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AFTERMATH (1994)

 

Titre français : Aftermath
Titre original : Aftermath
Réalisateur : Nacho Cerdà
Scénariste Nacho Cerdà
Musique : /
Année : 1994
Pays : Espagne
Genre : Necrophilie
Interdiction : -16 ans
Avec Xevi Collellmir, Jordi Tarrida, Ángel Tarris, Pep Tosar...


L'HISTOIRE Un accident que le spectateur ne verra pas : un chien et une jeune femme succombent. Dans une morgue, on finit d'autopsier deux cadavres : l'un des deux médecins reste, s'occupant alors du corps accidenté de la défunte, mais ce ne sera pas pour une simple autopsie…


MON AVISLa Trilogie de la Mort de l'ibérique Nacho Cerda compte trois courts-métrages, tous hantés par le spectre de la mort : vision de la vie après la mort dans The awakening, métamorphose d'un sculpteur et de son oeuvre dans Genesis ou nécrophilie clinique dans ce Aftermath, sans aucun doute le film nécrophile le plus redoutable de l'histoire du cinéma.

Le court métrage de Cerda, s'étalant alors sur une trentaine de minutes, se scinde en deux parties distinctes : la mise en place de l'ambiance (introduction très classe) et la découpe des deux corps masculins, puis l'acte tabou dans toute sa splendeur malsaine, à savoir le viol d'un cadavre féminin par un infirmier frappé de la carafe.

La première partie en retournera bien l'estomac de certains, quoique les habitués des Guinea Pig n'y verront rien de bien neufs. Les maquillages brillent cependant par leur réalisme (savant mélange de corps factices et d'acteurs maquillés) et il est bien important de signaler qu'aucun véritables macchabées ne fut utilisés pour les besoins du film, contrairement à Camp 731, Départ vers l'Eden ou Mort à Vignole.

Les morceaux de chairs sanguinolents sont malaxés, découpés, s'entassant sur des blocs aussi froids que les hommes qui s'en occupent ; l'un d'eux porte des coups d’œils plus qu'indécents aux corps sans vie et le regard assassin qu'il renvoie au jeune infirmier passant par là ne laisse présager rien de bon : le malaise s'installe…

La comparaison avec les deux classiques du film nécrophile, à savoir Nekromantik et sa suite, en devient inévitable : la rencontre de Eros et Thanatos est poétique, grotesque et même romantique chez Buttgereit ; elle est froide, radicale et torturée avec Cerda.

Mais là où les deux films du réalisateur teuton (tout aussi fasciné par la mort que le prodigue hispanique d'ailleurs) sont particulièrement maladroits et frisent parfois l'amateurisme (ce qui ne les privent pas d'autres qualités), Cerda nous sert son histoire mortifère sur un plateau d'argent, réalisation extrêmement soignée oblige. Musique baroque, rythme lancinant, aucune parole ; les images troublent et dérangent au plus haut point, en particulier lors du fameux dernier acte.

Lent effeuillage du cadavre, mutilation (terrible séquence où le nécrophile passe et repasse la lame de son couteau sur la peau de la morte), tripailles caressées : rien ne nous est épargné jusqu'au passage à l'acte, bien plus abominable que les love scènes des Nekromantik, qui se trouvaient alors noyées dans de beaux accords de piano. La crudité est poussée ici dans ses derniers retranchements, jusqu'aux dernières images, plus sereines (on quitte le décor de la morgue) mais tout aussi inquiétantes.

Une inoubliable et choquante symphonie de mort, et la naissance d'un grand réalisateur.




Jérémie MARCHETTI

ABSOLUTIO (2013)

 

Titre français : Absolutio
Titre original : Absolutio - Erlosung Im Blut
Réalisateur : Philip Lilienschwarz
Scénariste : Philip Lilienschwarz, Patrick Manzecchi
Musique : René Bidmon
Année : 2013
Pays : Allemagne
Genre : Gore
Interdiction : -16 ans
Avec Stefan Vancura, Norman Sonnleitner, Najely Chumana, Caroline Betz...


L'HISTOIRE Après la mort de sa mère, Isaïe est pourchassé par des visions sombres et cauchemardesques. Il croit que Dieu lui a confié la tâche de libérer l'humanité du péché par tous les moyens possibles. Alors il kidnappe des victimes "pécheurs" et les oblige à avouer sous la torture, pour les amener ensuite à leur Créateur. Isaïe s'enfonce de plus en plus profondément dans un marécage de sang et de folie...


MON AVISPremier long-métrage du scénariste du remake de Blood Feast, Philip Lilienschwarz montre une certaine maîtrise de la direction artistique et de la réalisation avec un budget microscopique. Surfant sur la vague des splatters allemands (mention à la firme Maximum Uncut Productions, à l'origine de plusieurs films gore très amateurs comme A Fucking Cruel Nightmare, The Knochenwald Trilogy ou Terror Island Overkill), ses ambitions ne s'arrête pas que sur l'unique déversement excessif d'hémoglobine. En effet, la globalité du film construit son histoire et tente de développer le personnage d'Isaïe, devenu aliéné après la mort de sa mère et basculant, au nom de sa foie, dans l'horreur pour se représenter comme un messager de Dieu.

Ici c'est l'Ancien Testament qui est détourné en direction du macabre au point de devenir un outil de justification à la torture. Les pécheurs paieront de leur sang, et la libération de leurs âmes ne peut se faire que par la confession évidemment suivie de la mort.

Bon... même si le coup du serial-killer qui s'appuie sur sa foi et tente de faire régner la parole de Dieu en massacrant les âme impures ne date pas d'aujourd'hui, ce degré de justification permettrait de construire une ambiance religieuse particulièrement malsaine. Mais ce n'est que très rarement le cas, car malgré sa courte durée de 70min, Absolutio - Erlosung im blut contient pas mal de longueurs lors de l'histoire parallèle portées par des personnages inintéressants dont l'interprétation ne se retrouve jamais à la hauteur de la qualité visuelle.

L'acteur qui tient le rôle du personnage principal manque d'expression faciale pour dégager un charisme équivalent à ses atrocités commises. Aucune émotion ne surgit et le point à sauver ne se situe qu'à l'effusion de sang et à la direction artistique. Une image d'une netteté surprenante, un cadrage offrant de beaux plans horrifiques, une musique envoûtante et des scènes gore sympathiques bien que peu inventives.

Cet Ed Gein alimenté par la croyance judéo-chrétienne offre ce qu'il a à offrir mais la banalité de l'objet ne laissera pas une marque indélébile sur la liste des passionnés du genre. Bien que ce film particulièrement sanglant et brutal réussi dans ses bases, il devra surtout un remerciement aux effets spéciaux de Franck Schroter car c'est grâce l'efficacité des meurtres que Absolutio donnera un minimum d'intérêt au spectateur déjà habitué aux torture-porn en tout genre. Et la dimension religieuse n'est malheureusement pas toujours accentuée pour envoûter pleinement l'esprit du cinéphile avide de sensations malaisantes.

Psychologiquement, il y avait également un potentiel assez fort au sujet de notre Jesaja (Isaïe), que ce soit justement un éventuel jeu d'inversement en considérant le personnage comme un réplique négative du vrai prophète biblique, ce messager de paix jugeant les faibles avec justice. Ou bien ne serait-ce que sa volonté de vouloir faire ce qui est bien en se perdant dans sa raison illusoire de bon messager de Dieu. Le personnage n'est ni assez riche, ni assez convaincant, et on regrette de ne pas le voir assez investi émotionnellement pendant la "rédemption" de ses victimes et leur exécution. On retiendra peut-être juste l'amusante scène de confession du pasteur faites à des enfants.

Dans la même veine que Tortura, Psychotica et Cross Bearer, ce petit film indépendant a au moins le mérite d'avoir une réalisation classieuse et soignée. Mais concernant les bouchers religieux, on se rappellera plus facilement de l'imparfait mais attachant Perseveration d'Adam Sotelo.

Cependant, espérons que Philip Lilienschwarz ne s'arrêtera pas qu'à ce petit projet et tentera tout de même d'offrir d'autres œuvres plus fournies et avec une matière d'idées aussi bien modelée que sa direction artistique. 




Nicolas BEAUDEUX

3 CORTES (2006)

 

Titre français : 3 Cortes
Titre original : 3 Cortes
Réalisateur : André Kapel Furman, André ZP, Fernando Rick
Scénariste : André Kapel Furman, André ZP, Fernando Rick
Musique : Celso Cunha, André ZP
Année : 2006
Pays : Brésil
Genre : Horreur, Gore
Interdiction : -16 ans
Avec : Fábio Castro, Fernando Pavão, José Salles, Luis Sorrentino, Mara Vanessa Prieto...


L'HISTOIRE 3 Cortes est une oeuvre d'une cinquantaine de minutes, composée de trois courts-métrages et d'un très court-métrage. Mise en scène par trois réalisateurs, tous brésiliens, les propositions œuvrent toutes dans le domaine jovial du gore et du trash le plus gratuit.


MON AVIS Le cinéma d'horreur brésilien est pour ainsi dire quasi-inconnu de ce côté-ci de la planète. Il se résumerait presque à un seul nom, celui de l'increvable réalisateur José Mojica Marins et son alter ego Zé Do Caixao alias Coffin Joe. Près de cinquante ans de carrière, ça force le respect, on en profite d'ailleurs pour conseiller, à nouveau, la vision de son dernier opus, le formidable Embodiment of Evil (un des meilleurs films d'horreur de ces dix dernières années).

Bien. Une fois ceci dit et dans une louable volonté de meubler comme il peut sa chronique à la manière d'un bûcheron suédois perdu dans un magasin Ikea, le chroniqueur reprend sa diatribe sur 3 Cortes en déroulant chacun des courts-métrages qui le compose.


* Sozinho Aka Alone (9 minutes)

Un homme s'endort devant sa télévision. Il décide d'appeler une jeune femme qu'il a rencontré dans un magasin de disque. Elle l'invite chez lui et le reçoit de manière plus qu'engageante. Allongé sur le lit, il regarde la fille se masturber debout sur son ventre. Une fois l'orgasme venu, elle lui écrase le ventre, ce qui le fait vomir. Puis elle lui frappe férocement la tête à coups de pied et enfin elle se saisit d'un sabre caché sous son lit et lui découpe et les jambes... et les jambes, et les bras....et les bras, et là tête... alouette !

Sans dialogues et sans justification, Sozinho déroule son histoire jusqu'à une séquence finale fait inévitablement penser au guilleret Guinea Pig : flower of flesh and blood, en moins méchant tout de même, notamment à cause de sa courte durée. Néanmoins, cela reste efficace et les effets spéciaux sont largement crédibles. On notera aussi une mise en scène un tantinet travaillée, ce qui ne gâche rien.


* Coleção de Humanos Mortos Aka Dead Human Collection (environ 25 minutes)

Un fondu de première a comme fantasme de faire souffrir et de recevoir en retour d'autres types de souffrances. Une sorte de sado-maso de l'extrême donc. Tiraillé par des démons intérieurs, représentés à l'écran par trois entités, une femme en tenue SM, un homme au visage démoniaque et un autre homme au visage à moitié défigurée et rigolant comme une hystérique.

Simple dans son concept, on assiste aux exactions de la brute sur trois de ces victimes, une jeune femme qui finira scalpée et un couple dont la femme sera violée (sous les yeux de son compagnon comme il se doit). L'homme en question sera tué et la donzelle embarquée dans l'antre du tueur où elle subira tortures psychologiques et physiques classiques dans ce type de production (arrachage d'ongles, couteau qui lacère les chairs, clous dans les mains etc.).

Inutile, là aussi, de chercher une originalité fondamentale à l'intrigue, il n' y en a pour ainsi dire aucune, ce court reposant sur la volonté d'en monter un maximum en matière de gore malsain. Le souci étant justement que tout cela reste peu extrême dans la représentation des sévices infligés, tout en ayant un air de déjà-vu trop visible. Comme, en sus, l'un des démons est affligé d'un rire extrêmement pénible sur la longueur…on n'en gardera pas un souvenir ému.

Les amateurs d'atrocités filmiques risquent de rester sur leurs faims, ce qui est ballot vu que c'est quand même la cible évidente de ce court.

* 06 Tiros, 60 ml Aka 06 Balles, 60ml (une quinzaine de minutes)

Une transaction autour d'une quantité importante de drogue tourne à la bataille rangée. Un des dealers reçoit une balle en pleine tête et se réveille dans un hôpital qu'il ne connaît apparemment pas. Problème supplémentaire, ce dernier est infesté de créatures sans visages et peu primesautières.

A la manière d'un survival-horror vidéo-ludique, notre homme va passer de couloirs en couloirs, de salles en salles pour buter les vilains monstres de différentes manières. Flingue, feu, hache, objets contondants dans le seul but de gorifier l'ensemble. Pas si mal que cela d'ailleurs, même si c'est loin d'être spectaculaire et que cela reste fort éloigné d'un film gore à la sauce teutonne genre Premutos ou The Burning Moon.

Nanti d'un twist final convenu qui n'est qu'une tentative de donner un poil plus d'ampleur à une intrigue souffreteuse, 06 Tiros 60 ml, n'est qu'un énième court de plus dans le monde étrange des pellicules aux tripailles fumantes et sanguinolentes . Pas honteux, mais pas inoubliable, loin s'en faut.

* Epilogue ( deux minutes et des poussières )

Dans un sous-sol, une jeune demoiselle est attachée, les mains au-dessus de la tête, à une sorte de grosse canalisation. Un homme arrive et lui écrase sa cigarette allumée sur le cou, puis sur la naissance des seins, enfin il approche le tison ardent de son œil qu'il maintient ouvert avec son autre main. Juste avant l'instant fatidique de la rencontre, l'image est remplacée par un panneau publicitaire de santé publique qui nous indique ? Qui nous indique ? Vous le saurez en le visionnant ! Sachez seulement que l'on navigue en plein humour (très) noir. Simple et de bons goûts donc.

Au final et c'est tout de même triste à dire, mais c'est l'épilogue qui s'avère être le meilleur segment de 3 Cortes. Sozinho mérite également les encouragement du jury. Les deux autres segments possèdent tous quelques moments "amusants", mais l'ensemble sent amèrement le réchauffé.

En fait tous les courts-métrages semblent avoir une vingtaine d'années de retard. A la fin des années 80 ou au début des 90's, ils auraient certainement fait illusion. Aujourd'hui, devant la déferlante de morbidités pelliculaires, ils semblent juste prématurément usés et vieillis. Néanmoins, les fans fou furieux de trash et de gore peuvent y jeter un œil. C'est court et ça peut faire passer le temps.


Lionel JACQUET