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BLADE (1998)



L'HISTOIRE : 1967. Dans un hôpital, une jeune femme gravement blessée à la gorge meurt en accouchant de son fils. De nos jours, tandis que la nuit tombe sur la ville, un jeune homme se laisse conduire dans une boîte de nuit branchée située dans un abattoir. Rejeté par les danseurs avec lesquels il essaie de nouer contact, il est carrément agressé lorsque les extincteurs de secours arrosent de sang frais des vampires amateurs de techno. Rampant afin de prendre la fuite, il se retrouve aux pieds d'un homme revêtu d'une cuirasse et d'une cape noires, armé d'un fusil à pompe, de pieux d'argent et d'un sabre : Blade. Entre ce dernier et les vampires, un combat acharné s'engage, au terme duquel le guerrier cuirassé immole Quinn. Le cadavre calciné atterit dans l'hôpital où travaille Karen Jenson, mais Quinn est encore vivant. Alors que Blade surgit de nouveau pour lui régler son compte, il a le temps de mordre la jeune hématologue avant de s'enfuir. Troublé par la ressemblance de Karen avec sa mère, Blade décide de tenter de la sauver, et l'emmène avec lui dans le repaire secret qu'il partage avec son coéquipier Abraham Whistler…


MON AVIS : Pour ce film de vampires à grand spectacle, dans la lignée des Comics chers à David Goyer (Dark City ou encore Ghost Rider), on pouvait s'étonner a priori du choix de Stephen Norrington à la réalisation. A l'époque, ce dernier était en effet essentiellement connu comme spécialiste des effets spéciaux, que ce soit en tant que technicien ou producteur (Aliens le retour ou plus récemment L'exorciste : au commencement) tandis que son premier film, Death Machine, était passé quasiment inaperçu. Crainte principale : celle d'assister à un métrage purement axé sur la volonté d'en mettre plein la vue, comme cela a d'ailleurs fini par arriver à Norrington avec La Ligue des Gentlemen Extraordinaires. Mais, fort heureusement, Blade tient la route, et sans révolutionner de fond en comble le genre des homini nocturni, inaugure avec efficacité cette désormais trilogie, qui aura fait passer nos amis vampires à l'âge du sang techno-numérique.

Règle obligatoire de ce genre de film, la scène d'introduction donne d'emblée le ton général. Avec cette excellente idée d'une boîte de nuit hype dispensant à ses habitués une douche sanglante au lieu du bain de mousse traditionnel, scène qui fait la aprt belle à la belle Traci Lords d'ailleurs, puis un combat nerveux chorégraphié avec talent (Wesley Snipes, également producteur du film, pratique la capoeira depuis des années), Norrington administre une séquence graphique assez enthousiasmante. Lumières froides, décor épuré, sang rouge vif, mouvements de caméra rapides et tournoyants, les vampires nouvelle génération paraissent sacrément excités (art martial, crochets, pistolets mitrailleurs) et sont envoyés ad patres avec autant d'entrain (contemporains en cela des morts vivants à haut-débit de Danny Boyle et Zack Snyder). Quoique d'une bonne définition, les effets spéciaux n'interviendront pas toujours avec autant de réussite. Les éclatements organiques de la seconde partie du film prennent par exemple un tour artificiel et grotesque tranchant maladroitement avec le reste, l'ambiance Comics virant au comique tout court. Mais ce n'est là qu'une exception au passage, sans doute commandée par le souci de ne pas faire verser Blade dans l'horreur pure, et le rituel fantastique de la Magra rétablira convenablement les choses.

De même, si Blade use de clins d'œil distanciateurs et de mimiques viriles un peu lourdes, c'est sans compromettre l'atmosphère d'ensemble, comme ce sera au contraire le cas avec le Faust de Brian Yuzna. Il s'agit ici de conserver la ligne directrice du projet : un film d'action fantastique et divertissant avant toute chose. En fait, quelques années plus tôt, un obscur Jake West avait atteint les sommets du ridicule en essayant de réaliser une chose équivalente (Razor Blade). Mais là, aucun doute : tout en choisissant un ton light, Blade reste efficace, et Norrington remporte aisément la mise.

Les héros de Comics sont la plupart du temps partagés entre une identité civile officielle et leur nature de justicier, occasionnant des troubles schizophréniques (Batman, Faust) et/ou des quiproquos affectifs (Superman, Spiderman) qui s'intègrent à la trame narrative et la compliquent. Ici, rien de tel : si Blade possède bel et bien un nom et un prénom d'origine (Eric Brooke), personne ne s'en soucie. Dans un monde d'ores et déjà envahi par les vampires, ce sont ces derniers qui dissimulent leur véritable nature, tandis que le héros, obligé de vivre caché, ne se départira jamais de ses attributs guerriers. Et pour cause : la dichotomie qui s'instaure d'ordinaire entre l'apparence du héros et sa vérité est ici balayée pour laisser place à un conflit biologique. Blade porte en lui les gènes spécifiques des créatures qu'il affronte, et son coéquipier Whistler doit régulièrement lui administrer un sérum pour éviter une mutation complète. Cette originalité, tout en inscrivant le film dans un contexte résolument contemporain, permet aussi de simplifier la narration… au détriment de toute psychologie, celle-ci demeurant superficielle et cantonnant les personnages dans des clichés très orthodoxes. Si vous cherchez de l'émotion et de l'originalité dans le dessin des caractères, ce n'est donc pas dans Blade que vous les trouverez…

A vrai dire, les personnages les plus intéressants du film sont les méchants (qui a dit comme d'habitude ?), c'est-à-dire les vampires assumés. Divisés entre notables du cercle d'Erebus et arrivistes à la solde de Deacon Frost (Stephen Dorff), le monde des vampires reprend ici les éléments initiés par Anne Rice, tout en les débarrassant une fois pour toute de tout argument dix-neuviémiste, et en faisant de leur opposition un certain reflet de la réalité contemporaine. 

D'un côté les conservateurs bien établis dirigés par Gaétano (Udo Kier), qui souhaitent jouir de leurs privilèges en toute discrétion. Et de l'autre, les ambitieux aux dents longues, cyniques, agressifs et à la pointe de la mode, ne souhaitant renouer avec leurs origines ancestrales que pour instaurer leur pouvoir mondial d'une façon définitive et déclarée (la thématique du vampire pur et impur évoquant tout à fait celle d'une race aryenne). Au beau milieu, on trouve Pearl, gardien des archives assez incongru semblant sortir tout droit de Star Wars, et donnant lieu à un supplice bien sadique de la part de Karen Jenson. Mais entre modernisme high-tech, glyphes kabbalistiques et complots somme toute classiques, Stephen Dorff incarne un Deacon Frost impétueux qui n'est pas sans rappeler les personnages de Roméo+Juliette de Baz Luhrmann, .et c'est sans doute lui qui remporte la palme des interprètes de Blade.

Avec ses défauts par-ci par-là et son ambition mesurée, Blade remplit donc son objectif principal : accommoder les vampires à la sauce Comics branchée, et Norrington peut se féliciter de nous avoir fourni un film plus qu'honnête. Une agréable mise en bouche avant le deuxième opus réalisé par Guillermo Del Toro, qui allait prendre une toute autre envergure.


Titre français : Blade
Titre original : Blade
Réalisateur : Stephen Norrington
Scénariste : David Goyer
Musique Mark Isham
Année : 1998 / Pays : Usa
Genre : Vampires, super-héros / Interdiction : -12 ans
Avec : Wesley Snipes, Stephen Dorff, Kris Kristofferson, N'Bushe Wright...




Stéphane JOLIVET

BLACK WATER : ABYSS (2020)


L'HISTOIRE : Deux couples d'amis, Eric et Jen ainsi que Viktor et Yolanda, s'en vont rejoindre Cash, un ami d'Eric, qui a découvert l'entrée d'une caverne inexplorée en plein cœur de la forêt australienne. Féru de spéléologie, Eric a choisi de faire de cette découverte le thème du week-end et propose au reste du groupe de s'aventurer dans les profondeurs de la grotte. A plusieurs mètres sous terre, les cinq camarades découvrent un immense lac qui pourrait mener vers d'autres galeries souterraines. Lorsqu'un violent orage se déclare à la surface, Eric et ses amis sont surpris par une brusque montée des eaux à l'intérieur de la grotte, qui va rendre compliquée le chemin du retour. La situation va virer au cauchemar quand le groupe découvre qu'un crocodile a élu domicile dans les eaux du lac...


MON AVIS : Andrew Traucki est un réalisateur qui semble s'être spécialisé dans les films d'agressions animales, sous-catégorie très apprécié des fans de cinéma de genre. En 2007, il s'illustre avec le crocodile movie dans Black Water puis bifurque vers le shark movie avec l'excellent The Reef en 2010, s'éloigne de son domaine de prédilection avec son segment G is for Gravity de l'anthologie ABC's of Death en 2012 pour y revenir sous forme de found-footage en 2013 avec The Jungle. Après une longue pause, il revient en 2020 avec ce Black Water : Abyss et retrouve donc notre ami le saurien. Evidemment, passer après le Crawl d'Alexandre Aja n'est pas aisé, de dernier ayant proposé un film dans lequel les attaques de sauriens étaient légion. Andrew Traucki s'éloigne de ce concept de film fun et ultra dynamique pour proposer un film d'ambiance, dans lequel la notion de suspense, d'attente, de stress joue un rôle bien plus important, et dissémine avec une grande parcimonie ses quelques attaques de crocodile au sein des 94 minutes qui font la durée de Black Water : Abyss.

Le film reprend les éléments déjà vus dans des œuvres telles The Descent ou La Crypte par exemple, à savoir une expédition souterraine qui va mal se dérouler et un groupe d'amis dont certains ont des secrets inavouables à dissimuler. Après une séquence introductive nous présentant deux touristes étrangers perdus en pleine forêt australienne et qui tombe par mégarde dans la grotte qui va servir de lieu principal de l'action du film et qui vont être victime du crocodile, on passe dans la phase de présentation des cinq protagonistes de l'histoire. Deux couples d'amis donc, plus une pièce rapportée. L'une des filles, Yolanda (Amali Golden), est enceinte mais ne l'a pas encore dit à son petit ami Viktor (Benjamin Hoetjes), qui est en phase de rémission d'un cancer. L'autre fille, Jennifer (Jessica McNamee) semble chercher des informations compromettantes sur son chéri Eric (Luke Mitchell) puisqu'elle trifouille dans le téléphone portable de ce dernier. Rapidement, les couples rejoignent un ami d'Eric, surnommé Cash (Anthony J. Sharpe) et qui a découvert l'entrée de la fameuse grotte vu au début. Ce qui est bien ici, ce que cette présentation des héros ne s'éternise pas et on arrive assez rapidement à la phase de spéléologie. L'exploration de la grotte se fait également de manière assez rapide, jusqu'à la découverte du lac, une pièce circulaire souterraine immense, qui laisse peu d'endroits où avoir les pieds au sec. Un paysage enchanteur de prime abord, sauf que le spectateur sait déjà ce qui se cache sous les eaux opaques. Le suspense peut débuter.

Aidée par un orage qui provoque une brusque montée des eaux, l'ambiance anxiogène s'installe peu à peu, la progression des personnages étant grandement ralenti, de même que leur possibilité de rebrousser chemin. Pas d'alternative, il va falloir aller dans l'eau. La musique stressante , angoissante, à base de violons peut entrer en jeu et accompagner les images. On frissonne quand les corps entrent dans l'eau, et on scrute l'écran pour voir d'où va surgir notre ami le crocodile. Andrew Traucki est toujours aussi efficace en terme d'attaque animale, évitant la surenchère pour mieux se focaliser sur l'aspect réaliste de la situation.

Seulement, là où ça fonctionnait plein pot dans le premier Black Water, le réalisateur ne parvient pas à égaler son modèle, la faute à des attaques trop peu nombreuses et à une certaine lassitude qui s'installe en cours de route. Pourtant, le suspense n'est pas mauvais et fonctionne assez bien la plupart du temps, comme lorsque les héros s'immergent sous l'eau et que leur lampe fait apparaître la tête du crocodile à quelques mètres d'eux. Mais trop de scènes débutent en faisant monter l'attente du spectateur pour se clore de manière stérile et sans avoir montré le nez de notre super prédateur. Andrew Traucki ne se sert pas non plus de son décor comme il aurait pu le faire et c'est bien dommage. On aurait aimé voir notre crocodile pourchasser ses futures proies dans les galeries étroites de la grotte par exemple, chose qui ne se produit pas alors que deux personnages les empruntent pour tenter de trouver une sortie. Dommage !

Il est vrai qu'il n'y a que cinq protagonistes et qu'il faut bien les faire durer sur la longueur pour ne pas à avoir à conclure le film trop tôt. Soit. Concernant les protagonistes du film, on devinera assez rapidement ce qui cloche dans leur relation, tout étant un peu trop téléphoné pour réussir à surprendre son monde. La charmante Jessica McNamee est celle qui s'en sort le mieux et elle se montre convaincante, même lors du final qui vire dans le pur film de divertissement festif, aspect que Black Water : Abyss avait su éviter jusqu'ici. 

Au final, et même si la mise en scène est très correcte et que les images sont belles, on est un peu déçu lorsque le générique de fin se met à défiler devant nos yeux. On aurait vraiment aimé voir plus d'attaques, que le crocodile soit plus mis en avant et que cette sensation d'ennui ne prenne pas le pas face à nos attentes. Pour un crocodile movie, ça reste dans la bonne moyenne du genre mais ça aurait pu être plus transcendant je pense. On verra si Andrew Traucki relève le niveau et se montre plus inspiré dans la suite de The Reef qu'il doit mettre en scène prochainement...


Titre français : Black Water - Abyss
Titre original : Black Water - Abyss
Réalisateur : Andrew Traucki
Scénariste : John Ridley, Sarah Smith
Musique Michael Lira
Année : 2020 / Pays : Australie, Usa
Genre : Attaques animales / Interdiction : -12 ans
Avec Jessica McNamee, Luke Mitchell, Amali Golden, Benjamin Hoetjes, 
Anthony J. Sharpe...




Stéphane ERBISTI

BLACK SWAN (2010)



L'HISTOIRE :Danseuse au New York Ballet, Nina Meyers tient la chance de sa vie lorsque le casting pour une représentation du Lac des Cygnes ouvre ses portes. Pourtant, ses essais ne renversent pas Thomas Leroy, le metteur en scène du ballet : celui-ci choisit de faire incarner le cygne blanc et le cygne noir de l'histoire par la même personne, obligeant la danseuse visée à livrer une performance bien plus complexe. Nina obtient pourtant le rôle le jour où Thomas perçoit une rage insoupçonnée chez elle ; mais la jeune fille voit très vite sa vie se métamorphoser dès les premières répétitions...


MON AVIS : Pas de doute, Aronofsky est devenu définitivement un auteur hype, ses objets filmiques entraînant à la fois flops et engouements sur leurs passages : du paradoxe, et du bruit, beaucoup de bruit, comme on peut le constater à la suite de la sortie de Black Swan dont le passage sur grand écran laisse une traînée de plumes noires étincelantes. Vu l'antécédent surestimé et pompeux qui le précède, l'effet Aronofsky titille malgré tout la curiosité.

Ce dont l'on parle le plus, outre la performance de Natalie Portman, c'est la cascade de références qui nourrissent, irriguent (voire desservent légèrement) le film : du cadre évoquant tour à tour Argento et Michael Powell, en passant par des allusions concrètes à De Palma (Phantom of the Paradise et Carrie au Bal du Diable, entre autres), du trouble schizophrène hérité de Perfect Blue et de Polanski à la danse d'introduction renvoyant à celle de Legend, jusqu'au souffre de Verhoeven et l'approche organique à la Cronenberg, on frôle parfois le quizz cinéphile. Plus rassurant : tous ses clins d'œil et ses références n'empêchent jamais au film d'avoir une âme propre, que certains rapporteront (décidément !) comme la rencontre entre le tourbillon Requiem for a Dream et le parcours déchu de The Wrestler.

Ce qui est le plus visible n'est pourtant pas le plus troublant : Jennifer Connely (curieux hasard) était frappée elle aussi d'une malédiction en jouant dans le ballet du Lac des Cygnes dans le méconnu (et très ennuyeux) Étoile de Peter Del Monte.

On imagine la danse comme glamour, Black Swan se l'approprie comme une torture gracieuse, une épopée extatique, et la décrit comme un milieu fermé et cruel (l'ex starlette incarnée – ironie ? - par Winona Ryder, s'enfonçant dans l'ombre). Le savoir-faire d'Aronofsky et son goût pour les mises en scènes viscérales (image proche du documentaire, caméra près des corps) sert à merveille ce parcours d'étoile martyr et de petite fille en décomposition ; de jouer avec la jeunesse quasi virginale de Natalie Portman était une idée à s'approprier, et une manière salvatrice de crever définitivement l'écran pour la jeune actrice.

Dans une toile cinématographique fan du twist à gogo, Black Swan suit sa voie et résume ses enjeux dans la légende même qui compose Le lac des cygnes : pour incarner le cygne noir et le cygne blanc, Nina devra aller loin, très loin, et même jusqu'à la mort pour épouser son personnage et voler de ses propres ailes (au sens figuré comme au propre, pour le coup...). La petite fille (chambre d'enfant, vie privée à néant, image de la mère omniprésente et envahissante) devra devenir femme, et bien plus encore. Il ne s'agit plus d'un simple rôle à accomplir ou de quelques entrechats, mais d'une quête absolue visant la perfection et la transcendance du corps et de l'âme.

Aronofsky joue sur les tableaux anxiogènes, de l'appartement hanté par le figure maternelle (une Barbara Hersey dont le lifting monstrueux la rend encore plus inquiétante) aux planches où l'on sue sang et eau, le tout supervisé par un Vincent Cassel un brin vicelard. Et il y a aussi Lily, la furieuse, la brûlante, la rivale... ou l'amie, que Nina perçoit aussi bien comme le danger que comme un fantasme. De cette fascination trouble pour la figure masculine (Thomas) et la figure féminine (Lily), Aronofsky gère habilement les rapprochements, les doutes et les tensions érotiques multiples.

On le savait capable de filmer la misère et la dégradation physique, il n'y a rien donc rien d'étonnant à ce que Black Swan fonctionne de ce côté là, filmant un chemin de croix avec tout ce qu'il faut de viscéral, de l'horreur au compte-goutte aux transformations physiques parfois digne de La Mouche. Le ballet final prend inévitablement à la gorge, de libération en apocalypse intérieur, jusqu'à un plan séquence qui commence déjà à hanter les esprits. Le tout très bien épaulé par un Clint Mansell au sommet, revitalisant une musique ultra rebattue. Une sacré symphonie pour une sacré expérience.


Titre français : Black Swan
Titre original : Black Swan
Réalisateur : Darren Aronofsky
Scénariste : Mark Heyman, Andres Heinz, John J. McLaughlin
Musique Clint Mansell
Année : 2010 / Pays : Usa
Genre : Drame horrifique / Interdiction : -12 ans
Avec : Natalie Portman, Mila Kunis, Vincent Cassel, Barbara Hershey, 
Winona Ryder, Benjamin Millepied...





Jérémie MARCHETTI

THE BLACK ROOM (2017)


L'HISTOIRE : Jennifer et Paul emménagent dans une maison de banlieue chic et pas chère. Seul bémol, quelques temps auparavant, une jeune fille a été gravement brûlée suite à un accident de chaudière et l’ancienne propriétaire semble avoir disparue. S’ils mettent ça sur le dos de la malchance, ils vont bientôt se rendre compte que le vrai responsable se trouve dans une pièce au fond de la cave...


MON AVIS : Alors que j’allumais Netflix, ce dernier me proposa, en page d’accueil, The Black Room, sorti quelque jours auparavant. Le résumé indiquant une pièce secrète, un esprit lubrique et, en bonus, Natasha Henstridge, la star de La Mutante, je ne pus résister à la tentation et lança le film au lieu de perdre une heure à flâner devant le menu comme je fais habituellement.

L’introduction donne le ton. Une vieille dame (interprétée par la truculente Lin Shaye déjà à l’œuvre dans la saga Insidious) tente de combattre un démon pervers et invisible qui s’en prend sexuellement à son adolescente de petite fille. La scène, rappelant involontairement mais plus sérieusement celle du viol de Tori Spelling dans Scary movie 2, apporte quelques plans cocasses comme celui du téton tortillé par le fantôme, du sortilège ou encore des mains ensanglantées et gluantes qui sortent du mur pour happer sa victime. Ça fait un peu sourire mais ça reste premier degré, pas cynique pour un sou et c’est généreux.

Passé ce démarrage en fanfare, les deux héros, Jennifer et Paul, interprétés par Natasha Henstridge et Lukas Hassel, arrivent dans leur nouveau logement. Tout comme le démon du sous-sol, Le couple est plutôt porté sur le sexe et veut faire l’amour dans toutes les pièces. Mais avant cela, ils vont devoir faire réparer leur chaufferie par Oscar, l’homme à tout faire, qui semble plus intéressé par la poitrine de Jennifer que par son boulot. Vous l’aurez compris, le film tourne beaucoup autour de la chose et encore plus à partir du moment où le démon prend possession du corps de Paul, ce dernier devenant graveleux et inquiétant. Mention spéciale à Lukas Hassel qui tient bien le rôle du possédé. Il se montre plutôt convaincant et semble prendre grand plaisir à jouer ce personnage capable de faire jouir à distance jusqu’à la mort.

Le métrage va tout du long jouer sur les pouvoirs du démon/Paul et sur ses pulsions. Les différents protagonistes en auront pour leur grade et à la manière d’un slasher paranormal finiront souvent dans un bain de sang. Les effets spéciaux gores, réalisés sur plateau avec latex et faux sang, sont par ailleurs très convaincants. Mâchoire arrachée, crâne fracassé, transformation en démon : tout est réussi et rappelle aux bonnes heures des années 80. A l’inverse, les effets spéciaux numériques sont complètement ratés et plutôt risibles et semblent faits par un débutant sur After Effects.

Si le film est loin d’être un chef d’œuvre (et il n’en a pas la prétention) et se trouve être plutôt bancal à différents niveaux, il faut surtout retenir son envie de livrer une série B dynamique, rigoureuse et ne se moquant pas de son public malgré un sujet qui prête facilement à la moquerie. D’ailleurs, il risque de passer pour un simili-nanar pour beaucoup mais, passé le générique, je suis resté sur le sentiment d’une pellicule bien ficelée et divertissante ponctuée de touches un peu Z. Et franchement, c’est aussi ça qui m’a plu.


Titre français : The Black Room
Titre original : The Black Room
Réalisateur : Rolfe Kanefsky
Scénariste Rolfe Kanefsky
Musique Savant
Année : 2017 / Pays : Usa
Genre : Diable et démons / Interdiction : -12 ans
Avec Natasha Henstridge, Lin Shaye, Lukas Hassel, Tiffany Shepis, Caleb Scott...




Sylvain GIB

THE SLUMBER PARTY MASSACRE (1982)


L'HISTOIRE : En l'absence de ses parents, Trish Devereaux invite chez elle quelques amies de son équipe de basket pour une soirée pyjama entre filles ! Ses deux voisines et leurs petits amis, n'étant pas conviés, observent jalousement les préparatifs de l'autre côté de la rue, et préparent une intrusion inopinée, histoire de leur causer une petite frayeur. Mais tout ce petit monde ignore qu'un évadé de l'hôpital psychiatrique a lui aussi l'intention de participer à sa manière à la petite partie, emmenant avec lui son infernale foreuse mécanique pour transformer cette nuit en fête sanglante...

MON AVIS : Activiste féministe à ses heures perdues, Amy Holden Jones a effectué plusieurs petits boulots dans l'industrie du cinéma avant de toquer à la porte du légendaire Roger Corman afin de lui proposer ses services, notamment au poste de montage. La jeune femme a ensuite envie de réaliser son propre film et Corman lui offre sa chance, lui permettant de choisir un scénario parmi de nombreux autres qui traînent en attente de trouver preneur. Elle choisit une histoire rédigée par Rita Mae Brown, remanie quelques éléments à sa sauce et obtient de Corman un financement de 220000$ pour ce qui sera le premier slasher de la firme New World Pictures. Un genre auquel la réalisatrice ne connaît absolument rien au passage. Elle doit également se plier aux exigences du studio, qui veut du sang, des jolies filles et de la nudité. Malgré sa défense du féminisme, Amy Holden Jones est bien obligé de se plier à cette dernière exigence, ce que beaucoup lui ont ensuite reproché. Mais bon, elle tourne un slasher et la nudité est quasiment un passage obligé de ce style de film donc ne lui faisons pas de procès d'intention. Surtout qu'elle donne tout de même les rôles principaux aux actrices et que les quelques protagonistes masculins présents dans le film sont plutôt du style "benêt". 

Bref, toujours est-il qu'à l'arrivée, The Slumber Party Massacre s'est avéré être très lucratif pour Roger Corman, qui a nettement rentabilisé son investissement initial. En 1982, le slasher movie est devenu le fer de lance du mouvement horrifique, suite au succès d'Halloween et de Vendredi 13 bien entendu. J'avoue que je préfère des films tels CarnageMeurtres à la St-Valentin ou Rosemary's Killer à The Slumber Party Massacre car ils lui sont supérieurs en terme d'ambiance, de suspense, de mise en scène et de meurtres sanguinolents. 

Reste  que le film d'Amy Holden Jones fait néanmoins le taf et s'avère des plus corrects, et que pour une réalisatrice qui n'y connaissait rien au genre, la miss Holden s'est plutôt bien débrouillé et livre un film assez festif, qui ne se prend pas la tête et s'avère donc plaisant à regarder. Comme dit plus haut, niveau boobs, les amateurs seront aux anges puisque le casting féminin se désape régulièrement, que ce soit dans les douches du vestiaire, pour changer de tenue ou pour quelques rendez-vous galants. Parmi ces dernières, on reconnaîtra Brinke Stevens, qui deviendra une Scream Queen très réputée dans les années 80 et 90. On note d'ailleurs qu'elle ne se déshabille pas dans The Slumber Party Massacre et qu'elle est l'héroïne d'une des meilleures scènes du film, dans laquelle le suspense est vraiment bien troussé. 

Ce qui intéresse particulièrement les fans de slasher, ce sont les meurtres et le tueur bien sûr.  Ce dernier est campé par Michael Villella, qui était très investit sur le tournage, inventant même un passif à son personnage pour le rendre plus crédible dans ses actes, passif qui n'a malheureusement pas rejoint les lignes du scénario. Dommage. Si la majorité des scènes de meurtres sont filmées en hors-champ pour cause de budget faiblard, avec vision du rendu final tout de même, les effets de maquillage sont soignés, avec une mention spéciale au livreur de pizza dont les deux yeux ont été perforés par la mèche de la foreuse infernale. Une arme très cinématographique et pas choisit au hasard, puisque la longueur de la mèche et certains plans dans lesquels le tueur la tient entre ses jambes en font une arme "phallique" au rendu sans équivoque. 

Bénéficiant d'un rythme plutôt alerte, cette soirée pyjama qui n'est pas sans nous rappeler le Halloween de John Carpenter, se montre fun, distrayante et bien sûr sanguinolente ! Je pense même que The Slumber Party Massacre se bonifie avec le temps et l'effet nostalgie joue grandement en sa faveur. Pas de quoi bouder son plaisir donc ! A noter que le film d'Amy Holden a eu deux suites, en 1987 et 1990, ainsi qu'un remake en 2021. Et tous ces films ont été réalisés par une femme ! Il y a de la suite dans les idées donc...   


Titre français : The Slumber Party Massacre
Titre original : The Slumber Party Massacre
Réalisateur : Amy Holden Jones
Scénariste Rita Mae Brown, Amy Holden Jones
Musique Ralph Jones
Année : 1982 / Pays : Usa
Genre : Slasher / Interdiction : -16 ans
Avec Michelle Michaels, Robin Stille, Michael Villella, Brinke Stevens, 
Debra de Liso, Andree Honore...





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Stéphane ERBISTI

BLACK PHONE (2021)


L'HISTOIRE : Nous sommes dans les années 1970, dans une petite ville du Colorado de prime abord tranquille où sévit pourtant un kidnappeur insaisissable. Là, réside Finney Shaw, un adolescent intelligent et timide vivant avec sa sœur Gwen, ainsi qu’avec son père légèrement alcoolique sur les bords et ayant subséquemment la main leste quand il a trop bu. A l’école, notre adolescent craintif subit également les agressions d’une bande de sales gosses et perd tous ses moyens quand il croise le regard de sa ravissante voisine de classe, mais il peut toujours compter sur le soutien de Robin, le caïd de son établissement. Bientôt cependant, ce dernier se fait enlever, Finney se retrouve seul. Il est toutefois rapidement kidnappé à son tour par le tueur sadique qui l’enferme dans un sous-sol insonorisé où crier ne lui sera pas d’une grande utilité. Peu de temps après, le jeune garçon se met à recevoir, dans sa geôle, des coups de fil d'un vieux téléphone noir accroché au mur mais dont les fils sont pourtant arrachés...


MON AVIS : Voici donc la nouvelle production des studios Blumhouse que l’on ne présente plus, dix ans pile-poil après le très bon Sinister où l’on trouvait déjà le duo Scott Derrickson à la réalisation et Ethan Hawke dans un des rôles principaux. Alors quand en plus on a affaire à un scénario de base tiré d’une nouvelle de Joe Hill, fils du prolifique Stephen King à la ville mais désormais auteur confirmé avec des œuvres comme NOS4A2 ou encore Locke and Key, on se dit qu’on tient peut-être là un produit bien alléchant pouvant augurer du meilleur.

Black Phone nous présente d'emblée un environnement de violence auquel est confronté notre jeune héros entre un domicile familial où un père tyrannique fait régner la terreur à coups de ceinturon et le collège, où quelques petites frappes viennent le molester, lui le gentil Finney, pas encore assez costaud et ne devant parfois son salut que grâce à sa sœur Gwen venant à sa rescousse où encore Robin, un ami qu’il aide pour les devoirs et véritable dur à cuire auprès des intimidateurs. Ce quotidien pas facile est donc celui d’un adolescent de treize ans très intelligent, mais jugé encore trop tendre. Comme si cela ne suffisait pas, une plus grande menace existe et suscite dans cette ville du Colorado où prend lieu et place l’action, un véritable climat de paranoïa : un kidnappeur sévit et capture tous les enfants passant à sa portée, de préférence des garçons ! Forcément, Finney, proie facile, se fera enlever et séquestrer à son tour. Heureusement, sa survie dépendra peut-être de sa sœur dotée de dons médiumniques, mais également d’une aide extérieure se manifestant par des voix, captées par le combiné pourtant débranché de son cachot, et semblant appartenir aux anciennes victimes du ravisseur…

Si cette ambiance pesante pourra rappeler à certains la saison 1 de l’excellente série True Detective et surtout, si ce script fait clairement penser aux thèmes de prédilection de Joe Hill (des protagonistes pourvus de pouvoirs surnaturels et une enfance maltraitée), c’est pour mieux nous confronter à la peur dès lors que Finney décrochera le téléphone hors d’usage. En effet, dès l’apparition du combiné noir, tout contribuera à rendre l’ambiance anxiogène à son maximum : la tension provoquée par la peur de se faire repérer, la mise en œuvre de tentatives d’évasion, mêlés à la froideur clinique des manipulations sadiques du tueur toujours plus envahissant physiquement et psychologiquement auprès de sa victime. Parallèlement à cela, la jeune Gwen tentera vainement d’avoir des visions lui révélant l’endroit où son frère est détenu et la police ira de piste en piste à la recherche de l’adolescent, sans en avoir une de véritablement concrète.

Avec tous ces éléments finement calculés, Black Phone ne baisse jamais en intensité et nous malmène comme si, nous aussi, nous étions prisonniers dans ce sous-sol où les chances de s’en sortir s’amenuisent d’heure en heure. Tout cela, Scott Derrickson l’a bien compris et dose à merveille son film sans oublier quelques redoutables jump scares, procédé cher utilisé à foison par Blumhouse, pour malmener notre petit cœur fragile ! Mais toute cette angoisse ne serait rien sans son croquemitaine principal car comme le disait si bien Sir Alfred HitchcockPlus réussi est le méchant, plus réussi sera le film ! Ici, notre diable fait de chair et de sang se déguise la plupart du temps en magicien et capture les êtres les plus innocents que le hasard met sur sa route en les engouffrant dans la noirceur de son van et surtout de celle de son sous-sol où on ne sait ce qu’il leur fait subir ! C’est Ethan Hawke qui incarne ce tueur d’enfants aux différents looks terrifiants et arborant toujours un masque voire un maquillage, ce qui le rend impalpable, presque irréel, pourtant le monstre humain est bien là ! On pourra toutefois regretter qu’on n’en sache pas plus sur lui, ses motivations, son passé, afin de mieux comprendre ce personnage, mais ce serait tout de même faire la fine bouche devant une telle performance d’acteur ! Notons également que le duo d’enfants jouant Finney et Gwen est criant de vérité car fragile et dur au mal à la fois !

Black Phone est donc un film avec un scénario original, ne comptant pas uniquement sur des jump scares pour bien fonctionner. En effet, la première partie prend tout son temps pour nous présenter les principaux protagonistes, deux gamins vivant seuls avec leur père alcoolique ayant la main lourde dans une ville des Etats-Unis des années 70, où plusieurs enfants ont disparu mystérieusement. Une fois l’antre du serial killer découverte, tout va s’enchaîner et le film se transformer en survival où chaque coup de téléphone aura une importance capitale. En plus d’un script bien maîtrisé, le métrage dispose d’un casting impeccable, notamment Mason Thames et Madeleine McGraw incarnant le frère et la sœur qui crèvent littéralement l'écran à chaque apparition, ainsi qu’Ethan Hawke, effrayant en croquemitaine pervers. Seul petit bémol : le fait qu’on n’en sache pas assez sur le kidnappeur n’enlevant jamais son masque ou maquillage. Ce manque de background pourrait gêner, comme l’auteur de cette critique, les plus exigeants, mais peut-être en apprendrons-nous plus dans une suite ou un préquel, qui sait ?


Titre français : Black Phone
Titre original : Black Phone
Réalisateur : Scott Derrickson
Scénariste Joe Hill, Scott Derrickson, C. Robert Cargill
Musique Mark Korven
Année : 2021 / Pays : Usa
Genre : Thriller, tueurs fous / Interdiction : -12 ans
Avec Mason Thames, Madeleine McGraw, Ethan Hawke, Jeremy Davies...




Vincent DUMENIL

BLACK FRIDAY (2021)


L'HISTOIRE : Pendant la période des fêtes de fin d'année, les employés d’un magasin de jouets de la franchise We Love Toys doivent, malgré leurs différences évidentes, se protéger mutuellement d'une horde d'acheteurs infectés par un parasite extraterrestre qui les transforme en créatures monstrueuses et semblant toutes reliés entre elles par un lien télépathique. Qui sera alors élu employé du mois ?


MON AVIS : Black Friday est, sur le papier, un film qui a tout pour plaire avec son casting accrocheur (notamment Bruce Campbell, le génial Ash de la saga Evil Dead et le sympathique Devon Sawa vu dans Destination Finale, La main qui tue ou encore 388 Arletta Avenue) et son pitch prometteur faisant penser à une critique du consumérisme à tout-va digne des films de George A. Romero (des employés sont enfermés dans un magasin pendant les fêtes de Noel et doivent faire face à une menace extraterrestre !). D’ailleurs le film ne perd pas de temps, puisque peu après la diffusion d’un bulletin d’information télévisé nous avertissant de l’arrivée imminente d’un météore, une créature alien causera encore plus d’agitation que la future pénurie des jouets incontournables de l’année un jour de soldes ! Les acheteurs seront ainsi transformés en mutants / aliens / zombies mangeurs de chair et le personnel du magasin de jouets n’aura pas d’autre choix que de faire équipe pour tenter de rester en vie.

Malheureusement, passé vingt minutes, la suite va reléguer ce film pourtant bien entamé au rang d’une énième série Z de bas étage ! Déjà, les personnages représentent tous les clichés qu’il est possible de retrouver chez les différents types de vendeurs. Ils ne sont guère développés et en plus, les acteurs sont sous-exploités eu égard à leur potentiel ! On reconnaîtra ainsi Michael Jai White (SpawnMortal Kombat, Black Dynamite), tout en muscles et en cloueuse électrique, mais trop rapidement tué à notre goût ! Devon Sawa est quant à lui assez fade voire transparent. Quant à Bruce Campbell, il est ici affublé d’une coiffure horrible, d’une petite moustache, d’un nœud papillon, d’une chemise à carreaux, d’un pull en laine de mauvais goût, le tout allant bien avec son personnage de peureux et respectueux des conventions, mais bon sang qu’il est barbant ! En même temps, tout ce qu’il débite est inconsistant !

D’une manière générale, on a souvent l’impression que les répliques des protagonistes sont juste balancées comme cela et qu’elles n’ont aucun tranchant ! Ce n’est pas drôle, pas assez irrévérencieux donc pas incisif pour deux sous, si bien qu’on a le sentiment que les membres du casting déclament des banalités pour meubler ou combler un vide scénaristique manifeste ! En même temps, aucun des protagonistes n’est suffisamment brossé pour susciter une quelconque once d’empathie ! C’est dommage car la critique sur l’avidité des entreprises au détriment du bien-être de leurs employés est bien là, mais le commentaire social n’est pas non plus mis en valeur car pas assez humoristique. C’est ainsi trop bavard, hyper long entre deux scènes d’action ou de lutte contre les infectés ou l’entité extraterrestre s’inspirant tout de même largement de Le Blob et de Braindead pour la couleur rose et le boss de fin !

On ne manquera pas néanmoins de constater que les effets visuels et les maquillages sont de qualité. En même temps, avec Robert Kurtzman (ayant officié sur Predator, les deux premiers Evil Dead, Tremors, Scream ou encore L’antre de la folie, excusez du peu !) aux commandes, cela semble logique ! Entre corps purulents, geysers de sang et prothèses en latex du plus bel effet, on sent que le bonhomme a du métier et privilégie avant tout les effets à l’ancienne comme tout bon artisan qui se respecte ! Malheureusement, c’est bien la seule consolation apportée par ce film manquant d’originalité, de tension et n’offrant aucune scène inédite tout en enchaînant poncifs en tous genres et à la métaphore facile sur le consumérisme excessif ne constituant même pas un nanar regardable entre potes avinés car ce n’est même pas marrant !

Parabole sur la surconsommation de nos sociétés occidentales qui font des grandes surfaces de véritables temples où l’unique religion est d’acheter jusqu’à plus soif, ce Black Friday n’a malheureusement pas grand-chose de folichon pour attirer le quidam ! Pourtant, la chose pouvait paraître alléchante si on se fiait au pitch prometteur et à la distribution séduisante. Malheureusement, le réalisateur Casey Tebo, plus enclin à réaliser des clips et documentaires sur Aerosmith, tente - sans grande réussite - de parodier comme beaucoup avant lui le cultissime Zombie en transformant ses clients déjà bien excités par les soldes en morts vivants voraces semblant liés entre eux par une entité venue de l’espace. Toutefois, le film se noie dans ses nombreux bavardages et en plus n’est même pas drôle car les dialogues sont ratés. Et ce ne sont pas quelques SFX assez bien fichus et encore moins la présence de Bruce Campbell en manager moustachu proche de la retraite qui parviendront à rattraper le naufrage cinématographique qui nous est proposé tant son personnage est mou du genou, tout comme le reste du casting n’ayant même pas une punchline mémorable à nous asséner ! Bref, Black Friday n’est ni plus ni moins qu’un film d’horreur qui se cherche sans jamais trouver sa voie et à oublier d’urgence !


Titre français : Black Friday
Titre original : Black Friday
Réalisateur : Casey Tebo
Scénariste Andy Greskoviak
Musique Patrick Stump
Année : 2021 / Pays : Usa
Genre : Comédie fantastique & horrifique / Interdiction : -12 ans
Avec Bruce Campell, Devon Sawa, Ivana Baquero, Ryan Lee, Michael Jai White...




Vincent DUMENIL

BLACK DEVIL DOLL (2007)

 


L'HISTOIRE : Un homme noir, Mubia Abul-Jama, est condamné pour avoir assassiné quinze jeunes femmes blanches. Un soir, Heather teste son Ouija et finit par ramener le tueur à la vie à travers une poupée de ventriloque. Les deux protagonistes vivront une belle et heureuse histoire d'amour jusqu'au jour où la poupée réclame plus de fesses blanches et les paires de seins qui vont avec. Mais le sexe n'est pas suffisant et la marionnette retrouvera ses pulsions meurtrières pour commettre un massacre...


MON AVIS : Produit par la société Rotten Cotton, spécialisé dans la vente de T-shirt de films de genre, Black Devil Doll est le remake inavoué du film fauché des années 80 Black Devil Doll From Hell. Une relecture vulgaire et portée sur la perversion, l'absurdité volontaire et l'humour potache, les intellectuels pourront vite passer leur chemin car ici, les seuls éléments principaux du film tiennent entre une bonne paire de boobs, des Fuck à tout va et notre poupée black afro s'avérant être une véritable bête de sexe enragée.

Rien de sérieux évidemment, rien qu'à voir la présentation animée hilarante faisant un gros doigt d'honneur au comité de censure (tenu par des blancs) et le très bon générique monté à la James Bond n'ayant certes aucun rapport avec le thème du film mais annonçant la couleur en ce qui concerne l'absurdité assumée omniprésente pendant les 60 minutes (environ) du film. Inutile de vous cacher que ce métrage n'est qu'une simple curiosité à voir si on est amateur du mauvais goût et des blagues grasses sexuelles pour poivrots traînant au bistrot toute une après-midi avec leur bière à la main, leur bide sorti et une main posée sur la paire de baloches.

En termes de vulgarité, de grossièreté et d'insultes en tous genres, Black Devil Doll se place au même niveau que le slasher Gutterballs de Ryan Nicholson, de même pour l'humour bas de gamme et loufoque. La subtilité c'est trop compliqué ? Et bien pourquoi ne pas se contenter de balancer quelques nichons pour attirer l'attention du spectateur masculin ? On imagine bien la bande de vieux potes qui passent leur temps à ricaner et à grogner face à chaque plan-nichon qu'offre ce film underground aussi volontairement mauvais que Gingerdead Man 2. Même si le ridicule du film pourra en faire sourire plus d'un, sa longueur et son rythme ralenti pourront en ennuyer d'autres.

Après la présentation d'Heather Murphy et de sa grosse paire de seins alléchante, cette dernière s'adonnera au jeu du Ouija qui fera directement revivre Mubia dans une de ses poupées de ventriloque pour ensuite vivre une formidable histoire d'amour avant de passer à l'acte torride. Une des séquences de sexe avec Natasha Talonz, une blonde à forte poitrine, rappelle d'ailleurs sans hésitation une des meilleures scènes de Team America et qui montre que derrière cette poupée de petite taille se cache un étalon black queutard déboîtant tout ce qui bouge quand il veut et où il veut. Rassurez-vous, les scènes de sexe ne sont pas pornographiques mais elles sont aussi gratuites que les fabuleux monologues vulgaires, racistes et sexistes de la marionnette. Chucky pourra d'ailleurs aller se rhabiller car celui qui à la plus grosse, c'est évidemment Mubia !

Quant aux autres personnages, on ne nage pas dans l'intelligence et la construction soignée. Partie de twister, lavage de voiture en mode grosses cochonnes, comparaison de seins etc. les demoiselles en tenue (très) courte seront là pour le plus grand plaisir des hommes quel que soit le vide scénaristique qui pèse sur le film ou encore l'amateurisme inévitable des acteurs. On s'en fout, on est là pour les fesses, les gros-mots et le sang !

Totalement assumé, sans prétention, tourné dans un esprit de je-m'en-foutisme flagrant, Black Devil Doll se moque de lui-même et est à considérer comme un divertissement grossier sans réel intérêt plutôt et non comme une oeuvre innovante aux buts artistiques et tentant de devenir la nouvelle référence de poupée tueuse. Mais inutile de l'affirmer sachant que les premières minutes du film dévoilent directement sa forme grotesque et perverse de film raté.

En plus de ce lot rempli d'immaturité délirante, quelques meurtres sanglants s'enchaîneront sans vouloir être entièrement convaincants dans les effets gore. Tous les ingrédients sont minimalistes mais offrent un cocktail savoureux d'images trash débiles sans se soucier de la moindre touche de moralité.

Après quelques coups de couteau, un défonçage de crâne à la batte de baseball, un étranglement etc. la poupée black ne se privera pas non plus de violer chaque corps après leur mise à mort (que ce soit sur une femme ou sur un homme) histoire de lâcher sa purée là où il peut (en revanche les éjaculations montrées donnent l'impression d'avoir été effectuées avec un dentifrice). On n'oubliera pas non plus l'ouverture d'une porte en la faisant fondre avec un jet acide d'excréments. Bienvenu dans un monde riche en poésie, bon goût et subtilité. Dommage que ce soit le genre d'humour auquel on s'habitue vite, surtout quand le film en question dure aussi longtemps.

Black Devil Doll aurait très bien pu réduire certaines scènes de dialogues inutiles pour se concentrer uniquement sur ses débilités. Une demi-heure aurait été largement suffisante pour un concept de ce genre surtout quand derrière les grossièretés faciles de toutes formes ne cachent pas la moindre inventivité. Au moins, le réalisateur aura su comment amuser son public sans se prendre la tête et avec des idées aussi limitées que ses moyens et aura livré, au milieu de tout ces nibards, une petite poignée de séquences gore en particulier dans un final qui conclut le film en beauté avec plusieurs éclaboussures de sang. Pour finir, on se retrouve devant un film qui penche plus sur le comico-gore que l'érotico-gore bien que la nudité soit l'élément dominant.

Réalisé pour la facilité de fournir un objet filmique bête, stupide, vulgaire, provocateur, drôle et sanglant, Black Devil Doll reste une petite curiosité sans importance mais qu'on ne peut pas détester pour ses idioties osées mais amusantes.


Titre français : Black Devil Doll
Titre original : Black Devil Doll
Réalisateur : Jonathan Lewis
Scénariste Shawn Lewis, Mitch Mayes
Musique The Giallos Flame
Année : 2007 / Pays : Usa
Genre : Jouet meurtrier / Interdiction : -16 ans
Avec Heather Murphy, Natasha Talonz, Martin Boone, Erika Branich...




Nicolas BEAUDEUX

SEANCE (2021)

 


L'HISTOIRE : Dans un lycée privé pour filles, un groupe d'amies s'amuse à faire peur à une des nouvelles élèves, Kerry, en jouant avec une incantation censée faire apparaître une jeune élève décédée quelques années plus tôt. Terrorisée, Kerry s'enfermer dans sa chambre. Ses camarades la retrouvent défenestrée. Suite à cette mort tragique, Camille Meadows intègre l'école à la place de Kerry. Elle subit la pression d'Alice et de son petit groupe de pestes, ne trouvent une alliée qu'en la personne d'Hélina. Après quelques altercations leur valant d'être toutes retenues en colle, les filles décident de pratiquer une séance de spiritisme afin d'entrer en contact avec Kerry et de comprendre les raisons de son geste. Peu de temps après la séance, les filles sont victimes de mort violente. Le spectre de Kerry serait-il revenu pour se venger ?


MON AVIS La vision de la bande-annonce de Seance m'avait donné envie de découvrir ce film réalisé par Simon Barrett. Ce dernier est plus connu en tant que scénariste puisqu'on lui doit les scénarios de Frankenfish, Red Sands, A horrible way to die, de certains sketches des anthologies ABC's of death ou V/H/S, de Blair Witch version 2016 et surtout du très bon You're Next d'Adam Wingard en 2011. Il s'essaye à la réalisation dès 2000 avec des courts-métrages puis il met en scène un épisode dans V/H/S 2 en 2013. Il attendra 2021 et ce Seance pour retenter l'expérience d'être derrière la caméra.

Une fois le film terminé, on peut se demander si Simon Barrett ne devrait pas se contenter d'être scénariste. Déjà que niveau originalité, son scénario pour Seance sent le réchauffé à plein nez comme on va le voir par la suite, mais niveau réalisation, c'est plutôt mou du genou et pas vraiment renversant. Rien de déshonorant bien sûr mais rien de marquant non plus ou qui nous fasse s'extasier pour qu'on ait envie de crier voilà un réalisateur à suivre ! La mise en scène recycle tous les poncifs et les clichés déjà vus maintes et maintes fois auparavant et aucun vent de fraîcheur ne vient titiller notre visage.

Avec son académie pour filles (bonjour Suspiria), ses séances de spiritisme (bonjour Dangereuse Alliance / The Craft), son ambiance film de fantôme revanchard dans laquelle on trouve même des codes du slasher et du giallo, puisqu'on a un tueur masqué qui vient éradiquer une partie du casting, Seance brasse large, à tel point qu'on a du mal à y trouver une once de la personnalité de son réalisateur, qui semble ici recycler ses diverses influences. Pourquoi pas après tout, tant que le résultat final tienne la route et procure du plaisir au public.

La question qui taraude le public de Seance, c'est bien évidemment de savoir s'il se trouve en présence de phénomènes rationnels ou irrationnels. En clair, les séances de spiritisme pratiquées par le casting féminin ont-elles réellement réveillé le spectre de Kerry, revenu d'entre-les-morts pour se venger de la mauvaise blague que ses camarades lui ont fait subir ou bien la série de meurtre est-elle en rapport avec la mort de Kerry, ce qui signifierait qu'une personne bien réelle soit derrière tout ça ? Les hypothèses vont bon train et les coupables potentiels sont légion, à commencer par l'héroïne elle-même, Camille Meadows, interprétée par l'actrice trentenaire Suki Waterhouse, un peu trop âgée pour jouer les étudiantes, même si ça passe à peu près tout de même. Quelques petits détails, que vous ne manquerez pas de remarquer logiquement, viendront éveillés notre attention sur ce personnage. Les autres filles du groupe ne sont pas en reste et on essaye de comprendre leur motivation si on est bel et bien dans un film de machination plutôt que dans un vrai film de fantômes.

Niveau flippe, Seance ne procurera pas d'arrêt cardiaque à quiconque, malgré quelques petits jump-scares disséminés ici et là. On aurait espéré que les séances de spiritisme soient plus tétanisantes et provoquent des montées de tension mais au final, ce n'est pas vraiment le cas. Il en va de même pour les rares meurtres du film, qui sont d'une sobriété à toute épreuve. Le film donne l'impression d'être un teen-movie horrifique tout public et il faudra attendre les vingt dernières minutes pour avoir enfin un peu de spectacle à se mettre sous la dent.

On ne sait pas pourquoi Simon Barrett décide d'un coup d'un seul de passer à la vitesse supérieure lors du final de Seance. La vérité tant attendue, mais qu'on avait envisagé depuis belle lurette, est dévoilée, sans que ça provoque un grand remous chez le spectateur d'ailleurs. D'autres révélations se joignent à la fête et surtout, on assiste, toujours sans savoir pourquoi, à deux morts bien gores qui donnent la banane et font qu'on se dit qu'on a bien fait de tenir jusqu'au bout de ce film pas franchement réussi mais qui se clôture sur une note d'intention positive.

Méli-mélo de genres divers et variés, Seance maque d'ampleur et n'atteint pas vraiment son but, n'apportant rien de neuf au public aguerri qui en a vu d'autre. Plutôt déçu en ce qui me concerne...


Titre français : Seance
Titre original : Seance
Réalisateur : Simon Barrett
Scénariste Simon Barrett
Musique Tobias Vethake
Année : 2021 / Pays : Usa
Genre : Fantômes et spectres, Slasher / Interdiction : -12 ans
Avec Suki Waterhouse, Madisen Beaty, Inanna Sarkis, Ella-Rae Smith, 
Stephanie Sy, Seamus Patterson...





Stéphane ERBISTI