Affichage des articles dont le libellé est Italie. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Italie. Afficher tous les articles

BAD BRAINS (2006)

 

Titre français : Bad Brains
Titre original : Bad Brains
Réalisateur : Ivan Zuccon
Scénariste : Ivo Gazzarrini, Ivan Zuccon
Musique AcidVacuum
Année : 2006
Pays : Italie
Genre : Tueurs fous
Interdiction : -16 ans
Avec Emanuele Cerman, Valeria Sannino, Matteo Tosi, Kristina Cepraga, Liliana Letterese...


L'HISTOIRE : Davide et sa fiancée Alice kidnappent et assassinent leurs proies dans un but précis : ils cherchent quelque chose dans les cadavres et s'assurent avant les meurtres que leurs victimes ressentent la sensation de peur. Leur petit monde macabre va être perturbé lorsqu'un certain Mirco fait irruption dans leur maison de l'horreur. Ce dernier ne semble pas ressentir la moindre peur à leur contact et semble en savoir beaucoup sur eux et sur leur passé...


MON AVISPassionné par les récits de H.P. Lovecraft, le réalisateur italien Ivan Zuccon s'est lancé dans une série d'adaptation dès les années 2000, avec des titres tels The Darkness Beyond, Unknown Beyond ou The Shunned House. Des films à petits budgets, réalisés en vidéo, avec les moyens du bord mais surtout de la passion. En 2006, il tente de s'éloigner de son maître à penser avec Bad Brains, tout en lui faisant un clin d'oeil à travers la vision à de multiples reprises d'un ouvrage du maître de Providence. Toujours filmé au format vidéo, Bad Brains nous emmène à la suite de Davide et Alice, deux tueurs en série qui ne font pas dans la dentelle et massacrent à tour de bras de nombreuses victimes. Si de prime abord, les meurtres semblent gratuits, il n'en est rien car Davide semble chercher quelque chose de bien précis à l'intérieur des nombreux cadavres qui s'entassent dans leur maison isolée, transformée en véritable refuge de l'horreur dans lequel seul un esprit totalement dérangé pourrait vivre.

Ça tombe bien, Davide semble totalement cinglé et il en va de même pour sa fiancée Alice, qui n'est autre que sa sœur ! Un couple incestueux et fusionnel, dont les nombreux flashback nous font comprendre que leur folie meurtrière ne date pas d'aujourd'hui, puisque, à l'époque où ils n'étaient que des enfants, ils ont déjà manier du couteau en assassinant leur père et leur mère, tout comme il semblerait qu'ils aient fait mu-muse avec une poussette et son petit occupant, en la poussant dans les escaliers. Sympa ! La question qui nous interroge ici est donc de savoir ce que cherche Davide dans les corps qu'ils charcutent sans remords aucun. Il apparaît clairement que cette quête est le fait de Davide et qu'Alice ne fait que l'aider à trouver ce mystérieux Graal, ce qui ne retire en rien la folie qui habite également la jeune femme. Cette dernière garde en effet une femme prisonnière dans cette lugubre maison, femme qu'elle considère comme sa poupée et à qui elle témoigne une légère affection.

Ce portrait des deux psychopathes et cette recherche dont nous sommes les témoins nous rappellent parfois Martyrs de Pascal Laugier, Davide insistant fortement sur le fait qu'avant de tuer une victime, il faut que celle-ci ressente la peur, la vraie sinon, il ne faut pas encore la tuer. Étrange et intrigant. Si cet aspect quelque peu métaphysique donne son intérêt à Bad Brains, ce n'est pas le seul point positif à mettre à son crédit. Même si le format vidéo peut dérouter et donner une impression d'amateurisme au film, on sent qu'Ivan Zuccon se donne du mal pour apporter de l'ampleur à sa mise en scène, avec de nombreux mouvements de caméra, travelling et autre techniques propres à la réalisation. Le montage est également à mettre en avant, ne respectant pour une traditionnelle linéarité mais faisant de perpétuels aller-retour entre le présent et le passé.

L'arrivée du mystérieux Mirco apporte également une nouvelle source de questionnement car il semble en savoir beaucoup sur les deux tueurs et annonce ouvertement être connecté à Davide, proclamant même à Alice que si il meurt, Davide mourra également ! Comment, pourquoi, qui est-il réellement, pourquoi semble-t-il avoir des stigmates au creux des mains ? Autant de questions qui trouveront bien sûr une résolution à la fin du film. 

Niveau casting, les acteurs font le job correctement pour ce type de petites productions, notamment Emanuele Cerman qui joue Davide. Valeria Sannino se montre également à l'aise avec le personnage d'Alice, sombrant parfois dans une certaine théâtralité mais rien de dommageable. 

Bad Brains se montre assez violent et sanglant, et il bénéficie d'effets spéciaux assez réussis et bien travaillés. Le décor de la maison, son intérieur délabré et bariolé d'effusions sanguinolentes, apporte une touche malsaine bienvenue. Le film est aussi bardé d'éléments symboliques et le scénario est bien plus complexe qu'il n'y paraît, bien plus tortueux, bien plus psychologique, un peu comme les récits de Lovecraft

Bref, Bad Brains se montre intéressant à bien des égards et pour son quatrième film, Ivan Zuccon nous offre un bon film d'horreur italien et prouve qu'il a des choses à raconter. Si vous suivez ce réalisateur, impossible de nier qu'il progresse film après film et qu'il est un de ces nouveaux réalisateurs sur qui il faut compter dans le paysage du cinéma bis horrifique italien.




Stéphane ERBISTI

BAD BOY BUBBY (1993)

 

Titre français : Bad Boy Bubby
Titre original : Bad Boy Bubby
Réalisateur : Rolf de Heer
Scénariste : Rolf de Heer
Musique Graham Tardif
Année : 1993
Pays : Australie, Italie
Genre : Trash
Interdiction : -16 ans
Avec Nick Hope, Claire Benito, Ralph Cotterill, Carmel Johnson...


L'HISTOIRE : Bubby, 35 ans, est élevé par sa mère dans une pièce insalubre et confinée. Il ne connaît que ces lieux et n'a pas conscience de l'existence d'autres êtres humains. Sa génitrice, qui lui a toujours fait croire que l'air du dehors était vicié et mortel, s'occupe plus ou moins de lui selon son humeur : elle le lave, lui donne à manger et lui fait l'amour ! Un beau jour le père du rejeton qui n'était pas apparu depuis la naissance "du petit" débarque et l'univers de Bubby s'en trouve ainsi totalement chamboulé. Cet événement va alors lui offrir, après divers bouleversements, l'opportunité de découvrir le monde extérieur. Commence donc pour Bubby un voyage initiatique au cours duquel il va essayer de se frayer un chemin dans un univers chaotique empli de dépravés de toutes sortes tentant d'abuser de sa troublante naïveté...


MON AVISCe film est très dérangeant mais fascinant à différents degrés. Le premier se situe au niveau de l'éventail très diversifié des personnages que rencontre Bubby : une chanteuse de la chorale de l'armée du salut qui l'emmène dans son lit, un groupe de rock dont les membres en font le principal interprète grimé en prêtre, un détenu muet qui le sodomise, une infirmière s'occupant d'handicapés et dont il tombe amoureux et tant d'autres phénomènes de foire. De Heer nous brosse d'admirables portraits et ne se gène pas pour écorner certains traits de la société dans laquelle nous évoluons et dont il a d'ailleurs, une vision assez réaliste.

Le second attrait de ce métrage déjanté est l'acteur interprétant Bubby qui réussit là une prouesse de comédien incroyable : arriver à passer d'une scène de meurtre à une scène d'amour avec la même candeur à la fois troublante et touchante est une authentique performance. Vous l'aurez compris, Nick Hope est fantastique dans ce film tant par son jeu phénoménal que par les émotions qu'il suscite. Il a d'ailleurs obtenu le prix du meilleur acteur australien en 1994 et le prix d'interprétation au Festival de Venise en 1993 où le film a reçu le grand prix du jury.

Enfin, ce qui séduit avant tout, c'est ce savant mélange de scènes éclectiques qui nous fait passer du rire aux larmes en un éclair et nous met tantôt mal à l'aise (voir à ce propos la première demi-heure du film qui a été tournée en 1.33 et non en écran large afin de rendre compte de l'atmosphère la plus claustrophobe qui soit. Le rendu était tel que l'équipe du tournage, le réalisateur y compris, ne pouvait plus en supporter le visionnage !) ou tantôt nous réjouit (notamment quand Bubby découvre pour la première fois le monde extérieur) et ça, c'est le vrai cinéma !

Cette diversité rend ainsi ce long-métrage quasi-inclassable vu qu'il flirte avec de nombreux genres (le drame, la comédie, le film de serial killer, le conte philosophique,...), c'est une sorte de Bernie de Dupontel en plus trash !

Il est alors dommage pour les spectateurs et pour tous les artistes à l'origine de cet ovni cinématographique que ce dernier n'ait pas connu un triomphe mérité, mais juste un petit succès d'estime. A quand donc une sortie DVD digne de ce nom pour une réhabilitation à juste titre ?




Vincent DUMENIL

BABA YAGA (1973)

 

Titre français : Baba Yaga
Titre original : Baba Yaga
Réalisateur : Corrado Farina
Scénariste : Corrado Farina
Musique : Piero Umiliani
Année : 1973
Pays : Italie, France
Genre : Insolite
Interdiction : -12 ans
Avec : Carroll Baker, George Eastman, Isabelle De Funès, Ely Galleani...


L'HISTOIRE : Alors qu’elle rentre seule d’une soirée, la photographe de mode Valentina fait la connaissance d’une femme mystérieuse prénommée Baba Yaga. Peu de temps après, Valentina semble comme envoûtée par l’image de Baba Yaga et des événements curieux se produisent autours d’elle. La jeune femme a des visions, la réalité semble irréelle…


MON AVISBaba Yaga. Un nom bien connu des enfants puisqu’elle représente souvent une sorcière, issue du folklore slave. Le film ci-présent va la mettre en scène de manière originale. Il faut d’abord rappeler que ce film est l’adaptation d’un fumetto, équivalent d’un comic américain mais en Italie. C’est le dessinateur Guido Crepax qui a inventé le personnage de Valentina, dont le look rappellera la superbe Louise Brooks, et qui lui a fait vivre de nombreuses aventures érotico-fantastiques, dont une où la photographe se confrontait à la sorcière Baba Yaga, dans l’album bien nommé Valantina et Baba Yaga. Les fumetti de Crepax ont la particularité d’être graphiquement très avant-gardistes, ce qui les a rapidement différencié des bandes dessinées au design plus enfantin, mais également très ciné-génique, avec un découpage des images qui peut rappeler un story-board.

Le réalisateur Corrado Farina est un grand admirateur de l’œuvre de Crepax et c’est donc tout naturellement qu’il choisit d’adapter les aventures de Valentina au cinéma pour son second et dernier long métrage. Les actrices qu’il désire pour interpréter les deux personnages principaux ne sont pas disponibles et il doit se rabattre sur Carroll Baker (la Baby Doll d’Elia Kazan, vue également dans Si Douce, Si Perverse d’Umberto Lenzi ou bien encore dans L’Adorable Corps de Deborah de Romolo Guerrieri) qui jouera Baba Yaga et sur Isabelle de Funès (nièce du célèbre Louis !) pour interpréter Valentina. On appréciera de retrouver au casting le non moins célèbre George Eastman, acteur culte des fans de Bis italien, qui joue le compagnon de Valentina. 

Ces différents personnages vont donc se rencontrer et se télescoper dans un univers très étrange, mélange de rêve éveillé nonsensique et de trip hallucinatoire décadent et déroutant. Car s’il y a bien un terme qui définit le film Baba Yaga, c’est bien étrange. Je préviens de suite les lecteurs, ne vous attendez pas à un film dans les normes, Corrado Farina nous propose en effet un voyage hors norme, s’aventurant au-delà des frontières de l’onirisme et qui pourra dérouter voire rebuter certains spectateurs privés de repères tangibles.

Si le film a bien une ligne conductrice, la plupart des séquences proposées versent dans l’imaginaire ou le rêve. On ne sait plus bien si Valentina devient folle ou si elle est littéralement possédée par Baba Yaga. Les scènes où elle semble mettre en péril la vie des gens qu’elle photographie ou plus encore, celle où la poupée offerte par Baba Yaga prend soudainement vie sous une forme humaine (ce qui constitue à mes yeux la meilleure séquence du film !) nous projettent dans un univers tellement décalé, voire même expérimental, qu’on a parfois du mal à rester accroché ou à ne pas éprouver une certaine distanciation vis-à-vis de l’histoire elle–même. Possédant de plus un rythme lent, contemplatif, Baba Yaga nous évoque à de nombreuses reprises le cinéma de Jean Rollin ou de Jess Franco. L’érotisme est aussi présent mais de manière assez soft et n’a au final que peu d’intérêt si ce n’est de voir les jolies courbes d’Isabelle de Funès.

Plus qu’un film, Baba Yaga est une expérience visuelle qui demande un certain effort de la part du spectateur et une attention de tous les instants. C’est une sorte de thriller-érotico-mystico-giallesque-fantastico-onirico-expérimental plus que singulier et qui se démarque largement de la plupart des films que j’ai vus. Lorsque démarre le générique de fin, on a du mal à savoir où on se situe par rapport au film, si on a aimé réellement ou pas ; Une impression curieuse de naviguer entre deux eaux, ce qui nous rapproche de la situation que vient de vivre Valentina. Étrange, lancinant, fascinant parfois mais trop hermétique pour m’avoir totalement convaincu. Une seconde vision s’impose sûrement…




Stéphane ERBISTI

L'AVION DE L'APOCALYPSE (1980)

 

Titre français : L'Avion de l'Apocalypse
Titre original : Incubo sulla Citta Contaminata
Réalisateur : Umberto Lenzi
Scénariste : Antonio Cesare Corti, Luis Maria Delgado, Piero Regnoli
Musique : Stelvio Cipriani
Année : 1980
Pays : Italie, Mexique, Espagne
Genre : Infection
Interdiction : -16 ans
Avec : Hugo Stiglitz, Laura Trotter, Mel Ferrer, Maria Rosaria Omaggio...


L'HISTOIRE : Sur l'écran de contrôle d'un aéroport, un avion militaire non identifié est repéré. Malgré la demande répétée de la tour, l'engin refuse de décliner son identité. De ce fait l'armée est appelée à la rescousse sur le tarmac, où se trouve déjà un journaliste venu pour interviewer un professeur réputé. A l'atterrissage de l'avion, le professeur apparaît, avec derrière lui une nuée d'hommes et de femmes assoiffés de sang…


MON AVISBien avant L'Armée des Morts, certains zombies avaient déjà choisi de sortir de leur léthargie gestuelle. C'est ici le cas, avec, en prime quelques explications indispensables. L'Avion de l'Apocalypse n'est pas à proprement parler un film de morts vivants : le scénario nous dévoile rapidement qu'il s'agit ici d'hommes et de femmes exposés au nucléaire, donc irradiés, infectés. Les choses sont maintenant plus claires. 

Umberto Lenzi (Cannibal Ferox, La Secte des Cannibales), l'un des rois du Bis italien, est aux commandes de cet ovni cinématographique. Délirant : voilà l'adjectif qui qualifie le mieux Nightmare City (titre américain). Nul besoin d'être un spécialiste du genre pour se rendre compte que le budget du film fût dérisoire. Qu'importe ! Quand bien même les maquillages des créatures sont plus que sommaires, le dynamisme de la réalisation relève largement la situation.

Réalisé à la toute fin des 70's, le film déploie tous les clichés propres à cette décennie : ton décalé, couleurs psychédéliques, musique hypnotique. Un esthétisme primaire, coloré, et efficace dans ce cas précis. Il existe dans le discours du film une dénonciation sous-jacente des pratiques et du comportement de l'armée, même constat concernant l'église. A ce propos, une scène particulièrement trash au sein de l'église comblera tous les aficionados du blasphème dans le film de genre.

Les contaminés, parlons-en. Certes, le maquillage est sommaire et frise le ridicule, mais comme cité précédemment, la cause en est qu'il s'agit d'une contamination, le propos étant axé sur la folie des protagonistes, à l'image de La Nuit des Fous Vivants de George A. Romero et non sur leur désir de chair.

D'ailleurs, il convient également de noter que nos monstres sont certes assoiffés de sang, mais uniquement de ça. Leurs délires meurtriers se résument à des morsures et autres succions ; exit donc les éventrations et autres joyeusetés spécifiquement gore. Nous sommes donc plus proches du vampirisme que du cannibalisme à l'état pur.

Cependant, la brutalité est bien présente. Nos créatures sont déterminées, réfléchissent et sont organisées. Détail amusant : ils sont propres sur eux, tirés à quatre épingles. La violence est leur maître-mot. Témoin l'invasion du plateau télé où se tourne une émission kitsch dédiée à la danse. Un ersatz de Fame sous tranquillisants à mourir de rire. Une occasion en or pour un délire sanglant très visuel. Nos contaminés s'en donnent à cœur joie. Un véritable carnage, prétexte à des meurtres brutaux (couteaux, haches...) et des scènes pseudos-érotiques (morsures et palpations mammaires) sur de jolies danseuses effarouchées et légèrement vêtues.

Alors oui, le scénario n'est pas vraiment folichon, les acteurs pas franchement bons. Même Mel Ferrer ne semble pas convaincu de sa propre présence. Le casting manque cruellement de consistance, et seul Umberto Lenzi semble s'être véritablement amusé. Paradoxalement sans grande conséquence, puisque ce sont les créatures, qui, indiscutablement, éclaboussent l'écran.

Une mise en scène tonique, un rythme qui ne faiblit jamais, en bref une petite perle de la comédie horrifique, classée tout de même R aux USA, int –18 en Angleterre et Allemagne de l'Ouest, –16 en France et tout bonnement interdite en Islande ! Voici le voyage qui vous attend. Embarquement immédiat !

Ah oui, petite précision sur le DVD édité par Néo Publishing : il comporte la version censurée mais aussi la version uncut. Pour voir la censurée, choisir le film en VF (1h18), pour voir la version uncut, choisir le film en Italien ou en anglais (1h28).




Christophe JAKUBOWICZ

L'AUTRE ENFER (1980)

 

Titre français : L'Autre Enfer
Titre original : L'Altro Inferno
Titre alternatif : Le Couvent Infernal
Réalisateur : Bruno Mattei, Claudio Fragasso
Scénariste : Claudio Fragasso
Musique : Goblin
Année : 1980
Pays : Usa
Genre : Diable et démons
Interdiction : -12 ans
Avec : Franca Stoppi, Carlo de Mejo, Franco Garofalo, Andrea Aureli, 
Francesca Carmeno, Susan Forget...


L'HISTOIRE : Un couvent devient le lieu de phénomènes inquiétants, causant la mort de plusieurs religieuses. Un prêtre tente d'exorciser le bâtiment mais sans succès. Un jeune prêtre, qui s'intéresse plus au domaine de la psychologie humaine qu'aux croyances en Satan, est dépêché sur les lieux pour tenter de trouver une solution…


MON AVISLa sortie du film de Ken Russell Les Diables en 1971 va lancer toute une série de long-métrages se déroulant dans une enceinte religieuse, et mettant en scène des nonnes, même si on peut lui trouver un précurseur en 1947 avec Le Narcisse Noir de Michael Powell et Emeric Pressbuger ou bien encore avec La Religieuse de Monza de Eriprando Visconti, réalisé en 1968. Mais c'est bel et bien le chef d'œuvre de Russell qui va servir de détonateur à cette branche spécialisée que les experts vont baptiser Nunsploitation. Parmi les grands classiques de ce genre, on retrouve Le Couvent de la Bête Sacrée, Sinful Nuns of St-Valentine, Les Démons ou bien encore La Petite Sœur du Diable entre autres. Sans compter toute une flopée de films à caractère pornographique mettant en scène des nonnes au comportement plus que libertin…

C'est en 1980 que Bruno Mattéi et Claudio Fragasso vont débuter leur longue collaboration et justement, par un film de nonnes. Mattei doit réaliser Les Novices Libertines, un soft-core se déroulant dans un couvent. Et pourquoi ne pas réaliser également un film d'horreur se déroulant dans le même lieu ? L'idée fait rapidement son chemin et voilà que nos deux réalisateurs se retrouvent à réaliser deux films en même temps ! Mattei se charge principalement des Novices Libertines pendant que Fragasso se voit chargé de L'Autre Enfer. Fragasso revendique 80% de la réalisation du film, malgré le fait qu'il soit toujours attribué à Bruno Mattei, qu'il signa d'ailleurs du pseudonyme de Stefan Oblowski (en référence à Alejandro Jodorowski). Une mise en avant du nom de Mattei qui sera récurrente dans la carrière du duo Mattei Fragasso.

Pur film Bis italien, L'Autre Enfer s'avère une bonne surprise pour le spectateur, généralement apeuré par le nom de Bruno Mattei à un générique. En effet, malgré un côté naïf et daté, le film possède une bonne ambiance et n'est pas inintéressant. Fragasso le dit lui-même, c'est en ayant vu le Carrie au Bal du Diable de Brian de Palma qu'il a eu l'idée de faire un film de possession démoniaque, et de situer l'action dans ce couvent pour en renforcer l'impact. En effet, quoi de plus blasphématoire que de faire pénétrer le démon dans une enceinte sacrée, dans un film italien en plus ! Fragasso jouera avec ces codes de mauvaises conduites religieuses, allant même jusqu'à déposer un crâne à l'endroit où sont généralement placées les hosties (blasphème suprême !), et peut-être pire encore, il fera vomir du sang à une pauvre nonne venant de recevoir l'hostie. Le bien contre le mal, la vertu contre le péché. Le Diable est apparemment au Paradis…

Niveau casting, on retrouve avec plaisir plusieurs figures bien connues des amateurs de films de genre. La Mère Supérieure est interprétée par Franca Stoppi, inoubliable dans le malsain Blue Holocaust de Joe d'Amato. Elle est ici encore une fois particulièrement habitée par son rôle, ses regards nous faisant vite comprendre qu'elle est au courant des secrets cachés dans ce couvent. Le jardinier du couvent est joué par Franco Garofalo, qu'on reverra également dans Virus Cannibale ou bien encore Crimes au Cimetière Étrusque. Le jeune prêtre venant aider les sœurs est joué par Carlo de Mejo, acteur bien connu des fans de Lucio Fulci puisqu'on le verra dans Frayeurs, La Maison près du Cimetière ou encore La Malédiction du Pharaon. Une galerie fort sympathique d'acteurs, qui donnent le meilleur d'eux même.

En ce qui concerne les séquences d'horreurs proprement dîtes, le film n'en est pas avare. Coups de couteau, éviscération, attaque canine à la gorge, torche humaine et j'en passe. C'est rudimentaire mais bien dans l'esprit du film. Un esprit très Bis donc, puisque L'Autre Enfer jongle avec les genres sans aucune retenue, mélangeant nonnes, enfant dissimulé sous un voile et possédant des pouvoirs paranormaux, présence diabolique, et même des zombies !! Un joyeux maelstrom qui ne sacrifie pas tout à la surenchère. En effet, je parlais d'ambiance tout à l'heure. Le passage dans les catacombes, la recherche de preuves par le prêtre, la découverte d'un dessin, le décor avec toutes ces poupées pendues et aux visages brûlés, tous ces éléments confèrent au film une ambiance inquiétante et mystérieuse qui est bienvenue. Une atmosphère étrange renforcée par la musique des Goblin. Mais attention, point de partition originale du célèbre groupe italien, mais juste des morceaux déjà entendus dans d'autres films, pour une question de budget nous dira Fragasso. Pas bien grave, car les musiques procurent toujours leurs petits effets quand elles sont placées là où il faut. Ce qui est le cas ici.

Il serait donc dommage de ne pas se laisser tenter de découvrir cet Autre Enfer. Je pense qu'il s'agit sûrement là d'un des meilleurs films du duo Mattei / Fragasso. Certes, on sent le poids des années mais il reste un divertissement tout à fait correct. Certaines séquences fonctionnent encore très bien, et la réalisation tient la route. Vous aimez les nonnes, les ambiances démoniaques, les meurtres ? Passez donc les portes de ce couvent infernal…




Stéphane ERBISTI

L'AUBE DES ZOMBIES (1981)

 


L'HISTOIRE : Egypte, 3000 ans avant Jésus-Christ. Le cruel pharaon Safiraman sème la terreur. Il est épaulé par ses fidèles serviteurs, tout aussi avides de sang. Mais chaque règne a une fin, et lors de sa mort, Safiraman sera invité par une prêtresse à continuer sa mission même durant la mort, à la condition ultime que son tombeau soit profané. De nos jours, un trio de bandits ne trouve rien de mieux que de piller le tombeau, avides d'or et de luxure. Au même instant débarque une troupe de mannequins et un photographe à la recherche de somptueux décors…


MON AVISSouhaitant surfer sur la vague des production italiennes de l'époque, Frank Agrama, le réalisateur/producteur, tente sa chance dans le film de momies et de zombies. Car le film va jouer sur les deux tableaux, malgré le titre original Dawn of the Mummy. Mais à la fin, il y aura bel et bien quelques zombies. Bref. Revenons à nos moutons. On parlait de surf et on peut dire que la vague est haute. En plus, comme il ne sait pas surfer, Frank Agrama se noie. Pas complètement pourtant, étant donné la prétention du film à ne satisfaire que les fans de cinéma Bis, voire Z. A ce stade, on peut éplucher et chercher l'argumentaire de cette production, non sans prendre le risque de faire débander la momie.

La réalisation est somme toute acceptable, en ce sens qu'elle n'est pas gâtée. Les acteurs traînent la savate et servent tantôt de figurants tantôt de premiers rôles. Pourtant on ne leur demandera pas plus (surtout pas !) que de se faire zigouiller un par un de manière fort imagée. Les répliques du style personne ne s'intéresse à tes pieds aux ahhhhh rituels viennent servir une histoire simple et ennuyeuse, qui n'est pas aidée par des décors naturellement ballants qui serviront à remplir une bonne moitié du film. A noter qu'il faut impérativement éviter le doublage français (comme souvent) qui plombe encore plus la maigreur du dialogue, avec pour preuve : - Je me marie demain - Ah bon, toi, tu en es bien sûr ?

Fort heureusement, la splendide momie tombera à pic et mettra fin à cet interminable sablier. Et pour aller plus vite, elle appellera ses disciples à l'aide, qui vont en profiter pour grignoter deux trois villageois, parce que, après 5000 ans, faut pas déconner ils crèvent la dalle.

Les maquillages sont plutôt moyens, mais restent à des millions d'années lumières des trucages à la gouache en vogue à ce moment-là. Les trois maquilleurs n'ont pas du voir Zombie, ou bien si ils l'ont vu c'est encore pire : l'imitation de la machette dans la tête qu'inflige la momie à un acteur est à se fendre de rire. Et le comédien armé d'un fusil à silex (au chargeur illimité) qui décoche des balles dignes d'un bazooka japonais nous laisse penser que le tournage a eu lieu un 14 juillet. Reste à espérer que les techniciens étaient équipés d'extincteurs. C'est ainsi sur une musique extrêmement agaçante (quand il y en a) que nous verrons déambuler les zombies, qui sont les soldats du pharaon que la momie va faire revenir d'entre-les-morts ! Les maquillages de ces derniers sont ma foi plutôt convaincants, conçus par Luigi Batistelli.

En définitive, il n'y a pas grand-chose à dire sur cette production moyenne qui aurait gagné à se doter d'un scénario et de vrais acteurs sinon qu'elle apporte une pierre de plus à l'effigie du bis momiesque et zombièsque, non sans copier de près L'Abîme des Morts Vivants en légèrement plus soutenable. Une expérience à tenter tout de même pour les fans purs et durs ! En tout cas, l'affiche donne envie, elle est superbe...


Titre français : L'Aube des Zombies
Titre original : Dawn of the Mummy
Réalisateur : Frank Agrama / 
Scénariste : Daria Price, Ronald Dobrin, Frank Agrama
Musique : Shuki Levy
Année : 1981 / Pays : Usa, Italie
Genre : Momie / Interdiction : -12 ans
Avec :Brenda Siemer Scheider, Barry Sattels, George Peck, Laila Nasr, John Salvo...

 


Lionel COLNARD

L'AU-DELÀ (1981)

 

Titre français : L'Au-Delà
Titre original : E tu vivrai nel terrore! L'Aldilà
Réalisateur : Lucio Fulci
Scénariste : Dardano Sacchetti, Giorgio Mariuzzo, Lucio Fulci
Musique : Fabio Frizzi
Année : 1981
Pays : Italie
Genre : morts vivants
Interdiction : -16 ans
Avec : David Warbeck, Sarah Keller, Catriona MacColl, Veronica Lazar, Al Cliver...


L'HISTOIRE : Liza Merril hérite d'un vieil hôtel abandonné à la Nouvelle-Orléans. Elle décide de le faire rénover mais très vite, d'étranges incidents et accidents se produisent. Elle fait la rencontre d'Emily, une jeune fille aveugle qui la met en garde contre les dangers inhérents au passé de l'hôtel, et du docteur John McCabe, qui va tenter de l'aider à résoudre le mystère entourant cette vieille bâtisse et la chambre 36. Liza et John vont découvrir l'existence du livre d'Eibon, un ouvrage de sorcellerie qui prétend que sept portes menant aux Enfers seraient disséminées sur Terre. L'hôtel dont a hérité Liza serait l'une d'entre-elles...


MON AVISAprès une carrière prolifique dans la comédie, le western, le film d'aventure ou le giallo, Lucio Fulci accède au stade supérieur de la popularité en 1979 avec L'Enfer des Zombies. Face au succès mondial de cet excellent film d'horreur, le réalisateur transalpin poursuit dans ce registre dès l'année suivante avec Frayeurs, puis en 1981 avec Le Chat Noir, L'Au-Delà et La Maison près du Cimetière. Pour beaucoup de fans du maestro italien, L'Au-Delà est son chef-d'oeuvre absolu. Un avis que je ne partage pas, lui préférant largement Frayeurs (qui est à mes yeux SON chef-d'oeuvre) et peut-être même La Maison près du Cimetière. Toutefois, impossible de nier pour votre serviteur les qualités évidentes de L'Au-Delà, qui n'en reste pas moins un pur classique du genre.

Dès la scène d'introduction, Fulci frappe fort. Il surprend d'entrée de jeu le spectateur en réalisant cette séquence introductive dans un très beau noir et blanc / sépia, où un jeune peintre va subir les foudres des villageois qui l'accusent d'être un sorcier au vu des peintures qu'il réalise. D'abord fouetté par des chaînes qui lacèrent ses chairs, le peintre sera ensuite crucifié sur un mur avant d'avoir le visage recouvert de chaux brûlante. Une mise à mort éprouvante pour une première séquence, qui nous fait penser qu'on va avoir droit à un vrai film d'horreur sans concession par la suite. Ce qui sera effectivement le cas, les scènes gores de L'Au-Delà étant certainement ce qui se faisaient de plus horribles à l'époque de sa sortie. La suite du récit se situe au même endroit où le peintre a été lynché (un hôtel en Louisiane) mais des années plus tard. L'immeuble abandonné a une nouvelle propriétaire, Liza (ravissante Catriona MacColl), qui veut le rénover. Une équipe se charge des travaux. Des événements étranges vont alors se produire. Un des ouvriers découvre une entrée dans un mur et se fait tuer par une main aux doigts griffus. C'est le début d'une série de morts horribles et surnaturelles. Ayant été marqué par le Inferno de Dario Argento sorti l'année précédente et par la structure non-sensique de ce dernier, Fulci va faire de même dans L'Au-Delà : le film enchaîne en effet les séquences abominables sans véritable lien entre-elles.

Les effets spéciaux et les maquillages sont dus aux talentueux Gianetto de Rossi et Maurizio Trani, qui se sont surpassés dans le domaine de l'horrible. Laissant libre court à leur imagination, les deux artistes nous révulsent avec deux énucléations, un visage totalement liquéfié par de l'acide liquide, une boîte crânienne qui explose, une gorge déchiquetée par un chien, une impressionnante attaque d'araignées dont les mandibules iront jusqu'à dévorer une langue (et ce, malgré le fait qu'on devine sans peine les deux araignées mécaniques dissimulées parmi quelques vraies tarentules) et un final cauchemardesque avec des zombies (figures imposées par le producteur), avec moult explosions de têtes et impacts de balles. Le rouge est donc à l'honneur dans L'au-Delà et les amateurs de gore seront aux anges. Comme dit précédemment, la structure narrative du film de Fulci est assez confuse et ne respecte pas un schéma classique. L'histoire est elle-même n'a pas de réelle logique et pourra apparaître comme fouillis ou décousue par les spectateurs n'ayant jamais vu le film. Une histoire qui emprunte de nombreuses références à une multitude de films (Shining, Inferno, Suspiria, La sentinelle des Maudits, Les Diaboliques et surtout Carnival of Souls) ainsi qu'au célèbre écrivain Lovecraft avec le livre d'Eibon qui apparaît dans quatre nouvelles du maître de Providence.

Quelques défauts sont à signaler, comme le héros qui a compris qu'il fallait tirer dans la tête des zombies pour les tuer mais qui continue néanmoins à mettre quelques balles dans leur ventre. Un détail qui peut même faire sourire lors de la sublime séquence finale. Mais qu'importe, le spectacle horrifique est bien là et on assiste à une œuvre baroque, où tout respire la pourriture et la mort. La mise en scène est classieuse, la photographie somptueuse. Certaines scènes sont surprenantes, comme l'apparition brutale de la jeune aveugle Emily au milieu d'un pont qui surplombe l'océan, le cadavre du peintre qui remonte à la surface de l'eau dans une baignoire et bien sûr la représentation live de la mer des ténèbres, d'une beauté picturale indécente. Le tout magnifié une nouvelle fois par la musique de Fabio Frizzi. Reste que, en ce qui me concerne, l'absence de linéarité dans le scénario, ce côté décousu dans l'enchaînement des séquences, des transitions, le fait qu'on ne comprenne pas toujours pourquoi tel ou tel acte a lieu et pourquoi il a lieu, m'empêche de d'apprécier L'Au-Delà à 100%.

Certes, ce manque de repère permet au film d'affirmer pleinement un côté onirique et fantastique dans lequel la rationalité n'a pas lieu d'être. Mais j'ai parfois l'impression de regarder un catalogue de séquences gores sans qu'une vraie ambiance palpable s'en dégage. L'Au-Delà ne fait jamais peur, à contrario de Frayeurs qui dégage une puissance morbide à nul autre pareil, que la partition tétanisante de Frizzi vient augmenter. Allez, je suis un peu tatillon car j'aime évidemment beaucoup L'Au-Delà, que je revois régulièrement. Mais ce n'est pas le chef-d'oeuvre de Fulci.




Stéphane ERBISTI

AU SERVICE DU DIABLE (1971)

 


Titre français : Au Service du Diable
Titre original : La plus Longue Nuit du Diable
Titre alternatif : La Nuit des Pétrifiés / Le Château du Vice
Réalisateur : Jean Brismée
Scénariste : Jean Brismée, Pierre-Claude Garnier
Musique : Alessandro Alessandroni
Année : 1971
Pays : Belgique, Italie
Genre : Diable et démons
Interdiction : -12 ans
Avec : Erika Blanc, Jean Servais, Jacques Monseau, Ivana Novak, Lorenzon Terzon...


L'HISTOIRE : En 1945, le Baron von Rhoneberg est témoin de la naissance de sa petite fille, laissant sa femme morte en couches. Afin de conjurer une malédiction antique qui dit que chaque descendante de la famille von Rhoneberg deviendra une succube, il poignarde son enfant. Quelques 25 ans plus tard, les sept occupants d'un car demande l'asile au Baron von Rhoneberg, qui accepte de les héberger dans son château. Une huitième personne, Hilse Muller, s'invite à la nuit tombée. Une nuit qui va s'avérer pleine de dangers pour les invités...


MON AVISProduction Belgo-italienne, Au Service du Diable est l'unique réalisation de Jean Brismée, ancien professeur de mathématiques et de physiques et auteur de plusieurs courts métrages didactiques. Bénéficiant d'un budget assez dérisoire et sans expérience dans le domaine du long métrage, Jean Brismée va pourtant mettre tout en oeuvre pour faire du mieux qu'il peut et offrir au public un film respectueux du genre. 

Flirtant ouvertement avec le fantastique et l'épouvante, Au Service du Diable nous évoque le cinéma de Jean Rollin ou de Jess Franco, avec un rythme qui prend son temps, une bonne utilisation des décors, une atmosphère fantastico-poétique assez réussie, une petite touche d'érotisme bienvenue (jolie scène lesbienne entre deux très belles actrices, la blonde Shirley Corrigan et la brune Ivana Novak) et un casting bien en place qui évolue dans une atmosphère inquiétante et lugubre. 

Cerise sur le gâteau, la présence d'une actrice culte du cinéma Bis, Erika Blanc, dans le rôle de la succube ! La belle italienne augmente le potentiel érotique du film avec des tenues ultra sexy mais jamais vulgaires, qui ne dévoilent rien de ses charmes mais laissent l'imagination du spectateur prendre la relève. La grande originalité du film est qu'une fois Erika Blanc en chasse, ses victimes vont mourir selon les sept péchés capitaux, une idée qui sera reprise des années plus tard par David Fincher pour Seven ! Gourmandise, avarice, envie, paresse etc, tout y passe, avec plus ou moins de réussite mais tout de même, c'est vraiment l'un des points forts du film, avec son casting hétéroclite, allant du Belge Jean Servais au Français Lucien Raimbourg, en passant par le Chilien Daniel Emilfork, acteur au physique étonnant et qui interprète avec une élégance raffinée le Diable lui-même, dans une prestation qu'on n'oubliera pas, de par son visage si particulier et qui ne nécessite aucun maquillage. 

Du maquillage, Erika Blanc va en porter par contre, sublimant sa beauté naturelle ou la transformant en effroyable succube au teint blafard, le jeu de lumière du directeur de la photographie achevant de la rendre soit désirable, soit effrayante. Les différentes morts proposées seront assez soft niveau violence mais on aura tout de même droit à une décapitation à la guillotine ou à un corps transpercé par les piques d'une Vierge de Fer, célèbre élément de torture moyenâgeux, entre autres. 

Hormis l'utilisation des péchés capitaux, il est vrai qu'on ne peut pas vraiment dire que le scénario d'Au Service du Diable soit innovant ou très original, car on a tous les clichés du genre au menu : les touristes qui doivent bifurquer de leur route et atterrissent dans un château peu engageant ; un majordome au faciès peu rassurant et qui aime à raconter les drames sordides qui ont eu lieu dans les chambres de ses hôtes / les jeunes filles déambulant dans les couloirs du château dans des tenues vaporeuses / l'arrivée d'une femme dont on sait très bien qui elle est réellement et j'en passe. 

Il n'en reste que Jean Brismée, totalement novice dans le cinéma de genre, a su jouer de ces clichés, proposant au spectateur un voyage atmosphérique de qualité, servi par une belle mise en scène, que la musique adéquate composée par Alessandro Alessandroni vient rehausser. 

Cette proposition de cinéma gothique belgo-italien a de quoi séduire les amateurs, curieux de découvrir des films autres que ceux en provenance de l'Angleterre, de l'Italie ou de l'Espagne. La scène finale viendra clôturer Au Service du Diable sur une note bien jouissive et amusante, je vous laisse la surprise ! N'ayant pas connu un réel succès à l'époque de sa sortie, le film connût plusieurs carrières sous différents titres, dont Le Château du Vice, Pétrification ou La Nuit des Pétrifiés.  




Stéphane ERBISTI

L'ATTAQUE DES MORTS VIVANTS (1987)

 

Titre français : L'Attaque des Morts Vivants
Titre original : Killing Birds - Raptors
Titre alternatif : Zombie 5 - Killing Birds
Réalisateur : Claudio Lattanzi, Joe d'Amato
Scénariste : Daniele Stroppa
Musique : Carlo Maria Cordio
Année : 1987
Pays : Italie
Genre : Maison hantée, morts vivants
Interdiction : -12 ans
Avec : Lara Wendel, Robert Vaughn, Timothy W. Watts, Leslie Cumming...


L'HISTOIRE : Alors qu'il revient du Vietnam, le Dr. Fred Brown, spécialiste des oiseaux, trouve sa femme au lit avec son amant. Il assassine ce dernier, sa femme, ainsi que ses beaux-parents venus malencontreusement ramener le bébé de leur fille. Une fois son crime camouflé, le Dr. Brown est victime de l'attaque d'un de ses oiseaux qui lui crève les yeux. Il est transporté à l'hôpital et le bébé est confié à un foyer d'accueil. Quelques années plus tard, Steve Porter voit accepter son projet d'étude sur les oiseaux. Avec ses camarades, il part à la rencontre du Dr. Fred Brown pour lui poser des questions sur les oiseaux. Steve et ses amis tombent sur l'ancienne maison du Dr. Brown, celle là même où les meurtres se sont produits. Abandonnée et délabrée, la maison provoque des visions cauchemardesques à Steve. Peu de temps après, sa présence et celle de ses amis déclenchent la résurrection des personnes assassinées, qui se mettent à massacrer les étudiants...


MON AVISMon Dieu, quel navet ! Je ne sais même pas comment ce film a pu bénéficier d'une sortie au cinéma ni être sélectionné au festival d'Avoriaz ! Et qu'est-ce que Robert Vaughn est venu faire dans cette galère ? Réalisé en 1987 par Claudio Lattanzi, dont ce sera l'unique film jusqu'en 2019, et apparemment aidé par Joe d'Amato, L'Attaque des Morts Vivants, également connu sous son titre original de Killing Birds mais aussi sous celui, bien opportuniste, de Zombie 5 : Killing Birds (ben voyons !), est un authentique naufrage qui ne ravira personne : ni les amateurs de morts vivants, ni les amateurs d'agressions animales, ni les amateurs de nanars et encore moins les amateurs de cinéma Bis italien.

C'est bien simple, tout est nul dans ce film ! L'histoire n'a ni queue ni tête, les scènes d'horreurs sont risibles au possible, il n'y a pas d'ambiance, pas de suspense, pas de frissons, pas une seule séquence qui nous ferait dire tiens c'est pas mal ça !

Par contre, si vous avez envie de regarder un film dans lequel il faut attendre plus de cinquante minutes avant qu'il ne se passe un petit semblant de quelque chose (soit l'apparition de deux morts vivants du pauvre), si vous avez envie de vous taper des dialogues à la pelle qui n'apporte rien à l'intrigue, alors n'hésitez pas. Les mésaventures de notre groupe d'étudiants sont plus puissantes qu'un somnifère, vous voilà prévenus ! Il n'y aura même pas un petit bout de sein à se mettre sous la dent (on y croit à un moment, avec la mignonne Leslie Cumming qui a bien compris que son petit copain a envie d'elle mais non, elle gardera tous ses vêtements, dommage...) et niveau horreur, quasiment tout est filmé en hors champs, faut dire que c'est plus pratique quand on n'a pas de budget !

Nos élèves passent donc 50 bonnes minutes à gambader afin d'enregistrer le doux sons des oiseaux, à se chamailler comme des gosses puis à errer dans les couloirs de la maison abandonnée dont nous, malheureux spectateurs de ce spectacle désenchanté, connaissons le sinistre passé. Un passé qui va donc resurgir sous la forme de deux zombies décharnés qui vont s'en prendre au petit groupe, sans que cela ne dynamise le rythme, bien au contraire. 

Et nos oiseaux me direz-vous ? Bah on a vu une attaque dans la scène d'intro et... ce sera tout ! Des révélations tonitruantes sont-elles à attendre pour le public en délire ? Non, tout est éventé d'avance, on se doute dès qu'on le voit apparaître à l'écran que le blondinet Steve Porter (Timothy W. Watts) est le bébé blond du début et que le Dr. Fred Brown (Robert Vaughn) est donc son père. Râlez pas si je vous spoile ce détail, parce que de un, tout le monde s'en fout, de deux, ça ne sert à rien dans l'histoire, de trois, vous l'auriez deviné d'entrée de jeu de toute façon et de quatre, je vous épargne la pénibilité de visionner ce film, remerciez moi plutôt !

Niveau mise en scène, c'est aussi pathétique que tout le reste, on a même de la buée sur l'objectif à un moment, on aurait pu croire que c'était du brouillard ou autre mais non, c'est juste de la buée. Affligeant et même pas drôle en fait. 

Bon, j'ai pas grand chose à dire de plus que L'Attaque des Morts Vivants donc je vais arrêter là. Si vous voulez voir à quoi ressemble le néant cinématographique, tentez l'expérience sinon, regardez autre chose, c'est sûrement ce qu'il y a de mieux à faire. A noter que les trailers présentent plus d'effets sanglants que la version DVD que j'ai. Il semble donc que le DVD français soit un peu cut de quelques plans gores. Ça ne doit pas changer grand chose au fait que ce film est un sombre navet et après avoir vérifié via la version uncut (oui j'ai une conscience professionnelle quand même), certes un peu plus fun car un peu plus gore, il est clair, qu'effectivement, ça ne change pas grand chose au résultat final...




Stéphane ERBISTI