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BEG ! (1994)

 

Titre français : Beg!
Titre original : Beg!
Réalisateur : Robert Golden
Scénariste : David Glass, Robert Golden, Peta Lily
Musique Stephen W. Parsons, David Pearl
Année : 1994
Pays : Angleterre
Genre : Insolite
Interdiction : /
Avec Peta Lily, Philip Pellew, Julian Bleach, Olegar Fedoro, Jeremy Wilkin...


L'HISTOIRE Un couple en plein ébat amoureux. La belle Penelope Second. L'amant victime d'un meurtre étrange. Tué par un poison, ouvert et recousu d'une étrange façon. Un détective balourd, qui reçoit tout ses ordres par une oreillette. Un hôpital décrépit, où les lits sont en nombre insuffisant. Et la belle Penelope. Trop belle, rattrapée par son passé et la mort de son amant. Là commence une descente aux enfers, une hallucination fantasmagorique rendant toute description vaine...


MON AVISVoici un film acquis par Troma et qui s'avère être une vraiment bonne surprise. Et par surprise, j'entend vraiment SURPRISE.

Tout d'abord je dois vous dire qu'il s'agit d'un film (aussi surprenant que cela puisse paraître) très reposant. Peut-être un peu trop d'ailleurs puisqu'en ce qui me concerne, j'ai eu tendance à avoir les paupières très lourdes. Tout cela du fait de l'utilisation d'un scope de couleurs douces (même le rouge apparaît doux !) et de musiques tranquillisantes. Cependant ne vous laissez pas rebuter par cet aspect car le film est un pur chef-d'oeuvre.

La jaquette annonce c'est Fellini et Argento avec un zeste de Kubrick. Pour ma part Beg! consiste plutôt en un cocktail de Caro et Jeunet avec un zest dépressif, et un penchant singulièrement plus morbide. On pensera donc beaucoup à La Cité des Enfants Perdus pour l'aspect graphique. En effet l'image est toujours travaillée au possible. Les éclairages sont sublimes, créant de nombreux clairs-obscurs, ou travaillant les différentes catégorie de plans. Le premier plan peut être éclairé en rouge alors qu'une partie de l'arrière-plan se trouve noyé dans le bleu.

Au-delà de la colorimétrie, les décors eux aussi recèlent une personnalité. Ils semblent soupirer, transpirent la mélancolie, la douleur aussi. A tout instant l'environnement joue un rôle, il n'est jamais neutre, jamais passif. Il semble parfois même prendre le pas sur les personnages. C'est ce décor qui plonge les protagonistes dans une quête obsessionnelle d'accomplissement, où ils ont tout a perdre. D’où cette importance qui lui est donnée.

Étonnant, puisqu'a l'origine Beg! est une pièce de théâtre écrite par Peta Lily et David Glass. Peta Lily qui est d'ailleurs l'actrice principale du film. De fait si les décors sont si travaillés qu'il est difficile de croire qu'il s'agit originellement d'une oeuvre de scène, le jeu des acteurs est, quant à lui, on ne peut plus théâtral. Leurs mouvements sont très amples, et leur expressions frôlent le caricatural. Si cela contribue fortement à accentuer l'ambiance grotesque du métrage, certains pourront en être gênés, ceux-la même qui ont trouvé les premiers longs de Caro et Jeunet insupportables.

Lorsque vous vous apprêterez à regarder le film, laissez votre sens logique de côté. Il s'agit en effet d'un cauchemar fantasmagorique, les images que vous recevrez renforcent ce sens de l'illusion, de l'impalpable. Laissez-vous donc emporter par ces images, n'essayez pas de tout interpréter à tout prix, cela ferait retomber l'effet hypnotique du métrage de Robert Golden.

Le flot graphique continu que constitue Beg! pourra donc s'avérer difficile à ingurgiter par instant. Cependant, se laisser emporter par son courant empoisonné est comme une douce hallucination. Le métrage est ainsi une réussite flagrante dans la mesure où, sans être réellement cohérent (mais les hallucination peuvent-elles être cohérentes?), il s'avère être une véritable expérience. Une projection dans les fantasmes malades d'(une) autre(s) personne(s).

Au final ce métrage anglais que Troma a acquis s'avère d'une qualité exceptionnelle. Tout est finalisé au millimètre près. Plus particulièrement le son, qui s'avère d'une importance cruciale. Ainsi le détective Stiltskin est guidé à distance par son mentor qui ne peut qu'entendre ce qui se passe autour du détective. Les bruits sont donc amplifiés, et mis en image, de façon onirique. L'atmosphère poisseuse colle à la peau et à l'esprit, et le film terminé, reste un arrière goût de mauvais rêve, comme un réveil en sursaut. 

Une réussite totale donc, pour un métrage qui relève plus de l'essai fantasmatique, de l'expérimental, que réellement du film d'horreur de divertissement.

Colin VETTIER

THE POD GENERATION (2023)

 

Titre français : The Pod Generation
Titre original : The Pod Generation
Réalisateur : Sophie Barthes
Scénariste : Sophie Barthes
Musique Evgueni Galperine, Sacha Galperine
Année : 2023
Pays : Usa, France, Angleterre
Genre : Anticipation, comédie
Interdiction : /
Avec Emilia Clarke, Chiwetel Ejiofor, Rosalie Craig, Vinette Robinson...


L'HISTOIRE : Dans un futur proche où l’intelligence artificielle prend le pas sur la nature, Rachel et Alvy, couple new-yorkais, décident d’avoir un enfant. Un géant de la technologie, vantant les mérites d’une maternité plus simple et plus paritaire, propose aux futurs parents de porter l’enfant dans un POD. Alvy a des doutes, mais Rachel, business-woman en pleine ascension, l’incite à accepter cette expérience…


MON AVISAh le retour de la charmante Emilia Clarke au cinéma ! Absente des écrans depuis 2019 et le joli conte de Noël Last Christmas, impactée par la crise du COVID-19 évidemment, l'actrice a été l'une des héroïnes de la série Secret Invasion en 2023 et on la retrouve donc cette même année dans une comédie d'anticipation réalisée par Sophie Barthes et intitulée The Pod Generation

Anticipation donc car l'histoire se déroule dans un futur proche, où la technologie et l'intelligence artificielle a pris le pas sur tout le reste. La vie des humains est entièrement conditionnée par l'informatique, les maisons sont connectées à l'extrême et vous ne pouvez pas faire un pas sans que la voix d'une IA ne viennent vous questionner sur vos envies du jour ! Idem si vous allez voir un psy, ce sera une IA qui prendra en charge vos séances, sous la forme très curieuse d'un gros œil coloré ! 

Voici donc la vie que mène Rachel, business-woman, et son mari Alvy, professeur-botaniste. Le choix des métiers de deux personnages principaux n'est bien sûr pas anodin : Rachel vit continuellement avec la technologie (c'est son métier d'innover) alors que son mari est resté fidèle à des valeurs plus terre-à-terre, comme le respect de la nature, valeurs qu'il tente de communiquer à des fidèles par forcément réceptifs à ces vieux principes datés. Dans The Pod Generation, la technologie a été poussé très loin puisque désormais, il est proposé aux femmes de mener leur grossesse à l'aide d'un Pod, une capsule recréant l'environnement d'un utérus et dans laquelle l'embryon pourra se développer. Fini les migraines, les nausées, la prise de poids, tout se passe dans le Pod interactif, et vous pouvez l'emmener partout avec vous, et même le mettre dans un système d'attache qui vous donnera l'apparence d'une femme enceinte. Autre intérêt, le partage des tâches puisque le mari peut lui aussi s'occuper du Pod ! Un concept qui intéresse fortement Rachel mais qui ne trouve guère de résonance auprès d'Alvy, qui souhaite évidemment que sa femme ait une grossesse normale.

Le film débute donc comme une comédie romantique avec une grosse pincée d'anticipation, les représentations des innovations technologiques bénéficiant d'effets spéciaux et visuels de qualité. Une fois le couple en possession d'un Pod, l'aspect comédie se renforce un peu plus puisque Alvy, réticent au départ, se prend de passion pour son futur bébé et donc pour cette drôle de capsule blanche dont il ne voulait pas entendre parler au départ. Le duo formé par Emilia Clarke et Chiwetel Ejiofor fonctionne parfaitement bien et les situations proposées font souvent sourires de part leur aspect étrange et inattendu. 

On a parfois l'impression de regarder un épisode de la série Black Mirror, car plus la grossesse avance dans le Pod et plus des restrictions se mettent en marche vis à vis de ce dernier, provenant de la société fondatrice de cette technologie, dont le but principal bien sûr est de faire de l'argent malgré un discours empathique au départ pour inciter les couples à franchir le pas et à utiliser leur invention. 

On notera que le fait que le futur papa devienne gaga et se met à s'occuper plus du Pod que de sa femme se veut une petite critique cinglante de la réalité mais après, est-ce notre faute si nous n'avons pas d'utérus ? Ces petits pics vis à vis de la société sont amusants à défaut de soulever un vrai débat de fond mais ils donnent tout de même à réfléchir. Trop de technologie, trop de dérive informatique représente-t-il un danger pour la société, pour la vie naturelle elle-même ? Le film de Sophie Barthes se veut également une réflexion sur ce sujet ô combien actuel et l'évolution des personnages ainsi que la fin du film mettent en exergue cette réflexion. 

Certains auraient sûrement aimé que le film prenne une direction différente, encore plus anxiogène en montrant les dangers d'une grossesse par Pod interposé, avec un embryon devenant un Alien ou un monstre par exemple, le design du Pod faisant clairement allusion à aux Ovomorphs  du film de Ridley Scott et ses suites. Mais il n'en sera rien, on reste dans la comédie romantique futuriste qui ne s'éloigne jamais de cette ligne directrice. 

The Pod Generation est un joli film sur un avenir pas très réjouissant qui met de côté le principal, à savoir la nature, les relations humaines, au profit d'une technologie de plus en plus envahissante. Ça se laisse gentiment regarder, Emilia Clarke est rayonnante comme à son habitude et elle semble avoir repris quelques kilos, ce qui lui va beaucoup mieux. L'actrice a d'ailleurs reçu le 3 septembre 2023 le Prix Nouvel Hollywood au festival de Deauville !




Stéphane ERBISTI

BATMAN - THE DARK KNIGHT RISES (2012)


Titre français : Batman - The Dark Knight Rises
Titre original : Batman - The Dark Knight Rises
Réalisateur : Christopher Nolan
Scénariste : Jonathan Nolan, Christopher Nolan, David S.Goyer
Musique : Hans Zimmer
Année : 2012
Pays : Usa, Angleterre
Genre : Super-héros
Interdiction : /
Avec : Christian Bale, Tom Hardy, Gary Oldman, Joseph Gordon-Levitt, Anne Hathaway, Marion Cotillard, Morgan Freeman, Michael Caine, Matthew Modine, Cillian Murphy...


L'HISTOIRE : Cela fait huit ans que Batman a pris sa retraite et que Gotham City a vu la criminalité éradiquée grâce aux lois répressives d'Harvey Dent. L'image de ce dernier a été préservée, mais cela repose sur un mensonge qui a vu Le Chevalier noir prendre sur lui les crimes du procureur-adjoint. Mais voilà, l'irruption dans la ville d'un nouvel adversaire, Bane, risque de chambouler ce fragile équilibre. Batman sera-t-il de taille à l’affronter ?


MON AVISEnfin, le voilà qui arrive sur nos écrans le tant attendu dernier volet de la trilogie Batman vu sous le regard de Christopher Nolan, épaulé au scénario par son propre frère, Jonathan, et par David S. Goyer. Une équipe créative en osmose totale, mais après le niveau d'excellence atteint par son prédécesseur, The Dark Knight, la barre semblait bien haute à atteindre. Et c'est d'autant plus surprenant que Nolan, faisant fi des modes des blockbusters, préfère s'attarder sur les émotions de ses personnages, que ce soit Bruce Wayne, Bane ou même Sélina Kyle (Catwoman qui n'est d'ailleurs jamais surnommée ainsi dans cette adaptation). Beaucoup d’embûches attendaient le réalisateur, qui les a presque toutes surmontées.

Dans chacun de ses Batman, Nolan s'inspire de réalisateurs et de styles différents. Si le polar urbain et l'ombre de Michael Mann planaient sur le second opus, cette fois-ci il métamorphose son film en film de guérilla urbaine où le chaos règne en maître. Au risque de décontenancer plus d'un spectateur, mais pour mieux finalement nous surprendre en tout cas dans la forme- les scènes d'action prennent place ici plus aisément en pleine lumière du jour-, car le synopsis ne devrait pas réserver d'immenses surprises. Ce 3ème volet démarre de manière tonitruante avec la découverte du personnage de Bane, présenté alors comme un mercenaire redoutable. Une entrée en matière qui en impose.

D'emblée, cela contraste avec l'ambiance au manoir Wayne, où le propriétaire des lieux vit reclus comme un ermite. C'est l'irruption dans ses appartements privés d'une voleuse très agile qui va le faire sortir de sa torpeur. Le scénario est d'ailleurs d'une exemplarité remarquable, avec certainement le complot le plus abouti pour détruire Gotham City. Mais tout ceci nous est dévoilé progressivement et en prenant son temps. Nolan n'ayant pas peur de faire afficher près de 2h45 au compteur de son film. Ici, pas de fantaisie burlesque, Nolan maintient le cap de son héros vraiment désabusé. Ce qui au final fait de ce The Dark Knight Rises le plus sombre de tous. Chaque protagoniste se trouve confronté à des désillusions; même le fidèle Albert qui décide de dévoiler les intentions amoureuses de l'ex-petite amie de Bruce Wayne - Rachel qui avait été tuée - au risque de détruire la relation d'amitié qu'ils avaient ensemble. Et ce n'est pas le seul, l'inspecteur Gordon doit reconnaître aussi au jeune Blake, qui est sous ses ordres, qu'il a maintenu l'illusion du mythe Harvey Dent !

Autant de relations brisées et finalement de déceptions. C'est bien le mensonge et le rapport à la vérité qui tient le haut du pavé. Et quand Bruce Wayne se trouve prisonnier dans une fosse d'où seul dit-on un enfant aurait réussi à s'en sortir, là aussi ne cesse de se poser la question de savoir si cela est vrai ou s'il s'agit encore d'un leurre. Et d'évidence, sur le plan politique, Nolan inscrit son film dans le contexte actuel où la manipulation médiatique est la règle. Et c'est en cela que Bane intervient pour faire péter le système en place (voir son attaque de la Bourse, même si cela peut sembler démagogique de prime abord, il y a une vraie logique à tout cela).

On retrouve toujours les fidèles Christian Bale, Gary Oldman, Michael Caine et Morgan Freeman, qui répondent à l'appel. S'y rajoutent des nouveaux venus mais dont certains font partie de la sphère Nolan déjà, à commencer par Joseph Gordon-Levitt (Inception) qui confirme tout le bien qu'on pensait de lui auparavant, ou la frenchie Marion Cotillard et Tom Hardy. Christopher Nolan aime travailler avec des acteurs qu'il connaît et qu'il appréhende. Faisant figure d'exception, celle dont tout le monde redoutait le pire, Anne Hathaway (Alice au Pays des Merveilles version Burton), et qui s'avère différente du rôle plus félin de Michelle Pfeiffer, réussissant le tour de force d’être assez convaincante. Pour une fois, Nolan rend justice à la gent féminine. Car on lui a toujours reproché de la rendre fade. Bon, reste la grosse erreur de casting en la personne de Marion Cotillard, qui n'est absolument pas crédible.

Certainement que Bane est un peu trop bavard, mais la révolution chaotique qu'il met en place est vraiment démentielle. Il est évident qu'il fallait oser et avoir une maîtrise totale sur son projet pour y parvenir. La mise en place d'un tribunal d'exception avec ses projets expéditifs n'étant pas sans rappeler certaines heures sombres de l'Histoire du 20eme siècle ou de la Terreur en France. On est avant tout devant un film visuellement froid et peu chaleureux, prenant de plus son temps pour nous impliquer dans un tourbillon d'émotions. Mais malgré tout, Nolan n'en oublie pas dans ses dernières 30 minutes d'y inclure la bonne dose d'adrénaline qu'il convient.

Et impossible de quitter ce grand spectacle sans penser aux larmes d'Alfred, fidèle parmi les fidèles, qui reste le fil conducteur entre les deux identités de son maître.

The Dark Knigt Rises est un film d'une telle richesse que plusieurs visions s'avéreront nécessaires. Il conclut en tout cas fort bien cette trilogie très sombre et ancrée dans le réalisme, même si Bane n'a pas la folie euphorisante du Joker du précédent opus.




Gérald GIACOMINI

BATMAN - THE DARK KNIGHT (2008)

 

Titre français : Batman - The Dark Knight
Titre original : Batman - The Dark Knight
Réalisateur : Christopher Nolan
Scénariste : Jonathan Nolan, Christopher Nolan
Musique : Hans Zimmer, James Newton Howard
Année : 2008
Pays : Usa, Angleterre
Genre : Super-héros
Interdiction : /
Avec : Christian Bale, Heath Ledger, Aaron Eckhart, Maggie Gyllenhaal, Gary Oldman, Michael Caine, Morgan Freeman, Cillian Murphy...


L'HISTOIRE Batman, justicier légendaire de Gotham City, entreprend d'éradiquer complètement la criminalité des rues de la ville. Pour se faire, il compte sur l'aide précieuse du lieutenant de police Jim Gordon, un des seuls pouvant le contacter à tout moment à l'aide d'un projecteur envoyant l'image d'une chauve-souris dans le ciel étoilé de Gotham et du procureur Harvey Dent, fervent partisan du démantèlement total des criminels en tous genres. La machine est bien huilée et tout fonctionne parfaitement pour la nouvelle association puisque les parrains et autres caïds sont incarcérés illico presto bien souvent lors d'arrestations plutôt musclées de la part du vengeur masqué. Toutefois, le trio justicier ne tarde pas à se heurter au nouveau génie du crime qui fait parler de lui en ville notamment par ses hold-up à grande échelle et ses méthodes criminelles peu orthodoxes : le Joker, étrange personnage grimé en clown au sourire inquiétant incrusté en permanence sur son visage et semeur d'anarchie et de chaos…


MON AVIS Film représentant la vision de Christopher Nolan au sujet de la rencontre entre le justicier masqué et le Joker après qu'il nous ait donné sa version des origines de l'homme chauve-souris dans Batman Begins, le nouveau Batman est certainement le film le plus attendu de cet été 2008 et un énorme buzz flotte au-dessus du métrage. Plusieurs raisons à cela : le film est en train de battre tous les records au box-office américain et menace même le Titanic de James Cameron, les premières minutes du long-métrage sont visibles sur le Web et surtout, le tournage a été endeuillé en septembre 2007 par la mort accidentelle du cascadeur Conway Wickliffe et en janvier 2008 par le décès de Heath Ledger, l'interprète du Joker qui avait déjà tourné l'intégralité de ses scènes et dont c'est là le dernier rôle au cinéma. Il n'en fallait donc pas moins pour bâtir la légende du dernier opus de la série, le sixième sur grand écran. Mais à part ça, il est comment ce nouvel épisode de notre chauve-souris préférée ? avez-vous envie de me demander impatiemment. Ben il déchire grave en fait !

Jusqu'à maintenant je pensais que Batman Begins était le meilleur de la franchise mais celui-ci, est tout bonnement phénoménal ! Il y a de l'action à couper le souffle, le script est super bien élaboré, la psychologie des protagonistes est également très soignée pour un film de ce genre car les personnages ne sont pas fades mais entiers justement, mais c'est également sombre, violent et super bien joué.

C'est Christian Bale (déjà présent dans les très bons The Machinist et Equilibrium) qui endosse encore une fois le costume du Chevalier Noir/  Bruce Wayne et tout ce que l'on peut dire, c'est qu'il joue bien le lascar ! Son personnage est sans cesse tiraillé entre la folie et le bon sens si bien que sa perception de la justice lui cause d'énormes doutes, qu'il soit un homme riche en costard malade de voir tant d'injustices dans la ville de Gotham ou bien un justicier en costume combattant le crime et décidant de donner à tous ces psychopathes ce qu'ils méritent. A cause justement de cette lisière ténue entre la loyauté et l'envie de tout écraser violemment à la fois dérangeante mais nécessaire car elle maintient Batman/ Bruce Wayne sur le qui-vive, Bale arrive à nous captiver beaucoup plus que les Keaton, Kilmer et autres Clooney par son jeu tout en nuances et sur le point d'exploser à tout moment.

Bon évidemment, la star du film c'est le regretté Heath Ledger qui possède littéralement toutes les scènes dans lesquelles il joue tellement sa présence est impressionnante. Le Joker, c'est lui, même si Jack Nicholson était très bon déjà dans le premier opus, feu Heath le ferait presque passer pour un acteur de seconde zone tant il est bluffant. Il a d'ailleurs passé pas mal de temps seul dans une chambre d'hôtel pour s'immerger dans la peau du plus célèbre psychopathe de Gotham City. Le personnage en lui-même est vil, sarcastique, psychotique et terrifiant par moments (notamment dans les scènes où il joue avec son couteau près de la bouche de ses proies). Mais tout ça, c'est grâce à l'interprétation de Ledger, complètement habité par son perso et qui montre que le Joker est la Némésis de Batman tout en étant proche de lui puisque le justicier masqué est aussi un monstre (a freak en version originale) aux yeux de l'opinion publique. Ce ne fut néanmoins pas gagné d'avance pour l'acteur décédé il y a peu, puisque Sean Penn, Adrien Brody et Robin Williams furent un temps pressentis pour incarner ce personnage insaisissable et destructeur. Je suis donc d'accord avec la majorité des critiques de cinéma quand ils prétendent que la performance d'Heath Ledger deviendra légendaire et qu'il mérite à coup sûr un Oscar à titre posthume, il le mérite. On verra bien...

Le reste du casting est excellent et rempli de stars. Aaron Eckart est superbe également en procureur dont la soif de justice est insatiable. Maggie Gyllenhaal remplace au pied levé Katie Holmes (qui officiellement était indisponible pour jouer dans cette suite) et se montre peut-être un peu plus sensible que madame Cruise dont l'interprétation était un peu plate. Michael Caine (le fidèle serviteur Alfred), Gary Oldman (l'incorruptible lieutenant Gordon) et Morgan Freeman (travaillant dans les coulisses des entreprises Wayne) sont également très crédibles et servent de conscience à Bruce / Batman en le conseillant sur certains de ses choix. Enfin, on peut aussi mentionner la présence de Michael Jai White (Spawn), d'Eric Roberts (en parrain de la mafia) et de William Fichtner (Mahone dans la série Prison Break) dont les caméos sont de très bonne facture. Seul petit bémol, le personnage de l'épouvantail (incarné par Cillian Murphy, déjà vu dans 28 Jours plus tard) n'est pas assez exploité à mon goût car n'apparaît que très peu de temps à l'écran, enfin bon, ça c'est pour faire la fine bouche !

Côté partition musicale on retrouve le même duo de choc qui officiait déjà sur le premier opus, à savoir : Hans Zimmer et James Newton Howard. Deux compositeurs de nationalités différentes (un européen et un américain), donc deux visions distinctes, un tandem de dualités si l'on peut dire, un peu comme dans The Dark Knight avec la paire Batman / Joker pour, si l'on schématise à l'extrême car c'est en fait beaucoup plus compliqué que cela : le Bien / le Mal ou bien, pour les schizos : Bruce Wayne / Batman, couple plus compliqué que le précédent à mon sens, puisque le Chevalier Noir est sans cesse tiraillé entre sa soif de justice et ses propres émotions. Mais revenons-en au score, plutôt que de faire de la psychanalyse de comptoir. Le fait qu'il y ait deux arrangeurs musicaux rend la bande-son du métrage très atypique puisque nous ne rencontrons pas, ici, de musique dite classique de films de super-héros avec les envolées héroïco-lyriques habituelles. En effet, on a affaire là, à un subtil mélange d'effets sonores à base de synthétiseurs modernes et de musiques d'ambiance plus conventionnelles avec une mention spéciale pour le thème principal du film centré sur le Joker, personnage ô combien torturé et imprévisible, et bon sang ça marche bien tellement tout semble réglé au millimètre près si bien qu'on imagine mal une autre bande originale derrière chaque scène ! Bref, du travail de pros.

Si Batman Begins renouvelait une franchise qui s'essoufflait au fil des épisodes, The Dark Knight sonne le glas des précédents opus en révolutionnant totalement la série avec force effets spéciaux stupéfiants. Avec Nick Davis (ayant opéré sur quelques Batman et Harry Potter) aux commandes, les effets visuels sont somptueux et hyper réalistes. Les innovations techniques sont également légion. Que ce soit l'utilisation de maquettes reconstituant certaines infrastructures, quelques images d'animation en 3D afin de remplacer virtuellement des personnages lors de scènes d'action invraisemblables, l'usage du format Imax pour tourner certains plans, le maquillage des protagonistes (notamment celui d'un super-vilain dont je tairai le nom mais les fans du Comics auront deviné !) ou bien encore les nouveaux gadgets usités (le sky hook, un procédé d'extraction réellement crée par la CIA, le Batpod, un nouveau véhicule de la chauve-souris masquée ainsi que le perfectionnement du costume de Batman), tout est époustouflant et crédible au plus haut point. Mention spéciale toutefois à la cascade du camion effectuant un tonneau en pleine rue : un pur chef-d'œuvre ! C'est encore plus surprenant quand on sait que la scène a été tournée dans Chicago avec un véritable camion !

Mais ce n'est pas tout visuellement puisque même les décors et les costumes ont été étudiés sous toutes les coutures, si je puis me permettre ce jeu de mots un peu foireux ! Notre chauve-souris adorée joue en effet la touriste puisque le tournage s'est à la fois déroulé à Chicago (dont la ville de Gotham City est inspirée), à Hong Kong et à Londres. Quant aux accoutrements, ils sont magnifiques, que ce soit les toilettes des dames lors de réceptions mondaines chez le sieur Wayne, le costume de Batman plus sophistiqué que jamais ou bien la tenue du Joker, à la fois dandy et grunge avec ses chaussures de clown, l'ensemble est très éclectique mais divinement bien étudié et a dû demander, en amont, un travail plus que considérable tant cela semble parfait.

Le script quant à lui (écrit majoritairement par le frère de Nolan, Jonathan) est hyper riche. Les protagonistes sont très dépouillés et l'histoire ne souffre d'aucune faiblesse. Pour une adaptation de Comics, le résultat sonne très réaliste : tout en effet est très crédible, malgré la longueur du film (plus de 2h30 tout de même). On a même parfois l'impression d'assister à une saga épique digne de la trilogie Le Parrain et autres Les Incorruptibles et ça, c'est un sacré tour de force de la part du réalisateur qui réussit à nous passionner et à nous tenir en haleine avec son film de super-héros !

Ainsi, rien ne serait aussi parfait si Christopher Nolan ne savait y faire. Depuis le très remarqué Memento, il a su nous montrer qu'il savait réaliser un film. Les scènes dramatiques ne sont pas convenues et celles d'action sont parfois tellement saisissantes qu'elles vous colleront sur vos sièges tant elles ont un côté vériste et qu'elles apparaissent réalisables.

En résumé, c'est le meilleur opus d'une franchise partie pour durer puisqu'un troisième épisode est prévu pour 2010 avec, selon les rumeurs, Angelina Jolie dans le rôle de Catwoman, mais par la force du destin sans Heath Ledger dans le rôle du Joker dont ce dernier segment devait parler et devait se centrer sur le procès de l'ennemi numéro un de Batman. M'enfin, gageons que les frères Nolan sauront lui trouver un remplaçant à la hauteur. En attendant, allez voir leur dernier film, je vous le recommande vivement !




Vincent DUMENIL

BATMAN LE DÉFI (1992)

 

Titre français : Batman le Défi
Titre original : Batman Returns
Réalisateur : Tim Burton
Scénariste : Sam Hamm, Daniel Waters
Musique : Danny Elfman
Année : 1992
Pays : Usa, Angleterre
Genre : Super-héros
Interdiction : /
Avec Michael Keaton, Danny DeVito, Michelle Pfeiffer, Christopher Walken...


L'HISTOIRE : C'est Noël à Gotham City, et une organisation secrète sème la terreur et la discorde dans la ville. Celle-ci est dirigée par le Pingouin, être monstrueux vivant reclus dans les égouts, s'alliant avec l'ambitieux et dangereux Max Shreck pour conquérir la cité et se débarrasser de Batman. Batman, qui se retrouve d'ailleurs bien ennuyé face à une imprévisible ennemie : Catwoman, curieuse créature de la nuit comptant bien faire payer ce que lui a fait subir Max Shreck. Il va avoir du pain sur la planche…


MON AVIS Avec Batman premier du nom, Tim Burton préfère délaisser le matériau d'origine et d'avantage imposer SA vision, son style, ses personnages et son univers. Simple et tourmenté, son Batman se faisait rapidement dévorer par un Joker coloré et déchaîné, assassin et grimaçant. Le scénario se montre classique, de même que les scènes d'actions : tout est dans les décors, les idées, la musique, les plans souvent superbes (la Batwing s'imprimant sur la Lune), Burton offre un spectacle honnête, que certains fans de l'homme chauve-souris trouvèrent bien décevant. Le grand Tim remet le couvert trois ans plus tard, peu après ce qui restera son plus grand film : Edward aux Mains d'argent. Mais ce qui surprend encore plus, c'est que Batman le Défi fera lui aussi parti des plus grands films de son auteur. Une expérience qui renvoie pour beaucoup le premier film aux oubliettes.

Entre le New York des années 30 et l'expressionnisme allemand, Gotham City avait déjà été planté dans le premier film, grâce au talent de Anton Furst. Burton relooke à nouveau la ville, donne un cachet nettement plus gothique (anges de pierre, cimetière, toits biscornus…), la rend plus étouffante, la parsème de neige et amplifie par la même occasion sa beauté morbide, parfois même ses couleurs, Noël étant, on aura droit à un gigantesque arbre de Noël et quelques boutiques bien garnies de jouets ne tardant pas à brûler.

Après le pimpant et burlesque Joker, ce sont Catwoman et le Pingouin qui rejoignent instantanément la clique de méchants batmanienne. Mais pas seulement, puisqu'ils rejoignent aussi la troupe des personnages burtonniens, et plus particulièrement le Pingouin. Freak de son état, il est rejeté par des parents de la haute société (reconnaîtrez-vous Paul Pee Wee Reubens dans le rôle du pater ?) qui tel Moïse, l'envoient sur les flots, non pas purs d'une rivière, mais ceux, verdâtres des égouts. Se constituant une famille de saltimbanques inquiétants, à base de clowns sinistres et de pantins décharnés, il se réfugie avec une poignée de pingouins dans un antre dissimilé sous un zoo abandonné.

Ce zoo au look particulièrement burtonnien (statues grisâtres, neige, grillages tordus, ombres mystérieuses, arbres morts…), renvoi à une version dark du jardin gourmand du récent Charlie et la chocolaterie et surtout à une habitude toute burtonnienne d'attacher LE personnage burtonnien à un lieu reflétant parfaitement son univers mental : les recoins les plus sombres de l'imagination dans Vincent, le château dans Edward aux Mains d'argent, la maison farfelue dans Pee Wee Big Adventure, le cimetière dans L'étrange Noël de Monsieur Jack

Alors que Batman devient un personnage quasi-transparent (il fallait oser, Burton l'a fait !), le réalisateur se concentre sur ses deux bad guy, avant tout monstrueux, mais aussi humains. Si le Pingouin se révèle être tout le long du film un être repoussant, sadique, sale et difforme, il se montre également comme un Freak tout simplement rejeté de la société, cherchant une certaine reconnaissance, et pourquoi pas une véritable identité.

Quand à Selina Kyle / Catwoman, elle se montre comme une version féminine de Batman et bien plus bad. Semant l'ambiguïté, Catwoman est le résultat de la fulgurante transformation d'un esprit inexistant et frustré, celui de la pauvre Selina Kyle: secrétaire timide malmenée par une vie glauque et sans joie, Selina se fera malheureusement défenestrer par son patron Max Shreck (costume qu'endosse Christopher Walken, très à l'aise en véritable magouilleur / manipulateur, empruntant pour son personnage le nom de l'acteur ayant incarné Nosferatu) après avoir malencontreusement fouiné dans les affaires de celui-ci.

En quelques instants de folie furieuse, Burton ressuscite la fragile Selina pour aboutir à une douloureuse naissance. Un esprit tortueux et dérangé naît en quelques instants sous nos yeux, grâce au jeu tétanisant de Michelle Pfeiffer, qui ne retrouvera jamais un rôle aussi puissant. Séduite dans sa vie de nouvelle femme par Bruce Wayne, elle se jette dans une liaison dangereuse avec Batman, aux accents SM, lorsqu'elle redevient une implacable féline (hallucinante scène du saccage et de l'explosion du supermarché). Griffes, fouets, cuir : entre fantasme et folie, Burton croque sur pellicule une femme chat sensuelle et inoubliable, maniant un érotisme magnétique et inattendu, et n'oubliant pas au passage quelques sous-entendus bienvenus. Mais au final, les méchants et les gentils vus par Burton dans cette suite, sont tout aussi faibles et délabrés (voire "usés") les uns que les autres.

Tim Burton esquisse la personnalité de ces trois animaux, qui ne peuvent s'entendre car radicalement et définitivement différents (voire incompatibles) dans leur nature (vous verrez vous, un pingouin, un chat et une chauve-souris traîner ensemble ?) Batman le Défi refuse sèchement sa transformation en pur produit pop-corn: à la manière de Edward aux Mains d'argent, il fait surgir une cruauté et une violence inattendues (l'explosion d'émotion finale est à couper le souffle) et cultive une ambiguïté extrême.

Et même au-delà des trois personnages cités, Burton soigne son esthétisme jusque dans des plans affolants de beauté, fait preuve évidemment d'une inventivité visuelle sans précédent (la présentation des parapluies gadgets, le canard géant surgissant dans la salle de bal, Catwoman surgissant devant le néon Hell here…) et fait preuve d'une très grande habilité à manier la caméra.

Nettement plus sombre que le premier volet, que ce soit d'ordre esthétique ou scénaristique, Batman le Défi ne s'autorise que rarement à l'utilisation de la lumière du jour (voir lumière tout court), et préfère s'afficher comme une œuvre blafarde et pessimiste. Un Batman dépassé, un Pingouin qui ne trouvera jamais sa place parmi les hommes (tout comme Edward, Pee Wee, Beetlejuice, Ed Wood…) car trop différent et une Catwoman rongée par le bien et le mal. Dans un monde éclairé entre la noirceur de l'encre et la pâleur d'un fantôme, Burton se montre plus anticonformiste que jamais avec ce chef-d'œuvre certes bien loin du Batman originel, mais bel et bien au cœur de l'univers Burtonnien.




Jérémie MARCHETTI

BATMAN FOREVER (1995)

 

Titre français : Batman Forever
Titre original : Batman Forever
Réalisateur : Joel Schumacher
Scénariste : Janet Scott Batchler, Lee Batchler, Akiva Goldsman
Musique : Elliot Goldenthal
Année : 1995
Pays : Usa, Angleterre
Genre : Super-héros
Interdiction : /
Avec Val Kilmer, Tommy Lee Jones, Jim Carrey, Nicole Kidman, Chris O’Donnell, 
Michael Gough, Pat Hingle, Drew Barrymore...


L'HISTOIRE Batman, super-héros mi-homme mi-chauve-souris, sème la panique chez les bandits, cambrioleurs et autres violeurs arpentant les rues de Gotham City. Alors qu’il nettoie la ville de toute cette vermine, Bruce Wayne, alias Batman, va apprendre l’évasion de Double-Face de l’asile d’Arkham. Cette brute sans morale s’est en effet juré de l’éliminer, persuadé que l’homme chauve-souris est coupable de sa défiguration. Afin de parvenir à ses fins, Double-Face va s’allier à un scientifique totalement déjanté du nom d’Edward Nygma, qui se fera appeler Homme Mystère et s’avérera être l’un des pires ennemis que Gotham City ait pu connaitre, ce dernier ayant le pouvoir de manipuler les cellules cérébrales et ainsi les pensées des habitants de la ville…


MON AVIS Après deux épisodes fort réussis de l’homme chauve-souris sur grand écran, Batman et Batman le défi en 1989 et 1991, tous deux réalisés par Tim Burton, c’est au tour de Joel Schumacher de passer derrière la caméra quatre ans après le second opus. Après le Joker, le Pingouin et Catwoman, nous voici à présent face à deux autres ennemis de Batman : l’Homme Mystère et Double-Face.

Ce troisième opus, intitulé Batman Forever et bien que très différent des deux premiers films de part son approche plus familiale, connaîtra un succès tel que deux ans plus tard un quatrième opus sera mis en chantier, lui aussi réalisé par Joel Schumacher et portant le nom de Batman & RobinC’est huit ans plus tard qu’un troisième réalisateur, Christopher Nolan, mettra la main à la pâte et nous offrira un grand coup de fraîcheur à la saga de l’homme chauve-souris avec une trilogie qui demeurera dans les annales du film de super-héros.

Mais revenons aujourd’hui sur la seconde partie de la saga de Batman initiée en 1989 et terminée en 1997, plus précisément sur le troisième volet intitulé Batman Forever. Un épisode qui marquera sans conteste le début d’une descente aux enfers pour notre fier représentant des DC Comics qui brûlera définitivement sa cape dans la fin des années 90 avec l’arrivée du quatrième épisode. Mais pourquoi donc tant de haine et de déception envers les deux opus de Joel Schumacher 

La première chose qui frappe lors du visionnage de ce troisième volet des aventures de Batman, c’est l’ambiance générale qui en découle. Exit l’univers sombre et gothique des deux premiers opus burtoniens et place à présent à un monde plus coloré, parsemé de couleurs flashy et aux allures parfois très granguignolesques où nos méchants se battent avec des bâtons fluorescents…

C’est décidé : ce Batman version Schumacher sera plus familial que ceux réalisés par Tim Burton ! Un choix très discutable en fait. En effet, ce Batman s’avère être un opus très hollywoodien, le blockbuster dans toute sa splendeur, avec tout ce que cela implique parfois comme défauts bien usants pour le spectateur désireux de ne pas être trop pris pour un con : un scénario aussi mince que du papier cul bon marché (et brouillon avec cela… quand on pense qu’ils étaient trois scénaristes pour pondre cette bêtise!), un aspect humoristique trop présent, des méchants trop caricaturaux sur lesquels nous reviendrons quelques lignes plus tard, et enfin des scènes d’action à gogo peu crédibles pour ne pas dire invraisemblables ! Il suffit de voir le piège tendu par Double-Face pour éliminer Batman en début de film pour se rendre compte de la débilité flagrante du scénario. Une liste de défauts qui ne feront que s’accumuler tout au long d’un film qui dure tout de même 1h55 rappelons-le. C’est long, trop long.

Et ce n’est pas le casting qui viendra sauver le film de la noyade. En invitant une véritable flopée de stars hollywoodiennes, Joel Schumacher et d’autres producteurs avides d’argent pensaient certainement rameuter un maximum de gens dans les salles obscures, même si pour cela certains personnages du film devaient en pâtir. A commencer par un Batman, campé par Val Kilmer, bien peu expressif, parfois même trop effacé, qui semble paumé au milieu de tout ce foutoir. Son entourage n’est d’ailleurs pas en reste avec une Nicole Kidman déguisée en véritable nympho et un Chris O’Donnell dans la peau d’un Robin en pleine crise d’adolescence.

Mais que dire des méchants ? Peu crédibles et caricaturaux au possible, nous avons droit à un Double-Face interprété par un Tommy Lee Jones désireux de jouer les Joker et à un Homme Mystère joué par un Jim Carrey toujours aussi bête (je n’arriverai décidément jamais à m’y faire à cet acteur raté) et faisant preuve d’un maximum d’excentricité qui collait bien plus au Mask qu’à l’ennemi de Batman. Une grosse désillusion aussi bien pour les fans du comic book que pour les simples amateurs dont je fais partie.

Tous ces défauts en cascade se ressentent parfois un peu moins lors de scènes d’action (bastons, courses-poursuites) plus ou moins réussies, sorte d’effet cache-misère en quelque sorte pour tenter en vain de dissimuler un scénario au ras des pâquerettes il va sans dire.

De même, la musique (U2, The Offspring…) semble vouloir égayer un public prêt à pleurer devant ce triste spectacle mais, là encore, n’est pas Danny Elfman qui veut et la BO nous rappelle encore plus que nous sommes bien là devant un blockbuster bas de gamme et rien d’autres.

Au final, ce troisième volet de la saga Batman des années 80-90 est une véritable déception. Scénario long, brouillon, ennuyeux, mince et peu crédible (ça fait beaucoup d’un coup), sans oublier des personnages sans réel intérêt et des méchants caricaturaux. Tant de défauts qui font de ce Batman un blockbuster raté, ni plus ni moins. Batman pour toujours disait le titre du film ? Hé ben…




David MAURICE

BATMAN & ROBIN (1997)

 

Titre français : Batman & Robin
Titre original : Batman & Robin
Réalisateur : Joel Schumacher
Scénariste : Akiva Goldsman
Musique : Elliot Goldenthal
Année : 1997
Pays : Usa, Angleterre
Genre : Super-héros
Interdiction : /
Avec : George Clooney, Arnold Schwarzenegger, Chris O’Donnell, Uma Thurman, 
Alicia Silverstone, Michael Gough, Pat Hingle, Elle MacPherson...


L'HISTOIRE Gotham City est de nouveau en proie à un terrible méchant nommé cette fois-ci Mister Freeze. Aidé par une femme fatale, Poison Ivy, et d’un monstre nommé Bane, ce dernier prévoit de geler intégralement la ville et ses habitants grâce à ses armements de haute technologie. Mais c’est sans compter sur la présence de Batman et de son acolyte Robin qui vont tenter de déjouer les plans de ce trio infernal. La bataille s’annonce rude...


MON AVISAprès Batman Forever, un troisième volet très critiqué par la presse et de nombreux fans (et ce malgré un joli succès au box-office), Joel Schumacher rempile une seconde fois et offre à la saga cinématographique de l’homme chauve-souris un quatrième opus. Et après Michael Keaton et Val Kilmer, c’est à présent au tour de George Clooney d’endosser le costume de Batman ! A ses côtés, comme pour le volet précédent, on retrouve une pléiade de stars, tous styles confondus (cinéma, mode…), dont notamment Arnold Schwarzenegger, Uma Thurman, Alicia Silverstone ou encore Elle MacPhersonAlors opus novateur ? Retour réussi ?

Après le médiocre Batman Forever, le public était en droit de s’attendre à un renouveau de la saga avec ce nouvel opus sorti deux ans après. Sueurs froides et grimaces ont dû se lire sur de nombreux visages de fans quand il fut remonté que Joel Schumacher, coupable du troisième volet, était de nouveau aux commandes. Une peur qui fut finalement justifiée car, il faut le reconnaître, alors que Batman Forever était une sacrée désillusion (quand on repense à ce titre aguicheur…), Batman & Robin est quant à lui un navet, pas un nanar non, un navet ni plus ni moins. Alors oui, il faut des arguments pour avancer ce genre de propos et balancer ces qualificatifs peu séduisants au sujet de ce nouvel épisode. Hé bien lançons-nous à bras ouverts dans ces quelques paragraphes reflétant la qualité de ce second faux-pas de Joel Schumacher.

A noter, avant toute chose, que Batman & Robin a été le film le plus nominé aux Razzie Awards 1998 avec 11 nominations tout de même (et un prix uniquement, étrange…), c’est dire s’il y a des choses négatives à dire de ce quatrième opus. Pour les curieux(ses), la liste des nominations aux Razzie Awards est disponible en fin de critique.

Commençons comme il se doit par le scénario. Signé Akiva Goldsman (déjà coupable du scénario de film précédent), ce dernier nous montre rapidement que cet opus se veut encore bien plus familial que son prédécesseur. Avec son casting de stars sortant des flots de blagues et de jeux de mots en tout genre, ses scènes d’actions encore plus improbables que dans l’opus précédent, son scénario fait à la va-vite histoire de ne pas trop réfléchir ou encore cette volonté d’apporter un petit quelque chose de sensuel et d’émouvant (le filtre d’amour d’un côté et la maladie d’Alfred de l’autre), ce Batman & Robin devient purement commercial et ne cherche plus vraiment de public cible. Tout le monde doit pouvoir trouver son bonheur dans ce bordel cinématographique : de 7 à 77 ans, du fan absolu de Batman à la ménagère au départ peu convaincue par les super-héros. Encore une fois, Joel Schumacher nous balance un film de 2h et, comme d’habitude, on s’ennuie au bout d’un moment en raison d’un manque d’innovations certain dans ce scénario bâclé et dont les scènes d’action s’enchaînent plutôt bien mais se ressemblent parfois comme deux gouttes d’eau.

Une lassitude provoquée également par les personnages. Dans Batman Forever par exemple, les méchants étaient suffisamment déjantés et parfois amusants pour trouver encore un peu de temps à leur consacrer, et ce malgré un scénario déjà bien plat. Mais cette fois-ci, les ennemis de Batman sont bien trop fades pour s’y intéresser. Un désintérêt pour les personnages de Mister Freeze et Poison Ivy qui émane en partie d’un jeu d’acteur carrément douteux ! Car oui, les personnages à eux seuls reflètent parfaitement la débilité du film. Et ce ne sont pas les dialogues navrants et la version française grande ouverte aux moqueries qui feront passer la pilule !

Batman est tout simplement ridicule dans cet opus, je vous conseille de voir sa première apparition devant Mister Freeze en VF ! Trop cool et trop blagueur, George Clooney est de loin l’acteur ayant le moins bien interprété Batman dans cette saga il va sans dire. Passons le personnage de Robin toujours aussi insupportable (Chris O’Donnell en ado, deuxième version) et place à présent à une seconde coéquipière pour Batman répondant au doux nom de Batgirl ! Et c’est donc la mauvaise Alicia Silverstone qui s’y colle. Un personnage totalement bancal qui semble avoir plusieurs personnalités : sorte d’ado sans cervelle au départ (elle vole des motos pour aller faire des courses à la mort), elle se transforme soudain, comme par magie, en super-girl douée dans le détournement de satellites et toute dévouée pour son oncle Alfred dont elle semble vouer un véritable culte. En toute subjectivité, je ne comprends rien à ce personnage de Batgirl. Une chose est sûre dans tout cela : Batman doit à présent s’occuper de deux ados, triste fin pour notre super-héros…

Du côté des méchants, ce n’est guère mieux : nous avons d’un côté un Arnold Schwarzenegger en gros dur qui exagère son personnage à grandes flopées de jeux de mots, quitte à se rendre complètement ridicule, et une Uma Thurman assez fade mais qui s’avère finalement être la meilleure interprétation de tous les personnages cités ci-avant, même si cette dernière ne brille pas non plus ici par son talent, bien loin de ce qu’elle est capable de faire. A croire que tout le monde s’est donné le mot pour être mauvais dans ce film.

Au niveau des effets spéciaux, là aussi tout le monde semble avoir quitté le navire. Les couleurs flashy sont de nouveau au rendez-vous, on nous mitraille les mirettes de bleu, orange, vert, rouge, les effets spéciaux sont toujours aussi douteux par moments (la ville en arrière-plan est une vulgaire peinture tandis que les plantes de Poison Ivy sentent bon le plastique) et nous avons même droit cette fois-ci à des bruitages tout simplement hilarants : les rugissements de Bane ou encore les objets qui volent et font des sifflements sortis tout droit d’un cartoon, en témoigne la scène de bagarre dans le musée au début du film.

En y réfléchissant, il suffisait simplement de voir l’introduction du film pour se rendre compte que le spectacle qui allait s’offrir à nos yeux serait des plus navrants : on a un générique assez osé nous montrant en détails la combinaison, très proche de celle des Bioman, de nos deux héros masqués, n’hésitant pas à faire des gros plans sur l’anatomie intime de nos deux acteurs.

Idiot, sans intérêt, ce Batman & Robin est comme je le disais plus haut un navet. Avec tous ces termes relatifs à Batman (Batmobile, Batgirl, Batbombe etc...), on aurait pu qualifier Batman Forever de bat-déception, et Batman & Robin de véritable et authentique bat-merde...




David MAURICE



Le film a été nominé 11 fois aux Razzie Awards 1998, dans les catégories suivantes :
-Pire image
-Pire second rôle masculin (Arnold Schwarzenegger et Chris O’Donnell)
-Pire second rôle féminin (Alicia Silverstone et Uma Thurman)
-Pire directeur
-Pire Scénario
-Pire chanson originale
-Pire couple (George Clooney et Chris O’Donnell)
-Pire remake ou séquelle
-Pire mépris total pour la vie humaine et la propriété publique.
De toutes ces nominations, seule Alicia Silverstone recevra un prix (pire second rôle féminin). On la félicite !