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AMITYVILLE 3 (1983)

 

Titre français : Amityville 3
Titre original : Amityville 3-D
Réalisateur : Richard Fleischer
Scénariste William Wales
Musique : Howard Blake
Année : 1983
Pays : Usa, Mexique
Genre : Maison hantée
Interdiction : -12 ans
Avec Tony Roberts, Tess Harper, Robert Joy, Candy Clark, John Beal, Meg Ryan...


L'HISTOIRE : Journalistes pour un magazine à scandales, John Baxter et son associée Mélanie démasquent un duo d’arnaqueurs qui se servent de la demeure réputée hantée d’Amityville pour escroquer des familles crédules. Devant gérer son divorce, et séduit par la maison, John l’achète à bon prix à un promoteur immobilier qui décède de façon mystérieuse le jour de la vente. Des autres événements étranges et inquiétants se produisent dans l’habitation et Mélanie en fait les frais, refusant désormais de venir travailler chez John. Ce dernier émet des doutes quant à la véracité des faits reprochés à sa nouvelle demeure…


MON AVISTroisième chapitre de la grande saga Amityville, débutée en 1979 et poursuivie en 1982, Amityville 3 a pour originalité d’avoir été réalisé en 3D et par Richard Fleischer, célèbre cinéaste à qui l’ont doit des classiques tels Le Voyage Fantastique, Les Vikings, 20000 Lieues sous les Mers ou Soleil Vert entre autres. L’apport du relief est d’ailleurs la principale raison qui a décidé Fleischer à prendre part à l’aventure. Largement décrié lors de sa sortie en 1983, Amityville 3 ne mérite pas sa triste réputation et s’avère un divertissement plutôt sympathique.

Certes, il s’éloigne de l’aspect terrifiant du premier film et du côté malsain du second. Avec l’ajout des effets 3D, on est plus dans un tour de train fantôme dans le cas présent et ce n’est pas le final, grand-guignolesque à souhait, qui viendra me contredire : apparition de fantôme, d’une créature démoniaque sortant d’un puits, objets et immobiliers qui volent en éclats et causent pas mal de dégâts sur l’équipe de para-psychologues venue étudier la maison et explosions diverses sont au programme. Tout au long du film, et ce, dès le générique, on note le réel effort fourni par Fleischer pour mettre en avant le procédé 3D. On ne compte plus, en effet, le nombre d’objets qui jaillit de l’écran, que ce soit une torche électrique, des micros, un frisbee, un tuyau qui perfore un pare-brise de voiture, un espadon empaillé et j’en passe.

Comme dans la majorité des films tournés en relief, on se doute qu’une vision d’Amityville 3 en 2D vient amoindrir le résultat, voir même lui donner un aspect limite ridicule parfois. Mais en 3D, le film prend toute sa dimension jubilatoire, n’ennuie jamais et remplit tout à fait son contrat. Le suspense est au rendez-vous, les mouches aussi ! Richard Fleischer parvient même à surprendre son auditoire lors d’une séquence assez flippante mettant en vedette un escalier et la jeune actrice Lori Loughlin, qui deviendra célèbre en jouant le personnage de Rebecca Donaldson dans le sitcom La fête à la maisonOn appréciera également la participation dans un rôle secondaire de la toute jeune Meg Ryan

Franchement, il n’y a pas de quoi dénigrer cette série B qui poursuit de manière efficace les deux premiers films de la saga. Spiritisme, fantôme et démon en donnent pour leur argent aux spectateurs et le look de la maison reste toujours aussi efficace et angoissant. Une troisième épisode de bonne facture, qui mérite d’être réévalué et surtout d’être vu en 3D bien sûr ! 


Stéphane ERBISTI

AMITYVILLE 2 - LE POSSÉDÉ (1982)

 

Titre français : Amityville 2 - Le Possédé
Titre original : Amityville 2 - The Possession
Réalisateur : Damiano Damiani
Scénariste Tommy Lee Wallace
Musique : Lalo Schifrin
Année : 1982
Pays : Usa, Mexique
Genre : Maison hantée, possession
Interdiction : -12 ans
Avec James Olson, Burt Young, Rutanya Alda, Andrew Prine, Jack Magner...


L'HISTOIRE : Anthony Montelli vient d'acquérir une superbe maison à Amityville. Il emménage avec sa famille, à savoir sa femme Dolores et ses quatre enfants, Jan, Mark, Patricia et le plus âgé Sonny. Peu de temps après, d'étranges incidents se produisent dans la maison. Sonny sent une présence autours de lui et son comportement change. Il se met à entendre des voix qui lui ordonnent d'assassiner sa famille...


MON AVIS Suite au succès du film Amityville la Maison du Diable en 1979, il semblait logique qu'une séquelle soit mise en chantier. Ce sera chose faite en 1982 mais sous forme d'un prequel. Que s'est-il réellement passé en 1974 et pourquoi un jeune adolescent a-t-il abattu toute sa famille avec un fusil ? Ce sordide fait divers, véritablement survenu et dont on a entendu parlé dans le film de 79, sera donc à la base du scénario de Tommy Lee Wallace pour Amityville 2 - le Possédé.

La réalisation est confiée à l'Italien Damiano Damiani et on peut dire qu'il a plutôt fait du bon travail. Amityville 2 joue sur plusieurs tableaux. Celui, évident, du film de maisons hantées bien sûr et Damiano Damiani a particulièrement bien soigné la première partie de son film, jouant avec tous les codes du genre et instaurant une ambiance malsaine et terrifiante adéquate. Portes qui s'ouvrent, nappe venant recouvrir un crucifix accroché au mur, meubles qui se renversent, miroir qui tombe, les événements surnaturels sont nombreux et font monter la tension nerveuse, aussi bien chez les personnages que chez les spectateurs, tension à laquelle participe pleinement la musique ténébreuse de Lalo Schiffrin.

Le réalisateur peaufine également la caractérisation de ses protagonistes principaux, joue avec l'agressivité du père qui terrorise ses enfants durant ses crises de nerfs, fait avoir une relation incestueuse à Patricia et Sonny, et met en avant le personnage du prêtre, élément essentiel de ce long métrage. Le changement progressif de comportement de Sonny est également habile et maintient un certain suspense jusqu'à l'effroyable tuerie. Une fois celle-ci exécutée, le film bifurque clairement dans le film de possession et les influences de L'Exorciste sauteront aux yeux.

Exit la maison du Diable, le film se concentre alors sur l'affrontement entre Sonny et le prêtre, ce dernier étant parfaitement conscient que le jeune homme est possédé par une force maléfique. Cette partie, qui dure environ une trentaine de minutes jusqu'au générique final, est peut-être la moins réussie car le film s'enlise un peu dans la facilité et le grand-guignol, avec une transformation de Sonny en démon, dont le maquillage rappelle forcément celui de Linda Blair dans L'Exorciste. Une dernière partie plus Bis donc, mais qui reste très correcte en terme de mise en scène et d'efficacité. J'ai néanmoins préféré la majeure partie du film qui se déroule dans la diabolique maison. En tout cas, c'est réellement un film angoissant et plaisant que cet Amityville 2 - le Possédé, qui reste, à coup sûr, la meilleure suite du film de 1979.




Stéphane ERBISTI

AMERICAN NIGHTMARE 5 - SANS LIMITES (2021)


Titre français : American Nightmare 5 - Sans Limites
Titre original : The Forever Purge
Réalisateur : Everardo Gout
Scénariste James DeMonaco
Musique : The Newton Brothers
Année : 2021
Pays : Usa, Mexique
Genre : Survival, anticipation
Interdiction : -12 ans
Avec Ana de la Reguera, Tenoch Huerta, Josh Lucas, Leven Rambin...


L'HISTOIRE : Adela et son mari Juan habitent au Texas, où Juan travaille dans le ranch de la très aisée famille Tucker. Juan gagne l’estime du patriarche Caleb Tucker, ce qui déclenche la jalousie de Dylan, son fils. La matinée suivant le déchaînement nocturne de violence annuelle, un groupe masqué attaque la famille Tucker, dont la femme de Dylan, et sa sœur, forçant les deux familles à s’unir et organiser une riposte alors que le pays entier sombre dans la spirale du chaos et que les États-Unis se désagrègent petit à petit autour d’eux...


MON AVIS Cinquième volet d'une saga de très bonne qualité, American Nightmare 5 - Sans Limites est réalisé par Everardo Gout, toujours sous la supervision du créateur de la franchise, James DeMonaco, qui signe ici le scénario, comme ce fût le cas pour American Nightmare 4

La fameuse purge, qui prenait la forme d'un huis-clos assez tendu dans le premier chapitre et qui se propageait au dehors au fur et à mesure que sortaient les suites prend encore une nouvelle ampleur ici puisque l'action se déroule cette fois au Texas et, petite nouveautés, ne va pas s'arrêter avec le retentissement de la sirène matinale faisant office de fin des hostilités. D'où le Sans Limites accolé au titre principal ! 

Cette saga a toujours eu un fond politique, dénonçant des inégalités et ce cinquième chapitre n'échappe pas à la règle, avec, cette fois, une virulente critique de la politique de Donald Trump et de son fameux mur anti-migrant qu'il a voulu construire à la frontière mexicaine. Tout comme le jeu vidéo Far Cry 5 a fait polémique auprès des suprémacistes blancs américains, American Nightmare 5 ne devrait pas non plus s'attirer la bénédiction de ces derniers. Le film se focalise donc sur les rivalités et animosités qui règnent entre le peuple américain et les migrants mexicains, à travers l'histoire de Adela et de son mari Juan, qui, au début du film, traversent clandestinement la frontière pour venir aux USA pour échapper aux narco-trafiquants. 

Embauchés dans le ranch de la famille Tucker, les deux héros trouvent rapidement leur place, Adela (Ana de la Reguera) en tant que chef cuisinière et Juan (Tenoch Huerta) en tant que cowboy. De quoi réveiller la jalousie de Dylan (Josh Lucas), le fils de monsieur Tucker, qui ne porte pas vraiment les Mexicains dans son cœur. On se dit que ce dernier va profiter de la nuit de la purge pour faire le ménage et s'en prendre à Adela et Juan. Mais le scénario se montre bien plus malin que ça et va s'orienter dans une direction inattendue. 

Barricadé dans son ranch, Dylan et sa famille attendent patiemment la fin de la purge. Adela et Juan, quant à eux, ont reçu une prime de la part de monsieur Tucker pour pouvoir se réfugier dans un bunker protégé par des mercenaires. Une fois la nuit de terreur et de violence terminée, c'est le retour à la vie normale. Sauf qu'il va y avoir un couac. Les suprémacistes blancs ont décidé que la purge ne s'arrêterait pas et ils vont donc poursuivre leur exaction, mettant le Texas puis l'ensemble des Etats-Unis à feu et à sang. On pense bien sûr à l'intrusion dans le capitole de ces fous furieux refusant de se contraindre à l'ordre public.

Et c'est là que l'originalité du scénario se fait ressentir : la famille Tucker va devoir s'allier avec les Mexicains pour tenter de survivre. Exit les rancœurs, la jalousie, la haine. Dylan et Juan, ensemble face à une même menace. Un joli message de fraternité et un véritable pamphlet politique sont donc à mettre au crédit de cet épisode 5, qui parvient donc à renouveler le concept initié en 2013. Bien sûr, tout film de la saga se doit de nous montrer les violences urbaines et des tarés se baladant avec des masques sur le visage. American Nightmare 5 remplit ce cahier des charges avec des affrontements réalistes et une milice d'extrême-droite circulant dans des véhicules blindés et dispatchant un message enregistré proclamant que les vrais américains traqueront sans répit les migrants. Effrayant. 

Le film joue même avec les codes du film post-apocalyptique dans sa dernière partie, notamment en utilisant le décor désertique mexicain et en filmant ladite milice pourchasser nos héros, qui vont devoir répondre par la force pour s'en sortir. L'originalité du film vient également du fait que cette fois, l'action est présentée en plein jour dans sa majeure partie. Les ultimes images font froid dans le dos et montrent bien quelle dérive pourrait arriver si une telle nuit de la purge existait réellement. Résultat : on ne dirait pas non à un sixième volet.



Stéphane ERBISTI

ALL MEN ARE BASTARDS (2014)

 

Titre français : All Men are Bastards
Titre original : Me Quedo Contigo
Réalisateur : Artemio Narro
Scénariste Artemio Narro, Antonio De La Rosa
Musique : Ariana Arciniega
Année : 2014
Pays : Mexique
Genre : Rape & Revenge
Interdiction : -16 ans
Avec Beatriz Arjona, Anajosé Aldrete, Flor Edwarda Gurrola, Ximena Rubio, Ivan Arana...


L'HISTOIRE Natalia a décidé de quitter Madrid pour venir vivre à Mexico avec son compagnon Esteban. Arrivée sur place, la jeune femme retrouve une amie qui lui propose de partir faire un petit séjour avec deux amies à elle, en attendant le retour d’Esteban parti travailler en pleine jungle pendant quelques jours. En toute fin d’une soirée très alcoolisée, les quatre fêtardes vont kidnapper un homme qui avait dragué Natalia dans un bar. Ce dernier va rapidement regretter de s’être approché de ces jeunes femmes...


MON AVISLe Mexique fait beaucoup parler de lui en matière de cinéma de genre ces dernières années. Après des titres comme Atroz, Honeymoon (2015) ou encore Mexico Barbaro, nous faisons en France la connaissance d’un film moins connu que ceux précédemment cités mais ayant fait de l’œil à nos amis de chez Zeno Pictures et Uncut Movies.

Il ne fait décidément pas bon se promener à Mexico et Artemio Narro nous le montre de façon très explicite dans son film choc intitulé Me Quedo Contigo (que nous pouvons traduire par Je reste avec toi), sorti par chez nous sous le titre plus rentre-dedans All Men are Bastards. Long-métrage dans lequel un homme se fait kidnapper par un groupe de jeunes femmes qui vont successivement l’humilier, l’agresser et le violer. Un film à ne pas mettre entre toutes les mains assurément !

Cela peut surprendre aux premiers abords mais All Men are Bastards se classe bel et bien dans ce que nous appelons les rape and revenge. Un sous-genre cinématographique dans lequel une malheureuse victime se venge de son(ses) agresseur(s) après avoir généralement subi viol(s) et/ou sévices en tous genres. Parmi les fiers représentants de ce sous-genre horrifique, nous pouvons noter entre autres les films La Dernière Maison sur la Gauche et I Spit on your Grave et leurs remakes respectifs, sans oublier des films comme La Proie de l’Autostop, Thriller - Crime à Froid, La Maison au fond du Parc, L’Ange de la Vengeance ou encore plus récemment les très sympathiques The Seasoning House et Revenge par exemple.

All Men are Bastards est donc un rape and revenge des plus particuliers ici dans le sens où plusieurs composantes du récit vont à contre-courant de ce que nous voyons habituellement dans ce sous-genre des plus controversés du cinéma fantastique.

En effet, dans ce film, un homme drague certes une jeune femme (en l’occurrence la belle et réservée Natalia) mais, à l’inverse de nombreux films appartenant à la catégorie des rape and revenge, c’est bel et bien une Natalia alcoolisée - et quelque peu en manque de tendresse et de repères – qui va venir voir elle-même cet homme au bar qui lui paye des boissons depuis un bon petit moment et lui proposer d’aller conclure dans la voiture de son amie. Alors, oui, notre homme est averti d’emblée par la jeune femme qu’elle est accompagnée dans la vie et ce dernier n’y prête que peu d’attention (il n’est pas jaloux et reste un homme dira-t-il plus tard dans le film) mais, au vu du contexte, est-il réellement le grand méchant - maniaque sexuel, sans retenue et violent - que l’on a l’habitude de croiser dans ce genre de production ? Clairement non... Nous avons plutôt ici un tandem formé d’un côté par une future victime consentante et clairement démonstrative et de l’autre côté un homme en recherche d’une aventure d’un soir assurément mais non violent/insistant. Alors oui, notre homme d’un soir sait pertinemment qu’il va profiter quelque peu de la situation puisque Natalia est un peu perdue et alcoolisée, et il va provoquer un adultère, ce qui peut faire pencher le film du côté des rape and revenge, mais au vu du contexte la quête punitive s’avérera très dure, trop dure... A tel point que l’on en vient forcément à douter de la pertinence du mobile de nos quatre femmes qui seraient ici bien plus vues comme des prédatrices que des proies/victimes...

Très long à démarrer, All Men are Bastards prend beaucoup (trop) de temps pour présenter nos jeunes femmes et notamment le personnage de Natalia que l’on veut nous présenter fragile, perdue et réservée pour mieux essayer de justifier le côté revenge de notre film (la malheureuse va se faire culbuter dans une voiture par un inconnu, elle qui est loin de son Espagne natal et de son compagnon aux abonnés absents).

A ses côtés, nous avons les femmes du pays, celles qui aiment faire la fête, boire des alcools locaux, draguer à tout va... A la tête de cette petite troupe : Valéria, la fille d’un riche qui baigne dans la luxure et la fête. C’est justement dans ce contexte que le côté rape and revenge du film d’Artemio Narro va montrer toute son originalité. En effet, ce petit groupe de filles (une tentatrice, une écœurée de la vie car sa carrière d’actrice a du mal à décoller et une fêtarde suiveuse) s’apparente fortement au fameux groupe de violeurs violents que nous voyons habituellement du côté des méchants qui vont subir la vengeance de leur(s) victime(s). Tout semble ici inversé, les méchants n’étant pas ceux que nous imaginions avant de voir le film et en lisant le titre de ce dernier.

Et ce côté revenge, que donne-t-il ? Les jeunes femmes, en parfaites prédatrices justicières, vont s’en donner à cœur joie avec notre homme kidnappé. Se persuadant que ceci n’est qu’un jeu, elles vont dans un premier temps exciter l’individu (sorte de dernier réconfort avant la punition) pour ensuite l’humilier (elles lui donnent du viagra et se servent de son sexe en érection comme micro...) et finalement le faire payer pour ses actes.

Le malheureux semble payer pour l’ensemble des violeurs qui sévissent dans Mexico et va même servir de souffre-douleur pour l’une des jeunes femmes qui, persuadée que tous les hommes la trouvent imparfaite physiquement, va le sodomiser à sec avec un trophée exposé dans l’appartement. Accroché à une barre de pole dance après avoir été kidnappé, ce dernier va subir divers traitements douloureux physiquement (arrachage de téton, sodomie) ou psychologiquement (l’une des jeunes femmes lui urinera dessus).

Dommage une fois de plus, comme dans la partie rape, le film d’Artemio Narro présente des lenteurs dans sa seconde moitié également. Des passages musicaux semblent en effet servir de remplissage plus qu’autre chose et cassent quelque peu le rythme du film. Sans vouloir être sadique ou pervers, nous aurions par ailleurs peut-être aimé deux-trois humiliations ou tortures supplémentaires.

Au final, All Men are Bastards est plutôt surprenant dans son approche du rape and revenge car ce dernier nous livre ici un contexte peu commun (qui est véritablement le prédateur ici ?)
Même si l’on reprochera de gros manques de rythme et des remplissages musicaux un peu trop présents, le film d’Artemio Narro mérite le visionnage, ne serait-ce que pour vivre cette descente aux enfers de cet homme qui n’était finalement peut-être pas au bon endroit au bon moment...


David MAURICE

AFFAMÉS (2021)

 

Titre français : Affamés
Titre original : Antlers
Réalisateur : Scott Cooper
Scénariste Henry Chaison, Scott Cooper, Nick Antosca
Musique : Javier Navarrete
Année : 2021
Pays : Usa, Mexique, Canada
Genre : Monstre
Interdiction : -12 ans
Avec Keri Russell, Jesse Plemons, Jeremy T. Thomas, Graham Greene...


L'HISTOIRE : Julia Meadows, institutrice dans une petite ville minière de l'Oregon, pense que Lucas Weaver, un de ses élèves, est maltraité par son père avec qui il vit en compagnie de son jeune frère Aiden, qui lui, n’est plus scolarisé. Elle va alors enquêter sur ce mystère avec son frère Paul, le shérif local, avec qui elle est revenue habiter dans la maison familiale après une longue période et surtout un traumatisme ancien toujours pas digéré. Ils vont ainsi découvrir le secret du jeune écolier, mais ce ne sera pas sans conséquences...


MON AVIS Sur le papier, le projet a tout pour plaire car il est porté par le nom prestigieux de Guillermo Del Toro en tant que coproducteur, celui de Nick Antosca connu en tant que scénariste (le métrage est d’ailleurs adapté de sa nouvelle The Quiet Boy) et ayant notamment officié sur la série horrifique Channel Zero et celui de Scott Cooper, un réalisateur ayant déjà fait ses preuves dans des genres très différents (Les Brasiers de la Colère, Strictly Criminal, Hostiles). Ce dernier est surtout doué pour ancrer ses films dans le réel, alors le voir à la tête d’un film d’horreur peut paraître surprenant, mais sa capacité à passer d'un style à un autre pour explorer la noirceur humaine trouve néanmoins ici une évolution logique avec l'idée de la concrétiser dans quelque chose qui n'a justement plus rien d'humain à l'écran, le Wendigo. Ainsi, ce projet avait de quoi attiser la curiosité, d’autant que le long-métrage bénéficiait d’un décor naturel splendide, celui de l'Oregon froid et pluvieux, plutôt sinistre écrasant parfois ses protagonistes, précisément dans une ville minière frappée par la crise économique entraînant parfois ses habitants dans des actes illégaux et où l’on cherche tant bien que mal à réhabiliter la filière du charbon.

Alors certes, comme attendu chez Scott Cooper, l'horreur est avant tout là pour stigmatiser les vices les plus sombres de l'homme et il faut reconnaître que le concept choisi pour les mettre en avant est très habile dans une ambiance désespérée au possible, le misérabilisme de la famille Weaver faisant écho à celui des Meadows, l'institutrice et son frère ayant également connu la maltraitance au sein de leur famille lorsqu'ils étaient plus jeunes. En cela, Affamés est un film d'horreur qui possède une dimension sociale louable.

En outre, côté casting, si celui-ci est mené par la trop rare Keri Russell (Dark Skies) et la valeur sûre Jesse Plemons (vu dans la série Fear itselfJungle Cruise ou la série Love & Death avec Elizabeth Olsen), c’est l’interprétation de Jeremy T. Thomas qui retiendra toute l’attention. Ce dernier incarne, en effet, avec brio et beaucoup de justesse, Lucas Weaver, un petit garçon famélique, triste et terrifié par les épreuves qu'il traverse mais qui, par la force des choses, se sent investi d’une mission : celle d’aider son père et son petit frère, tous deux malades. Encore un enfant qui a grandi trop vite en somme…

Par ailleurs, le film comporte quelques meurtres bien gore et sans distinction aucune de l’âge des victimes et la créature est pourvue d’un design tout à fait remarquable alors que ses manifestations physiques, qu’elles soient des attaques ou des transformations, sont toujours réussies avec la plupart du temps des effets spéciaux qui privilégient le réel aux CGI, ce qui renforce le côté immersif et vériste de l’ensemble.

Malheureusement, malgré toutes ces belles aptitudes qui tendaient à faire de Affamés une proposition vraiment originale, l’ensemble retombe assez vite dans les travers du genre : certains personnages qui décident de foncer seuls dans la gueule du loup, des duels qui n'ont pas de sens tant ils paraissent déséquilibrés et surtout, un final qui tombe vraiment dans la facilité avec un rebondissement commun laissant une dernière fois un léger goût amer sur ce qu'aurait pu être cet Affamés, à ne pas confondre avec celui de 2009, sorte de huis clos asphyxiant dans lequel les gens étaient poussés au cannibalisme par un psychopathe, tout un programme !

Affamés (originellement connu par Antlers, traduisible par Bois chez les américains) est un titre dont la traduction ne reflète pas vraiment le film ou tout du moins en dit trop ou pas assez. En tout cas, c’est un long-métrage qui mélange le thème de la maltraitance infantile avec celui de la légende amérindienne, celle d’une entité vengeresse des hommes, le Wendigo. Si l’enquête est assez bien troussée et bien glauque par moments, que la créature possède un look effrayant donc réussi, on pourra regretter que l'héroïne enfile, une fois n’est pas coutume dans ce type de production, le costume de la sauveuse affrontant les événements avec un courage à toute épreuve. De plus, le dénouement est trop classique voire évident pour un film d’horreur qui voudrait se démarquer du lot ! Malgré cela, on pourra retenir l’ambiance délétère, le jeu des acteurs (dont celui du jeune garçon incarnant Lucas), deux, trois meurtres graphiquement bien rendus, mais on pourra déplorer aussi que le réalisateur ait été un peu trop paresseux dans l’ensemble car on sent qu’il avait le potentiel de rendre quelque chose de plus original voire frontal ! Bref, un mythe bien pensé avec un scénario pas à la hauteur pour un film d'horreur correct qui ne sortira malheureusement pas du lot, même s’il fera tout de même oublier les navets abordant la légende du Wendigo de Larry Fessenden sorti 20 ans avant celui objet de cette chronique et surtout celui de Paul Kener de 1978, considéré par tout cinéphile qui se respecte comme un nanar intersidéral de premier ordre !




Vincent DUMENIL