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L'ATTAQUE DES MORTS VIVANTS (1987)

 

Titre français : L'Attaque des Morts Vivants
Titre original : Killing Birds - Raptors
Titre alternatif : Zombie 5 - Killing Birds
Réalisateur : Claudio Lattanzi, Joe d'Amato
Scénariste : Daniele Stroppa
Musique : Carlo Maria Cordio
Année : 1987
Pays : Italie
Genre : Maison hantée, morts vivants
Interdiction : -12 ans
Avec : Lara Wendel, Robert Vaughn, Timothy W. Watts, Leslie Cumming...


L'HISTOIRE : Alors qu'il revient du Vietnam, le Dr. Fred Brown, spécialiste des oiseaux, trouve sa femme au lit avec son amant. Il assassine ce dernier, sa femme, ainsi que ses beaux-parents venus malencontreusement ramener le bébé de leur fille. Une fois son crime camouflé, le Dr. Brown est victime de l'attaque d'un de ses oiseaux qui lui crève les yeux. Il est transporté à l'hôpital et le bébé est confié à un foyer d'accueil. Quelques années plus tard, Steve Porter voit accepter son projet d'étude sur les oiseaux. Avec ses camarades, il part à la rencontre du Dr. Fred Brown pour lui poser des questions sur les oiseaux. Steve et ses amis tombent sur l'ancienne maison du Dr. Brown, celle là même où les meurtres se sont produits. Abandonnée et délabrée, la maison provoque des visions cauchemardesques à Steve. Peu de temps après, sa présence et celle de ses amis déclenchent la résurrection des personnes assassinées, qui se mettent à massacrer les étudiants...


MON AVISMon Dieu, quel navet ! Je ne sais même pas comment ce film a pu bénéficier d'une sortie au cinéma ni être sélectionné au festival d'Avoriaz ! Et qu'est-ce que Robert Vaughn est venu faire dans cette galère ? Réalisé en 1987 par Claudio Lattanzi, dont ce sera l'unique film jusqu'en 2019, et apparemment aidé par Joe d'Amato, L'Attaque des Morts Vivants, également connu sous son titre original de Killing Birds mais aussi sous celui, bien opportuniste, de Zombie 5 : Killing Birds (ben voyons !), est un authentique naufrage qui ne ravira personne : ni les amateurs de morts vivants, ni les amateurs d'agressions animales, ni les amateurs de nanars et encore moins les amateurs de cinéma Bis italien.

C'est bien simple, tout est nul dans ce film ! L'histoire n'a ni queue ni tête, les scènes d'horreurs sont risibles au possible, il n'y a pas d'ambiance, pas de suspense, pas de frissons, pas une seule séquence qui nous ferait dire tiens c'est pas mal ça !

Par contre, si vous avez envie de regarder un film dans lequel il faut attendre plus de cinquante minutes avant qu'il ne se passe un petit semblant de quelque chose (soit l'apparition de deux morts vivants du pauvre), si vous avez envie de vous taper des dialogues à la pelle qui n'apporte rien à l'intrigue, alors n'hésitez pas. Les mésaventures de notre groupe d'étudiants sont plus puissantes qu'un somnifère, vous voilà prévenus ! Il n'y aura même pas un petit bout de sein à se mettre sous la dent (on y croit à un moment, avec la mignonne Leslie Cumming qui a bien compris que son petit copain a envie d'elle mais non, elle gardera tous ses vêtements, dommage...) et niveau horreur, quasiment tout est filmé en hors champs, faut dire que c'est plus pratique quand on n'a pas de budget !

Nos élèves passent donc 50 bonnes minutes à gambader afin d'enregistrer le doux sons des oiseaux, à se chamailler comme des gosses puis à errer dans les couloirs de la maison abandonnée dont nous, malheureux spectateurs de ce spectacle désenchanté, connaissons le sinistre passé. Un passé qui va donc resurgir sous la forme de deux zombies décharnés qui vont s'en prendre au petit groupe, sans que cela ne dynamise le rythme, bien au contraire. 

Et nos oiseaux me direz-vous ? Bah on a vu une attaque dans la scène d'intro et... ce sera tout ! Des révélations tonitruantes sont-elles à attendre pour le public en délire ? Non, tout est éventé d'avance, on se doute dès qu'on le voit apparaître à l'écran que le blondinet Steve Porter (Timothy W. Watts) est le bébé blond du début et que le Dr. Fred Brown (Robert Vaughn) est donc son père. Râlez pas si je vous spoile ce détail, parce que de un, tout le monde s'en fout, de deux, ça ne sert à rien dans l'histoire, de trois, vous l'auriez deviné d'entrée de jeu de toute façon et de quatre, je vous épargne la pénibilité de visionner ce film, remerciez moi plutôt !

Niveau mise en scène, c'est aussi pathétique que tout le reste, on a même de la buée sur l'objectif à un moment, on aurait pu croire que c'était du brouillard ou autre mais non, c'est juste de la buée. Affligeant et même pas drôle en fait. 

Bon, j'ai pas grand chose à dire de plus que L'Attaque des Morts Vivants donc je vais arrêter là. Si vous voulez voir à quoi ressemble le néant cinématographique, tentez l'expérience sinon, regardez autre chose, c'est sûrement ce qu'il y a de mieux à faire. A noter que les trailers présentent plus d'effets sanglants que la version DVD que j'ai. Il semble donc que le DVD français soit un peu cut de quelques plans gores. Ça ne doit pas changer grand chose au fait que ce film est un sombre navet et après avoir vérifié via la version uncut (oui j'ai une conscience professionnelle quand même), certes un peu plus fun car un peu plus gore, il est clair, qu'effectivement, ça ne change pas grand chose au résultat final...




Stéphane ERBISTI

ARMY OF THE DEAD (2021)

 

Titre français : Army of the Dead
Titre original : Army of the Dead
Réalisateur : Zack Snyder
Scénariste : Zack Snyder, Joby Harold, Shay Hatten
Musique : Tom Holkenborg
Année : 2021
Pays : Usa
Genre : Morts vivants
Interdiction : -16 ans
Avec : Dave Bautista, Ella Purnell, Omari Hardwick, Ana de la Reguera, Nora Arnezeder...


L'HISTOIRE : Alors qu’ils transportent un mystérieux chargement à bord de leur camion, une escouade de militaires percutent la voiture d’un jeune couple fraichement marié. L’accident libère un puissant zombie qui va devenir le facteur de contamination de la ville de Las Vegas. Mise en quarantaine, la ville de tous les vices garde ses secrets enfouis, notamment un pactole planqué dans un coffre-fort. Une fortune sur laquelle veut mettre la main un groupe de mercenaires mandaté par le mystérieux Tanaka. Mais si l’objectif de Tanaka était finalement autre chose que l’argent ?


MON AVISCommençons en parlant du point le plus épineux tout de suite, comme ça, ce sera fait, on sera débarrassé ! Oui, effectivement, Army of the Dead de Zack Snyder n’est pas un chef d’œuvre et n’est pas à la hauteur de L'Armée des Morts, le film de zombies, réalisé en 2004, par ce même Zack Snyder. Il est aussi vrai que, sans même le comparer à son illustre prédécesseur, cette nouvelle armée des morts rate le coche sur de nombreux points qui se situent souvent plus dans le fond que dans la forme. Mais, si les attentes étaient légitimes et qu’elles ne sont pas récompensées, la déception ne doit pourtant pas occulter les nombreuses qualités de ce nouveau film.

Le postulat de départ est d’ailleurs alléchant : une groupe de mercenaires, dont chaque membre possède ses propres compétences, doit dévaliser un coffre-fort rempli de billets situé en plein Las Vegas. Problème : La ville est en quarantaine, isolée à la suite de la propagation d’un virus qui a transformé en zombie toute la population. Une mutation à grande échelle montrée au travers d’un impressionnant générique d’une dizaine de minutes. De l’aveu de Snyder lui-même, le réalisateur a voulu tourner un film de braquage en remplaçant les flics par des zombies. A partir de là, le scénario ne s’encombre pas de faire dans la crédibilité et le parti-pris de Snyder est de proposer un spectacle violent, fun et décomplexé en appliquant une gestion du temps qui peut laisser perplexe, en utilisant, sans retenu, moult clichés du film d’action et surtout, sans se soucier de la cohérence des réactions de ses personnages.

Ainsi, on comprendra dès le départ que Kate, la fille de Scott, le héros musculeux, va mettre tout le monde dans la panade et provoquer (ou suivre) toute une série événements illogiques (comme la survie improbable de ses amies qui semblent attendre d’être sauvées, comme dans un jeu vidéo). Forcément, ça agace.

D’ailleurs, si Dave Bautista tient son rôle de héros avec panache, il est difficile d’accrocher à ses liens avec sa fille Kate, mais aussi à sa relation platonique avec son amie de toujours, Maria, tant ceux-ci sont plats et courus d’avance. A côté de cela, on préférera la bromance drôle et plus naturelle entre l’allemand Dieter (le spécialiste des coffres-forts) et Vanderohe. Les personnages, plutôt caricaturaux, ne sont donc pas tous traités à la même enseigne et ce déséquilibre empêche une réelle empathie pour eux. Malheureux quand on pense qu’en deux heures et vingt-huit minutes, il y avait le temps de faire mieux.

Donc, si le film ne se démarque pas du tout-venant des actioners bas du front par son scénario et par ses personnages, il gagne toutefois la sympathie et procure un plaisir jubilatoire par la force de ses nombreuses idées de design et de réalisation. Le Las Vegas détruit, le désert et la présence des zombies alpha (plus évolués et plus forts que les boiteux, les zombies standards) apportent même un visuel parfois proche d’un Mad Max : Fury Road. Certes, la comparaison est risqué, mais il faut admettre qu’après visionnage, de nombreux plans restent en tête et se gravent dans notre esprit. C’est dans cette imagerie forte l’on retrouve la quintessence de la réalisation de Snyder, dans cette manière de nous proposer du cinéma à chaque instant.

Même si la plupart des money shots sont tirés par les cheveux d’un point de vue de la logique physique, humaine ou temporelle, ils provoquent indubitablement l’enthousiasme. Si certaines idées sont parfois improbables (le tigre zombie, les mouvements athlétiques des morts-vivants…), elles participent à ce spectacle dont la grandiloquence et la générosité (et la mégalomanie ?) collent parfaitement avec son décor : Las Vegas.

Dans ses excès de réalisation (qui ont tendance à agacer de nombreux spectateurs) et de choix de lumière ou de mise au point, Snyder (aussi directeur de la photographie, sur ce film) pousse parfois le curseur un peu loin. A la limite de la rupture visuelle. Malgré tout, à aucun moment il n’entache la lisibilité des scènes d’action ou de ce qu’il se passe à l’écran.

Sous ce schéma classique du groupe hétérogène voué à une mission commune, Snyder apporte majoritairement une plus-valus lorsque celui-ci se retrouve confronté à leurs ennemis ou menacé par l’arrivée imminente d’une bombe nucléaire. Finalement, cette idée de la perdition d’une ville déjà perdue et le cadre de cette ville incroyable, de ce parc d’attraction pour adultes, qui est aussi un désastre écologique voué à disparaître de par son illogisme, est un prisme plutôt bien vu et pertinent. 




Sylvain GIB

L’ARMÉE DES MORTS (2004)

 

Titre français : L'Armée des Morts
Titre original : Dawn of the Dead
Réalisateur : Zack Snyder
Scénariste : James Gunn
Musique : Tyler Bates
Année : 2004
Pays : Usa, Canada, Japon, France
Genre : Morts vivants
Interdiction : -16 ans
Avec : Sarah Polley, Ving Rhames, Jake Weber, Bruce Bohne, Mekhi Phifer, Ty Burrell...


L'HISTOIRE : Infirmière aux urgences de Milwaukee, Ana termine tout juste ses treize heures de travail d'affilée, ne prêtant qu'une attention vague au fait qu'un patient vienne d'être admis aux soins intensifs pour une simple morsure après avoir passé une radio du crâne. Sans davantage prendre garde aux informations alarmantes qui passent à la radio, elle rentre chez elle, dans un quartier résidentiel où l'attend son mari, Luis. Ana a réussi à leur prévoir un week-end de trois jours. Ils font l'amour, ratant le flash spécial d'information qui passe entre deux spots de publicité, puis se couchent. A 06h37, Luis est réveillé par Vivian, leur petite voisine. Elle est encore en chemise de nuit. Sa bouche est mutilée et ensanglantée. Alors qu'il se précipite vers elle et demande à Ana d'appeler des secours, la fillette lui saute à la gorge et la lui déchire à belles dents. Malgré les efforts d'Ana, il meurt rapidement et se métamorphose presque aussitôt en zombie. Un réveil coup de poing pour Ana, qui va brutalement réaliser que les morts-vivants, hystériques et affamés, ont envahi le quartier, la ville, le pays… 


MON AVISComme on voit, c'est par abus de langage qu'on parle de remake (quand bien même la promotion a été basée sur cet argument), et comparer les deux Dawn of the Dead (1978 et 2004) pour décider lequel est le meilleur commence, au bout d'un moment, à être assez inutile. Un excellent début de cinéaste incompris pour Zack Snyder, dont c'est, faut-il le rappeler, le premier long-métrage. Son esthétique, éminemment lisible par le plus jeune public (et alors?), le succès qu'elle a entraîné, ont en effet engendré envers lui un tollé réactionnaire du plus bel effet. Et paradoxe, les défenseurs et les pourfendeurs du Dawn of the Dead 2004 se sont souvent rejoints dans la même erreur, celle qui consiste à dire qu'il ne contient pas ou presque de critique sur la société d'aujourd'hui, que tout n'y est que pur divertissement.

Premièrement, c'est faux. Le film de Snyder est d'ailleurs infiniment plus chargé du côté du discours. Deuxièmement, ceux-là mêmes qui pointent du doigt cette prétendue absence de critique ne se privent pas, par ailleurs, d'encenser des films qui, eux, en sont véritablement dépourvus. Troisièmement, on ne sait pas de quel chapeau magique est sortie cette magnifique loi selon laquelle une critique de la société d'aujourd'hui devrait être menée de la même façon en 2004 qu'en 1978 pour être reconnue, nonobstant la différence individuelle des réalisateurs. Zack Snyder, en effet, ne s'appelle pas George A. Romero, et il ne l'a jamais prétendu. Et quatrièmement, on ne voit pas en quoi le divertissement serait incompatible avec la critique !

James Gunn, maintenant… James Gunn ? Ce dernier n'est pas seulement le scénariste de Scooby Doo 1 & 2 (2002, 2004) comme on s'est plu à le dire. Il a également été scénariste pour la Troma, et notamment de Troméo et Juliet (1996), Sergent Kabukiman (1997), Terror Firmer (1999) et la série Tromaville Café (1997).

Peut-être peut-on s'expliquer par là l'extrême liberté d'inspiration que le jeune homme a pris vis-à-vis du scénario d'origine de George A. Romero, ainsi qu'une tendance à la démesure (la fameuse explosion de la bonbonne de gaze) et une certaine maladresse dans l'écriture des dialogues, trop démonstratifs, point faible du film avec une direction d'acteur mal assurée de la part de Zack Snyder. Passer d'un genre parodique à un film sérieux est un virage qui ne se négocie pas sans maladresses, mais il réserve aussi de bonnes surprises. L'Armée des Morts déborde par exemple de citations de films de zombies, et pas seulement du film de 1978, dont il ne reprend strictement que l'idée du centre commercial, ici le Cross Roads Mall : le centre où se croisent toutes les routes.

Le but de Gunn et Snyder n'a jamais été de remplacer l'original par la copie (d'ailleurs, quel remake a jamais eu cette intention?). En un hommage des plus fidèles à l'esprit de la trilogie romérienne, ils ont visé au contraire à prouver, tant du point de vue du discours que de l'esthétique, qu'un nouveau film de zombies pouvait être réalisé aujourd'hui, sur la société d'aujourd'hui. Inutile donc de préciser le rôle décisif qu'a joué L'Armée des Morts auprès des producteurs pour enfin permettre à George A. Romero de tourner Land of the Dead.

Trop d'informations, trop de travail, tout va trop vite dans le monde d'Ana. Tout va beaucoup trop vite dans le monde en général, et même la mort y galope à toutes blindes, avide de se répandre partout comme une vague de chair pourrie et cannibale (en 25 ans, la frénésie de consommation n'a pas baissé, elle est devenue pure vitesse de propagation morbide et décérébrée). Hommes et femmes ne se voient plus qu'en coup de vent. Lorsqu'il faut s'unir pour faire face au danger, on commence par se tirer dessus avant de parler (le générique de début est un mélange de scènes de carnages et d'émeutes lourdement réprimées), on s'appuie sur les vieilles bonnes règles (les vigiles du Mall), on se méprise, on se déteste, on se met en cage, on se juge, on tente de s'apprivoiser. La désorientation et la consternation règnent. Si ça ne constitue pas un discours sur la société, je ne sais pas ce que c'est.

Contrairement à ce qui se passe dans le Dawn of the Dead de 1978, les personnages ici ne sont pas des gens renseignés, et ils n'ont rien de sympathique, nous tendant un miroir assez désagréable à regarder. Ce sont des individus lambda qui recoupent toutes les catégories sociales et qui constituent un éventail complet des attitudes actuelles vis-à-vis des problèmes du monde : l'individualisme forcené et obtus (Kenneth), le conformisme aliéné (C.J., qui sur-investit bêtement l'importance des règles du monde dans lequel il a réussi à se faire une place, mais qui sont déjà désuètes, et son équipe de vigiles), le cynisme trouillard (Steve Marcus et sa greluche), le recours à la tradition (André et Luda), les belles intentions qui ne sont pas à la hauteur de la réalité (être humaniste aboutit à se faire dégommer ou à éliminer les infectés), etc. 

Tous assistent au chaos, impuissants devant les écrans de télévision du Mall, où l'on retrouve les acteurs du Dawn of the Dead de Romero dans des rôles de porte-parole de diverses autorités (Tom Savini en shérif, Ken Foree en prédicateur évangéliste). Tous vont essayer de trouver une issue, mais le moins qu'on puisse dire, c'est qu'entre les séquelles qu'a laissé en chacun le monde de la consommation effrénée (pas le temps de pleurer), la perte du sens de ce que peut être un être humain (le shoot à la carte se fait sur des zombies à l'air curieusement hagards, et on leur donne des noms d'acteurs), les réflexes de mépris, de bêtise (risquer la vie des copains pour un toutou) et de lâcheté (Steve), ce n'est pas gagné... En gros, les seuls moments heureux sont la petite crise de consommation, chacun dans son coin, et la partie d'échec à distance, où les pièces abattues sont des effigies des personnages de l'Histoire...

Par son esthétique nerveuse et saccadée, Zack Snyder communique une sensation extrêmement désagréable de trop plein chaotique et incontrôlable. Son expérience dans le domaine de la publicité et du clip musical l'a bien placé pour savoir de quoi il parle et comment en parler, mais contrairement à Danny Boyle (qui a la même expérience publicitaire) dans 28 jours plus tard, il ne s'en sert à aucun moment pour embellir son tableau en lui donnant un joli côté d'esthète. Ici le verdâtre, le gris et la surexposition dominent, démontrant s'il en était besoin que l'univers aseptisé dans lequel nous vivons est d'ores et déjà une sorte de morgue à l'usage des cadavres. Tout va vite, mais tout reste immobile. Tout est très propre, mais tout est très crade. Là encore, si tout cela n'est pas un discours critique sur la société d'aujourd'hui, je ne sais pas ce que c'est.

Le film de Snyder est bien plus noir et pessimiste que celui de Boyle, il est même profondément nihiliste. Accompagné de country (When the man comes around de Johnny Cash, variation sur l'Apocalypse selon St Jean), de crooner déjanté (Down with the sickness de Richard Cheese) et de tubes pop pris à contre-emploi (Have a nice day des Stereophonics ou Don't worry be happy de Bobby Mc Ferrin), la première tentative des personnages pour trouver une solution (S.O.S. adressés au ciel) est celle-là même qui terminait 28 jours plus tard, et ne reçoit en réponse que la plus grande indifférence : lucide et logique. Le générique de fin, quant à lui, se passe de commentaires. Quand bien même les hommes auront appris à s'entraider, la mort ne fera pas de quartiers.

L'Armée des Morts n'est pas vraiment un remake, c'est un très bon film. La postérité lui est d'ailleurs assurée pour un nombre remarquable de scènes, qui deviendront certainement cultes à leur tour par le sens et l'émotion qu'elles recèlent : les génériques de début et de fin, l'exécution de Franck, la communication à distance entre Kenneth et Andy, la séance de shoot à la carte de ce dernier, l'accouchement de Luda, la sortie hallucinante des bus blindés, le sacrifice de C.J… Ce qui fait beaucoup de bonnes choses, pour un premier film ! 




Stéphane JOLIVET

J'ACCUSE (1938)

 

Titre français : J'Accuse
Titre original : J'Accuse
Réalisateur : Abel Gance
Scénariste : Abel Gance, Steve Passeur
Musique : Henry Verdun
Année : 1938
Pays : France
Genre : Morts Vivants
Interdiction : /
Avec Victor Francen, Marie Lou, Line Noro, Marcel Delaître, Jean-Max...


L'HISTOIRE Guerre de 14-18 : Jean Diaz est plongé dans l'horreur des tranchées, tenant à ses côtés son ami et rival François Laurin ; celui-ci a en effet épousé la femme dont il était amoureux, Edith. Jean lui fait cependant la promesse qu'il ne profitera au grand jamais de sa mort pour tomber dans les bras d'Edith. Alors que la fin de la guerre approche, une escouade de 12 hommes, dont Jean et François, est envoyée à la mort au Ravin des Dames. Jean en sera l'unique survivant et, après avoir retrouvé une vie normale, il se consacre à la construction d'une armure en verre indestructible. Vingt ans plus tard, profondément pacifiste, il ne tarde pas à voir une nouvelle guerre pointer son nez…


MON AVISVisiblement attaché au genre historique, Abel Gance revient cependant au fantastique en 1931 avec son remarqué (mais inégal) La fin du monde. Puis il signe en 1938 un remake parlant de son J'accuse, datant de 1919 (mais perdu depuis de nombreuses années), changeant quelques éléments par ci par là, tout en gardant une trame quasi-identique : un drame naviguant entre guerre 14-18 et triangle amoureux, débouchant dans un dénouement dans le fantastique le plus pur. Si cette version originale sera réalisée près d'un an après la première guerre, ce remake, lui, est un cri pacifique à l'aube de la seconde guerre mondiale, à l'aube de la montée du fascisme.

Impressionnant (voire dégoûtant) le public de l'époque, J'accuse passera d'une durée de 2h40 à une durée d'1h40 voire parfois d'1h10 !! Il sera même interdit une année durant et reste, aujourd'hui, d'une grande rareté. Gance remodèle son casting, son histoire aussi, mais garde la plupart de ses personnages principaux. Toute une première partie du film se déroule dans l'horreur des tranchées ; les plans les plus spectaculaires viennent très souvent de stock-shots (leur utilisation est systématique mais inévitable…) et Gance glisse une ou deux images poétiques dans ce fracas de bous et d'explosions, comme cette colombe coulant dans une fontaine noircie par de l'eau empoisonnée, avant d'être enterrée par le héros himself.

Traumatisé par la guerre, le pacifique Jean Diaz retourne au bercail, refusant les avances d'une veuve suite à une promesse qu'il fit auparavant sur le chant de bataille. Les années passent et la fille de la veuve, Hélène, attire les convoitises… dont celle de Diaz.

Au fil des mois, Diaz semble perdre la boule, effrayé à l'idée qu'une nouvelle guerre débute. Il aurait pourtant le pouvoir d'arrêter cette guerre imminente après une promesse qu'il aurait fait… aux morts !

Si jusque-là Gance nous offre drame en bonne et due forme, il distille une note de folie baroque lors d'une mémorable scène d'orage plus proche des films fantastique expressionnistes ou d'un film d'horreur de la Universal, que d'un pan de la filmographie de Renoir.

La démence du personnage entre en jeu et une menace quasi-surnaturelle, voire spectrale, semble flotter sur les tombes du cimetière de Verdun. D'ailleurs, pour exprimer folie et hystérie, le grand Victor Francen (qui sera plus tard au générique de La bête aux cinq doigts) s'en sort comme un chef : sobre et dur pendant toute une partie de l'histoire, il éructe, délire et monologue dans toute la seconde. Une interprétation hallucinante et hallucinée.

Le J'accuse du titre n'entretient aucun rapport avec celui de Zola : c'est celui de Diaz, effondré dans un dernier acte de folie. Dans la version initiale, l'accusation visait le militarisme allemand ; ici c'est la nouvelle guerre mondiale qui révolte le personnage.

Nous arrivons enfin au moment de savoir le pourquoi du comment de la place d'un tel film ici : et si je vous disais que la première armée de morts-vivants de l'histoire du septième art était française ?!

Déjà présente dans la version muette, la dernière séquence (fantastique) retrouve une toute nouvelle force ici : après un appel désespéré lancé par Diaz, le temps se détraque, la terreur s'empare du peuple et les tombes du cimetière de Verdun disparaissent, laissant place à des milliers de spectres de soldats, immobilisant une Europe blanche comme un linge.

J'accuse devient un poème lyrique, apocalyptique et fantasmagorique, aboutissant à deux fins différentes : l'une optimiste et l'autre pessimiste. D'un coté, l'Europe proclame la paix suite à ce mouvement post-mortem - chose forcement incohérente puisque la seconde guerre mondiale éclatera peu de temps après -, de l'autre les morts continuent de marcher sur la terre et le pauvre Diaz est brûlé sur le bûcher (radical n'est-ce pas ?). Mise en abîme du film, voire du réalisateur ?

Dommage que pour cette fin, plus sombre et malheureusement plus proche de l'histoire, le réveil des morts soit sensiblement écourté… pour ne pas dire expédié. Quant aux revenants, si les cinéphiles curieux s'attendront à des maquillages primaires et dépassés, il faut savoir que 50 % des zombies visibles à l'écran sont de véritables monstres, c'est-à-dire des gueules cassées, ces vétérans des tranchées défigurés à vie. Et Gance ne se gêne pas pour asséner de nombreux gros plans sur ces visages de cauchemar écorchés, disloqués, boursouflés et livides.

Mégalo, profondément antimilitariste et tristement prophétique, un très grand film à réhabiliter.




Jérémie MARCHETTI

ABRAHAM LINCOLN - TUEUR DE ZOMBIES (2012)

 

Titre français : Abraham Lincoln - Tueur de Zombies
Titre original : Abraham Lincoln vs Zombies
Réalisateur : Richard Schenkman
Scénariste : Richard Schenkman
Musique : Chris Ridenhour
Année : 2012
Pays : Usa
Genre : Morts Vivants
Interdiction : /
Avec Bill Oberst Jr., Jason Hughley, Jason Vail, Don McGraw, Christopher Marrone...


L'HISTOIRE Durant la guerre civile, Abraham Lincoln apprend qu'une menace pèse sur l'avenir des États-Unis : une armée de morts-vivants sudistes erre sur la surface du continent. En passant derrière les lignes ennemies, le Président se donne pour mission de détruire les zombies...


MON AVIS Décidément, en cette année 2012, ce brave Abraham Lincoln est sur tous les fronts. Car avant d’affronter des vampires dans le bien nommé Abraham Lincoln - Chasseur de Vampires ou d’emprunter les traits de Daniel Day-Lewis pour Steven Spielberg, le seizième président des Etats-Unis est passé chez nos amis de The Asylum pour sauver le monde d’une invasion de zombies. Car évidemment, le concept du film de Timur Bekmambetov ne pouvait laisser indifférent le studio roi du détournement de blockbuster, qui va nous offrir une nouvelle interprétation de la vie de Lincoln et de certains événements historiques.

Oubliez donc tout ce que vous savez : si sa mère est bien morte quand Abraham était encore enfant, il l’a en fait lui-même décapitée d’un coup de faux parce qu’elle était devenue un zombie. Son père avait quant à lui choisi de se suicider quelques minutes auparavant. Et le discours de Gettysburg, vous pensiez qu’il faisait suite à la bataille du même nom ? Grossière erreur, il a été prononcé après une lutte acharnée entre un groupe d’hommes de l’Union et une armée de zombies. Et je préfère ne pas vous parler de l’assassinat de Lincoln...

Car le film réalisé par Richard Schenkman va s’amuser à reprendre des détails historiques et des personnages ayant réellement existé, et va surtout aller au bout de son délire. Ainsi, aux côtés d’Abe Lincoln, on va retrouver John Wilkes Booth (le futur assassin du président), Pat Garrett (l’homme qui abattra Billy the Kid), le tout jeune Theodore Roosevelt ou encore le général confédéré Stonewall Jackson en fin de vie, amputé d’un bras et souffrant d’une pneumonie, tous réunis dans le Fort Pulaski, l’un des sites de bataille de la Guerre de Sécession. Tout ceci donne un côté assez jouissif à l’entreprise, d’autant que les personnages n’hésitent pas à décapiter les morts-vivants.

Hélas, tout n’est évidemment pas rose, et le film est rempli de nombreux défauts qui finissent par le rendre pénible à suivre. Les acteurs, cachés derrières leurs fausses moustaches, sont ainsi particulièrement mauvais, à l’exception peut-être de Bill Oberst Jr. dans le rôle titre (un acteur qu’on l’on connait notamment pour avoir interprété le stalker dans l’application facebook Take this lollipop). Les effets spéciaux sont régulièrement ratés et les zombies vraiment très laids, mais tout ceci n’est rien en comparaison d’un scénario faisant la part belle au répétitif et aux incohérences.

Tenez, alors que les personnages veulent anéantir toute présence zombie, ils prennent bien soin, lors de leurs premières sorties, d’épargner la plupart d’entre eux. Pourquoi ? Sans doute parce que, comme il fait nuit, les morts-vivants dorment (ils ne seront pas beaucoup plus actifs le jour) et sont donc inoffensifs. Le soldat de l’Union est vraiment fair-play. Tellement fair-play que, lorsqu’il traverse une voie ferrée pour échapper aux monstres, il décide en voyant un train arriver de... courir sur les rails, et donc de mourir. Le film est surtout horriblement répétitif, ne proposant que deux types de scènes : les discussions explicatives lourdes et les scènes d’action à l’extérieur. Croyez-le ou non, mais voir des acteurs médiocres massacrer à l’outil de ferme du zombie en costume d’époque sur une énième utilisation de When Johnny comes marching home, ça finit par lasser ! On n’échappera évidemment pas aux éternelles ficelles du film de zombies, du sacrifice héroïque à l’allié infecté, mais on remarquera que les hommes du président Lincoln ont au moins compris qu’il fallait tirer dans la tête, et les bougres visent sacrément bien.

Ainsi, l’affrontement entre Abraham Lincoln et des zombies ne va guère plus loin que le sourire entendu à la lecture du titre. Si l’on s’amusera du côté décalé de cette uchronie délirante et des détournements historiques qu’elle comporte, on s’ennuiera rapidement devant un film mou et répétitif, tiré vers le bas par ses acteurs et son scénario. Comme souvent chez The Asylum...




Steeve RAOULT

L'ABÎME DES MORTS VIVANTS (1982)

 

Titre français : L'Abîme des Morts Vivants
Titre original : La Tumba de los Muertos Vivientes
Titre alternatif : Oasis of the Zombies / Le Trésor des Morts Vivants
Réalisateur : Jess Franco
Scénariste : Jess Franco, Marius Lesoeur
Musique : Daniel J. White
Année : 1982
Pays : France, Espagne
Genre : Morts vivants
Interdiction : -12 ans
Avec Manuel Gelin, Eduardo Fajardo, Lina Romay, Antonio Mayans, Javier Maiza...


L'HISTOIRE : Suite au décès de son père, un héros de la deuxième Guerre Mondiale, Robert Blabert, retourne chez lui. En parcourant les effets personnels du défunt, il tombe sur un journal intime relatant la légende d'une cargaison de lingots d'or enterrée dans une oasis en plein désert. Il réunit ses amis et ils partent à la recherche du trésor, gardé par une armée de soldats nazis, victimes d'une malédiction les ayant transformé en zombies...


MON AVISA part ses zombies nazis, ce film n'a pas grand chose à voir avec d'autres films classiques du genre (ni avec Lawrence d'Arabie d'ailleurs, même si ça se passe dans le désert…). Ici, les zombies tuent pour garder un trésor et se nourrissent presque comme si c'était une arrière-pensée, du style On est des zombies, faut bien y aller… Malgré cela, ne touchez pas à votre télécommande parce qu'on passe un très bon moment, ponctué de quelques hallucinations et fous rires inévitables, comme il se doit pour tout bon nanar involontaire.

L'introduction nous présente deux jolies donzelles qui s'arrêtent dans l'oasis du titre original. Pourquoi sont-elles là ? J'avoue ne pas avoir très bien compris (est-ce grave, docteur ?), mais aucune importance, elles sont là parce qu'elles sont blondes, portent des mini-shorts et des bottes. Et qu'elles vont servir de hors-d'œuvre aux zombies. Quel intérêt scénaristique avec le reste du film ? Svp, ne posez pas ce genre de questions, on n'est pas là pour ça.

Lorsque Robert lit le journal laissé par son père, nous avons droit à une partie de l'histoire en flashback relatant l'attaque du cargo par les nazis, agrémenté d'images de guerre d'archives. Le père de Robert (qui n'a pas de nom) est le seul survivant et il sera accueilli chez un cheikh qui a une très jolie jeune fille, Ayesha. Evidemment, Robert Senior tombe amoureux et fricote avec la belle. Quelques jours plus tard, il rejoint les troupes alliées et ne retournera chez le cheikh que deux ans après. Là, il apprend qu'Ayesha est morte en donnant naissance à son fils, Robert Junior, qu'il ramène alors avec lui. Fin du flashback.

Robert et ses amis font alors le voyage, mais un autre homme aimerait aussi remettre ses mains moites sur le trésor, et il a l'incroyable chance de le retrouver avant nos camarades. Mais comme c'est un méchant, lui et son équipe vont vite se faire croquer par les zombies, laissant la place libre à Robert Blabert (j'adore !) et Co.

Les zombies, tiens, parlons-en. Eh bien, ils sont très laids. Pas autant que dans Le lac des Morts-Vivants, parce que quelques efforts ont quand même été faits. Ils ont des choses collées sur la figure de façon à représenter de la peau décomposée, sans doute, mais on dirait plutôt qu'ils ont été victimes de brûlures au 3ème degré. Quelques vers de terre grouillants et de faux yeux en balles de ping-pong coupées en deux complètent l'illusion. De plus, ils mordent beaucoup mais semblent rester collés à la plaie de sorte qu'on ne les voit jamais rien arracher. Et quelques bouts de tripaille placés hors champ et soulevés en triomphe nous font juste ricaner d'autant plus. Sans parler de leur avancée si lente qu'on se demande s'ils vont même avoir le temps d'arriver au campement de nos jeunes héros avant la fin du film (oui, parce qu'il faut que je vous dise qu'il ne dure que 81 minutes. Et que les zombies ne présenteront une réelle menace que vers 65 minutes).

Les acteurs ? Hi hi, vous êtes d'humeur taquine, aujourd'hui. Le premier critère de sélection (si tant est qu'il y en ait eu – Eh toi. Viens te placer ici. ; Euh, non, moi, j'suis juste le technicien de surface, m'sieur. ; C'est pas grave, nous, on fait un film tout pourri.) semble avoir été le manque total d'expression faciale. Tout le monde se regarde mourir, sans que ça leur fasse ni chaud ni froid. Et nous, on hallucine et se repasse la scène juste pour le plaisir. Allez, quelques perles pour vous donner envie : assis devant leur tente, le guide arabe aide l'un des jeunes à s'asseoir en tailleur. Cela dure plusieurs secondes et tout le monde trouve cela fort amusant (vous aussi, vous verrez). A un autre moment, Robert va voir deux hommes sur le marché. L'un tient un micro et l'autre, une caméra (attention, ça va aller très vite !) :
Qu'est-ce que vous faites ici ?
- Il s'occupe de la caméra et moi, je m'occupe du son.

La bande son est vraiment pénible, l'érotisme pas titillant pour un sou, les inserts du ciel ne correspondant pas avec le moment du jour ou l'oasis en ombre chinoise sont ridicules et si quelqu'un a compris la signification de cette minuscule araignée que l'on voit plusieurs fois juste avant l'arrivée des zombies, merci de me faire signe. Et puis je ne résiste pas à l'envie de vous donner l'indice concernant LE plan qui vaut assurément le détour : Robert Senior et un drap blanc. Vous comprendrez.

L'Abîme des Morts Vivants, production Eurociné, est disponible en deux versions, la française et l'espagnole, pratique courante chez Jess Franco.  Une des différences est que docteur nazi et sa femme sont interprétés par des acteurs différents. La bande sonore est aussi différente dans les deux versions. Pour les amateurs, il y a Lina Romay dans la version espagnole. 


Marija NIELSEN