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THE POD GENERATION (2023)

 

Titre français : The Pod Generation
Titre original : The Pod Generation
Réalisateur : Sophie Barthes
Scénariste : Sophie Barthes
Musique Evgueni Galperine, Sacha Galperine
Année : 2023
Pays : Usa, France, Angleterre
Genre : Anticipation, comédie
Interdiction : /
Avec Emilia Clarke, Chiwetel Ejiofor, Rosalie Craig, Vinette Robinson...


L'HISTOIRE : Dans un futur proche où l’intelligence artificielle prend le pas sur la nature, Rachel et Alvy, couple new-yorkais, décident d’avoir un enfant. Un géant de la technologie, vantant les mérites d’une maternité plus simple et plus paritaire, propose aux futurs parents de porter l’enfant dans un POD. Alvy a des doutes, mais Rachel, business-woman en pleine ascension, l’incite à accepter cette expérience…


MON AVISAh le retour de la charmante Emilia Clarke au cinéma ! Absente des écrans depuis 2019 et le joli conte de Noël Last Christmas, impactée par la crise du COVID-19 évidemment, l'actrice a été l'une des héroïnes de la série Secret Invasion en 2023 et on la retrouve donc cette même année dans une comédie d'anticipation réalisée par Sophie Barthes et intitulée The Pod Generation

Anticipation donc car l'histoire se déroule dans un futur proche, où la technologie et l'intelligence artificielle a pris le pas sur tout le reste. La vie des humains est entièrement conditionnée par l'informatique, les maisons sont connectées à l'extrême et vous ne pouvez pas faire un pas sans que la voix d'une IA ne viennent vous questionner sur vos envies du jour ! Idem si vous allez voir un psy, ce sera une IA qui prendra en charge vos séances, sous la forme très curieuse d'un gros œil coloré ! 

Voici donc la vie que mène Rachel, business-woman, et son mari Alvy, professeur-botaniste. Le choix des métiers de deux personnages principaux n'est bien sûr pas anodin : Rachel vit continuellement avec la technologie (c'est son métier d'innover) alors que son mari est resté fidèle à des valeurs plus terre-à-terre, comme le respect de la nature, valeurs qu'il tente de communiquer à des fidèles par forcément réceptifs à ces vieux principes datés. Dans The Pod Generation, la technologie a été poussé très loin puisque désormais, il est proposé aux femmes de mener leur grossesse à l'aide d'un Pod, une capsule recréant l'environnement d'un utérus et dans laquelle l'embryon pourra se développer. Fini les migraines, les nausées, la prise de poids, tout se passe dans le Pod interactif, et vous pouvez l'emmener partout avec vous, et même le mettre dans un système d'attache qui vous donnera l'apparence d'une femme enceinte. Autre intérêt, le partage des tâches puisque le mari peut lui aussi s'occuper du Pod ! Un concept qui intéresse fortement Rachel mais qui ne trouve guère de résonance auprès d'Alvy, qui souhaite évidemment que sa femme ait une grossesse normale.

Le film débute donc comme une comédie romantique avec une grosse pincée d'anticipation, les représentations des innovations technologiques bénéficiant d'effets spéciaux et visuels de qualité. Une fois le couple en possession d'un Pod, l'aspect comédie se renforce un peu plus puisque Alvy, réticent au départ, se prend de passion pour son futur bébé et donc pour cette drôle de capsule blanche dont il ne voulait pas entendre parler au départ. Le duo formé par Emilia Clarke et Chiwetel Ejiofor fonctionne parfaitement bien et les situations proposées font souvent sourires de part leur aspect étrange et inattendu. 

On a parfois l'impression de regarder un épisode de la série Black Mirror, car plus la grossesse avance dans le Pod et plus des restrictions se mettent en marche vis à vis de ce dernier, provenant de la société fondatrice de cette technologie, dont le but principal bien sûr est de faire de l'argent malgré un discours empathique au départ pour inciter les couples à franchir le pas et à utiliser leur invention. 

On notera que le fait que le futur papa devienne gaga et se met à s'occuper plus du Pod que de sa femme se veut une petite critique cinglante de la réalité mais après, est-ce notre faute si nous n'avons pas d'utérus ? Ces petits pics vis à vis de la société sont amusants à défaut de soulever un vrai débat de fond mais ils donnent tout de même à réfléchir. Trop de technologie, trop de dérive informatique représente-t-il un danger pour la société, pour la vie naturelle elle-même ? Le film de Sophie Barthes se veut également une réflexion sur ce sujet ô combien actuel et l'évolution des personnages ainsi que la fin du film mettent en exergue cette réflexion. 

Certains auraient sûrement aimé que le film prenne une direction différente, encore plus anxiogène en montrant les dangers d'une grossesse par Pod interposé, avec un embryon devenant un Alien ou un monstre par exemple, le design du Pod faisant clairement allusion à aux Ovomorphs  du film de Ridley Scott et ses suites. Mais il n'en sera rien, on reste dans la comédie romantique futuriste qui ne s'éloigne jamais de cette ligne directrice. 

The Pod Generation est un joli film sur un avenir pas très réjouissant qui met de côté le principal, à savoir la nature, les relations humaines, au profit d'une technologie de plus en plus envahissante. Ça se laisse gentiment regarder, Emilia Clarke est rayonnante comme à son habitude et elle semble avoir repris quelques kilos, ce qui lui va beaucoup mieux. L'actrice a d'ailleurs reçu le 3 septembre 2023 le Prix Nouvel Hollywood au festival de Deauville !




Stéphane ERBISTI

BARBAQUE (2021)

 

Titre français : Barbaque
Titre original : Barbaque
Réalisateur : Fabrice Eboué
Scénariste : Fabrice Eboué, Vincent Solignac
Musique : Guillaume Roussel
Année : 2021
Pays : France
Genre : Cannibale
Interdiction : /
Avec : Fabrice Eboué, Marina Foïs, Jean-François Cayrey, Virginie Hocq...


L'HISTOIRE : Un couple de bouchers voit leur commerce péricliter, tout comme leur vie intime qui commence à se ternir. Un jour, une bande de militants vegans s’en prennent à leur boutique mais Vincent ne va pas se laisser faire et va tuer accidentellement l’un d’eux devant sa femme Sophie. Afin de cacher le corps, notre meurtrier va le transformer en jambon que sa compagne va vendre par erreur. Et c’est un véritable succès : tout le quartier réclame cette viande extraordinaire ! En cette période financièrement compliquée, ce phénomène semble tomber à pic…


MON AVISQuatrième film de Fabrice Eboué,  Barbaque est clairement celui qui nous intéresse le plus à Horreur.com dans la filmographie de l’humoriste-acteur-réalisateur et pour cause, ce dernier traite du cannibalisme, met en scène un couple de tueurs en série et rappelle d’ailleurs un certain Les Bouchers Verts, film danois d’Anders Thomas Jensen sorti en 2003, soit presque 20 ans après le film français dont il est question ici. Impossible en effet de ne pas penser à cette comédie noire dont Fabrice Eboué s’est très probablement inspiré.

Les films de cannibales, cela nous connait à Horreur.com mais pas de jungle et d’indigènes ici : nous sommes en plein milieu urbain, avec un peu de rural quand-même pour les chasses à l’homme, histoire de moins se faire repérer, et surtout dans une comédie noire. Exit les Cannibal Holocaust, Cannibal Ferox et autres bisseries transalpines et place à une comédie française ayant pas mal fait parler d’elle.

En effet, le film de Fabrice Eboué a été très médiatisé, grâce notamment au nom de son réalisateur et à son pitch qui avait de quoi émoustiller le grand public. Peut-être un peu moins les fantasticophiles que nous sommes pour la plupart mais nous laissions toutefois traîner nos oreilles derrière les premiers échos. Hé oui, le cannibalisme dégoûte mais intrigue / fascine / attire également, en témoigne un certain Grave de Julia Ducournau qui, après une énorme tournée en festivals, a su se faire connaître de bon nombre de cinéphiles et notamment certains n’approchant que très rarement le cinéma de genre.

Et même si nous ne rions pas non plus aux éclats devant Barbaque, force est de constater que cette histoire, assez simple sur le papier, fonctionne plutôt bien et nous amuse assez souvent. Nous prenons en effet beaucoup de plaisir à suivre ce couple passé de simples bouchers de quartier à des serial-killers faisant fructifier le capital de leur établissement en laissant derrière eux de nombreux cadavres transformés en jambons, travers, sautés et autres saucisses pour leurs fidèles clients venus en masse déguster cette viande sans équivalent sur le marché.

Et même si nous pourrons reprocher au scénario de rapidement tourner en rond et de devenir un brin répétitif (les meurtres se succèdent et les bouchers font et refont des découpes pour leur clientèle), les quelques péripéties bienvenues, plus ou moins prévisibles toutefois, sauront nous maintenir en haleine jusqu’au final quelque peu soudain il faut le reconnaître également. Bref, une histoire qui ne casse pas trois pattes à un canard mais qui fait le job et nous fait passer un agréable moment grâce à cet humour noir omniprésent et c’est si rare dans les comédies françaises d’aujourd’hui dont les très bonnes surprises se comptent sur les doigts d’une seule main chaque année.

Bon, il faut bien dire aussi que l’une des thématiques abordées, le veganisme, qui est au cœur du métrage au même titre que le cannibalisme, est d’actualité et cela est à prendre en compte dans le petit succès du film sur le territoire. Enfin, le duo d’acteurs principaux n’est pas en reste et participe grandement à la petite réussite du film.

Car outre un Fabrice Eboué himself dans le rôle de Vincent le boucher, nous avons à ses côtés une Marina Foïs en grande forme. A eux deux, ils forment un duo amusant, maladroit mais déterminé et prêt à tout pour sauver leur commerce et leur couple. Et même si l’idée, dont le point de départ est un meurtre accidentel, vient de Vincent, c’est bel et bien sa femme Sophie qui tire les ficelles et pousse son mari à faire empirer la situation et à se transformer en l’un de ces serial-killers dont elle écoute les méfaits dans son émission télé préférée axée sur ces barbares sanguinaires. On retrouve d’ailleurs Christophe Hondelatte dans une version parodique de Faites entrer l’accusé. Un rapport de force qui semble parfois vouloir s’inverser mais non : on en revient presque toujours à une Sophie forte et véritable tête pensante décisionnaire dans notre binôme de tueurs en série tandis que Vincent joue plus le rôle du bon soldat, celui qui se tape la sale besogne (meurtre, découpage et transformation du corps) même si ses sauts d’humeur font bien souvent mouche auprès d’un public friand de gags, d’humour noir et de situations prêtant à sourire.

Et nos serial-killers en herbe ne font pas dans la dentelle et ont un protocole bien huilé : la cible idéale est l’homme vegan, bien grassouillet pour donner une viande persillée plus savoureuse forcément, et surtout en pleine forme ! Ne surtout pas stresser la proie ou choisir une personne anxieuse risque de donner de la viande dure et moins appréciable ! Nous suivons donc notre duo de tueurs dans le milieu des militants vegan, se joignant à leurs manifestations / rassemblements ou cherchant à les rallier en faisant de la propagande en faveur du veganisme dans la rue. La suite est toujours la même : suivre la proie choisie, l’exécuter loin des regards et ramener le corps à la boucherie familiale. On s’amusera notamment devant un passage où l’on compare Vincent à de nombreux prédateurs terrestres/aquatiques animaux, mimant ces derniers au moment d’attaquer ses malheureuses proies.

Et que dire de nos vegan, cibles privilégiées de nos deux bouchers tueurs ? Des personnages parfois hauts en couleurs, dont le vegan transgenre, qualifié de Graal par notre duo de tueurs, et qui vaut son pesant de cacahuètes ! La course-poursuite avec ce dernier demeurera l’un des meilleurs moments du film, tout comme la mise à mort de l’homosexuel pratiquant du yoga en plein air ! Des personnages sacrément perchés pour certains et on retiendra le savoureux moment où le gendre de Vincent et Sophie les remballe à tours de bras lors de chaque plat d’un repas de famille qui tourne au cauchemar éveillé pour les hôtes.

Alors oui, encore une fois on dira que le film devient répétitif dans sa seconde période mais on continue malgré tout à prendre un malin plaisir à voir notre duo Eboué Foïs s’attaquer sans répit à la population vegan de leur ville, sans que cela ne semble perturber l’un des gendarmes de la ville mis sur l’enquête mais qui semble bien plus intéressé par la viande de vegan de Vincent et Sophie que par ce mystère qui entoure la disparition de toutes ces personnes. Encore un personnage amusant qui ne manquera pas de vous faire sourire de par son manque indéniable de professionnalisme et son désintérêt vis-à-vis de l’enquête.

Et l’humour noir et trash n’en finit plus au fil des nouvelles proies de notre duo de tueurs : du vegan toujours bien évidemment mais on s’en prend à des gros, des noirs, des homosexuels, des transgenres et on en vient même à parler de juif et de petit enfant. Et les pieds, mains ou encore pénis coupés volent dans les seaux quand ce n’est pas dans la bouche du clébard ! Et que tu sois pro-vegan ou au contraire amateur de viandes et ami des bouchers, tu y trouveras ton compte car Fabrice Eboué tape aussi bien sur l’un que sur l’autre comme il prend partie aussi bien pour l’un que pour l’autre, au moins il ne se mettra personne à dos, malin le gaillard.

Fabrice Eboué aime la comédie et les serial-killers, il est d’ailleurs un très grand fan du film C’est Arrivé près de chez Vous. Son film Barbaque est donc un projet qui lui tenait à cœur et ce dernier est dans l’ensemble plutôt réussi. Drôle et moqueur sur bien des courants de pensées, son film est un vrai condensé d’humour noir qui vous fera passer un agréable moment. De l’humour noir de ce type, j’en redemande et encore plus quand c’est français comme ici tiens !




David MAURICE

LE BAL DES VAMPIRES (1967)

 

Titre français : Le Bal des Vampires
Titre original : Dance of the Vampire
Titre Alternatif : The Fearless Vampire Killers
Réalisateur : Roman Polanski
Scénariste : Roman Polanski, Gérard Brach
Musique Christopher Komeda
Année : 1967
Pays : Angleterre, Usa
Genre : Vampire, comédie fantastique
Interdiction : /
Avec : Jack Gowran, Roman Polanski, Sharon Tate, Alfie Bass, Ferdy Maine...


L'HISTOIRE Un traîneau des anciens temps serpente à travers les vallées enneigées de la Transylvanie subcarpathique. A son bord, trois personnes, dont un conducteur du pays et deux passagers étrangers : le Professeur Abronsius, vieux vampirologue chétif et transi, et son assistant candide et trouillard, Alfred. Ce dernier constate avec stupeur qu'une meute de loups affamés s'est lancée à leurs trousses. Et face à la léthargie de ses compagnons de voyages, c'est tout seul qu'il va devoir se résoudre à défendre leur traîneau. Plus tard, arrivés à l'auberge Shagal, on débarque et dégèle prestement le Professeur Abronsius, qui dès son réveil remarque la quantité impressionnante de gousses d'ail suspendues ça et là en chapelets dans l'auberge. Ses questions sur la présence éventuelle d'un château dans les alentours ne reçoivent pour réponse que silence et grossières pitreries. Installés dans leur chambre, Abronsius et Alfred font alors la connaissance de Sarah, la fille de l'aubergiste, en train de prendre son bain. Alfred tombe aussitôt sous son charme et voilà bientôt que la jeune femme est enlevée sous leurs yeux par l'abominable vampire de la région, Von Krolok…


MON AVISDes générations de spectateurs de tous les âges poussent un râle d'admiration dès que l'on prononce le titre de ce film. Aussitôt des images resurgissent et s'échangent, innombrables et colorées, effrayantes et comiques. Les langues se délient, les évocations pleuvent : le bal du cinéphile commence. Étonnant pouvoir de séduction et d'inspiration pour un film connu jusqu'à aujourd'hui dans une version producteur de 102 minutes, désavouée par le réalisateur lui-même, et dont l'un des titres originaux (Les Intrépides Tueurs de Vampires) a été traduit et trahi pour ne désigner que sa scène finale. Le sous-titre lui-même (Pardon me, but your teeth are in my neck, autrement dit Pardon, mais vos dents sont dans mon cou) est le fait du producteur, et Polanski le déteste.

La ferveur irrévérencieuse de Polanski a été telle que le plaisir pris à tourner et raconter son histoire a toutefois résisté aux mutilations. Sa double volonté de respecter et de parodier le genre (essentiellement les Dracula de la Hammer, qu'il avait regardé au cinéma avec passion et ironie) s'illustre merveilleusement. Voilà un univers gothique extraordinairement rendu et richement coloré, où rien ne manque (décors baroques à la fois somptueux et sales, crucifix, crocs, capes, chandeliers, cercueils, alcôves, etc), et où Polanski parvient à introduire la particularité du petit peuple juif polonais, notamment au travers des truculents personnages de l'auberge Shagal (nom qui doit évoquer Chagall, peintre également attaché à mêler réalisme populaire et féerie des couleurs). Le tout accompagné d'une musique de Komeda qui, elle aussi et dès le générique, dégage un mélange indissoluble de charme effrayant et de douce moquerie (on peut imaginer qu'à chaque fois qu'il regarde ce film, Danny Elfman se mord les doigts de ne pas être né plus tôt !)

A mille lieues des blockbusters actuels genre Van Helsing, Le Bal des Vampires nous envoûte sans la moindre débauche d'effets spéciaux, juste par la magie d'une atmosphère et d'une mise en scène impeccable, d'un jeu d'acteurs parfait et d'un scénario-type qui prend un malin plaisir à suivre tous les codes du genre pour systématiquement y contrevenir (Intrépides tueurs de vampire, en effet !).

La caméra de Polanski excelle de virtuosité mais aussi de sobriété, tant ses cadrages et ses mouvements, parfois très libres, se placent avec justesse dans la situation, l'émotion ou la signification d'une scène. Aucune esbroufe, rien que du talent, avec un comique en filiation directe avec celui de Molière ou de Charlie Chaplin et Buster Keaton (d'où les savoureuses accélérations cinétiques).

Les personnages du vampire, du vampirologue, de son assistant (Polanski lui-même), de la jeune victime, de l'aubergiste (magnifique Sharon Tate, future femme de Polanski qui finira assassiné par la Famille de Charles Manson en 1969) sont tous interprétés avec une conviction aussi cocasse qu'émouvante. Qui ne voudrait pas rencontrer le Professeur Abronsius et le serrer dans ses bras (ou lui hurler dans les oreilles), enlacer Sarah Shagal (ou la gifler), s'en payer une tranche avec son obsédé de père (ou le battre), ou partager ses trouilles avec le jeune Alfred (ou l'encourager) ?

Si Polanski retient un élément des Dracula de la Hammer sans trop l'écorner, c'est certainement l'érotisme (pensons particulièrement aux Maîtresses de Dracula). Rien de débridé, non, mais une sensualité troublante se dégage de ce monde gothique et féerique. Face au regard candide des deux chasseurs de vampires, aussi purs que les étendues de neige, la jeune Sarah, au bain ou en corsage, le fils de Von Krolock, vampire homosexuel séducteur, l'aubergiste Shagal, obsédé par sa jeune servante, diffusent un tension sexuelle à la fois sourde et envahissante, qui se combine avec bonheur à l'univers vampirique et distance par avance toute tentation romantique (la scène finale, à ce sujet, est très claire : le sexe et la mort, pas l'amour et la vie). Un paradoxe, quand on songe que l'histoire d'amour entre Roman Polanski et Sharon Tate commença sur le tournage du film !

L'édition uncut du DVD, espérons-le, avec ses vingt minutes d'inédit, pourra être l'occasion de nous enivrer un peu plus. Elle pourrait également permettre de répondre à certains flous narratifs dus aux coupures du producteur, et qui, on le comprend, ont paru catastrophiques pour Roman Polanski. Par exemple, pourquoi Sarah accepte-t-elle si docilement son sort ? Que devient le fils de Von Krolock au moment du bal ? Pourquoi le Professeur Abronsius, jusque-là pratiquement autiste et uniquement obsédé par ses théories, s'implique-t-il soudain avec tant d'intérêt dans le sauvetage de Sarah ? Questions qui n'ont jamais empêché ce film de devenir culte, mais dont on attend les réponses avec une impatience réjouie.




Stéphane JOLIVET

BAD MILO (2013)

 

Titre français : Bad Milo
Titre original : Bad Milo
Réalisateur : Jacob Vaughan
Scénariste : Jacob Vaughan, Benjamin Hayes
Musique : Ted Masur
Année : 2013
Pays : Usa
Genre : Monstre, comédie horrifique
Interdiction : -12 ans
Avec Ken Marino, Gillian Jacobs, Peter Stormare, Mary Kay Place, Patrick Warburton...


L'HISTOIRE : Duncan, un gars ordinaire, est loin d'être heureux dans la vie. Quand il ne subit pas la pression de son boulot pour lequel il sera congédié s’il n’accepte pas son nouveau poste consistant à licencier des gens (alors qu’il était jusque-là comptable !), il est brimé par sa famille. Entre sa femme désirant avoir un enfant, sa mère obsédée sexuelle avide d’être une bonne grand-mère faisant même appel à un expert en fertilité et l’acceptation de l’abandon de son paternel alors qu’il n’était un jeune garçon, avouez qu’il y a de quoi exploser ! Mais Duncan intériorise tout et un beau jour, il est pris de douleurs intestinales aigües. Ses angoisses deviennent finalement de trop pour lui si bien qu’elles se matérialisent sous la forme d’un monstre vivant à l'intérieur de son colon. La créature devient vraiment un fardeau dès lors qu’elle sort de son anus et commence à tuer tous ceux qui lui causent du stress. Mais ça devient encore pire quand elle commence bientôt à menacer la seule chose que Duncan aime vraiment, sa femme…


MON AVISFilm présenté au festival de Sitges en 2013, Bad Milo se veut être une comédie horrifique qui n’est pas sans rappeler certaines productions du genre des eighties, telles que Frère de sang et Elmer le Remue-Méninges de Frank Henenlotter avec une touche de Ghoulies pour le design de la bébête et une pincée du Lynch séminal (Eraserhead bande d’incultes !) pour la métaphore sur l’angoisse de la paternité. Notons de plus que David Cronenberg est remercié dans le générique de fin, ce qui n'est pas non plus un hasard puisque le réalisateur canadien est amateur de chairs et d’excroissances engendrées parfois par un cerveau malade (rappelez-vous Chromosome 3) et que Milo n’est avant tout qu’une manifestation physique des névroses dont le protagoniste principal regorge. Vous l’aurez donc compris, ce Bad Milo est une sorte d’hommage affectueux aux films d'horreur des années 1980. Ça paraît aussi sordide qu’un grindhouse, aussi déjanté que les productions de la Troma, mais ça semble beaucoup mieux écrit et conçu que la plupart des métrages de ce type, du moins sur le papier. Est-il en passe de devenir un classique du cinéma d’exploitation pour autant ?

D’un point de vue scénaristique, on serait tenté de répondre oui. Bad Milo part en effet d’un pitch complètement improbable avec Duncan, un trentenaire qui a bien du mal à s’en sortir entre la pression d’un travail qui ne l’intéresse pas et une famille qui l’étouffe.

Résultat des courses : notre homme est anxieux à mort et souffre de douleurs intestinales atroces qui se manifestent lors de violentes crises et se concrétisent par l’expulsion d’un petit monstre sortant tout droit... de son rectum ! La petite créature va alors occire toutes les personnes, qui ont causé du stress à son hôte. Si ça ce n’est pas un scénario de dingue ma bonne dame, je ne sais pas ce qu’il vous faut ! Cela semble d’autant plus incroyable que le métrage se veut être une critique acerbe de notre société avec l’étude de thèmes aussi variés que contemporains tels que : les inquiétudes liées à la paternité, le monde du travail et son côté impitoyable, le capitalisme et l’appât du gain jusqu'à l’excès, les angoisses, la colère refoulée et autres maux pouvant vous manger de l'intérieur.

Le principal problème c’est que le réalisateur Jacob Vaughan, dont c’est là le premier film, en travaillant à partir d'un scénario qu'il a écrit avec Benjamin Hayes, est trop occupé à essayer de faire de son métrage une comédie d’horreur. Mais comme beaucoup de films de mauvaise qualité ou intentionnellement dérivés, Bad Milo ne peut jamais maîtriser ce qu'il essaie d'atteindre. Ce n'est ni assez effrayant pour être horrifique et ça n'est tout simplement pas assez drôle pour réussir l'examen en tant que comédie. Comme un soufflé au fromage, une fois la révélation du monstre dévoilée, tout s'écroule lentement. L’accent est fortement mis sur l'humour scatologique : la plupart des blagues tournent autour des toilettes et de l'anus, ce qui conduit à beaucoup trop de scènes dans la salle de bains pendant la sortie de Milo (ou pire encore, sa réintroduction !), et une fois qu’on en a fait le tour, ça devient vite prévisible et parfois répétitif au point d’en devenir lourdingue. Si je pouvais me permettre un jeu de mots foireux, j’ajouterais que ça manque de profondeur…

De plus, niveau casting, le film ne parvient pas à fondre son prometteur (et si absurde) scénario dans une quelconque réalité reconnaissable. Que ce soit Duncan (le très peu empathique au faciès cartoonesque Ken Marino vu dans Bienvenue à Gattaca) avec sa femme (Gillian Jacobs de The Box) de plus en plus dépassée, son thérapeute farfelu (l’excellent Peter Stormare vu dans Bruiser, Constantine, Dylan Dog ou encore Hansel et Gretel), sa mère dominatrice (Mary Kay Place qui cabotine outrancièrement) ou bien son patron arrogant (le détestable mais efficace Patrick Warburton, aperçu dans Scream 3, Men in Black 2), tous semblent jouer à un tel niveau caricatural que vous ne pouvez pas prendre l'un des protagonistes au sérieux.

Côté horreur et gore, il y a bien quelques séquences plus ou moins trash, mais ce n’est pas forcément tout le temps réussi. Le premier souci c’est le rythme. Celui-ci est relativement rapide et le désir d'aller à la prochaine mise à mort de la part du réalisateur, ne permet pas à la créature de donner son plein effet. Chaque fois que le monstre tue une victime, une sorte de saynète comique se produit avant celle-ci, si bien que l’effet angoissant en est complètement anéanti. En outre, Vaughan utilise du caoutchouc en latex de la vieille école pour créer son monstre Milo, sorte de troll chauve de la taille d’un enfant avec des yeux énormes et une bouche démesurée pleine de dents. Ce qui avouons-le, fait un peu cheap, surtout quand Milo apparaît comme doux et tendre envers Duncan : il en deviendrait presque mignon, comme un chien de compagnie ! Heureusement qu’il est sans pitié pour quiconque cause de l’anxiété à son maître ! Le film présente d’ailleurs une quantité de gore appréciable quand il se déchaîne, mais c’est bien trop peu pour satisfaire tout fan de bisseries qui se respecte !

Long-métrage de genre décent à petit budget qui avait beaucoup de potentiel sur le papier, Bad Milo déçoit pourtant car on a le sentiment que le film aurait pu être beaucoup mieux que ce que nous avons eu. L'histoire concerne un gars ayant une créature qui vit dans ses intestins sortant tuer tous ceux contrariant son hôte. Le ridicule même de cette idée seule aurait pu en faire une comédie d'horreur mémorable. Mais non, le réalisateur flirte entre les genres sans en choisir un de manière définitive et finit par rater sa cible. 

En fin de compte, le film est partout à la fois et tente trop d'être original, notamment par tous les thèmes sociétaux qu’il brasse. Dommage, car le casting est correct, impliqué même si parfois trop caricatural et quelques gags fonctionnent tout de même assez bien lorsqu’ils ne sont pas répétés. Il aurait juste fallu resserrer un peu le script pour pouvoir en faire un plus grand film. On est donc en droit de se demander s’il n’aurait pas mieux fonctionné comme un court-métrage. Qui sait ? En fin de compte, Bad Milo n'est pas assez drôle pour être une comédie et pas assez effrayant pour être un film d'horreur. Il constituera dans l'ensemble une petite production regardable, mais sans plus car vous l’oublierez très vite.




Vincent DUMENIL

THE BABYSITTER (2017)

 

Titre français : The Babysitter
Titre original : The Babysitter
Réalisateur : McG
Scénariste Brian Duffield
Musique Douglas Pipes
Année : 2017
Pays : Usa
Genre : Comédie horrifique
Interdiction : -12 ans
Avec Samara Weaving, Judah Lewis, Emily Alyn Lind, Robbie Amell, Bella Thorne...


L'HISTOIRE : Cole est un jeune garçon calme ayant noué un fort lien d’amitié avec sa jeune et belle babysitter, Bee. Alors que cette dernière le garde le temps d’un après-midi et d’une nuit, Cole décide de savoir à quoi elle occupe son temps sous son toit une fois qu’il est au lit. Mais la vérité n’était pas forcément bonne à connaître...


MON AVISAprès avoir commencé sa carrière en réalisant des clips musicaux pour des groupes tels que The Offspring ou Cypress Hill ainsi que des spots publicitaires pour de grandes marques (dont Coca Cola), McG est repéré par l’actrice Drew Barrymore qui va lui proposer de réaliser le film Charlie et ses Drôles de Dames. Commence alors une nouvelle carrière pour notre homme qui va réaliser une petite poignée de films (Terminator Renaissance, Target, 3 Days to Kill) tout en continuant également les épisodes de séries TV (Chuck, Supernatural...) En 2017, Netflix s’intéresse à notre réalisateur et lui propose de prendre les rênes de la réalisation du film The Babysitter qui sera proposé aux millions d’abonnés de la chaîne à succès. Une comédie horrifique à laquelle nous nous intéressons aujourd’hui.

Alors que beaucoup pourront reprocher à The Babysitter un manque d’originalité dans son scénario, dans le sens où ce dernier n’est pas suffisamment étoffé, nous avons toutefois du mal à bouder notre plaisir devant cette péloche mêlant comédie et fantastique de façon très décomplexée. Car malgré une introduction assez longue il est vrai pour nous présenter nos deux protagonistes principaux (le jeune Cole et sa babysitter Bee), le film va soudainement basculer dans l’horreur et l’inattendu pour nous lancer ensuite dans une chasse à l’enfant à la Maman j’ai raté l’Avion plutôt haletante reconnaissons-le !

Mais tout n’est pourtant pas à jeter, loin de là, dans cette longue introduction riche en informations sur notre tandem Cole / Bee quand nous y regardons de plus près. L’occasion pour nous notamment d’y découvrir un jeune garçon qui manque terriblement de confiance en lui et qui est la cible visiblement privilégiée des moqueries et autres méchancetés d’une petite bande de garçons de son école. Très timide avec les filles de son âge (la jolie Mélanie qui habite en face de chez lui ne le laisse pas indifférent), Cole se montre étrangement bien plus décontracté avec la belle et sexy Bee qui le garde encore à l’heure d’aujourd’hui malgré son âge avancé et avec qui il a lié une grande amitié. Une relation que nous pouvons voir comme une sorte d’échappatoire à ses tracas du quotidien.

Une introduction peut-être longue donc dans sa façon de nous montrer, le temps d’une après-midi de garde, la complicité qui s’est installée avec le temps entre Cole et sa charmante et très sexy babysitter, mais qui, heureusement, va laisser place à une seconde partie bien plus palpitante, faisant la part belle à l’humour et à l'horreur en empruntant à diverses registres tels que le survival ou le film de Diable et démons.

A ce moment-là, The Babysitter devient clairement le petit film très dynamique et farfelu que nous n’attendions pas forcément au tournant, persuadés d’avoir affaire ici à un sempiternel film basique de commande pour une chaîne, sans âme et vite oublié. Et même si le film ne restera pas dans les annales (n’allons pas non plus crier au chef d’œuvre), il faut reconnaître que ce contre-pied est réussi, la transition brutale, gore à souhait et dans l’esprit what the fuck ?! clairement annoncé par un insert textuel, comme le fait de temps à autres McG dans le film, apportant ainsi un petit côté geek-attitude faisant son petit effet !

Dès lors, The Babysitter bascule dans une chasse à l’enfant pourvue de péripéties tantôt trash / gores et tantôt plus sérieuses, mais sans jamais perdre cette idée de vouloir nous proposer une petite série B aux allures parfois très 80’s, assurément décérébrée et conçue avant tout pour faire plaisir, aussi bien aux amateurs de films fantastiques qu’aux personnes venues d’amuser sans se prendre la tête devant un film décomplexé devant lequel le cerveau peut être mis en position off.

Pour les premiers, McG propose notamment de sympathiques séquences saignantes, volontairement exagérées par moments (il faut voir les geysers de sang qui sortent du crâne perforé d’une malheureuse victime) et bénéficiant d’effets spéciaux plutôt corrects dans l’ensemble (l’équipe du film a le mérite de ne pas avoir recours systématiquement au numérique). L’amateur de massacres en tous genres aura droit à une jugulaire sectionnée, une énucléation, des couteaux plantés en pleine tête avec saignement abondant, une explosion par le biais de feux d’artifice, une pendaison et même un headshoot au fusil à pompe fort bien réalisé ! Le tout sous des musiques souvent remuantes qui donnent un coup de punch supplémentaire à cette réalisation déjà bien énergique dans sa deuxième partie.

Pour celles et ceux venus s’amuser devant The Babysitter, là aussi ces derniers ne repartiront pas déçus. Entre personnages décalés (un black déjanté, un voisin bête comme ses pieds...), dialogues volontairement idiots (notre blonde de service qui sort par exemple une accumulation de répliques hilarantes et totalement dans cet esprit décalé souvent recherché dans le film : Il m’a tiré dans le nibard (...), personne ne voudra sucer mes tétons dans un état pareil (...), ils vont plus grossir maintenant, ils vont rester tout plats...) et situations parfois débiles (Max, l’un de nos tueurs de service, qui est en train d’étrangler le jeune Cole mais qui s’arrête subitement pour dire à ce dernier d’aller éclater la gueule du jeune garçon qui est en train de lancer des œufs sur la porte de sa maison ...), The Babysitter amuse la galerie et ne se prend jamais au sérieux dans sa chasse à l’enfant virant au survival déluré et délirant.

Même si nous n’avons pas affaire ici à un film révolutionnaire, The Babysitter est une comédie horrifique totalement décérébrée qui vous fera passer un agréable moment dans votre canapé avec une bande d’amis, devant bières et pizzas. Un film de commande pour Netflix qui remplit son contrat premier qui était de divertir, aussi bien par l’humour que par son aspect horrifique. Simple mais efficace pourrions-nous dire. 




David MAURICE

L'ATTAQUE DE LA FEMME DE 50 PIEDS (1993)

 

Titre français : L'Attaque de la Femme de 50 Pieds
Titre original : Attack of the 50Ft. Woman
Réalisateur : Christopher Guest
Scénariste : Mark Hanna, Joseph Dougherty
Musique : Nicholas Pike
Année : 1993
Pays : Usa
Genre : Comédie fantastique
Interdiction : /
Avec : Daryl Hannah, Daniel Baldwin, William Windom, Frances Fisher...


L'HISTOIRE : Monsieur Archer est à la tête d'une industrie qui fait de lui un homme très riche. Mais la fortune de sa défunte femme n'y est pas non plus pour rien. Quant à sa fille Nancy, elle est mariée avec l'un de ses employés, Harry. Ce n'est qu'un crétin, imbu de lui-même, qui tente de trouver une combine pour pouvoir déposséder Nancy de toute la fortune des Archer. Mais le père de Nancy a besoin de sa fille pour profiter de la fortune de son ex-femme, de la même façon qu'Harry a besoin d'elle pour procurer de l'argent à sa maîtresse. Nancy évolue dans ce panier de crabes, totalement consciente des calculs dont elle fait l'objet. Pourtant ce soir cela va changer. Ce soir, Nancy a été contactée par des extraterrestres. Tout le monde la prend pour une folle, mais elle va toutefois convaincre son mari de l'accompagner dans le désert. Et, sous ses yeux ébahis, Nancy sera enlevée par les extraterrestres. Plus tard, après être réapparue, elle se trouvera au centre d'une discorde entre son père et son mari. Cela va l'énerver… Beaucoup… Trop… Et voilà Nancy qui grandit, grandit, grandit...


MON AVISVoilà un total OVNI dans le paysage cinématographique. Une comédie fantastique avec la belle Daryl Hannah (Splash, Le Clan de la Caverne des Ours, High Spirits, Kill Bill...) et Daniel Baldwin en prime ! 

Une bobine qui n'a pas du coûter des masses au réalisateur ! Réalisé sans trucage ? Difficile à dire, mais il y a une forte probabilité pour que les trucs utilisés soient plus malins que technologiques. Le cinéaste joue en effet fortement avec les angles de prise de vue, de façon à fausser l'œil du spectateur. Nancy est en avant-plan alors qu'elle paraît être en arrière-plan, cela crée l'impression qu'elle est gigantesque. Une vraie prouesse vous en conviendrez, car pour arriver au résultat souhaité, le travail requis doit être considérable ! Mais cela en vaut la peine, puisque cela donne un aspect encore plus crédible au film. Pourtant il n'est pas dit que le cinéaste n'a pas utilisé de maquette ou d'incrustation, mais cela reste peu plausible pour la majorité des scènes : une maquette ou une incrustation aurait été trop visible pour un budget tel ! Bluffant !

Venons en au film, voulez vous ! Il se scinde en deux partie très distinctes : avant et après la transformation de Nancy. La première ressemble à un mauvais épisode des Feux de l'amour. Nancy court dans tout les sens pour retrouver son mari qui la cocufie. Ensuite, affaires avec le père, complètement véreux… Rien de bien réjouissant. Une fois Nancy agrandie, l'intérêt n'est pas vraiment relevé en ce qui concerne l'histoire. Le spectateur assiste toujours à une intrigue feu-de-l'amourisante. A la différence près que l'héroïne est ici géante.

Ses aspects complètement cheap et has-been donnent un cachet au film, bien plus élevé que ce que l'on pourrait croire. Du coup, L'Attaque de la femme de 50 pieds, remake d'un classique 50's de Nathan Juran, se regarde avec grand plaisir. S'en ressort plus de la curiosité et de l'étonnement qu'autre chose.

La bobine se visionne donc avec un certain sentiment de nostalgie, mais surtout avec les yeux écarquillés par des effets pas du tout spéciaux. Ces trompe-l'œil cinématographiques qui s'impriment dans la pupille et qui font dire au cinéphile : au moins, celui-là, il sait tenir une caméra… Qu'est-ce que ç'aurait été avec un scénariste !"

A voir une fois absolument… Pas plus, car je doute que le film supporte une seconde vision !




Colin VETTIER

ATOMIC COLLEGE 3 (1994)

 


L'HISTOIRE : Roger, le sauveur body-buildé de Tromaville dans le précédent épisode, est ici confronté à un nouveau problème. Alors qu'un écureuil mutant a rasé le lycée et la centrale, sa fiancée sub-humanoïde a accouché de jumeaux, Adlai et Dick. L'un est passionné par la nature au contraire de l'autre qui déteste tout. En effet, alors qu'Adlai grandissait en paix avec ses deux parents, Dick, enlevé et éduqué par d'atroces bandits, était destiné à un avenir de super-vilain. Aidés par le professeur Holt, cette mafia va faire régner la terreur sur le campus. Alors que la fête de fin d'année se prépare, ils complotent contre la tranquillité de Tromaville...


MON AVISTroma se fonde sur trois éléments : les femmes, le sang et l'humour. Ici les deux derniers ingrédients sont peu présents, la farce étant plutôt lourde à digérer. En revanche les seins sont biens présents, et défilent par paires ! En effet Atomic College 3 mise tout sur les corps des actrices qui animent le film. Tout est prétexte à faire défiler des attributs féminins, de préférence dénudés.

Si le premier de la série regorgeait de qualités, les deux volets suivants sont foncièrement mauvais. C'est du Troma, alors le spectateur sait à quoi s'attendre : un bon gros nanar ! Mais là, ce n'est pas le cas, l'humour est lourdingue et l'action répétitive à souhait. Certains gags sont quand même efficaces et l'aspect ultra fauché donne un aspect attrayant, au film. Cela mis à part, ne regardez ce dernier volet de la trilogie que si vous êtes un inconditionnel de Atomic College 2. Sinon, oubliez-le, même s'il est très légèrement supérieur à son aîné, il lui ressemble en tous (mauvais) points.

Et ce n'est pas la performance de Brick Bronsky qui rattrapera le film. Mais où Troma est-elle allée chercher cet ahuri ? Son jeu d'acteur est pire que mauvais, et encore, si l'on garde à l'esprit qu'il s'agit d'un métrage estampillé Troma. Les trucages pourris, l'écureuil mutant ainsi que le total capharnaüm sont de retour. Certes, cet excès de n'importe quoi plaira aux cinéphiles amoureux de la firme de Lloyd Kaufman (et sûrement aux fans de Van Damme !), tout en les décevant un peu. Au bout de 10 minutes le film ennuie, particulièrement pour qui a vu le 2. Pour les autres ce ne sera qu'un film anecdotique, enfilant les gags vaseux et les paires de fesses / seins comme des perles. Décevant.

Dommage pour un Troma donc, le film est loin de combler toutes les attentes, concentrant toute son énergie sur le seul aspect tromettes, reléguant le gore au second plan. Reste un joyeux désordre en guise d'introduction, et cet écureuil mutant, décidément plein de charme...


Titre français : Atomic College 3
Titre original : Class of Nuke'em High 3 - The Good, the Bad and the Subhumanoid
Réalisateur : Eric Louzil
Scénariste : Stephen Gerard, Lloyd Kaufman, Eric Louzil, Carl Morano, Mark F. Roling, Jeffrey W. Sass, Mat Unger
Musique : /
Année : 1994 / Pays : Usa
Genre : Comédie fantastique & horrifique / Interdiction : -12 ans
Avec : Brick Bronsky, Lisa Star, John Tallman, Lisa Gaye, Albert Bear, Elizabeth Young...




Colin VETTIER

ATOMIC COLLEGE (1986)

 


L'HISTOIRE : Le lycée de Tromaville est construit juste à coté d'une centrale nucléaire dont la sécurité est plus que douteuse. Depuis quelques temps les têtes de classe déjantent et sèment terreur et anarchie dans le lycée. Tandis que ce gang, qui s'appelle lui-même "les crétins", sévit dans l'établissement, d'autres élèves se mettent à fondre sur place après avoir bu l'eau du robinet. Décidément quelque chose ne va pas. Et ce quelque chose va prendre plus d'ampleur lorsqu'un couple de jeunes lycéens disjoncte après avoir fumé de l'herbe atomique poussant dans des rejets radioactifs et fournie par les élèves dissidents...


MON AVISWooooooo-ah, ça c'est Troma ! De l'humour décapant, bête et méchant, 100 % gratuit mais tellement bon.

Atomic College nous montre une bande d'élèves qui, à trop fumer de l'herbe radioactive, ont totalement déjanté. Les effets diffèrent suivant les personnes, et le petit groupe de punks qui terrorise le lycée est tout simplement génial. Tous sont complètement à côté de la plaque, arborent des looks décalés au possible et agissent en anarchistes déclarés.

Atomic College rassemble toutes les marques de fabrique Troma, enfin presque, ici la nudité est moins présente que dans la majorité des production de la firme, mais on a tout de même l'anarchie, l'écologie et l'humour potache.

Même si cette bobine est largement moins gore que la majorité des Troma, à commencer par Citizen Toxie - The Toxic Avenger 4, quelques scènes versent dans un gore timide mais joyeux.

Avec des protagonistes exotiques au possible côtoyant des jeunes Américains stéréotypés, Troma, comme à son habitude, rend une critique acerbe de la société américaine. Acerbe, pas fine. Atomic Collège rentre littéralement dans le lard et se moque ouvertement de la société et des valeurs américaines en les caricaturant à outrance... Un régal ! En filigranes, certains pourront même voir une évocation du malaise des grossesses adolescentes et du VIH. Peut-être aussi des méfaits de la drogue, voire même du passage de l'adolescence à l'âge adulte. Qui sait ? Ce n'est pas là le message (volontaire) du métrage. Troma c'est avant tout du divertissement, une ode à la joie de vivre et un bon glaire à la face du monde.

Pour certains insupportables, pour d'autres cultes, les films de la Troma ne sauraient laisser indifférent. Vous aimez le gore ? L'irrévérencieux ? L'amusement ? Et avant tout l'humour trash ? Alors celui là est pour vous ! Culte. Toutefois Atomic Collège reste bien loin de certaines autres productions Troma qui atteignent des sommets jusque-là jamais explorés.C'est presque un Troma pour tout public, puisqu'on est clairement dans la comédie potache fantastique et horrifique...


Titre français : Atomic College
Titre original : Class of Nuke'em High
Réalisateur : Richard W. Haines, Samuel Weil
Scénariste : Richard W. Haines, Lloyd Kaufman
Musique : David Barreto, David Behennah
Année : 1986 / Pays : Usa
Genre : Comédie fantastique & horrifique / Interdiction : -12 ans
Avec : Janelle Brady, Gil Brenton, Robert Prichard, Pat Ryan, James Nugent Vernon...





Colin VETTIER