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BARBAQUE (2021)

 

Titre français : Barbaque
Titre original : Barbaque
Réalisateur : Fabrice Eboué
Scénariste : Fabrice Eboué, Vincent Solignac
Musique : Guillaume Roussel
Année : 2021
Pays : France
Genre : Cannibale
Interdiction : /
Avec : Fabrice Eboué, Marina Foïs, Jean-François Cayrey, Virginie Hocq...


L'HISTOIRE : Un couple de bouchers voit leur commerce péricliter, tout comme leur vie intime qui commence à se ternir. Un jour, une bande de militants vegans s’en prennent à leur boutique mais Vincent ne va pas se laisser faire et va tuer accidentellement l’un d’eux devant sa femme Sophie. Afin de cacher le corps, notre meurtrier va le transformer en jambon que sa compagne va vendre par erreur. Et c’est un véritable succès : tout le quartier réclame cette viande extraordinaire ! En cette période financièrement compliquée, ce phénomène semble tomber à pic…


MON AVISQuatrième film de Fabrice Eboué,  Barbaque est clairement celui qui nous intéresse le plus à Horreur.com dans la filmographie de l’humoriste-acteur-réalisateur et pour cause, ce dernier traite du cannibalisme, met en scène un couple de tueurs en série et rappelle d’ailleurs un certain Les Bouchers Verts, film danois d’Anders Thomas Jensen sorti en 2003, soit presque 20 ans après le film français dont il est question ici. Impossible en effet de ne pas penser à cette comédie noire dont Fabrice Eboué s’est très probablement inspiré.

Les films de cannibales, cela nous connait à Horreur.com mais pas de jungle et d’indigènes ici : nous sommes en plein milieu urbain, avec un peu de rural quand-même pour les chasses à l’homme, histoire de moins se faire repérer, et surtout dans une comédie noire. Exit les Cannibal Holocaust, Cannibal Ferox et autres bisseries transalpines et place à une comédie française ayant pas mal fait parler d’elle.

En effet, le film de Fabrice Eboué a été très médiatisé, grâce notamment au nom de son réalisateur et à son pitch qui avait de quoi émoustiller le grand public. Peut-être un peu moins les fantasticophiles que nous sommes pour la plupart mais nous laissions toutefois traîner nos oreilles derrière les premiers échos. Hé oui, le cannibalisme dégoûte mais intrigue / fascine / attire également, en témoigne un certain Grave de Julia Ducournau qui, après une énorme tournée en festivals, a su se faire connaître de bon nombre de cinéphiles et notamment certains n’approchant que très rarement le cinéma de genre.

Et même si nous ne rions pas non plus aux éclats devant Barbaque, force est de constater que cette histoire, assez simple sur le papier, fonctionne plutôt bien et nous amuse assez souvent. Nous prenons en effet beaucoup de plaisir à suivre ce couple passé de simples bouchers de quartier à des serial-killers faisant fructifier le capital de leur établissement en laissant derrière eux de nombreux cadavres transformés en jambons, travers, sautés et autres saucisses pour leurs fidèles clients venus en masse déguster cette viande sans équivalent sur le marché.

Et même si nous pourrons reprocher au scénario de rapidement tourner en rond et de devenir un brin répétitif (les meurtres se succèdent et les bouchers font et refont des découpes pour leur clientèle), les quelques péripéties bienvenues, plus ou moins prévisibles toutefois, sauront nous maintenir en haleine jusqu’au final quelque peu soudain il faut le reconnaître également. Bref, une histoire qui ne casse pas trois pattes à un canard mais qui fait le job et nous fait passer un agréable moment grâce à cet humour noir omniprésent et c’est si rare dans les comédies françaises d’aujourd’hui dont les très bonnes surprises se comptent sur les doigts d’une seule main chaque année.

Bon, il faut bien dire aussi que l’une des thématiques abordées, le veganisme, qui est au cœur du métrage au même titre que le cannibalisme, est d’actualité et cela est à prendre en compte dans le petit succès du film sur le territoire. Enfin, le duo d’acteurs principaux n’est pas en reste et participe grandement à la petite réussite du film.

Car outre un Fabrice Eboué himself dans le rôle de Vincent le boucher, nous avons à ses côtés une Marina Foïs en grande forme. A eux deux, ils forment un duo amusant, maladroit mais déterminé et prêt à tout pour sauver leur commerce et leur couple. Et même si l’idée, dont le point de départ est un meurtre accidentel, vient de Vincent, c’est bel et bien sa femme Sophie qui tire les ficelles et pousse son mari à faire empirer la situation et à se transformer en l’un de ces serial-killers dont elle écoute les méfaits dans son émission télé préférée axée sur ces barbares sanguinaires. On retrouve d’ailleurs Christophe Hondelatte dans une version parodique de Faites entrer l’accusé. Un rapport de force qui semble parfois vouloir s’inverser mais non : on en revient presque toujours à une Sophie forte et véritable tête pensante décisionnaire dans notre binôme de tueurs en série tandis que Vincent joue plus le rôle du bon soldat, celui qui se tape la sale besogne (meurtre, découpage et transformation du corps) même si ses sauts d’humeur font bien souvent mouche auprès d’un public friand de gags, d’humour noir et de situations prêtant à sourire.

Et nos serial-killers en herbe ne font pas dans la dentelle et ont un protocole bien huilé : la cible idéale est l’homme vegan, bien grassouillet pour donner une viande persillée plus savoureuse forcément, et surtout en pleine forme ! Ne surtout pas stresser la proie ou choisir une personne anxieuse risque de donner de la viande dure et moins appréciable ! Nous suivons donc notre duo de tueurs dans le milieu des militants vegan, se joignant à leurs manifestations / rassemblements ou cherchant à les rallier en faisant de la propagande en faveur du veganisme dans la rue. La suite est toujours la même : suivre la proie choisie, l’exécuter loin des regards et ramener le corps à la boucherie familiale. On s’amusera notamment devant un passage où l’on compare Vincent à de nombreux prédateurs terrestres/aquatiques animaux, mimant ces derniers au moment d’attaquer ses malheureuses proies.

Et que dire de nos vegan, cibles privilégiées de nos deux bouchers tueurs ? Des personnages parfois hauts en couleurs, dont le vegan transgenre, qualifié de Graal par notre duo de tueurs, et qui vaut son pesant de cacahuètes ! La course-poursuite avec ce dernier demeurera l’un des meilleurs moments du film, tout comme la mise à mort de l’homosexuel pratiquant du yoga en plein air ! Des personnages sacrément perchés pour certains et on retiendra le savoureux moment où le gendre de Vincent et Sophie les remballe à tours de bras lors de chaque plat d’un repas de famille qui tourne au cauchemar éveillé pour les hôtes.

Alors oui, encore une fois on dira que le film devient répétitif dans sa seconde période mais on continue malgré tout à prendre un malin plaisir à voir notre duo Eboué Foïs s’attaquer sans répit à la population vegan de leur ville, sans que cela ne semble perturber l’un des gendarmes de la ville mis sur l’enquête mais qui semble bien plus intéressé par la viande de vegan de Vincent et Sophie que par ce mystère qui entoure la disparition de toutes ces personnes. Encore un personnage amusant qui ne manquera pas de vous faire sourire de par son manque indéniable de professionnalisme et son désintérêt vis-à-vis de l’enquête.

Et l’humour noir et trash n’en finit plus au fil des nouvelles proies de notre duo de tueurs : du vegan toujours bien évidemment mais on s’en prend à des gros, des noirs, des homosexuels, des transgenres et on en vient même à parler de juif et de petit enfant. Et les pieds, mains ou encore pénis coupés volent dans les seaux quand ce n’est pas dans la bouche du clébard ! Et que tu sois pro-vegan ou au contraire amateur de viandes et ami des bouchers, tu y trouveras ton compte car Fabrice Eboué tape aussi bien sur l’un que sur l’autre comme il prend partie aussi bien pour l’un que pour l’autre, au moins il ne se mettra personne à dos, malin le gaillard.

Fabrice Eboué aime la comédie et les serial-killers, il est d’ailleurs un très grand fan du film C’est Arrivé près de chez Vous. Son film Barbaque est donc un projet qui lui tenait à cœur et ce dernier est dans l’ensemble plutôt réussi. Drôle et moqueur sur bien des courants de pensées, son film est un vrai condensé d’humour noir qui vous fera passer un agréable moment. De l’humour noir de ce type, j’en redemande et encore plus quand c’est français comme ici tiens !




David MAURICE

BANISHING - LA DEMEURE DU MAL (2020)

 

Titre français : Banishing - La Demeure du Mal
Titre original : The Banishing
Réalisateur : Christopher Smith
Scénariste : David Beton, Ray Bogdanovich, Dean Lines
Musique Toydrum
Année : 2020
Pays : Angleterre
Genre : Maison hantée
Interdiction : -12 ans
Avec : Jessica Brown Findlay, John Heffernan, Sean Harris, Anya McKenna-Bruce...


L'HISTOIRE : Angleterre, dans les années 1930. Le révérend Linus, accompagné de sa femme Marianne Forster et de la jeune fille de cette dernière, Adélaïde, prend possession de sa nouvelle résidence, un imposant manoir bâti sur les ruines d'une ancienne chapelle de moines Menassiens qui se servaient de la torture pour rendre gloire à Dieu. Il a pour mission de redonner la foi aux fidèles, de moins en moins nombreux à fréquenter l'Eglise. Ce que le couple ignore, c'est que le précédent révérend ainsi que son épouse ont été retrouvé morts dans la demeure qui est réputée hantée. Peu de temps après leur installation, Marianne entend des bruits étranges dans la maison, ainsi que des voix. Elle est bientôt victime de visions, tout comme sa fille d'ailleurs. Ne recevant aucun soutien de la part de son mari, Marianne s'enfonce de plus en plus dans un monde de ténèbres. Seul un para-psychologue semble prendre la situation au sérieux. Quel secret cache réellement la demeure ?


MON AVISLe réalisateur anglais Christopher Smith a connu un début de carrière assez retentissant, enchaînant quatre films des plus intéressants et aux qualités certaines, à savoir le stressant Creep (2004), la comédie horrifique Severance (2006), le labyrinthique Triangle (2009) et le moyenâgeux Black Death (2010). Ses deux films suivants, Get Santa et Detour, n'ont pas eu une grande renommée et il s'est alors tourné vers l'univers de la série-télévisée, avant de faire son retour en 2020 avec ce Banishing - La Demeure du Mal. Un réalisateur très prometteur qui s'est vu freiné dans sa montée en puissance pour quasiment être oublié des fans en fin de compte, ce qui est fort dommage. Est-ce que ce Banishing va lui faire retrouver de sa superbe ? 

Avec ce film de maison hantée, il tente de renouer avec la grande tradition de l'épouvante gothique d'antan, façon Les Innocents, et dont les plus récentes réussites dans le genre se nomment Les Autres ou L'Orphelinat. Une sacrée concurrence, que Christopher Smith ne réussit malheureusement pas à surpasser, ni à égaler, malgré le fait que son film possède de réelles qualités sans toutefois parvenir à procurer le moindre frisson.

Banishing - La Demeure du Mal est pourtant bel et bien un film qui mise tout sur son ambiance, qui se veut angoissante, déprimante, et qui n'a recours qu'à très peu de jumpscares, là où les films récents en abusent. Le souci provient du scénario du film lui-même, qui part un peu trop dans diverses directions, et finit par nous perdre dans ses méandres. Dommage car Christopher Smith a choisi comme lieu de l'action de son film le célèbre presbytère de Borley, considéré par le chasseur de fantômes Harry Price comme étant la demeure la plus hantée d'Angleterre, rien que ça ! La série française des années 60, Le Tribunal de l'Impossible y a même consacré un épisode, intitulé Qui hantait le presbytère de Borley ? Bref, on avait une bonne base de départ. 

Niveau casting, rien à dire non plus et on n'hésitera pas à vanter la prestation de l'actrice Jessica Brown Findlay, absolument parfaite dans le rôle de Marianne Forster, et que j'avais découverte dans le Victor Frankenstein de 2015 avec Daniel Radcliffe. Jessica donne corps et âme à un beau personnage de femme qui n'a pas eu une vie facile et que sa situation actuelle ne va pas réussir à combler non plus, l'entraînant dans une sorte de dépression mentale qui sert au réalisateur pour créer le mystère et nous faire nous questionner sur ce qu'on voit. Marié à un prêtre qui fait passer sa foi en Dieu avant sa femme, Marianne Forster est frustrée sexuellement et le manque d'amour charnelle la fait basculer dans un univers peuplé de visions étranges. Ce n'est évidemment pas le premier film à nous faire douter de la réalité des visions ou hallucinations dont est témoin le personnage principal.

Les bruits étranges, les voix chuchotantes, les visions angoissantes dont est victime Marianne sont-elles réelles ou résultent-elles de son imagination, de ses angoisses, de sa frustration, de sa dépression, de sa honte même en ce qui concerne sa fille Adélaïde ? La maison possède-t-elle réellement un pouvoir occulte, comme semble le suggérer un para-psychologue joué par un exubérant Sean Harris ? Ou tout ne se produit-il que dans la tête de Marianne, qui s'enfonce dans une folie relative à son passé et à sa solitude ? Le mystère est assez bien entretenu par Christopher Smith, qui utilise à bon escient son imposant décor, et place au sein de l'histoire des personnages ambigus, à l'image du supérieur ecclésiastique du mari de Marianne (l'inquiétant John Lynch), qui tient absolument à ce que la petite famille reste dans la maison, alors qu'il a connaissance du drame qui a endeuillé la demeure avant leur arrivée. 

La découverte d'un sous-sol labyrinthique, vestige d'un ancien presbytère ayant accueilli des moins pas très religieux, la présence de poupées inquiétantes dans la chambre d'Adelaïde, le comportement de cette dernière, qui s'éloigne de plus en plus de sa mère, tout concoure à instaurer une atmosphère lugubre, à laquelle s'ajoute quelques bonnes idées, comme ce jeu des doubles et la présence d'un miroir qui semble être un portail menant vers un lieu obscur et dangereux. Certaines apparitions et effets visuels sont efficaces (les trois moines qui apparaissent dans la chambre d'Adelaïde, la traversée du miroir...) et jouent habilement avec les codes des films de maisons hantées.

En filigrane, l'histoire prend aussi une direction inattendue, avec cette critique de l'inaction de l'Eglise face à la montée du nazisme, voire même à l'interaction volontaire entre ces deux entités, critique qui trouvera tout son sens lors d'un final glaçant. Fantôme revanchard, passé sordide qui réapparaît, caméra qui longe des couloirs inquiétants, bruits divers, sous-sol mystérieux, tous les éléments répondent à l'appel du cahier des charges de Christopher Smith et pourtant, le résultat final n'est pas aussi bon qu'attendu. La trop grande dispersion du scénario, le manque d'événements et de réels surprises en son sein, font que la mayonnaise prend mollement et qu'on s'attendait à plus de rythme, plus d'énergie, et surtout plus de frissons de la part du réalisateur. Si la mise en scène, classique, fait le job, si le casting répond présent à l'appel, si Jessica Brown Findlay est épatante, il manque néanmoins un petit quelque chose pour que Banishing - La Demeure du Mal emporte totalement l'adhésion et nous fasse vivre de grandes émotions. Le retour de Christopher Smith au genre fantastique n'a donc pas l'éclat espéré, ne tient pas toutes ses promesses mais fait tout de même plaisir à voir. En attendant le prochain...




Stéphane ERBISTI

BABYPHONE (2023)

 

Titre français : Babyphone
Titre original : Babyphone
Réalisateur : Ana Girardot
Scénariste Ana Girardot, Mahault Mollaret
Musique /
Année : 2023
Pays : France
Genre : Thriller, insolite
Interdiction : -12 ans
Avec Ana Girardot, Félix Moati, Lyna Khoudri, Niseema Theillaud, Hippolyte Girardot...


L'HISTOIRE : Fraîchement installée dans une maison à la campagne avec son mari Noah et leur fils Sol, âgé de six mois, Agathe fait la découverte, derrière une cloison, d'une chambre d'enfant jusque-là condamnée mais dont l’intérieur est intact, comme si rien ne semblait avoir bougé depuis des années. Là, elle y trouve un vieux babyphone abandonné dans un tiroir et toujours en état de marche. Réticente au début mais portée par l'enthousiasme de son mari, la jeune maman accepte d'installer leur fils dans la pièce jusque-là close, l’oreille collée à l'appareil, à l'affût du moindre bruit. Toutefois, quand d’étranges sons et autres sensations viendront semer le doute et la confusion dans l’esprit d’Agathe, cette dernière devra faire la part des choses entre un nouvel environnement qu’elle connait encore mal, sa fatigue légitime et ses angoisses de nouvelle maman...


MON AVISMalgré un scénario un peu convenu pour qui a déjà vu pas mal de films de genre (on pense en effet à Evil Dead et Rosemary’s Baby pour ne citer que deux des plus connus), c'est la présentation et le format de ce métrage qui en font un objet à part ! En effet, en moins d'une heure environ, on n'aura que du son à se mettre sous la dent ou plutôt dans les oreilles avec seulement quelques plans fixes nous indiquant dans quelle pièce de la maison on se trouve et avec qui ! Babyphone est effectivement une fiction audio enregistrée grâce à une drôle de tête binaurale, un dispositif encore relativement rare (sorte de casque porté sur la tête), qui restitue tous les dialogues et bruits à 360 degrés, ce qui nous plonge totalement dans la peau des personnages. Et ce sentiment d’immersion est également renforcé par le fait que Babyphone a été capté dans des décors naturels – maison qui grince et arbres de la forêt avoisinante qui craquent – et non en studio comme la plupart des projets de ce genre. Celui-ci en tout cas est l’œuvre de l’actrice Ana Girardot (vue récemment dans Ogre) devenue mère récemment et qui ici, dans ce thriller mâtiné de jumpscares, partage avec nous une réflexion sur les difficultés de la maternité actuellement, inspirée de sa propre expérience.

Ainsi, pendant une cinquantaine de minutes, Ana Girardot se glissera dans la peau d’Agathe, une jeune mère qui vient d’emménager avec son compagnon Noah (Félix Moati) et leur bébé Sol au fin fond de la campagne, dans une vieille maison typique des films d’horreur classiques, avec le parquet qui grince, les croix sur les murs et les arbres qui bruissent étrangement. Entre un mari très absent car s’occupant du restaurant qu’il a ouvert dans un proche village, une reprise difficile d’activité en freelance car il faut s’occuper très souvent du bébé, une voisine envahissante et flippante (Niseema Theillaud), le maire du coin (Hippolyte Girardot) qui semble cacher des choses sur l’histoire de cette maison et l’absence de son psy (Cédric Klapisch) resté à Paris, Agathe est en pleine dépression post-partum et n’a pas de quoi se rassurer !

Et ça ne va pas s’arranger car après avoir découvert une chambre d’enfant cachée derrière un mur, le jeune couple décide d’y installer leur fils, malgré l’atmosphère très oppressante de la pièce. On pressent bien que quelque chose de grave s’est passé ici, mais quoi ? Heureusement ou pas, un babyphone encore en état de marche se trouve toujours dans la pièce et permet à Agathe d’épier les moindres bruits en provenance de la chambre de son fils, à moins que tout cela ne soit qu’un piège…

Ainsi, à travers cette histoire, Ana Girardot évoque donc des problématiques très actuelles comme la charge mentale qui pèse principalement sur les jeunes mamans, soumises comme Agathe à la pression d’être performantes dans tous les aspects de leur vie et qui craignant d’être de mauvaises mères, se retrouvent complètement submergées et épuisées par leur rôle de mère, de femme active et d’amante. Elles se retrouvent donc en pleine dépression post-partum ou en plein burn-out parental, comme on dit dans un jargon plus psychiatrique.

Au final, on aura assisté à un beau tour de force de la part d’Ana Girardot car arriver à transmettre autant d'émotion par l’ouïe, c'est vraiment fort ! Alors quand en plus on arrive à ressentir toute la solitude et la détresse de cette mère qui connaît une grosse dépression post-partum, on se dit qu'on a tout gagné car ce sujet est très actuel ! Toutefois, on restera un peu sur notre faim devant une fin un peu trop énigmatique à notre goût, mais en tout cas, quelle belle expérience sensorielle et immersive ! Il ne vous reste donc plus qu’à vous isoler dans une pièce, enfiler un bon casque sur les oreilles et à fermer les yeux pour vous plonger dans ce thriller plus sérieux qu’il n’en a l’air et français ma bonne dame !




Vincent DUMENIL

AVATAR - LA VOIE DE L'EAU (2022)

 

Titre français : Avatar - La Voie de l'Eau
Titre original : Avatar : Way of Water
Réalisateur : James Cameron
Scénariste : James Cameron, Rick Jaffa, Amanda Silver
Musique : Simon Franglen
Année : 2022
Pays : Usa
Genre : Science-fiction
Interdiction : /
Avec : James Worthington, Sigourney Weaver, Kate Winslet, Zoe Saldana...


L'HISTOIRE : Jake et Neytiri ont désormais une famille et vivent heureux avec leur quatre enfants. Mais les hommes venus du ciel et un ancien ennemi de Jake n'entendent pas les laisser tranquilles et reviennent sur Pandora pour tout détruire. Conscient que le peuple de la forêt ne sera jamais en sécurité tant qu'il vivra parmi eux, Jake, accompagné de sa famille, décident de fuir et vont rejoindre le peuple de l'eau. Là, ils vont devoir apprendre les coutumes de ce nouveau peuple et se mettre en symbiose avec l'eau. Mais les hommes venus du ciel continuent leur traque et se rapprochent dangereusement...


MON AVISRetour sur Pandora pour James Cameron et ses équipes, treize ans après le premier voyage qui a marqué la conscience collective et fait du premier Avatar le flm le plus rentable au monde. Treize ans pour que les prouesses technologiques permettent au réalisateur visionnaire de livrer un second voyage encore plus immersif, encore plus beau, encore plus grandiose. Et à ce petit jeu, James Cameron enterre la concurrence, même Steven Spielberg ou Peter Jackson. C'est simple : personne ne peut rivaliser avec James Cameron quant à l'association cinéma / technologie.

Comme sur le premier volet, Avatar - La Voie de l'Eau bénéficie d'un scénario qui n'a rien de magistral ou de très poussé, même si de nombreuses thématiques sont présentes et parleront au public sans souci, puisque traitant de problèmes contemporains : écologie toujours, respect de l'environnement et de ses richesses, souffrance animale mais aussi lien familial ou difficulté d'être un paria et de trouver sa place dans la société par exemple viennent étoffer l'apparente simplicité de l'histoire. Mais comme souvent : simplicité = efficacité. Et puis il y a l'enrobage. Et là, c'est juste vertigineux. Avatar 2, c'est Avatar puissance 1000, que ce soit au niveau visuel, fluidité des scènes d'action, détail sur la faune et la flore, réalisme des effets spéciaux (c'est bien simple, on a l'impression que tout existe pour de vrai), jeu de lumière et j'en passe.

Difficile de faire plus féerique que ces expéditions dans les profondeurs de l'océan de Pandora, qui relèguent toutes les cartes postales de voyage aux oubliettes, se parant d'une poésie de tous les instants qui marquent encore plus les esprits. Le mot émerveillement semble avoir été créé pour la saga Avatar. Bien sûr, les haters de tous bord pourront vous dire que James Cameron a fait ici un condensé de son cinéma, puisqu'on y trouve un résistant poursuivi par un méchant (Terminator), beaucoup d'eau et des créatures fantastiques (Abyss), des Na'Vi hybrides considérés comme des Aliens et un final dantesque sur un bateau futuriste qui sombre dans la mer (Titanic). Ce à quoi on répondra un c'est pas faux. Mais devant la virtuosité et la beauté des images proposées et la richesse de l'univers créé, on répondra aussi mais on s'en fout.

Spectacle virtuose relevant à nouveau du jamais vu, Avatar - La Voie de l'Eau redéfini la notion même de grand spectacle au cinéma. Et si on y regarde bien, on à l'impression que ce film n'est pas seulement une suite mais une sorte d'épisode transitoire qui a posé les bases, les personnages et qui annonce Avatar 3. Rendez-vous dans deux ans pour confirmation.




Stéphane ERBISTI

ARMY OF THE DEAD (2021)

 

Titre français : Army of the Dead
Titre original : Army of the Dead
Réalisateur : Zack Snyder
Scénariste : Zack Snyder, Joby Harold, Shay Hatten
Musique : Tom Holkenborg
Année : 2021
Pays : Usa
Genre : Morts vivants
Interdiction : -16 ans
Avec : Dave Bautista, Ella Purnell, Omari Hardwick, Ana de la Reguera, Nora Arnezeder...


L'HISTOIRE : Alors qu’ils transportent un mystérieux chargement à bord de leur camion, une escouade de militaires percutent la voiture d’un jeune couple fraichement marié. L’accident libère un puissant zombie qui va devenir le facteur de contamination de la ville de Las Vegas. Mise en quarantaine, la ville de tous les vices garde ses secrets enfouis, notamment un pactole planqué dans un coffre-fort. Une fortune sur laquelle veut mettre la main un groupe de mercenaires mandaté par le mystérieux Tanaka. Mais si l’objectif de Tanaka était finalement autre chose que l’argent ?


MON AVISCommençons en parlant du point le plus épineux tout de suite, comme ça, ce sera fait, on sera débarrassé ! Oui, effectivement, Army of the Dead de Zack Snyder n’est pas un chef d’œuvre et n’est pas à la hauteur de L'Armée des Morts, le film de zombies, réalisé en 2004, par ce même Zack Snyder. Il est aussi vrai que, sans même le comparer à son illustre prédécesseur, cette nouvelle armée des morts rate le coche sur de nombreux points qui se situent souvent plus dans le fond que dans la forme. Mais, si les attentes étaient légitimes et qu’elles ne sont pas récompensées, la déception ne doit pourtant pas occulter les nombreuses qualités de ce nouveau film.

Le postulat de départ est d’ailleurs alléchant : une groupe de mercenaires, dont chaque membre possède ses propres compétences, doit dévaliser un coffre-fort rempli de billets situé en plein Las Vegas. Problème : La ville est en quarantaine, isolée à la suite de la propagation d’un virus qui a transformé en zombie toute la population. Une mutation à grande échelle montrée au travers d’un impressionnant générique d’une dizaine de minutes. De l’aveu de Snyder lui-même, le réalisateur a voulu tourner un film de braquage en remplaçant les flics par des zombies. A partir de là, le scénario ne s’encombre pas de faire dans la crédibilité et le parti-pris de Snyder est de proposer un spectacle violent, fun et décomplexé en appliquant une gestion du temps qui peut laisser perplexe, en utilisant, sans retenu, moult clichés du film d’action et surtout, sans se soucier de la cohérence des réactions de ses personnages.

Ainsi, on comprendra dès le départ que Kate, la fille de Scott, le héros musculeux, va mettre tout le monde dans la panade et provoquer (ou suivre) toute une série événements illogiques (comme la survie improbable de ses amies qui semblent attendre d’être sauvées, comme dans un jeu vidéo). Forcément, ça agace.

D’ailleurs, si Dave Bautista tient son rôle de héros avec panache, il est difficile d’accrocher à ses liens avec sa fille Kate, mais aussi à sa relation platonique avec son amie de toujours, Maria, tant ceux-ci sont plats et courus d’avance. A côté de cela, on préférera la bromance drôle et plus naturelle entre l’allemand Dieter (le spécialiste des coffres-forts) et Vanderohe. Les personnages, plutôt caricaturaux, ne sont donc pas tous traités à la même enseigne et ce déséquilibre empêche une réelle empathie pour eux. Malheureux quand on pense qu’en deux heures et vingt-huit minutes, il y avait le temps de faire mieux.

Donc, si le film ne se démarque pas du tout-venant des actioners bas du front par son scénario et par ses personnages, il gagne toutefois la sympathie et procure un plaisir jubilatoire par la force de ses nombreuses idées de design et de réalisation. Le Las Vegas détruit, le désert et la présence des zombies alpha (plus évolués et plus forts que les boiteux, les zombies standards) apportent même un visuel parfois proche d’un Mad Max : Fury Road. Certes, la comparaison est risqué, mais il faut admettre qu’après visionnage, de nombreux plans restent en tête et se gravent dans notre esprit. C’est dans cette imagerie forte l’on retrouve la quintessence de la réalisation de Snyder, dans cette manière de nous proposer du cinéma à chaque instant.

Même si la plupart des money shots sont tirés par les cheveux d’un point de vue de la logique physique, humaine ou temporelle, ils provoquent indubitablement l’enthousiasme. Si certaines idées sont parfois improbables (le tigre zombie, les mouvements athlétiques des morts-vivants…), elles participent à ce spectacle dont la grandiloquence et la générosité (et la mégalomanie ?) collent parfaitement avec son décor : Las Vegas.

Dans ses excès de réalisation (qui ont tendance à agacer de nombreux spectateurs) et de choix de lumière ou de mise au point, Snyder (aussi directeur de la photographie, sur ce film) pousse parfois le curseur un peu loin. A la limite de la rupture visuelle. Malgré tout, à aucun moment il n’entache la lisibilité des scènes d’action ou de ce qu’il se passe à l’écran.

Sous ce schéma classique du groupe hétérogène voué à une mission commune, Snyder apporte majoritairement une plus-valus lorsque celui-ci se retrouve confronté à leurs ennemis ou menacé par l’arrivée imminente d’une bombe nucléaire. Finalement, cette idée de la perdition d’une ville déjà perdue et le cadre de cette ville incroyable, de ce parc d’attraction pour adultes, qui est aussi un désastre écologique voué à disparaître de par son illogisme, est un prisme plutôt bien vu et pertinent. 




Sylvain GIB

ANYTHING FOR JACKSON (2020)

 

Titre français : Anything for Jackson
Titre original : Anything for Jackson
Réalisateur : Justin G. Dyck
Scénariste : Keith Cooper
Musique : John McCarthy
Année : 2020
Pays : Canada
Genre : Diable et démons
Interdiction : -12 ans
Avec : Sheila McCarthy, Julian Richings, Konstantina Mantelos, Josh Cruddas...


L'HISTOIRE : Un couple se passionnant pour le satanisme et les sciences occultes kidnappe une femme enceinte dans le but de faire revenir à la vie leur petit-fils Jackson décédé dans un accident de voiture...


MON AVISJustin G. Dyck est un cinéaste ayant jusque-là œuvré sur des téléfilms pour toute la famille, voire pour enfants tout court, ou sur de la comédie romantique. Après une vingtaine de films, il tente une incursion dans le cinéma d’horreur avec Anything for JacksonPrésenté lors de l’édition 2021 du Festival International du Film Fantastique de Gérardmer, Anything for Jackson fut une assez bonne surprise et c’est suite à l’achat du DVD que je décidai de me replonger dans ce petit film pour en faire une critique, deux ans après vous en avoir parlé dans mon compte-rendu du festival vosgien.

Bien que ce dernier ait jusque-là réalisé des films grand public, notre cinéaste semble bien connaître les ficelles de ce genre cinématographique qu’est le fantastique sans pour autant tomber dans les clichés et le vu-et-revu comme beaucoup de ses confrères. Le résultat est plutôt positif dans l’ensemble car le principal est là : les acteurs sont convaincants, le scénario sort des sentiers battus, l’ambiance est bonne, le rythme est soutenu (on ne s’ennuie à aucun moment face à autant de péripéties et d’emmerdes qui tombent sur notre couple de sorciers amateurs) et les effets spéciaux sont de bonne facture.

Allez, lançons-nous dans ce petit film mêlant enfant et satanisme (qui a parlé de Rosemary’s Baby ?) et qui traite d’un deuil impossible qui va mal tourner comme nous nous y attendons. Anything for Jackson est un film mêlant plusieurs thématiques et sur des tons divers et variés. Enlèvement et séquestration, sorcellerie/satanisme et film de fantômes s’entremêlent dans ce long-métrage tantôt angoissant et intrigant - certaines âmes torturées qui reviennent d’entre les morts font leur petit effets et les quelques jumpscares disséminés par-ci par-là fonctionnent plutôt bien - tantôt amusant avec certains personnages comme le jardinier ou le black-métalleux qui sont bien décalés.

Pour ma part, j’aurais toutefois préféré que le réalisateur prenne le parti pris de la comédie surnaturelle et façonne son histoire autour de l’humour et de la dérision car il y avait de la matière à exploiter, entre ce couple d’anciens totalement novices dans la magie noire (de véritables apprentis sorciers !) et maladroits au possible d’un côté et ces personnages hauts en couleur qui gravitent autour d’eux (le jardinier envahissant et le black métalleux sataniste et timbré) d’un autre côté et qui viennent parasiter les projets de nos deux doyens du casting.

Le scénario sort clairement des sentiers battus, distillant certes des idées déjà vues par-ci par-là : une porte des Enfers laissée ouverte, des séances de sorcellerie sans grande surprise, des fantômes qui répètent leur mort sans cesse… mais une fois combinées ensemble avec un peu d’humour et d’épouvante nous obtenons là une belle proposition originale et bienvenue.

Les personnages ne sont pas mauvais, en témoignent les performances des deux acteurs jouant le couple de grands-parents endeuillés pour qui nous ressentons une certaine empathie bien que ces derniers soient capables du pire pour faire revenir à la vie leur petit-fils dans le ventre d’une proie fort bien choisie. Avec leur plan parfaitement rôdé au départ (pour justifier le fait qu’ils soient étrangers à la disparition de la femme enceinte qu’ils ont bel et bien kidnappée) qui vire au bancal suite à deux maladresses de notre homme qui attirent la méfiance d’une policière, aucun doute que l’aspect humoristique du film provient en grande partie de ce couple amusant et machiavélique à la fois.

Par contre, nous ne pourrons pas dire autant de bien du personnage de Ian, le sataniste qui devient progressivement le grand vilain du film. Pas suffisamment travaillé, ce personnage pourtant central dans la narration de la seconde partie de Anything for Jackson ne bénéficie pas d’assez de présence à l’écran et d’explications autour de ses motivations obscures et c’est bien dommage…

De même, le côté bordélique de la toute dernière partie du film donne l’impression d’un final un peu bâclé et difficilement compréhensible, ce qui est là aussi bien dommage vu toute l’énergie mise dans cette petite série B concoctée avec beaucoup de soin jusque-là. La porte des Enfers (enfin, du purgatoire) ouverte, nous aurions pu virer en plein cauchemar façon Hellraiser ou The void entre autres? avec des horribles créatures venant de partout…

En ce qui concerne les effets spéciaux justement, ces derniers sont plus que corrects au vu du budget alloué. Entre des âmes torturées dans l’attente du purgatoire, des fantômes, un fou sanguinaire ou encore une créature désarticulée, il y a le choix dans les personnages cauchemardesques il va sans dire. Une ambiance réussie, rapidement anxiogène sur sa seconde partie, qui nous ferait presque oublier que le cinéaste était plutôt à la base un habitué des films de Noël et des comédies familiales.

Au final, Anything for Jackson est une honnête série B fantastique nous proposant une sympathique incursion dans le surnaturel en compagnie d’un couple de satanistes novices en prise avec des créatures venues des Enfers. Même si pour ma part j’aurais privilégié le ton de la comédie dans ce long-métrage et j’aurais préféré un peu plus de travail sur le scénario dans sa dernière partie et sur le personnage de Ian, nous pouvons toutefois retenir du film de Justin G. Dyck de bien beaux efforts dans l’originalité de la première heure, voire un peu plus, et une ambiance réussie avec tout ce qu’il faut de cauchemardesque.


David MAURICE

ANTEBELLUM (2020)

 

Titre français : Antebellum
Titre original : Antebellum
Réalisateur : Gerard Bush, Christopher Renz
Scénariste : Gerard Bush, Christopher Renz
Musique : Roman GianArthur Irvin, Nate 'Rocket' Wonder
Année : 2020
Pays : Usa
Genre : Drame horrifique
Interdiction : -12 ans
Avec : Janelle Monáe, Eric Lange, Jena Malone, Jack Huston, Robert Aramayo...


L'HISTOIRE : Au temps de la guerre de Sécession. Une garnison sudiste a élu refuge dans une plantation de coton. Les soldats maltraitent les noirs, véritables esclaves n'ayant pour seul droit que celui d'obéir à l'homme blanc sous peine de sévices voire de mort. Parmi ces esclaves se trouve Eden, une jeune femme qui a déjà tenté de s'échapper et qui vit dans la maison du général sudiste. A notre époque, la romancière noire Veronica Henley, qui a publié divers ouvrages sur la condition des noires dans l'Amérique et milite pour une reconnaissance du peuple noir en tant qu'égal du peuple blanc, fait de fréquents cauchemars dans lesquels elle se retrouve dans ce monde effroyable en tant qu'Eden. Un monde dont elle doit percer les mystères avant qu'il ne soit trop tard...


MON AVISTiens, un nouveau film de Jordan Peele ? Ah non. Pourtant, ça aurait clairement pu être lui le réalisateur d'Antebellum, film qui se rapproche de Get Out ou de Us dans sa thématique et l'emploi d'acteurs noirs en tant que vedettes principales et qui réserve également au public un twist scénaristique en fin de parcours. Les films à twist, j'aime beaucoup ça car je ne les trouve jamais et je me fais toujours avoir. Pas la. Je ne sais pas pourquoi mais j'ai deviné le twist d'Antebellum. Pourtant, les deux réalisateurs / scénaristes, Gerard Bush et Christopher Renz, même s'ils ont disséminés des tas d'indices tout au long de la progression de l'histoire, ont bien bossé pour nous la cacher cette vérité, cette pirouette scénaristique et pour nous induire en erreur.

La première partie du film, se déroulant dans une plantation de coton en terre sudiste durant la guerre de Sécession, est très travaillée et particulièrement maîtrisée, nous présentant la face sombre de l'homme blanc, se croyant supérieur à l'homme noir, qu'il traite comme un vulgaire bout de viande. Le racisme, la haine du noir, est bien mis en avant ici, et le sort réservé aux rebelles n'est guère enviable. Certes, on n'échappe pas au côté manichéen puisque dans cette garnison sudiste, aucun blanc n'est bon. Qu'il soit Général ou simple soldat, les blancs sont des ordures prenant un malin plaisir à humilier, violenter, frapper, fouetter les noirs, qu'ils soient homme ou femme. Cette partie nous permet également de faire connaissance avec Eden, une jeune femme noir qui a tenté de s'échapper mais qui a été rattrapé. On s'attend à ce qu'Antebellum en fasse son personnage principal lorsque, sans prévenir, l'histoire bifurque à notre époque, où l'actrice Janelle Monáe, qui joue Eden, interprète un nouveau personnage, celui de Veronica Henley, autrice politisée qui lutte pour le droit des noirs en Amérique, principalement celui des femmes, contre le suprématisme blanc et la racisme ordinaire.

La juxtaposition d'image lors de cette transition d'époque assez abrupte nous mène à penser qu'Antebellum va nous la jouer fantôme du passé qui revient hanter l'héroïne ou personnalité réincarnée dans un nouveau corps (Eden dans Veronica donc) par exemple. Tout comme Veronica, victime de cauchemars mettant en scène Eden, le spectateur va devoir se creuser les méninges pour comprendre les rouages et les mécanismes du scénario tortueux du duo Gerard Bush / Christopher Renz et deviner là où ils veulent nous emmener. Un scénario assez malin et une idée astucieuse en fait. Sauf que cette fois, une fois l'histoire revenue au présent (et devenant par là même moins intéressante, avec ce restaurant entre copines qui s'éternisent entre autres), mon esprit a deviné le pot-aux-roses, que je ne vous dévoilerai pas bien sûr. Je vous rassure, deviner le twist ne gâche pas vraiment le film, qui est d'ailleurs plus un drame teinté de thriller qu'un film d'épouvante ou d'horreur, comme il nous a été vendu.

On peut même le classer dans les films politiques puisqu'il dénonce, comme déjà dit, le racisme toujours bien présent parmi une bonne frange de la population américaine, entre autres. L'idée même du film fait d'ailleurs froid dans le dos et pourrait se retrouver dans la rubrique faits divers malheureusement. Avec une belle mise en scène, des plans léchés et travaillés, une violence qui met souvent mal à l'aise et qui nous rappelle certaines séquences de Django Unchained, ce premier film de Gerard Bush / Christopher Renz se montre original sans toutefois être parfait. La partie du film se déroulant à notre époque peut apparaître parfois ennuyeuse même si elle est nécessaire pour amplifier la thématique du film. A noter une bonne interprétation de la charmante Jena Malone, qu'on se plaît à détester dans la peau de son personnage qui n'est malheureusement pas assez exploité à mon avis.




Stéphane ERBISTI

AMERICAN NIGHTMARE 5 - SANS LIMITES (2021)


Titre français : American Nightmare 5 - Sans Limites
Titre original : The Forever Purge
Réalisateur : Everardo Gout
Scénariste James DeMonaco
Musique : The Newton Brothers
Année : 2021
Pays : Usa, Mexique
Genre : Survival, anticipation
Interdiction : -12 ans
Avec Ana de la Reguera, Tenoch Huerta, Josh Lucas, Leven Rambin...


L'HISTOIRE : Adela et son mari Juan habitent au Texas, où Juan travaille dans le ranch de la très aisée famille Tucker. Juan gagne l’estime du patriarche Caleb Tucker, ce qui déclenche la jalousie de Dylan, son fils. La matinée suivant le déchaînement nocturne de violence annuelle, un groupe masqué attaque la famille Tucker, dont la femme de Dylan, et sa sœur, forçant les deux familles à s’unir et organiser une riposte alors que le pays entier sombre dans la spirale du chaos et que les États-Unis se désagrègent petit à petit autour d’eux...


MON AVIS Cinquième volet d'une saga de très bonne qualité, American Nightmare 5 - Sans Limites est réalisé par Everardo Gout, toujours sous la supervision du créateur de la franchise, James DeMonaco, qui signe ici le scénario, comme ce fût le cas pour American Nightmare 4

La fameuse purge, qui prenait la forme d'un huis-clos assez tendu dans le premier chapitre et qui se propageait au dehors au fur et à mesure que sortaient les suites prend encore une nouvelle ampleur ici puisque l'action se déroule cette fois au Texas et, petite nouveautés, ne va pas s'arrêter avec le retentissement de la sirène matinale faisant office de fin des hostilités. D'où le Sans Limites accolé au titre principal ! 

Cette saga a toujours eu un fond politique, dénonçant des inégalités et ce cinquième chapitre n'échappe pas à la règle, avec, cette fois, une virulente critique de la politique de Donald Trump et de son fameux mur anti-migrant qu'il a voulu construire à la frontière mexicaine. Tout comme le jeu vidéo Far Cry 5 a fait polémique auprès des suprémacistes blancs américains, American Nightmare 5 ne devrait pas non plus s'attirer la bénédiction de ces derniers. Le film se focalise donc sur les rivalités et animosités qui règnent entre le peuple américain et les migrants mexicains, à travers l'histoire de Adela et de son mari Juan, qui, au début du film, traversent clandestinement la frontière pour venir aux USA pour échapper aux narco-trafiquants. 

Embauchés dans le ranch de la famille Tucker, les deux héros trouvent rapidement leur place, Adela (Ana de la Reguera) en tant que chef cuisinière et Juan (Tenoch Huerta) en tant que cowboy. De quoi réveiller la jalousie de Dylan (Josh Lucas), le fils de monsieur Tucker, qui ne porte pas vraiment les Mexicains dans son cœur. On se dit que ce dernier va profiter de la nuit de la purge pour faire le ménage et s'en prendre à Adela et Juan. Mais le scénario se montre bien plus malin que ça et va s'orienter dans une direction inattendue. 

Barricadé dans son ranch, Dylan et sa famille attendent patiemment la fin de la purge. Adela et Juan, quant à eux, ont reçu une prime de la part de monsieur Tucker pour pouvoir se réfugier dans un bunker protégé par des mercenaires. Une fois la nuit de terreur et de violence terminée, c'est le retour à la vie normale. Sauf qu'il va y avoir un couac. Les suprémacistes blancs ont décidé que la purge ne s'arrêterait pas et ils vont donc poursuivre leur exaction, mettant le Texas puis l'ensemble des Etats-Unis à feu et à sang. On pense bien sûr à l'intrusion dans le capitole de ces fous furieux refusant de se contraindre à l'ordre public.

Et c'est là que l'originalité du scénario se fait ressentir : la famille Tucker va devoir s'allier avec les Mexicains pour tenter de survivre. Exit les rancœurs, la jalousie, la haine. Dylan et Juan, ensemble face à une même menace. Un joli message de fraternité et un véritable pamphlet politique sont donc à mettre au crédit de cet épisode 5, qui parvient donc à renouveler le concept initié en 2013. Bien sûr, tout film de la saga se doit de nous montrer les violences urbaines et des tarés se baladant avec des masques sur le visage. American Nightmare 5 remplit ce cahier des charges avec des affrontements réalistes et une milice d'extrême-droite circulant dans des véhicules blindés et dispatchant un message enregistré proclamant que les vrais américains traqueront sans répit les migrants. Effrayant. 

Le film joue même avec les codes du film post-apocalyptique dans sa dernière partie, notamment en utilisant le décor désertique mexicain et en filmant ladite milice pourchasser nos héros, qui vont devoir répondre par la force pour s'en sortir. L'originalité du film vient également du fait que cette fois, l'action est présentée en plein jour dans sa majeure partie. Les ultimes images font froid dans le dos et montrent bien quelle dérive pourrait arriver si une telle nuit de la purge existait réellement. Résultat : on ne dirait pas non à un sixième volet.



Stéphane ERBISTI