Affichage des articles dont le libellé est diable et démons. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est diable et démons. Afficher tous les articles

AT THE DEVIL'S DOOR (2014)

 

Titre français : A the Devil's Door
Titre original : Home
Réalisateur : Nicholas McCarthy
Scénariste : Nicholas McCarthy
Musique : Ronen Landa
Année : 2014
Pays : Usa
Genre : Diable et démons
Interdiction : -12 ans
Avec : Catalina Sandino Moreno, Naya Rivera, Ashley Rickards, Mark Steger...


L'HISTOIRE : Leigh, jeune et ambitieuse agente immobilière, est chargée de vendre la maison d’un couple. Alors qu’elle travaille dur pour trouver des acheteurs, elle rencontre Hannah, la fille des propriétaires, qui semble être une jeune femme perturbée. Lorsque Leigh essaie de l’aider, elle se trouve piégée par une force surnaturelle aux intentions bien sombres, qui va également s'en prendre à sa sœur Vera, une artiste indépendante...


MON AVISDécidément, Nicholas McCarthy aime les histoires de pacte. Après The Pact en 2012, il nous revient en 2014 avec une nouvelle histoire de pacte mais cette fois-ci, avec le Diable lui-même dans At the Devil's Door, film présenté en janvier 2015 au festival de Gérardmer. Les longs métrages mettant en scène le Diable ou les démons, traitant de pacte fait à cette entité maléfique ou évoquant la venue au monde de l'antéchrist sont légion, de Haxän la sorcellerie à travers les âges (1922) en passant par La Main du Diable (1942), La Beauté du Diable (1950), Rendez-vous avec la Peur (1957) ou bien encore La Malédiction (1976), cette petite liste étant très loin d'être exhaustive.

Avec At the Devil's Door, Nicholas McCarthy mélange un peu tous ces thèmes et brasse large dans les références et les clichés mais il le fait de façon consciencieuse et cherche avant tout à créer une véritable ambiance capable d'amener le spectateur aux frontières de la peur et de l'angoisse. Le film se vit à travers le destin croisé de trois jeunes femmes : Hannah (Ashley Rickards), qui, au cours d'un jeu-rituel a vendu sans le savoir son âme au Diable pour 500$, devenant par la même occasion et sans son consentement une mère-porteuse destinée à accoucher du Malin lui-même ; Leigh (Catalina Sandino Moreno), agent immobilier qui va, vingt-cinq ans plus tard, devoir vendre la maison où a vécu Hannah et découvrir les sombres et terrifiants secrets qui entourent cette maison et cette jeune fille qui s'est suicidée mais qui, pourtant, lui apparaît ; Véra (Naya Rivera, échappée de Glee), petite sœur de Leigh, artiste indépendante ne voulant pas d'enfant, au grand dam de sa sœur qui, elle, en désire mais ne peut en avoir. Trois héroïnes donc, qui vont être témoins d'événements inquiétants et surnaturels, avec des séquences en flashback pour Hannah qui vont nous éclairer sur son tragique destin et la cause de son suicide.

Misant plus sur l'ambiance que le démonstratif, à quelques exceptions près (les viols d'Hannah par une entité invisible, nous rappelant les séquences cultes du traumatisant film de Sidney J. Furie L'Emprise), Nicholas McCarthy prend le temps de nous présenter ses trois protagonistes et, par petite touche successive, joue avec nos nerfs avec des effets simples mais efficaces. Lumières qui s'éteignent soudainement, voix surgissant de nulle part, ombre se déplaçant mystérieusement, apparition dans un miroir d'une fille portant un ciré rouge (clin d'oeil au film de Nicolas Roeg Ne Vous retournez Pas ?) quand ce n'est pas un visage de démon particulièrement réussi qui vient nous effrayer le temps d'une demi-seconde. La partie du film avec Leigh joue également avec les codes du film de maison hantée et épaissit le mystère environnant. 

Alors qu'on pensait que ce personnage était l'héroïne principale, le réalisateur nous refait le coup de Psychose au bout de quarante-cinq minutes pour placer sur le devant de la scène le personnage de Véra, qui verra alors son importance dans le récit aller crescendo. Une passation de pouvoir qui permet à Naya Rivera de se laisser aller à l'écran et de littéralement changer de registre par rapport au personnage qu'elle interprétait dans Glee. Sa prestation est très correcte et elle apporte un petit plus appréciable à la dernière partie du film, qui se montre des plus intéressantes et lève le voile sur quelques questions restaient en suspens. On appréciera également la prestation de la petite fille, jouait par Ava Acres, et qui ferait une petite sœur parfaite à Damien Thorn.

Si At the Devil's Door n'est pas d'une originalité folle, loin s'en faut, et si son parti-pris assez contemplatif pourrait faire décrocher le spectateur venu assister à un déferlement des forces du Mal, il n'en reste qu'il se montre souvent efficace et que son ambiance permet de nous faire frissonner, avec quelques petits jump-scares savamment dosés. 

Plus film d'épouvante et d'angoisse que pur film d'horreur, At The Devil's Door n'est en tout cas pas dénué d'intérêt, utilise à bon escient le thème de la maternité pour placer ses héroïnes en fâcheuse position et ce pacte diabolique saura certainement trouver son public chez les amateurs de films atmosphériques qui ne misent pas tout sur les effets-spéciaux impressionnants, à l'image de cette séquence dans laquelle deux yeux démoniaques apparaissent lentement derrière une des actrices. Doux frisson garanti !




Stéphane ERBISTI

L’ASSOCIÉ DU DIABLE (1997)

 

Titre français : L'Associé du Diable
Titre original : The Devil's Advocate
Réalisateur : Taylor Hackford
Scénariste : Brandon Boyce
Musique : James Newton Howard
Année : 1997
Pays : Usa, Allemagne
Genre : Thriller, Diable et démons
Interdiction : -12 ans
Avec : Keanu Reeves, Al Pacino, Charlize Theron, Jeffrey Jones, Judith Ivey...


L'HISTOIRE : Kevin Lomacks est le jeune et brillant avocat d'un patelin de Floride. Perspicace, retors, passionné, mais aussi vaniteux, il sacrifie son humanité au profit d'une énième performance au barreau judiciaire, obtenant l'acquittement d'un pédophile notoire. C'est d'ailleurs quand il fête sa victoire qu'il reçoit une proposition d'embauche alléchante de la part d'un cabinet d'avocats new-yorkais, la Milton Chadwick Waters. Salaire mirobolant, hébergement dans un hôtel cinq étoiles, voiture gracieusement offert et bien sûr, il devra défendre des accusés indéfendables. Malgré les réticences de sa mère, très religieuse, qui compare New York à la Babylone de l'Apocalypse, Kevin accepte l'offre et déménage avec sa femme, Marie-Anne. L'accueil de John Milton, patron du cabinet d'avocat, est impressionnant et royal, et l'avenir semble ouvrir ses bras au jeune couple qui songe à faire un enfant. Mais sans le savoir, Kevin vient de faire un pacte avec le Diable… 


MON AVISIncarner le Diable en personne au cinéma n'est pas une affaire facile. L'imagerie qui tourne autour du Tentateur est si vaste qu'on prend le risque de s'y casser les dents à tous les coups. Parker avait déjà fait une belle tentative avec Robert de Niro dans Angel Heart, mais une tentative assez discutable. Là, comme par hasard, c'est l'autre monstre sacré du cinéma américain qui s'y colle, Al Pacino. Et force est de constater que dans ce petit duel, c'est ce dernier qui gagne.

Adapté du livre d'Andrew Neiderman, le scénario bénéficie déjà d'une excellente idée, celle de situer le mal dans l'univers qui est censé le combattre : la loi. Et bien entendu, à travers les personnages de Kevin Lomacks et de John Milton, c'est l'occasion pour le film de dénoncer la perversion de la justice à une époque de plus en plus procédurière. L'image d'une justice droite, humaine et au service de tous est balayée : ici ne règne que l'argent, la malice, le cynisme et la vanité. Un discours qui ne manque pas de sentir son petit puritain - surtout avec le personnage de la mère de Kevin - mais dont on pourrait difficilement récuser le bien-fondé de nos jours…

L'interprétation d'Al Pacino est magistrale, épatante de classe, de ruse, de prestance soyeuse et d'humour noir. A la limite, le rôle du Diable était presque trop étroit pour lui, et on sent qu'il aurait voulu faire encore plus, encore mieux. Keanu Reeves parvient à nous convaincre dans son rôle d'avocat aux dents longues, pris dans son désir de réussite et le regrettant amèrement par la suite. Charlize Theron est un peu effacée et figée mais nous émeut tout de même, et le reste des acteurs compose une galerie de personnages standard de bonne tenue.

Là où le film pèche, c'est par ses longueurs inutiles. Des scènes comme celles de la réception mondaine ne sont pas indispensables, et certes on ne s'y ennuie pas, mais le rythme en est appesanti. La réalisation et la photographie n'ont rien d'extraordinaire, les effets spéciaux sont un peu limites. Le plaisir est néanmoins au rendez-vous grâce à l'histoire bien ficelée, pleine de perversité et de cruauté sensuelle, et à la performance d'Al Pacino. A voir.




Stéphane JOLIVET

ANYTHING FOR JACKSON (2020)

 

Titre français : Anything for Jackson
Titre original : Anything for Jackson
Réalisateur : Justin G. Dyck
Scénariste : Keith Cooper
Musique : John McCarthy
Année : 2020
Pays : Canada
Genre : Diable et démons
Interdiction : -12 ans
Avec : Sheila McCarthy, Julian Richings, Konstantina Mantelos, Josh Cruddas...


L'HISTOIRE : Un couple se passionnant pour le satanisme et les sciences occultes kidnappe une femme enceinte dans le but de faire revenir à la vie leur petit-fils Jackson décédé dans un accident de voiture...


MON AVISJustin G. Dyck est un cinéaste ayant jusque-là œuvré sur des téléfilms pour toute la famille, voire pour enfants tout court, ou sur de la comédie romantique. Après une vingtaine de films, il tente une incursion dans le cinéma d’horreur avec Anything for JacksonPrésenté lors de l’édition 2021 du Festival International du Film Fantastique de Gérardmer, Anything for Jackson fut une assez bonne surprise et c’est suite à l’achat du DVD que je décidai de me replonger dans ce petit film pour en faire une critique, deux ans après vous en avoir parlé dans mon compte-rendu du festival vosgien.

Bien que ce dernier ait jusque-là réalisé des films grand public, notre cinéaste semble bien connaître les ficelles de ce genre cinématographique qu’est le fantastique sans pour autant tomber dans les clichés et le vu-et-revu comme beaucoup de ses confrères. Le résultat est plutôt positif dans l’ensemble car le principal est là : les acteurs sont convaincants, le scénario sort des sentiers battus, l’ambiance est bonne, le rythme est soutenu (on ne s’ennuie à aucun moment face à autant de péripéties et d’emmerdes qui tombent sur notre couple de sorciers amateurs) et les effets spéciaux sont de bonne facture.

Allez, lançons-nous dans ce petit film mêlant enfant et satanisme (qui a parlé de Rosemary’s Baby ?) et qui traite d’un deuil impossible qui va mal tourner comme nous nous y attendons. Anything for Jackson est un film mêlant plusieurs thématiques et sur des tons divers et variés. Enlèvement et séquestration, sorcellerie/satanisme et film de fantômes s’entremêlent dans ce long-métrage tantôt angoissant et intrigant - certaines âmes torturées qui reviennent d’entre les morts font leur petit effets et les quelques jumpscares disséminés par-ci par-là fonctionnent plutôt bien - tantôt amusant avec certains personnages comme le jardinier ou le black-métalleux qui sont bien décalés.

Pour ma part, j’aurais toutefois préféré que le réalisateur prenne le parti pris de la comédie surnaturelle et façonne son histoire autour de l’humour et de la dérision car il y avait de la matière à exploiter, entre ce couple d’anciens totalement novices dans la magie noire (de véritables apprentis sorciers !) et maladroits au possible d’un côté et ces personnages hauts en couleur qui gravitent autour d’eux (le jardinier envahissant et le black métalleux sataniste et timbré) d’un autre côté et qui viennent parasiter les projets de nos deux doyens du casting.

Le scénario sort clairement des sentiers battus, distillant certes des idées déjà vues par-ci par-là : une porte des Enfers laissée ouverte, des séances de sorcellerie sans grande surprise, des fantômes qui répètent leur mort sans cesse… mais une fois combinées ensemble avec un peu d’humour et d’épouvante nous obtenons là une belle proposition originale et bienvenue.

Les personnages ne sont pas mauvais, en témoignent les performances des deux acteurs jouant le couple de grands-parents endeuillés pour qui nous ressentons une certaine empathie bien que ces derniers soient capables du pire pour faire revenir à la vie leur petit-fils dans le ventre d’une proie fort bien choisie. Avec leur plan parfaitement rôdé au départ (pour justifier le fait qu’ils soient étrangers à la disparition de la femme enceinte qu’ils ont bel et bien kidnappée) qui vire au bancal suite à deux maladresses de notre homme qui attirent la méfiance d’une policière, aucun doute que l’aspect humoristique du film provient en grande partie de ce couple amusant et machiavélique à la fois.

Par contre, nous ne pourrons pas dire autant de bien du personnage de Ian, le sataniste qui devient progressivement le grand vilain du film. Pas suffisamment travaillé, ce personnage pourtant central dans la narration de la seconde partie de Anything for Jackson ne bénéficie pas d’assez de présence à l’écran et d’explications autour de ses motivations obscures et c’est bien dommage…

De même, le côté bordélique de la toute dernière partie du film donne l’impression d’un final un peu bâclé et difficilement compréhensible, ce qui est là aussi bien dommage vu toute l’énergie mise dans cette petite série B concoctée avec beaucoup de soin jusque-là. La porte des Enfers (enfin, du purgatoire) ouverte, nous aurions pu virer en plein cauchemar façon Hellraiser ou The void entre autres? avec des horribles créatures venant de partout…

En ce qui concerne les effets spéciaux justement, ces derniers sont plus que corrects au vu du budget alloué. Entre des âmes torturées dans l’attente du purgatoire, des fantômes, un fou sanguinaire ou encore une créature désarticulée, il y a le choix dans les personnages cauchemardesques il va sans dire. Une ambiance réussie, rapidement anxiogène sur sa seconde partie, qui nous ferait presque oublier que le cinéaste était plutôt à la base un habitué des films de Noël et des comédies familiales.

Au final, Anything for Jackson est une honnête série B fantastique nous proposant une sympathique incursion dans le surnaturel en compagnie d’un couple de satanistes novices en prise avec des créatures venues des Enfers. Même si pour ma part j’aurais privilégié le ton de la comédie dans ce long-métrage et j’aurais préféré un peu plus de travail sur le scénario dans sa dernière partie et sur le personnage de Ian, nous pouvons toutefois retenir du film de Justin G. Dyck de bien beaux efforts dans l’originalité de la première heure, voire un peu plus, et une ambiance réussie avec tout ce qu’il faut de cauchemardesque.


David MAURICE

L'ANTRE DE LA FOLIE (1994)

 

Titre français : L'Antre de la Folie
Titre original : In the Mouth of Madness
Réalisateur : John Carpenter
Scénariste : Michel De Luca
Musique : John Carpenter
Année : 1994
Pays : Usa
Genre : Diable et démons
Interdiction : -12 ans
Avec : Sam Neill, Julie Carmen, David Warner, John Glover, Charlton Heston...


L'HISTOIRE : Venant d'être interné dans un asile psychiatrique, le détective John Trent raconte sa terrifiante histoire au Dr Wrenn : ayant pour mission de retrouver l'écrivain Sutter Cane, spécialisé dans l'horreur, Trent se rend dans une ville ne figurant sur aucune carte, et qui n'a pas lieu d'exister excepté dans les livres de Cane, Hobb's End. Une ville malfaisante et maléfique, qui cache bien des secrets…


MON AVISDésireux de réveiller le cinéma fantastique, qui devenait un genre moribond dans les années 90, John Carpenter signe avec L'antre de la Folie un film qui a justement pour but de secouer le genre. Une tâche qui n'est pas facile, et que beaucoup finirent par ignorer, préférant se jeter sur Scream, qui sera finalement le nouveau et décevant réveil du fantastique. Carpenter met le paquet avec L'antre de la Folie, autant au niveau de l'écriture (pourtant signé Michel De Luca, qui avait commis le scénario de l'infâme La fin de Freddy : L'ultime cauchemar) que de la forme visuelle (KNB peaufine les très nombreuses créatures du film, et avec bonheur).

Sam Neill, qui avait déjà endossé le costume de Damien dans La Malédiction Finale, d'un mari trompé dans Possession et d'un sympathique anthropologue dans Jurassic Park, revient donc au genre fantastique, et trouve encore une fois un rôle à la hauteur de son talent. Ce n'est, par contre, pas sa première collaboration avec Carpenter, puisqu'il incarnait le bad guy du film Les Aventures d'un Homme Invisible, une autre pause du Big John dans sa carrière de spécialiste du fantastique et de l'horreur. 

Dès la première partie du film, on peut voir défiler sous nos yeux d'autres acteurs réputés dans le genre, comme David Warner, John Glover, Julie Carmen (la séduisante vampire de Vampire vous avez dit vampire 2) ou Charlton Heston. Bien plus tard, on pourra apercevoir longuement Jürgen Prochnow ou le très inquiétant Wilhelm Von Homburg, qui fut en 1989, le sorcier dégénéré de Sos fantômes 2 mais qui vient malheureusement de nous quitter en 2004 d'un cancer, malgré une carrière peu remplie. Un acteur qui, pourtant, avait tous les atouts pour devenir une icône du genre. Carpenter n'y va surtout pas de main morte avec son film, clouant le spectateur sur son siège rien que dans la spectaculaire bande-annonce, et affirmant clore avec ce film, sa trilogie de l'apocalypse, débutée par The thing et Prince des Ténèbres". Des films forts, qui jouent à fond la carte des débordements visuels, et qui font peur, très peur même, et qui restent sans aucun doute, les meilleurs films du maître à ce jour.

D'une structure narrative au départ classique, L'antre de la Folie nous plonge petit à petit dans un univers de plus en plus effrayant, cauchemardesque, grouillant de monstres et zombies en tout genre. Un univers où le spectateur devient aussi fou que le héros, jusqu'à l'inattendu et surprenant coup de théâtre final. Nom emprunté à la station de métro où échoue un extraterrestre dans Les monstres de l'espace, Hobb's End est ainsi une ville imaginaire, créée de toutes pièces par Sutter Cane, un écrivain très en vogue dont le succès phénoménal rappelle beaucoup Stephen King (celui-ci serait d'ailleurs surclassé par Sutter Cane, comme l'explique Linda dans le film !) mais dont les effets sont plutôt catastrophiques. Détective travaillant pour une compagnie d'assurances, John Trent va être saisi de cauchemars et visions, le jour où il commence à lire quelques livres du maître en question. En construisant une carte à partir des couvertures (superbes d'ailleurs, guettez-les bien) des fameux livres, Trent découvre l'emplacement de la ville quasi imaginaire de Hobb's End. Accompagné par une lectrice fervente de Cane, Linda Styles, Trent s'embarque dans une aventure qui va le mener jusqu'au bout de la folie.

Outre les flashs horrifiques, pour la plupart subliminaux, c'est l'arrivée à Hobb's End qui permet à Carpenter de lâcher sur ses spectateurs une flopée de monstres impressionnants, un bestiaire lovecraftien comme on n'en a jamais vu auparavant, passant des gamins morts-vivants aux habitants zombifiés (rappelant beaucoup les clochards de Prince des Ténèbres), jusqu'à des dobermans enragés ou une mémé tentaculaire. Mais les apparitions ou manifestations surnaturelles sont tellement nombreuses et surprenantes, qu'on ne peut toutes les divulguer ici. 

Carpenter ose filmer avec un talent considérable, et surtout enfin convenablement, l'indicible cher à Lovecraft, lié constamment à une atmosphère oppressante et soignée, et des créatures monstrueuses qu'on ne saurait pas réellement décrire. Les clins d'œil se multiplient jusque dans le titre original, In the Mouth of Madness très lovecraftien dans l'esprit. Horrifique jusqu'au bout des ongles, ironique parfois, flippant et vertigineux, voilà une mise en abyme stupéfiante, un régal pour les fans d'horreur et un autre chef-d'œuvre pour Big John.




Jérémie MARCHETTI

ANNABELLE 2 - LA CRÉATION DU MAL (2017)

 

Titre français : Annabelle 2 - la Création du Mal
Titre original : Annabelle : Création
Réalisateur : David F. Sandberg
Scénariste : Gary Dauberman
Musique : Benjamin Wallfisch
Année : 2017
Pays : Usa
Genre : jouet meurtrier, diable et démons
Interdiction : -12 ans
Avec : Anthony LaPaglia, Samara Lee, Miranda Otto, Talitha Eliana Bateman...


L'HISTOIRE : Encore traumatisés par la mort tragique de leur petite fille, un fabricant de poupées et sa femme recueillent une bonne sœur et les toutes jeunes pensionnaires d'un orphelinat dévasté. Mais ce petit monde est bientôt la cible d'Annabelle, créature du fabricant possédée par un démon…


MON AVISRéalisateur remarqué avec son premier film Dans le Noir en 2016, David F. Sandberg s'est montré des plus courageux avec son second long métrage puisqu'il a accepté le défi de faire une suite à Annabelle, film que je n'ai pas vu mais qui s'est fait littéralement démonter et conspuer par la sphère des cinéphiles experts en frissons, qui avait pourtant acclamés Conjuring - les Dossiers Warren, dont Annabelle est un spin-off. Etant donné qu'Annabelle 2 se déroule avant Annabelle, je me suis rendu au ciné sans avoir vu ce dernier, ce qui ne devait pas posé de souci de compréhension. Ce fut le cas. Qu'en est-il du film lui-même ? 

Quand vous avez commencé à visionner des films d'horreurs depuis 1986, ce qui est donc mon cas, il n'est plus facile d'être surpris ou d’éprouver quelques doux frissons vu que les recettes pour faire peur, je les connais sur le bout des doigts. Annabelle 2 ne m'a donc pas fait peur, ce qui n'est pas le cas de la majorité des spectateurs présents hier dans la salle, dont une copine, Carole Caron pour la nommer, qui a fait deux ou trois bonds sur son fauteuil ! L'ambiance a bien fonctionné sur elle, ce qui n'était pas gagné au départ, les bouffeurs de pop-corn (qu'il faudrait interdire durant le film !) n'aidant pas à y entrer, dans l'ambiance justement !

Si j'ai trouvé les jump-scares assez téléphonés et prévisibles, il n'en reste que j'ai bien apprécié le film dans son ensemble et que je comprends parfaitement qu'il puisse foutre la pétoche à une large majorité du public. Il faut dire que David F. Sandberg connaît bien ses classiques et qu'il maîtrise totalement les ficelles pour faire peur. Annabelle 2 puise son inspiration dans des thématiques classiques et parfaitement huilées pour que ça fonctionne : une pincée de Ring avec la présence du puits, une pincée de L'Orphelinat pour son décor aux multiples portes et cloisons amovibles, une pincée de films de possession, une pincée de films à base de démons auxquelles s'ajoute tous les codes du film de maisons hantées (portes qui claquent, meubles qui bougent, lumières qui s'allument ou s'éteignent toutes seules, ombre maléfique etc). Secouez le tout, rajoutez une partition musicale puissante et stressante qui n'hésite pas à forcer le trait, voire même à se montrer un peu trop envahissante (composée par Benjamin Wallfisch), une bonne poignée de jump-scares comme précédemment évoqué et vous obtiendrez au final un film de trouille plutôt efficace et qui fait le job.

Bien sûr, ce n'est pas l'originalité qui prône ici, on peut même dire qu'on nage dans le classicisme absolu, mais on ne peut nier le savoir-faire du réalisateur et de son équipe, tout comme on sera assez épaté par le casting et notamment les deux petites héroïnes du film : Talitha Eliana Bateman et Lulu Wilson. La mise en scène se révèle de plus vraiment bonne, tout comme la photographie. On sent que le film n'a pas été fait à la va-vite et qu'il a bénéficié d'un soin particulier. L'histoire est des plus correctes et nous donne l'explication sur les événements ayant amenés cette poupée à devenir l'incarnation du Mal. La scène d'introduction est assez admirable et nous rappellera l'une des séquences phares du film de Mary Lambert : Simetierre.

Si le final verse un peu dans l'aspect théâtral, l'ultime séquence a l'intelligence de faire le lien avec Annabelle premier du nom d'après ce qu'on m'a dit et vous savez quoi, eh bien ça m'a donné envie de le voir malgré les avis plus que mitigés. Défi réussi pour David F. Sandberg en ce qui me concerne. Annabelle 2 est un bon film d'épouvante et on voit bien que tout a été mis en oeuvre pour faire flipper le spectateur. Sans chercher à renouveler le genre ou à s'affranchir des codes balisés, Annabelle 2 s'en sert de bien belle manière et tire son épingle du jeu grâce à son approche respectueuse du genre.




Stéphane ERBISTI

ANNABELLE (2014)

 

Titre français : Annabelle
Titre original : Annabelle
Réalisateur : John. R Leonetti
Scénariste : Gary Dauberman
Musique : Joseph Bishara
Année : 2014
Pays : Usa
Genre : jouet meurtrier, diable et démons
Interdiction : -12 ans
Avec : Annabelle Wallis, Ward Horton, Tony Amendola, Alfre Woodward...


L'HISTOIRE : John Form vient de trouver pour sa femme, Mia, un cadeau plutôt original : une poupée ancienne, très rare. Enceinte, Mia, est aux anges. Ce bonheur va être écourté par le massacre de leurs voisins par une secte, qui s'en prend à eux. Ce que Mia et John ignorent alors, c'est qu'ils vont aller au-delà du simple fait divers, ils vont donner vie à la poupée...


MON AVISSuite au succès mérité de Conjuring - Les Dossiers Warren, l'un des rares films vraiment flippant de ces dernières décennies, il était tentant de rentabiliser le filon. Alors qu'on s'attendait à un Conjuring 2, c'est sur une autre enquête du couple Warren (qui ne revient pas dans ce spin-off!) que les producteurs mettent l'accent, la poupée Annabelle. Alors que le rendu de cette dernière était particulièrement flippant dans le film de James Wan, il est étrange que dans le film qui lui est consacrée, elle n'arrive à aucun moment à mettre la trouille méritée. On est bien loin du clone de Chucky tel qu'il a été vendu.

Plutôt que d'insister sur le thème de la poupée possédée, le film de John R. Leonetti (réalisateur de Mortal Kombat, destruction finale et de L'effet papillon 2) plonge en pleine démonologie, mais avec une rare finesse, enfilant les lieux communs du genre, jusqu'à nous asphyxier de morale chrétienne bien pensante.

Pourtant, la reconstitution de l'ambiance du début des années 70 démarrait plutôt bien avec cette famille typique de la middle-class dans une atmosphère plus décontractée que la décennie précédente, avec la montée des mouvements hippies. Il y plane aussi l'ombre de Rosemary's Baby, ne serait-ce que le fait que l'héroïne (Annabelle Wallis vu dans la série Les Tudors) y soit montrée enceinte. Mais sans la subtilité inquiétante qui émanait du chef d'œuvre de Roman Polanski

Préférant avoir recours aux criailleries incessantes, Leonetti confond immanquablement la peur avec le gros bruit et apparitions de démons. Des effets tellement mal amenés qu'on ne pourra s'empêcher d'esquisser de larges sourires. A l'exception d'un court passage angoissant en sous-sol, on ne compte pas les effets ratés et les jump scares inutiles.

A cela s'ajoute une réalisation à la ramasse et un manque de style, se contentant de poser la caméra au lieu de distiller la peur sourde. On a droit à des gros plans sur Mia en train de coudre (un suspense palpitant), tout cela pour nous amener à rien, car ce n'est jamais explicité dans le scénario : pourquoi la poupée se trouverait possédée ? En plus on ne la voit jamais bouger.

Avec sa tête de DTV, Annabelle a de la chance de connaître les joies d'une sortie en salles. On ne pourra pas dire que c'était un film extrêmement attendu mais le résultat est clairement indigne de son sujet, absolument sous-traité car la poupée est souvent mise de côté au profit d'apparitions démoniaques, et beaucoup de sceptiques de la foi chrétienne (dont votre aimable serviteur) risquent de sourire ou d'hocher la tête devant autant de naïveté. On sentait poindre le risque dans la dernière partie de Conjuring mais là, le scénario fonce tête baissée dans la morale chrétienne très premier degré. Peut-être que trop occupé sur son Fast and Furious 7, James Wan n'a pas assez surveillé ce qui se passait...




Gérald GIACOMINI

ANGEL HEART (1987)

 

Titre français : Angel Heart
Titre original : Angel Heart
Réalisateur : Alan Parker
Scénariste : William Hjortsberg, Alan Parker
Musique : Trevor Jones
Année : 1987
Pays : Usa, Angleterre, Canada
Genre : Diable et démons
Interdiction : -12 ans
Avec : Mickey Rourke, Robert De Niro, Lisa Bonet, Charlotte Rampling...


L'HISTOIRE : Harold Angel est un détective privé plutôt raté de Brooklyn, athée et très personnel. Un jour, il reçoit un coup de fil d'un avoué de justice. Cet avoué travaille pour Louis Cypher, qui souhaite confier une mission à Angel, qu'il prétend avoir découvert parce que son nom commence par un A, et qu'il était en tête de liste des pages jaunes. La vie d'Harold Angel va basculer lorsqu'il reçoit ce coup de fil. Effectivement, étant habitué aux histoires banales de divorces, Angel va alors être irrémédiablement attiré par la proposition de Louis Cypher, un étranger dont il pense que le nom est un calembour à trois sous. Cette proposition consiste à retrouver un certain Johnny Favorite, un homme devenu amnésique et perdu dans la nature qui aurait des dettes envers Louis Cypher. Ce dernier se gardant par ailleurs bien de préciser à Angel quel genre de dettes, ce qui aura pour effet d'intéresser le détective, curieux de nature. Cette péripétie va conduire notre héros vers la Louisianne, terre du Vaudou...


MON AVISMickey Rourke, à cette époque acteur pour midinettes, nous interprète ici un personnage plutôt névrosé, et même peureux. De ce fait on ressent un doute quant au choix de son métier de détective privé, qu'il ne semble pas assumer au premier abord. Mais par moment, on ressent une réelle personnalité, l'envers du décor en quelque sorte, et plus on avance dans le film, plus cela devient flagrant. On appréciera particulièrement son ironie et ses répliques dignes d'un fidèle adepte des emballages de Carambars ou de l'émission de Laurent Ruquier. Il en vient même par moments à être sadique, pour le plaisir.

Robert De Niro est tout simplement splendide. Son personnage, sombre et mystérieux, semble bien sûr de lui et de ses desiderata. Il surenchérit à chaque fois qu'Angel lui étale une personnalité qui ne lui convient pas. Il souhaite voir Angel fidèle à une image qu'il a parfaitement en tête et ne cesse de le pousser à continuer, appréciant de le voir dévoiler une autre personnalité. Mais aussi de le voir flipper, il y prend un réel plaisir.

Alan Parker filme ici de manière plutôt traditionnelle. Cependant il affectionne plus particulièrement les plans serrés, bien évidemment pour renforcer l'aspect angoissant et claustrophobe du métrage. Ce qui contraste curieusement avec les merveilleux décors extérieurs naturels de la Louisiane, cette fois-ci cadrés en plan large, comme pour aérer l'histoire afin que le spectateur ne se sente pas trop lassé et fasse quelque pauses pour reposer sa cervelle. Les plans larges sus-cités servent une photographie exemplaire, contrastée comme il a été précisé, oscillant entre teintes chaudes et froides. On appréciera également d'autres coupures représentées par les cauchemars d'Angel, qu'on imagine alors sombrer dans la folie.

Le scénario étant subtil, il faudra beaucoup de perspicacité pour deviner la fin du film à première vue, et là aussi, Alan Parker se régale et ça se voit. Il joue avec le spectateur, le faisant presque vivre la folie destructrice d'Angel.

Trevor Jones, curieusement pas si connu que ça, opte ici pour une musique de film policier pure et dure. J'entends par là un blues typique et apaisant. Ce qui permet de gommer partiellement l'aspect fantastique pur du film et certainement porter Angel Heart envers un public plus large.

En résumé, Angel Heart nous transporte non seulement hors du temps, mais dans un autre univers. Le seul moment où l'on atterrit étant à la fin du film, que je me garderai de vous dévoiler ici. Ce métrage me fait penser au jeu Maupiti Island, en extrêmement plus glauque, et fait quoiqu'il en soit référence aussi bien dans le monde du Polar que celui du Fantastique. C'est ce que l'on appelle un film de box office, une perle pour beaucoup de monde.




Lionel COLNARD

ACTION OU VÉRITÉ (2018)

 

Titre français : Action ou Vérité
Titre original : Action ou Vérité
Réalisateur : Jeff Wadlow
Scénariste : Jeff Wadlow, Michael Reisz, Jillian Jacobs et Chris Roach
Musique : Matthew Margeson
Année : 2018
Pays : Usa
Genre : Thriller, Diable et démons
Interdiction : -12 ans
Avec Lucy Hale, Violett Beane, Tyler Posey, Hayden Szeto, Sophia Taylor Ali...


L'HISTOIRE : Partis au Mexique pour faire la fête, une bande d’amis va faire la rencontre d’un certain Carter qui va les initier à un jeu intitulé Action ou Vérité. Alors que les jeunes gens prennent plaisir à se lancer des défis, ces derniers vont rapidement se rendre compte qu’une malédiction les poursuit depuis qu’ils jouent à ce jeu. Un jeu dont ils ne peuvent plus se défaire, ce dernier les conduisant à une mort certaine s’ils refusent de jouer, s’ils mentent sur une question de type Vérité ou encore s’ils refusent de se plier à l’action demandée...


MON AVISNous ne présentons plus aujourd’hui BlumHouse Productions, une société de production fondée par le producteur Jason Blum et dont la méthode de travail consiste à produire des thrillers fantastiques et des films d’horreur à petits budgets en grande quantité, avec du bon et du moins bon, voire du médiocre !

Focalisons-nous donc sur l’une de leurs multiples productions, à savoir Action ou Vérité. Réalisé par un certain Jeff Wadlow, à qui l’on doit notamment Cry Wolf et Kick-Ass 2, voilà encore une preuve que Jason Blum sait faire des bénéfices. En effet, Action ou Vérité sera un gros succès dès sa première semaine d’exploitation dans les salles américaines, le film rapportant quasi six fois son budget en une dizaine de jours seulement.

La clé de ce succès ? Difficile à dire car ce thriller surnaturel n’a pourtant pas que des qualités, loin de là même. Mais une bonne publicité sur le Net, des bandes-annonces laissant deviner de sympathiques jumpscares et une histoire de jeu maudit (on pense inévitablement à Jumanji ou à Ouija plus récemment, autre gros succès de la firme BlumHouse Productions) suffisent à attirer un public majoritairement adolescent.

Car oui, nous avons ici un pur produit destiné à un public jeune et de ce côté-là force est de constater que le contrat est plutôt bien rempli ! Casting jeune et séduisant, histoires d’amourettes et de cachotteries, jumpscares en nombre conséquent, intrigue relativement accessible... Tout semble présent pour plaire à des amateurs de films d’horreur en herbe et pourquoi pas même aux moins exigeants parmi les fanatiques du fantastique.

Le début-même du film de Jeff Wadlow n’annonçait rien de bien folichon, avec sa bande de jeunes qui partent faire la fête après une année d’études bien remplie et qui décident de jouer à un jeu tout aussi puéril que celui de la bouteille :  Action ou Vérité. Gags vaseux entre les compères, défis mettant en scène des épreuves de nudité, de déhanchés ou de roulages de pelles, rien ne laisse présager autre chose qu’un film estampillé ado dans ces vingt premières minutes de film.

Après cela n’empêche que le film peut s’avérer intéressant sous plusieurs aspects. Premièrement, le rythme est plutôt bien dosé ; l’intrigue se mettant en place assez vite, de manière simple et linéaire au départ pour progressivement donner lieu à des péripéties et quelques (rares) effets de surprises bienvenus au fur et à mesure que l’histoire avance.

Ensuite, notons que le scénario est très fluide, présente assez peu d’incohérences (quelques réactions illogiques de personnages de temps à autres mais rien de bien alarmant à ce niveau) et propose même quelques touches d’originalité bienvenues (un jeu maudit qui va dévoiler au grand jour des secrets bien gardés au sein d’un groupe d’amis qui va alors exploser sous le poids de révélations d’ordre familial ou émotionnel).

Enfin, au niveau de l’ambiance, il faut bien avouer que le film parvient par moments à nous faire monter le trouillomètre le temps de quelques séquences haletantes ponctuées d’un ou plusieurs jumpscare(s) savamment dosé(s), même si certains il est vrai sont parfois amenés avec de bonnes grosses ficelles. Les hallucinations des protagonistes en proie au démon du jeu maudit sont certes réalisées avec des moyens simples (des distorsions de visages facilement réalisables par logiciel) mais le résultat est à la hauteur de nos attentes (certains faciès grimaçants sont carrément flippants) et c’est bien là le principal !

Pour finir, la fin du film, certes expéditive, s’avère intelligente, amorale et cruelle, avec en fond une critique des réseaux sociaux bienvenue.

Alors pourquoi cet avis se termine-t-il donc sur une note mitigée ? Hé bien tout simplement parce que la mayonnaise peine à prendre ici et parce que nos quatre scénaristes semblent ne pas avoir été au bout de leurs idées. Une alchimie défaillante due en grande partie à un manque de crédibilité, des facilités scénaristiques dommageables et une touche probablement trop teenageuse (voire à l’eau de rose) dans le scénario. Je m’explique : je parlais quelques paragraphes avant d’un scénario fluide. Peut-être justement cette intrigue est-elle trop linéaire, trop prévisible par moments (à la différence par exemple d’un Destination Finale qui joue sur les surprises et les rebondissements lorsque la mort possible d’un protagoniste est annoncée). Les morts ou accidents se succèdent mais sont souvent téléphonés, à quelques rares exceptions près, car les péripéties sont là mais sont devinées souvent quelques minutes avant qu’elles n’interviennent.

Oui le film est original par moments et cette idée de base comme quoi des secrets sont dévoilés et brisent progressivement des liens d’amitié entre nos protagonistes est une idée qui aurait pu causer bien plus de dégâts au sein de notre groupe de jeunes. Les mises à mort (à l’exception de cervicales frappées lourdement contre une table de billard) notamment ne sont peut-être pas assez graphiques, intenses et violentes : le film reste soft et flirte plus volontiers avec les vérités (mensonges, trahisons, secrets cachés, vices dévoilés...) - nous distillant au passage quelques dialogues bien creux – qu’avec les actions (là où nous attendions peut-être des séquences chocs). Nous nous retrouvons alors avec un démon qui semble préférer jouer de ces gamineries et de ces cachotteries d’ados lors de phases de Vérité plutôt que de lancer des duels plus physiques et musclés entre nos protagonistes lors de phases d’Action. En ressortent des séquences un brin enfantines par moments (après avoir entendu qu’elle plaisait au mec de sa meilleure amie lors d’une phase de Vérité, notre héroïne va coucher avec lui lors d’une phase d’Action pour ne pas mourir... Quelle histoire !)

Dommage également que certains passages manquent clairement d’intérêt (la séquence où une fille se saoule sur le toit d’une maison lors d’une phase d’Action est un brin longuette) et que la dernière partie du film, avant le final plutôt réussi, soit un peu bancale pour ne pas dire risible avec cette histoire de démon et de sacrifice légèrement tirée par les cheveux et avec certaines incohérences dans le combat final contre le démon.

Au final, Action ou Vérité est un pur produit estampillé ado. A ce niveau-là, le film de Jeff Wadlow s’en sort plutôt bien et semble remplir correctement le cahier des charges d’une telle production. Mais seulement voilà, le public friand de films fantastiques ne s’y prendra pas (où alors presque pas) et verra en Action ou Vérité un petit film certes rythmé, original en bien des points et à l’ambiance pesante parfois bien rendue mais malheureusement pas suffisamment méchant et surprenant. Dommage...




David MAURICE