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BATES MOTEL (1987)

 

Titre français : Bates Motel
Titre original : Bates Motel
Réalisateur : Richard Rothstein
Scénariste :  Richard Rothstein
Musique : J. Peter Robinson
Année : 1987
Pays : Usa
Genre : Thriller
Interdiction : /
Avec : Bud Cort, Lori Petty, Moses Gunn, Gregg Henry, Khrystyne Haje...


L'HISTOIRE Suite à son procès, le tueur en série Norman Bates est envoyé dans un asile psychiatrique. Là, il fait la connaissance du jeune Alex, interné pour avoir tué son père qui le maltraitait. Norman tient vite un rôle de père de substitution pour Alex qui lui voue une véritable admiration. Au décès de Norman, Alex hérite du motel familial de ce dernier, lieu où ont été perpétrés de nombreux crimes. Avec l’aide de Willie, une jeune fille en fugue, il décide de remettre la propriété sur pied et part habiter dans l’ancienne maison de la famille Bates. Mais tout ne va pas se dérouler comme prévu et des événements étranges vont se produire...


MON AVISNon, je ne vais pas vous parler de l'excellente série en cinq saisons baptisée elle aussi Bates Motel et datant de 2013. Mais je vais quand même vous parler d'une série-télévisée ou, du moins, de ce qui aurait du devenir une série-télévisée. Car le Bates Motel qui nous intéresse ici date de 1987 et a été réalisé par Richard Rothstein, qu'on connaît plus en tant que producteur et scénariste. Ce monsieur a une idée pas plus bête qu'une autre : il veut créer une série-télévisée qui se déroulerait dans le célèbre motel de Norman Bates, immortalisé en 1960 dans le Psychose d'Alfred Hitchcock bien sûr. Le cadre du motel servirait donc à diverses histoires fantastiques et le Bates Motel qui nous intéresse ici est donc l'épisode pilote de cette série qui ne vit jamais le jour, en raison du rejet total de ce premier épisode justement. Car oui, l'accueil du public fut plus que glacial et, cerise sur la gâteau, enfin si on peut dire, même Anthony Perkins, Norman Bates en personne, s'est fendu de sa critique virulente sur cet épisode et sur l'idée même de la série, refusant catégoriquement de venir faire une apparition en tant que Norman au début de l'épisode. Bref, le projet a été tué dans l’œuf comme on dit, ce qui n'empêcha pas cet épisode pilote de débarquer en VHS en France et de connaître une relative reconnaissance lors des années vidéoclubs.

Bates Motel version 1987 méritait-il la volée de bois vert qu'il a subi à l'époque de sa sortie ? Très honnêtement, je répondrais par la négative. Attention, on est à des années lumières de Psychose et à plusieurs milliers de kilomètres de Psychose 2 et Psychose 3. On se rapproche plus de Psychose 4 - Les Origines mais j'avoue que la vision de la création de Richard Rothstein m'a fait passer un moment agréable alors que je m'attendais à bien pire. 

Déjà, le fait de retrouver la célèbre demeure et les chambres d'hôtes sacralisées par Hitchcock procure un plaisir bien sympathique. Qui plus est, Richard Rothstein s'amuse à jouer avec les références et nous balance des tas de clins d'oeil, comme la lumière de la fenêtre de la chambre de la défunte madame Bates qui est allumée, nous faisant comprendre que l'ombre maléfique de cette dernière plane toujours dans ce lieu inquiétant et lugubre. Le réalisateur / scénariste possède également un bon sens de l'humour noir, n'hésitant pas, lors des travaux d'aménagement du domaine, à faire découvrir aux ouvriers le cercueil de ladite madame Bates contenant son corps squelettique et son visage momifié, lors d'un coup de pelleteuse par exemple. D'autres événements étranges se produisent et le passé de la maison semble prendre le dessus sur la réalité.

Si Norman Bates est évoqué lors de la séquence introductive, il laisse rapidement la place à Alex West, jeune enfant interné dans le même asile psychiatrique que Norman, ce dernier devenant son meilleur ami. Interprété par Bud Cort, Alex est un personnage attachant, qui voue une admiration sans borne envers Norman, conserve précieusement l'urne funéraire contenant ses cendres et décide de redonner éclat et santé au motel Bates en sa mémoire. Pour l'aider, on trouvera une jeune fille délurée interprétée par la non moins déjantée Lori Petty. L'actrice apporte sa fraîcheur et sa bonne humeur au film et joue la carte de l'humour de manière très décontractée. Car il ne faut pas s'attendre à des scènes de suspense ou de meurtres dans Bates Motel. Format télé oblige, il n'y a quasiment pas de violence et si l'atmosphère est parfois un peu inquiétante, l'ensemble reste tout à fait grand public et ne fera même pas frémir les enfants. 

Pendant une bonne heure, on navigue donc au côté d'Alex West qui fait des mains et des pieds auprès des banquiers et autres chef de chantier pour redonner du cachet à son héritage et faire à nouveau marcher la rentabilité du motel. Rien de bien mémorable à se mettre sous la dent mais quand on sait que c'est le pilote d'une série-télévisée, ça passe tout de suite mieux et on se laisse prendre par la main, le spectacle n'étant pas extraordinaire mais pas non plus catastrophique, les touches d'humour et les références faisant le job. Et puis arrive les 30 dernières minutes.

Et là, on ne comprend plus trop ce qui se passe. Enfin, si on sait que c'est l'épisode pilote d'une future série-télévisée et quelle était son but (proposer des histoires fantastiques dans l'univers du motel Bates), on finit par comprendre le concept qui aurait du être celui des prochains épisodes. En effet, voilà que débarque la première cliente suite à la réouverture du motel. Une jeune femme qui vient louer une chambre dans le seul but d'être tranquille pour se suicider, sa vie étant un échec. Au moment du passage à l'acte intervient une jeune fille qui tente de lui redonner espoir et l'invite à faire la fête avec la dizaine de ses amis qui viennent de s'installer au motel. L'histoire dévie donc vers une autre intrigue, dans laquelle on trouve toujours le personnage d'Alex West et dont on comprend que ce dernier aurait été l'hôte qui viendra nous présenter les histoires et accueillir les personnages dans les prochains épisodes de la série si celle-ci avait perduré. 

Cette seconde intrigue verse ouvertement dans le fantastique façon Quatrième Dimension et une fois terminée, on revient au sein du motel Bates pour le dernier coup de théâtre que n'aurait pas renié un épisode de Scooby-Doo. L'épisode se termine par Alex West nous invitant à revenir dans son motel. Je ne sais pas si cette hypothétique série allait être de qualité et si l'idée de base allait pouvoir la démarquer de la concurrence en la matière, sans que ça devienne une copie des Contes de la Crypte par exemple. On ne le saura jamais mais voilà, cet épisode pilote n'est pas aussi mauvais qu'on veut nous le faire croire, surtout si on le prend pour ce qu'il est vraiment. Après, c'est sûr qu'il ne soutient pas la comparaison avec l'excellente série de 2013.




Stéphane ERBISTI

FORMULE POUR UN MEURTRE (1985)



Titre français : Formule pour un Meurtre
Titre original : 7, Hyden Park : La Casa Maledetta
Réalisateur : Alberto de Martino
Scénariste : Alberto De Martino, Vincenzo Mannino
Musique : Francesco De Masi
Année : 1985
Pays : Italie
Genre : Film de machination
Interdiction : -12 ans
Avec : Christina Nagy, David Warbeck, Carroll Blumenberg, Rossano Brazzi...


L'HISTOIRE : Boston, 1985. Ayant chuté, enfant, dans un escalier pour échapper à l'agression d'un homme habillé en prêtre, trauma qu'elle a effacé de sa mémoire, Joanna se retrouve clouée dans un fauteuil. Ayant hérité de la fortune de ses parents, ses journées se partagent entre sa villa et le centre sportif pour handicapés qu'elle a contribué à monter. Son amie Ruth gère son quotidien, tandis que Craig fait d'elle une sportive handisport accomplie. Alors qu'approche la date de signature d'une forte dotation à sa paroisse, les prêtres chargés de cette tâche disparaissent. Craig, l'entraîneur de Joanna, la pousse à l'épouser. Elle finit par lui céder, pour le meilleur et pour le pire...


MON AVISAprès avoir débuté dans le péplum, comme bon nombre de ses compatriotes, avec des films très sympathiques comme Le Gladiateur Invincible (1961), Persée l'Invincible (1963) ou La Révolte de Sparte (1964), Alberto de Martino bifurque ensuite dans le film d'épouvante (Le Manoir de la Terreur - 1963), le western (100,000 dollars pour Ringo - 1965), le film d'espionnage (Mission spéciale Lady Chaplin - 1966), le polar (Rome contre Chicago - 1968), le giallo (L'Uomo dagli Occhi di Ghiaccio - 1971) et bien sûr, le film fantastique et horrifique, avec deux beaux représentants du genre, à savoir L'Antéchrist en 1974 et Holocaust 2000 en 1977. C'est également à ce réalisateur qu'on doit L'incroyable Homme Puma en 1980. 

Dans les années 80, alors que les beaux jours du giallo ont depuis quelques années touchées à leur fin, il persévère et réalise Blood Link en 1982 et ce Formule pour un Meurtre en 1985, sous le pseudonyme de Martin Herbert. Un giallo tardif, qui est d'ailleurs plus à considérer comme un film de machination même si on a de nombreux éléments typique du giallo à se mettre sous la dent. Dès la scène introductive, on a un des grands classiques du genre, à savoir le trauma enfantin qui va venir poursuivre l'héroïne à l'âge adulte. Ici, une petite fille est approché par un prêtre qui va lui prendre sa poupée et la poursuivre dans des escaliers. La scène sera non aboutie mais à la place, on verra cette fameuse poupée dévaler les escaliers, nous faisant comprendre le triste sort réservé à la petite fille. Une petite fille prénommée Joanna et qu'on retrouve des années plus tard, interprétée par Christina Nagy

Son trauma psychologique, nous explique-t-on, elle l'a enfouie dans sa mémoire mais il ne faudrait pas grand chose pour qu'il resurgisse. Par contre, ses séquelles physiques, elle ne peut les enfouir puisqu'elle est paraplégique et ne se déplace qu'en fauteuil roulant. On apprend donc à connaître Joanna, on fait connaissance avec Ruth (Carroll Blumenberg), sa meilleure amie qui veille sur elle et qui ne voit pas d'un bon œil la relation amoureuse qu'entretient Joanna avec Craig, son éducateur, interprété par le bien connu David Warbeck, star de L'Au-delà de Lucio Fulci. Ce dernier souhaite l'épouser et il se montre plutôt insistant à ce sujet, semblant vouloir précipiter les choses. Est-il un amoureux transit ou y'a-t-il anguille sous roche ? Et pourquoi un prêtre s'est-il fait brutalement assassiné ?

Ces mystères n'intéressent pas du tout Alberto de Martino puisqu'au bout d'une demi-heure, le réalisateur de Formule pour un Meurtre nous donne déjà la solution. Point de suspense à couper au couteau donc, tout est dévoilé au spectateur de manière transparente et, comme dans La Baie Sanglante, c'est encore une affaire d'héritage qui motive les agissement du / des meurtrier(s) qui ont savamment préparé leur plan pour arriver à leur fin. 

Là où Alberto de Martino a plutôt réussi son film, c'est qu'en nous privant de tout suspense, il parvient tout de même à nous intéresser à la suite des événements et à ce qu'il va advenir de Joanna. Durant les cinquante dernière minutes, Formule pour un Meurtre rejoint la catégorie de thrillers mettant en scène une personne en situation de handicap, à l'image de Hurler de Peur de Seth Holt (1961), Seule dans la Nuit de Terence Young (1967) et bien sûr le Terreur Aveugle de Richard Fleischer (1971) entre autres. Agression, tentative de meurtre, course-poursuite vont se succéder dans la demeure de Joanna et la malheureuse paralytique devra avoir bien du courage et du sang froid pour rester en vie face à la menace bien tangible qui l'assaille, le tout sur un rythme nerveux et qui n'ennuie jamais. 

Pourtant, ce n'était pas gagné d'avance puisque, à l'image du Simetierre de Mary Lambert, ce Formule pour un Meurtre est d'une linéarité à toute épreuve et ne réserve aucune surprise dans son déroulement. Une fois le pot-aux-roses dévoilé, tout s'enchaîne avec une prévisibilité totale, sans que rien ne vienne contrarier la progression de l'histoire. On s'attend à tout ce qui va arriver et qui arrive donc, dans le bon ordre ! Et pourtant, comme avec le film précité, ça fonctionne. Même si on n'échappe pas à certains stéréotypes qui peuvent faire un peu sourire (la réutilisation de la fameuse poupée, le méchant increvable...), Formule pour un Meurtre se regarde sans déplaisir et nous fait passer un bon moment devant notre écran. 


Stéphane ERBISTI



* Disponible en BR chez LE CHAT QUI FUME
Comme toujours, rien à dire sur cette édition classieuse, copie impeccable, boitier trois volets et fourreau adéquat, bonus intéressant. Toujours du bel ouvrage.



LE BAL DE L'HORREUR (1980)

 

Titre français : Le Bal de l'Horreur
Titre original : Prom Night
Réalisateur : Paul Lynch
Scénariste : William Gray, Robert Guza Jr.
Musique Paul Zaza, Carl Zittrer
Année : 1980
Pays : Canada
Genre : Slasher
Interdiction : -12 ans
Avec : Jamie Lee Curtis, Leslie Nielsen, Casey Stevens, Antoinette Bower…


L'HISTOIRE : Dix ans après la mort de leur petite camarade de jeu, quatre personnes partageant le même secret sont rattrapées par leur passé. Ils reçoivent une série de coups de téléphone menaçants pendant que, dans le même temps, un innocent accusé du crime s'est évadé...


MON AVIS C'est sur une trame scénaristique marchant sur les traces du mètre-étalon du genre Halloween, la Nuit des Masques qu'est conçu ce projet en pleine période de ce que l'on peut appeler l'âge d'or du slasher canadien. En effet, pour des raisons de coûts budgétaires, beaucoup de slashers de cette époque y sont tournés (Le Monstre du Train, Happy Birthday, Meurtres à la St Valentin). Tournés à la chaîne, ils finissent par devenir interchangeables mais si certains d'entre eux font des efforts en matière de terreur et de gore, on ne peut pas dire que ce Prom Night de facture très télévisuelle sorte du lot. Il aurait même tendance à être dans le fond du panier. 

Confié au débutant Paul Lynch (qui réalisera Humongous en 1982 puis préférera aller réaliser des épisodes de série télé comme Star Trek, La Belle et la Bête ou encore Poltergeist, les aventuriers du surnaturel), ce dernier manque singulièrement de talent pour créer de la tension, là où un John Carpenter, avec trois fois rien et une composition musicale adéquate, arrivait à nous faire attendre les attaques du tueur. Paul Lynch rend ce Bal de l'Horreur amorphe, malgré un début classique, avec un accident fatal qui amène des enfants à garder un secret, comme quoi Souviens-toi...l'été dernier n'a rien inventé mais gageons qu'en bon cinéphile Kevin Williamson y a pioché quelques idées.

Pour attirer les investisseurs, il est fait appel à la scream-queen de l'époque en tête d'affiche, j'ai nommée Jamie Lee Curtis bien sûr. Engluée dans le monde des slashers, la pauvre Jamie Lee aura bien du mal à s'en défaire, de même que de l'usage de certaines substances illicites. Il suffit de bien observer certaines scènes où elle a les pupilles dilatées pour s'apercevoir que la jeune comédienne n'est pas dans son état normal. Amorphe, elle se promène dans le film en paraissant égarée. Mieux vaut pour elle d'ailleurs car en plus d'être mou du genou, Le Bal de l'Horreur est d'un kitsch total. 

En plein boom disco, l'équipe du film s'est dit qu'il fallait utiliser cette musique. Quelle bonne idée ! Ce qui nous vaut des scènes de bal sur le dance-floor à pleurer de rire. Accoutrés dans des tenues d'époque, les acteurs n'en ressortent pas à leur avantage. Comme quoi, tout le monde n'a pas le talent d'un De Palma qui, avec Carrie au Bal du Diable, a réussi un classique indémodable. Le Bal de l'Horreur en est loin et avant d'arriver à l'équarrissage en douceur du casting, il faut se farcir une heure de néant, durant laquelle le réalisateur se croit obligé de faire des zooms sur les téléphones en train de sonner, ceux-ci étant devenus des objets de menace, mais ce recours technique tombe à plat. Tant pis, on se dit qu'on va se rattraper avec les suspects (naïfs que nous sommes). Pour faire bonne mesure, ceux-ci sont multipliés à loisir, jusqu'à avoir recours au grand absent, le soi disant suspect qui s'est évadé de l'asile, encore une référence à Halloween.

Parmi les potentiels coupables, se trouve un acteur bien connu du grand public mais pour ses rôles de comique, à savoir Leslie Nielsen (1926-2010), qui a connu son heure de gloire dans la série des Y a-t-il un Pilote dans l'avion ?, Un Flic pour sauver le Président / la Reine ? mais aussi dans toute une série de pastiches dont L'exorciste en folie, Scary Movie 3, Scary Movie 4 etc. Mais ça serait oublier à quel point ce grand monsieur à œuvrer aussi dans des films nettement plus sérieux (Planète interdite, L'aventure du Poséidon, Creepshow). Si son interprétation peut donner le sourire aux lèvres aux jeunes générations, il hérite pourtant ici, dans la peau du proviseur, d'un rôle qui ne prête pas à rire. Et dans ce maelström de médiocrité, il tire même son épingle du jeu. On n'en dira pas autant des jeunes comédiens qui doivent se coltiner des scènes dites de terreur toutes plus cocasses les unes que les autres. A commencer par une attaque dans un van et l'apparition du tueur visiblement en manque d'inspiration et qui était plutôt accoutré pour aller braquer une banque dans sa tenue de camouflage !

Avec des meurtres édulcorés (ici pas besoin de censure) et son manque de surprise, voyons ce que l'on peut sauver. Deux choses au moins me viennent à l'esprit : une course-poursuite dans les couloirs d'un bahut désert et une magnifique décapitation sur la scène de danse. Pour le reste, rien de spécial à retenir car Le Bal de l'Horreur va même jusqu'à foirer le whodunit, vous savez, le moment de la révélation du tueur et de la raison de ses agissements. Un final médiocre aux allures de chant du cygne pour sa comédienne principale qui bientôt tournera la page de l'horreur et restera longtemps fâchée avec le genre. Personne ne saurait l'en blâmer à la vision de ce Bal de l'Horreur qui héritera de fausses suites dont le très réussi Hello Mary Lou: Prom Night II qui fera basculer la série dans la vengeance fantastique.

Réputé culte, le film de Paul Lynch est pourtant l'un des pires rejetons de son époque (on lui préférera Carnage, Meurtres à la St-Valentin, Rosemary's Killer entre autres). Sa réputation, il ne le doit qu'à la présence de Jamie Lee Curtis. Guère étonnant que l'odieux remake de 2008 destiné aux moins de 12 ans soit une sombre purge quand le matériau de base se révèle aussi médiocre. Très mauvais slasher, Le Bal de l'Horreur n'est destiné qu'à une poignée de fans nostalgiques comme l'auteur de ces lignes, mais sinon il ne vaut pas la peine d'être vu.




Gérald GIACOMINI

BAISER MACABRE (1980)

 

Titre français : Baiser Macabre
Titre original : Macabro
Réalisateur : Lamberto Bava
Scénariste : Antonio Avati, Pupi Avati, Lamberto Bava, Roberto Gandus
Musique Ubaldo Continiello
Année : 1980
Pays : Italie
Genre : Nécrophilie
Interdiction : -16 ans
Avec : Bernice Stegers, Stanko Molnar, Veronica Zinny, Roberto Posse…


L'HISTOIRE Mariée et mère de deux enfants, Jane Baker a un amant, Fred Kellerman, chez qui elle se rend dès que son mari a le dos tourné. A sa fille Lucy, elle prétexte à chaque fois qu'elle doit se rendre à son travail, mais la fillette sait parfaitement à quoi s'en tenir. Pour se venger, elle noie le petit frère qu'elle a sous sa garde. Catastrophée par ce qu'elle croit être un drame domestique, Jane se fait raccompagner en voiture par Fred, et c'est l'accident : Fred est tué sur le coup. Un an plus tard, Jane Baker sort de l'hôpital psychiatrique, mais c'est chez son amant défunt qu'elle s'installe directement. Entretenant des rapports ambigus avec Robert, le jeune concierge aveugle qui occupe son temps à réparer des instruments de musique, elle commence à entretenir d'une façon morbide la mémoire de Fred… Mais c'est sans compter sur sa fille Lucy, qui n'a pas dit son dernier mot…


MON AVISMacabro sortit sur les écrans italiens dix jours avant la mort de Mario Bava. Avec ce premier film sensé avoir terrorisé Dario Argento lui-même (il y a des chances que ce soit un mythe, mais pourquoi pas ?), on peut dire que le relais avait été passé avec succès à son fils, dont la carrière prit ensuite la tournure que l'on sait. Doté d'un scénario écrit en collaboration avec Pupi Avati, réalisateur de La Maison aux Fenêtre qui Rient trois ans plus tôt, Baiser Macabre s'inscrit dans la tradition du cinéma d'horreur à l'italienne, tout en recelant déjà les excès et les bizarreries propres à Lamberto Bava.

Macabre, le film ne pouvait pas mériter de titre plus juste, et il est dommage que les traductions française et américaine en aient réduit la portée. Le film est saturé d'une nostalgie morbide qui fait froid dans le dos, celle de Jane Baker (Bernice Stegers) pour son amant défunt. Une nostalgie qui s'exprime de manière obsédante à travers la musique de Ubaldo Continiello, dont les choix instrumentaux surprennent et mettent mal à l'aise : un harmonica plaintif, des trompettes chaleureuses et nonchalantes. On retrouve ce mélange bizarre de torpeur bourgeoise et de hérissement nerveux dans les décors, à la fois luxueux et crasseux, et Lamberto Bava multiplie à l'envie ces différences de tons reflétant l'accointance perverse de l'amour et de la mort.

Ne serait-ce que par le bouche à oreille, on sait déjà ce que cache Jane Baker dans le compartiment à glace de son réfrigérateur, et avec quoi elle fait l'amour. Lamberto Bava ne vise pas l'effet de surprise, mais il retarde la révélation graphique en faisant passer sa découverte à travers les autres personnages : Robert l'aveugle va comprendre auditivement et tactilement de quoi il retourne, et la démoniaque Lucy, sans doute le personnage de petite fille le plus détestable qu'on ait jamais vu, ne manifestera pas d'étonnement considérable en ouvrant le compartiment, toute obsédée qu'elle est par l'idée de faire le plus de mal possible à sa mère.

C'est dire s'il ne faut pas attribuer à Lamberto Bava des intentions qui ne sont pas les siennes. Son but n'est pas de soulever le cœur comme l'a fait Joe d'Amato l'année précédente avec Blue Holocaust ou comme le fera plus tard le moyen Jörg Buttgereït avec Nekromantik. Ce qu'il veut, c'est épouvanter, faire couler un frisson glacé sur notre échine. Oui, nous avons tout deviné avant les personnages eux-mêmes. Seulement, nous ne voulons pas le croire, c'est impossible. Pas ça… Et pourtant si. Tout réside dans ce suspens trouble et malade, qui charge la fin d'une intensité bien plus puissante qu'avec un simple filmage frontal de bout en bout.

Lamberto Bava n'a pas un sens de la mise en scène aussi poussé que celui de son père, c'est un fait. Les cadrages et le montage s'avèrent conventionnels, et quand un type de couleur général est trouvé, c'est en gros la même pour tout le film : un brun glauque qui accable tout le reste de la gamme chromatique. Au niveau des lumières, c'est à peu près la même chose : ténèbres épaisses, éclairages livides... Le spectre est mince, mais parfaitement adéquat au sujet, alors pourquoi chercher plus loin ? L'accent est plutôt mis sur le jeu d'acteurs et sur les événements, qui sont sans doute les éléments les moins coûteux du film. Et ça tombe bien.

Les comédiens ne sont pas des bêtes de scènes, mais les personnages qu'ils incarnent, savant dosage de banalité et d'originalité, font déjà la moitié du travail. Bernice Stegers, en bourgeoise adultère aux yeux cerclés de noir, nous glace avec sa fragilité de désaxée et son érotisme mortifère, errant dans une solitude quasi absolue à travers les tourments de sa passion secrète. Stanko Molnar, en grand dadet sensible, bon et aveugle, nous émeut et nous met mal à l'aise, son regard n'étant pas sans rappeler un certain Christopher Walken. Et quant à Veronica Zinny, le petit singe faussement innocent, malfaisant et vicieux dont elle joue le rôle donnera aux âmes les plus tolérantes une furieuse envie de châtier…

C'est par cette saturation de notes décalées et oppressantes que Lamberto Bava est le plus fidèle à l'esprit de son père, l'image finale annonçant cependant des délires plus personnels. Quand bien même il ne possède pas une maîtrise comparable, il sait comment raconter une histoire, créer une atmosphère, réunir ensemble plusieurs faisceaux susceptibles de provoquer une terreur grandissante et force est de constater qu'il y parvient très bien ! Les perles ne sont pas nombreuses dans son œuvre cinématographique, mais Baiser Macabre, indéniablement, en fait partie.




Stéphane JOLIVET

BAD TASTE (1987)

 

Titre français : Bad Taste
Titre original : Bad Taste
Réalisateur : Peter Jackson
Scénariste : Peter Jackson, Tony Hiles, Ken Hammon
Musique Michelle Scullion, Jay Snowfield
Année : 1987
Pays : Nouvelle-Zélande
Genre : Gore
Interdiction : -12 ans
Avec : Terry Potter, Pete O'Herne, Craig Smith, Mike Minett, Peter Jackson…


L'HISTOIRE : Une petite ville côtière de Nouvelle-Zélande est le théâtre d'une invasion extraterrestre. Les Aliens, sous apparence humaine, ont décidé d'utiliser les habitants comme viande de première qualité pour leur fast-food spatial. Heureusement, une bande de copains va tenter de les stopper par tout les moyens...


MON AVISQu'il est étonnant le parcours de Peter Jackson ! Comme Sam Raimi, qui a suivi la même évolution de carrière, le jeune Peter, qui habite en Nouvelle-Zélande, dispose d'un talent inné pour la mise en scène, est passionné par la caméra et les effets-spéciaux depuis son plus jeune âge, a débuté par le cinéma d'horreur indépendant à très petit budget avant de se voir offrir des ponts d'or par les studios afin de réaliser des blockbusters ! Dès que ses parents ont eu un caméra 8mm, Peter Jackson s'est mis à réaliser des tas de petits courts métrages inventifs avec ses copains. Il s'achète ensuite une caméra Bolex 16mm et décide de transformer un de ses courts métrages en film. Il réunit des amis, qui seront tout aussi bien acteurs que techniciens, et pendant quatre longues années, il filme chaque week-end, avec parfois des pauses de cinq mois, ce qui deviendra Bad Taste

Gonflé en 35mm, Peter Jackson part proposer son film au marché du film à Cannes en 1988, sans grande conviction, et revient au pays ravi, le film ayant été acheté dans divers pays dont la France ! Bad Taste gagnera petit à petit ses galons de film gore culte à travers ses diverses diffusions dans des festivals (il récoltera le prix du Gore au festival du Rex) et va acquérir une horde de fans à travers le monde lors de son exploitation en VHS puis en DVD. Quand on voit la saga du Seigneur des Anneaux et qu'on se rappelle de Bad Taste, on peut vraiment dire que Peter Jackson est parti de loin, de très loin même. 

Car ce premier film possède un côté vraiment amateur, notamment dans le jeu des acteurs (tous des potes du réalisateur, qui ont juste voulu l'aider dans son projet et qui n'ont pas poursuivi dans la voie du cinéma ensuite pour la majorité). Mais derrière cet aspect amateur se cache bien d'autres choses qui font de Bad Taste une expérience peu ordinaire dans laquelle le système D est le maître-mot. Il suffit de regarder le making-of du film pour se rendre compte du génie créatif de Peter Jackson

Avec trois bouts de ficelles, des tubes d'acier, du bois, du latex et un max de débrouillardise, Jackson et ses amis ont construit une grue pour leur caméra, des rails pour les travelling, une steadycam de fortune mais qui fonctionne à merveille, des maquettes réalistes et surtout des effets spéciaux gores et de maquillage qui fonctionnent encore très bien aujourd'hui et qui sont réellement d'une ingéniosité à toute épreuve. On le sait, Peter Jackson voue un culte aux artisans des effets spéciaux et notamment à ceux qui utilisent la stop-motion, comme Willis O'Brien ou Ray Harryhausen. Il a puisé dans son imagination mais aussi dans les nombreux films qu'il a vu pour imaginer et concevoir le look de ses extraterrestres, leurs masques et prothèses animés par des câbles, les armes du film (toutes factices et bricolées mais c'est quasiment indétectable à l'écran !) et les effets gores bien sûr. 

Un talent fou au service d'une histoire d'invasion extraterrestre rigolote donc, dans laquelle un groupe de quatre personnes au service du gouvernement va devoir tout faire pour sauver le monde. Quatre héros qui vont bien nous faire rire à travers des péripéties souvent loufoques, déjantées et dans lesquelles l'humour noir côtoie un gore décomplexé qui n'hésite pas à verser dans le répugnant et le vomitif. Mais toujours dans la bonne humeur, ce qui permet à Bad Taste de marquer des points et d'amuser plus qu'il ne dégoûte en fin de compte, même si certaines scènes donnent parfois la nausée, comme cette dégustation de vomi d'un vert peu appétissant (la petite Regan MacNeil de L'Exorciste à là un sérieux concurrent !) mais qui semble tout à fait au goût d'un de nos quatre héros ! A se pisser dessus ! 

Explosions de cervelles, tête coupée, bras arraché, corps coupé en deux et j'en passe, Peter Jackson nous offre un véritable festival de gore festif qui font de Bad Taste, en 1988, le film le plus gore jamais fait. Une consécration qui sera pulvérisée en 1992 par le même Peter Jackson et son génial Braindead

En l'état, Bad Taste est un pur film récréatif, qui souffre tout de même d'une certaine répétitivité dans ses rebondissements, de scènes d'action réalisées avec les moyens du bord et qui, il faut bien le reconnaître, font un peu nanar, d'un rythme pas toujours enlevé mais comme déjà dit, c'est cet aspect bricolage qui fait tout le charme du film. 

Si vous n'avez jamais vu Bad Taste mais que vous connaissez la majorité des films de Peter Jackson, nul doute que vous allez avoir la mâchoire qui va se détacher devant le résultat. A noter que le réalisateur interprète deux personnages dans son propre film, celui de l'hilarant Derek et son bout de crâne qui tombe, et celui de Robert l'extraterrestre ! 




Stéphane ERBISTI

ANDROÏDE (1982)

 

Titre français : Androïde
Titre original : Android
Réalisateur : Aaron Lipstadt
Scénariste : James Reigle, Don Keith Opper
Musique : Don Preston
Année : 1982
Pays : Usa
Genre : Robots et cyborgs
Interdiction : -12 ans
Avec Klaus Kinski, Don Keith Opper, Brie Howard, Kendra Kirchner, Norbert Weisser...


L'HISTOIRE : En 2036, dans une station spatiale abandonnée depuis longtemps, le docteur Daniel poursuit inlassablement ses travaux. Très prochainement, il atteindra le point culminant de sa carrière avec Cassandra, l'androïde femelle le plus parfait jamais créé par l'homme. Pour le moment, Cassandra n'est qu'une machine en sommeil, attendant qu'une énergie vitale ne passe dans ses circuits pour lui donner vie. Pour l'aider dans ses travaux, le scientifique utilise un androïde de précédente génération, Max 404. Ce dernier développe des capacités humaines impressionnantes et commence à désobéir à son créateur. Lorsqu'un groupe de trois terroristes sous fausse identité demande l’autorisation de venir réparer leur vaisseau à bord de la station, Max 404 le leur permet sans en avertir le docteur Daniel. La présence d'une femme parmi les trois criminels en est la raison principale, car Max 404 n'est pas insensible à l'amour...


MON AVISFilmé en vingt jours seulement, au mois de juin 1982, par le réalisateur Aaron Lipstadt, qui mettra en scène City Limits en 1984 puis se consacrera au monde de la série-télévisée ensuite, Androïde est un petit film de science-fiction au budget serré, produit par la firme de Roger Corman, New World Pictures

Petit budget et peu de moyen certes, mais pas mal d'idées et d'inventivité sont au programme, nous permettant de passer un bon moment devant notre écran, surtout que l'acteur Klaus Kinski est de la partie. C'est bien l'acteur germanique connu pour ses sautes d'humeur légendaires qui interprète le docteur Daniel, scientifique expert dans la création d'androïdes, robots ultra sophistiqués qui ressemblent à s'y méprendre à un être humain. On apprend que la création d'androïdes a été totalement stoppé sur Terre à cause d'une rébellion de ces machines envers les humains. C'est pourquoi le docteur Daniel s'est réfugié dans une station spatiale où il vit seul, avec pour unique compagnie Max 404, un androïde qui l'aide pour toutes les tâches à accomplir à bord de la station. 

Le but du scientifique est de mettre au point une nouvelle génération d'androïdes, plus fiable et encore plus humain et ce, grâce au projet Cassandra qu'il développe en secret. Cassandra est, comme son nom l'indique, une androïde femelle, joliment interprétée par l'actrice Kendra Kirchner, dont ce sera l'unique apparition sur les écrans. Très clairement le docteur Daniel souhaite concevoir un robot sexuel, mais pour lui ou pour Max 404, l’ambiguïté est de mise. 

En réalité, le film ne va pas vraiment axer son histoire sur Cassandra mais bien plus sur Max 404, interprété par l'acteur Don Keith Opper, qui est également le scénariste du film. Astucieux, le générique du film ne cite jamais l'acteur en tant que tel mais le présente sous son nom de Max 404, comme si on était en présence d'un vrai androïde ! Un petit gimmick amusant et sympathique pour un film qui ne l'est pas moins, même si ses ambitions ont sûrement été revues à la baisse à cause du faible budget accordé. 

Car Max 404 est la véritable star du scénario, celui qui monopolise la majeure partie du temps, reléguant même Klaus Kinski à une fonction presque secondaire. Il faut dire qu'en ce début de décennie 80, les androïdes ont le vent en poupe, que ce soit ceux de Blade Runner ou celui de Alien le Huitième Passager. Max 404 vient donc rejoindre les rangs de ces robots dont la nature reste indétectable pour un humain lambda. La criminelle Maggie (Brie Howard), fraîchement débarquée dans la station spatiale avec ses deux compagnons d'infortune, n'y verra d'ailleurs que du feu et n'hésitera pas à embrasser langoureusement notre Max 404 qui n'en demandait pas tant mais qui s'y connaît bien sur le sujet tout de même, comme nous l'a signalé le début plutôt rigolo du film. 

A bien y regarder, Androïde peut être vu comme une sorte de version S-F de La Fiancée de Frankenstein, à la différence que l'androïde femelle ne rejette pas son homologue masculin, bien au contraire. On retrouve le créateur qui veut tuer sa créature (Max 404 en l’occurrence, pour le remplacer par Cassandra), la créature qui se rebelle contre son créateur et qui ira jusqu'au clash avec lui, la créature qui ne désire qu'être aimé et apprécié pour ce qu'il est et qui aimerait bien une compagne également et j'en passe. 

La séquence finale pourra faire sourire mais elle n'est pas mal amenée et honnêtement, je ne m'y attendais pas du tout. Motus et bouche cousu pour ceux qui n'ont pas vu le film bien sûr. 

Un peu cheap, Androïde fait quand même le job au  niveau des quelques décors futuristes (issus d'autres films de New World Pictures) et des rares effets-spéciaux qui nous sont proposés : la station spatiale et ses couloirs d'un blanc immaculé, le jardin botanique, les deux vaisseaux spatiaux dans l'espace et le derrière du crâne de Max 404 qui contient ses processeurs font illusions si on n'est pas trop regardant et si on apprécie les films de S-F un petit budget. 

A part ça, le charme et le sex-appeal de Cassandra sont bien exploités à travers de légers plans de nudité, Klaus Kinski fait le minimum syndical mais livre une prestation honnête et sans maniérisme, Max 404 est attachant dans son désir d'amour et de découvrir la vie sur Terre.

Sans se montrer très dynamique, Androïde, qui mise plus sur les relations entre les différents personnages que sur l'aspect spectaculaire, se montre assez attachant à travers les thématiques qu'il développe et cette petite production Corman vaut le coup d'être visionnée. 




Stéphane ERBISTI

BABY BLOOD (1989)

 

Titre français : Baby Blood
Titre original : Baby Blood
Réalisateur : Alain Robak
Scénariste : Alain Robak, Serge Cukier
Musique : Carlos Acciari
Année : 1989
Pays : France
Genre : Gore
Interdiction : -12 ans
Avec : Emmanuelle Escourrou, Christian Sinniger, Jean-François Gallotte, Thierry Le Portier...


L'HISTOIRE : Vivant avec son compagnon dans un cirque malfamé, la belle Yanka s'ennuie. Lors de son sommeil, un parasite africain ayant voyagé dans un tigre, la féconde. Elle se retrouve donc enceinte et s'enfuit de son foyer actuel, et par la même occasion des griffes de son amant. Quand celui-ci la retrouve, il se fait sauvagement poignarder par la jeune femme, découvrant que sa future progéniture est douée de parole, mais réclame aussi du sang frais. Ne pouvant qu'accepter, sans quoi le bébé la tuerait, la jeune femme sillonne la France en dégommant les mâles se présentant à elle...


MON AVISLe gore en France serait une rareté ? En tout cas plus maintenant, grâce à la nouvelle génération de courts-métrages et de films cultes horrifiques tels que Haute Tension ou Calvaire. Pourtant le cas du gore en France était sérieusement remis en question vers la fin des années 80, avec une flopée de films barjots et talentueux. Seul Jean Rollin avec ces belles vampires dénudées ou son film Les Raisins de la Mort, Raphaël Delpard et son duo de films saignants La Nuit de la Mort / Clash, et même Franju avec quelques scènes des Yeux sans visage avaient fait preuve d'une belle utilisation du gore, quoique jamais poussé dans ses derniers retranchements. En clair, le gore français a du mal à faire le poids face à celui des Américains, des Italiens voire à celui des Allemands (puisque Buttgereit a commencé sa brochette de films déviants vers la fin des années 80).

Surprenant déjà son monde avec le très méchant sketch Corridor, visible dans la compile Adrénaline le film(s), Alain Robak frappe le cinéma d'horreur français d'un coup de hache dégoulinante de sang avec son trashissime Baby Blood, qui prouve non seulement que les Français restent assez maladroits dans le genre horrifique, mais peuvent se montrer aussi trash que leur homologues américains ou européens.

Concrètement, le film de Robak se trouve plus proche du cinéma de Frank Hennenlotter que de Jean Rollin. Pourquoi ? Sûrement parce que Robak brosse une vision de la France assez inconfortable, met en place des protagonistes tous plus frappés les uns que les autres, multiplie les meurtres sauvages, mais dresse une relation surprenante (voire touchante) entre l'héroïne et la créature qui l'accompagne, comme Hennenlotter l'a fait pour Frère de sang (Duane et Bélial, le monstre difforme et sauvage) ou Elmer le Remue-Méninges (Brian et Elmer, l'étron bavard bouffeur de cervelles).

Ce qui change bien entendu, c'est le personnage principal, cette fois une femme, contrairement aux héros des films de Hennenlotter. Une femme seule, aux rondeurs appétissantes, Yanka. Une appétissante et fragile louve qui tient un véritable conflit avec sa progéniture mutante. Le thème de la grossesse cauchemardesque est encore utilisé donc, faisant du film une rencontre entre Elmer le Remue-Méninges (il faut donner à manger au monstre, qui parle comme un véritable être humain), Le monstre est vivant (les instincts violents et cannibales du monstre) et Rosemary's Baby (l'attente de l'accouchement et l'angoisse qui l'accompagne).

On ne saura rien de l'origine du monstre qui féconde Yanka, si ce n'est qu'il vient d'Afrique. On apercevra quelques tentacules verdâtres, point barre ! Yanka s'apercevra de sa grossesse petit à petit, jusqu'à que sa progéniture se mette à parler d'une voix aiguë, lui suppliant de trouver du sang sous peine de mort. Yanka s'habitue peu à peu à la chasse aux hommes, qu'elle séduit avant de tuer. Le sexe est omniprésent, histoire de dévoiler les formes de la singulière Emmanuelle Escourrou qui semble se dévoiler sans trop de problèmes devant la caméra, surtout lors d'une scène de toilette très troublante. Déçue par les hommes (son amant trop agressif ou le routier qui l'abandonne lâchement enfonceront inévitablement le clou), elle profite de l'opportunité de tuer des mâles pour faire place à une certaine vengeance personnelle.

La vision qu'offre Robak vis-à-vis des hommes est loin d'être reluisante : cons, buveurs, obscènes, dragueurs, bœufs, obsédés, ratés, homos repentis, trouillards, magouilleurs, jamais vraiment beaux, grossiers… Une lecture carrément caricaturale qu'il vaut mieux éviter de prendre sérieusement, mais qui contribue à développer cette facette trash voire littéralement idiote. Un coté trivial proche de certaines bandes dessinées (Fluide glacial, Reiser…) comme le prouve la séquence des infirmiers, des abrutis finis qui ne peuvent communiquer qu'en s'envoyant des insultes. Elle est belle la France !

Humour noir et personnages grossiers oblige, Robak multiplie aussi les énormités (et les clins d'oeil) comme ce bus rempli de footballeurs en manque de jolies filles (se jetant pour l'occasion sur la pauvre Yanka), cette mémé gâteau gentille comme tout se faisant étrangler avec un fil de téléphone (eh oui, Robak a osé !), la présence d'un certain Roger Placenta crédité au générique pour la voix du bébé (il s'agit en fait d'Alain Robak), l'apparition de l'affiche de Baby Blood 2 et les apparitions de Jean-Yves Lafesse, d'Alain Chabat (scène culte où il crève en haletant comme un chien, et dans le sang en prime) et de... Baxter !

De passage chez Michele Soavi, Raphaël Delpard, Jean Rollin ou Frank Hennenlotter justement, le jeune maquilleur Benoît Lestang supervise les très nombreux effets gores du film, qui ont fait bien sûr sa renommée. Fonçant tête baissée dans l'excès et le grand guignol (voir ces coups de couteaux provoquant un geyser d'une abondance vertigineuse !), Baby Blood appuie à fond sur le champignon du gore : tête fracassée à coups de voiture et de matraque, coup de couteau bien placé avec baiser sanglant en sus, corps explosé, bonbonne de gaz dans la gueule… et surtout clou du spectacle : un meurtre au ciseau du point de vue de l'arme, et un autre profitant de la vue subjective d'une roue ! Âmes frileuses s'abstenir naturellement.

Quant au fameux bébé, sa forme finale déçoit quelque peu (on pense beaucoup trop au face-hugger d'Alien) et passe trop vite à l'écran malgré une idée ingénieuse prolongeant le suspense de manière inhabituelle. La scène finale semble arriver comme un cheveu sur la soupe, celle-ci se montre trop rapide, voire too much, un peu bâclée même. On n'oubliera cependant pas de sitôt l'accouchement onirique aussi fulgurant qu'inattendu ou cette plongée cradingue et inédite dans le corps de Yanka. Autant dire qu'on n'avait pas l'habitude de voir ça dans le cinoche français des années 80-90 !

Alain Robak n'est jamais adroit il est vrai, mais se montre franc dans sa réalisation et son style, à savoir une entreprise qui a l'énergie suffisante pour fignoler un jeu de massacre jubilatoire, cynique et qui tache un max !




Jérémie MARCHETTI

L'AVION DE L'APOCALYPSE (1980)

 

Titre français : L'Avion de l'Apocalypse
Titre original : Incubo sulla Citta Contaminata
Réalisateur : Umberto Lenzi
Scénariste : Antonio Cesare Corti, Luis Maria Delgado, Piero Regnoli
Musique : Stelvio Cipriani
Année : 1980
Pays : Italie, Mexique, Espagne
Genre : Infection
Interdiction : -16 ans
Avec : Hugo Stiglitz, Laura Trotter, Mel Ferrer, Maria Rosaria Omaggio...


L'HISTOIRE : Sur l'écran de contrôle d'un aéroport, un avion militaire non identifié est repéré. Malgré la demande répétée de la tour, l'engin refuse de décliner son identité. De ce fait l'armée est appelée à la rescousse sur le tarmac, où se trouve déjà un journaliste venu pour interviewer un professeur réputé. A l'atterrissage de l'avion, le professeur apparaît, avec derrière lui une nuée d'hommes et de femmes assoiffés de sang…


MON AVISBien avant L'Armée des Morts, certains zombies avaient déjà choisi de sortir de leur léthargie gestuelle. C'est ici le cas, avec, en prime quelques explications indispensables. L'Avion de l'Apocalypse n'est pas à proprement parler un film de morts vivants : le scénario nous dévoile rapidement qu'il s'agit ici d'hommes et de femmes exposés au nucléaire, donc irradiés, infectés. Les choses sont maintenant plus claires. 

Umberto Lenzi (Cannibal Ferox, La Secte des Cannibales), l'un des rois du Bis italien, est aux commandes de cet ovni cinématographique. Délirant : voilà l'adjectif qui qualifie le mieux Nightmare City (titre américain). Nul besoin d'être un spécialiste du genre pour se rendre compte que le budget du film fût dérisoire. Qu'importe ! Quand bien même les maquillages des créatures sont plus que sommaires, le dynamisme de la réalisation relève largement la situation.

Réalisé à la toute fin des 70's, le film déploie tous les clichés propres à cette décennie : ton décalé, couleurs psychédéliques, musique hypnotique. Un esthétisme primaire, coloré, et efficace dans ce cas précis. Il existe dans le discours du film une dénonciation sous-jacente des pratiques et du comportement de l'armée, même constat concernant l'église. A ce propos, une scène particulièrement trash au sein de l'église comblera tous les aficionados du blasphème dans le film de genre.

Les contaminés, parlons-en. Certes, le maquillage est sommaire et frise le ridicule, mais comme cité précédemment, la cause en est qu'il s'agit d'une contamination, le propos étant axé sur la folie des protagonistes, à l'image de La Nuit des Fous Vivants de George A. Romero et non sur leur désir de chair.

D'ailleurs, il convient également de noter que nos monstres sont certes assoiffés de sang, mais uniquement de ça. Leurs délires meurtriers se résument à des morsures et autres succions ; exit donc les éventrations et autres joyeusetés spécifiquement gore. Nous sommes donc plus proches du vampirisme que du cannibalisme à l'état pur.

Cependant, la brutalité est bien présente. Nos créatures sont déterminées, réfléchissent et sont organisées. Détail amusant : ils sont propres sur eux, tirés à quatre épingles. La violence est leur maître-mot. Témoin l'invasion du plateau télé où se tourne une émission kitsch dédiée à la danse. Un ersatz de Fame sous tranquillisants à mourir de rire. Une occasion en or pour un délire sanglant très visuel. Nos contaminés s'en donnent à cœur joie. Un véritable carnage, prétexte à des meurtres brutaux (couteaux, haches...) et des scènes pseudos-érotiques (morsures et palpations mammaires) sur de jolies danseuses effarouchées et légèrement vêtues.

Alors oui, le scénario n'est pas vraiment folichon, les acteurs pas franchement bons. Même Mel Ferrer ne semble pas convaincu de sa propre présence. Le casting manque cruellement de consistance, et seul Umberto Lenzi semble s'être véritablement amusé. Paradoxalement sans grande conséquence, puisque ce sont les créatures, qui, indiscutablement, éclaboussent l'écran.

Une mise en scène tonique, un rythme qui ne faiblit jamais, en bref une petite perle de la comédie horrifique, classée tout de même R aux USA, int –18 en Angleterre et Allemagne de l'Ouest, –16 en France et tout bonnement interdite en Islande ! Voici le voyage qui vous attend. Embarquement immédiat !

Ah oui, petite précision sur le DVD édité par Néo Publishing : il comporte la version censurée mais aussi la version uncut. Pour voir la censurée, choisir le film en VF (1h18), pour voir la version uncut, choisir le film en Italien ou en anglais (1h28).




Christophe JAKUBOWICZ