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L’ARMÉE DES MORTS (2004)

 

Titre français : L'Armée des Morts
Titre original : Dawn of the Dead
Réalisateur : Zack Snyder
Scénariste : James Gunn
Musique : Tyler Bates
Année : 2004
Pays : Usa, Canada, Japon, France
Genre : Morts vivants
Interdiction : -16 ans
Avec : Sarah Polley, Ving Rhames, Jake Weber, Bruce Bohne, Mekhi Phifer, Ty Burrell...


L'HISTOIRE : Infirmière aux urgences de Milwaukee, Ana termine tout juste ses treize heures de travail d'affilée, ne prêtant qu'une attention vague au fait qu'un patient vienne d'être admis aux soins intensifs pour une simple morsure après avoir passé une radio du crâne. Sans davantage prendre garde aux informations alarmantes qui passent à la radio, elle rentre chez elle, dans un quartier résidentiel où l'attend son mari, Luis. Ana a réussi à leur prévoir un week-end de trois jours. Ils font l'amour, ratant le flash spécial d'information qui passe entre deux spots de publicité, puis se couchent. A 06h37, Luis est réveillé par Vivian, leur petite voisine. Elle est encore en chemise de nuit. Sa bouche est mutilée et ensanglantée. Alors qu'il se précipite vers elle et demande à Ana d'appeler des secours, la fillette lui saute à la gorge et la lui déchire à belles dents. Malgré les efforts d'Ana, il meurt rapidement et se métamorphose presque aussitôt en zombie. Un réveil coup de poing pour Ana, qui va brutalement réaliser que les morts-vivants, hystériques et affamés, ont envahi le quartier, la ville, le pays… 


MON AVISComme on voit, c'est par abus de langage qu'on parle de remake (quand bien même la promotion a été basée sur cet argument), et comparer les deux Dawn of the Dead (1978 et 2004) pour décider lequel est le meilleur commence, au bout d'un moment, à être assez inutile. Un excellent début de cinéaste incompris pour Zack Snyder, dont c'est, faut-il le rappeler, le premier long-métrage. Son esthétique, éminemment lisible par le plus jeune public (et alors?), le succès qu'elle a entraîné, ont en effet engendré envers lui un tollé réactionnaire du plus bel effet. Et paradoxe, les défenseurs et les pourfendeurs du Dawn of the Dead 2004 se sont souvent rejoints dans la même erreur, celle qui consiste à dire qu'il ne contient pas ou presque de critique sur la société d'aujourd'hui, que tout n'y est que pur divertissement.

Premièrement, c'est faux. Le film de Snyder est d'ailleurs infiniment plus chargé du côté du discours. Deuxièmement, ceux-là mêmes qui pointent du doigt cette prétendue absence de critique ne se privent pas, par ailleurs, d'encenser des films qui, eux, en sont véritablement dépourvus. Troisièmement, on ne sait pas de quel chapeau magique est sortie cette magnifique loi selon laquelle une critique de la société d'aujourd'hui devrait être menée de la même façon en 2004 qu'en 1978 pour être reconnue, nonobstant la différence individuelle des réalisateurs. Zack Snyder, en effet, ne s'appelle pas George A. Romero, et il ne l'a jamais prétendu. Et quatrièmement, on ne voit pas en quoi le divertissement serait incompatible avec la critique !

James Gunn, maintenant… James Gunn ? Ce dernier n'est pas seulement le scénariste de Scooby Doo 1 & 2 (2002, 2004) comme on s'est plu à le dire. Il a également été scénariste pour la Troma, et notamment de Troméo et Juliet (1996), Sergent Kabukiman (1997), Terror Firmer (1999) et la série Tromaville Café (1997).

Peut-être peut-on s'expliquer par là l'extrême liberté d'inspiration que le jeune homme a pris vis-à-vis du scénario d'origine de George A. Romero, ainsi qu'une tendance à la démesure (la fameuse explosion de la bonbonne de gaze) et une certaine maladresse dans l'écriture des dialogues, trop démonstratifs, point faible du film avec une direction d'acteur mal assurée de la part de Zack Snyder. Passer d'un genre parodique à un film sérieux est un virage qui ne se négocie pas sans maladresses, mais il réserve aussi de bonnes surprises. L'Armée des Morts déborde par exemple de citations de films de zombies, et pas seulement du film de 1978, dont il ne reprend strictement que l'idée du centre commercial, ici le Cross Roads Mall : le centre où se croisent toutes les routes.

Le but de Gunn et Snyder n'a jamais été de remplacer l'original par la copie (d'ailleurs, quel remake a jamais eu cette intention?). En un hommage des plus fidèles à l'esprit de la trilogie romérienne, ils ont visé au contraire à prouver, tant du point de vue du discours que de l'esthétique, qu'un nouveau film de zombies pouvait être réalisé aujourd'hui, sur la société d'aujourd'hui. Inutile donc de préciser le rôle décisif qu'a joué L'Armée des Morts auprès des producteurs pour enfin permettre à George A. Romero de tourner Land of the Dead.

Trop d'informations, trop de travail, tout va trop vite dans le monde d'Ana. Tout va beaucoup trop vite dans le monde en général, et même la mort y galope à toutes blindes, avide de se répandre partout comme une vague de chair pourrie et cannibale (en 25 ans, la frénésie de consommation n'a pas baissé, elle est devenue pure vitesse de propagation morbide et décérébrée). Hommes et femmes ne se voient plus qu'en coup de vent. Lorsqu'il faut s'unir pour faire face au danger, on commence par se tirer dessus avant de parler (le générique de début est un mélange de scènes de carnages et d'émeutes lourdement réprimées), on s'appuie sur les vieilles bonnes règles (les vigiles du Mall), on se méprise, on se déteste, on se met en cage, on se juge, on tente de s'apprivoiser. La désorientation et la consternation règnent. Si ça ne constitue pas un discours sur la société, je ne sais pas ce que c'est.

Contrairement à ce qui se passe dans le Dawn of the Dead de 1978, les personnages ici ne sont pas des gens renseignés, et ils n'ont rien de sympathique, nous tendant un miroir assez désagréable à regarder. Ce sont des individus lambda qui recoupent toutes les catégories sociales et qui constituent un éventail complet des attitudes actuelles vis-à-vis des problèmes du monde : l'individualisme forcené et obtus (Kenneth), le conformisme aliéné (C.J., qui sur-investit bêtement l'importance des règles du monde dans lequel il a réussi à se faire une place, mais qui sont déjà désuètes, et son équipe de vigiles), le cynisme trouillard (Steve Marcus et sa greluche), le recours à la tradition (André et Luda), les belles intentions qui ne sont pas à la hauteur de la réalité (être humaniste aboutit à se faire dégommer ou à éliminer les infectés), etc. 

Tous assistent au chaos, impuissants devant les écrans de télévision du Mall, où l'on retrouve les acteurs du Dawn of the Dead de Romero dans des rôles de porte-parole de diverses autorités (Tom Savini en shérif, Ken Foree en prédicateur évangéliste). Tous vont essayer de trouver une issue, mais le moins qu'on puisse dire, c'est qu'entre les séquelles qu'a laissé en chacun le monde de la consommation effrénée (pas le temps de pleurer), la perte du sens de ce que peut être un être humain (le shoot à la carte se fait sur des zombies à l'air curieusement hagards, et on leur donne des noms d'acteurs), les réflexes de mépris, de bêtise (risquer la vie des copains pour un toutou) et de lâcheté (Steve), ce n'est pas gagné... En gros, les seuls moments heureux sont la petite crise de consommation, chacun dans son coin, et la partie d'échec à distance, où les pièces abattues sont des effigies des personnages de l'Histoire...

Par son esthétique nerveuse et saccadée, Zack Snyder communique une sensation extrêmement désagréable de trop plein chaotique et incontrôlable. Son expérience dans le domaine de la publicité et du clip musical l'a bien placé pour savoir de quoi il parle et comment en parler, mais contrairement à Danny Boyle (qui a la même expérience publicitaire) dans 28 jours plus tard, il ne s'en sert à aucun moment pour embellir son tableau en lui donnant un joli côté d'esthète. Ici le verdâtre, le gris et la surexposition dominent, démontrant s'il en était besoin que l'univers aseptisé dans lequel nous vivons est d'ores et déjà une sorte de morgue à l'usage des cadavres. Tout va vite, mais tout reste immobile. Tout est très propre, mais tout est très crade. Là encore, si tout cela n'est pas un discours critique sur la société d'aujourd'hui, je ne sais pas ce que c'est.

Le film de Snyder est bien plus noir et pessimiste que celui de Boyle, il est même profondément nihiliste. Accompagné de country (When the man comes around de Johnny Cash, variation sur l'Apocalypse selon St Jean), de crooner déjanté (Down with the sickness de Richard Cheese) et de tubes pop pris à contre-emploi (Have a nice day des Stereophonics ou Don't worry be happy de Bobby Mc Ferrin), la première tentative des personnages pour trouver une solution (S.O.S. adressés au ciel) est celle-là même qui terminait 28 jours plus tard, et ne reçoit en réponse que la plus grande indifférence : lucide et logique. Le générique de fin, quant à lui, se passe de commentaires. Quand bien même les hommes auront appris à s'entraider, la mort ne fera pas de quartiers.

L'Armée des Morts n'est pas vraiment un remake, c'est un très bon film. La postérité lui est d'ailleurs assurée pour un nombre remarquable de scènes, qui deviendront certainement cultes à leur tour par le sens et l'émotion qu'elles recèlent : les génériques de début et de fin, l'exécution de Franck, la communication à distance entre Kenneth et Andy, la séance de shoot à la carte de ce dernier, l'accouchement de Luda, la sortie hallucinante des bus blindés, le sacrifice de C.J… Ce qui fait beaucoup de bonnes choses, pour un premier film ! 




Stéphane JOLIVET

ANYTHING FOR JACKSON (2020)

 

Titre français : Anything for Jackson
Titre original : Anything for Jackson
Réalisateur : Justin G. Dyck
Scénariste : Keith Cooper
Musique : John McCarthy
Année : 2020
Pays : Canada
Genre : Diable et démons
Interdiction : -12 ans
Avec : Sheila McCarthy, Julian Richings, Konstantina Mantelos, Josh Cruddas...


L'HISTOIRE : Un couple se passionnant pour le satanisme et les sciences occultes kidnappe une femme enceinte dans le but de faire revenir à la vie leur petit-fils Jackson décédé dans un accident de voiture...


MON AVISJustin G. Dyck est un cinéaste ayant jusque-là œuvré sur des téléfilms pour toute la famille, voire pour enfants tout court, ou sur de la comédie romantique. Après une vingtaine de films, il tente une incursion dans le cinéma d’horreur avec Anything for JacksonPrésenté lors de l’édition 2021 du Festival International du Film Fantastique de Gérardmer, Anything for Jackson fut une assez bonne surprise et c’est suite à l’achat du DVD que je décidai de me replonger dans ce petit film pour en faire une critique, deux ans après vous en avoir parlé dans mon compte-rendu du festival vosgien.

Bien que ce dernier ait jusque-là réalisé des films grand public, notre cinéaste semble bien connaître les ficelles de ce genre cinématographique qu’est le fantastique sans pour autant tomber dans les clichés et le vu-et-revu comme beaucoup de ses confrères. Le résultat est plutôt positif dans l’ensemble car le principal est là : les acteurs sont convaincants, le scénario sort des sentiers battus, l’ambiance est bonne, le rythme est soutenu (on ne s’ennuie à aucun moment face à autant de péripéties et d’emmerdes qui tombent sur notre couple de sorciers amateurs) et les effets spéciaux sont de bonne facture.

Allez, lançons-nous dans ce petit film mêlant enfant et satanisme (qui a parlé de Rosemary’s Baby ?) et qui traite d’un deuil impossible qui va mal tourner comme nous nous y attendons. Anything for Jackson est un film mêlant plusieurs thématiques et sur des tons divers et variés. Enlèvement et séquestration, sorcellerie/satanisme et film de fantômes s’entremêlent dans ce long-métrage tantôt angoissant et intrigant - certaines âmes torturées qui reviennent d’entre les morts font leur petit effets et les quelques jumpscares disséminés par-ci par-là fonctionnent plutôt bien - tantôt amusant avec certains personnages comme le jardinier ou le black-métalleux qui sont bien décalés.

Pour ma part, j’aurais toutefois préféré que le réalisateur prenne le parti pris de la comédie surnaturelle et façonne son histoire autour de l’humour et de la dérision car il y avait de la matière à exploiter, entre ce couple d’anciens totalement novices dans la magie noire (de véritables apprentis sorciers !) et maladroits au possible d’un côté et ces personnages hauts en couleur qui gravitent autour d’eux (le jardinier envahissant et le black métalleux sataniste et timbré) d’un autre côté et qui viennent parasiter les projets de nos deux doyens du casting.

Le scénario sort clairement des sentiers battus, distillant certes des idées déjà vues par-ci par-là : une porte des Enfers laissée ouverte, des séances de sorcellerie sans grande surprise, des fantômes qui répètent leur mort sans cesse… mais une fois combinées ensemble avec un peu d’humour et d’épouvante nous obtenons là une belle proposition originale et bienvenue.

Les personnages ne sont pas mauvais, en témoignent les performances des deux acteurs jouant le couple de grands-parents endeuillés pour qui nous ressentons une certaine empathie bien que ces derniers soient capables du pire pour faire revenir à la vie leur petit-fils dans le ventre d’une proie fort bien choisie. Avec leur plan parfaitement rôdé au départ (pour justifier le fait qu’ils soient étrangers à la disparition de la femme enceinte qu’ils ont bel et bien kidnappée) qui vire au bancal suite à deux maladresses de notre homme qui attirent la méfiance d’une policière, aucun doute que l’aspect humoristique du film provient en grande partie de ce couple amusant et machiavélique à la fois.

Par contre, nous ne pourrons pas dire autant de bien du personnage de Ian, le sataniste qui devient progressivement le grand vilain du film. Pas suffisamment travaillé, ce personnage pourtant central dans la narration de la seconde partie de Anything for Jackson ne bénéficie pas d’assez de présence à l’écran et d’explications autour de ses motivations obscures et c’est bien dommage…

De même, le côté bordélique de la toute dernière partie du film donne l’impression d’un final un peu bâclé et difficilement compréhensible, ce qui est là aussi bien dommage vu toute l’énergie mise dans cette petite série B concoctée avec beaucoup de soin jusque-là. La porte des Enfers (enfin, du purgatoire) ouverte, nous aurions pu virer en plein cauchemar façon Hellraiser ou The void entre autres? avec des horribles créatures venant de partout…

En ce qui concerne les effets spéciaux justement, ces derniers sont plus que corrects au vu du budget alloué. Entre des âmes torturées dans l’attente du purgatoire, des fantômes, un fou sanguinaire ou encore une créature désarticulée, il y a le choix dans les personnages cauchemardesques il va sans dire. Une ambiance réussie, rapidement anxiogène sur sa seconde partie, qui nous ferait presque oublier que le cinéaste était plutôt à la base un habitué des films de Noël et des comédies familiales.

Au final, Anything for Jackson est une honnête série B fantastique nous proposant une sympathique incursion dans le surnaturel en compagnie d’un couple de satanistes novices en prise avec des créatures venues des Enfers. Même si pour ma part j’aurais privilégié le ton de la comédie dans ce long-métrage et j’aurais préféré un peu plus de travail sur le scénario dans sa dernière partie et sur le personnage de Ian, nous pouvons toutefois retenir du film de Justin G. Dyck de bien beaux efforts dans l’originalité de la première heure, voire un peu plus, et une ambiance réussie avec tout ce qu’il faut de cauchemardesque.


David MAURICE

L'ANTRE - LE FILM LE PLUS MEURTRIER JAMAIS RÉALISÉ (2018)

 

Titre français : L'Antre - le Film le plus Meurtrier jamais Réalisé
Titre original : Antrum - The Deadliest Film Ever Made
Réalisateur : David Amito, Michael Laicini
Scénariste : David Amito
Musique : Alicia Fricker
Année : 2018
Pays : Canada
Genre : Sorcellerie
Interdiction : /
Avec : Nicole Tompkins, Rowan Smyth, Dan Istrate, Circus-Szalewski...


L'HISTOIRE : Le film Antrum, réalisé en 1979, a provoqué des incidents lors de ses rares projections en public et même des décès de personnes qui ont osé le visionner. Réputé maudit et disparu depuis 20 ans, une copie a été retrouvé. Le film raconte l'histoire de Nathan, un jeune garçon perturbé par la mort de sa chienne Maxine, qu'il croit en Enfer. Pour mettre fin à ses cauchemars, sa grande sœur Oralee invente un subterfuge, lui faisant croire qu'ils vont tous les deux aller creuser à un endroit précis dans une forêt, afin d'ouvrir la porte de l'Enfer et sauver l'âme de Maxine. Mais peut-on jouer avec le Diable ?


MON AVISAh les Mockumentary ! Ces films ne nécessitant qu'un faible budget, tourné soit en mode found-footage ou de façon normale, et censé nous faire croire à des événements s'étant réellement déroulés, grâce à une mise en scène faisant très documentaire. On pense au Forgotten Silver de Peter Jackson pour l'un des plus célèbres exemples mais aussi à Cannibal Holocaust, La Rage du Démon et bien sûr à Le Projet Blair Witch entre autres, la liste étant bien trop longue pour tous les énumérer ici. En 2018, David Amito et Michael Laicini décident d'en réaliser un et leur mission sera de nous faire croire à l'existence d'un film réputé maudit, Antrum. Les premières minutes du film possèdent tous les ingrédients nécessaires à cette mission : images d'archives, interviews de personnes ayant eu connaissance de l'existence de ce film disparu et dont on a retrouvé une unique copie et j'en passe, le tout avec une voix-off nous présentant les diverses tragédies ayant suivi les très rares projections du film à l'époque, tel un cinéma de Budapest l'ayant diffusé et qui a totalement brûlé durant la projection ou des personnes ayant vu le film et qui sont décédés peu de temps après. S'ensuivent des recommandations pour nous, spectateurs qui allons donc regarder ce fameux Antrum resurgi après 20 années de disparition !

Des mises en garde plus précisément, concernant le potentiel pouvoir létal du film. Eh ben ! Ça promet non ? C'est donc partit pour la vision d'Antrum, qui possède un générique qu'on pense être en russe et qui daterait de 1979 selon le copyright. Pas de found-footage donc mais une réalisation normale, si ce n'est un grain de l'image plus prononcé pour faire croire qu'il s'agit bien d'une pellicule datant des années 70. L'histoire nous présente donc le jeune Nathan (Rowan Smyth), petit garçon qui ne trouve plus le sommeil suite au décès de sa chienne Maxine et au fait que sa mère lui ait dit qu'elle n'était pas au Paradis mais en Enfer car c'était une méchante chienne. Quelle conne celle-là ! Heureusement, sa grande sœur Oralee (Nicole Tompkins) comprend la détresse de son petit frère et va tenter de l'aider en lui faisant croire que la porte de l'Enfer se trouve dans la forêt avoisinante et qu'il faut ouvrir cette porte pour libérer l'âme de Maxine et l'envoyer au paradis. Oralee a tout prévu pour que Nathan y croit dur comme fer : recueil sataniste, pentagramme, statuettes ou idoles issues de diverses religions, incantation, rituel magique, tout l'attirail y passe, la force de la suggestion faisant le reste sur l'esprit du jeune garçon.

Les fans du Projet Blair Witch seront aux anges car on retrouve tous les éléments qui ont fait le succès de ce classique : forêt inquiétante, ombre furtive, présence d'inconnus possible, bruits divers renforçant le stress, scène de nuit éclairée à la lampe torche et événements curieux vont venir rythmer la mise en scène d'Oralee, qui se retrouve, elle aussi, prise à son propre jeu et sent monter la tension. Peut-on jouer impunément avec les forces occultes ? Comme dans Blair Witch, le rythme est très contemplatif, il ne se passe en fait pas grand chose, tout est basé sur l'ambiance et l'atmosphère. Pour dynamiser un peu le récit, les réalisateurs font intervenir deux rednecks qui possèdent un barbecue assez original puisqu'il est à la forme de Baphomet ! Des rednecks qui, si vous avez été attentif, ressemblent comme deux gouttes d'eau à un des dessins crées par Oralee, dessins qui montraient deux démons s'habiller avec une enveloppe humaine afin de tromper leur monde, enveloppe humaine qui correspond donc au deux rednecks précités ! Des rednecks satanistes qui plus est, dont l'un aime faire l'amour aux animaux morts (!), et qui sont adeptes de la cuisson d'humains dans leur barbecue ! Sympa !

Le périple de Nathan et d'Oralee prend donc une tournure inattendue et dangereuse pour le duo frère / sœur et on se demande comment tout ça va finir. Histoire d'en rajouter dans l'étrangeté des situations, les deux réalisateurs ont intégré dans Antrum des images subliminales ainsi que le sigil du démon Astaroth, qui apparaît sous forme de flash ultra-rapide plus de 170 fois au cours du film ! Bon, mais au final, est-ce qu'on a eu peur en regardant L'Antre : le film le plus meurtrier jamais réalisé ? Et surtout, est-ce qu'on a eu peur de la soit-disant malédiction ? Bah non. Ça reste bien foutu, légèrement stressant parfois, comme lorsqu'on passe la nuit en forêt en fait. C'est vraiment un clone de Blair Witch et si ce film n'est pas votre tasse de thé, alors L'Antre vous fera le même effet. Personnellement, je n'ai pas trouvé ça désagréable à regarder mais je ne m'en remettrai pas une seconde couche. C'est bien fait dans ce style précis en tout cas.




Stéphane ERBISTI

ANTIVIRAL (2012)

 

Titre français : Antiviral
Titre original : Antiviral
Réalisateur : Brandon Cronenberg
Scénariste : Brandon Cronenberg
Musique : E.C. Woodley
Année : 2012
Pays : Canada
Genre : Infection
Interdiction : -12 ans
Avec : Caleb Landry Jones, Sarah Gadon, Malcolm McDowell, Joe Pingue...


L'HISTOIRE : La communion des fans avec leurs idoles ne connait plus de limites. Syd March est employé d’une clinique spécialisée dans la vente et l’injection de virus ayant infecté des célébrités. Mais il vend aussi ces échantillons, pour son propre compte, à de puissantes organisations criminelles. Sa méthode pour déjouer les contrôles de la clinique : s’injecter les virus à lui-même. Mais ce procédé va s’avérer doublement dangereux : porteur du germe mortel ayant contaminé la star Hannah Geist, Syd devient une cible pour les collectionneurs...


MON AVISCronenberg. Un nom bien connu des amateurs de cinéma d'horreur et même de cinéma tout court, tant la filmographie du canadien David Cronenberg a évolué au fil du temps et s'est mis à toucher un public bien plus large avec ses dernières œuvres. Antiviral est le premier long métrage de son fils, Brandon Cronenberg. La lecture du synopsis nous fait dire immédiatement que le fiston a bien ingurgité la première partie de l'oeuvre de son père (Rage, Chromosome 3, Frissons, Vidéodrome, Scanners) et que les centres d'intérêt de ce dernier (la chair, la mutation, l'oganique, la dégénérescence physique) se retrouvent dans Antiviral. Ce n'est pas faux mais Brandon Cronenberg ne se contente pas d'être un David Cronenberg Bis.

Il nous propose avec Antiviral un film assez difficile d'accès, au rythme particulièrement lent, contemplatif et il faudra être dans de bonnes dispositions pour le visionner. Le scénario est vraiment très intéressant et cette satire du monde des célébrités est bien trouvée. Imaginez un peu : les fans vont jusqu'à s'injecter des virus de maladies contractés par leurs idoles, afin d'être en phase avec elles, de ressentir ce qu'elles ressentent. 

De la science-fiction réaliste qui apparaît en fait peu éloigné de la réalité puisqu'un fan a été jusqu'à acheter le mouchoir de Britney Spears dans lequel la star s'était mouchée. Pourquoi pas alors aller jusqu'à s'injecter le rhume de tel star ou l'herpès labial contracté par une autre ? Avec une mise en scène sobre, épurée, avec un sens du décorum particulier, très froid, très médical, Antiviral parvient à nous intéresser à ce drôle de phénomène de mode et à la vie du personnage principal, particulièrement bien interprété par l'acteur Caleb Landry Jones, dont la blancheur de peau et les tâches de rousseur font qu'il n'a pas à aller chercher bien loin pour nous faire croire qu'il est malade et contaminé.

D'autres idées incroyables parsèment le film, comme cette viande fabriquée avec l'aide des cellules des stars ! L'anthropophagie n'est pas loin ! Antiviral est donc un voyage plus expérimental que cinématographique, âpre et assez glacial, glauque et dérangeant, qui ne tente jamais de satisfaire le plus grand nombre et qui risque vraiment de faire fuir la plupart des spectateurs. C'est l'antithèse totale d'un blockbuster. 

Le film est certes imparfait, ennuie quelquefois avec des longueurs qui ne font pas avancer l'histoire. L'ombre de David Cronenberg pèse également sur les épaules du jeune réalisateur, mais en utilisant approximativement les mêmes thèmes, la comparaison était inévitable. En tout cas, Antiviral est un film courageux, méritant, visuellement très soigné et qui laisse espérer un beau futur pour Brandon Cronenberg s'il parvient à s'extraire des influences de papa.




Stéphane ERBISTI

ANGEL HEART (1987)

 

Titre français : Angel Heart
Titre original : Angel Heart
Réalisateur : Alan Parker
Scénariste : William Hjortsberg, Alan Parker
Musique : Trevor Jones
Année : 1987
Pays : Usa, Angleterre, Canada
Genre : Diable et démons
Interdiction : -12 ans
Avec : Mickey Rourke, Robert De Niro, Lisa Bonet, Charlotte Rampling...


L'HISTOIRE : Harold Angel est un détective privé plutôt raté de Brooklyn, athée et très personnel. Un jour, il reçoit un coup de fil d'un avoué de justice. Cet avoué travaille pour Louis Cypher, qui souhaite confier une mission à Angel, qu'il prétend avoir découvert parce que son nom commence par un A, et qu'il était en tête de liste des pages jaunes. La vie d'Harold Angel va basculer lorsqu'il reçoit ce coup de fil. Effectivement, étant habitué aux histoires banales de divorces, Angel va alors être irrémédiablement attiré par la proposition de Louis Cypher, un étranger dont il pense que le nom est un calembour à trois sous. Cette proposition consiste à retrouver un certain Johnny Favorite, un homme devenu amnésique et perdu dans la nature qui aurait des dettes envers Louis Cypher. Ce dernier se gardant par ailleurs bien de préciser à Angel quel genre de dettes, ce qui aura pour effet d'intéresser le détective, curieux de nature. Cette péripétie va conduire notre héros vers la Louisianne, terre du Vaudou...


MON AVISMickey Rourke, à cette époque acteur pour midinettes, nous interprète ici un personnage plutôt névrosé, et même peureux. De ce fait on ressent un doute quant au choix de son métier de détective privé, qu'il ne semble pas assumer au premier abord. Mais par moment, on ressent une réelle personnalité, l'envers du décor en quelque sorte, et plus on avance dans le film, plus cela devient flagrant. On appréciera particulièrement son ironie et ses répliques dignes d'un fidèle adepte des emballages de Carambars ou de l'émission de Laurent Ruquier. Il en vient même par moments à être sadique, pour le plaisir.

Robert De Niro est tout simplement splendide. Son personnage, sombre et mystérieux, semble bien sûr de lui et de ses desiderata. Il surenchérit à chaque fois qu'Angel lui étale une personnalité qui ne lui convient pas. Il souhaite voir Angel fidèle à une image qu'il a parfaitement en tête et ne cesse de le pousser à continuer, appréciant de le voir dévoiler une autre personnalité. Mais aussi de le voir flipper, il y prend un réel plaisir.

Alan Parker filme ici de manière plutôt traditionnelle. Cependant il affectionne plus particulièrement les plans serrés, bien évidemment pour renforcer l'aspect angoissant et claustrophobe du métrage. Ce qui contraste curieusement avec les merveilleux décors extérieurs naturels de la Louisiane, cette fois-ci cadrés en plan large, comme pour aérer l'histoire afin que le spectateur ne se sente pas trop lassé et fasse quelque pauses pour reposer sa cervelle. Les plans larges sus-cités servent une photographie exemplaire, contrastée comme il a été précisé, oscillant entre teintes chaudes et froides. On appréciera également d'autres coupures représentées par les cauchemars d'Angel, qu'on imagine alors sombrer dans la folie.

Le scénario étant subtil, il faudra beaucoup de perspicacité pour deviner la fin du film à première vue, et là aussi, Alan Parker se régale et ça se voit. Il joue avec le spectateur, le faisant presque vivre la folie destructrice d'Angel.

Trevor Jones, curieusement pas si connu que ça, opte ici pour une musique de film policier pure et dure. J'entends par là un blues typique et apaisant. Ce qui permet de gommer partiellement l'aspect fantastique pur du film et certainement porter Angel Heart envers un public plus large.

En résumé, Angel Heart nous transporte non seulement hors du temps, mais dans un autre univers. Le seul moment où l'on atterrit étant à la fin du film, que je me garderai de vous dévoiler ici. Ce métrage me fait penser au jeu Maupiti Island, en extrêmement plus glauque, et fait quoiqu'il en soit référence aussi bien dans le monde du Polar que celui du Fantastique. C'est ce que l'on appelle un film de box office, une perle pour beaucoup de monde.




Lionel COLNARD

AMERICAN MARY (2012)

 

Titre français : American Mary
Titre original : American Mary
Réalisateur : Jen Soska, Sylvia Soska
Scénariste Jen Soska, Sylvia Soska
Musique : Peter Allen
Année : 2012
Pays : Canada
Genre : Tueurs fous
Interdiction : -16 ans
Avec Katharine Isabelle, Antonio Cupo, Tristan Risk, David Lovgren, Paula Lindberg...


L'HISTOIRE : Mary est une brillante étudiante en médecine, mais elle est aussi fauchée. Afin de pouvoir payer ses factures, elle tente de se faire engager dans un club de danseuses. Sur place, on lui offre un gros montant d’argent, en échange de ses services de chirurgienne. C’est alors qu’elle est entraînée dans le domaine de la transformation corporelle et de la médecine clandestine... 


MON AVISLes jumelles Soska sont deux jeunes réalisatrices canadiennes passionnées par le cinéma d’horreur. Elles ont l’habitude de travailler ensemble, et American Mary est leur deuxième long-métrage (le premier est Dead Hooker in a Trunk de 2009). Elles ne sont pas que derrière la caméra, puisqu’elles se sont offertes le rôle des jumelles désirant une transformation extrême.

La réalisation des sœurs Soska est aussi précise qu’un travail de chirurgie ! Rien en trop, rien en moins. Ce thriller horrifique nous amène dans un univers particulièrement underground, peu connu, soit le monde du body transformation où toutes les folies sont permises. Esthétique, stylisé, glauque et sadique, le film ne s‘appuie pas sur les scènes gores, bien qu‘il y en ait, mais plutôt sur la tension, maintenue brillamment tout le long du métrage.

Le choix du casting s’avère aussi très efficace. Katharine Isabelle, bien connue pour son rôle de Ginger dans la saga Ginger Snaps, transcende l‘écran. Elle porte le film du début à la fin. De simple étudiante fauchée à boucher, froide, sans concession, Mary s’enfonce, et Katharine Isabelle lui donne vie. On est loin de l’adolescente de Freddy contre Jason, elle a pris beaucoup de maturité.

American Mary a fait sensation dans divers festivals. Il a remporté plus d‘une vingtaine de prix, dont souvent la meilleure réalisation, meilleur film, meilleure actrice, les meilleurs maquillages et directeur de la photographie. Même en France, à La Samain du Cinéma Fantastique, elles ont remporté le prix de la meilleure réalisation. Les sœurs Soska ont misé juste : American Mary est tout simplement une réussite.




Sarah GILBERT

AMERICAN GOTHIC (1987)

 

Titre français : American Gothic
Titre original : American Gothic
Réalisateur : John Hough
Scénariste Burt Wetanson, Michael Vines
Musique Alan Parker
Année : 1987
Pays : Canada, Angleterre
Genre : Tueurs fous
Interdiction : -12 ans
Avec Rod Steiger, Yvonne de Carlo, Michel J. Pollard, Fiona Hutchinson...


L'HISTOIRE : Suite à la mort accidentelle de leur enfant, Cynthia est emmenée en vacances par son petit ami, Jeff. Accompagnés par des amis, ils voyagent à bord d'un petit avion mais à cause d'un incident technique, ils sont contraints de se poser sur une île d'apparence déserte. Mais l'endroit s'avère habité par une famille particulière pour qui le temps est resté bloqué en 1920. Le vernis amical de leur accueil craque peu à peu et finit par livrer le plus terrible des secrets de famille…


MON AVISA première vue, American Gothic ressemble à n'importe quel slasher convenu, mais il n'en est rien. Tout comme l'amabilité de la famille habitant cette île, le début un peu long et fait de clichés n'est qu'une façade. Mais dès que la bande de jeunes rencontre Ma et Pa et leurs trois rejetons, un climat étrange s'installe et on se dit qu'on laissera le bouton avance rapide tranquille. Et on fait bien parce que nous plongeons ensuite dans l'ambiance oppressante qui imprègne ces lieux depuis des années en se demandant si elle n'émane pas de la famille elle-même, ayant été absorbée par les murs pour ensuite contaminer tous ceux qui s'en approchent, voire même les attirer.

Ma et Pa ont trois enfants adultes, Fanny, Teddy et Woody. Ceux-ci se comportent comme les enfants que leurs parents voient encore en eux, alors qu'ils ont la cinquantaine facile. Fanny s'habille avec des petites robes roses et porte des couettes, Woody joue à la balançoire et Teddy entraîne tout le monde dans un jeu d'indiens et de cow-boys qui, comme les autres amusements, n'est qu'un prétexte pour laisser libre cours à l'adulte refoulé qui sommeille en eux, et qui se manifeste par des pulsions meurtrières.

Petit à petit, l'histoire de cette étrange famille se dévoile et on réalise que Fanny est loin d'être aussi simple qu'elle en donne l'air, ayant déjà séduit ses deux frères, et on se demande alors raisonnablement ce qui a pu se passer avec son père. Ce dernier est interprété avec brio par un Rod Steiger des plus inquiétants, dont toute la perversité est démontrée lors d'une scène surréaliste. Woody viole une des filles de la bande et sera puni sévèrement par son père pour cette agression s'étant déroulée hors de la famille. Durant cette scène qui met extrêmement mal à l'aise, on remarque que Cynthia se transforme peu à peu. Elle n'était déjà pas en état de faire face à la mort de son enfant, alors toute cette violence n'arrange en rien les choses. Elle se rapproche doucement de Fanny qui lui a déjà présenté son bébé à elle (que je préfère vous laisser découvrir par vous-mêmes…) et semblera aux anges d'avoir trouvé une nouvelle copine. Le climax sera atteint le jour où ils fêteront les 12 ans de Fanny et que Cynthia sera présentée avec une surprise des plus inattendues…

La dualité des personnages des enfants-adultes est le plus présent chez Fanny dont le côté mère castratrice domine complètement ses frères. On se demande même par moments si elle n'aurait pas remplacé sa propre mère sinon physiquement, du moins par sa présence. Quelques allusions à peine voilées de Pa sont particulièrement convaincantes en ce sens et l'origine du bébé de Fanny prend une toute autre signification. Et lorsque Pa avoue à ses hôtes qu'il garde sa famille isolée ici afin de les protéger du monde extérieur, la menace sous-jacente qui se tenait dans l'ombre jusque là devient tout à coup effroyablement réelle.

Cette histoire d'une famille de tueurs dégénérés est particulièrement bien racontée, même si l'hémoglobine ne coule pas à flots. Je recommande ce film de John Hough, décidément un réalisateur très intéressant !



Marija NIELSEN

ALONE IN THE DARK (2005)

 

Titre français : Alone in the Dark
Titre original : Alone in the Dark
Réalisateur : Uwe Boll
Scénariste Elan Mastai, Michael Roesch, Peter Scheerer
Musique Reinhard Besser, Oliver Lieb, Bernd Wendlandt, Peter Zweier
Année : 2005
Pays : Usa, Canada, Allemagne
Genre : Monstre
Interdiction : -12 ans
Avec Christian Slater, Tara Reid, Stephen Dorff, Frank C.Turner, Matthew Walker...


L'HISTOIRE : Lorsque son meilleur ami, Charles Fiske, trouve la mort au cours d'une enquête sur la mystérieuse île Shadow Island, située au large de Boston, le détective Edward Carnby décide alors de continuer l'enquête. Sur place, il fera équipe avec Aline Cedrac,une jeune anthropologiste spécialiste des langues anciennes. La jeune femme travaille justement sur de mystérieuses tablettes qui pourraient avoir un lien avec le passé de Carnby...


MON AVISLorsque dans quelques années, des cours de cinéma prendront comme sujet d'étude les plus mauvais réalisateurs de l'histoire du 7ème Art, nul doute qu'une place en or sera faite à monsieur Uwe Boll. Après son navrant mais rigolo House of the Dead, le bougre récidive dans l'adaptation vidéo ludique. Comme je vois vos regards apeurés et l'interrogation concernant la qualité filmique de la chose, je ne vais pas vous laisser dans l'attente plus longtemps ! Alone in the Dark est mieux filmé (déjà Boll nous épargne les inserts du jeu vidéo et les effets tournoyants autours des personnages pour annoncer qu'ils sont morts). Pour autant, on est loin d'une grande réussite. C'est même un ennui mortel qui nous envahit car, contrairement à House of the Dead, nos zygomatiques sont moins demandés. Du coup, Alone in the Dark perd le seul intérêt qu'il pourrait avoir aux yeux des amateurs de nanars.

S'il y en a qui vont hurler et crier au scandale, ce sont surtout les connaisseurs des jeux vidéos du même nom. Une série de 4 jeux made in France (l'ancêtre des survival horror) à l'ambiance particulièrement flippante. Mais, là où le jeu misait surtout sur l'enfermement et la claustrophobie, Alone in the Dark se plante dans toutes les largeurs en nous promenant dans la ville avant de comprendre qu'il nous faut un lieu clos (la mine). Étrangement, l'histoire n'entretient aucun rapport avec le background du jeu. Les références lovecraftiennes ainsi passées à la trappe, il reste quoi ? Un scénario prétexte où Boll voudrait bien se prendre pour James Cameron sur Aliens le Retour. Inutile de dire qu'il en est loin, avec ces scènes d'action mal fichues. Les monstres y sont trop peu mis en valeur. Plus que Lovecraft ou même Alien, c'est le monster movie Relic de Peter Hyams qui revient à nos mémoires (avec une démarche et un look des monstres similaires). Le film de Hyams n'a d'ailleurs aucun souci à se faire. Alone in the Dark ne le menace aucunement.

S'il y en a qui devraient se faire des cheveux blancs, ce sont les acteurs vedettes du film venus se perdre dans une aventure à haut risque. Si Tara Reid nous a habitué à ses rôles dans des films vite oubliés à destination des teenagers (Urban Legend, American Pie), on regrettera plus la présence de Christian Slater (il vaut mieux le visionner dans le slasher pour adultes d'Harlin, Mindhunters) et de Stephen Dorff (quoique, après La Gorge du Diable minable thriller avec les has been Sharon Stone et Dennis Quaid...)

Des acteurs pris au piège d'un scénario des plus basiques, avec secrets et trahisons à la clé. Bien sûr la vérité est encore ailleurs (soupirs). Un moment unique qui viendra nous réveiller de notre état semi comateux : la scène d'amour entre Tara Reid et Christian Slater. Oh, rien de chaud ni d'épicé, mais juste le choix douteux de la musique qui accompagne la scène (la pire musique choisie pour ce genre de scène). Du coup, on a l'impression d'assister à une coupure pub, car bien évidemment elle arrive là comme un cheveux sur la soupe.

Commencée sous des airs de film de zombies lorsque Christian Slater est attaqué, l'intrigue (!!) bifurque vers plus de mystère nous éloignant des rives de la zéderie. Pas sûr qu'on y soit gagnant. Les acteurs, eux certainement, évitant de plomber définitivement leur carrière. Les quelques idées disséminées de-ci, de-là ne peuvent rien face au désastre annoncé. Résultat : un produit sans âme et sans intérêt. Le malheur dans tout ça, c'est que Uwe Boll va recommencer avec sa nouvelle adaptation vidéo ludique, BloodRayne. Incroyable qu'un type aussi peu doué ait le droit de continuer à faire des films. Incroyable aussi que j'ai eu la curiosité de le visionner. On ne m'y reprendra pas.




Gérald GIACOMINI

LES AFFAMÉS (2017)


Titre français : Les Affamés
Titre original : Les Affamés
Réalisateur : Robin Aubert
Scénariste Robin Aubert
Musique : Pierre-Philippe Côté
Année : 2017
Pays : Canada
Genre : Infection
Interdiction : -12 ans
Avec Marc-André Grondin, Monia Chokri, Charlotte St-Martin, Brigitte Poupart...


L'HISTOIRE : Au nord du Québec, une mystérieuse épidémie ravage les campagnes. Certains canadiens ne sont plus ce qu’ils étaient et semblent avoir été infectés par une sorte de virus les transformant en êtres cannibales. Appelés les affamés, ces derniers sont semblables à des morts-vivants et s’en prennent aux malheureux qui croisent leurs chemins. Une poignée de survivants font en sorte de leur échapper...


MON AVISAprès Saints-Martyrs-Des-Damnés (2005) ayant reçu le Prix de la Meilleure Réalisation à Fantasporto 2006 et A l’origine d’un Cri (2010), drame social plébiscité par la critique et ayant fait le tour des festivals internationaux, le réalisateur Robin Aubert revient avec un cinquième film intitulé Les Affamés.

Les Affamés peut être vu comme un film d’auteur mêlant avec pas mal de réussite aspect horrifique, puisque nous sommes purement dans le film de contamination / infection avec des personnes dévorant leurs victimes, et aspect dramatique, avec cette famille séparée, bon ami décédé, petite fille devenue orpheline et récupérée par un duo mixte de survivants, le tout saupoudré d’une bonne touche d’humour en prime.

Je parle ici de film d’auteur car Robin Aubert semble vouloir clairement se détacher de ce que l’on voit habituellement dans des films d'infection, ce dernier apportant une touche personnelle bienvenue, même si cette dernière ne plaira peut-être pas forcément à tout le monde, avec des séquences plus ou moins métaphoriques dont certaines interpellent, plus particulièrement dans la seconde partie, et font appel à votre imagination. Il n’était d’ailleurs pas rare durant le festival vosgiens d’entendre des what the fuck ? au sujet de certains passages en toute fin du film.

Film d’auteur car, comme je le disais, ici on essaye de sortir des sentiers battus à de nombreuses reprises. Exit donc la partie découverte dirons-nous (vous savez, celle où on commence à constater des symptômes chez certaines personnes et où la population commence à s’affoler pendant que les médias balancent à tout-va des flashs infos au sujet de cette épidémie grandissante...) car dans Les Affamés, le cadre post-apocalyptique est déjà en place, si on fait exception de la séquence servant d’amorce pour le titre. La contamination a en effet déjà bien commencé quand nous arrivons au Québec. Les terres sont désertiques, les personnes encore saines semblent déjà habituées à vivre dans cet univers ravagé par cette mystérieuse contamination, deux amis se racontent des petites blagues en regardant brûler un cadavre de contaminé comme si de rien n’était, une dame se promène avec sa machette, rien de plus normal, et s’arrête pour zigouiller de temps à autres un infecté...

Dans le film de Robin Aubert, nous suivons des personnages fuyant ces infectés qui parcourent la campagne, en solo ou en petits groupes, et vont se retrouver tous ensemble à un moment donné. Un scénario formé au départ de petits segments, avec des sous-histoires dirons-nous et dont les pièces du puzzle vont progressivement s’assembler, après quelques péripéties bienvenues, des rencontres inattendues, pour donner un noyau dur de survivants. Car nous le savons bien : dans ce genre de scénario, film d’auteur ou pas, l’unité est primordiale car se séparer est la meilleure solution pour se faire décimer au final.

Et même si le côté film d’auteur se ressent même dans ses spécificités les moins appréciées généralement par le Grand Public – ce rythme lent dans la narration pouvant gêner certaines personnes, avec des scènes sont parfois très longues, entre l’exploration d’une ferme et des scènes de contemplation - au moins aucun doute là-dessus : nous sommes bien loin du blockbuster américain où tout est déjà convenu à l’annonce même du résumé et c’est tant mieux ! Cependant, Les Affamés n’oublie pas les codes du genre : une morsure qui est fatale pour la victime, les longues visites de maisons abandonnées, les courses-poursuites dans les bois, cette fâcheuse habitude de se diviser dans les mauvais moments et j'en passe.  

Mais ce qui fit mouche lors de sa projection à Gérardmer chez de nombreux festivaliers interrogés sur place, c’est sans conteste ce mélange entre horreur, drame et humour. Un savant mélange bien dosé par Robin Aubert qui parvient à nous tenir en haleine du début à la fin grâce à cet aspect dramatique teinté d’humour, noir de préférence. Bien dosé disais-je car oui l’objectif ici n’est pas de tomber dans un Shaun of the Dead, Mad Zombies, Zombieland, Cockneys vs Zombies et autres comédies zombiesques mais bien de rester avant tout dans cet aspect dramatique, d’ailleurs le final viendra le confirmer.

C’est amusant de dire cela mais c’est donc avec parcimonie que Robin Aubert parvient toutefois paradoxalement à faire la part belle à l'humour tout en conservant en priorité le côté dramatique de la situation. Petites blagues de derrière les fagots distillées par un Marc-André Grondin très juste dans son interprétation, dialogues pétillants, situations quelque peu absurdes (une Brigitte Poupart qui dézingue à tout-va de l'infecté comme une acharnée, des cornichons en guise de repas quelque peu frugal...) et répliques flashs faisant mouche, comme cette scène hilarante où Marc-André Grondin part en plein discours face à une Monia Chokri qui finit par lui annoncer au bout d’un certain temps qu’elle n’a rien entendu car elle a des boules Quies.

Un casting d’ailleurs très convaincant, parvenant tantôt à nous faire rire tantôt à nous attendrir (la pauvre petite Zoé jouée par une jeune mais déjà talentueuse Charlotte St-Martin), chacun essayant de s’échapper à sa manière de ce monde ravagé (les blagues pour Bonin ou l’accordéon pour Tania comme échappatoire, pendant que d’autres préfèrent, comme Zoé, s’isoler par la pensée et l’imaginaire). Une galerie de personnages assez atypiques qui forcément donne envie : entre un pauvre gars roi de la blague, héros malgré lui et au final très attachant, des femmes fortes qui n’hésitent pas à buter tout ce qui bouge, un garçon-soldat ou encore une petite brune un brin fofolle par moments et maladroite à souhait, difficile de s’ennuyer devant le film de Robin Aubert !

Ajoutez à cela des infectés plutôt convaincants (hargneux, vifs et avides de chair fraîche), même si leur identité n’est pas vraiment dévoilé, ce qui reste probablement LE grand mystère du film. Mais qu’est-ce donc ? On les surnomme des choses tout au long du film. On pense par moment à des humains aux prises avec des extraterrestres, en raison de ces moments d’absence qu’ils ont, comme s’ils étaient en communication avec une entité, et ces étranges montagnes d’objets impossibles à confectionner à mains nues et semblables à des autels qu’ils construisent, comme pour signaler leur présence à quelque chose dans le ciel, ou encore à des zombies qui auraient gardé une part d’humanité (car ils communiquent entre eux par des cris et tendent des pièges aux gens normaux).

Et même si pas mal de meurtres sont hors-champs (manque de budget ou réelle volonté du réalisateur ? Restent les bruits de machettes, les détonations et les cris pour témoigner de toute la sauvagerie de certaines séquences), si l’on fait exception d’une bataille finale (où l’une des héroïnes interprétée par Brigitte Poupart joue les Azumi / Michonne sur un champs de bataille façon Braveheart ou Kill Bill), les maquillages et effets spéciaux sont simples mais efficaces.

Que demander de plus à ce petit film ? Peut-être quelques attaques d’infectés supplémentaires, histoire de pimenter encore un peu plus le film qui décroit un peu en rythme par moments. Mais bon, une fois de plus, n’oublions pas que nous sommes clairement face ici à un film d’auteur d’où la non-surenchère de gore, l’utilisation non abusive de clichés du genre ou encore un rythme parfois lent...

Sympa, amusant et évitant les écueils du déjà-vu, Les Affamés demeure un bon petit film d'infectés ! Le film de Robin Aubert ne répondra pas à toutes nos interrogations et Dieu seul sait combien il y en a suite au visionnage de son long-métrage (mais qui sont exactement ces êtres sanguinaires ? Comment sont-ils devenus ce qu’ils sont ? Pourquoi donc ces personnes infectées amassent-elles des tonnes d'objets pour en faire des petites montagnes? Et d’ailleurs comment s’y prennent-elles pour confectionner celles-ci ? Et pourquoi restent-elles parfois immobiles dans les champs en fixant au loin ?) Mais bon réjouissons-nous et laissons donc libre cours à notre imagination, le cinéma actuel ultra-formaté ne nous en laissant que très peu de fois l’occasion...




David MAURICE