Titre français : L'Appel de la Chair
Titre original : La notte che Evelyn uscì dalla tomba
Titre alternatif : Evelyne est sortie de sa tombe / La Crypte du Fou
Réalisateur : Emilio P. Miraglia
Scénariste : Emilio P. Miraglia, Massimo Felisatti, Fabio Pittorru
Musique : Bruno Nicolai
Année : 1974
Pays : Italie
Genre : Film de machination
Interdiction : -16 ans
Avec : Umberto Raho, Anthony Steffen, Giacomo Rossi-Stuart, Erica Blanc...
L'HISTOIRE : Le Lord Alan Cunningham ne s'est jamais remis de la mort de sa femme Evelyn. Dépressif, ayant des troubles mentaux depuis sa disparition, Alan ne cesse de ramener en cachette dans son château qui tombe en ruine des femmes faciles à la chevelure rousse, qui ressemblent à sa défunte épouse, et qu'il assassine dans ses accès de folie. Son médecin, le docteur Richard Timberlane, sa gouvernante Tante Agatha, et des membres de sa famille tentent de le raisonner et de lui redonner goût à la vie; Lors d'une soirée, il fait la rencontre d'une jolie blonde, Gladys, et en tombe amoureux. Suite à un mariage rapide, Alan, semble oublier enfin Evelyn et vit des moments agréables en compagnie de sa nouvelle épouse. Mais l'ombre d'Evelyn plane encore sur la demeure et des événements étranges se produisent, qui vont mettre à rude épreuve la santé mentale d'Alan mais aussi celle de Gladys...
MON AVIS : Connu sous divers titres, comme L'Appel de la Chair (titre français pour la sortie cinéma, bien naze il faut le reconnaître), La Crypte du Fou (titre vidéo plus réaliste), Holocauste pour une vierge (autre titre vidéo surréaliste), Evelyne est sortie de sa tombe (titre belge) ou The Night Evelyn Came Out of the Grave (titre américain), La Notte che Evelyn uscì dalla Tomba est un excellent film italien d'Emilio P. Miraglia, qui mêle avec un réel brio influence du giallo, film de machination et éléments du film d'épouvante gothique. Un tiercé gagnant ici, tant le plaisir qu'on ressent lorsqu'on visionne le film est intense, du moins en ce qui me concerne. C'est bien simple, j'ai été totalement happé, emporté, hypnotisé par ce récit assez fou et par les sublimes images que nous propose le réalisateur, qui récidivera dans le genre et dans l'excellence avec son film suivant, qui sera le dernier de sa courte filmographie en tant que metteur en scène, La Dame Rouge tua 7 fois, avec la magnifique Barbara Bouchet.
Si L'Appel de la Chair n'est pas à proprement parler un giallo, même si on y retrouve quelques codes ainsi qu'une superbe partition de Bruno Nicolai qui, elle, fait clairement référence à ce genre, il est bel et bien un vrai film de machination et surtout un authentique film d'épouvante gothique, dans la grande tradition italienne. Tout y est : le château inquiétant avec des parties en ruine et un intérieur contrasté, entre salle bardée de toiles d'araignées et laissées à l'abandon et d'autres décorées avec grand soin et d'une réelle splendeur ; une crypte angoissante, qui sera le théâtre d'une scène totalement culte et visuellement magnifique ; un aristocrate vêtu à l'ancienne, névrosé comme jamais depuis la mort de sa femme et qui devient un véritable sadique quand il amène des femmes rousses ressemblant à sa défunte épouse, qu'il fouette et malmène dans une pièce contenant d'anciens appareils de tortures médiévaux ; Des nuits orageuses et zébrées d'éclairs ; Une séance de spiritisme ; des meurtres mystérieux ; des cercueils vides alors qu'ils devraient contenir des cadavres ; une nouvelle épouse qui va vivre de beaux moments de terreur ; l'esprit de la défunte épouse qui règne toujours au château, à travers son portrait et l'amour que lui porte toujours son ex-mari mais aussi sous formes d'apparitions fantomatiques ou d'hallucinations et j'en passe. Emilio P. Miraglia a vraiment soigné cet aspect de son film, qui se révèle de plus très travaillé tant au niveau visuel que de l'ambiance mise en place, avec des éclairages de toute beauté et un soin apporté aux costumes et aux décors entre autres.
Niveau casting, là encore, c'est du tout bon pour ma part ! Le héros, ou plutôt l'anti-héros vu son comportement qui relève de la psychiatrie, est interprété par Anthony Steffen, célèbre acteur de western qu'on ne présente plus. Il se montre assez bon ici, même s'il surjoue la plupart du temps, parvenant à nous entraîner avec lui dans sa névrose morbide. Sa future épouse dans le film, Gladys, est jouée quant à elle par Marina Malfatti, qui est apparue dans d'autres gialli 70's par la suite. L'actrice est elle aussi plutôt à son aise dans L'Appel de la Chair, jouant les femmes en détresse et apeurée avec crédibilité et ne se privant pas de nous dévoiler ses charmes et son agréable physique à plusieurs reprises. Giacomo Rossi Stuart campe le docteur Timberlane, Joan C. Davis une Tante Agatha paralytique et Enzo Tarascio le personnage de George. On trouve aussi, parmi les victimes rousses ramenées à domicile par Anthony Steffen, deux superbes créatures à la chevelure flamboyante et aux charmes envoûtants, en la personne de Maria Teresa Toffano (Polly) et Erica Blanc (Susie), je ne vous présente pas cette dernière, bien connu des amateurs de cinéma Bis.
Tout ce petit monde va donc évoluer dans une atmosphère sourde de folie et de complot, amenant le spectateur a se demander si la fameuse Evelyn est bien morte ou si elle fait partie d'un plan machiavélique destiné a rendre fou son riche mari. Tous les personnages ont quelque chose à tirer de la déficience mentale du Lord et on se doute que quelqu'un a plus à y gagner que les autres à le voir sombrer dans la folie. A moins que ce ne soit réellement l'esprit vengeur de sa femme qui soit revenu d'entre les morts pour se venger d'un événement dont on ne sait rien. Est-ce une relation sado-masochiste qui s'est mal terminée, un peu à la manière de celle du Corps et du Fouet de Bava ? Ou est-ce une simple affaire de gros sous, argument classique des films de machination ? Je vous laisse le soin de découvrir tout ça par vous-mêmes.
Évidemment, on mettra un peu de côté notre rationalité, notre cartésianisme bien français pour pleinement apprécier cette oeuvre un peu fourre-tout et pas dénuée de quelques incohérences ou facilités scénaristiques. Mais en l'état, L'Appel de la Chair propose un spectacle ultra généreux, qui manque un peu de violence graphique il est vrai, mais qui est compensé par une atmosphère baroque et érotico-fantasmagorique qui fonctionne à plein régime et qui joue admirablement bien avec les apparences... souvent trompeuses ! Un pur régal que ce film étonnant !
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