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BEYOND THE BLACK RAINBOW (2010)

 

Titre français : Beyond the Black Rainbow
Titre original : Beyond the Black Rainbow
Réalisateur : Panos Cosmatos
Scénariste : Panos Cosmatos
Musique : Sinoia Caves
Année : 2010
Pays : Canada
Genre : Science-fiction
Interdiction : -12 ans
Avec Evan Allan, Michael Rogers, Scott Hylands, Rondel Reynoldson...


L'HISTOIRE : Au début des années 80, la tentation d'évasion désespérée d'une jeune femme séquestrée derrière une vitre dans un laboratoire expérimental, et surveillée par le mystérieux docteur Barry Nyle...


MON AVISCeux qui souhaitent plonger dans un trip psychédélique dans le monde de la science-fiction à l'ancienne bourrée de références cinématographiques des années 70-80 seront servis ! Beyond the Black Rainbow est la petite série B passée inaperçue et qui pourtant suscite un intérêt particulier par son aspect expérimental et sensoriel.

Le Dr Arboria créé une fondation dirigée par le mystérieux docteur Barry Nyle, qui séquestre une jeune fille dont les capacités psychiques sont très développées. Ses entretiens quotidiens avec elle permettront un passage dans une succession de séquences démentielles à l'esthétisme parfait : couleurs surexposées, géométrie et jeu de symétrie et de reflets gérés au millimètre près, musique envoûtante à mi-chemin entre John Carpenter et Tangerine Dream, mouvements de caméra adoucis et ralentis et j'en passe. Juste de quoi nous plonger dans un univers surnaturel où chacun y verra son propre rapprochement aux classiques du genre, que ce soit Tron, L'âge de Cristal, La Forteresse Noire, Solaris, 2001: l'Odyssée de l'Espace, La Montagne Sacrée, THX 1138 et bien d'autres.

Panos Cosmatos réalise un premier film et brouille les pistes scénaristiques en ouvrant différentes portes de possibilités sans jamais les explorer. Le manque d'explications en agacera certains mais permettra à d'autres de s'évader complètement au milieu de ces images fabuleuses, ultra-stylisées et hypnotiques accompagnées de l'incroyable musique signée Sinoia Caves.

Un voyage au coeur de l'abstraction d'Arboria où décor, récit et personnages ne sont que des éléments hermétiques pour faciliter l'exploration d'un cadre somptueux à l'ambiance onirique. Le style de l'image varie souvent et rend la totalité du film indescriptible tant le détail de chaque tableau change la construction d'une quelconque interprétation.

La trame scénaristique se perd dans la démence de ce lieu intemporel et nous empêche d'apercevoir une éventuelle issue pour un dénouement et une conclusion logique à toutes ces scènes insolites d'une beauté inouïe.

Les éléments les plus mystérieux seront probablement le dévoilement du véritable aspect du docteur Barry Nyle et l'apparition du sentionaut, ce personnage mystique à allure classieuse dans une combinaison vintage élégante. La découverte de son visage est d'ailleurs aussi effrayante que captivante car le mystère de sa présence et de son aspect restera entier, et c'est surement ce qui fait la force de ce personnage emblématique.

S'étalant sur une durée de 1h50, la douceur de l'atmosphère sensorielle peut vite devenir soporifique tant les séquences étonnantes et apaisantes du film bercera votre esprit.

Cet exercice de style poussée à l'extrême dans son impact visuel et sonore est une découverte que chaque cinéphile amateur d'OFNI se doit de tenter. C'est comme si Kubrick, Lynch, Cronenberg et Michael Mann s'étaient regroupés pour former un cocktail d'images et d'effets sonores dans un film singulier déstabilisant.

Le charme atmosphérique jouera parfaitement son rôle jusqu'au dernier quart d'heure où tout se dissimulera pour terminer dans un monde plus rationnel où le genre du slasher basique pointera le bout de son nez sans que l'on sache quelle direction Cosmatos a voulu prendre en abordant cette thématique.

Une désorientation totale du spectateur apparemment volontaire de la part du réalisateur, difficilement compréhensible mais toutefois assez intrigante pour donner l'espoir de voir quelque chose de nouveau dans sa filmographie en lien avec cet essai hypnotique et fantasmagorique.




Nicolas BEAUDEUX

BERLIN UNDEAD (2010)

 

Titre français : Berlin Undead
Titre original : Rammbock
Réalisateur : Marvin Kren
Scénariste : Benjamin Hessler
Musique : Marco Dreckkôtter, Stefan Will
Année : 2010
Pays : Allemagne
Genre : Infection
Interdiction : -12 ans
Avec Michael Fuith, Theo Trebs, Anka Graczyk, Emily Cox, Steffen Münster...


L'HISTOIRE Michael revient à Berlin afin de recoller les morceaux avec son ancienne petite amie Gabi. Mais, alors qu’il franchit la porte de son appartement, il tombe nez-à-nez avec un plombier devenu comme fou enragé qui va soudainement se jeter sur lui. Après l’avoir jeté dans la cage d’escaliers, Michael va se barricader avec un apprenti plombier dans l’appartement. Très vite, ils vont tous deux apprendre qu’un virus s’est répandu dans toute la ville et transforme les gens en bêtes enragées avides de chair fraîche. Un terrible virus qui a déjà semé le trouble dans une grande partie de l’immeuble : Michael et le jeune Harper vont devoir faire preuve de courage et d’astuces pour échapper à leurs assaillants…


MON AVISDepuis leurs études en Allemagne, Marvin Kren et Benjamin Hessler sont devenus deux complices qui travaillent pour des chaînes publiques nationales en réalisant de petits films. L’un est réalisateur (Marvin Kren) et l’autre est scénariste (Benjamin Hessler) : c’est comme ça qu’ils fonctionnent nos deux germaniques et, après avoir vu leur Rammbock, devenu Berlin Undead en France et aux Etats-Unis, force est de constater que ce duo devrait faire parler de lui par la suite.

Né d’une demande de la chaîne publique allemande ZDF, le moyen-métrage (59min) Berlin Undead a été réalisé avec un budget très mince mais avec indéniablement beaucoup de talents et de bonnes idées. Loin des films de zombies contemporains, dont il ne fait d’ailleurs pas partie étant donné que nous sommes face ici à des gens contaminés par un virus les rendant fous enragés, à la manière de 28 jours plus tard, le film du tandem Kren / Hessler préfère offrir à son public un huis-clos horrifique au réalisme parfois saisissant plutôt que de miser sur les gerbes de sang et les scènes d’action en veux-tu en voilà. Retour sur ce petit film à ne pas louper !

Intelligent, poignant et original, Berlin Undead l’est et le prouve sans perdre de temps. Dès les premières minutes, nous sommes en effet plongés dans une chasse à l’homme où les quelques résidents d’un immeuble, pris pour cibles par une meute d’infectés sanguinaires, vont se barricader dans de petits appartements qui rendraient dingues plus d’un claustrophobe. S’ensuivent alors des allers et venues de contaminés dans les cages d’escaliers (qui rappelleront un certain [Rec]) et des percées de ces derniers dans certains appartements, poussant alors les résidents encore sains à se réfugier dans de petites salles, réduisant alors leur espaces vitaux et renforçant une fois de plus cette claustrophobie instaurée depuis les premières minutes du film. Une claustrophobie donc de plus en plus intense, permise par ce huis-clos qui se rétrécit au fur et à mesure que nous avançons dans l’histoire (les contaminés occupant de plus en plus de place, poussant les personnes saines à s’entasser dans des espaces de plus en plus restreints pour leur échapper), qui atteindra son summum quand notre héros n’aura plus le choix que de s’enfermer dans un débarras au fond d’une cuisine tandis que son compère sera recroquevillé en l’air à quelques centimètres du plafond.

Un rythme fort soutenu car nos deux héros n’auront que peu de temps pour reprendre haleine, ces derniers ne pouvant résider trop longtemps au même endroit car les contaminés parviennent à pénétrer tôt ou tard dans la pièce où ils se trouvent. Pas de remplissage sans intérêt ni de dialogues longs et inutiles, Marvin Kren et Benjamin Hessler veulent rapidement parvenir à leurs fins : mettre l’être humain face à une catastrophe et tenter de montrer comment ce dernier pourrait réagir devant pareille situation. Et ce qui marque justement dans ce film, c’est que le réalisme est parfois saisissant : on ne pourra s’empêcher, à divers moments, de se dire moi aussi j’aurais fait ça à sa place !, les personnages ayant des réactions non tirées par les cheveux, chaque décision semblant mûrement réfléchie, et ne cherchant pas à jouer les héros.

Une ambiance oppressante, des décors sombres et tristes (en référence entre autres à cette superbe vue d’un Berlin miné par ce terrible virus quand Michael se retrouve sur le toit de l’immeuble) ainsi qu’une musique à mi-chemin entre le poétique et le mélancolique, qui n’empêche pas pour autant au film de jouer la carte du tragi-comique. En effet, Marvin Kren et Benjamin Hessler ont beau nous offrir un cadre des plus désolants et stressants avec quelques passages quelques peu émouvants, ils arrivent également à nous sortir par moments un sourire par le biais du personnage central, Michael, et son insatiable amour pour son ex-petite amie. Sa chère Gabi pour qui il se ferait dévorer dans les escaliers juste pour répondre à son appel, pour qui il refuserait de se servir de ses fourchettes pour se défendre par peur de lui abîmer et par conséquent de la fâcher, pour qui il refuse d’uriner dans son évier alors que les WC sont inaccessibles. Michael Fuith, l’acteur incarnant notre drôle de héros, est vraiment très bon dans ce rôle d’amoureux à côté de la plaque, dépassé par les événements mais ne manquant pourtant pas de bonnes idées quand celui-ci se décide à penser à autre chose qu’à sa Gabi. Encore une fois, pour profiter pleinement de Berlin Undead, la vision en VOST est indispensable, car la VF est déplorable, ne serait-ce que pour la voix et les intonations de Michael justement.

Au final, Berlin Undead est une très bonne surprise. Ce moyen-métrage de 59min mêle habilement horreur, oppression, tragédie et humour, le tout à un rythme effréné bienvenu. Encore la preuve qu’un surplus de scènes d’action, une quantité importante d’hémoglobine versée et une longueur formatée d’1h30 / 1h45 ne sont pas indispensables pour constituer un vrai bon divertissement.




David MAURICE

BEREAVEMENT (2010)

 

Titre français : Bereavement
Titre original : Bereavement
Réalisateur : Stevan Mena
Scénariste : Stevan Mena
Musique : Stevan Mena
Année : 2010
Pays : Usa
Genre : Tueurs fous
Interdiction : -16 ans
Avec Alexandra Daddario, Spencer List, Brett Rickaby, Michael Biehn...


L'HISTOIRE : En 1989 à Minneserville, Pennsylvanie, le petit Martin Bristol, un enfant de six ans souffrant d’une maladie l’empêchant de ressentir la douleur, est kidnappé par Graham Sutter, un redoutable tueur en série. L’emmenant dans un abattoir retranché où il assassine de jeunes filles, le maniaque contraint le garçon à assister à ses horribles agissements. Cinq ans plus tard, Allison Miller, une adolescente de 17 ans ayant perdu ses parents, emménage chez son oncle Jonathan. Fan de longs footings et de courses effrénées, la jeune demoiselle explore son nouvel environnement, découvre son nouveau lycée, fait la rencontre de William, un jeune homme travaillant au garage local et surtout, pense avoir découvert que quelqu’un vivrait dans l’étrange bâtisse se trouvant près de sa nouvelle demeure. Va-t-elle alors vérifier l’adage la curiosité est un vilain défaut ?


MON AVIS Pour la petite histoire, c’est avec un budget malingre que Stevan Mena réalise son premier long-métrage en 2004, un slasher nommé Malevolence (qu’on traduirait par : malveillance), sorti directement en DVD, mais ayant fait parler de lui dans de nombreux festivals, dont notamment celui de New-York, et s’étant de fait forgé une petite réputation. Mais petite hein, car ce film culte pour certains américains, n’a encore jamais dépassé nos frontières. Fort de son expérience et ayant eu un peu plus d’investissement, Mena offre, en 2010, une suite à son film séminal, ou plutôt un préquel, revenant aux origines du mal. 

En revanche, le titre est toujours aussi imprononçable et compliqué à écrire puisque ce sera Bereavement, qu’on traduira par : deuil. Ce dernier relate ainsi l’histoire d’Allison qui s’installe chez son oncle après la perte de ses parents et celle de Martin, un petit garçon enlevé à six ans par un déséquilibré vivant dans un abattoir désaffecté où il massacre, telles de jeunes génisses, des jeunes filles suspendues à des crochets de boucher. Chacun sera donc confronté à un deuil : celui de ses parents pour l’adolescente et celui de son enfance pour le garçonnet. Qui en sortira indemne ? est-on en droit de se demander et c’est d’ailleurs la question à laquelle Mena tentera de répondre à l’issue de son long-métrage.

Bâti sur un scénario très solide, Bereavement s’apparente à un véritable cauchemar éveillé et vraiment intense. D’entrée de jeu, le spectateur est projeté directement dans un univers sordide (un abattoir perdu au milieu de nulle part) où de jeunes victimes sont impassiblement exécutées après avoir été violentées, le tout sous les yeux d’un jeune enfant venant d’être enlevé à ses parents ! Parallèlement à cette histoire, Allison, une jeune ado qui essaie de surmonter un terrible drame familial, vient habiter à proximité. Mais l’on sent bien que sa route va croiser celle du psychopathe, qui semble rôder autour d’elle. On s’inquiète alors de l’issue fatale de cette rencontre semblant inévitable ! Quel climat de tension ! Mais non content de nous confronter à un suspense continuel, Stevan Mena intègre à son film d’horreur des données familiales si profondes et complexes qu’elles font de ce métrage autre chose qu’un simple slasher de pacotille. Ce serait plutôt un drame intimiste mâtiné d’horreur auquel on serait confronté, mais ce, de manière intelligente, avec des références philosophiques. D’ailleurs, à un moment donné du métrage, Allison se trouve au lycée, dans un cours où le professeur compare les biologistes évolutionnistes prétendant que tout est tracé génétiquement à d’autres écoles de pensées comportementalistes pensant que seul l'environnement et les influences durant l'éducation ont un rôle. A-t-on déjà ne serait-ce qu’aperçu de telles vues de l’esprit didactiques dans un film de genre ? J’en doute fortement !

A la qualité scénaristique, se joint une interprétation sans failles. Dans les rôles principaux, on retrouve deux gueules connues : John Savage (The Killing Kind, Carnosaur 2), impeccable en vieil homme bourru, alcoolique et handicapé qui se remet difficilement de la mort de sa femme, puis surtout Michael Biehn (Terminator, Le Sang du Châtiment, Aliens le retour, Planète Terreur ou encore The Divide) qui se démarque tout particulièrement par une interprétation toute en finesse d’un oncle qui essaie de consoler comme il le peut sa nièce ayant perdu subitement ses parents. Aux côtés de ces vieux briscards, on (re)découvre la magnifique Alexandra Daddario dans le rôle d’Allison (Percy Jackson le voleur de foudre ou le récent Texas Chainsaw 3D) vraiment bonne (à tous points de vue !), même s’il est vrai qu’elle ressemble plus à une jeune femme qu’à une adolescente. Spencer List (vu dans la série Fringe) campant Martin Bristol, est formidable d’ambiguïté et de mystère en témoin oculaire d’actes barbares : il ne prononcera pas un mot du début à la fin du film ! Brett Ryckaby (The Crazies, Zodiac) revêt, quant à lui, le costume du psychopathe de service, terrifiant par sa brutalité physique et sa violence morale (ou inversement). Non seulement il exécute froidement de jeunes femmes après les avoir torturées mais en plus, il prive d’enfance un gamin dont il veut faire son légataire universel en termes d’atrocités ! En un mot : effrayant !

A côté de cela, il faut signaler que les décors et la photographie sont également de très bonne facture. Par son ambiance crasse, le film apparaît comme un hommage de plus à Massacre à la Tronçonneuse, le chef d’œuvre en la matière de 1974. Mais c’est bien fait car l’abattoir désaffecté muni d’énormes crochets, l’habitat répugnant du sociopathe, ses habitudes peu communes (comme celle de converser avec le squelette d’une tête de vache ou de buffle pour les connaisseurs) ou encore la campagne perdue, rappellent les meilleurs moments du classique de Tobe Hooper, et ça ce n’était pas forcément gagné d’avance ! Toutefois, on émettra quelques bémols quant à ce petit film marchant sur les mêmes rails que son illustre aîné : quelques longueurs pourraient faire perdre au métrage de sa saveur et d’aucuns pourraient se montrer déçus dès lors que le visage du tueur sera dévoilé, ce qui pourrait amoindrir toute l’aura de mystère du film. Mais bon, ce serait vraiment pinailler, d’autant que l’on sent que le budget n’était pas si incroyable que cela, en atteste la triple casquette réalisateur-scénariste-musicien de Stevan Mena !

Doté d’un casting réussi (avec un Michael Biehn authentique, en tête), d’une qualité d’écriture supérieure à la moyenne et d’une photographie digne des plus grands films jouant dans sa catégorie, Bereavement fait fort. Plongée haletante dans le quotidien sordide d'un tueur en série, un vrai, celui qu'on peut voir s'enliser dans sa folie, Bereavement est aussi le voyage initiatique d'une âme vierge au plus profond de l’horreur sans rémission possible. Tantôt long, tantôt difficile, le métrage se vit pourtant comme une expérience spécifique voire sensorielle. On pardonnera alors les quelques insuffisances du film de Stevan Mena pour n’en retenir que sa conclusion nihiliste au possible. Hyper sombre mais pourtant superbe, Bereavement fait honneur au cinéma de genre. Attention car il n’est pas à mettre devant tous les yeux !




Vincent DUMENIL

BERBERIAN SOUND STUDIO (2012)

 

Titre français : Berberian Sound Studio
Titre original : Berberian Sound Studio
Réalisateur : Peter Strickland
Scénariste : Peter Strickland
Musique Broadcast
Année : 2012
Pays : Angleterre, Allemagne, Australie
Genre : Insolite
Interdiction : -12 ans
Avec Toby Jones, Antonio Mancino, Guido Adorni, Susanna Cappellaro...


L'HISTOIRE : Nous sommes dans les années 70 et le cinéma de genre transalpin bat alors son plein. Berberian Sound Studio est l'un des studios de postproduction les moins chers et les plus minables d’Italie. Là, arrive Gilderoy, un ingénieur du son naïf et timide tout droit débarqué d'Angleterre. Il est alors chargé d'orchestrer la bande-son du dernier film de Santini, un maître de l'horreur local. Laissant derrière lui les documentaires britanniques et leur ambiance paisible, Gilderoy se retrouve petit à petit plongé dans l'univers inconnu des films d'exploitation italiens. A mesure que les actrices se succèdent pour enregistrer des cris tous aussi stridents les uns que les autres, ses relations avec les membres de l’équipe et certains bureaucrates peu conciliants commencent à décliner. Très vite alors, son nouveau cadre de travail va se transformer, à l’image des films dont il mixe la bande sonore, en véritable cauchemar…


MON AVISL’histoire de Berberian Sound Studio débute de manière plutôt prometteuse et originale en nous montrant cet ingénieur du son / bruiteur qui se retrouve parachuté, pour des raisons professionnelles, de son Angleterre natale vers un studio italien spécialisé dans l’illustration sonore de films bis allant du Z bien gore aux bandes érotiques soft. Très vite, Gilderoy sera confronté à une certaine hostilité de la part des gens l’entourant. Les actrices grinçantes se succédant souvent semblent l’ignorer, les techniciens locaux aux méthodes archaïques le regardent bizarrement, le réalisateur et le producteur sont exigeants quant à leurs demandes et les bureaucrates sont très peu arrangeants puisqu’il doit courir par monts et par vaux afin de se faire rembourser son billet d’avion. Pris dans un milieu inamical, Gilderoy va dans un premier temps se réfugier dans son travail et dans la lecture des lettres adressées par sa mère lui parlant de son pays d’origine, mais très vite, il va devoir faire face à la peur suscitée par les films dont il assure la sonorisation et ses propres démons. 

Au vu de ce résumé alléchant, ce second long-métrage signé Peter Strickland (connu pour Katalin Varga) pouvait être un clin d’œil aux films de genre pullulant dans les années soixante-dix et quasi tous en provenance d’Italie. Mais Berberian Sound Studio est autre chose : un métrage étonnant à plus d’un titre et qui ne le doit pas qu’à son pitch attrayant. On s’attend à un film d’horreur classique et on se retrouve finalement face à une œuvre cinématographique singulière qui ne laissera pas le spectateur indifférent, enfin ça dépend lequel... Ce film est tout d’abord un grand hommage au son. 

Peter Strickland en est un grand admirateur, le mettant toujours à l’honneur. Il a ainsi voulu que le son supplante l'image, que la suggestion remplace la démonstration et faire de son long-métrage une sorte de trip sensoriel. Là, Gilderoy travaille sur un film dont on ne voit pas une seule image. Le tour de force ici, c’est que le spectateur apprend à se passer du film mixé, de ses images (mais on comprend facilement qu’il s’agit de scènes gore et violentes), celles-ci passant au second plan, derrière les scènes où apparaît Gilderoy en train de travailler sur des bruitages ou de faire des montages. C’était donc un pari osé de la part du réalisateur de faire du son l’élément essentiel de son métrage. On peut donc dire que c’est une gageure réussie puisque l’on comprend chaque scène enregistrée uniquement grâce à la force du son, ayant ici une importance capitale, comme dans Blow Out, petit bijou signé par un certain Brian de Palma. Notons d’ailleurs que la bande-son est un chef-d'œuvre concocté par la regrettée Trish Keenan et James Cargill, son acolyte de Broadcast, qui parviennent à installer une ambiance malsaine, anxiogène propre à ce genre de cinéma d'exploitation.

Berberian Sound Studio est également un hommage aux gialli des seventies et plus particulièrement à Dario Argento, le maître en la matière. En effet, les mouvements de caméra sont très stylisés, la bande-son angoissante au possible, les couleurs criardes, quasiment tout y est sauf les scènes excessivement gore. Strickland ayant, comme on l’a dit précédemment, voulu axer entièrement son film sur le son et donc aussi sur le spectacle visuel par une mise en scène très esthétique…mais sans le sang ! Les fans du réalisateur de Suspiria pourront alors y découvrir, avec un certain plaisir, la face cachée d’un film qui aurait presque pu être de lui (du moins au début) tout en profitant d’une atmosphère glauque de giallo à la différence près c’est qu’ici on entend tout mais on ne voit rien. Le physique peu commun de Tobey Jones et certains cadrages bien sentis participent également à donner un charme désuet à cet objet cinéphilique qui, de par son concept original, ne se limitera qu’à un public très limité.

D'une certaine façon, Berberian Sound Studio peut se voir comme un documentaire sur les coulisses du cinéma d'exploitation italien des années 70, en particulier dans le domaine des bandes-sons réalisées de façon artisanale, notamment avec son massacre de légumes tel qu’on n’en a jamais vu sur les écrans. De l'horreur, des cris de scream queens déchaînées et de la sauce tomate : cette reconstitution version baroque est une véritable preuve d’amour d’un cinéma qui a connu son heure de gloire il y a près de quarante ans désormais. Farce sonore au détriment d'une surenchère de gore et d’effusions sanguines disproportionnées, cet objet inclassable est une incontestable mise en abyme sur les dessous du cinéma dit bis, sur ce que l’on ne montre pas, loin des clichés des productions actuelles par trop standardisées et remakées à outrance.

Malheureusement, le scénario ne suit aucune intrigue précise, ou bien celle-ci n'est pas assez creusée, alors qu’aucun rebondissement notable n'apporte un quelconque rythme au film. De plus, la redondance de scènes quasi identiques pourra également paraître gênante et donner l’impression que tout ça tourne très vite en rond. Pis, non content d’un script sans consistance, le scénariste (aussi réalisateur pour le coup) nous fabrique un retournement à la David Lynch pour le moins déroutant, voire ridicule pour certains. Il est totalement insignifiant et laisse surtout à penser que Strickland et son équipe ne savaient pas comment conclure ! Quel dommage car tout était en place pour que le mystère évolue vers quelque chose de grandiose, mais après une première moitié plutôt sympathique, le métrage semble se répéter et surtout la fin vire au surréalisme le plus incompréhensible qui soit, transformant l'ensemble en un film biscornu et énigmatique. On sent alors un grand vide dans le scénario nous donnant le sentiment que le réalisateur n'a pas su choisir entre un long-métrage expérimental pur et un giallo modernisé. Bref, du beau ratage, ce qui est d’autant plus rageant au vu du matériau d’origine et de ses qualités énumérées préalablement !

Film en dehors des conventions cinématographiques habituelles nous montrant l'histoire de la postproduction sonore d'un métrage, Berberian Sound Studio (devant son nom à une certaine Cathy Berberian mariée à Luciano Berio, un des grands pionniers de la musique électro-acoustique) nous offre un long-métrage visuellement maîtrisé doublé d’une bande-son aussi surprenante que pénétrante. Mais voilà, les scènes ont tendance à se répéter dès la moitié du métrage et surtout, un basculement final ridicule dans les dernières minutes vient plomber ce film hommage en lui ôtant tout semblant de logique. 

Au final, Berberian Sound Studio ne remplit pas toutes ses promesses initiales, malgré la présence de Toby Jones, acteur atypique et convaincant en personnage anxieux, peu sûr de lui et rongé par le doute. Le projet ambitieux de faire peur uniquement par le son ne réussit ainsi pas complètement et ce qui se voulait représenter un exercice de style jubilatoire sur le monde du cinéma s’avère n’être, au final, qu’un pétard mouillé pseudo intello. Mieux vaut alors voir ou revoir Amer d'Hélène Cattet et Bruno Forzani, dans lequel l'hommage aux gialli d’antan est bien rendu et ce, sans effet de style superflu.




Vincent DUMENIL

BENNY T'AIME TRÈS FORT (2019)

 

Titre français : Benny t'aime très fort
Titre original : Benny loves You
Réalisateur : Karl Holt
Scénariste : Karl Holt
Musique Karl Holt
Année : 2019
Pays : Angleterre
Genre : Jouet meurtrier
Interdiction : -12 ans
Avec Claire Cartwright, George Collie, Darren Benedict, Anthony Styles...


L'HISTOIRE Alors qu’il vivait jusque là avec ses parents, Jack se retrouve soudain seul suite à leurs décès et décide enfin de tourner la page, quitter cette vie d’éternel adolescent dans laquelle il s’était enfermé. A 36 ans, il est en effet temps de se séparer de ses vieux jouets et surtout de ses vieux doudous d’enfance, dont un certain Benny que sa mère lui avait offert étant jeune pour le protéger de ses cauchemars nocturnes. Mais, contre toute attente, ce fameux Benny va prendre vie et continuer d’aider son ami : armé d’un couteau, il va s’en prendre à tous ceux qui n’apprécient pas son grand copain Jack…


MON AVIS Après avoir réalisé en 2006 un court-métrage intitulé Eddie loves you qui mettait en scène un jouet tueur, Karl Holt décide de se lancer sept ans plus dans le long-métrage avec Benny loves you, renommé chez nous Benny t’aime très fort.

Un long-métrage qui est passé par quelques sympathiques festivals tels que Sitges, Frightfest mais également notre cher Festival de l’Alpe d’Huez en 2021. Car peut-être ne le savez-vous pas pour ce dernier mais chaque année les festivaliers sont invités à découvrir une comédie d’horreur durant ce qui est appelé la séance de minuit et cette année c’était Karl Holt qui était choisi pour amuser et faire frissonner le public. Et ce que l’on peut dire c’est que notre homme porte le film sur ses épaules : à la fois producteur, scénariste, monteur et réalisateur, ce dernier y joue également le rôle principal (Jack) et signe les effets spéciaux et la musique du film. Et quand nous voyons le résultat final, nous pouvons dire qu’il s’agit là d’un beau défi relevé. Sans être exceptionnel et dépourvu de défauts, ce dernier s’avère très plaisant à visionner comme nous allons le voir dans ces quelques paragraphes qui suivent.

Impossible de ne pas penser à des films tels que Ted, Chucky ou autres Dolls et Puppet Master quand nous regardons Benny t’aime très fort, même si nous relevons de très nombreux autres clins d’œil : Les Griffes de la Nuit, Matrix, Evil Dead, Gremlins ou encore Toy Story 3 et Maman j’ai raté l’avion. La catégorie que nous appelons chez horreur.com jouet meurtrier comporte en effet son petit lot de bonnes surprises et le film de Karl Holt ne déroge pas à la règle. Amusements et frissons au programme, voici ce que réserve ce Benny t'aime très fort. Avec ses personnages un brin décalés pour la plupart, son personnage principal qui se donne enfin une vie d’adulte à 36 ans et bien évidemment notre cher Benny, nous n’avons pas le temps de nous ennuyer devant ce petit film au rythme de bonne facture et à l’humour bien présent et faisant très souvent mouche.

Du côté des personnages, comment ne pas s’amuser devant ce duo de policiers totalement barré qui semblent bien plus intéressés par les petits gâteaux crémeux au fond du meuble mural de la cuisine de Jack que par ce qui motive chacune de leurs visites. Des représentants des forces de l’ordre aux dialogues bêtes au possible mais tellement savoureux que nous ne pouvons nous empêcher de sourire à la moindre de leur apparition, certains que nous allons de nouveau avoir droit à de petits moments de débilité bienvenus. Mais ce n’est pas tout bien évidemment, à ces deux personnages décalés vous pourrez rajouter un banquier aussi tordu que profiteur, un collègue totalement perché et fan incontesté de Prince qui saura également bien vous faire marrer avec ses mimiques, ou encore un patron peu sympathique mais amoureux fou de son chien (forcément il va lui arriver quelque chose, on le devine aisément, à la manière d’un Mary à tout prix mais à la sauce gore) et quelque peu gaga quand il se retrouve avec ses filles.

Face à tous ces personnages hauts en couleur, nous retrouvons ce cher Jack, en proie à toutes ces personnes qui lui mènent la vie dure. Un banquier qui le ruine, un patron qui le rétrograde et un collègue qui s’avère être un concurrent déloyal : il en faut peu pour Benny qui s’est donné pour mission d’aider son ami et donc de se débarrasser de toutes ces menaces. Et même si cela facilitait la vie de Jack au départ, cette accumulation de cadavres va commencer à être un sacré problème pour notre malheureux éternel ado en pleine reconversion qui va devoir à présent affronter des policiers qui lui tournent de plus en plus autour tout en cachant la cruelle vérité à cette belle femme qui lui fait de l’œil depuis quelques temps. Le problème est qu’outre le fait d’aider son ami en dézinguant ses ennemis, Benny veut également retrouver sa place de numéro 1 dans le cœur de Jack, lui qui avait été jeté à la poubelle en début de long-métrage. Et le voilà donc, comme nous pouvions nous y attendre alors, en compétition avec cette belle collègue de travail qui tourne autour de son meilleur ami…

Comment parler de Benny t’aime très fort sans dire un mot de notre star du film ? Avec ses gros yeux ronds donnant un air d’ahuri, Benny a tout de la peluche sympathique et rigolote à la fois. Sa façon de déambuler (des effets spéciaux quelque peu loupés mais cela donne un ton comique bienvenu), ses tadaaaam après chaque meurtre perpétré ou encore ses sauts à répétition façon ninja amusent beaucoup la galerie quand ce dernier ne décide pas de faire gicler l’hémoglobine sur la caméra. Car oui, derrière cette image juvénile et sympathique que dégage Benny se cache un véritable tueur sans pitié ! Coups de couteau en pagaille, éviscérations, décapitation, empalement avec le piquet du panneau Maison à vendre, égorgements, veines tailladées… Notre ami-peluche ne fait pas dans la dentelle, massacre humains comme animaux et nous offrira même une tuerie de masse assez jubilatoire il faut l’avouer. Dans les meilleurs moments du film, je retiens notamment cette scène dans laquelle Jack découvre toutes ses peluches tuées, Benny les ayant décapitées ou simplement abîmées tout en les aspergeant de spaghettis à la bolognaise pour donner l’impression de viscères et autres abats extirpés ! Sans oublier un de ses jouets préférés qui finit dans l’eau bouillante…

Alors oui, nous pourrions reprocher pas mal de petites chose à Benny t’aime très fort, à commencer par quelques effets spéciaux fort moyens, budget oblige. Certains effets numériques sont moins bons que d’autres, comme lors de cette bagarre entre Benny et un robot qui s’avère un brin trop longue. D’ailleurs le final vire un peu trop au grand n’importe quoi alors que l’humour était mieux distillé jusque là.  Le petit côté Maman j’ai raté l’avion,,avec confection des pièges contre Benny est un peu le truc de trop également qui pourra déplaire à certains. Mais n’allons pas bouder notre plaisir, les défauts sont toutefois mineurs et ne gênent en rien la bonne lecture du film et surtout le plaisir procuré quand nous le visionnons.

Alors oui, Benny t’aime très fort sera probablement oublié dans quelques mois / années mais nous avons vu là un film au capital sympathie indéniable. Drôle, gore et dynamique, le film de Karl Holt est une belle prouesse pour cet homme qui a presque tout fait sur son long-métrage. Un film que je recommande sans grande hésitation. Ah oui, restez jusqu’au bout du générique de fin pour découvrir ce qu’est devenu un personnage dont nous avions perdu la trace pendant le film...




David MAURICE

BENEATH (2013)

 

Titre français : Beneath
Titre original : Beneath
Réalisateur : Larry Fessenden
Scénariste : Tony Daniel, Brian D. Smith
Musique Will Bates
Année : 2013
Pays : Usa
Genre : Attaques animales
Interdiction : -12 ans
Avec Daniel Zovatto, Bonnie Dennison, Chris Conroy, Jonny Orsini, Griffin Newman...


L'HISTOIRE : Tout juste sortis diplômés de leurs études secondaires, Johnny, Kitty, Matt, Simon, Zeke et Deb partent à Black Lake pour faire la fête. Ayant embarqué sur un bateau de fortune et ce, contre l’avertissement avisé d’un résident du cru, ils semblent ignorer que dans le lac sur lequel ils voguent, vit une sorte de poisson carnivore géant bien décidé à ne pas laisser filer d’aussi belles proies. Qui survivra à cette aventure, d’autant que nos jeunes étourdis perdent malencontreusement leurs rames...


MON AVISLe metteur en scène et scénariste indépendant Larry Fessenden nous avait habitués à d’honnêtes projets comme Stake Land (producteur et acteur) et The Last Winter (réalisateur), et là avec ce Beneath s’inspirant du Lifeboat d'Alfred Hitchcock, on pouvait penser visionner un bon petit film d’horreur des familles. Que nenni ! 

Avec un script aussi stéréotypé que celui de Tony Daniel et Brian D. Smith, ce n’était pas la peine d’y compter ! L'histoire est, comme il fallait s’y attendre, classique et manque cruellement de rebondissements. Mais en même temps, avec des gens qui sont coincés sur une barque, qu'est-ce qu'on pouvait avoir de plus ? Et bien si en fait, il semblerait que le cinéaste ait fortement révisé le script, en supprimant plusieurs scènes de flashback, dans une tentative de garder le drame sur le bateau avec une atmosphère de claustrophobie. Manque de bol c’est raté mon gars ! Allait-on pouvoir se rattraper sur la bestiole au moins ? Non plus, le poisson du métrage est en effet un vulgaire cousin des pires ersatz du squale copiés sur celui vu dans Les Dents de la Mer, c’est dire ! On apprend pourtant que Fessenden aurait lui-même conçu le monstre marin, car il désirait que celui-ci ressemble à un vrai poisson et non pas à une créature maléfique. Encore raté ! Tout cela sent l’amateurisme et les mauvais choix à plein nez et l’on se dit alors que tout l’argent des producteurs a dû partir dans le cachet des acteurs qui doivent être très tous bons ! Encore une fois, négatif ma bonne dame et je ne vous parle même pas des personnages qu’ils incarnent ! Ah ben si en fait.

On rencontre en tête d’affiche Johnny (Daniel Zovatto vu aussi dans It Follows), une sorte de faux Johnny Depp avec un bandana rouge et une dent qu'il porte en collier comme un talisman protecteur et qui a du mal à dire à ses potes qu’il ne faut pas se baigner dans le lac car il y a une bébête hostile au fond. Nous est présenté par la suite M. Parks (Mark Margolis jouant dans Pi, The Fountain, Noé), un vieil ami effrayant du grand-père de Johnny, qui l’avertit du danger potentiel représenté par une baignade au lac noir, mais bon ça n’a l’air d’effrayer personne. Puis on fait la connaissance de Kitty (Bonnie Dennison entrevue dans Stake Land), une blondasse dragueuse qui a une emprise sur à peu près tous les autres personnages dont bien évidemment notre ami Johnny. Elle est pourtant officiellement avec Matt, le mâle alpha du groupe et ancien athlète au QI que l’on devine démesuré. Mais elle est aussi en pâmoison devant le frère de Matt, Simon qui semble un peu plus doué que son frérot (pas trop difficile en même temps !) et elle semble avoir aussi vécu quelque chose avec Deb qui se souvient avec nostalgie de ce moment dans le camp d'été

Le seul membre de la troupe à ne pas être follement amoureux de Kitty est Zeke, le geek insupportable du groupe. Ce dernier est un aspirant cinéaste se baladant quoi qu’il arrive avec sa caméra. Même dans les moments les plus tendus, il persiste dans l'enregistrement des événements du voyage. Heureusement, on ne tombe toutefois pas dans un énième found footage, de sorte que ce dispositif cinématographique fatigué n’empiète que très peu sur le récit. Ouf, on a craint le pire ! Ah non !, me dit-on dans l’oreillette !

Comme souvent dans ce type de production, les personnages ont toujours des réactions ridicules, les solutions qu'ils essaient de mettre en place pour s'en sortir le sont tout autant mais surtout, ils sont tous détestables au possible car ils n'hésitent pas à se trahir, se font des coups bas pas possibles et ne s'entraident absolument pas si bien que l’on se demande pourquoi ils sont partis ensemble en vacances ! Ressortent alors toutes les rancunes datant du secondaire, les rivalités fraternelles, les trahisons et autres tromperies romantiques dès lors qu’il s’agit de survie. Le film aurait-il de fait une fonction allégorique car il explore les extrémités monstrueuses du comportement humain dès lors qu’il est sous l'influence de l'isolement et de la peur ? N’allons pas si loin en besogne gentes dames et souhaitons juste que ces jeunes écervelés se fassent vite tous dévorer par le poisson-chat préhistorique !

Beneath constitue donc un ixième film insipide avec des effets spéciaux à jeter, un scénario sans surprise écrit sur un confetti ainsi que des acteurs qui font ce qu’ils peuvent avec leurs dialogues pour surnager. Mais ils sont tellement antipathiques par leurs comportements que savoir qui sera la prochaine victime sur le menu du jour du poiscaille sera le cadet de nos soucis ! Bref à éviter à tout prix, pourtant l’affiche US n’était pas si mal ! Notez quand même que pour les sado-masos, il existe une bande dessinée numérique basée sur le film !




Vincent DUMENIL

THE BELKO EXPERIMENT (2016)

 

Titre français : The Belko Experiment
Titre original : The Belko Experiment
Réalisateur : Greg McLean
Scénariste : James Gunn
Musique Tyler Bates
Année : 2016
Pays : Usa
Genre : Survival
Interdiction : -12 ans
Avec John Gallagher Jr., Tony Goldwyn, Adria Arjona, John C. McGinley, Melonie Diaz...


L'HISTOIRE : Des expatriés américains qui travaillent dans le building de la Belko Industries à Bogota, en Colombie, se retrouvent confinés sur leur lieu de travail. Soudain, une voix surgit des haut-parleurs internes leur apprenant que vingt d’entre eux devront mourir dans un laps de temps imparti sous peine de représailles fatales. Très vite, une fois la stupéfaction et l’envie de se rebeller passées, une série de choix moraux et meurtriers s’imposeront à la majorité d’entre eux : ils devront jouer le jeu et massacrer le plus de collègues possible ou bien périr en cas d’inaction !


MON AVISOn avait déjà eu des gamins bloqués sur une île où ils s’y entretuaient (Battle Royale), des gens se retrouvant enfermés dans un ascenseur et qui pétaient un câble, c’est le cas de le dire (Devil, Elevator), d’autres qui se retrouvaient dans une sorte de grotte où un inconnu testait de loin leur résistance à la faim (Affamés). Mais on avait eu aussi des individus réunis dans une salle afin de servir de cobayes pour une expérience gouvernementale (Killing room), quand ce n’était pas dans une prison (L’expérience) ou bien dans une espèce de bunker équipé pour une émission télévisée (TV show). Certains ont même été convoqués dans une grande tour d’une multinationale pour un entretien d’embauche et s’aperçurent très vite qu’ils étaient les objets et les sujets d’une sélection plus que mortelle (La méthode). Alors quand on apprit que The Belko Experiment proposait grosso modo un synopsis mélangeant un peu toutes les références énumérées ci-avant, on se dit légitimement qu’on allait assister à un énième huis clos entre des personnages regroupés-là pour s’étriper et n’en sélectionner, au final, qu’un seul : le sempiternel survivant, qu’il soit un homme ou une femme. Aurions-nous eu raison ?

Si The Belko Experiment a été écrit par James Gunn (réalisateur de Horribilis et surtout Les Gardiens de la Galaxie), il a en revanche été réalisé par un spécialiste des genres survival / thriller / épouvante / horreur, à savoir Greg McLean, coupable des deux premiers volets de la franchise Wolf Creek ainsi que de la série éponyme et de Solitaire (eaux troubles). A priori, deux bonnes références. En outre, on retrouve au casting des acteurs comme : Michael Rooker (Henry, Portrait d’un Serial Killer), Tony Goldwyn (Le Collectionneur), John C. McGinley (Identity) ou encore Gregg Henry (Survivance), autrement dit des lascars au faciès qu’on n’oublie pas si facilement ! On se dit alors que ça flaire le survival de bonne facture !

Eh bien pas vraiment, car si Battle Royale (de 2000, déjà !) était en son temps subversif, depuis plus de dix ans, et on l’a vu en introduction, il y a eu pléthore de films de ce type avec des gars enfermés dans un endroit et à qui on demande de s’entretuer ou de se mutiler pour survivre, cf. les célèbres sagas que sont devenues Cube et Saw pour s’en rendre compte ! Bon ok, ce métrage veut dénoncer la nature humaine, l’effet de groupe et le capitalisme comme vecteur d’ascension sociale mais cela manque cruellement de subtilité. On aimerait également plus d'originalité et de cohérence ! Franchement, à l'heure d'Internet et des cellulaires ultra perfectionnés, personne ne va s’apercevoir de l’absence d’un des employés ? Quid des familles ? Des amis ? D’autres entreprises avec qui la Belko traite et il y en a forcément !? Des forces de l’ordre ?

Très bien, tout cela est peu probable, alors on va se contenter des meurtres et autres actes barbares. Mais tout suspense est vite étouffé dans l’œuf puisque la situation ne laissera pas beaucoup d'espoir à nos protagonistes de toute façon : ils sont constamment épiés par les caméras de surveillance et seront abattus à la moindre tentative d’insurrection. Certes, on obtiendra une tuerie assez sanglante mais on aurait pu s’attendre, à juste titre, à un peu plus de jusqu’au-boutisme car ici, les exécutions sont très rapides et n’offrent finalement qu’un jeu de massacre efficace certes, mais allégé. Bref, tout cela aurait gagné en sauvagerie, alors on va se concentrer sur les nombreux rôles secondaires pour nous satisfaire.

Malheureusement, une fois encore le bât blesse car malgré une distribution intéressante, aucun des personnages n'est réellement attachant. Et ceux qui ont des têtes de méchants jouent... les méchants, à une exception près. Rien de très nouveau donc sous le soleil du survival en lieu clos. A l’instar des protagonistes qui se retrouvent prisonniers de leur tour d’immeuble, les spectateurs le sont également d'une histoire qui n'a pas les moyens de ses ambitions.

Si au moins on avait un twist final génial ! Mais même pas, alors on se sera surpris une fois de plus à regarder des gens se faire occire sans vraiment se soucier de leur sort, sur fond de Requiem de Verdi, pour s’apercevoir également que cette bande-son a déjà été utilisée dans Battle Royale ! WTF !

Même s'il ne propose pas grand-chose de nouveau avec son huis clos anxiogène dans un immeuble totalement fermé, The Belko Experiment pourra tout de même satisfaire ceux qui n'attendaient rien d'autre que quelques meurtres sympathiques et gratuits et le plaisir transgressif de l’acceptation de la violence. En revanche, pour ceux qui espéraient une déflagration de violences en tous genres dès lors que c’était admis pour pouvoir survivre et une explication censée quant au but ultime de cette expérience, ils seront, à l’image de votre dévoué chroniqueur, quelque peu frustrés !




Vincent DUMENIL