Titre français : Anything for Jackson
Titre original : Anything for Jackson
Réalisateur : Justin G. Dyck
Scénariste : Keith Cooper
Musique : John McCarthy
Année : 2020
Pays : Canada
Genre : Diable et démons
Interdiction : -12 ans
Avec : Sheila McCarthy, Julian Richings, Konstantina Mantelos, Josh Cruddas...
L'HISTOIRE : Un couple se passionnant pour le satanisme et les sciences occultes kidnappe une femme enceinte dans le but de faire revenir à la vie leur petit-fils Jackson décédé dans un accident de voiture...
MON AVIS : Justin G. Dyck est un cinéaste ayant jusque-là œuvré sur des téléfilms pour toute la famille, voire pour enfants tout court, ou sur de la comédie romantique. Après une vingtaine de films, il tente une incursion dans le cinéma d’horreur avec Anything for Jackson. Présenté lors de l’édition 2021 du Festival International du Film Fantastique de Gérardmer, Anything for Jackson fut une assez bonne surprise et c’est suite à l’achat du DVD que je décidai de me replonger dans ce petit film pour en faire une critique, deux ans après vous en avoir parlé dans mon compte-rendu du festival vosgien.
Bien que ce dernier ait jusque-là réalisé des films grand public, notre cinéaste semble bien connaître les ficelles de ce genre cinématographique qu’est le fantastique sans pour autant tomber dans les clichés et le vu-et-revu comme beaucoup de ses confrères. Le résultat est plutôt positif dans l’ensemble car le principal est là : les acteurs sont convaincants, le scénario sort des sentiers battus, l’ambiance est bonne, le rythme est soutenu (on ne s’ennuie à aucun moment face à autant de péripéties et d’emmerdes qui tombent sur notre couple de sorciers amateurs) et les effets spéciaux sont de bonne facture.
Allez, lançons-nous dans ce petit film mêlant enfant et satanisme (qui a parlé de Rosemary’s Baby ?) et qui traite d’un deuil impossible qui va mal tourner comme nous nous y attendons. Anything for Jackson est un film mêlant plusieurs thématiques et sur des tons divers et variés. Enlèvement et séquestration, sorcellerie/satanisme et film de fantômes s’entremêlent dans ce long-métrage tantôt angoissant et intrigant - certaines âmes torturées qui reviennent d’entre les morts font leur petit effets et les quelques jumpscares disséminés par-ci par-là fonctionnent plutôt bien - tantôt amusant avec certains personnages comme le jardinier ou le black-métalleux qui sont bien décalés.
Pour ma part, j’aurais toutefois préféré que le réalisateur prenne le parti pris de la comédie surnaturelle et façonne son histoire autour de l’humour et de la dérision car il y avait de la matière à exploiter, entre ce couple d’anciens totalement novices dans la magie noire (de véritables apprentis sorciers !) et maladroits au possible d’un côté et ces personnages hauts en couleur qui gravitent autour d’eux (le jardinier envahissant et le black métalleux sataniste et timbré) d’un autre côté et qui viennent parasiter les projets de nos deux doyens du casting.
Le scénario sort clairement des sentiers battus, distillant certes des idées déjà vues par-ci par-là : une porte des Enfers laissée ouverte, des séances de sorcellerie sans grande surprise, des fantômes qui répètent leur mort sans cesse… mais une fois combinées ensemble avec un peu d’humour et d’épouvante nous obtenons là une belle proposition originale et bienvenue.
Les personnages ne sont pas mauvais, en témoignent les performances des deux acteurs jouant le couple de grands-parents endeuillés pour qui nous ressentons une certaine empathie bien que ces derniers soient capables du pire pour faire revenir à la vie leur petit-fils dans le ventre d’une proie fort bien choisie. Avec leur plan parfaitement rôdé au départ (pour justifier le fait qu’ils soient étrangers à la disparition de la femme enceinte qu’ils ont bel et bien kidnappée) qui vire au bancal suite à deux maladresses de notre homme qui attirent la méfiance d’une policière, aucun doute que l’aspect humoristique du film provient en grande partie de ce couple amusant et machiavélique à la fois.
Par contre, nous ne pourrons pas dire autant de bien du personnage de Ian, le sataniste qui devient progressivement le grand vilain du film. Pas suffisamment travaillé, ce personnage pourtant central dans la narration de la seconde partie de Anything for Jackson ne bénéficie pas d’assez de présence à l’écran et d’explications autour de ses motivations obscures et c’est bien dommage…
De même, le côté bordélique de la toute dernière partie du film donne l’impression d’un final un peu bâclé et difficilement compréhensible, ce qui est là aussi bien dommage vu toute l’énergie mise dans cette petite série B concoctée avec beaucoup de soin jusque-là. La porte des Enfers (enfin, du purgatoire) ouverte, nous aurions pu virer en plein cauchemar façon Hellraiser ou The void entre autres? avec des horribles créatures venant de partout…
En ce qui concerne les effets spéciaux justement, ces derniers sont plus que corrects au vu du budget alloué. Entre des âmes torturées dans l’attente du purgatoire, des fantômes, un fou sanguinaire ou encore une créature désarticulée, il y a le choix dans les personnages cauchemardesques il va sans dire. Une ambiance réussie, rapidement anxiogène sur sa seconde partie, qui nous ferait presque oublier que le cinéaste était plutôt à la base un habitué des films de Noël et des comédies familiales.
Au final, Anything for Jackson est une honnête série B fantastique nous proposant une sympathique incursion dans le surnaturel en compagnie d’un couple de satanistes novices en prise avec des créatures venues des Enfers. Même si pour ma part j’aurais privilégié le ton de la comédie dans ce long-métrage et j’aurais préféré un peu plus de travail sur le scénario dans sa dernière partie et sur le personnage de Ian, nous pouvons toutefois retenir du film de Justin G. Dyck de bien beaux efforts dans l’originalité de la première heure, voire un peu plus, et une ambiance réussie avec tout ce qu’il faut de cauchemardesque.
David MAURICE
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