
Genre : Monstre
Interdiction : -12 ans
Avec Christian Slater, Tara Reid, Stephen Dorff, Frank C.Turner, Matthew Walker...


L'HISTOIRE : Lorsque son meilleur ami, Charles Fiske, trouve la mort au cours d'une enquête sur la mystérieuse île Shadow Island, située au large de Boston, le détective Edward Carnby décide alors de continuer l'enquête. Sur place, il fera équipe avec Aline Cedrac,une jeune anthropologiste spécialiste des langues anciennes. La jeune femme travaille justement sur de mystérieuses tablettes qui pourraient avoir un lien avec le passé de Carnby...


MON AVISLorsque dans quelques années, des cours de cinéma prendront comme sujet d'étude les plus mauvais réalisateurs de l'histoire du 7ème Art, nul doute qu'une place en or sera faite à monsieur Uwe Boll. Après son navrant mais rigolo House of the Dead, le bougre récidive dans l'adaptation vidéo ludique. Comme je vois vos regards apeurés et l'interrogation concernant la qualité filmique de la chose, je ne vais pas vous laisser dans l'attente plus longtemps ! Alone in the Dark est mieux filmé (déjà Boll nous épargne les inserts du jeu vidéo et les effets tournoyants autours des personnages pour annoncer qu'ils sont morts). Pour autant, on est loin d'une grande réussite. C'est même un ennui mortel qui nous envahit car, contrairement à House of the Dead, nos zygomatiques sont moins demandés. Du coup, Alone in the Dark perd le seul intérêt qu'il pourrait avoir aux yeux des amateurs de nanars.

S'il y en a qui vont hurler et crier au scandale, ce sont surtout les connaisseurs des jeux vidéos du même nom. Une série de 4 jeux made in France (l'ancêtre des survival horror) à l'ambiance particulièrement flippante. Mais, là où le jeu misait surtout sur l'enfermement et la claustrophobie, Alone in the Dark se plante dans toutes les largeurs en nous promenant dans la ville avant de comprendre qu'il nous faut un lieu clos (la mine). Étrangement, l'histoire n'entretient aucun rapport avec le background du jeu. Les références lovecraftiennes ainsi passées à la trappe, il reste quoi ? Un scénario prétexte où Boll voudrait bien se prendre pour James Cameron sur Aliens le Retour. Inutile de dire qu'il en est loin, avec ces scènes d'action mal fichues. Les monstres y sont trop peu mis en valeur. Plus que Lovecraft ou même Alien, c'est le monster movie Relic de Peter Hyams qui revient à nos mémoires (avec une démarche et un look des monstres similaires). Le film de Hyams n'a d'ailleurs aucun souci à se faire. Alone in the Dark ne le menace aucunement.

S'il y en a qui devraient se faire des cheveux blancs, ce sont les acteurs vedettes du film venus se perdre dans une aventure à haut risque. Si Tara Reid nous a habitué à ses rôles dans des films vite oubliés à destination des teenagers (Urban Legend, American Pie), on regrettera plus la présence de Christian Slater (il vaut mieux le visionner dans le slasher pour adultes d'Harlin, Mindhunters) et de Stephen Dorff (quoique, après La Gorge du Diable minable thriller avec les has been Sharon Stone et Dennis Quaid...)

Des acteurs pris au piège d'un scénario des plus basiques, avec secrets et trahisons à la clé. Bien sûr la vérité est encore ailleurs (soupirs). Un moment unique qui viendra nous réveiller de notre état semi comateux : la scène d'amour entre Tara Reid et Christian Slater. Oh, rien de chaud ni d'épicé, mais juste le choix douteux de la musique qui accompagne la scène (la pire musique choisie pour ce genre de scène). Du coup, on a l'impression d'assister à une coupure pub, car bien évidemment elle arrive là comme un cheveux sur la soupe.

Commencée sous des airs de film de zombies lorsque Christian Slater est attaqué, l'intrigue (!!) bifurque vers plus de mystère nous éloignant des rives de la zéderie. Pas sûr qu'on y soit gagnant. Les acteurs, eux certainement, évitant de plomber définitivement leur carrière. Les quelques idées disséminées de-ci, de-là ne peuvent rien face au désastre annoncé. Résultat : un produit sans âme et sans intérêt. Le malheur dans tout ça, c'est que Uwe Boll va recommencer avec sa nouvelle adaptation vidéo ludique, BloodRayne. Incroyable qu'un type aussi peu doué ait le droit de continuer à faire des films. Incroyable aussi que j'ai eu la curiosité de le visionner. On ne m'y reprendra pas.




Gérald GIACOMINI